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hellrick
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En ces temps frileux où la moindre parole sexiste prend des proportions effarantes il est rafraichissant de se plonger dans le machisme satisfait de la plus célèbre des sagas d’espionnage. Car si SAS c’est tout d’abord un personnage, le prince hongrois Malko Linge, autrement dit Son Altesse Sérénissime, SAS c’est également – et surtout - une institution du roman de gare francophone et de l’espionnage. Créé en 1965 par Gérard de Villiers qui écrivit deux cents aventures de son héros jusqu’en 2013, soit près de cinquante ans de bons et loyaux services à la cause d’une espionnite réactionnaire et globalement divertissante.

Que l’on aime (ou pas) le héros ou son controversé auteur, SAS A ISTANBUL reste une œuvre historique puisqu’il s’agit de la première aventure de Malko, lequel se voit défini comme un aristocrate désargenté acceptant de dangereuses missions afin d’amasser suffisamment de ressources monétaires pour restaurer son château décrépi. L’aristocrate aventurier possède un charme indéniable dont il use abondamment, à la manière de James Bond (si Malko fait plusieurs conquête la série n’a pas encore sombré dans le porno envahissant des titres ultérieurs et demeure sobre au rayon de l’érotisme) et une mémoire fabuleuse qui lui permet de retrouver facilement une information lue bien des années auparavant. Cette aptitude originale, elle aussi, sera rarement mentionnée par la suite. Dans cette première aventure, Malko n’est d’ailleurs pas vraiment un homme d’action, plutôt un stratège qui enquête, rassemble des faits, et laisse ses hommes de main accomplir le sale boulot. La série, là aussi, évoluera pour se conformer davantage aux normes du roman d’action / espionnage durant les décennies ultérieures où le prince fera le coup de poing à intervalles réguliers.

Avec SAS A ISTANBUL nous sommes encore en pleine guerre froide : après la destruction d’un sous-marin américain dans le détroit du Bosphore, un submersible non identifié est coulé en représailles. Peu après, le corps d’un marin russe est découvert sur la plage d’Izmir. Les services secrets de divers pays vont alors tenter de récupérer des documents compromettants. Une poignée de personnages jouent double jeu tandis que d’autres sont simplement éliminés au fil des pages, abattus par des agents rivaux. SAS Malko Linge débarque en Turquie pour enquêter sur cette affaire qui pourrait compromettre la paix mondiale.

Avec ses clichés mais aussi son rythme enlevé et son intrigue relativement complexe, SAS A ISTANBUL (un titre qui évoque immédiatement les longs-métrages d’espionnite de la fin des sixties) constitue un bon moyen de passer trois ou quatre heures de son temps. Le héros s’y révèle plutôt sympathique et attachant, loin de l’image du surhomme « sex machine » qu’il deviendra quelques années plus tard. De Villiers, pour sa part, évite les conventions et n’a pas encore sombré dans sa propre caricature à la manière des romans ultérieurs, plaisants mais bien trop mécaniques pour passionner : un quart d’ultra violence, un quart de sexe, un quart de péripéties façon guide du routard et un quart de considérations géopolitiques que ses détracteurs trouveront toujours « nauséabondes ».

Dans les limites de la littérature de gare, SAS A ISTANBUL fonctionne agréablement et s’appuie sur une écriture simple mais fluide et efficace, soucieuse de ne pas générer de temps morts mais, au contraire, de proposer des rebondissements et quelques touches humoristiques au sein d’un récit bien balancé. De quoi donner envie de poursuivre la lecture des titres ultérieurs, du moins ceux parus jusqu’à la fin des sixties, avant le grand basculement dans le sexe balisé et la violence outrancière.

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LE BATON ET LA CAROTTE d’Esparbec

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George Paillier, dit Esparbec, se définit comme le dernier des pornocrates, il s’assume en tant que véritable romancier porno et non pas « érotique », mot à la mode pour désigner de minables romances agrémentées de l’une ou l’autre scènes vaguement osées. George Paillier écrit depuis des années, publiant sous divers pseudonymes ou sous la bannière Esparbec des bouquins que ce soit chez Media1000 ou chez La Musardine.

