Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Strum
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Strum »

gnome a écrit :
beb a écrit :Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu de Kobayashi, mais je conserve en mémoire 2 films qui sont à la fois superbes et subtiles : la jeunesse du Japon et les fossiles.
Et Hara-Kiri (Seppuku) :shock: :shock: :shock: :?:
+1, sans compter Rebellion, grand film, et le superbe Kwaïdan.
beb
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Message par gnome »

Mon mois de mars risque bien d'être naphtalinippon... More to come... :D
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Alligator
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Message par Alligator »

Harikomi (The chase) (Stakeout) (Yoshitaro Nomura, 1958) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... ikomi.html

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Etrange petite chose. Comme le cinéma japonais sait si bien le faire, le film ne se laisse pas facilement étiqueter. Dans quel genre le situer? Polar? Drame romantique? Etude de moeurs? Voyage introspectif? C'est à peu près à tout cela que l'on peut raisonnablement l'associer.

La musique très Bernard Hermannienne (on songe surtout à North by Northwest) cantonne un peu trop le film sur son côté policier, appuyant le suspense de notes et harmonies tendues et coupantes.

Par contre le rythme parfois très calme contraste. Il amène de nombreux temps de réflexion, de contemplation invitant le spectateur à entrer dans l'intimité des personnages. Ce "Stakeout" est l'occasion, très cinématographique, intensément dramatique de mettre en relief les préoccupations des personnages. Ici, Nomura se focalise sur un policier indécis vis à vis de sa compagne. L'implication dans la surveillance va lui permettre de trouver sa voie. Minoru Ohki même si sa performance est honnête n'est pas suffisamment mis en valeur par Nomura.

On pourrait d'ailleurs reprocher à ce dernier de ne pas mettre en relief les talents de tous ses comédiens. C'est le cas également de la belle Hideko Takamine. Cette actrice que je sais prodigieuse grâce à Naruse notamment ne développe pas assez son personnage, sauf peut-etre sur la fin.

La faute au scénario évidemment qui privilégie le mystère du personnage mais aussi la faute à une mise en image, avec une caméra trop éloignée à mon goût. Même en préservant l'intrigue je suis certain que ces deux comédiens auraient pu donner beaucoup plus de profondeur à leur rôle, en travaillant sur l'expression par exemple. De ce fait, il me semble que le spectateur demeure un peu lointain de l'intrigue et de ce que ressentent ces deux êtres. Le dépersonnalisation qui en découle n'a un peu navré.

Reste une attention maintenue malgré 1h50 de film. L'histoire est emballante. Elle rappelle "Etroite surveillance" de Badham, en beaucoup moins exubérante évidemment. Ici, il ne s'agit pas d'une comédie. Le propos reste sincère, parfois grave. Le cinémascope est bien utilisé, pas uniquement sur les horizons de la campagne nippone.

Dommage que l'édition dvd "Rarovideo" soit si médiocre. La compression est si mauvaise que le ciel pixellise à de nombreuses reprises et il est rendu difficile de distinguer certains contrastes ou pire, la finesse du regard de Hideko Takamine.
Alligator
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Message par Alligator »

Tonari no Yae-chan (Our Neighbor, Miss Yae) (Yasujiro Shimazu, 1934) :

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http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... -chan.html
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Voyons voir ce que ce Shimizu a dans la caméra. Je ne connaissais pas et ma foi, ce que j'ai vu là me plaît bien. Formellement, ce n'est pas épatant loin de là. On se demande même ce que viennent faire certains plans de branchages, ici ou là, pour faire joli ou poétique? Vides de sens.

Non, c'est bien plutôt les relations entre les personnages et l'étude de moeurs qui trouvent grâce à mes yeux. On a là effectivement une histoire à la fois d'une naturelle et douce banalité, une intrigue amoureuse, pleine d'espoirs, de jalousie et de désillusion. Deux frères, l'un étudiant l'allemand, l'autre pratiquant le base-ball fréquentent assidument la fille de la voisine, Yae-chan. Celle-ci est éprise de l'étudiant. Sa soeur, trompée par son mari, décide de retourner dans le giron familial. Cette présence trouble le petit jeu de séduction. La grande soeur, désespérée, retrouve le moral en s'éprenant également du bel étudiant, au grand dam de la petite soeur.

Le sujet pourrait faire la part belle aux sentiments lénifiants ou aux grandes envolées mélodramatiques. Refusant ce simplisme outré, Shimizu nous concocte une histoire plus compliquée, sans happy-end, où les problèmes demeurent sans solution claire. Mais le goût d'inachevé n'est pas du tout mal ressenti. Bien au contraire, le destin des personnages est laissé libre aux rêves du spectateur.Comme la vie. Une douce incertitude plane tout le long. Malin.

Pff, j'aime tellement les films qui ne prennent pas les spectateurs pour des cons. Ce qui est à souligner également c'est que le film ne s'arrête pas à cette trame principale. Il l'habille de petites saynètes comiques, gentilles, dépeignant le quotidien des deux familles voisines, jusqu'aux beuveries des parents.

Les comédiens ne sont pas transcendants pour autant. Le travail est bien fait. Voilà.

Je retiens la fraîcheur du propos et l'intelligence du scénario.
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Alligator
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Message par Alligator »

http://www.amazon.co.jp/exec/obidos/ASI ... db-button/
Ya pas de sous-titres sur celui-là. J'ai récupéré un exemplaire avec english subs, faits maison.
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Alligator a écrit :Tonari no Yae-chan (Our Neighbor, Miss Yae) (Yasujiro Shimazu, 1934) :
J'avais pu le voir à la Maison de Culture du Japon, j'avais aussi beaucoup aimé. On doit trouver mon avis quelque part dans ce Thread. ;)

Sinon sur 1kult mon pouvez retrouver mon avis sur la trilogie du col du grand bouddha de Tomu uchida ! :D
http://www.1kult.com/2010/02/18/coldugrandbouddah/


Et puis, toujours découvert lors de ce cycle à la MCJP

La tour des lys ( Tadashi Imai - 1953 )

Une nouvelle bonne surprise de Imai après l'excellent contes cruels du bushido qui aborde là aussi un sujet courageux et osé ( surtout pour l'époque j'imagine ) : le sort des civils sur l'île d'Okinawa durant l'offensive américaine en juillet 1945.

Les civils sont littéralement pris entre deux feux. D'un côté il y a bien sur les terribles bombardements américains qui les poussent à vivre terrer mais il y a aussi l'armée japonaise qui n'hésite pas à en faire pratiquement de la chaire à canon : réquisitionnant de nourriture, de médecines, de vêtements mais aussi de leurs abris les poussant à devoir changer sans cesse de cache alors que les raids font rages.

Le film est dur et cruel avec de nombreuses morts qui semblent inévitables et qui deviennent de plus en plus résignés au fur et à fur que le fatalisme frappent les survivants. On sent vraiment la fatigue, le dégout moral, le poids de la boue et de la pluie, la faim qui se fait grandissante et l'espoir qui disparait jour après jour.
Le choix de prendre comme groupe une classe de jeunes filles apportent à la fois une fraicheur, une combativité et une délicatesse qui joue beaucoup dans le sentiment d'injustice et de cauchemars qui s'abattent sur les habitants de l'île.
Cette lente descente en enfer passe bien sûr par des scènes qui se répètent plusieurs fois ( aller chercher de la nourriture, soigner les malades, changer de lieu de campement ) en même temps que Imai joue sur l'attente.
Le rythme peut donc paraître un peu mou ou bancal et il faut admettre en effet que le tiers central est beaucoup moins prenant que ceux qui l'entourent. Mais cette partie semble nécessaire pour traduire la lassitude qui gagne les protagoniste malgré les quelques sursauts de calmes dans l'arrivée dans un village préservée des bombes.

Imai dans ses moments là comme dans les moments dramatiques restent toujours centrés sur ces personnages et ne cherchent pas le démonstratif ou le spectaculaire. Aucun plan des avions ou des soldats américains, très peu de plan larges. La tour des Lys est avant tout une odyssée humaine tragique, une ballade mortelle écœurante qui remet autant en cause les américains que l'armée japonaise qui préfère abattre ses civils que de les voir se livrer à l'ennemi. Autant dire que la dernière demi-heure est très forte avec un conclusion d'une rare dureté psychologique et physique. L'espoir est définitivement mort et le sort que connaitrons tous les protagonistes est terrifiant. Pourtant Imai n'appuie jamais. La sobriété de sa mise en scène, le dépouillement du cadre et du contexte, le refus des facilités ou des clichés font que le film évite tout sensationnalisme. Certains pourront peut-être d'ailleurs trouver que l'ensemble manque de force ou de virulence, pour ma part j'ai adoré cette démarche que n'aurait pas renié un Wellman ou le Wajda de Kanal.

La mise en scène de Imai est d'ailleurs toujours bien conçue avec un sentiment d'enfermement et d'écrasement, bien traduit par l'utilisation des décors étroits et d'une photographie très sombre. Les scènes de bombardement sont également impressionnantes. Quand à la direction d'acteurs, elles est irréprochable.

