Ce qui s'est passé dans les années 2000, c'est que des séries se sont "cinématisées" en même temps que le cinéma est devenu largement domicile, au point d'atterir dans les poches avec les portables. L'ampleur esthétique de projets télévisuels a atteint un sommet avec "l'âge d'or HBO" se revendiquant de la forme film (des projections d'épisodes des Soprano étaient d'ailleus organisées). Quant au mode de production des séries, il ressemble un peu à l'organisation des studios hollywoodiens de l'époque classique. La narration sérielle reste une spécificité (quoique), mais qui ne rend pas les deux media contradictoires. Si sans être identiques les deux se nourrissent l'un l'autre, de plus en plus étroitement, il faut les penser l'un par rapport à l'autre et les confronter, notamment à l'occasion d'un top. Un retour sur les années 2000 qui se passe des séries me paraît exclure un paramètre important de la décennie. Après ce topic n'est qu'un exercice de classement de ses films préférés, certes, mais cette restriction me semble une carence.cinephage a écrit :Enfin, depuis les débuts de la télévision, les relations entre ces deux univers sont étroites : la génération Frankenheimer, Schaffner et autres Lumet vient bien de là, tandis que les Steve Mc Queen et autres passaient de la petite à la grande lucarne sans difficulté. Cette influence n'est pas une nouveauté.
Mais, de même qu'il me parait hors-sujet de citer les reportages télévisuels de la guerre du Viet-Nam dans une liste des meilleurs films des années 70, malgré l'énorme influence qu'ont eu ces images sur le cinéma de l'époque, de même que je ne citerais pas de publicité pour les années 80, malgré là encore le poids marqué de certaines de ces publicités sur le cinéma de l'époque (publicité dont nous viennent certains des meilleurs réalisateurs des années 80, là encore), il me parait curieux de comparer une série s'étalant sur 6 années de production, pilotée par une chaine de télévision, écrite par une écurie de scénaristes (de talent, certes, mais là n'est pas la question), réalisée par une vingtaine de personnes, à un film, qui est certes une oeuvre collective, mais dont les contours sont fort différents.
L'influence d'un media sur un autre n'implique pas l'identité de ces media.
Pour la contestation de principe, qui veut qu'on est dans un topic ou classement cinéma, un top "oeuvres" justement me semble beaucoup plus généreux et capable d'embrasser la richesse des images de cette dernière décennie. Avec la qualité comme seul critère de discrimination plutôt qu'un partage strict entre les arts qui va dans le sens inverse du mouvement à l'oeuvre en pratique dans ces arts.
Par ailleurs je ne vois pas de problème de principe à citer les reportages de guerre ou le film de Zapruder par exemple, qui furent à la fois des influences et des repères pour penser les images/le cinéma. Les deux font moins oeuvre que des projets de cinéma, ce qui tend surtout à montrer l'artifice du top (et à rapprocher par ailleurs films et séries contre de telles images qui ne relèvent pas en premier lieu du projet esthétique). Et je suis plutôt pour rendre cet artifice le plus souple possible, de manière justement à pouvoir y faire rentrer la manière d'envisager le cinéma/les images, de chacun, puisque l'exercice est hautement individuel.