La Mort vous va si bien (Zemeckis, 1992)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Tom Peeping
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La Mort vous va si bien (Zemeckis, 1992)

Message par Tom Peeping »

J'avais vu La Mort vous va si bien (Death becomes her) de Robert Zemeckis à sa sortie en salles il y a quinze ans. J'avais dû trouver le film sympa mais il ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable.

A l'occasion récente d'une seconde vision (DVD), j'ai redécouvert un film vraiment enthousiasmant, une comédie noire au scénario presque parfait avec un quatuor d'acteurs (Streep, Hawn, Willis, Rossellini) qui se donnent sans retenue dans des rôles ridiculement "over the top".

Mais c'est surtout la violence de la charge satirique contre le culte du corps, de la jeunesse à tout prix et de la chirurgie esthétique qui ravage aujourd'hui les écuries hollywoodiennes qui m'a semblé faire la force du film. Une charge d'une rare pertinence et d'autant plus visionnaire que le film a été tourné en 1992. L'histoire de ces deux femmes qui se haïssent et s'affrontent à coup de potions de jouvence a dû (et doit encore) faire rire jaune les professionnel(le)s du cinéma californien. Les outrages au corps que les scénaristes et le réalisateur font subir à leurs pathétiques héroïnes réussissent, encore aujourd'hui, à mettre mal à l'aise, malgré le parti-pris franchement comique de toutes les situations. Meryl Streep et Goldie Hawn (surtout elle, qui a pas mal eu recours à la chirurgie esthétique avant et depuis le film) ont joué le jeu de l'auto-dérision avec panache et culot. Pas mal d'actrices auraient sans doute préféré s'abstenir.

L'aspect néo-gothique des décors fait évidemment penser à Sunset Boulevard, le modèle insurpassable du genre. Le seul moment où le film flanche un peu est celui où l'action s'emballe avec la fuite de Bruce Willis sur les toits du manoir sous l'orage, parce qu'on sort alors du vrai sujet. Tout le reste est un modèle d'excellence dans sa rigueur et son écriture par rapport à l'histoire racontée. La cerise sur le gâteau étant les innombrables clins d'oeils à des scènes et des personnages célèbres de l'histoire du cinéma, des Aventures de Robin des Bois à Shining et de Garbo à Monroe.

Il a souvent été dit que les acteurs et actrices des films classiques, deviennent, avec le temps qui passe et les efface physiquement, des zombies qui ne reviennent ponctuellement à la vie que dans l'obscurité des salles de cinéma et sur les écrans des salons aux rideaux tirés. La métaphore a rarement été aussi bien exploitée que dans cette Mort vous va si bien, dont le titre original et sa traduction française offrent un constat irréfutable et terrifiant.

Une comédie (très drôle et vacharde) qui est aussi beaucoup plus profonde et déséspérée qu'il n'y paraît. Et un des pamphlets les plus réussis sur Hollywood par Hollywood. J'ai adoré.

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... and Barbara Stanwyck feels the same way !

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