Le Cinéma muet

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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francis moury
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films muets

Message par francis moury »

Si la musique d'accompagnement est celle composée à l'époque du film avec l'assentiment du réalisateur, pas de problème : on peut l'écouter zsi l'orchestration originelle est respectée.
Si c'est une musique d'accompagnement composée de nos jours, alors l'oeuvre est modifiée : je coupe le son.
Et si l'oeuvre devient un fond audio-visuel pour un spectacle contemporain alors on tue sa finalité originelle propre qui est d'être vue elle et pas autre chose qu'elle.
D'ailleurs je vous invite à couper les musiques d'accompagnement non composées avec l'accord du réalisateur : vous verrez que son film est encore plus impressionnant visionné muet en général.
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Xavier
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Message par Xavier »

Stéphane je t'invite à relire le message de phylute en te demandant si tu n'es pas un peu parano...
Il n'a pas dit qu'il appréciait cela, mais que le fait est que Rodolphe Burger accompagnant le film de Browning, cela n'était plus un accompagnement fait pour le film mais que cela devenait autant un concert qu'une séance de cinéma. Au contraire il m'a même semblé qu'il dénigrait ce genre de pratique, tout comme moi.
Mais étant donné ta façon d'insulter et de mépriser ceux qui ne pensent pas comme toi, j'ai envie de te dire, juste pour le principe: de quel droit peux-tu dire que Tod Browning est un génie mais que Rodolphe Burger, lui, n'est pas un artiste?
Tu nous accuse de mépriser ton réalisateur fétiche (et franchement je ne vois pas où tu as lu ça) mais toi tu insultes peut-être un artiste aimé de certains.
Alors avant de gueuler sur tout le monde, s'il te plaît relis les messages sans en faire des interprétations absurdes et respecte l'avis des autres.
Merci.
Stéphane Derdérian
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mais lsez donc vous aussi

Message par Stéphane Derdérian »

Cher Xavier.

Mais, je ne suis pas parano.

J'ai un fait un copier-coller de ce qui a justifié mon message et lisez donc :

"Oui mais dans ce cas par exemple (il y'avait également un groupe gothique dont je ne me rappelle plus le nom qui faisait la même chose) on va peut être plus voir un concert de Rodolph Burger que le film L'inconnu. Ou du moins, on va assister à une sorte de fusion entre deux médias. En gros c'est un concert de Burger inspiré du film (enfin je m'avance un peu, je ne l'ai pas vu)".

Or, L'INCONNU n'a pas été vu accompagné de la musique de Burger, mais en plus, ce ui est marqué est que quand un film muet est programmé avec une musique d'un compositeur "étrangé" à l'œuvre, on va en général pour plus pour voir un concert. Voilà ce quoi est écrit. Or, désolé, mais je trouve ça révoltant dans le cas d'une rétrospective sur un grand metteur en scène.

ET d'abord, cher Xavier, je n'ai jamais vous vous aviez tous méprisé Browning. Par contre, moi oui, ayant entendu c que Burger fait sur L'INCONNU, je me réserve le droit de de dire ce que je pense de lui. Et si vous et tous les autres, dans le stricte sens du cinéma vous me parler de Browning comme d'un réalisateur quelconque, je serai cahrgriné, c'est tout.

Mais comme le débat se situe au niveau du cinéma muet de sa musique d'accompagnement...

Mais bon, ademttons, que j'ai mal lu et que je sois parano ! Je préfère donc arrêter de parler de L'INCONNU.

Du coup, ça me donne l'idée de revoir UN CHIEN ANDALOU du du RONDO VENEZZIANO !
Stéphane Derdérian
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envoyé par erreur

Message par Stéphane Derdérian »

Cher Xavier.

Mais, je ne suis pas parano.

J'ai un fait un copier-coller de ce qui a justifié mon message et lisez donc :

"Oui mais dans ce cas par exemple (il y'avait également un groupe gothique dont je ne me rappelle plus le nom qui faisait la même chose) on va peut être plus voir un concert de Rodolph Burger que le film L'inconnu. Ou du moins, on va assister à une sorte de fusion entre deux médias. En gros c'est un concert de Burger inspiré du film (enfin je m'avance un peu, je ne l'ai pas vu)".

