Claude Autant-Lara (1901-2000)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Beule
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Claude Autant-Lara (1901-2000)

Message par Beule »

Vos avis sur ce cinéaste, cible désignée des trublions de la Nouvelle Vague, dont j'adore le cycle de films interprétés par Odette Joyeux (Le mariage de Chiffon, Lettres d'amour, Sylvie et le Fantôme et surtout, surtout Douce), qui témoignaient d'une liberté de ton et d'une ironie mordante, dont j'appréciais aussi les films réalisés avant guerre pour Lehmann (Fric-Frac ou son excellente adaptation de L'affaire du courrier de Lyon) mais dont tous les films d'après guerre que j'ai vus (excepté le Blé en herbe) sont pour moi d'un académisme et d'un ennui royal. Etrange césure :? (Je supporte La traversée de Paris mais suis très loin d'y voir un chef-d'oeuvre)

Rappel: il est question ici du cinéaste pas de l'individu vieillissant à l'idéologie douteuse.

EDIT DE LA MODERATION:

Vous pouvez également consulter le topic dédié à L'auberge rouge (1951)
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Rien que pour avoir réalisé l'un des plus beaux chefs d'oeuvre du cinéma français, je ne peux que soutenir ce cinéaste : Douce est une pure merveille et tous les autres films tournés avec Odette Joyeux sont des enchantements.

L'affaire du courier de Lyon, Fric frac sont de bons divertissements dans les années 30

J'aime bien moi aussi L'auberge rouge et La traversée de paris sans pour autant en faire des chefs d'oeuvres non plus.
Pour l'anecdote, L'auberge rouge est le premier film ayant eu l'honneur de faire un papier dythirambique dans le N°1 de la revue Positif ;-)

J'aime aussi assez son adaptation de En cas de malheur de Simenon. La suite, il vaut mieux l'oublier mais je serais curieux de savoir ce que vaut son adaptation du "Lucien Leuwen" de Stendhal.

Pour "Douce", "Le mariage de Chiffon" et "Sylvie et le fantôme", j'estime très fort ce cinéaste ;-)
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Beule
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Message par Beule »

Jeremy Fox a écrit :La suite, il vaut mieux l'oublier mais je serais curieux de savoir ce que vaut son adaptation du "Lucien Leuwen" de Stendhal.
Pas vu non plus, mais dans les passionnants entretiens tenus avec Anne et Alain Riou, Jean Aurenche témoignait du fait que le spécialiste de Stendal, Del Litto, avait écrit une belle lettre de félicitations à Autant-Lara pour son adaptation télévisuelle. J'aimerais donc aussi découvrir cette mini série (même si l'adaptation du Rouge et le Noir m'était apparue bien étriquée).
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Beule a écrit :
Jeremy Fox a écrit :La suite, il vaut mieux l'oublier mais je serais curieux de savoir ce que vaut son adaptation du "Lucien Leuwen" de Stendhal.
Pas vu non plus, mais dans les passionnants entretiens tenus avec Anne et Alain Riou, Jean Aurenche témoignait du fait que le spécialiste de Stendal, Del Litto, avait écrit une belle lettre de félicitations à Autant-Lara pour son adaptation télévisuelle. J'aimerais donc aussi découvrir cette mini série (même si l'adaptation du Rouge et le Noir m'était apparue bien étriquée).
Oui, un peu étriquée mais j'avais oublié d'en parler, pas mauvaise du tout autant que je m'en souvienne.

Ca me donne envie de me replonger dans Stendhal moi tout ça ;-)
Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

Je ne connais rien de Autant-Lara mais la traversé de paris (étonnant) est un de mes films favoris (malgré le fait que je ne l'ai vu qu'une seule et unique fois). Je ne peut pas dire si oui ou non c'est un chef-d'oeuvre, mais pour moi c'est un film éblouissant et boulversant.
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Beule
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Message par Beule »

johndoe_df a écrit :Je ne connais rien de Autant-Lara mais la traversé de paris (étonnant) est un de mes films favoris (malgré le fait que je ne l'ai vu qu'une seule et unique fois). Je ne peut pas dire si oui ou non c'est un chef-d'oeuvre, mais pour moi c'est un film éblouissant et boulversant.
Je ne l'ai vu qu'une fois aussi et j'en attendais beaucoup au regard de sa réputation. Mais je trouve que cette traversée est dans son style et dans sa forme, trop calculée et trop lisse, et de fait, en dépit des performances d'acteurs, je reste assez impénétrable à la portée de cette fable acerbe et noire. :wink:
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Morgan
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Message par Morgan »

Il faut rappeler également le courageux "Tu ne tueras point" (ou l'objecteur) sorti en pleine guerre d'Algérie et interdit immédiatement. Après en vieillissant Autant Lara a mal choisi ses amis et ses causes ...
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Message par Swan »

Morgan a écrit :Il faut rappeler également le courageux "Tu ne tueras point" (ou l'objecteur) sorti en pleine guerre d'Algérie et interdit immédiatement. Après en vieillissant Autant Lara a mal choisi ses amis et ses causes ...
Je ne l'ai pas vu, mais je me souviens d'avoir vu Tavernier le citer à Gollnisch lors d'un numéro spécial de "Bouillon de Culture", en disant en gros "Regardez ce qu'à tourné votre pote Autant-Lara".

A part ça, j'en ai trop peu vu pour en parler, même si je conserve un bon souvenir de La Traversée de Paris et de Le Rouge et le Noir.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

daniel gregg a écrit :.

