Dans le jeu des captures, un gimmick consiste à montrer la scène d'intro de Loin du Paradis (banlieue ronronnante sous feuilles d'automme en feu) en faisant croire que c'est l'intro du Sirk... et vice-versa.joe-ernst a écrit :Mais il est vrai que les couleurs de Loin du Paradis rappellent plus celles d'Ecrit sur du vent que celles de Tout ce que le ciel permet...
Loin du paradis (Todd Haynes - 2002)
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J'en profite pour remettre quelques captures faites à l'occasion du jeu du même nom (pas forcément les plus parlantes donc, mais bon...), de ce très beau film sensible et poignant pour lequel je rejoins donc le camp des aficionados.John Constantine a écrit :Ca dénaturerait un peu l'essence du mélo à la Douglas Sirk, où le technicolor aux couleurs pétantes est au diapason de la violence des sentiments.Boubakar a écrit :Un excellent mélodrame qu'on croirait tout droit sorti des années 50 (limite, on verrait le film en noir et blanc, ça serait plus "authentique").
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Revu hier donc. Un peu moins enthousiaste que la première vision en salles, mais le film reste surtout un très bon exercice de style avec un visuel, un décor, une reconstitution qui rend hommage à Douglas Sirk, mais aussi en général aux mélos des années 50.
Très bon jeu surtout de Dennis Haysbert, Julianne Moore et Dennis Quaid. A part ça, c'est joli, mais on ressent un ennui poli devant ce film, qui est tout de même loin d'être déshonorant.
Y'en a qui vont dire que je me contredis encore .
Très bon jeu surtout de Dennis Haysbert, Julianne Moore et Dennis Quaid. A part ça, c'est joli, mais on ressent un ennui poli devant ce film, qui est tout de même loin d'être déshonorant.
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Comme à la premiere vision, à la fin du film je me suis dit " c'est tout " ? Pourtant je ne me suis pas ennuyé ( le temps passe d'ailleurs tres vite ) mais je reste sur ma fin. Un exercice de style sympa quand meme.
Si la vie réelle est un chaos, en revanche une terrible logique gouverne l'imagination.
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Re: Loin du paradis (Todd Haynes, 2002)
Eh bien, j'étais passé à côté à l'époque de la sortie cinéma puis du dvd ...
Seulement, via les excellents bonus du coffret Sirk de chez Carlotta, j'en ai entendu parler - avec enthousiasme et compétence - par un historien du cinéma (dont j'ai oublié le nom mais très plaisant à écouter).
Comme je suis en pleine période de redécouverte de Sirk,j'ai eu envie de tenter l'aventure et donc achat du dvd.
Bien m'en a pris : j'ai été conquis.
Le film est magnifique : visuellement bien sûr, thématiquement (les thèmes, même si l'époque a changé, sont universels) et stylistiquement.
Car c'est un pastiche, non une parodie : Haynes creuse donc un peu plus sous la surface que Sirk notamment en abordant l'homosexualité, sujet tabou par excellence durant ces années 50.
Il n'en fait toutefois pas des tonnes et cette retenue donne aussi toute la force du film puisque en accord avec les sentiments des personnages.
Julianne Moore est parfaite : je suis assez étonné que certains trouvent le personnage énervant.
Ce qui est énervant, exaspérant et même davantage : c'est le carcan protéiforme dont elle est victime ("bonne" éducation,mari, enfants, amies, ville, etc ...) dont elle est prisonnière et dont elle ne saurait s'extraire d'autant plus que l'homme qu'elle aime choisit de partir. C'est donc une jeune femme toujours belle, bien habillée, coiffée qui se trouve virtuellement morte et écrasée sous le poids des conventions de toutes sortes à la fin du film.
Une histoire horrible peinte avec des couleurs chatoyantes (ce qui ajoute paradoxalement à sa force) et sans jamais de véritables éclats verbaux : tout est dans la retenue, le non dit, les regards ...
Un chef d'oeuvre et mon film du mois ...
6/6
Me donne envie de m'intéresser à Todd Haynes que je ne connaissais pas du tout ...
Seulement, via les excellents bonus du coffret Sirk de chez Carlotta, j'en ai entendu parler - avec enthousiasme et compétence - par un historien du cinéma (dont j'ai oublié le nom mais très plaisant à écouter).
Comme je suis en pleine période de redécouverte de Sirk,j'ai eu envie de tenter l'aventure et donc achat du dvd.
Bien m'en a pris : j'ai été conquis.
Le film est magnifique : visuellement bien sûr, thématiquement (les thèmes, même si l'époque a changé, sont universels) et stylistiquement.