Or, L'INCONNU n'a pas été vu accompagné de la musique de Burger, mais en plus, ce qui est marqué est que, quand un film muet est programmé avec une musique d'un compositeur "étrangé" à l'œuvre, on va en général plus pour voir un concert. Voilà ce quoi est écrit.

Or, désolé, mais je trouve ça révoltant dans le cas d'une rétrospective sur un grand metteur en scène.

ET d'abord, cher Xavier, je n'ai jamais dit que vous aviez tous méprisé Browning. Par contre, moi qui, ayant entendu ce que Burger fait sur L'INCONNU, me réserve le droit de dire ce que je pense de lui.

Et si vous et tous les autres, dans le stricte sens du cinéma, me parlez de Browning comme d'un réalisateur quelconque, je serai chagriné, c'est tout.

Mais comme le débat se situe au niveau du cinéma muet et de sa musique d'accompagnement...

Mais bon, ademttons, que j'ai mal lu et que je sois parano ! Je préfère donc arrêter de parler de L'INCONNU.

Du coup, ça me donne l'idée de revoir UN CHIEN ANDALOU sur du RONDO VENEZZIANO !
phylute
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Message par phylute »

Et voici l'auteur des lignes incriminées ! Youpi !

Je ne savais pas que Rodolphe Burger avait accompagné les films de Tod Browning durant cette rétrospective, qui je le concois était très importante. Je n'avais pas suivi l'affaire n'étant pas un fan du musicien (et de son groupe Kat Onoma) et ayant déjà vu la partie de la filmo de Browning qui m'interessait le plus (il m'en reste beaucoup à découvrir fort heureusement). Quand je parlais donc d'aller voir un concert de Burger c'était dans le cadre d'une opération ponctuelle s?apparentant avec un concert. Si il a gâché une rétrospective complète, c'est fortement dommageable.

Sinon si ça te défoule de lacher ta bile comme ça, pas de problème, et que grand bien te fasse. Je pense même que tu peux trouver directement le site de Burger et lui envoyer tout ton fiel. Par contre tu peux laisser sa maman tranquille, elle n'a pas à ma connaissance détruit des oeuvres d'autres grands cinéastes.

Par contre essaye de continuer à m'insulter par mp, ça permettrait à ce topic de retrouver un ton cordial propre à une discussion constructive. Le ton radio mille collines devient franchement déplaisant.
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Xavier
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Message par Xavier »

phylute a écrit :Et voici l'auteur des lignes incriminées ! Youpi !
Bah merde alors, Browning et Chaney ne sont pas encore venus te punir? :lol:

Sinon c'est quoi radio mille collines?
francis moury
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CINEMA MUET - CINEMA ET MUSIQUE - EXPRESSIONNISME

Message par francis moury »

C'était je crois une radio rwandaise qui incitait au génocide des Hutus contre les Tutsis ou l'inverse, je ne me souviens plus. C'est d'ailleurs dramatique de ne plus s'en souvenir à peine 10 ans plus tard, après presque 700 000 ou un million de morts abandonnés au massacre par une O.N.U. toujours pleine de bonne volonté mais parfois aussi incapable de la réaliser que la défunte S.D.N.

I) MUSIQUE ET CINEMA
Cela dit je viens de lire l'ensemble du forum et ma position mentionnée plus haut doit être modifiée a posteriori : la position de Xavier est profondément cinéphile et son accompagnement de CALIGARI doit être intéressant si plus adapté que l'accompagnement d'époque. Mais la position de Stéphane reste néanmoins correcte : si Wiene avait donné son accord, il faut conserver l'autre musique quelque part sur une piste du DVD pour pouvoir comparer ! Et je précise que les fiches techniques de Caligari ne mentionnent en général aucun compositeur particulier ni aucune musique.

C'est Louis Delluc qui pouvait montrer la voix lorsqu'il écrivait dans "Cinéa" (cité par L.H. Eisner, op. cit. infra, p.23) :

"Parlons de CALIGARI. Son rythme impose le film. D'abord lent, volontairement laborieux, il tâche d'énerver l'attention. Puis quand se mettent à tourner les vagues dentées de la Kermesse, l'allure bondit, s'active, file et ne nous lâche qu'au mot "fin", aigu comme une gifle."
Belle description "musicale" du film, n'est-ce pas cher Xavier ?

