After Earth (M. Night Shyamalan - 2013)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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G.T.O
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Re: After Earth (M. Night Shyamalan - 2013)

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Bon, c'est vu et, malgré quelques réserves, j’ai, dans l'ensemble, plutôt apprécié. Ce n'est ni le retour en grâce de l'enfant prodigue ni la catastrophe annoncée par la critique; et encore moins un tract pour la scientologie.
La bonne nouvelle, ici, je trouve, est le retour en forme du metteur en scène, plus que du conteur-prophète, Shyamalan. L’ambition extra-filmique d’être le conteur des temps modernes manifestement passé, il en profite même pour faire évoluer, sans se renier, son cinéma, en lui ôtant l’élément qui commençait à rendre ses films caricaturaux, les fins à twist, pour tendre un peu plus, et plus "directement", vers ce qu’il l’anime fondamentalement : la foi. Mais, qu'il n'a pas totalement recouvert sa capacité à créer du sentiment, à émouvoir, à être capable de créer, à partir d’un style épuré et intimiste, une épaisseur dramatique.

Avant toute chose, After Earth est un récit initiatique. L'histoire d’un enfant initié par son père à la cruauté et beauté du monde. Le recours à la SF d’aventure écolo à la Avatar n’est qu’un prétexte commercial pour Shyamalan pour nourrir un drame intimiste quasiment dénué d’effets, de coup de théâtre, sans surprise, old-school, élaboré autour de l’idée de passation de pouvoir. Le postulat de départ sonne comme un croisement incongru, passablement réussi, entre le jeu vidéo ( FPS) et le cinéma ( sentiments, émotion et durée). L’opposition entre une logique d’exploration de jeu vidéo ( regarder, trouver...) et celle plus cinématographique du survivor où le corps entame une transformation ( blessures, endurance...), entre le mouvement nécessaire d’un enfant voulant échapper à la mort et l’immobilité d’un père cloué dirigeant et dispensant un enseignement devant un écran de contrôle. Opposition donc, entre, d'une part, l'aspect inexpérimenté, innocent et la peur du débutant et, d'autre part, l'aspect expérimenté, aguerri, courageux du patriarche. Et, mouvement de rapprochement entre les deux personnages éloignés par la distance d’un lieu, la Nature, dont Shyamalan ne tire rien d’autre qu’un réservoir d’épreuves pour rite de passage. L’environnement naturel est réduit à un arrière-plan, à une toile de fond dénuée de relief qui n’entre jamais en résonance, en dépit du message écolo, avec l’initiation du jeune héros. Le bestiaire ( des singes, sangsue, aux tigres, en passant par le rapace géant) ne sont là que pour alimenter un imaginaire. C’est rigolo mais complètement vain. Il y a un côté petit théâtre situé dans la nature. Rite de passage mais sans véritable prise de conscience de l’extérieur, le monde d'After Earth est un monde étrangement dépeuplé et dématérialisé; le film ne racontant, au fond, qu'une banale histoire de dépassement de soi. Qu'une transformation spirituelle à peine digne de Karaté Kid. A la fin du film, face au Monstre, n'ayant plus peur, l'enfant devient invisible, et donc, dans le vocabulaire de Shyamalan, sans que le réalité n'est de prise sur lui. La tendance à l’abstraction propre au cinéma de Shyamalan, à rendre immatérielle et illusoire la réalité posée par le film ( la réalité dans Sixième Sens, l’invasion ET dans Signs, la Nature ici) finit par rendre le film problématique et caduque. Détruisant tout ce qu’il construit scrupuleusement dans une logique de survivor, avec un corps soumis et des sens en éveil, le film s’annule sous l’effet d’une dématérialisation croissante de la réalité au profit d'un dépassement du personnage. On comprend très vite où Shyamalan veut nous emmener. La crise qu’il met en scène est avant tout spirituelle : les épreuves aboutissent à une maitrise progressive de la peur. Curieusement auto-centré, ridiculement rivée à un exercice de domestication de la peur comme produit de l'imagination, ce dépassement de soi ressemble à un exercice d'auto-hypnotisme de négation de la matérialité du monde. Le cinéma de Shyamalan n’est pas un cinéma existentiel mais un cinéma psychologisant, narcissique, dont le principal danger est de nier l’espace autour et au-delà de ses personnages. Or, l'espace au cinéma est essentiel.
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Colqhoun
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G.T.O a écrit :
Le cinéma de Shyamalan n’est pas un cinéma existentiel mais un cinéma psychologisant, narcissique, dont le principal danger est de nier l’espace autour et au-delà de ses personnages. Or, l'espace au cinéma est essentiel.
Pas vraiment d'accord avec cette conclusion. Les personnages de Shyamalan se replient sur eux-même pour se redécouvrir afin de mieux appréhender le monde qui les entoure. Il n'y a pas de négation du monde autour d'eux, mais plutôt une nécessité de s'en couper l'espace d'un moment pour puiser cette force qui leur permettra enfin de révéler pleinement leur réelle identité.
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Colqhoun a écrit :
G.T.O a écrit :
Le cinéma de Shyamalan n’est pas un cinéma existentiel mais un cinéma psychologisant, narcissique, dont le principal danger est de nier l’espace autour et au-delà de ses personnages. Or, l'espace au cinéma est essentiel.
Pas vraiment d'accord avec cette conclusion. Les personnages de Shyamalan se replient sur eux-même pour se redécouvrir afin de mieux appréhender le monde qui les entoure. Il n'y a pas de négation du monde autour d'eux, mais plutôt une nécessité de s'en couper l'espace d'un moment pour puiser cette force qui leur permettra enfin de révéler pleinement leur réelle identité.
Et quel monde les héros shyamalaniens redécouvrent t-il ? Ils ne font pas seulement abstraction du monde mais l'oblitèrent totalement, en modifiant leur certitude qu'il lui confère. Chez Shyamalan, le mystique, la réalité est une question relative à la croyance. C'est la foi que je porte en lui qui matérialise ou dématérialise les démons ou monstres. Prends par ex, l'invasion ET dans Signs. Progressivement, on se rend compte que cette invasion est intimement connectée, mais sans savoir comment, au drame qui a touché cette famille. C'est d'ailleurs, et de manière très littérale, posé et explicité à travers la discussion entre Mel Gibson et Joaquim Phoenix. À mesure que les personnages avancent dans leur travail de deuil, l'invasion mondiale se réduit à un problème que la famille doit résoudre. Une fois réglé définitivement, et non l'espace d'un moment, l'invasion disparait aussi rapidement qu'elle est apparue. Elle se dématérialise sous l'effet d'une modification du regard des protagonistes.
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Message par Chrislynch »

