Re: Topic naphtalinippon
Publié : 24 avr. 17, 23:22
C'est pas comme si je t'en avais reparlé deux jours avant en plus !
Japanese Movie - Midareru [Japan DVD] TDV-24724D
Al Pacino (Acteur), Robin Williams (Acteur)
Une des innombrables versions de cette histoire populaire japonaise (j'en connais au moins 3 autres - pas encore vus). On y suit un jeune étudiant timide qui voyage avec une troupe de comédiens itinérant dont il tombe amoureux de la plus jeune actrice. Mais la différence de rang social entre eux posent rapidement une barrière.
J'ai beaucoup aimé même si je reconnais que ça reste conventionnel et classique. il n'empêche que ça fait partie de ces chroniques humaines que j'affectionne tant. Une approche simple, sans péripéties forcées, sans effluves de mélodrame tout en étant parfois étonnement grave voire cruel (l'adolescente en phase terminale). Mais dans l'ensemble, le ton est chaleureux, plutôt léger jouant beaucoup sur la maladresse de ses 2 amoureux timides face au franc parler des adultes (comme lors de la partie de Go).
La conclusion avec le bateau s'éloignant est vraiment très belle et fait monter les larmes aux yeux sans trop de difficulté. Dans l'ensemble, le film bénéficie d'une facture visuelle très soignée avec des plans joliment soignées (cadre, photo, paysages...).
Je suis moins convaincu par la narration en flash-back avec une partie contemporaine en noir et blanc. Mais cela dit, le passage en couleur pour le flash-back est une idée fort poétique qui traduit bien la nostalgie et l'idéalisation d'un moment clé dans l'éveil sentimental du héros.
Curieux désormais de voir à quoi ressemblent les autres versions. Pour ce que j'ai zappé sur celle de Heinosuke Gosho (1933), ça a l'air très proche.
Merci pour la chronique, c'est alléchant, un film en plus introuvable, quelle frustrationProfondo Rosso a écrit :Horrors of Malformed Men de Teruo Ishii (1969)
Après s'être évadé d'un hôpital psychiatrique, un homme prend l'identité d'un mort afin d'enquêter sur étrange cas de sosies. Il se retrouve sur une île où sévit un médecin qui transforme des hommes en monstres...
Teruo Ishii fut un des réalisateur qui sut le mieux prendre le pli du virage érotique des studios japonais, forcés de corser le contenu de leur film pour faire face à la concurrence de la télévision. Ainsi naît le pinku-eiga et Ishii s'épanouira dans l'un de ses sous-genres le ero guro (grotesque érotique) avec la série à succès des Joys of Torture traitant de la torture à l'ère Edo. Fort de ces réussites, Ishii peut ainsi proposer à la Toei le projet qu'il caresse depuis longtemps à savoir une adaptation d'Edogawa Ranpo, le maître du suspense de la littérature japonaise. Le scénario d'Ishii et Masahiro Kakefuda sera un curieux mélange des romans L'île panorama et Le Démon de l'île solitaire tout en piochant quelques idées tordues d'autres ouvrages comme La Chaise humaine.