Mais la question est justement de savoir si cette musicalité en acte dans les images devait être dans l'esprit de ses créateurs redoublée par un commentaire le soulignant ou si ce commentaires était imposé par les usages des exploitants ? Bon cela dit, vous semblez si respectueux de - et sensible à - l'oeuvre de Wiene que je vous fait crédit bien volontier au sujet du vôtre mais convenez que la systématisation actuelle du commentaire musical original contemporain appliqué à un film muet fabriqué bientôt (à 15 ans prés approximativemen) 100 ans plus tôt pose un problème de respect de l'oeuvre. Wiene n'avait peut-être nullement envie de voir son film sonorisé ou commenté musicalement ? C'est cela qu'il faudrait savoir avant d'oser.

On est bien d'accord sur le fait que James Bernard s'accorde merveilleusement à Fisher et à la Hammer d'une manière générale, B.H. à A.H., etc... et nous adorons tous Jerry Goldsmith, Jerry Fielding, et les autres. Mais Wiene voulait-il avoir son James Bernard ? Rien n'est dit à ce sujet. Il y a bien des chefs-d'oeuvre cinématographiques sans musique, bien des chefs-d'oeuvre sans parole entendue même, voire même des films sans parole du tout où personne ne parle. Dans certains cas, c'est voulu et revendiqué. Dans d'autres non. Mais il faudrait alors se livrer à un fantastique travail historique sur le sujet afin de savoir si tel cinéastes du muet eût souhaité être commenté ou non si on lui eût laissé le choix ? Ce serait assurément un travail passionnant. Mais prenons le problème à l'envers. Si dans 100 ans quelqu'un décidait que LES OISEAUX d'A.H. manquent de musique et qu'il faut l'assortir d'une musique ? Ce sera bel et bien une trahison dans ce cas précis. B.H. est crédité au générique pour les reproductions électroniques (je crois) des cris d'oiseaux mais A.H. n'a pas voulu qu'il mette de musique. Rohmer n'a pas voulu de musique composées commentant les volumes cinématographiques de ses COMEDIES ET PROVERBES sauf spécifiquement sur l'un d'entre eux. Si dans 100 ans... idem.

L'idée même d'imposer aujourd'hui à une rétrospective de Tod Browning un commentaire musical contemporain - qu'il soit dans le style de l'époque ou pas - sur un DVD est loisible. Mais on doit laisser au spectateur la possibilité de les voir tels quels pour ceux où Browning n'en avait pas mis - l'eût-il souhaité ou non, toujours est-il qu'il n'y en a pas et c'est ainsi.
Dans une salle de projection, le procédé me semble en revanche injustifiable car c'est cela ou rien qui est imposé au spectateur. Si on tombe sur quelqu'un comme vous et que le résultat est adéquat, disons qu'on aura eu de la chance de vous apprécier et que la vision du film sera une vision augmentée d'un contrepoint intéressant et enrichissant. Mais dans le cas inverse ? Par ailleurs je suis étonné de voir à quel point l'appréhension des films muets paraît ardue à certains (Jeremy et quelques autres :wink: ) s'ils ne sont pas commentés. À la limite, pour tenir la logique du choix, il aurait dû y avoir DEUX rétrospectives de l'oeuvre intégrale de Tod Browning : une avec le commentaire pour ceux qui voulaient tenter l'expérience, et une sans pour préserver une vision pure de tout affect non voulu expressément par Browning. Ou bien, en effet, ainsi que l'a dit Stéphane à sa rude manière, UNE seule rétrospective mais sans rien d'autre que les films de Browning tels que le temps nous les a conservés. Je vous renvoie d'ailleurs à mon article sur "LONDON AFTER MIDNIGHT restauré par TCM" paru sur http://www.dvdrama.com qui est un cas-limite très étonnant de restauration d'une oeuvre dont le négatif a en effet brûlé.

Dans le cas des VHS ou des DVD colorisés de films noirs-et-blancs, pas de problème, on peut revenir au N.&B. originel. Mais en salle ?! Et Lang aurait-il apprécié la tentative de Moroder vers 1985 ? Qui peut le dire puisqu'il est mort ?