G.T.O a écrit :
Colqhoun a écrit :Pas vraiment d'accord avec cette conclusion. Les personnages de Shyamalan se replient sur eux-même pour se redécouvrir afin de mieux appréhender le monde qui les entoure. Il n'y a pas de négation du monde autour d'eux, mais plutôt une nécessité de s'en couper l'espace d'un moment pour puiser cette force qui leur permettra enfin de révéler pleinement leur réelle identité.
Et quel monde les héros shyamalaniens redécouvrent t-il ? Ils ne font pas seulement abstraction du monde mais l'oblitèrent totalement, en modifiant leur certitude qu'il lui confère. Chez Shyamalan, le mystique, la réalité est une question relative à la croyance. C'est la foi que je porte en lui qui matérialise ou dématérialise les démons ou monstres. Prends par ex, l'invasion ET dans Signs. Progressivement, on se rend compte que cette invasion est intimement connectée, mais sans savoir comment, au drame qui a touché cette famille. C'est d'ailleurs, et de manière très littérale, posé et explicité à travers la discussion entre Mel Gibson et Joaquim Phoenix. À mesure que les personnages avancent dans leur travail de deuil, l'invasion mondiale se réduit à un problème que la famille doit résoudre. Une fois réglé définitivement, et non l'espace d'un moment, l'invasion disparait aussi rapidement qu'elle est apparue. Elle se dématérialise sous l'effet d'une modification du regard des protagonistes.
Salut G.T.O

D’un certain point de vue psychanalytique, le « réel extérieur » est en étroite correspondance avec le « réel intérieur ». Et ce réel, extérieur et intérieur, n’existe que sous le point de vue subjectif de celui qui l’observe et le ressent. Si l’un va mal, l’autre va mal, d’un point de vue subjectif. Si l’un va bien, l’autre va bien, toujours d’un point de vue subjectif. Il ne s’agit pas de nier la réalité, qui de toute façon n’existe que de manière toute relative, mais de faire correspondre harmonieusement l’intérieur à l’extérieur et vice versa. Nous ne sommes donc pas là dans une négation de la réalité, que du contraire. Ca me semble assez flagrant dans l’exemple que tu offres ci-dessus. D’un point de vue psychanalytique, subjectif lui-même, ça me semble cohérent. Pour répondre à ta question, le monde que découvre le héros Shyamalien est une sortie d’un conflit psychologique, une vision moins étroite de la "réalité", une recherche d'harmonie extérieur/intérieur, un accroissement de conscience.
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Chrislynch a écrit : Salut G.T.O

D’un certain point de vue psychanalytique, le « réel extérieur » est en étroite correspondance avec le « réel intérieur ». Et ce réel, extérieur et intérieur, n’existe que sous le point de vue subjectif de celui qui l’observe et le ressent. Si l’un va mal, l’autre va mal, d’un point de vue subjectif. Si l’un va bien, l’autre va bien, toujours d’un point de vue subjectif. Il ne s’agit pas de nier la réalité, qui de toute façon n’existe que de manière toute relative, mais de faire correspondre harmonieusement l’intérieur à l’extérieur et vice versa. Nous ne sommes donc pas là dans une négation de la réalité, que du contraire. Ca me semble assez flagrant dans l’exemple que tu offres ci-dessus. D’un point de vue psychanalytique, subjectif lui-même, ça me semble cohérent. Pour répondre à ta question, le monde que découvre le héros Shyamalien est une sortie d’un conflit psychologique, une vision moins étroite de la "réalité", une recherche d'harmonie extérieur/intérieur, un accroissement de conscience.

Yo Chris :wink: ,

tu affirmes qu'il y a chez Shyamalan, correspondance entre espace extérieur et espace intérieur. Je n'utilise pas le terme "réel" car je pense qu'il est mal employé. D'après ce que j'ai compris de la théorie lacanienne, le "réel" est ce qui fait buter le sujet. Ce n'est pas moi sujet perceptif qui crée le "réel". Mais quelque chose qui échappe au sujet, qui vient le heurter, indépendant de sa volonté. Ce n'est pas une conception subjectiviste qui nie les qualités aux choses en imputant leur origine au mode de perception du sujet. On ne peut pas dire non plus qu'il s'agisse d'une conception matérialiste où chaque phénomène psychique procèderait d'un support physique. Voilà pour ce qui est de Lacan.
La réalité ou situation posée par le film est connecté au regard des personnages. Regard voulant dire, ici, croyance. Ton interprétation se tient mais je trouve juste dommageable que Shyamalan réduise systématiquement la portée du drame ( mort-vivant, invasion E.T, polarité bien-mal...) à un trompe-oeil. À un problème d'angle d'approche, de faux-semblant qui, aussi brillante que tarte à la crème post-moderne, annule le problème que le film accorde tant d'effort à rendre tangible et crédible. C'est le côté magicien qui dévoile ses tours de magie, c'est toujours décevant.
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G.T.O a écrit :
Chrislynch a écrit : Salut G.T.O

D’un certain point de vue psychanalytique, le « réel extérieur » est en étroite correspondance avec le « réel intérieur ». Et ce réel, extérieur et intérieur, n’existe que sous le point de vue subjectif de celui qui l’observe et le ressent. Si l’un va mal, l’autre va mal, d’un point de vue subjectif. Si l’un va bien, l’autre va bien, toujours d’un point de vue subjectif. Il ne s’agit pas de nier la réalité, qui de toute façon n’existe que de manière toute relative, mais de faire correspondre harmonieusement l’intérieur à l’extérieur et vice versa. Nous ne sommes donc pas là dans une négation de la réalité, que du contraire. Ca me semble assez flagrant dans l’exemple que tu offres ci-dessus. D’un point de vue psychanalytique, subjectif lui-même, ça me semble cohérent. Pour répondre à ta question, le monde que découvre le héros Shyamalien est une sortie d’un conflit psychologique, une vision moins étroite de la "réalité", une recherche d'harmonie extérieur/intérieur, un accroissement de conscience.

Yo Chris :wink: ,

tu affirmes qu'il y a chez Shyamalan, correspondance entre espace extérieur et espace intérieur. Je n'utilise pas le terme "réel" car je pense qu'il est mal employé. D'après ce que j'ai compris de la théorie lacanienne, le "réel" est ce qui fait buter le sujet. Ce n'est pas moi sujet perceptif qui crée le "réel". Mais quelque chose qui échappe au sujet, qui vient le heurter, indépendant de sa volonté. Ce n'est pas une conception subjectiviste qui nie les qualités aux choses en imputant leur origine au mode de perception du sujet. On ne peut pas dire non plus qu'il s'agisse d'une conception matérialiste où chaque phénomène psychique procèderait d'un support physique. Voilà pour ce qui est de Lacan.
La réalité ou situation posée par le film est connecté au regard des personnages. Regard voulant dire, ici, croyance. Ton interprétation se tient mais je trouve juste dommageable que Shyamalan réduise systématiquement la portée du drame ( mort-vivant, invasion E.T, polarité bien-mal...) à un trompe-oeil. À un problème d'angle d'approche, de faux-semblant qui, aussi brillante que tarte à la crème post-moderne, annule le problème que le film accorde tant d'effort à rendre tangible et crédible. C'est le côté magicien qui dévoile ses tours de magie, c'est toujours décevant.

Autant je ne peux te rejoindre sur ce que tu indiques de négation de l’espace qui entoure les personnages chez Shyamalan, ni sur la vision lacanienne ; autant je peux te rejoindre aisément sur ta conclusion du magicien qui dévoile ses tours. Pour sûr, il existe au cinéma des cinéastes bien plus complexes et plus riches sur la tentative de résolution des conflits psychologiques.
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Y’a de l’idée, enfin, une idée : liquider ta peur pour que le prédateur te foute la paix. La recette, on ne nous la donnera jamais. Suffit de croire à l’idée pour que ça fonctionne. Enfin c’est ça que le récit cherche à faire passer. En fait, c’est un film qui a pour thème la magie psychologique, une sorte d’hommage involontaire à la méthode Coué : c’est l’imagination, plus que la volonté, qui détermine nos actes. Tout se passe dans la tête des personnages. Puisqu’on nous le dit, c’est comme ça et la preuve sur l’écran avec un môme qui va se transformer en Yoda en l’espace de quelques heures. La force est avec lui, c’est comme ça. Lui, il n’a pas besoin d’une initiation à la Luke Skywalker… la grotte de son double « moi » obscur » et tout le toutim. Lui, le môme, il a un don. Son père avait le don, il a le don, et ses enfants auront certainement le don. Avec un peu de chance, on aura droit à une suite avec le fils de Smith fils. C’est une affaire familiale, sanguine et une nouvelle méthode d’éducation proposée : plus glacial tu seras avec ton enfant, plus il vaincra sa peur imaginaire. Surtout ne lui montrer aucun signe d’amour car c’est là que se situe la faille. Toute la psychologie proposée depuis un siècle peut aller se rhabiller, Shyamalan l’a bien compris. Et tout le génie du cinéaste est d’avoir utilisé des acteurs sans émotion. Le père, Will, est bon, on le savait déjà. Mais le fils est un génie de l’émotion surgelée. Il ne joue pas, il est ! Tout ça est d'une crédibilité à toute épreuve. Simple et efficace. Une seule idée de scénario et deux acteurs sans émotion et voilà que Shyamalan réinvente la fable écologique et familiale sous la lumière d’une psychologie révolutionnaire : même pas peur !
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En revanche ça m'étonnerai qu'une quelconque suite ... même dans des années - puisse voir le jour ...
ou alors avec un petit budget!
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G.T.O a écrit : Prends par ex, l'invasion ET dans Signs. Progressivement, on se rend compte que cette invasion est intimement connectée, mais sans savoir comment, au drame qui a touché cette famille. C'est d'ailleurs, et de manière très littérale, posé et explicité à travers la discussion entre Mel Gibson et Joaquim Phoenix. À mesure que les personnages avancent dans leur travail de deuil, l'invasion mondiale se réduit à un problème que la famille doit résoudre. Une fois réglé définitivement, et non l'espace d'un moment, l'invasion disparait aussi rapidement qu'elle est apparue. Elle se dématérialise sous l'effet d'une modification du regard des protagonistes.
Il y a un énorme souci d'interprétation de ce côté.
On ne se rend compte de rien, la famille, en dehors de Gibson, se rapproche autour d'une croyance (dans les ET) qui les "connecte" et leur "donne le sentiment que c'est spécifiquement connecté à eux" suite à des signes qui ne colleront pas toujours (la maison ne sera jamais en feu et eux allongés dehors comme sur le dessin du livre qui leur ressemblait). Ce qui est posée de manière littérale, c'est que ce recentrement sur eux entraîne ce sentiment. Ce qui est aussi posé de manière littérale c'est que la question de la croyance en général et des ET pose un souci au perso du pasteur. Ni l'un, ni l'autre ne lui convienne.
On peut reprocher beaucoup de choses au film, cette accumulation de signes juste pour créer du malaise (mais n'est ce pas aussi le lot des films paranoïaques) et aussi ce final. Mais s'il y a une histoire de croyance, chez Shyamalan, c'est souvent des histoires de volontés. On peut très bien interpréter la fin de Signes comme ce qui est littéralement montré: Mel Gibson, au travers du discours de sa femme, voit les "caractéristiques" de chacun des membres de sa famille et les pense "ensemble", avec lui inclus. La question de savoir si tout ça relevait du signe mystique ou pas reste en suspens (il y a aussi la conversation sur les signes et le chaos et la question de se rassurer "en groupe" clairement évoquée). Mais n'y voir qu'illusion est discutable.