L’histoire est classique : deux très jeunes filles pas si innocentes vont transformer un homme (évidemment consentant) en objet sexuel total. Pour cela elles ne vont pas y aller par quatre chemins et son éducation gentiment sale ce fera, notamment, à grands coups de bâton et de carotte dans le cul. Dès lors, nos deux gamines, emportées dans un grand tourbillon de perversions en tout genre, vont se déchainer sur notre pauvre (?) homme objet.

Pas la peine de prendre des gants avec Esparbec : pas de place pour la suggestion, le gentillet, l’érotisme chic ou le mommy porn vendu par paquet de dix (plus un gratuit) chez Carrefour. Esparbec s’en fiche et, osons le dire, il s’en bat les couilles. La crédibilité ou la psychologie des personnages ne l’intéressent pas davantage et, quelque part, il a sans doute raison, le sujet n’est pas là. Il préfère multiplier les scènes pornographiques bien déviantes, à la manière d’un explorateur de la perversion. S’il était cinéaste Esparbec ferait du hard crad, pas du porno classe, bref il serait plutôt Alain Payet que Francis Leroi.

Le porno de l’écrivain n’est pas nécessairement érotique d’ailleurs tant il va loin dans ses excès, certains passages pourront choquer ou rebuter le lecteur. C’est probablement voulu, le bonhomme n’ayant que faire des « zones de confort », en particuliers dans ce BATON ET LA CAROTTE ouvertement pédophile. Car Esparbec repousse les limites et joue des tabous (sadomasochisme, humiliations variées, viol, inceste, etc.). L’érotisme de bon goût n’a pas court chez lui et on imagine la tête d’une lectrice de 50 NUANCES DE GREY découvrant cette œuvre dont les héroïnes, âgées de 12 ans, démontrent une imagination débordante.

A vrai dire, LE BATON ET LA CAROTTE, comme tous les autres Esparbec apparemment (LA PHARMACIENNE y allait déjà franco) accumule les scènes crades (ne manquent d’ailleurs que les odeurs) écrites avec un véritable style, quelque part entre la description gynécologique la plus crue et une certaine préciosité héritée des romans clandestins d’antan.

Cru, déviant mais aussi empreint d’un humour au second degré fort plaisant, d’un côté Vaudeville cochon appréciable et d’une énergie impressionnante, la littérature d’Esparbec s’inscrit dans la tradition des romans pornos de Sade ou Apollinaire, à la manière des 120 JOURS DE SODOME ou des ONZE MILLE VERGES. Sans se soucier du politiquement correct et des rigueurs d’une censure qui aimerait cadenasser jusqu’aux fantasmes, l’écrivain se permet toutes les audaces et toutes les transgressions. En ces temps de retour du puritain, du féminisme agressif et des outragés de tous bord, la littérature d’Esparbec se révèle, quoiqu’on en dise, bien plus nécessaire que les best-sellers bien-pensants ayant droits à une belle couverture médiatique.

Même si on n’en lira pas tous les jours (il faut avouer que le bouquin s’avère un poil – de cul – répétitif), Esparbec démontre que la pornographie pure et dure a toujours droit de citer malgré Youporn. Et qu’elle peut être divertissante et amusante à lire.

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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

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Vachtement bien. Le bouquin ne se résume pas à son seul postulat (des scientifiques qui tentent de percer le langage des dauphins), il est aussi étonnant dans son style. Merle y multiplie en effet les formats de texte, passant de gros blocs de paragraphes où pensées, dialogues et descriptions fusionnent, à des simples lignes dialoguées issues d'enregistrements. Ça alterne ainsi entre la froideur militaro-scientifique et une vraie sensibilité dans l'introspection, avec des personnages forts et complexes. L'arrière-plan politique est très présent (le bouquin date de la fin des années 60 et est marqué par la guerre froide et l'intervention américaine au Vietnam). Bref, c'est passionnant, et même parfois émouvant. Paraît que le film que Mike Nichols en a tiré est raté, et c'est bien dommage parce qu'il y avait vraiment matière pour une fable intelligente.