Là-dessus mes félicitations pour ce bel amour du cinéma muet - et de ses conditions "musicalisées" d'époque dont j'ai lu les descriptions informées avec grand intérêt - qui comme son nom l'indique est dénué de son mais qui semble avoir été musicalisé dans l'anarchie la plus complète par les exploitants, les distributeurs, les producteurs, et hélas fort peu par les cinéastes (Lang et METROPOLIS constituant au moins une des exceptions assurées). En tout cas, oui, il y aurait un nouveau précis d'histoire du cinéma muet à écrire, recensant tous les cinéastes qui auraient souhaité disposer du parlant, d'une musique particulière et tous ceux qui l'auraient à l'époque refusé pour raison esthétique. Et seuls alors les premiers pourraient être commentés aujourd'hui librement.

Je me souviens avoir vu OCTOBRE (U.R.S.S., 1927) d'Eisenstein au Ciné-Club de mon lycée parisien : la musique symphonique de Chostakovitch était formidablement adaptée à l'action mais me pose un problème analogue à la symphonie de Brukner utilisée par Visconti dans SENSO. Chostakovitch avait-il écrit ses partitions symphoniques en pensant qu'elles illustreraient un film ? Brukner idem ? Celui-ci certainement pas. Celui-là, à vérifier historiquement. Eisenstein parle de son travail avec Prokofiev en détails à propos d'IVAN LE TERRIBLE (U.R.S.S., 1945-1946) dans le fragment publié par Léon Moussinac dans son petit livre très riche de la collection "Cinéma d'aujourd'hui", vol. n°23, éd. Pierre Seghers, Paris 1964. Comme d'habitude c'est passionnant. Mais OCTOBRE n'est pas crédité comme disposant de musique dans la fiche technique mentionnée par Moussinac ni dans celle de Sadoul. Peut-être cette idée eût-elle plu à Eisenstein mais comment le savoir ? Et par ailleurs, la symphonie de Brukner me semble rabaissée justement au rang d'illustration dans SENSO : elle est ainsi dévoyée de sa finalité propre qui est d'être écoutée comme musique symphonique pure. Aucune représentation imagée ne peut la figurer dans son essence, encore moins peut-elle être rabaissée au rang d'illustration d'une scène dramatique.

Problème esthétique de la communication des arts, du système des beaux-arts... problème hautement philosophique.

II) DISCUSSION Kurz/Xavier sur l'EXPRESSIONNISME :
Quant à la comparaison entre CALIGARI et LE DERNIER DES HOMMES, je pense qu'il prendre pour juge de paix entre Kurz et Wavier celle qui initia Henri Langlois à la connaissance du cinéma expressionniste allemand, j'ai nommé Lotte H. Eisner, "L'écran démoniaque", éd. définitive Éric Losfeld, Paris 1965, §XII "Murnau et le "Kammerspielfilm", qui s'ouvre p. 141 justement par une analyse de LE DERNIER DES HOMMES (All. 1924) qui commence par :
"De nouveau, l'absence de sous-titres donne lieu à une succession de plans où l'action progresse par des moyens uniquement visuels. De nouveau et davantage encore ce film s'oppose aux préceptes expressionnistes. (...)"
et poursuit p. 142 :
La puissance de Murnau déborde les limites du "Kammerspielfilm", et ce n'est pas seulement parce que ce film comporte un plus grand nombre de personnages que le films de ce genre en comportent généralement. (...) est-ce le dernier vestige de la conception expressionniste selon laquelle tous les personnages avec qui le héros est en conflit sont privés de vie personnelle, ne sont (...) "que des radiations de son essence intime" ? (...)
Murnau accentue délibérément cet effet dans ses prises de vues : le portier se dirigeant vers l'hôtel, revêtu de sa splendeur galonnée est filmé de manière à paraître beaucoup plus grand que les passants qui le croisent (...) Néanmoins les procédés expressionnistes ne tiennent que peu de place dans ce film. Si Murnau les utilise pour les passages du rêve ce n'est que parce que la portée fantastique de ce style lui permet d'en tirer les effets qu'il estime nécessaires, à cet endroit. (...) "
puis p. 148 :
"Dans certains passages du film en dehors du rêve, l'on découvre les traces d'un expressionnisme évolué. (...) [à propos du corps de Jannings désespéré tenant sa livrée dans les bras, subitement figé, penché de côté en travers de l'écran] (...) Les expressionnistes ont déjà exploitécette attitude oblique du corps dans le but de mettre l'accent sur le dynamisme exalté qu'accompagne la frénésie des gestes ; c'est ainsi que Wiene montra son diabolique docteur plein d'émoi devant le livre qui lui révèle le secret de l'hypnose, par un jeu de plan, Caligari devenu gigantesque se dresse de biais, figé dans cette sorte de paroxysme (...) Et c'est encore ainsi que nous est montré Nosferatu rendant son dernier soupir. Rappelons-nous aussi la déclaration de Kurtz affirmant que la diagonale déclenche par sa violence expressive une réaction insolite dans l'âme du spectateur ; Hans Richter précise qu'une diagonale peut en soi exprimer le degré extrême d'une émotion.
"De l'expressionisme vient encore cet effet de rire gargantuesque, énormes bouches ouvertes, immenses trous noirs, tordus dans un éclat de rire infernal qui semble inonder l'arrière-cour où habite "le dernier des hommes (...)".

