Pour moi, André Hunebelle, c'est un solide artisan du cinéma populaire français. On lui doit quelques-uns des fleurons des années 50 et 60 et qui firent la joie d'un public se ruant en masse pour admirer ces films d'aventure... Avec plus de 5,8 millions d'entrées en 1960,
Le bossu fut le deuxième plus gros succès de l'année (et
Le Capitan fut le quatrième, avec plus de 5,1 millions pour sa part). Jean Marais allait connaitre une éphémère mais très impressionnante gloire de troisième partie de carrière. Vont suivre des films de capes et d'épées plus ou moins réussis, tels que
Le capitaine Fracasse ou
Le masque de fer (de gros succès publics également, même si moins marqués). La suite, on la connait, le très grand succès des
Fantômas, mais où De Funès va carrément s'ériger en argument de vente premier, loin devant un Jean Marais vieillissant et devenant un peu ringard au milieu des années 60.
Des films d'Hunebelle, je retiens les couleurs (à part T
axi, roulotte et corrida, par exemple -en noir et blanc-, que j'aime bien...
), un certain panache et un travail en post production toujours efficace, quoique hasardeux (le montage rattrape souvent une mise en scène un peu empesée dans l'action). De bons souvenirs, de bonnes revoyures, bref, de bons moments.
Le bossu et
Le Capitan sont très sympas, mais affreusement datés. Je les goutte avec modération, parce qu'ils m'amusent autant qu'ils me lassent assez rapidement. Il est vrai aussi que Bourvil (que j'adore au demeurant) me tape sur les nerfs dans ces deux films. Mon soucis avec le cinéma populaire français à l'époque, c'est qu'il a (et là je ne parle qu'en mon nom, attention) toujours 20 ans de retard sur ce qui se fait aux USA. Alors je sais, on ne peut pas vraiment comparer, car c'est une question de moyens, entres autres choses, et aussi d'ambition artistique et thématique.
Concernant
Le bossu ou
Le Capitan (qui sont pour moi du même tonneau), je ne peux pas m'empêcher de les comparer à des films d'aventure hollywoodiens. Je n'y peux rien, c'est presque automatique. Exemple : quand je vois
L'aigle des mers (de Michael Curtiz), qui date de 1940, et que je vois
Le bossu, qui date de 1960... ça fait mal. L'un est virevoltant, moderne, très rythmé, bâti sur un visuel exceptionnel, avec un souffle épique qui emporte tout sur son passage, sans oublier une musique délirante d'énergie... quand l'autre est un peu fané dans ses couleurs, avec ses dialogues interminables parfois, ses duels plus lents (mais réussis, il faut le dire), ses séquences d'action plus rigides. Et je ne parle pas des héros : je me limiterais à Jean Marais, qui a tout mon respect (et puis, c'est un cascadeur de talent aussi !), mais qui, de visions en visions, a de plus en plus de mal à me convaincre qu'il va sauver sa belle. Et le pire, c'est que même quand je pense à une série B américaine des années 50 (allez, prenons
Le vagabond des mers), je trouve ça malgré tout plus inventif et moderne. cela vient peut-être de ce que le cinéma français inscrit son champ d'action dans une sorte de réel, alors que le cinéma américain l'inscrit dans le mythique, le légendaire. La qualité d'écriture ne me semble pas non plus identique, loin de là...
J'aime beaucoup Hunebelle, mais, est-ce que c'est à cause de l'omniprésence du cinéma américain de l'âge d'or dans mes visionnages (?), je trouve son cinéma de plus en plus "passé". Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il me déplaît, car ce n'est pas du tout le cas, mais simplement j'y trouve de moins en moins mon compte.
Malgré tout, il me restera encore longtemps les
Fantômas, ne serait-ce que parce que je suis un inconditionnel de De Funès.