"LE MARIAGE DE CHIFFON" de Claude Autant Lara
Justement loue par Beule sur ce forum, ce film a l'allure gracieuse et noble possede les dialogues parmi les plus brillants et races du cinema francais!
Merci a Jean Aurenche ( deja auteur avec Pierre Bost mais aussi Autant Lara de l'insurpassable "DOUCE")dont je ne me lasserai jamais de recommander la passionante autobiographie editee aux editions Actes Sud/Institut Lumiere.
Les acteurs touches par la grace sont tellement naturels qu'on a le sentiment au bout de quelques minutes seulement de leur etre familier!(Odette Joyeux, Pierre Larquey, Robert Le Vigan...)
:
Entièrement d'acord, le pendant léger du sublime Douce et deux films mémorables, l'un de fraîcheur, l'autre de noirceur
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

LE BON DIEU SANS CONFESSION de Claude Autant-Lara (Direct 8 )

Un mélodrame poussif, parfois théatral, qui malgré sa structure en flashbacks n'évite pas l'ennui. Il a au moins le mérite d'inclure dans son intrigue la collaboration avec les nazis (point de vue business) et les dénonciation et règlements de compte à la libération. Mais le scénario n'en devient pas plus intéressant...
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

LA JUMENT VERTE de Claude Autant-Lara (TvBreizh)

Totale redécouverte de ce film vu il y a 15 ans environ. Je devais être très sage à l'époque car je ne me rappelais pas du tout ces élans sexuels qui parsèment le film. Farce, comédie paysanne, où fleure bon un esprit paillars très présent c'est souvent surprenant, notamment de voir Bourvil dans un rôle comme ça (et plus généralement devant un film aussi enlevé). Une bonne surprise.
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

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Tu ne tueras point, Claude Autant-Lara, 1961
Un film que j'étais curieux de découvrir depuis longtemps, conspué par la critique de l'époque, interdit par Malraux, et qui aurait du avoir un écho assez saisissant sur la jeunesse qui vivait alors en plein avec la guerre d'Algérie.

C'est l'histoire d'un jeune appellé, catholique, plus que sobrement joué par Laurent Terzieff, et qui refuse de servir l'Armée. S'il dit non à l'uniforme et au port d'armes, ce n'est pas juste dans l'espoir de se faire réformer. Il veut clairement dénoncer la guerre, quitte à finir ses jours en prison en tant qu'objecteur de conscience, une notion qui n'est alors pas tolérée par l'Etat. Par une mise en scène extrêmement sobre, dans un scope noir et blanc que je n'espérais pas aussi maîtrisé, Autant-Lara laisse chaque scène se développer le temps nécessaire, laissant beaucoup de place à la réthorique pour un véritable et passionnant débat d'idées sur la morale, la foi, le meurtre et le pardon. Ça se finit notamment sur une longue scène de procès qui s'efforce de faire le tour d'une question finalement bien complexe sans non plus trancher avec mauvaise foi.

Le risque était d'aboutir à un lourd pensum, or les dialogues d'Aurenche et Bost sonnent très juste. On a aussi bien droit à de pures scènes kafkaïennens sur l'entêtement absurde de Terzieff qu'à de vrais moments d'émotion, magnifiquement portés par Suzanne Flon, qui joue une mère à la fois compréhensive et déchirée. Le film est également traversé par de vrais instants de rage, qui en font un réquisitoire vraiment virulent contre la guerre mais aussi contre l'église. Et c'est sans doute en s'attaquant de front à ces deux tabous que le film connu la censure. Autant-Lara dénonce l'hypocrisie de l'Eglise qui a couvert tant de massacre et qui prétendrait aujourd'hui être contre la guerre. Le personnage de Terzieff finit par rejeter sa foi en disant que « si Dieu est vraiment contre la guerre, qu'il le dise une bonne fois pour toute, et qu'on l'entende ! »

Par un terrifiant flashback sur la débâcle allemande de 1944, le réalisateur montre le caractère bien atroce de l'assassinat, fut-il cautionné par des ordres militaires. Il s'attarde également sur les sordides conditions de détention en prison, l'attente des familles au parloir, les douches. Une superbe chanson d'Aznavour introduit les trois actes de ce film que j'ai trouvé vraiment très beau.
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Message par Tancrède »

Max Schreck a écrit : [...]Par une mise en scène extrêmement sobre, dans un scope noir et blanc que je n'espérais pas aussi maîtrisé, Autant-Lara
rappelons qu'il a été le premier à l'utiliser, en 1927.
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Message par Tancrède »

Tancrède a écrit :
Max Schreck a écrit : [...]Par une mise en scène extrêmement sobre, dans un scope noir et blanc que je n'espérais pas aussi maîtrisé, Autant-Lara
rappelons qu'il a été le premier à l'utiliser, en 1927.
http://www.larecherche.fr/special/comp/scope359.html
O'Malley
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Message par O'Malley »

Le blé en herbe de Claude Autant-Lara (1953)
Voilà un film qui a beau avoir fait scandale à l'époque mais qui apparaît terriblement daté aujourd'hui... Le film souffre d'une interprétation vieillotte tant d'Edwige Feuillère (dont le jeu ressemble à celui d'Orane Demazis :lol: ) que de Pierre-Michel Beck, peu crédible. Seule Nicole Berger tire honorablement son épingle du jeu mais si elle apparaît vite exaspérante dans son rôle d'adolescente épris d'idéalisme romantique.
Sinon, l'esprit de Colette est respecté. Si la mise en scène d'Autant-Lara est un peu lourde (vive les violons de Cloerec!) et souvent languissante, elle fait preuve quelque fois de tact et poésie. L'ouverture sur la plage est très réussie et on retrouve l'esprit acerbe du réalisateur. L'apparition de Louis de Funès (moins de trois minutes) est savoureuse.
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