Bien... ces très longues citations que je suis navré d'avoir dû amputer et qu'il faut replacer dans le contexte d'une analyse admirable de 10 pages, d'une précision extrême, donnent globalement raison à Xavier - le film est globalement un "kammerspielfim" à "caméra mobile" (tenue par Karl Freund, soit dit en passant !) - mais il contient, comme l'a bien vu Kurz, des traces encore vives d'expressionnisme typiquement caligariens même si leur finalité est autre, même si elles sont des moyens au service d'une esthétique profondément différente dans son ensemble du film de Wiene de 1919.

III) Je signale à l'admirateur de THE SCARLET LETTER que le classique de V.S. est une adaptation du livre de Nathaniel Hawthorne, un des écrivains majeurs de la littérature fantastique américaine du XIXe siècle.
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Xavier
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Message par Xavier »

Voilà un message intéressant et constructif...

Pour ce qui est de savoir si les réalisateurs de l'époque souhaitaient de la musique ou pas pour leurs films à mon avis la question ne se pose pas.
Un film muet sans musique, à l'époque, ça n'existait pas.
C'est seulement aujourd'hui que cette possibilité nous apparaît, jamais un film n'était projeté à l'époque sans musique.

Pour ton premier point sur la musique de Caligari, est-ce que Wiene avait voulu ou donné son accord pour la musique de Becce, rien n'est moins sûr.
Sur le fait que cette musique, par principe, doit subsister, évidemment que oui, même si dans le cas présent elle me semble belle et bien manquée.
Avec l'avènement du DVD, il serait merveilleux de pouvoir choisir entre plusieurs bandes-son. (une de type musique d'époque, une de type accompagnement au pianole plus adapté possible, une de type Rodolphe Burger (!) comme ça chacun pourrait y trouver son compte)

"la systématisation actuelle du commentaire musical original contemporain appliqué à un film muet fabriqué bientôt (à 15 ans prés approximativemen) 100 ans plus tôt pose un problème de respect de l'oeuvre."
Voilà un problème intéressant; tout d'abord je n'utiliserais pas le mot de commentaire, mais plus d'accompagnement.
Justement il ne s'agit pas à mon avis de décrire ou de redoubler l'image. La description fonctionne par moments, plus souvent dans les films burlesques; mais trop de description peut amener au ridicule.
Il s'agit plus d'offrir un contrepoint à l'image, ou à la psychologie des personnages. La nature de la musique à proposer doit être soigneusement étudiée selon chaque film.
Souvent on se rend compte que les moments forts sont plus éloquents avec une musique peu bavarde; il faut trouver les notes justes... voire avec le silence...
C'est un équilibre extrêmement difficile à trouver, c'est tout l'art de l'accompagnement du cinéma muet.
Ne pas trahir le film, le mettre en valeur, ne pas noyer l'image, ne pas changer le sens du film non plus, enfin surtout trouver le style adéquat qui nous fera entrer dans l'univers du film. Je doute fortement qu'un artiste de variété ou de rock (quelles que soient ses qualités) puisse nous faire entrer dans l'univers de T.Browning par exemple. Mais ce n'est que mon avis...
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Message par phylute »

Xavier a écrit : Bah merde alors, Browning et Chaney ne sont pas encore venus te punir? :lol:

Sinon c'est quoi radio mille collines?
Et bien non, les incantations de Stéphane Derdérian n'ont pas poussé Tod Browning et Lon Chaney à venir me torturer pendant la nuit. Par contre j'ai un peu mal au dos, fait que j'avais mis sur le compte de trois heures de théatre, mais c'est peut être des aiguilles plantées dans une poupée à mon effigie !