Ce Tadashi Imai me passionne de plus en plus et semblait avoir une position à part au sein de la Toei pour choisir ce genre de sujet.
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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

La mère dans les paupières ( Tai Kato - 1962 )

Une mise en scène impressionnante au service d'une histoire qui m'a laissée totalement hermétique, pour ne pas dire agacé.

Kinnosuke Nakamura joue un samouraï abandonné par sa mère qui décide de la retrouver tout en aidant un ami qui cherche à devenir Yakuza ce qui justement rend la mère de celui-ci triste, chose que qu'il ne peut bien sur accepter.

Le premier tiers est correct mais pas exceptionnel. L'histoire est un peu brouillonne et on ne comprend pas les enjeux en cours. L'introduction qui nous plonge au cœur de l'action est tel qu'on a l'impression de débarquer en milieu de film ou dans le 2ème film d'une série.
Comme les bons sentiments sont en plus un peu poussés vers la guimauve ( "moi qui n'ait pas de maman, je ne comprends pas pourquoi tu veux faire pleurer la tienne, c'est donc moi qui irait me battre à ta place" ).
La photographie ( très automnale ) apporte une belle touche mélancolique tandis que la réalisation, qui traduit visuellement l'absence d'attache du héros, passe son temps à perturber l'espace et l'image : objet dans le 1er plan cachant la vue, cadre très serré lors des combats, peu de profondeur de champ etc...
Ce qui semble ici un peu gratuit et maladroit devient en revanche très émouvant dans la suite du film où les partis pris de la réalisation parviennent vraiment à faire vivre le film.
Pratiquement toutes les scènes qui se suivent alors deviennent des séquences stylisées où la longueur des plans permet de faire réellement vivre ces moments avec une science du détail inhabituelle et virtuose : la très longue scène ( un plan séquence il me semble ) avec la musicienne où le va et vient des quelques passants en arrière plan apporte un réel plus ; la discussion avec la vieille prostituée ; l'incroyable scène où la tenancière d'une auberge entend un jeune intrus tenter d'arriver jusqu'à elle ; la discussion de celle-ci plus tard avec sa fille.
Dans ces moments là, que la caméra soit immobile, qu'elle effectue un léger travelling ou un impressionnant mouvement circulaire autour d'un visage, on sent que chaque cadre, que chaque raccord, coupe, ou déplacement accompagnent véritablement les sentiments des personnages. Pour les séquences des deux faces-à-faces de la tenancière, on peut presque parler de chorégraphie émotionnelle tant la mise en scène appuie la psychologie et éclaire le doute naissant dans les différents personnages.

La conclusion si elle est tout aussi belle et magnifiquement filmée ( avec un duel saisissant à la clé ) ne m'a malheureusement pas emballé avec un comportement illogique des personnages pour une approche beaucoup mélodramatique que j'ai trouvé stridente.

C'est ma première découverte de Tai Kato et si j'ai des réserves sur l'histoire, sa mise en scène m'a littéralement ébloui. J'espère sincèrement que ses 3 épisodes de Lady Yakuza seront du même niveau.


Le bateau usine ( Sô Yamamura - 1953 )
Le film est l'adaptation d'un roman célèbre des années 20 dont la dimension communiste fit scandale en son temps. L'auteur Takiji Kobayashi mourut d'ailleurs en prison sous les coups de ses geôliers. :? :shock:
On imagine donc que le film risque d'être un gros pamphlet d'autant qu'il fut produit de façon indépendante.

Et en effet dès les premiers plans, le ton est donné : la verticalité de la construction des plans est écrasante, la musique de Akira Ifukube est pesante et la longue marche des ouvriers évoquent plus un cortège funéraire qu'une entrée d'usine.

La suite du film ne changera pas la donne même si un espoir survient à un moment et qu'une partie de l'équipage garde un aspect bon vivant et une chaleur fraternelle. Leur enthousiasme sera mis à rude épreuve avec les conditions de travail inhumaines dans lesquelles ils vivent, dorment et effectuent leurs taches. On se croirait dans un négrier et je ne pense pas que le trait soit exagéré d'autant que l'approche documentaire a l'air sérieuse. Les scènes autour de la pêche et de la chaines de conditionnement du crabe sont très bien rendues et ont l'air d'être véritablement captés sur le vif.
Le film a par contre un traitement un peu plus mélodramatique et démonstratif sur quelques personnages un peu plus dispensables avec des comportement excessifs ( celui qui sombre dans la folie ) ou avec la présence de flash-back inutiles et maladroits. Ses "intermèdes" sont heureusement minoritaires et généralement courts ; la force du discours demeurent généralement intacte.
La dernière demi-heure est par contre très éprouvante avec cette progression dans le drame qui vous laisse encore la gorge nouée et l'estomac nauséeux un bon moment après la séance.