Car c'est un pastiche, non une parodie : Haynes creuse donc un peu plus sous la surface que Sirk notamment en abordant l'homosexualité, sujet tabou par excellence durant ces années 50.
Il n'en fait toutefois pas des tonnes et cette retenue donne aussi toute la force du film puisque en accord avec les sentiments des personnages.
Julianne Moore est parfaite : je suis assez étonné que certains trouvent le personnage énervant.
Ce qui est énervant, exaspérant et même davantage : c'est le carcan protéiforme dont elle est victime ("bonne" éducation,mari, enfants, amies, ville, etc ...) dont elle est prisonnière et dont elle ne saurait s'extraire d'autant plus que l'homme qu'elle aime choisit de partir. C'est donc une jeune femme toujours belle, bien habillée, coiffée qui se trouve virtuellement morte et écrasée sous le poids des conventions de toutes sortes à la fin du film.
Une histoire horrible peinte avec des couleurs chatoyantes (ce qui ajoute paradoxalement à sa force) et sans jamais de véritables éclats verbaux : tout est dans la retenue, le non dit, les regards ...
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6/6
Me donne envie de m'intéresser à Todd Haynes que je ne connaissais pas du tout ...
Dernière modification par jacques 2 le 21 oct. 10, 23:09, modifié 1 fois.
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Re: Loin du paradis (Todd Haynes, 2002)
Entièrement d'accord avec ça. Le film gagne sur tous les terrains : le mélodrame flamboyant et universellement émouvant comme la satire postmoderniste ou l'exercice de style. Un bijou !
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Re: Loin du paradis (Todd Haynes, 2002)
La vision du film m''a aussi fait penser - après coup càd quand la réflexion supplante l'émotion du moment - à l'excellente série "Mad men" (dont je ne connais, pour le moment, que les deux premières saisons ...).
En effet, même si "Mad men" joue moins la carte du mélodrame (et "mélodrame" n'a rien de péjoratif, bien au contraire), il s'agit en effet clairement d'un pas supplémentaire dans la direction initiée dans les années 50 par Douglas Sirk : voir sous les apparences de l'"american way of life" ...
En effet, même si "Mad men" joue moins la carte du mélodrame (et "mélodrame" n'a rien de péjoratif, bien au contraire), il s'agit en effet clairement d'un pas supplémentaire dans la direction initiée dans les années 50 par Douglas Sirk : voir sous les apparences de l'"american way of life" ...
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Re: Loin du paradis (Todd Haynes, 2002)
Flamboyant sur la forme, juste sur le fond. C'est un peu le concept d'Obsession de De Palma exprimé à travers la métaphore de la fresque de Bernardo Daddi : sous les craquelures du chef-d'oeuvre originel, les recherches artistiques modernes peuvent-elles permettre de tirer quelque chose de plus profond encore ? Todd Haynes prend le pari dans une démarche en apparence curieuse (mixer à la moulinette les grands mélos exacerbés de Douglas Sirk - Tout ce que le Ciel permet, Mirage de la vie, Écrit sur du vent - pour obtenir à partir de ce matériau luxueux une surface inscriptible) mais qui fait sens si l'on considère que Loin du Paradis, au-delà d'être un pastiche éminemment respectueux, est aussi une tentative de prolongation des thématiques sirkiennes qui, dans les années 1950, étaient encore trop délicates pour être franchement abordées. En résulte, à l'instar des Noces Rebelles de Mendes, une œuvre pleine de dureté, sans fard, sans tabous, sur l'envers de l'idyllique American way of life des années Eisenhower.