Pour Radio Mille Collines, elle a eu un rôle prépondérant dans le génocide Rwandais en appelant clairement au meurtre des Tutsis.
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
Kurtz

Message par Kurtz »

Merci de ta contribution Francis.

Néanmoins quelques remarques.

Déja, sur la musique de Caligari, je ne suis pas d'accord avec toi. Le compositeur Becce est cité sur toutes les fiches du film.
A commencer par celle là, très explicite, confirmant que c'était sa musique jouée à la première du film
http://users.skynet.be/bk339538/fiches/ ... ligari.htm
il y a aussi celle d'allocine
http://www.allocine.fr/film/casting_gen_cfilm=2186.html
ça me paraît évident que la musique de Becce est bien la musique originale et qu'elle fait partie intérgrante de l'oeuvre, au même titre que les décors.

Sinon pas d'accord non plus sur le fait qu'un muet doive être visionné sans musique pour respecter la positition du réalisateur.
Je te rappelle qu'au temps du muet, les films étaient accompagnés par un orchestre ou un pianiste durant la projection. Musiciens qui improvisaient s'il n'y avait pas de partition originale.
Les films muets étaient donc accompagnés musicalement en leur temps.
Dans l'absolu, un film muet était destiné à être commenté musicalement dès sa sortie.
Après bien sûr, le problème se pose de le faire 80 après en respectant le film original.

J'ai vu Nosferatu
je l'ai trouvé génial. Vous avez raison, la version 18 im/S est la meilleure.
L'ambiance est incroyable. Le romantisme est superbe. Max Shreck est impressionnant. les images sont époustouflantes.
et l'accompagnement musical, réalisé a posteriori, était impeccable 8)
Nouvelle édition de mon top donc.
francis moury
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pour Kurz

Message par francis moury »

Ah merci je vais aller consulter ces fiches techniques : je n'ai pas encore d'édition DVD du CABINET DU DR CALIGARI - chez Kino je crois qu'ils en ont faite une très bien mais sous réserve que ma mémoire ne me trahisse pas.
Xavier et vous avez beaucoup enrichi ma connaissance du problème mais je n'arrive pas à oublier les nombreuses projections muettes de films muets :lol: vus à la cinémathèque et dans diverses salles d'art et d'essai dans un silence religieux, troublé il est vrai parfois par des rires colossaux et discordants (cf. l'incroyable séance d'INTOLERANCE de Griffith à Chaillot en 1972 ou celle du GOLEM de Wegener je ne sais plus où !) qui faisaient jurer à certains qu'ils n'y remettraient plus les pieds de leur vie. Quelle époque. Il faut dire que les mecs de l'époque se fendaient la gueule pour la moindre chose et que c'était par nature contagieux. Et on arrivait à aimer le film quand même, ce qui est encore plus étonnant !
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Message par Roy Neary »

Les rires nerveux peuvent être pénibles. Mais, pour moi, ce n'est rien en comparaison des raclements de gorge, de la toux, des nez enrhumés, des craquements faits par les sièges, etc... J'ai vu beaucoup de films muets au Palais de Chaillot et à chaque fois le même supplice. J'en suis venu à apporter mon walkman et de la musique classique que je sélectionnais en fonction de l'oeuvre projetée. Et là mon immersion dans les films fut totale, contrairement aux séances précédentes où tous ces bruits pénibles m'empêchaient de me concentrer.
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Kurtz

Message par Kurtz »

Le ciel peut attendre

Décors artificiels, personnages artificiels, situations artificielles, voix artificielles ( :evil: ), sentiments artificels.

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Message par Jeremy Fox »

Bipppppp
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Kurtz a écrit :Le ciel peut attendre

Décors artificiels, personnages artificiels, situations artificielles, voix artificielles ( :evil: ), sentiments artificels.

Film artificiel et très chiant (et pas drôle du tout qui plus est).
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