Oui, il y'a bien cette idée d'une abstraction du monde liée à des problèmes d'implicite sociaux, mais le départ des aliens relève plus du truc grossier que d'une démonstration de force. C'est une facilité pour la résolution, puis elle est légèrement décalée, ce qui est déjà une nuance qui permet de nuancer ton propos.
Mais je ne crois pas que ce soit une question de croyance, je crois qu'effectivement, chez Shyamalan, c'est inéluctable, c'est déjà plus une question de croyance collective. Alors, c'est discutable, mais pas vraiment: tu citais Lacan, c'est déjà un début de réponse. Après, elle est souvent ambigüe, mais pas catégorique cette question de la croyance; il y a bien sûr ce que l'on croit, il y a aussi la confrontation au réel, mais aussi au réel des autres et de leurs croyances et volontés. Pour en revenir à Lacan, Shyamalan pose souvent des systèmes et organisations et possibilités avant le couple sujet/monde. Celui ci est plus là pour mettre en valeur comment ces systèmes, organisés donc par des croyances, se mettent en place et comment se situer par rapport à eux. Il y a de sursoit depuis La jeune fille une sorte de primauté à tout, une transcendance qui s'incarne dans un "ordre du monde naturel" qui va vraiment à contre-sens de ton propos (le seul avec qui ça marche pas très bien et qui retombe dans ce que tu décris comme travers, c'est Phénomènes, mais le scénario original est plus retors) .Il n y a pas plus négation du réel chez ses personnages au début qu'à l'arrivée, souvent. Ou c'est toujours discutable et en suspens. On en revient à ce que disait ChrisLynch: tu peux trouver les tours grossiers (que ce soit les twist, comment il travaille ses systèmes en forme, comment il surlonge les parallèles… ) et sa lourdeur psychologique insupportable, mais le reste se base sur une vision "très personnelle" de l'auteur qui va un peu en contradiction avec ce que Shyamalan en dit (un réalisateur n'étant pas forcément son meilleur analyste) .
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Message par G.T.O »

Moviescloseup a écrit : Il y a un énorme souci d'interprétation de ce côté.
On ne se rend compte de rien, la famille, en dehors de Gibson, se rapproche autour d'une croyance (dans les ET) qui les "connecte" et leur "donne le sentiment que c'est spécifiquement connecté à eux" suite à des signes qui ne colleront pas toujours (la maison ne sera jamais en feu et eux allongés dehors comme sur le dessin du livre qui leur ressemblait). Ce qui est posée de manière littérale, c'est que ce recentrement sur eux entraîne ce sentiment. Ce qui est aussi posé de manière littérale c'est que la question de la croyance en général et des ET pose un souci au perso du pasteur. Ni l'un, ni l'autre ne lui convienne.

Oui, il est possible que mon interprétation soit défaillante mais j'ai bien peur que ton explication le soit tout autant, à tout le moins pas très éclairante.
Petite précision : lorsque je dis "on se rend compte" cela ne veut pas dire que l'on a une idée très claire du sens de ce qui arrive. J'affirme simplement qu'en tant que spectateur on sent que les deux récits ( la famille et l'invasion ET) sont liées. Je ne crois pas dire des conneries en disant cela. Oui, par c'est par l'entremise de l'invasion que la famille se reconnecte. Oui, tu as raison mais surtout comment ?
Le film décrit un mouvement, une progression qui épouse celle- spirituelle- du personnage interprété par Mel Gibson. D'ailleurs, le personnage n'est-il pas lui-même un "spirituel", un ex-pasteur ayant perdu la foi après l'accident de son épouse ? Suite au drame, on apprend que Gibson traverse un crise : il ne croit plus en rien. C'est le règne de l'arbitraire, d'un monde désunit, où les choses arrivent comme ça, sans cause ni finalité, isolément. L'union familiale est dissoute car ce père de famille n'a plus la foi, précisément parce qu'il ne possède plus cette "faculté" d'union. Qu'est-ce que la foi si ce n'est une lecture du monde qui rassemble, connecte les choses les unes aux autres ? Une manière de concevoir le monde comme un ensemble de signe et non comme un agrégat de choses isolées ? Bref, une manière de voir qui attribue aux événements une cause et une finalité. Ton interprétation est trop psychologique pour vraiment marcher avec le cinéma de Shyamalan. Elle est intéressante mais reste insuffisante pour expliquer la dimension symbolique de Signs et de son cinéma, en général. Déjà pour commencer son titre ? Comment expliquer, par ex, que l'invasion E.T disparaisse comme par magie à la fin du film ? Que l'extraterrestre se dématérialise dans l'écran de la TV.


Moviescloseup a écrit : On peut reprocher beaucoup de choses au film, cette accumulation de signes juste pour créer du malaise (mais n'est ce pas aussi le lot des films paranoïaques) et aussi ce final. Mais s'il y a une histoire de croyance, chez Shyamalan, c'est souvent des histoires de volontés. On peut très bien interpréter la fin de Signes comme ce qui est littéralement montré: Mel Gibson, au travers du discours de sa femme, voit les "caractéristiques" de chacun des membres de sa famille et les pense "ensemble", avec lui inclus. La question de savoir si tout ça relevait du signe mystique ou pas reste en suspens (il y a aussi la conversation sur les signes et le chaos et la question de se rassurer "en groupe" clairement évoquée). Mais n'y voir qu'illusion est discutable.

Croyance et volonté ne s'opposent pas. L'un inclut l'autre. Il y a quelque chose d'implicite dans ce que tu dis : j'ai l'impression que tu sous-entend que la croyance nivelle. Qu'elle omet les particularités. Mais, il existe plusieurs types de croyances qui échappent à ce que tu sembles induire. De mon point de vue, la foi est une interprétation du monde parmi d'autres. Une théorie du signe. Une sorte d'ordonnancement du monde. Cela ne veut pas dire pour autant qu'elle oublie forcément la valeur de chacune des choses. En tout cas, pas chez Shyamalan c'est très clair. la foi qui anime, souvent, ses personnages, reste attentive aux singularités.



Moviescloseup a écrit : Oui, il y'a bien cette idée d'une abstraction du monde liée à des problèmes d'implicite sociaux, mais le départ des aliens relève plus du truc grossier que d'une démonstration de force. C'est une facilité pour la résolution, puis elle est légèrement décalée, ce qui est déjà une nuance qui permet de nuancer ton propos.
Mouais, pas trop convaincu par ce que tu dis. :?
Je suis loin d'être un fan de Signs et je pense que l'on peut lui reprocher beaucoup de choses. Mais, il y a une chose que l'on ne peut lui nier c'est sa dimension symbolique, allégorique. Ce n'est pas du tout un film littéral. Mais pas du tout. Et je comprends le désarroi de ceux qui s'attendent à voir un film sur le sort d'une famille plongée en plein cauchemar façon la Guerre des mondes. Ce n'est pas du tout ça. Il est certain que, de ce point de vue, l'on doit doit être décontenancé par la façon dont Shyamalan traite certaines situations, comme celle du départ des E.T. Il ne s'agit , effectivement, pas d'une simple facilité scénaristique d'un type ne sachant pas comment finir son film. L'écriture est cohérente pour peu que l'on se hisse au niveau symbolique. Car, l'invasion aussi est un signe à interpréter.


Moviescloseup a écrit :
Mais je ne crois pas que ce soit une question de croyance, je crois qu'effectivement, chez Shyamalan, c'est inéluctable, c'est déjà plus une question de croyance collective. Alors, c'est discutable, mais pas vraiment: tu citais Lacan, c'est déjà un début de réponse. Après, elle est souvent ambigüe, mais pas catégorique cette question de la croyance; il y a bien sûr ce que l'on croit, il y a aussi la confrontation au réel, mais aussi au réel des autres et de leurs croyances et volontés. Pour en revenir à Lacan, Shyamalan pose souvent des systèmes et organisations et possibilités avant le couple sujet/monde. Celui ci est plus là pour mettre en valeur comment ces systèmes, organisés donc par des croyances, se mettent en place et comment se situer par rapport à eux. Il y a de sursoit depuis La jeune fille une sorte de primauté à tout, une transcendance qui s'incarne dans un "ordre du monde naturel" qui va vraiment à contre-sens de ton propos (le seul avec qui ça marche pas très bien et qui retombe dans ce que tu décris comme travers, c'est Phénomènes, mais le scénario original est plus retors) .Il n y a pas plus négation du réel chez ses personnages au début qu'à l'arrivée, souvent. Ou c'est toujours discutable et en suspens. On en revient à ce que disait ChrisLynch: tu peux trouver les tours grossiers (que ce soit les twist, comment il travaille ses systèmes en forme, comment il surlonge les parallèles… ) et sa lourdeur psychologique insupportable, mais le reste se base sur une vision "très personnelle" de l'auteur qui va un peu en contradiction avec ce que Shyamalan en dit (un réalisateur n'étant pas forcément son meilleur analyste) .

Je ne comprends pas. Quid d'une transcendance qui s'incarne dans un "ordre du monde naturel" ?
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Re: After Earth (M. Night Shyamalan - 2013)

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Alors sur la croyance: l'implicite c'est ce que tu en dis ni plus ni moins. Une interprétation du monde, une organisation de celui ci. Bien sûr que les volontés peuvent aussi être animées par les croyances (cela va de soi pensais je :wink: )

Sur le famille aussi, je suis d'accord avec toi. Ce que je veux surligner, c'est que c'est systémique, Signes était d'ailleurs celui où ça s'affirmait vraiment tout du long avant le Village. Donc que ça fonctionne en aller retour. Ce n'est pas l'un qui efface l'autre ou qui serait utilisé. C'est en ça que je dis que comparé à ce qui est présent dans le film, le final (qui reste toujours quelque peu décalé, on pourra dire, chassez le naturel, il revient au galop pour faire dans le symbolique car je le nie pas) est plus un truc grossier. Je ne nie pas que ça participe à ce mouvement. Mais que c'est entremêlé et interdépendant, et que cela est du aussi à la forme que prend le récit suite à la façon dont les personnages principaux interprètent la situation. On en revient à l'interprétation du monde.

Et pour conclure sur la même idée, la transcendance, chez Shyamalan, c'est depuis quelques films des images "outrées" de la nature qui sont à relier aux gens partageant leur interprétation du monde. Comme le final de La jeune fille de l'eau. Ce n'est pas vraiment la nature mais "une idée de la nature". Ou une acceptation de sa transcendance. Ca marche aussi avec les plans de feuilles au vent dans (le très nul) Phénomènes. C'est l'idée d'une conscience propre de celle ci, dans lequel il faudrait "s'intégrer" pour qu'elle devienne transcendance. Ou équilibre nouveau. Enfin un truc du genre. C'est un peu new âge concon hein :D

Que Shyamalan soit parfois plus que lourdingue, c'est un fait, mais dans Le Village où ça me gêne, et ou "ta vision du cinéaste" est plus envisageable, je trouve que le bon l'emporte sur les lourdeurs. Après, je ne trouve pas que ce soit le cas dans ses films depuis, mis à part After Earth qui reprend ce qui était présent dans les trois précédents mais en retrouvant la forme allégorique que tu chéris tant :wink: pour animer son récit. Mais ce que je dis de ses films s'incarne plus dans ce dernier que dans les bordels que furent La jeune Fille, Phénomènes et Le dernier maître de l'air. Et de surcroit, s'il est un peu lourdingue en terme de mélo (mais toujours un peu retors), il passe aussi la moitié du temps à montrer quelqu'un se promener dans une forêt, ce qui rend le truc peut être plus vide mais aussi moins fabriqué et plus attaché au "réel".
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Re: After Earth (M. Night Shyamalan - 2013)

Message par Max Schreck »

Un film sans intérêt, donc nul au sens propre.

Pour le peu qu'on en voit, la direction artistique se fait plaisir mais ses partis-pris ne m'ont vraiment pas convaincu (costumes, décors, tableau de bord avec de jolies loupiottes), faisant vraiment SF de pacotille. Cette histoire de lien à consolider entre un père et un fils pouvait donner lieu à pas mal de variations intéressantes, voire même créer de l'émotion, le père étant contraint d'assister impuissant aux difficultés du fiston. Aussi simple soit-il, le concept de monstres qui doivent susciter la peur chez leur proie pour pouvoir les voir, c'est là aussi une idée très cinégénique, un terrain de jeu idéal pour un réalisateur tel que Shyamalan qui avait précisément su revitaliser la façon de filmer ce sentiment.

Sauf que le scénario ne semble jamais vouloir sortir des conventions, les péripéties n'ont strictement aucune originalité ni imprévisibilité, et l'on n'est du coup jamais inquiet. Le personnage du père ayant appris à dompter ses émotions ne nous fait pas partager grand chose de ses craintes, et l'on devine que le jeune héros finira à son tour par effacer sa peur lorsque l'Ursa montrera le bout de sa truffe, une fois le climax en vue. Involontairement, cette liaison-oreillette m'a quand même fait penser à "Tonnerre mécanique", avec le pote du motard qui le guide depuis son QG, et c'est pas le genre de référence que j'attendais...

Cette volonté plutôt louable d'un récit très épuré n'a abouti à mes yeux qu'à un spectacle parfaitement fadasse qui m'a laissé l'encéphalogramme plat, voire a fini par encourager des commentaires cyniques (le vaisseau se crashe au premier champ d'astéroïdes traversé, par contre tous ses gagdgets continuent à être parfaitement opérationnels, sauf bien sûr la précieuse balise, qui en plus à le défaut de ne pouvoir fonctionner qu'au sommet d'un joli volcan...). Même la mise en scène du récit ne m'a procuré aucun enthousiasme, alors que cette aventure au sein d'une terre hostile et désertée par l'humanité avait tout pour devenir épique. Le prologue est lourdingue, les cabrioles du héros avec des créatures numériques n'entraîne aucune implication du spectateur, le flashback qui révèle le traumatisme originel est visuellement peu stimulant...

Ça me désole encore plus quand je repense ou revois les premiers film du réal (parmis lesquels j'inclus sans trop de réserves The Happening). Sixième sens avait révélé un vrai cinéaste, plein de sensibilité dans son écriture et de sa direction d'acteur (Willis, Collette, Gibson et Phoenix y avaient l'occasion de livrer des performances poignantes), aux choix de mise en scène passionnants, en particulier dans son approche du cinéma fantastique où les effets spéciaux étaient quasiment absents. Là, on voit tout et on ne ressent rien. La déception est de mise donc.
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Re: After Earth (M. Night Shyamalan - 2013)

Message par AtCloseRange »

Max Schreck a écrit :Un film sans intérêt, donc nul au sens propre.

Pour le peu qu'on en voit, la direction artistique se fait plaisir mais ses partis-pris ne m'ont vraiment pas convaincu (costumes, décors, tableau de bord avec de jolies loupiottes), faisant vraiment SF de pacotille. Cette histoire de lien à consolider entre un père et un fils pouvait donner lieu à pas mal de variations intéressantes, voire même créer de l'émotion, le père étant contraint d'assister impuissant aux difficultés du fiston. Aussi simple soit-il, le concept de monstres qui doivent susciter la peur chez leur proie pour pouvoir les voir, c'est là aussi une idée très cinégénique, un terrain de jeu idéal pour un réalisateur tel que Shyamalan qui avait précisément su revitaliser la façon de filmer ce sentiment.