Loin du Paradis est une œuvre de derrière la façade, au propre comme au figuré, dans la mesure où l'histoire est en adéquation avec l'approche méditative de Haynes sur le cinéma de Sirk. Ce que Sirk n'a pu totalement exprimer en son temps, Haynes l'exhume et le fait passer au premier plan : homosexualité, attirance entre une Blanche et un Noir, enfermement sociétal de la femme coupable de vouloir être heureuse autrement que dans ce que les normes bourgeoises ont établi. Haynes gomme dans le même temps le côté sirupeux qui peut parfois, à mon sens, nuire aux films de Sirk, sans toutefois complètement l'évacuer, assez logiquement puisque c'est, me semble-t-il, une composante importante de son œuvre. Il n'est pas impossible que Haynes garde aussi une part d'ironie vis-à-vis du genre qu'il ressuscite quand on voit le traitement un peu cliché des coups de foudre de Dennis Quaid (plutôt qu'un type qui se caresse dans l'encadrement de la porte, un suggestif fondu au noir aurait été plus subtil). En tout cas, le cinéaste évite les culcultries qui me gâchent la vision de Tout ce que le Ciel permet (colombe, cerf, happy-end mielleux...) et délivre un mélodrame qui, avant d'être conceptuel, est avant tout une formidable déclaration d'amour dans le Cinéma Technicolor d'antan, doublé d'un portrait de femme magnifique. Comme l'indiquait fort pertinemment jacques2, que l'on puisse reprocher l'agacement qu'inspire la Cathy Whitaker de Julianne Moore me semble très injuste dans la mesure où, au contraire, l'actrice exprime très bien cette façade (là encore) soumise et légèrement maniérée de la femme au foyer des 50's, prisonnière d'une cage dorée et dont l'existence se résume à sa maison, ses enfants, et un mari qui passe avant toute chose. Façade de fortune qui est aussi le masque derrière lequel se complaisent toutes les bourgeoises hypocrites et bien pensantes de ce film. De l'interprétation de Julianne Moore jaillit une émotion authentique, indépendante de tout hommage à Sirk. Certains resteront sceptiques devant ce mélodrame qui assume la sincérité de son propos et des sentiments et des valeurs qu'il invoque, moi j'ai trouvé le résultat beau, aussi bien réussi sur le plan émotionnel qu'accompli sur le plan pictural (mon dieu, quelles couleurs! Russell Metty est sorti de son cerceuil pour photographier le film ou quoi ?).
Todd Haynes ne m'a pas emmené si loin du paradis que cela.
Dernière modification par Demi-Lune le 6 févr. 11, 19:33, modifié 3 fois.
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Re:
Tout à fait d'accord.Reconstitution impec,mais l'option "faisons un film à la manière des années 50" se sent un peu trop.Porter un regard contemporain sur les années 50,en adoptant leur style,ce n'est pas forcément une bonne idée.Le film est loin d'être mauvais ,mais,sans parler d'ennui,c'est un bel objet un peu froid.Heureusement,l'interprétation apporte un peu d'émotion...frédéric a écrit :Revu hier donc. Un peu moins enthousiaste que la première vision en salles, mais le film reste surtout un très bon exercice de style avec un visuel, un décor, une reconstitution qui rend hommage à Douglas Sirk, mais aussi en général aux mélos des années 50.
Très bon jeu surtout de Dennis Haysbert, Julianne Moore et Dennis Quaid. A part ça, c'est joli, mais on ressent un ennui poli devant ce film, qui est tout de même loin d'être déshonorant.
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Re: Re:
Pas du tout d'accord. Déjà parce que ce n'est absolument pas une question d'ostentation de l'hommage - bien sûr que ça se sent, que tout le monde va se rendre compte au bout de 2 minutes que c'est un mélo sirkien qui plus est quasi remake de Tout ce que le Ciel permet - mais aussi parce que Loin du paradis n'est pas pour moi qu'un habile exercice de style. Mais comme beaucoup restent réservés face au film (j'ai été surpris de voir des avis aussi contradictoires, moi qui pensais qu'il allait au contraire susciter adhésion et admiration), j'en resterai là.riqueuniee a écrit :Reconstitution impec,mais l'option "faisons un film à la manière des années 50" se sent un peu trop.
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Re: Loin du paradis (Todd Haynes, 2002)
Demi Lune, c'est rare donc je vais l'écrire : J'aime ton analyse de Far From Heaven! Si tu continues dans cette veine, je sens que tu vas finir par me faire revoir Shutter Island...
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Re: Loin du paradis (Todd Haynes, 2002)
Ah. Merci.angel with dirty face a écrit :Demi Lune, c'est rare donc je vais l'écrire : J'aime ton analyse de Far From Heaven!
Ça veut donc dire que tout ce que j'ai pu écrire, tu n'aimais pas.
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Re: Loin du paradis (Todd Haynes, 2002)
Je me suis mal exprimé. J'aime ton analyse dans le sens où je suis entièrement d'accord avec toi et c'est rare! Et même si nous n'avons pas les mêmes goûts, je lis régulièrement tes messages que j'apprécie parce que tu défends très bien les films que tu aimes et qu'ils sont toujours bien présentés (le choix des photos est toujours au top)...Demi-Lune a écrit :Ça veut donc dire que tout ce que j'ai pu écrire, tu n'aimais pas.
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Re: Loin du paradis (Todd Haynes, 2002)
Je suis d'accord avec Angel, c'est très intéressant, et ça me donne envie de voir un film qui, à priori, ne m'interessait guère, car je ne voyais pas l'intérêt de voir un remake de Sirk.
Juste une remarque au sujet de ceci:
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La fin n'a vraiment rien d'un happy-end, elle est au contraire très triste, non?Demi-Lune a écrit :les culcultries qui me gâchent la vision de Tout ce que le Ciel permet (colombe, cerf, happy-end mielleux...)
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker