Re: Topic naphtalinippon
Publié : 4 oct. 16, 00:50
Port of flower (Keisuke Kinoshita - 1943)
En 1941, deux escrocs arrivent dans un petit village portuaire et se font passer pour les fils d'un homme décédé qui rêvait de construire un bateau. Ils font croire aux habitants qu'ils viennent réaliser le projet de leur père en espérant s'éclipser avec l'argent de la souscription des voisins et amis du défunt.
Première réalisation de Kinoshita après avoir été des années l'assistant de Hiroshi Shimizu.
Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale et le gouvernement lui impose d'inclure une bonne dose de propagande patriotique pour une histoire qui n'en n'avait pas nécessairement besoin. Cela dit son scénario est déjà loin d'être parfait avec son duo de filous dont on a un peu du mal à comprendre l'intérêt dans le récit puisque les villageois peuvent très bien s'organiser tout seul pour mener à bien la constriction du navire (réunir l'argent, effectuer les travaux).
Une fois accepté ce MacGuffin, on se retrouve devant une petite comédie gentiment anecdotique qui suit une petite dizaine de personnage assez attachant malgré tout. On devine aisément que les malandrins vont avoir des scrupules à abuser de la crédulité de leurs hôtes, d'autant qu'ils croisent quelques personnages féminins attendrissantes.
Et donc au bout d'un moment, on apprend que le Japon vient de déclarer la guerre aux USA et qu'il faut construire ce bateau pour agrandir la flotte impériale (bon, c'est un navire de pêche en bois mais c'est pas grave). Et ceux qui veulent pas participer sont des traîtres égoïstes.
Pas grand chose à dire sur la réalisation, on sent en effet une certaine influence du style un peu naturaliste et chaleureux de certains Shimizu mais sans génie. Du travail bien fait tout de même mais l'histoire n'est pas passionnante et ne décolle de toute façon jamais à cause de situations sans véritables enjeux. Reste quelques sourires de temps en temps.
Ca me fait penser que je connais au final assez mal Kinoshita mais on dirait que sa filmographie est assez insaisissable de toute façon. Et ça me fait penser que le cinéaste est très peu présent de manière générale à la MCJP (je n'y ai vu aucun "inédit" en 10 ans je crois).
Beaucoup plus intéressant
A Colt is my passport (Takashi Nomura - 1967)
Il s'agit d'un excellent film noir très flegmatique et en grande partie mutique où l'on retrouve avec grand plaisir Joe Shishido qui renoue avec un rôle de tueur solitaire et minutieux proche de celui de la Marque du tueur (sorti justement la même année). Je ne connaissais pas Takashi Nomura mais il livre un excellent boulot avec une réalisation précise, limpide et parfaitement clinique et millimétrée à l'image de son héros. Le noir et blanc en scope est tout aussi classe avec ce sens du cadre virtuose typique du cinéma japonais de cette période, agrémenté d'une photo très contrastée.
Le final est grandiose avec Shishido qui s'apprête seul à faire face à des ennemis en surnombres. Une longue séquence anthologique, divinement découpée jouant à merveille de l'immense espace vide et d'une blancheur aveuglante. On pense alors fortement à Sergio Leone mais avec une dimension quasi surréaliste par son contexte que certains considèrent comme existentialiste.
Ces dernières minutes méritent largement à elle seule un visionnage et excuse quelques baisses de rythme. Mais le film est tout de même régulièrement réjouissant et inspirée. Chaudement recommandé !
Ces deux films sont disponibles dans deux différents coffrets Eclipse/Criterion. Le premier est justement intitulé Kinoshita and World War II (et qui regroupe ses 5 premiers films) et le second se trouve dans Nikkatsu Noir (à côté de films de Seijun Suzuki, Toshio Masuda ou Koreyashi Kurahara). Dommage que l'éditeur ai abandonné ces coffrets passionnants.
En 1941, deux escrocs arrivent dans un petit village portuaire et se font passer pour les fils d'un homme décédé qui rêvait de construire un bateau. Ils font croire aux habitants qu'ils viennent réaliser le projet de leur père en espérant s'éclipser avec l'argent de la souscription des voisins et amis du défunt.
Première réalisation de Kinoshita après avoir été des années l'assistant de Hiroshi Shimizu.
Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale et le gouvernement lui impose d'inclure une bonne dose de propagande patriotique pour une histoire qui n'en n'avait pas nécessairement besoin. Cela dit son scénario est déjà loin d'être parfait avec son duo de filous dont on a un peu du mal à comprendre l'intérêt dans le récit puisque les villageois peuvent très bien s'organiser tout seul pour mener à bien la constriction du navire (réunir l'argent, effectuer les travaux).
Une fois accepté ce MacGuffin, on se retrouve devant une petite comédie gentiment anecdotique qui suit une petite dizaine de personnage assez attachant malgré tout. On devine aisément que les malandrins vont avoir des scrupules à abuser de la crédulité de leurs hôtes, d'autant qu'ils croisent quelques personnages féminins attendrissantes.
Et donc au bout d'un moment, on apprend que le Japon vient de déclarer la guerre aux USA et qu'il faut construire ce bateau pour agrandir la flotte impériale (bon, c'est un navire de pêche en bois mais c'est pas grave). Et ceux qui veulent pas participer sont des traîtres égoïstes.
Pas grand chose à dire sur la réalisation, on sent en effet une certaine influence du style un peu naturaliste et chaleureux de certains Shimizu mais sans génie. Du travail bien fait tout de même mais l'histoire n'est pas passionnante et ne décolle de toute façon jamais à cause de situations sans véritables enjeux. Reste quelques sourires de temps en temps.
Ca me fait penser que je connais au final assez mal Kinoshita mais on dirait que sa filmographie est assez insaisissable de toute façon. Et ça me fait penser que le cinéaste est très peu présent de manière générale à la MCJP (je n'y ai vu aucun "inédit" en 10 ans je crois).
Beaucoup plus intéressant
A Colt is my passport (Takashi Nomura - 1967)
Il s'agit d'un excellent film noir très flegmatique et en grande partie mutique où l'on retrouve avec grand plaisir Joe Shishido qui renoue avec un rôle de tueur solitaire et minutieux proche de celui de la Marque du tueur (sorti justement la même année). Je ne connaissais pas Takashi Nomura mais il livre un excellent boulot avec une réalisation précise, limpide et parfaitement clinique et millimétrée à l'image de son héros. Le noir et blanc en scope est tout aussi classe avec ce sens du cadre virtuose typique du cinéma japonais de cette période, agrémenté d'une photo très contrastée.
Le final est grandiose avec Shishido qui s'apprête seul à faire face à des ennemis en surnombres. Une longue séquence anthologique, divinement découpée jouant à merveille de l'immense espace vide et d'une blancheur aveuglante. On pense alors fortement à Sergio Leone mais avec une dimension quasi surréaliste par son contexte que certains considèrent comme existentialiste.
Ces dernières minutes méritent largement à elle seule un visionnage et excuse quelques baisses de rythme. Mais le film est tout de même régulièrement réjouissant et inspirée. Chaudement recommandé !
Ces deux films sont disponibles dans deux différents coffrets Eclipse/Criterion. Le premier est justement intitulé Kinoshita and World War II (et qui regroupe ses 5 premiers films) et le second se trouve dans Nikkatsu Noir (à côté de films de Seijun Suzuki, Toshio Masuda ou Koreyashi Kurahara). Dommage que l'éditeur ai abandonné ces coffrets passionnants.