Mariage à l'italienne (Vittorio De Sica - 1964)

[Stagger Lee]

Samedi dernier, j'ai vu dans la superbe salle du cinéma Arenberg de Bruxelles...

MARIAGE A L'ITALIENNE (Matrimonio all'Italiana), de Vittorio De Sica (1964).
Avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni...

J'ai appris aujourd'hui (dans Positif) que ce film magnifique allait faire l'objet d'une ressortie en salles fin juillet en copie neuve grâce à Carlotta (et donc bientôt en DVD ?).

Citation:
"Mariage à l’italienne est une nouvelle démonstration de la sensibilité de De Sica vis-à-vis d’histoires reposant essentiellement sur l’interaction des sentiments. Ainsi, sans recherche d’effets, avec un habile scénario qui aère la pièce d’Eduardo De Filippo, le cinéaste organise la mise en place de la situation finale : une femme feint d’être mourante pour arracher à son compagnon un mariage réparateur puis,

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ayant obtenu satisfaction et sentant que l’union va être frappée de nullité car reposant sur une tromperie, elle révèle à son mari une paternité ignorée.

Mariage à l’italienne souligne la permanence du sens aigu des rapports humains dans l’œuvre de De Sica. Le film exalte la dignité d’êtres souffrants et opprimés.

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L’ancienne prostituée qu’un homme a tirée de la maison close pour en faire sa compagne n’en demeure pas moins prisonnière de son passé : le riche commerçant la traite comme une domestique, il cherche ainsi à lui rappeler son ancienne condition et la « grandeur d’âme » dont il a fait preuve en la recueillant. Le jour où Filumena est tombée enceinte et où Don Domenico lui donnait les habituelles cent lires d’une sexualité tarifée, la jeune femme a gardé le billet dans un médaillon ; plus tard elle le rend au père, enfermé dans son égoïsme, en lui lançant une des répliques les plus célèbres de tout le théâtre d’Eduardo : « Les enfants ne se payent pas ! »

Inscrit comme l’Or de Naples dans le tissu vivant d’une société déchirée, Mariage à l’italienne poursuit la représentation d’un univers culturel fait de violentes oppositions économiques, d’affirmations autoritaires et de détresses matérielles et morales. Porté par des acteurs en état de grâce – Sophia Loren et Marcello Mastroianni, mais aussi Tecla Scarano et Aldo Puglisi –, Mariage à l’italienne est un film dont la sincérité et l’émotion ont quelque chose de dérangeant. " Jean A. Gili, Positif

Un film sublime porté par deux grands acteurs, que je recommande à tous ceux qui ne l'ont pas encore vu !

[Nestor Almendros]

J'ai appris aujourd'hui (dans Positif) que ce film magnifique allait faire l'objet d'une ressortie en salles fin juillet en copie neuve grâce à Carlotta

Très bonne nouvelle, je reviendrai en parler bientôt, donc...

[francesco]

+ 1.
L'un des deux ou trois meilleurs rôles de Loren, inoubliable.

[Stagger Lee]

Le film est ressorti en France la semaine dernière !
Trois salles à Paris, une à Marseille, une à Toulouse et une à Lille.

Ne le manquez pas, c'est un beau film, émouvant et drôle à la fois (une vraie comédie italienne, quoi...)

[Nestor Almendros]

Vu cet après-midi, comme prévu (à l'Arlequin).

Beaucoup aimé. De Sica reste donc, pour l'instant, le metteur en scène italien que je ne me lasse pas de découvrir et dont le travail attise le plus ma curiosité.

SPOILERS (d'ailleurs on devrait spoiler pas mal de l'article du 1er post, je trouve...)

J'ai quand même eu un peu peur car le film met un peu de temps à vraiment démarrer, je trouve. L'histoire prend vraiment tout sa dimension à partir de la révélation de la fausse maladie de Loren. Dès lors, l'intrigue devient plus ludique, plus prometteuse. J'ai senti un léger ennui pendant le 1er flashback, avant cette révélation, donc, et ai bien cru que le film allait s'enliser dans un récapitulatif des déconvenues de jeunesse de l'héroine. Non que ça m'aurait déplu mais je trouvais alors que le film s'enfonçait dans quelque chose que je n'attendais pas trop et qui commençait à tourner en rond. Puis vient cette première révélation et tout s'enchaîne. Le personnage de Loren, très digne en effet, est magnifique. Et j'ai notamment beaucoup aimé les différents sentiments que ces deux personnages nous inspirent, leurs changements de comportement, leur évolution (principalement avec Mastroianni).

Enfin pour chipoter, je dirais que c'est un peu une comédie mais surtout un drame...

[Stagger Lee]

(d'ailleurs on devrait spoiler pas mal de l'article du 1er post, je trouve...)

Tu as raison. Dont acte.

[Le Chiffre]

Je viens de voir dans le programme de l'Ecran Total qu'il est rediffusé, mais j'irai plutôt découvrir Cruising même si le film de De Sica m'intéresse énormément.

[Boubakar]

Le film est ressorti en France la semaine dernière !
Trois salles à Paris, une à Marseille, une à Toulouse et une à Lille.

Ne le manquez pas, c'est un beau film, émouvant et drôle à la fois (une vraie comédie italienne, quoi...)

La copie va tourner jusqu'au mois de Septembre ; des diffusions sont prévus à Avignon et Montpellier, entre autres.

[ed]

Mariage à l'italienne de Vittorio De Sica (1964)



Durant de nombreuses années, Filumena, ancienne protituée, a été à la fois servante et maîtresse de Domenico. Ce dernier a finalement décidé de se marier avec une jeune fille de bonne famille. C'est alors qu'elle décide de lui tendre un piège en lui faisant croire qu'elle est mourante et que son dernier désir est de se faire épouser. Dès que l'homme cède, la mourante ressuscite et lui apprend qu'il est déjà le père d'un de ses enfants...


Un des fleurons époustouflant de la comédie italienne. Un scénario brillant qui alterne avec brio la grosse farce outrancière, le drame et le romantisme par la grâce d'astuce narratives bien placées (les 2 flashback sous les points de vue des deux protagoniste en ouverture) de révélations bien amenées qui relancent constamment l'action et font basculer le film dans quelques chose de plus profond qu'il n'y parait à première vue. Une Sophia Loren qui livre une prestation époustouflante, avec un personnage qui évolue de jeune fille naïve découvrant la vie à la quarantenaire bafouée bien décidé à regagner son honneur de femme en suscitant le respect et l'amour de Mastroiani en l'épousant. Ce dernier est tout aussi brillant, arrivant à rendre humain et attachant un personnage de coureur égoïste vraiment odieux par instants. Le film trahit ses origines théâtrale dans le bon sens du terme à travers les engueulades dantesque Mastroiani/Loren en forme olympique (la scène qui suit la révélation sur la santé de Sophia Loren est un grand moment ) et De Sica par sa réalisation tout en mouvement apporte une belle énergie à l'ensemble, avec en prime une direction artistique splendide, une photo superbe et un Naples en pleine reconstruction brillamment illustré en arrière plan (discrète allusion au passé néo réaliste de De Sica). Quelques moments vraiment bouleversant comme lorsque Loren révèle son passé douloureux à ses fils qui la rencontre pour la première fois, les quelques scènes pathétique où elle subit le mépris inconscient de Mastroiani dans sa jeunesse (la sortie au champ de course vide, l'enterrement de la mère) et bien sur le final magnifique où elle laisse enfin couler ses larmes. Grande comédie, grand film. 6/6

[Roy Neary]

Vous vouliez l'avis de DVDClassik ? Ed l'a fait !
Voici donc la chronique du film de Vittorio De Sica par notre camarade.

Mariage à l'italienne

[someone1600]

Excellente chronique pour un film que je ne connais pas.

[homerwell]

Homerwell a écrit :
Mariage à l'italienne (1964) Vittorio De Sica

Attention spoilers

3 éme opus de De Sica que je découvre et je craignais entre le néoréalisme de « Le voleur de Bicyclette » (1948) et « Le jardin de Finzi-Contini » (1970) de la fin de sa carrière d'être un peu déçu. Mais cette comédie est largement à la hauteur du reste de la filmographie et ma méfiance est surtout l'illustration des préjugés que je peux avoir pour ce genre cinématographique.
De Sica n'a absolument rien perdu de son œil témoin et critique de la société italienne.
« Mariage à l'italienne » est d'ailleurs tout autant l'histoire des péripéties d'un couple sinon plus le destin d'une femme. Une putain de surcroit... qui devient une compagne, une mère, une épouse ! Dans le premier quart d'heure, Sophia Loren nous éblouit de sa beauté tout en forme féminine.
En 1964, dans l'Italie catholique du sud, le propos est peu amène, il n'y a qu'à visionner l'enquête sur la sexualité tournée par Pasolini la même année pour s'en convaincre (en supplément sur le dvd de Oedipe roi). On rit, on pleure, on est ébahi par la sensualité des deux acteurs principaux, on ne s'ennuie pas une minute. Ce film est une réussite totale pour moi.

Je replace mon avis ici, j'ai beaucoup aimé le film.

