L'âge d'or du cinéma japonais : les années 50

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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k-chan
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Message par k-chan »

Gromit a écrit :Bravo pour l'initiative du Topic et tout ce qui y a été écrit :D
Malheureusement je n'ai guère le temps de commenter et participer malgré le fait que j'aurais des tonnes de choses à dire. :wink:
Merci ! :wink:
Oui, très bonne idée de Mackey, je n'avais même pas pensé à un tel sujet. Dommage que tu n'ais pas le temps, car la participation manque un peu. Enfin !
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k-chan
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Message par k-chan »

Voici les 2 plus grandes stars du cinéma japonais des années 50. Enfin, les plus célèbres chez nous.


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Machiko Kyo (1924) (photo : Rashômon)

Ma préféré, et cela tiens surtout à ses collaborations avec Kurosawa et Mizoguchi. 4 films donc, même si j'en ai vu d'autres avec elle. Ma préféré car je la trouve superbe et très talantueuse.
Cette actrice fut découverte en 1949. Consécration 1 an plus tard dans Rashômon de Kurosawa : elle incarne la femme violée par le bandit Tajomaru, et dont le mari est assassiné. Elle y est époustouflante ! Tour à tour douce et calme, appeurée, ricaneuse, manipulatrice, elle change de masque tous le long du film, en fonction du récit, avec une assurance éblouissante. Sa célébrité, elle la doit au nombre de grands rôles qu'elle eu, dans des chefs-d'oeuvre qui sont connus dans le monde entier.
Elle eu d'autres rôles mémorables dans 3 superbes chefs-d'oeuvre de Mizoguchi : La fantôme Wakasa des Contes de la lune vague après la pluie (1953), la servante devenue L'impératrice Yang Kwei fei (1955), et la prostitué Mickey de La rue de la honte (1956). Ce sont donc les 4 films qui font d'elle mon actrice japonaise favorite.
Mais ce n'est pas avec Mizoguchi qu'elle a le plus collaboré. C'est surtout Kozaburo Yoshimura et Teinosuke Kinugasa qu'il lui offrir un nombre important de rôles. Mais peu de ces films sont connus dans nos contrées.
Elle est la magnifique Kesa dans le film superbement coloré de Kinugasa, La porte de l'enfer (1953). Elle joue également dans Le roman de Genji (1951) de Yoshimura. Et pour Mikio Naruse dans Frère et soeur (1953).
Elle joua également beaucoup pour Kon Ichikawa, dont le plus célèbre film chez nous est L'étrange obsession (1959), dans lequel elle cotoie Tatsuya Nakadai et Genjiro Nakamura, et la même année dans l'un des dernier chefs-d'oeuvre d'Ozu, Herbes flottantes.
Pour la suite de sa carrière, elle joua notemment dans les années 60 pour Kenji Misumi et pour Yasuzo Masumura, et pour Satsuo Yamamoto pour la décénie suivante.
On peu noter également qu'elle joua aux cotés d'un Marlon Brando japonisé (eh oui !) dans le film de Daniel Mann La petite maison de thé (1956).
Une grande actrice du cinéma mondial, qui rivalise sans peine avec les grandes américaines, françaises ou italienne, même si elle est moins connue, du fait de la place particulière qu'occupe le cinéma japonais dans le monde.



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Toshiro Mifune (1920-1997) (photo : Les 7 samouraïs)

