Allan Dwan (1885-1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Joe Wilson
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Joe Wilson »

Je suis d'accord, le plaisir pur du divertissement peut suffire.
Mais La perle du pacifique sud me semble surtout très indigeste, se prenant souvent trop au sérieux (la symbolique religieuse est épuisante). L'invraisemblance n'est pas une gêne en soi, mais elle est mêlée à un patchwork maladroit, qui manque beaucoup de conviction. Et je n'y ai pas été réceptif, même au second ou au troisième degré.
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Joe Wilson
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Joe Wilson »

Et je termine le coffret avec...

Deux rouquines dans la bagarre

Le cadre du récit, la corruption, les sous-intrigues...tout cela passe au second rang, le scénario semblant régulièrement patiner.
La valeur du film vient de la troublante et poignante relation entre les deux soeurs Arlene Dahl et Rhonda Fleming. La force d'un lien affectif prend une ampleur progressive, jusqu'à un final extrêmement intense. Dwan libère une violence émotionnelle, une sensualité débridée et auto-destructrice, avec beaucoup de classe, sans jamais tomber dans la complaisance.
Face à elles, John Payne compose un roc d'abord pétri de certitudes, puis plongé dans une amertume fébrile. D'où un film noir vibrant d'ambiguités, n'allant jamais là ou on l'attend, compensant des maladresses par un dynamisme exacerbé.
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Ann Harding
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Ann Harding »

Je crois qu'il est temps que l'on parle un peu de la période muette de Dwan à l'époque où il appartenait à l'aristocratie des réalisateurs américains. 8)

The Half-Breed (Le métis, 1916) avec Douglas Fairbanks, Jewel Carmen et Alma Rubens
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Sleeping Water (D. F.) est un métis élevé par un vieux naturaliste. Il est méprisé par la population du petit village près duquel il vit. Cependant, la fille du pasteur Nellie (J. Carmen) flirte avec lui au grand dam de ses prétendants le Shériff Dunn et Jack Brace...

En 1916, Dwan réalise pas moins de 4 films avec Douglas Fairbanks pour la Triangle. Ils sont tous plein d'inventions de mouvements et d'humour grâce aux scripts pétillants d'Anita Loos (l'auteur de Gentlemen Prefer Blondes). Dans celui-ci, Douglas est au banc de la société parce qu'il est le fils d'une squaw. Le film a été entièrement réalisé en décors naturels dans la forêt de séquoias géants californienne. D'ailleurs la copie de la Cinémathèque que j'ai vue était de toute beauté. Le film comporte moins d'action que Manhattan Madness par exemple. Mais, on est en face d'une ode panthéiste à la nature avec des plans à couper le souffle: des rivières qui serpentent dans les gorges ou des sous-bois incroyables avec ses troncs gigantesques. On découvre Doug pour la première fois dans une tenue fort légère qui met en valeur sa plastique! :shock: 8)
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Il n'est guère étonnant que Jewel Carmen, la blonde qui flirte et Alma Rubens, la mauvaise fille qui cherche à se réformer, se dispute ses faveurs. le Shériff Dunn (Sam de Grasse) le hait cordialement - comme tous les indiens - bien qu'il soit son père. Mais le sauvage aura sa revanche. Voilà un western qui mérite d'être découvert. :)
Jeff Bailey
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Jeff Bailey »

Tout à fait d'accord, très belle surprise que ce film. Je connais hélas peu les muets de Dwan.

Les extérieurs sont magnifiques, filmés très souvent de loin pour inclure le plus de paysage possible. Film au rythme nonchalant finalement, c'est vra que moi aussi, je m'attendais à plus d'action mais on ne perd pas au change. Personnages de femmes assez intéressants, aussi.

Deux autres muets de Dwan bientôt à la Cinémathèque : son Robin Hood et The Good Bad Man. J'ai hâte !
Nestor Almendros
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Nestor Almendros »

LES RUBIS DU PRINCE BIRMAN (1955)

J'entame le coffret avec ce sympathique film d'aventures qui n'a d'autre ambition que de divertir et proposer, comme c'était régulièrement le cas à l'époque, un spectacle exotique qui me rappelle le diptyque de Fritz Lang ou, bon souvenir personnellement, LA PISTE DES ELEPHANTS de William Dieterle. Il est bien dommage que le scénario n'ait pas plus d'ambition, se résumant à une trame "policière" relativement simple avec des personnages baignant dans la caricature. Il est bienvenu d'y retrouver certains grands noms Hollywoodiens qui apportent, par leur participation, une certaine crédibilité au projet. Heureusement, également, que l'angle exotique est plutôt bien exploité: l'argument principal pour attirer les foules est justifié. Malgré des moyens probablement limités (on parle, précédemment dans le topic, d'un recyclage de décors) l'ensemble garde une tenue plus qu'honorable, multipliant les changements de décors et n'oubliant jamais le petit cachet dépaysant qui apporte ici le "petit plus".
On reste dans l'illustration et le spectacle de complément mais, sachant cela, on peut toutefois se permettre de passer un moment agréable.

Deux remarques concernant le dvd Carlotta: d'abord l'absence de vf. Non que j'aurais préféré voir le film en vf (bien au contraire :wink: ) mais je pense ici aux spectateurs de l'époque, non cinéphiles mais nostalgiques des films de leur enfance et qui n'aiment pas la vo. Je pense, par exemple, à mon père qui serait certainement charmé devant LES RUBIS DU PRINCE BIRMAN, mais que le visionnage imposé en vo sous-titrée démotivera certainement.
Ensuite, mon autre remarque concerne le master utilisé et plus généralement l'idée farfelue de la RKO de tourner un film en 1.33 et de gonfler l'image en 2.0 (car la perte de qualité, déjà palpable en 2.0 aurait été encore plus visible en 2.35). Les moyens limités n'excusent pas les bricolages techniques hasardeux. Il est bien sûr dommage qu'aucun master en 1.33 ne soit disponible pour l'édition dvd et ce que nous propose Carlotta reste donc perfectible (allant du correct au passable, tant au niveau de la définition que pour la colorimétrie).
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
Nestor Almendros
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Nestor Almendros »

LE MARIAGE EST POUR DEMAIN (1955)

Bonne surprise que ce western plutôt carré, bénéféciant d'un scénario à multi-intrigues et qui se révèle donc bien rythmé, bien joué, efficace dans sa simplicité. Bref le contrat est rempli: on passe un bon moment. Je ne peux m'empêcher, pour l'instant, d'y voir plus de qualités, ayant comme réflexe de relever quelques faiblesses scénaristiques, une histoire plutôt simple qui se base essentiellement sur sa trame principale et qui limite sensiblement le projet. J'apprécie néanmoins le style de Dwan, son efficacité et son économie, dans les plans séquence notamment. J'aime bien John Payne et je suis surpris d'apprécier honnêtement la participation de Ronald Reagan, acteur pour lequel je n'ai pas tellement d'estime (sans avoir vu beaucoup de ses films: préjugé quand tu nous tiens :wink: ).
Il m'a semblé reconnaitre Angie Dickinson, l'une des "filles" de Rhonda Fleming.
J'ai dû visionner le film avec plusieurs pauses (merci Bébé Almendros) donc mon avis reste bref. C'est certainement un film que j'aurai envie de revoir sous peu.

Techniquement, c'est un peu mieux que LES RUBIS DU PRINCE BIRMAN. Le master est correct, propre, belles couleurs mais sans plus. La définition est bonne... au centre de l'image (un peu flou sur les côtés) mais le rendu du SuperScope est ici satisfaisant.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par monfilm »

Allan Dwan chez Carlotta par Dionnet:

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Tout le reste est dérisoire.
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par awopbopaloobopalopbamboom »

Allez hop! Soirée Allan Dwan avec Passion (Tornade) et Cattle Queen of Montana (La Reine de la Prairie) tous deux sortis en 1954.

Mon premier rencard avec ce réalisateur.
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Sybille
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Sybille »

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Slightly Scarlet / Deux rouquines dans la bagarre
Allan Dwan (1956) :

Je commence donc le coffret Dwan avec "Slightly Scarlet", titre que je voulais voir depuis longtemps. :D

Dès l'ouverture du film, la situation est posée : une femme sort de prison, le gardien lui souhaite bonne chance, deux voitures sont en faction dans la rue, l'une contenant la soeur de l'ex-détenue, l'autre un homme muni d'un appareil photo, le tout pendant que le générique continue de défiler. Avant même que le film ne débute vraiment, on sent déjà le mystère, les secrets, voire bien sûr le chantage et la manipulation. Et pourtant le récit, non seulement reste d'une banalité confondante (une histoire de politique et de corruption avec tous les poncifs du genre) mais semble aussi à moitié se désintéresser de son sujet. Il faut voir la scène où les gangsters se rendent chez le patron de presse pour le terroriser : on se croirait au théâtre, et ce même s'il se fait jeter par la fenêtre à la fin. La violence n'est pourtant pas exempte de nombreuses scènes : beaucoup de balles tirées à bout portant, l'un d'eux se fait carrément harponner... Mais au fond, peu importe que le rythme stagne ou qu'il n'y ait pas d'enjeux narratifs véritablement intéressants, car le film vaut surtout pour la rigueur de l'excellent John Payne ou évidemment la lascivité outrancière de Rhonda Fleming et plus encore d'Arlene Dahl, qui composent une paire de soeurs mémorable. La relation entre elles deux constitue d'ailleurs le motif le plus ambigue, le plus passionnant du film. Le Technicolor est splendide. Une bonne découverte, pour un film étonnant. 6,5/10
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Sybille
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Sybille »

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Tennessee's partner / Le mariage est pour demain
Allan Dwan (1955) :

Alliant un ton nonchalant à une dureté efficace mais relativement effacée, "Tennessee's partner" est un bon western, aux personnages souvent décontractée d'allure, mais pas de sentiment. C'est en effet l'amitié, le prix de sa valeur, qui donne toute son importance au film, qu'il s'agisse de la relation soudaine, mais humble et sincère qui se noue entre les deux héros, ou de l'amitié amoureuse piquante entre la tenancière et le joueur professionnel.
On pourra regretter un enchaînement d'évênements puis d'actions trop rapides, trop épisodiques ; le film est heureusement assez court (à peine un peu plus d'1h20) mais surtout possède suffisamment d'autres attraits. J'ai été une nouvelle fois séduite par John Payne et Rhonda Fleming, que j'apprécie de plus en plus. C'est aussi la première fois que je voyais Ronald Reagan jouer - plutôt bien -
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mais son rôle d'homme simple, en plus de sa fin tragique en même temps qu'expédiée à la va-vite n'est pas forcément pour le servir au mieux.

La sagesse et la générosité qui donnent son empreinte au film, un humour discret distillé avec grâce par quelques dialogues vivifiants font ainsi de "Tennessee's partner" un spectacle parfaitement distrayant. On aurait même eu envie que ça dure un peu plus longtemps. 6/10
bruce randylan
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par bruce randylan »

2 muets vus dans une émissions Retour de Flammes sur Ciné Classics

He comes up smiling ( 1910 )
Malheureusement le film est sérieusement mutilé. Les affres du temps ont fait que seul 10 minutes du film ont survécu. Très frustrant car il avait l'air excellent. Douglas Fairbanks y joue un employé de banque rêveur et romantique qui tente de rattraper un oiseau qui s'est échappé de sa cage. L'occasion de suivre une fantastique course-poursuite au milieu de la ville où l'acteur fait preuve de toute son agilité à faire pâlir Buster Keaton : il saute partout, bondit d'un toit à un autre, effectue des acrobaties sur une échelle, des cordes surplombant la rue etc... La mise en scène de Dwan est tout aussi alerte et fluide même si les nombreuses images manquantes au milieu des plans cassent l'exploit et le plaisir du visionnage. Fairbanks y est quoiqu'il en soit d'un charisme évident apportant énormément de fraicheur, de spontanéité et de poésie autant dans les passages "sportif" que dans les passages calmes.

A moderne musketeer ( 1917 )
Celui-là est complet et c'est un bon film d'aventures qui reposent encore essentiellement sur la personnalité de Douglas Fairbanks qui ne profite jamais une occasion pour faire une démonstration de ses capacités physiques. C'est une nouvelle fois spectaculaire et amusant ( il faut le voir escalader en quelques secondes une église jusqu'à sa girouette ! :shock: ) mais ca joue cette fois en défaveur d'un scénario qui s'éparpille dans trop de direction pour mieux multiplier les poursuites et autres cascades. Ainsi il devra faire face à pas moins de 2 méchants pour sauver sa bien-aimée. Les 75 minutes deviennent donc un brin lassantes sur la longue malgré toute le talent de Dwan a soigner l'image et à mettre en valeur l'action.
La mise en constamment de qualité avec ce sens du cadre qui le caractérise tant et qui sait à chaque fois sublimer le décor et les paysages. Tout le long final dans le canyon ( qui servit de décor à la fille du désert de Walsh ) est une merveille de rythme, de découpage et de cadrage avec une utilisation prodigieuse de la perspective et de la profondeur de champ à plusieurs reprises.
Un très bon divertissement au charme désuet mais qui souffre finalement de ses qualités : du rythme pour le seul plaisir du rythme au point d'oublier les personnages.

Et un autre vu à la cinémathèque
Les parias de la vie ( The Good bad men - 1916 )

Un western toujours aussi soignée au niveau de la forme mais dont le fond souffre un peu trop de la présence de D.W. Griffith comme producteur/superviseur. Du coup on est trop dans le registre du mélodrame moralisateur que du western bondissant et enjoué comme pouvait l'être A modern Musketeer tourné la même année par le même duo Dwan/Fairbanks. Les trois quart du récit est tout occupé par les états d'âmes d'un robin des bois au far-west qui essaye de venger ses parents tout en étant amoureux d'une jeune fille pure.

Heureusement donc les cadrages et la photographie ( de Victor Fleming ) offrent régulièrement de très beaux plans mais ça ne m'a pas empêché d'être un peu déçu.
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Roy Neary
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Roy Neary »

Mise en ligne aujourd'hui d'une mini-chronique consacrée à un film méconnu d'Allan Dwan : L'AIGLE DES FRONTIERES (FRONTIER MARSHAL), couplée avec une autre consacrée au western The Texans de James P. Hogan.

:arrow: Frontier Marshal
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Sybille
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Sybille »

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Pearl of the South Pacific / La perle du Pacifique Sud
Allan Dwan (1955) :

Film d'aventure exotique qui reste plaisant en dépit de son scénario minable et de l'attitude parfois ampoulée de ses acteurs, en particulier le père blanc flanqué de ses indigènes. J'ai bien aimé Virginia Mayo, assez amusante dans son rôle. Il y a quelques passages excellents
Spoiler (cliquez pour afficher)
je pense bien sûr à la pieuvre géante, qui m'a bien fait rire sur le moment.
Le ton du film se fait de temps à autre moyennement sarcastique envers cet Occidental qui se fait passer pour le messager de Dieu envers la population. Mais comme on s'y attend, l'appât du gain (les perles noires) est également vivement critiqué. Un bon point pour la photographie de John Alton, en particulier ses ambiances nocturnes, très réussies. 5,5/10

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Cattle queen of Montana / La reine de la prairie
Allan Dwan (1954) :

Un western de courte durée, mais vivement ennuyeux. L'histoire n'est a priori pas totalement dénuée d'intérêt, surtout avec ce personnage féminin luttant contre un propriétaire avide, qui tente de s'approprier ses terres à l'aide d'une poignée d'Indiens hargneux et portés sur le whisky (heureusement, il y a aussi les gentils). De nombreux passages mouvementés, toujours filmés à un rythme alerte, mais qui s'allient plus souvent qu'à leur tour à un ridicule un peu trop poussé. Les enchaînements sont la plupart du temps maladroits, au détriment du récit. La venue dans le camp indien est un moment de divertissement bienvenue, mais très peu exploité. Seul atout - en dehors de Barbara Stanwyck qui ne démérite à aucun moment : les paysages du Montana sous un soleil lumineux. Etang, ruisseaux, forêts, grandes étendues d'herbe d'un vert profond, le tout réellement superbe. 4/10
Aska
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Aska »

Robin des Bois (1922)
Conditions : Archives.org
Source : Bonus du Dvd du film de Curtis/Keighley

Richard Coeur de Lion parti en croisade, le Prince Jean met la main sur la couronne britannique et se prend dans une frénésie taxatoire digne de l'état français. Heureusement, Earl d'Huntington revient au pays pour mettre de l'ordre.
Annoncé au générique puis à nouveau dans l'intertitre (!), Douglas Fairbanks est Robin et bien la star du film, statut qu'il s'amuse à mettre en abîme quand les courtisanes de Lady Marianne (jouée par Enid Bennett qui se maria à deux réalisateurs majeurs du muet : Fred Niblo et Sidney Franklin, cela aide pour les rôles) l'entourent comme des fans en furie. Film précédant Le Voleur de Bagdad, ce Robin des Bois est une superproduction ressemblant sur la forme à une répétition générale avant le chef d'œuvre avec des grands décors monumentaux et verticaux (moins systématiques cependant que Le Voleur...), des filtres colorés et un grand sens du spectacle.

Le film d'Allan Dwan se démarque du Robin des Bois de Michael Curtiz par une histoire plus centrée sur Richard (impatient, rigolard et guerrier comme sera celui de DeMille dans Les Croisades), la chevalerie et la croisade, Robin devant se mettre hors-la-loi non seulement aux yeux du Prince Jean mais aussi de son roi. Fairbanks crée alors sous nos yeux le personnage de Robin des Bois jouant beaucoup sur les apparitions masquées ou dans l'ombre (c'est superbe). Comme un voleur en quelque sorte. Il n'hésite pas non plus à surenchérir dans le comique proche du cartoon. Il se déjoue ainsi de dizaines d'hommes à la fois et appose sa signature comme on colle un poisson d'avril dans le dos tandis que Petit Jean (Allan Hale qui jouera dans plusieurs films avec Errol Flynn dont Petit Jean dans le Robin des bois de Curtiz !) fait voler les adversaires et assomme les soldats ennemis attaquant en file indienne !

Parallèlement, la prise de pouvoir de Jean donne lieu à des séquences morbides avec pendaisons abruptes. Là encore, plus qu'un mélange de genres, on assiste à un mélange de sensibilités, Robin Des Bois faisant le grand écart entre cartoon pur et cruauté. Frénétiques, les vingt dernières minutes donnent le frisson, avec une ascension d'une tour (qui sera aussi reprise dans le film avec Errol Flynn), et nous font ressentir le vrai cinéma. Moins flamboyant que Le Masque de Fer, moins formellement abouti que le Voleur de Bagdad, Robin des Bois demeure un spectacle de tout premier ordre. 8/10
Aska
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Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Aska »

Le Masque de Fer (1929 - The Iron Mask)
Conditions : Archives.org

Je me suis demandé, vu qu'il y a quand même de la musique, pourquoi on ne pouvait pas avoir des films parlants plus tôt que le chanteur de jazz en effectuant de la post synchro. Tourné en 1929, Le Masque de Fer a la particularité d'être narré et même introduit par Douglas Fairbanks à l'écran, un peu comme l'annonce d'un spectacle. La qualité de la synchronisation est plutôt moyenne. La musique est par contre excellente et la narration change pas mal les choses en termes de vivacité.

Ce n'est pas la première fois que Fairbanks interprète D'Artagnan et jouait un homme rêvant de l'être une décennie auparavant dans A Modern Musketeer mais aussi un épisode original, The Three Musketeers, dont ce film peut se voir comme une suite. Mais ici, il reprend à zéro et à bras le corps toute la légende des Mousquetaires. Rochefort, Constance (interprétée par Marguerite de la Motte, également sur The Three Musketeers et Le Signe de Zorro) , Richelieu, Louis XIII, des dauphins jumeaux, les compagnons fidèles de D'Artagnan, Milady... et Dumas. Ca ne peut-être nul et ça ne l'est pas au-delà de toute espérance. L'intrigue est compliquée à souhait. Avec une rapidité extravagante (le film dure 1h10), Le Masque de Fer brasse quelque vingt ans d'histoire de France pour notre plus grand plaisir. Complots, trahisons, assassinats, passages secrets, emprisonnements, kidnappings... se succèdent frénétiquement. Le Masque de Fer comporte ainsi une bonne dizaines de moments d'anthologie : toutes les scènes avec Milady, la mort de Richelieu, les liens entre le dauphin et D'Artagnan et surtout le kidnapping de Louis et la remise du masque avec un jeu d'ombres impressionnant.

Tour à tour héros valeureux, amoureux passionné, vengeur et mentor bienveillant et fidèle, le jeu aérien de Fairbanks touche à nouveau au merveilleux. Jouant de son propre vieillissement, le déroulement de ce Masque de Fer sonne comme sa propre vie de la légèreté bondissante de la jeunesse jusqu'à la sagesse et les ultimes prouesses, s'achevant sur un épilogue déchirant aux images inoubliables.

Et alors que la mort frappe un très grand nombres de protagonistes, Le Masque de Fer s'achève sur un surprenant et intriguant "The Beginning". Dans son analyse de l'âge classique (le temps des géants), Pierre Berthomieu y voit le plus beau passage de témoin vers le cinéma parlant... il est aussi l'illustration du talent de Douglas Fairbanks, l'acteur qui inventa presque le film d'action et d'aventure. Avec une modernité étonnante, il joue aussi finement la carte de l'éternelle jeunesse sans en être dupe. Pour avoir vu récemment la fin du pathétique Trois Mousquetaires de Stephen Herek (champ du signe cinéma pour des acteurs tels Charlie Sheen et Kiefer Sutherland devenus ensuite d'immenses vedettes de la télé), on peut même trouver le Masque de Fer, plus vieux de plus de 60 ans, bien plus fringant. Chef d'œuvre en somme ! 9/10

Update : autre avis sur le film dans le forum ici.
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