Un grand film social qui sonne comme un déchirant cri de révolte qu'il faut voir avec Le sel de terre.
Et puis pour sa seule et unique réalisation l'acteur Sô Yamamura révèle un véritable talent de peintre avec une esthétique très soigné qui évoque parfois la beauté visuelle d'un John Ford ( ce léger travelling avant avant le suicide d'un homme se jetant dans l'océan :shock: )
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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Je me suis laissé tromper par cinémasie.com :oops:
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Message par bruce randylan »

Tiens, j'avais pas tout posté de la rétro MCJP...

Le conspirateur ( Daisuke Ito - 1961 )

Mon dieu ! Un véritable supplice !
J'en ai connu des calvaires mais celui-là fut douloureux mais douloureux alors...

Par envie de s'éterniser dessus mais en gros avec un pote de dvdvision, un pote de cinéfuzz et de cinémasie, on a trouvé le film catastrophique.
La trame est incompréhensible et brouillon ( on était tous largué au bout de 10 minutes :lol: ), la mise en scène est désespérément académique dans le pire sens du terme, les acteurs en font des caisses et des caisses, le scénario sombre dans un pathos insupportable et le rythme est au abonné absent. Les seuls trucs plus ou moins potables sont quelques décors studios qui ne cherchent pas à cacher leur aspect artificiel. C'est tout.

Bref, Mr dvdvision a vite piqué du nez ( alors qu'il disait 5 minutes avant qu'il était gonflé à bloc et qu'il ne s'endormirait pas :P ), Mr Cinéfuzz n'en finissait plus de gesticulait sur son siège, Mr cinéma semblait dans un état second et quant à moi, Mr dvdclassik, je n'avais rien de mieux à faire pour passer le temps que de manger un mm's toutes les 10 minutes.

Celà dit, la séance fut mémorable pour l'un des plus beaux fou-rires de ma vie. Vers la fin, le héros est obligé de se faire hara-kiri pour prouver son honneur alors qu'un complot se trame contre lui depuis sa propre famille. Comme il est beau, fort, valeureux, courageux etc... un de ses vassaux exprime sa colère dans une sorte de gesticulations hilarante ( imaginez le "nein nein nein nein" d'Hitler de Inglorious Basterd récité pendant que le mec exécute une bourrée auvergnate :shock: ).

Bref, on est les 4 mort de rire mais on essaye de contenir notre hilarité. Pour ma part, c'est tout bonnement impossible. Dès que je ferme les yeux pour faire le vide, je vois l'autre débile faire sa danse du "nein nein nein" et quand je regarde l'écran je vois le casting faire une tronche de 20 km avec pleurs, grimaces et exagérations dans un premier degré désespérant qui me fait tout autant pouffer de rire. Bref, il me faut 5 minutes pour retrouver mon calme dans ce fou-rire typiquement nerveux ( à ce niveau là d'ennui, on atteint un niveau de quasi-trans' ).

La séance se finit, un petit vieux vient nous parler gentiment du film pour nous dire que lui aussi à trouver ça un peu trop grotesque et exagéré. La dessus, un autre mec qui nous avait entendu parler de Kitano et Peter Jackson avant la séance vient nous traiter de "débiles attardés aux gouts de chiottes, d'irresponsables incapables d'apprécier un film sortant de l'ordinaire"... Quelque chose comme ça. Le mec avait tout du type super complaisant et bien content de se "payer" 4 péteux d'une fac de ciné qui se la raconteront le lundi parce qu'ils ont vu un film japonais des années 60.
Pas de bol pour lui, on était un peu 4 bon connaisseurs du cinéma japonais avec de solides arguments et une culture conséquente. Bon, celà dit sa mauvaise foi, son hypocrisie et sa haine des jeunes a rendu le débat stérile durant près de 20 minutes intenses et très énervées qui a du faire halluciner les personnes présentes dans le hall ( un vigile est même venu nous demander de nous calmer :lol: :lol: ).
Là où c'est con, c'est que quand il a fini par se calmer ( fallait vraiment voir ses arguments vaseux !!! ), il s'est vraiment rendu compte qu'on était des vrais cinéphiles et il était même tout content de savoir qu'on avait vu un Christian-jaque durant la semaine ( qu'il n'avait jamais vu lui gniak gniak gniak :D :D ).

Mythique quelque part cette séance. :)
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Message par gnome »

Les enfants d'Hiroshima ( Kaneto Shindo - 1952 )



Belle découverte que ce petit film poignant que bruce radylan avait moyennement apprécié (je reposte son avis en bas de mon texte...). Le film suit une jeune institutrice vivant chez un oncle loin d'Hiroshima et qui va effectuer une sorte de "pélerinage / retour au sources" dans sa ville natale quelques années après l'explosion de Little Boy. Elle y rencontrera au gré de ses pérégrinations dans une ville qui renait à peine de ses cendres, les fantômes de sa vie passée (avant la bombe) au travers de flash-backs sobres et efficaces, mais aussi par les rencontres émouvantes avec une ancienne collègue, le serviteur de ses parents ou les trois enfants survivants de sa classe.

La première demi-heure, depuis son départ de l'île où elle s'est "exilée" chez sa tante, jusqu'à son arrivée à Hiroshima et sa redécouverte d'une ville qui tente de revivre malgré le malheur qui s'est abattu est clairement traitée par Shindo de manière quasi documentaire. La voix off de l'héroïne déclamant un commentaire émouvant, mais que certains peut-être trouveront trop didactique, trop "documentaire" justement, sur de images de la ville qui se reconstruit et des ruines de sa vie passée (l'endroit où elle travaillait, vivait etc).

Puis vient l'explosion précédée de séquences de vie entrecoupées par les vues d'une horloge qui décompte les secondes avant le drame. Comme le souligne bruce, le traitement des ravages directs de l'explosion est pour le moins... étonnant, Shindo filmant sous des angles assez incongrus des actrices topless en guenilles brulées se contorsionnant dans des poses théâtrales. Je ne dirais pas que ça désamorce un peu l'effet escompté, mais le moins qu'on puisse dire, c'est que.... Disons qu'on ne s'attendait pas à ça... :mrgreen:
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La dernière partie suit la jeune institutrice allant à la rencontre des survivants et là, on est clairement dans le mélodrame. Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre en particulier, mais là, je trouve contrairement à bruce que ça fonctionne assez bien, parce que le sujet s'y prête bien et que le malheur qui s'abat sur les protagoniste est n'a rien d'un artifice tire-larme, il s'inspire des malheurs d'un peuple. Même le sacrifice final du grand père m'a paru logique.
Un bon 8.5/10 donc... :D

Je remets l'avis de Bruce tout puissant un peu plus haut :
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bruce randylan a écrit :Encore un beau sujet gâchée en partie par le traitement purement mélodramatique de Shindo.
Ce n'est pas déplaisant ni ratée, c'est juste décevant au vu de l'histoire d'où un ennui poli qui ne fait jamais décoller le film.
Ca demeure bien joué, bien filmé ( quelques travelling mettent très bien en valeur les personnages ou les extérieur ), bien éclairé et respectueux mais pour l'émotion ça tombe à plat. Quand à l'aspect politique, tout est bien lisse.
D'ailleurs le film devait être soutenu par une association de professeurs pour promouvoir la paix, déçu du résultat qu'ils jugèrent trop mélo, ils se reportèrent sur Hiroshima de Hideo Sekigawa ( cf juste en haut )

La seule prise de risque du film se trouve dans la courte séquence de l'explosion de la bombe qui est plus érotique que horrible avec des cadrages assez expérimentaux. Le reste s'oublie malheureusement bien vite si ce n'est le final vraiment exagéré où un grand-père s'immole pour forcer son petit fils a aller vivre avec une jeune enseignante loin d'Hiroshima. :roll:
A noter que le sujet "Hiroshima" est un sujet sensible pour Shindo qui est originaire de la ville et qui a vécu de près la tragédie. Il réalisera au moins deux autres films touchant de près ou de loin le fameux 6 août : La troupe Sakura-tai, un très beau documentaire que je n'ai pas encore terminé sur une troupe de théâtre qui se trouvait en représentation en ville le jour du lâcher de Little Boy et La tragédie de Lucky Dragon Nr5 (que je n'ai malheureusement pas vu et que bruce a aussi assez moyennement pour ne pas dire pas du tout aimé).
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bruce randylan
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Il faut surtout que tu découvres Hiroshima de Hideo Sekigawa. Ca c'est du film :)
( j'en parle juste au-dessus de mon avis sur ce Kaneto Shindo que j'avais peut-être traité avec sévérité )
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