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Trouvé dans une boîte à troc, et ce ne fut pas une pioche particulièrement heureuse. C'est de la SF postapo dont la seule (mais vraie) originalité est son cadre, à savoir Moscou et son réseau de transport souterrain. Ici, chaque station est devenue une sorte de territoire autonome, où survit laborieusement une population parano. L'auteur se débrouille plutôt bien pour faire exister ce petit monde, chaque microsociété ayant ses particularités. Mais il faut qu'en plus de ça il rallonge la sauce avec, entre autres, des zombies, des mutants, des néonazis. En soi, ça pourrait être fun, sauf que l'humour est ici absent, et qu'on est même pas dans une veine bis. Le plus aberrant étant le fait que ce roman déjà longuet (800 pages), s'est vu prolongé par 2 AUTRES PUTAINS DE TOMES ! Alors que je ne vois vraiment pas ce qui pouvait s'y trouver encore développé.
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Je trouvais l'idée rigolote, mais je vais passer mon chemin
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Message par rodoliv »

Max Schreck a écrit :Image
Vachtement bien. Le bouquin ne se résume pas à son seul postulat (des scientifiques qui tentent de percer le langage des dauphins), il est aussi étonnant dans son style. Merle y multiplie en effet les formats de texte, passant de gros blocs de paragraphes où pensées, dialogues et descriptions fusionnent, à des simples lignes dialoguées issues d'enregistrements. Ça alterne ainsi entre la froideur militaro-scientifique et une vraie sensibilité dans l'introspection, avec des personnages forts et complexes. L'arrière-plan politique est très présent (le bouquin date de la fin des années 60 et est marqué par la guerre froide et l'intervention américaine au Vietnam). Bref, c'est passionnant, et même parfois émouvant. Paraît que le film que Mike Nichols en a tiré est raté, et c'est bien dommage parce qu'il y avait vraiment matière pour une fable intelligente.

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Trouvé dans une boîte à troc, et ce ne fut pas une pioche particulièrement heureuse. C'est de la SF postapo dont la seule (mais vraie) originalité est son cadre, à savoir Moscou et son réseau de transport souterrain. Ici, chaque station est devenue une sorte de territoire autonome, où survit laborieusement une population parano. L'auteur se débrouille plutôt bien pour faire exister ce petit monde, chaque microsociété ayant ses particularités. Mais il faut qu'en plus de ça il rallonge la sauce avec, entre autres, des zombies, des mutants, des néonazis. En soi, ça pourrait être fun, sauf que l'humour est ici absent, et qu'on est même pas dans une veine bis. Le plus aberrant étant le fait que ce roman déjà longuet (800 pages), s'est vu prolongé par 2 AUTRES PUTAINS DE TOMES ! Alors que je ne vois vraiment pas ce qui pouvait s'y trouver encore développé.
tout pareil, j'avais bien aimé le Robert Merle, en revanche, Metro 2033, je ne me souviens même plus si j'en suis venu à bout où si c'est un des rares bouquins que j'ai arrêté de lire en cours.
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Message par Max Schreck »

Rockatansky a écrit :Je trouvais l'idée rigolote, mais je vais passer mon chemin
C'est vraiment trop longuet. Ça se rattrape un peu sur la fin, avec quelques bonnes idées et une écriture qui s'améliore. Mais j'étais vraiment content d'en finir.
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Message par Addis-Abeba »

rodoliv a écrit :
Max Schreck a écrit :Image
Vachtement bien. Le bouquin ne se résume pas à son seul postulat (des scientifiques qui tentent de percer le langage des dauphins), il est aussi étonnant dans son style. Merle y multiplie en effet les formats de texte, passant de gros blocs de paragraphes où pensées, dialogues et descriptions fusionnent, à des simples lignes dialoguées issues d'enregistrements. Ça alterne ainsi entre la froideur militaro-scientifique et une vraie sensibilité dans l'introspection, avec des personnages forts et complexes. L'arrière-plan politique est très présent (le bouquin date de la fin des années 60 et est marqué par la guerre froide et l'intervention américaine au Vietnam). Bref, c'est passionnant, et même parfois émouvant. Paraît que le film que Mike Nichols en a tiré est raté, et c'est bien dommage parce qu'il y avait vraiment matière pour une fable intelligente.