[angel with dirty face]

Un film que je n'avais pas revu depuis quelques années. J'ai enfin pu redécouvrir ce chef-d'œuvre. J'ai un peu de mal à le classer dans le genre comédie tant c'est noir. Certes il y a beaucoup d'humour, comme cette scène où les protagonistes posent dans l'église pour une séance de photos, mais comme Nestor, j'y vois surtout un drame...
Marcello Mastroianni est magnifique dans ce rôle froid et cruel, quant à Sophia Loren, qui est loin de faire partie de mon panthéon personnel des actrices, elle est tout simplement touchante et surtout sublime.
Bref, du très grand cinéma! Je pense que je vais enchaîner avec Hier, Aujourd'hui Et Demain (Leri, Oggi, Domani) du même réalisateur... Ils sont chouettes les coffrets Carlotta!

[Boubakar]

J'ai découvert le film il y a quelques instants et j'ai beaucoup aimé, même si je trouve que ça met un peu de temps à démarrer, jusqu'à l'annonce de la maladie de Filumena, ou l'on tombe dans un drame, et une lecture très intéressante de la société italienne, notamment la forte place de la mère dans la famille, ainsi que le machisme ouvertement revendiqué du personnage de Mastroianni, incapable de vivre avec une seule personne.
Le duo d'acteurs est vraiment très bien, surtout Sophia Loren qui est magnifique de dignité, toujours à vivre la tête haute et à affronter cet homme qu'elle aime, et qui va lui avouer un secret qui va faire basculer le film... Il y a ton assez différent des films américains où ici, on affronte plusieurs sujets qui, je pense, doivent être osés pour l'époque.
Une très bonne surprise !

[Alligator]

http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... liana.html



Foutre! Que cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film de Vittorio de Sica! La dernière fois remonte à la diffusion télévisée sur la Cinq ou M6 de la série "Pain, amour etc." On est donc dans les années 80! Tout ça pour dire que mon regard sur le cinéaste est comme tout propre, tout neuf.

J'ai bien aimé ce film, sa cruauté, son humour vache, à la tendresse cachée et surtout son duo d'acteurs, admirables, émouvants et drôles. Car il faut dire que le film repose entièrement sur leurs prestations.

Marcello Mastroianni en séducteur compulsif, phallocrate, manipulateur et arroseur qui finit par être arrosé est en tout point excellent. Son cynisme arrogant fait mouche mais quand il prend en pleine poire la contre-attaque que lui réserve Sophia Loren, son air ahuri est irrésistible.

En effet, celle qu'il embobine et qui lui rend la monnaie de cette pièce est campée par une de ces actrices italiennes qui ont rendu le monde incandescent. Sophia Loren n'est pas qu'une image brillante de la beauté trans-alpine, elle a un talent d'actrice considérable. Capable par son jeu, ses regards et sa grâce féminine de vamper le public, elle peut tout aussi bien le bouleverser en un clin d'œil, provoquer en lui des torrents d'émotions.
Aussi belle que touchante, elle joue ici une fille de joie, simple enthousiaste, une jeune écervelée qui s'assote du premier beau gosse qui lui en met plein les mirettes. Captivée, elle le suit et lui sert de bonniche. Multi trompée, elle s'en accommode tant bien que mal. En mode roseau, elle plie l'échine mais ne rompt pas.
Car la belle devient aussi una mamma! La mamma, la sainte, la madone qui sacrifie sa vie, son cœur, son orgueil à l'éducation et au bien-être de ses petits!
Mais quand le queutard se met en tête d'épouser une petite jeunette, la pute/madone/mamma se métamorphose en une lionne rusée et féroce. Certes, elle se rend coupable d'une duperie, mais le cadrage, le visage mélancolique et fatiguée qu'elle livre à la caméra nous disent que c'est là son dernier coup d'archet.

Ce qui reste plus confus, c'est la part de dépit amoureux que les deux héros mettent dans leur bataille. Sont-ils vraiment aussi éloignés l'un de l'autre? Se détestent-ils autant qu'ils le disent? S'instaure alors une sorte de suspense amoureux en quelque sorte : jusqu'où iront-ils? Le film est-il une comédie ou un drame romantique?

Sur la corde raide, les personnages, les situations et par conséquent les spectateurs ne sont sûrs de rien. On ne sait trop. De Sica manie merveilleusement bien cette incertitude, lui donne une intensité à la fois jubilatoire et grave. J'ai beaucoup apprécié cette maitrise dans l'écriture, dans le rythme avec des fractures très nettes et dans la direction des acteurs. C'est astucieux et très finement construit. L'attention est maintenue tout le long du film sur ces personnages hauts en couleurs, criant, gesticulant, se déchirant, s'aimant à plein poumons.

Un film à la générosité tout italienne, napolitaine devrais-je dire, ensoleillée, lumineuse.