Le plus grand acteur Japonais ? Sans doute ! Un des plus grands acteurs du monde ? Sans doute également. Il est une véritable personnalité, un acteur puissant, au caractère fort, d'un talent ahurissant, qui n'est pas sans rappeler celui de Marlon Brando.
Il débute dans un premier film en 1947 et s'impose dans le film suivant, L'ange Ivre (1948) de Kurosawa, comme un acteur génial. Kurosawa dira qu'il voulu, avec ce film, faire une histoire autour du vieux médecin alcoolique (le fabuleux Takashi Shimura), plus qu'autour du yakusa tuberculeux Matsunaga (Mifune). Mais Mifune était si incroyable, que c'est son personnage qui a fini par dominer le film, Kurosawa ne voulant pas étouffer un tel potentiel.
C'est donc Akira Kurosawa qui saura mieux que quiconque exploiter l'incroyable personalité de cet acteur, en lui donnant des rôles très variés. Il tournerons ensemble 16 films. Mifune est, tour à tour gangster, policier, médecin, milliardaire, peintre, bandit violeur de femme, et surtout samouraïs de toute sortes : méchant - gentil - à moitié paysans - général...
Il faut voir tous les films qu'il a enchainé avec Kurosawa pour se rendre compte de l'étendue de son registre, et voir ses prestations dans les chefs-d'oeuvre tels que L'ange ivre (en jeune yakusa mourrant, torturé, fier et au caractère difficile, dans le monde de l'après guerre), Rashômon (1951 - en bandit effroyable, qui peut violer une femme pour ensuite la demander en marriage), Les sept samourais (1954 - en samourais/paysans aussi comique que boulversant), Le chateau de l'arignée (1957 - en seigneur au regard halluciné qui ne sait que hurler), Les bas-fonds (1957 - en voleur désespérement amoureux, qui rêve d'une vie simple et meilleure), Yojimbo et Sanjuro (1961-62 - en samouraï érant [ronin] à l'humour corrosif) ou Barberousse (1965 - en vieux médecin autoritaire au fond très humain) pour s'apercevoir qu'il est un acteur unique. Kurosawa avait donc là le partenaire idéal pour incarner les personnages au caractère fort et souvent ambigüe qu'il aimait mettre en scène. Mais leur relation cessa après Barberousse, les 2 hommes ne se supportant plus.
Ce duo reste un des plus incroyables du cinéma mondial (le meilleur pour moi, car également le plus créatif).
Toshiro Mifune joua bien entendu dans un nombre très élevé de films et eu même un très court rôle (tragique) dans La vie d'Oharu femme galante (1952) de Mizoguchi, et joua aussi pour Mikio Naruse. Pas pour Ozu hélas. En réalité, le réalisateur pour lequel il joua le plus est le spécialiste des films historiques, Hiroshi Inagaki, avec qui il joua dans plus d'une vingtaine de films, dont la série des Musashi Miyamoto ou le remake colorisé du Pousse-pousse.
La partie la plus passionante de la carrière de Mifune se situe dans les années 50 et 60. Il aura tendance par la suite à jouer souvent la même chose. Il eu une carrière internationale dont on peut retenir Duel dans le Pacifique (1968) de John Boorman, où il cotoie Lee Marvin. Il joue également aux cotés de Charles Bronson, Alain Delon et Ursula Andress dans Soleil Rouge de Terence Young et avec Richard Chamberlain dans Shogun, série que Kurosawa ne manqua pas de dénigrer.
Même si la carrière de Mifune n'avait plus le même souffle, il joua encore dans de grands films, que ce soit pour Masaki Kobayashi, Kihachi Okamoto, Kinji Fukasaku, cinéastes de renom.
Toshiro Mifune était un titan.
Cinetudes
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Message par Cinetudes »

Salut,

je suis super impressionné par vos messages et je me dis qu'il me reste encore beaucoup à découvrir. :oops: :D

Et du coup j'en profite pour vous signaler le site trés bien fait et exclusivement consacré au cinéma japonais, classique comme bis.

Stefan
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

k-chan a écrit : Image
Toshiro Mifune (1920-1997) (photo : Les 7 samouraïs)
A noter, que le père Mifune joua aussi dans l'inegal mais sympa 1941 de Spielberg, dans le tout aussi sympa Grand Prix de Frankenheimer, se bastonnera avec un aveugle dans Zatoichi contre Yojimbo, et jouera dans des tres grands films (autre que ceux de Kurosawa) que sont Le Sabre du mal, Rebellion et la cultissime trilogie des Samourais.
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Message par k-chan »

Cinetudes a écrit :je suis super impressionné par vos messages
:D :wink:
Kevin95 a écrit :
k-chan a écrit : Image
Toshiro Mifune (1920-1997) (photo : Les 7 samouraïs)
et jouera dans des tres grands films (autre que ceux de Kurosawa) que sont Le Sabre du mal, Rebellion et la cultissime trilogie des Samourais.
J'ai cité Okamoto et Kobayashi comme réalisateurs pour lesquels il à joué. Mais j'ai mal écris le truc. Et j'aurais dû citer ces 2 grands films de sabres, dont ils sont respectivement les auteurs, surtout qu'il sont maintenant édité par WildSide (enfin il faut attendre pour le second). Merci à toi, donc !
Par contre, la trilogie "Samouraïs" est la même que "Musashi Miyamoto", que j'ai cité. :wink:
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MJ
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Message par MJ »

Kevin95 a écrit :A noter, que le père Mifune joua aussi dans l'inegal mais sympa 1941 de Spielberg, dans le tout aussi sympa Grand Prix de Frankenheimer
:shock: Qui l'eut crû?!
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Message par k-chan »

Site Officiel Toshiro Mifune :

http://www.mifuneproductions.co.jp/



Et un autre :

http://www.sprout.org/toshiro/
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

k-chan a écrit :Par contre, la trilogie "Samouraïs" est la même que "Musashi Miyamoto", que j'ai cité. :wink:
Oups ! sorry ! :mrgreen:
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Mackey

Message par Mackey »

Cinetudes a écrit :Salut,

je suis super impressionné par vos messages et je me dis qu'il me reste encore beaucoup à découvrir. :oops: :D

Et du coup j'en profite pour vous signaler le site trés bien fait et exclusivement consacré au cinéma japonais, classique comme bis.