Sauf que le scénario ne semble jamais vouloir sortir des conventions, les péripéties n'ont strictement aucune originalité ni imprévisibilité, et l'on n'est du coup jamais inquiet. Le personnage du père ayant appris à dompter ses émotions ne nous fait pas partager grand chose de ses craintes, et l'on devine que le jeune héros finira à son tour par effacer sa peur lorsque l'Ursa montrera le bout de sa truffe, une fois le climax en vue. Involontairement, cette liaison-oreillette m'a quand même fait penser à "Tonnerre mécanique", avec le pote du motard qui le guide depuis son QG, et c'est pas le genre de référence que j'attendais...

Cette volonté plutôt louable d'un récit très épuré n'a abouti à mes yeux qu'à un spectacle parfaitement fadasse qui m'a laissé l'encéphalogramme plat, voire a fini par encourager des commentaires cyniques (le vaisseau se crashe au premier champ d'astéroïdes traversé, par contre tous ses gagdgets continuent à être parfaitement opérationnels, sauf bien sûr la précieuse balise, qui en plus à le défaut de ne pouvoir fonctionner qu'au sommet d'un joli volcan...). Même la mise en scène du récit ne m'a procuré aucun enthousiasme, alors que cette aventure au sein d'une terre hostile et désertée par l'humanité avait tout pour devenir épique. Le prologue est lourdingue, les cabrioles du héros avec des créatures numériques n'entraîne aucune implication du spectateur, le flashback qui révèle le traumatisme originel est visuellement peu stimulant...

Ça me désole encore plus quand je repense ou revois les premiers film du réal (parmis lesquels j'inclus sans trop de réserves The Happening). Sixième sens avait révélé un vrai cinéaste, plein de sensibilité dans son écriture et de sa direction d'acteur (Willis, Collette, Gibson et Phoenix y avaient l'occasion de livrer des performances poignantes), aux choix de mise en scène passionnants, en particulier dans son approche du cinéma fantastique où les effets spéciaux étaient quasiment absents. Là, on voit tout et on ne ressent rien. La déception est de mise donc.
Le scénario sort pourtant clairement des convention rien que par le personnage de Will Smith figé dans son siège et impuissant autrement que par la parole à aider son fils.
Il en sort aussi par son aspect chuchoté complètement inédit dans le cadre d'un blockbuster.
Et c'est justement pour ça aussi que le film n'est pas épique. Ce n'est pas ce qu'il cherche à faire. Pour avoir revu "Incassable" il y a peu, c'est vraiment un film qui lui fait écho.
La confrontation finale avec le monstre fait écho à l'acceptation par Bruce Willis de ses pouvoirs.
Et si Jaden Smith n'est évidemment pas un très bon acteur (il était encore bien jeune pour prédire s'il le sera), Will Smith est par contre très convaincant dans un rôle pas évident.
Un des rares blockbusters récents que j'ai revu avec plaisir et qui durera. On peut difficilement en dire autant de sa concurrence.
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Eusebio Cafarelli
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Re: After Earth (M. Night Shyamalan - 2013)

Message par Eusebio Cafarelli »

Quand la SF n'est qu'un prétexte... Shyamalan aurait pu filmer cette histoire de rapport père-fils dans n'importe quel contexte, ça n'aurait pas changé grand chose à un scénario prévisible du début à la fin... Du coup il ne fait rien de vraiment intéressant de son environnement terrestre dangereux pour l'homme (enfin si peu qu'il faut y introduire un alien pour mettre un peu d'action). Il y a une idée intéressante (Will Smith dans un rôle immobile, pilotant son fils comme un personnage de jeu vidéo) et un alien qui symbolise le monstre sous le lit et qui aurait pu/dû symboliser la figure paternelle dans le conflit fils-père, hélas la fin... Ça se regarde, mais sans plus...
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Re: After Earth (M. Night Shyamalan - 2013)

Message par shubby »

Eusebio Cafarelli a écrit :Quand la SF n'est qu'un prétexte... Shyamalan aurait pu filmer cette histoire de rapport père-fils dans n'importe quel contexte, ça n'aurait pas changé grand chose à un scénario prévisible du début à la fin... Du coup il ne fait rien de vraiment intéressant de son environnement terrestre dangereux pour l'homme (enfin si peu qu'il faut y introduire un alien pour mettre un peu d'action). Il y a une idée intéressante (Will Smith dans un rôle immobile, pilotant son fils comme un personnage de jeu vidéo) et un alien qui symbolise le monstre sous le lit et qui aurait pu/dû symboliser la figure paternelle dans le conflit fils-père, hélas la fin... Ça se regarde, mais sans plus...
"Ca se regarde", faut le dire vite ! J'ai tenu 15mn. Une purge.
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