Voici les 2 plus grandes stars du cinéma japonais des années 50. Enfin, les plus célèbres chez nous.
Machiko Kyo (1924) (photo : Rashômon)
Ma préféré, et cela tiens surtout à ses collaborations avec
Kurosawa et
Mizoguchi. 4 films donc, même si j'en ai vu d'autres avec elle. Ma préféré car je la trouve superbe et très talantueuse.
Cette actrice fut découverte en 1949. Consécration 1 an plus tard dans
Rashômon de
Kurosawa : elle incarne la femme violée par le bandit Tajomaru, et dont le mari est assassiné. Elle y est époustouflante ! Tour à tour douce et calme, appeurée, ricaneuse, manipulatrice, elle change de masque tous le long du film, en fonction du récit, avec une assurance éblouissante. Sa célébrité, elle la doit au nombre de grands rôles qu'elle eu, dans des chefs-d'oeuvre qui sont connus dans le monde entier.
Elle eu d'autres rôles mémorables dans 3 superbes chefs-d'oeuvre de
Mizoguchi : La fantôme Wakasa des
Contes de la lune vague après la pluie (1953), la servante devenue
L'impératrice Yang Kwei fei (1955), et la prostitué Mickey de
La rue de la honte (1956). Ce sont donc les 4 films qui font d'elle mon actrice japonaise favorite.
Mais ce n'est pas avec
Mizoguchi qu'elle a le plus collaboré. C'est surtout
Kozaburo Yoshimura et
Teinosuke Kinugasa qu'il lui offrir un nombre important de rôles. Mais peu de ces films sont connus dans nos contrées.
Elle est la magnifique Kesa dans le film superbement coloré de
Kinugasa,
La porte de l'enfer (1953). Elle joue également dans
Le roman de Genji (1951) de
Yoshimura. Et pour
Mikio Naruse dans
Frère et soeur (1953).
Elle joua également beaucoup pour
Kon Ichikawa, dont le plus célèbre film chez nous est
L'étrange obsession (1959), dans lequel elle cotoie
Tatsuya Nakadai et
Genjiro Nakamura, et la même année dans l'un des dernier chefs-d'oeuvre d'
Ozu,
Herbes flottantes.
Pour la suite de sa carrière, elle joua notemment dans les années 60 pour
Kenji Misumi et pour
Yasuzo Masumura, et pour
Satsuo Yamamoto pour la décénie suivante.
On peu noter également qu'elle joua aux cotés d'un Marlon Brando japonisé (eh oui !) dans le film de Daniel Mann
La petite maison de thé (1956).
Une grande actrice du cinéma mondial, qui rivalise sans peine avec les grandes américaines, françaises ou italienne, même si elle est moins connue, du fait de la place particulière qu'occupe le cinéma japonais dans le monde.
Toshiro Mifune (1920-1997) (photo : Les 7 samouraïs)
Le plus grand acteur Japonais ? Sans doute ! Un des plus grands acteurs du monde ? Sans doute également. Il est une véritable personnalité, un acteur puissant, au caractère fort, d'un talent ahurissant, qui n'est pas sans rappeler celui de Marlon Brando.
Il débute dans un premier film en 1947 et s'impose dans le film suivant,
L'ange Ivre (1948) de
Kurosawa, comme un acteur génial.
Kurosawa dira qu'il voulu, avec ce film, faire une histoire autour du vieux médecin alcoolique (le fabuleux
Takashi Shimura), plus qu'autour du yakusa tuberculeux Matsunaga (
Mifune). Mais
Mifune était si incroyable, que c'est son personnage qui a fini par dominer le film,
Kurosawa ne voulant pas étouffer un tel potentiel.
C'est donc
Akira Kurosawa qui saura mieux que quiconque exploiter l'incroyable personalité de cet acteur, en lui donnant des rôles très variés. Il tournerons ensemble 16 films.
Mifune est, tour à tour gangster, policier, médecin, milliardaire, peintre, bandit violeur de femme, et surtout samouraïs de toute sortes : méchant - gentil - à moitié paysans - général...
Il faut voir tous les films qu'il a enchainé avec
Kurosawa pour se rendre compte de l'étendue de son registre, et voir ses prestations dans les chefs-d'oeuvre tels que
L'ange ivre (en jeune yakusa mourrant, torturé, fier et au caractère difficile, dans le monde de l'après guerre),
Rashômon (1951 - en bandit effroyable, qui peut violer une femme pour ensuite la demander en marriage),
Les sept samourais (1954 - en samourais/paysans aussi comique que boulversant),
Le chateau de l'arignée (1957 - en seigneur au regard halluciné qui ne sait que hurler),
Les bas-fonds (1957 - en voleur désespérement amoureux, qui rêve d'une vie simple et meilleure),
Yojimbo et
Sanjuro (1961-62 - en samouraï érant [ronin] à l'humour corrosif) ou
Barberousse (1965 - en vieux médecin autoritaire au fond très humain) pour s'apercevoir qu'il est un acteur unique.
Kurosawa avait donc là le partenaire idéal pour incarner les personnages au caractère fort et souvent ambigüe qu'il aimait mettre en scène. Mais leur relation cessa après
Barberousse, les 2 hommes ne se supportant plus.
Ce duo reste un des plus incroyables du cinéma mondial (le meilleur pour moi, car également le plus créatif).
Toshiro Mifune joua bien entendu dans un nombre très élevé de films et eu même un très court rôle (tragique) dans
La vie d'Oharu femme galante (1952) de
Mizoguchi, et joua aussi pour
Mikio Naruse. Pas pour
Ozu hélas. En réalité, le réalisateur pour lequel il joua le plus est le spécialiste des films historiques,
Hiroshi Inagaki, avec qui il joua dans plus d'une vingtaine de films, dont la série des
Musashi Miyamoto ou le remake colorisé du
Pousse-pousse.
La partie la plus passionante de la carrière de
Mifune se situe dans les années 50 et 60. Il aura tendance par la suite à jouer souvent la même chose. Il eu une carrière internationale dont on peut retenir
Duel dans le Pacifique (1968) de John Boorman, où il cotoie Lee Marvin. Il joue également aux cotés de Charles Bronson, Alain Delon et Ursula Andress dans
Soleil Rouge de Terence Young et avec Richard Chamberlain dans
Shogun, série que
Kurosawa ne manqua pas de dénigrer.
Même si la carrière de
Mifune n'avait plus le même souffle, il joua encore dans de grands films, que ce soit pour
Masaki Kobayashi,
Kihachi Okamoto,
Kinji Fukasaku, cinéastes de renom.
Toshiro Mifune était un titan.