Stefan
y a pas de quoi car moi aussi il me reste beaucoup a decouvrir :? ; quand on sait par exemple que Naruse a tourne plus de 100 films (pas tous des chefs d'oeuvre tout de meme), et que j'en ai vu que quatre (dont deux chefs d'oeuvres). ozu en a tourne pas mal, certains sont detruits a jamais :evil: , et j'en ai vu qu'une dixaine. sans compter les kinoshita (j'ai vu que carmen revient au pays :cry: ) les shimizu, les ichikawa, les gosho.
phibes
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Message par phibes »

la connaissance du cinéma japonais des années 50 , s'avère un travail d'anthologiste de titan , que de chefs d'oeuvres à découvrir .
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Message par k-chan »

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Chishu Ryu (1904-1993) (photo : Voyage à Tokyo)

Voici un acteur très important. Disons qu'il est une icône, un symbole. il est LE japonais type. Toujours immobile, assis par terre, les jambes croisées, avec son petit sourire énigmatique. Il parle très souvent face à la caméra, mais on se demande chaque fois si il nous regarde vraiment. En fait, cette image, il la doit à Yasujiro Ozu, pour qui il a joué dans 31 films. Dans les films de ce réalisateur, il joue quasiment toujours le rôle du père. Et ce superbe acteur se plaisait à dire, que si Ozu l'avait choisi comme un de ses acteurs fétiches, c'est justement parce qu'il était un très mauvais comédien. C'est faux et en tout cas, le public, lui, ne peux pas l'oublier. Il m'est arrivé de me dire en découvrant un film d'Ozu : "mince, y a pas Chishu Ryu !". On est content quand il est là.
Cet acteur à joué dans environs 160 films, et pour la collaboration entre ces 2 grands, qui débuta dès le 1er film de l'acteur, et le second du réalisateur en 1928, on peut surtout citer, avant 1950 : Un fils unique (1936), Il était un père (1942), Récit d'un propriétaire (1947) et le chef d'oeuvre absolu Printemps tardif (1948).
Et pour la décénie qui nous intéresse, une série de chefs-d'oeuvre marquants : Eté Précoce (1951), le célèbre Voyage à Tokyo (1953), Printemps précoce (1956), Crépuscule à Tokyo (1958), Fleur d'équinoxe (1958), Bonjour (1959). Et dans le dernier film de Ozu, Le goût du saké en 1963. L'acteur est souvent dans ces films un symbolique grand buveur de saké, et notemment dans le dernier.
Chishu Ryu fait éternellement parti du monde de Ozu.
Mais en réalité, il fut un acteur fétiche également pour Keisuke Kinoshita. Malheureusement, Les films de Kinoshita sont beaucoup moins connus chez nous. On peut en citer au moins 2 célèbres : Carmen revient au pays (1951) et Les 24 prunelles (1954). Et si il est dans les films d'Ozu une simple silhouette, il laisse parler, chez Kinoshita, de vrais talents de comédien.

Sinon, il joua dans les années 40 pour de grands cinéastes, tels Kimisaburo Yoshimura, Heinoske Gosho, Hiroshi Shimizu. Mais je vous souhaite bonne chance pour trouver les films. :wink:
Il eu des rôles secondaires dans des films de Kurosawa. Dans Barberousse (1965), où il apparait à la fin, et dont l'unique parole est : "Tout est bien qui fini bien. Le saké !" Ce qui ressemble fort à un discret hommage à Ozu. Aussi discret et simple que l'univers de ce cinéaste mort 2 ans auparavant, avec qui l'acteur est, dans la mémoire des spectateurs, indéfectiblement lié. Autres apparitions dans Les salauds dorment en paix (1960), dans le rôle d'un flic :shock: , ainsi qu'un de ses derniers rôles dans Rêves (1990).
Et pour finir on peu citer la très longue série des Tora-San / Otoko wa tsurai yo (C'est dur d'être un homme), de Yoji Yamada, de 1969 à 1992, où il joue le rôle d'un prêtre, vocation à laquelle il était destiné, avant de finalement devenir acteur.
Chishu Ryu meurt en 1993.
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