La première séquence avec le réveil du héros (Teruo Yoshida) dans un hôpital psychiatrique et son étrange obsession pour une île où il ne s'est jamais rendu donne le ton de l'approche d'Ishii. L'aspect purement policier et énigme insoluble à résoudre (à la Gaston Leroux, Conan Doyle ou Edgar Allan Poe modèles avoués d'Edogawa Ranpo) intéresse moins Ishii que la dimension purement grotesque et outrancière. Au départ cela ne semble que reposer sur une veine purement racoleuse où la caméra s'attarde longuement sur les corps nus des prisonnières de l'asile et saisir leur hystérie. De même la fusion des intrigues de L'île panorama et Le Démon de l'île solitaire convergent principalement sur l'idée commune (mais exploitée différemment) d'une île où un individu démiurge façonne un environnement déviant reflet de ses fantasmes. Tous les autres éléments (l'usurpation d'identité du héros) développés dans le détail de la trame policière d'Edogawa Ranpo sont ici présentés mais expédiés en esquivant toute volonté de réalisme. Là encore au pense que Teruo Ishii tisse une intrigue lâche pour privilégier les excès graphiques mais les à priori sont peu à peu déjoués. Cette narration flottante où des évènements extraordinaire (une résurrection improbable) sont acceptés sans férir participe ainsi par ces excès à la dimension rêvée puis cauchemardesque du récit que le réalisateur ponctue de moments d'humour absurde. Les filtres de la photo de Shigeru Akatsuka amorcent la bascule quand les comportements se font plus frénétiques (les avances que subit le héros infiltré) et les apparitions inquiétantes d'êtres monstrueux. Le suspense traditionnel (toutes les précautions du héros pour ne pas être démasqué) oscille ainsi avec ces écarts graphiques et/ou narratifs irrationnels pour nous imprégner de cette atmosphère inquiétante.
Tout cela nous mène habilement vers un final extraordinaire sur l'île. Teruo Ishii exploite formellement la veine rococo onirique et inquiétante de L'île panorama (même si une vraie adaptation de celui-ci reste à faire pour illustrer toutes ses visions folles) - par son érotisme décadent, son usage du corps féminin comme véritablement instrument ornemental déviant notamment lors de la traversée en barque - et Le Démon de l'île solitaire pour tout l'aspect mutant, insensé et innommable des créations organiques du méchant. Les limites de certains effets spéciaux atténuent certaines vision du livre (les siamois qui suscitent moins de malaise) mais pour l'essentiel c'est un festival de déviances capturées crûment par le réalisateur où s'entremêle cannibalisme, inceste, chairs malmenées. Quand vient l'heure des révélations tout le brio d'Ishii se révèle puisque tous les aspects les plus putassiers se justifient dans un script où tout s'emboite dans la description d'un esprit dément. Une dimension psychédélique et hypnotique se mêle à ses excès avec visions infrarouges, éclairages baroques et cadrages déroutant, le tout servant pourtant une profonde souffrance qui n'a pu être surmontée que par une folie à enlaidir le monde. Le tortueux conflit familial même si différent de celui des romans est totalement dans l'esprit d'Edogawa Ranpo et Teruo Ishii fait parfaitement fonctionner le drame en dépit de quelques raccourcis narratifs. Le film se conclut ainsi sur un ultime excès, l'idée formelle autre se conjuguant au romanesque le plus tordu dans une traduction du final fou de L'île panorama, un feu d'artifice comme l'on en a rarement vu. 5/6
J'ai eu la chance de le trouver pas trop cher sur priceminister à 20 euros. Sinon ça se trouve quand même un peu plus cher sur ebay mais c'est n'importe quoi sur les frais de livraison https://www.ebay.fr/sch/i.html?_from=R4 ... acat=11232rodoliv a écrit :Merci pour la chronique, c'est alléchant, un film en plus introuvable, quelle frustrationProfondo Rosso a écrit :Horrors of Malformed Men de Teruo Ishii (1969)
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merci, mais effectivement ça pique un peu au niveau prix de revient, j'attendrai une occasion "correcte"Profondo Rosso a écrit :J'ai eu la chance de le trouver pas trop cher sur priceminister à 20 euros. Sinon ça se trouve quand même un peu plus cher sur ebay mais c'est n'importe quoi sur les frais de livraison https://www.ebay.fr/sch/i.html?_from=R4 ... acat=11232rodoliv a écrit : Merci pour la chronique, c'est alléchant, un film en plus introuvable, quelle frustration
j'imagine !bruce randylan a écrit :Les fossettes de Tokyo (Shue Matsubayashi - 1952)
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A noter que Hideko Takamine joue un petit rôle en tant que policière et que le costume lui va à ravir