Shura (Toshio Matsumoto - 1971)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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noar13
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Shura (Toshio Matsumoto - 1971)

Message par noar13 »

un must du chambara.

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ce sont les autres qui en parlent le mieux ...
David Locke a écrit : Shura (1971) de Toshio Matsumoto

Un samurai sans maître qui se fait appeler Dagobei succombe aux charmes d'une Geisha. Alors que son serviteur lui remet une somme importante devant lui servir à réintégrer son clan pour venger l'assassinat de son seigneur, il apprend qu'un autre samurai, appartenant au clan responsable de la ruine du sien, veut racheter les dettes de la Geisha pour en faire sa femme...


L'idée, en ouverture du film, du soleil qui se couche pour ne jamais reparaître (de même que la couleur) introduit à merveille les trois dimensions essentielles du film :

- du point de vue formel, Matsumoto utilise la photo noir et blanc très contrastée pour littéralement peindre un univers nocturne où les compositions picturales s'appuient sur des grandes surfaces uniformes - comme des grandes traînées de peinture.

- sur le fond, il s'agit de peindre un univers caractérisé par une noirceur toujours plus profonde, une plongée dans la folie comme entrée dans la nuit de la raison.
Le film se présente comme le théâtre d'ombres d'une psychée pour laquelle tout sens vacille.

- car enfin, Matsumoto joue sur la dimension théâtrale des situations : les éclairages artificiels constants (il fait toujours nuit, comme sur une scène de théâtre) et le fait que les personnages jouent des rôles pour duper ceux qui les observent...

Au delà, la trouvaille formelle des répétitions (le héros voit ce qui va arriver puis tombe malgré tout dans le panneau) donne un caractère inéluctable à ce qui arrive, en renforçant encore cette noirceur, cette absence d'espoir, qui caractérise tout le film.

En définitive, ce film est la vision stylisée d'un monde qui a perdu son sens. Un monde de simulacres, comme si l'Homme n'était jamais sorti de la caverne de Platon.
Un monde qui est peut-être aussi celui du Cinéma, cet art qui nous fait entrer dans une nuit peuplée de fantômes du passé et de bribes de désir - où l'écran est barbouillé du fiel de nos erreurs passées comme des traînées d'encre noire.
vic a écrit :Shura - The 48th Ronin (Toshio Matsumoto, 1971) : film d'une grande originalité et très surprenant par bien des cotés, où Matsumoto semblent vouloir constament repousser toutes les limites esthétiques et dramatiques pour mieux accrocher le spectateur aux tripes (je sais que personnellement des images et les personnages du film sont inscrits de manière indélébiles dans ma mémoire et c'est pas souvent que ça arrive.)
J'avoue que je suis incapable de trouver les mots pour décrire l'originalité et surtout la beauté de la mise en scène très maitrisée, entre classissisme proche du kabuki et modernité des mouvements de caméra. En tout cas le film est à voir dans le noir complet pour apprécier pleinement toutes les nuances et subtilités du noir et blanc très travaillé, le film étant entièrement nocturne, les personnages sortant des ténébres et y retournant comme les fantomes d'un film de Nakagawa. Bref, un vrai choc émotionnel.
Bizarre que ce film qui me parait à hauteur des meilleurs réussites du jidai-geki, tant esthétiquement (Onibaba, Kwaidan, etc) que dramatiquement (Harakiri, Sword of Doom, etc) me soit jamais cité nulle part.

spoilers : http://www.sancho-asia.com/article.php3?id_article=1055
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Message par bruce randylan »

question con : on le trouve où ?
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Message par David Locke »

:oops:
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Message par noar13 »

bruce randylan a écrit :question con : on le trouve où ?
http://www.cdjapan.co.jp/detailview.html?KEY=OPSD-S203
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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

noar13 a écrit :
bruce randylan a écrit :question con : on le trouve où ?
http://www.cdjapan.co.jp/detailview.html?KEY=OPSD-S203
merci
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Message par Requiem »

Là j'ai pas le temps mais je viens en dire quelques mots plus tard.
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Message par noar13 »

Requiem a écrit :Là j'ai pas le temps mais je viens en dire quelques mots plus tard.
c'est plat ??
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Message par Requiem »

noar13 a écrit :
Requiem a écrit :Là j'ai pas le temps mais je viens en dire quelques mots plus tard.
c'est plat ??
Quoiiiiii ? :lol:

Attends, aucun rapport, Human Vapor on dirait vraiment un sous-Midnite movie dans lequel tu n'as ni Vincent Price, ni Ray Milland pour relever le niveau d'ensemble... :twisted:
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Message par vic »

J'en suis encore traumatisé, quel film... :shock:
Quelqu'un a vu d'autres films de ce réalisateur ?
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Message par noar13 »

j'ai les 2 autres pas encore vu
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Message par noar13 »

bon j'ai vu funeral parade of rose, film le plus réputé de matsumoto, hier soir.

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surtout ne rien lire sur le film avant de le voir et notamment sur imdb qui spoile un maximum dès l'accroche.

beaucoup plus experimental que shura, ce film m'a semble longtemps decousu jusqu'au final qui dechire tout :shock:

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photo splendide, quelques scenes mémorables, notamment la première, une scène d'amour surexposée, avec des gros plans magnifiques ...

pas mal d'expérimentation un peu pénible, saccades, accélerations, mélange de genre un peu perturbant, film dans le film, mais bon au final

une expérience forte et unique

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Message par 2501 »

Vu. Et légèrement déçu.

Dans le sens où je n'ai pas reçu la claque annoncée.

Principalement à cause des 40 premières minutes que j'ai trouvé assez soporifiques... Autant dans le récit que dans la mise en scène très statique. Alors, certes, c'est on ne peut plus subjectif vu que j'étais (comme tu me l'as fait remarquer noar) assez fatigué.

J'ai donc eu du mal à rentrer dans le film, mais une fois que le héros se rend compte qu'il s'est fait avoir, ça devient clairement plus intéressant et surtout c'est de mieux en mieux jusqu'à un final... infernal.

Le travail sur les cadrages, le contraste du N&B et surtout la lumière est excellent. Plusieurs trouvailles de mise en scène que je n'avais jamais vues auparavant (le traitement pièce de théâtre avec trav latéral par ex). D'autres plus faciles (les ralentis) mais néanmoins très efficaces.

Une seconde vision me sera sans doute nécessaire pour mieux l'apprécier, et surtout pour vérifier si ces scènes d'exposition occupent, comme je l'ai ressenti, une place trop importante.
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