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Trouvé dans une boîte à troc, et ce ne fut pas une pioche particulièrement heureuse. C'est de la SF postapo dont la seule (mais vraie) originalité est son cadre, à savoir Moscou et son réseau de transport souterrain. Ici, chaque station est devenue une sorte de territoire autonome, où survit laborieusement une population parano. L'auteur se débrouille plutôt bien pour faire exister ce petit monde, chaque microsociété ayant ses particularités. Mais il faut qu'en plus de ça il rallonge la sauce avec, entre autres, des zombies, des mutants, des néonazis. En soi, ça pourrait être fun, sauf que l'humour est ici absent, et qu'on est même pas dans une veine bis. Le plus aberrant étant le fait que ce roman déjà longuet (800 pages), s'est vu prolongé par 2 AUTRES PUTAINS DE TOMES ! Alors que je ne vois vraiment pas ce qui pouvait s'y trouver encore développé.
tout pareil, j'avais bien aimé le Robert Merle, en revanche, Metro 2033, je ne me souviens même plus si j'en suis venu à bout où si c'est un des rares bouquins que j'ai arrêté de lire en cours.

Deux jeux vidéo sont adapté de cet univers, Metro 2033 et Metro last light, un troisième arrive bientôt.

Sinon pour moi en ce moment:

Les chants de la terre lointaine de Arthur C Clarke et Walhalla de Graham Masterton.
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Message par hellrick »

LE MYSTERE DE L’ALLUMETTE

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Dans cette nouvelle enquête, Ellery Queen occupe, durant une partie du récit, une place secondaire. Une grande partie de l’intrigue se déroule en effet lors d’un procès aux nombreux rebondissements qu’aurait sans doute aimé plaider Perry Mason.

Le roman débute assez rapidement par le meurtre de Joe Wilson, un vendeur itinérant désargenté vivant à Philadelphie en compagnie de sa jeune épouse Lucy. Cependant, il apparait rapidement que Joe avait une double identité puisqu’il était également connu sous le nom de Joseph Kent Gimball, un new-yorkais marié à une femme très riche. Son corps a été découvert dans une modeste cabane, surnommée la « maison à mi route » où l’homme changeait d’identité pour dissimuler sa bigamie. Le frère de Lucy, un vieil ami d’Ellery Queen, se charge de défende sa sœur, accusée du meurtre et héritière d’un million de dollars tandis que l’accusation sème le doute dans le jury, de plus en plus convaincu de la culpabilité de Lucy. A partir d’indices en apparence aussi insignifiants que le nombre d’allumettes consumées présentes sur la scène du crime, Ellery Queen enquête pour identifier le véritable coupable.

Ecrit en 1936, le roman (aussi connu sous les titres UNE MAISON DANS LA NUIT et LA MAISON A MI ROUTE) marque, selon les spécialistes, un changement de style pour Ellery Queen (l’auteur aussi bien que le personnage) lequel s’éloigne des énigmes excessivement complexes des 9 premiers romans signés par les cousins Dannay et Lee. Le titre, par exemple, ne comporte plus d’allusion à un pays contrairement aux précédents basés, du moins dans leur version originale, sur un objet assorti d’une localisation géographique suivit de la mention « mystery » comme « The French Powder Mystery » ou « The Egyptian Cross Mystery ». Une pratique reprise durant toute la première moitié des années ’30.
Par la suite le détective s’éloigne de la pure « machine » de déduction pour devenir plus humain tandis que les auteurs développent davantage son background personnel au lieu de se concentrer uniquement sur la complexité de l’intrigue. LE MYSTERE DE L’ALLUMETTE apparait ainsi, rétrospectivement, comme une œuvre charnière dans laquelle, en outre, le père d’Ellery, l’inspecteur Queen, n’intervient pas.

On retrouve cependant le traditionnel « défi au lecteur » (une pause dans le déroulement du roman ou, en théorie, le lecteur dispose de tous les éléments nécessaires à la résolution du mystère) peu avant qu’Ellery n’énumère les neuf preuves l’ayant conduit à identifier l’assassin. Certaines traduisent d’ailleurs l’époque à laquelle le roman fut écrit et feront aujourd’hui sourires puisqu’elles témoignent d’un temps où une femme ne pouvait fumer la pipe ou le cigare et encore moins sortir de chez elle sans son bâton de rouge à lèvres.
Plus abordable que les précédents romans de Queen (parfois excessivement tarabiscoté), LE MYSTERE DE L’ALLUMETTE développe une intrigue aisée à suivre mais cependant palpitante, notamment par le style très vivant et efficace du (des) romancier(s). Si l’identité du criminel n’est pas franchement surprenante, la manière dont le détective l’identifie, à partir de neuf indices paraissant sans importance, fonctionne de belle manière et démontre l’ingéniosité de l’écrivain. Du beau boulot pour les amateurs de whodunit à l’ancienne.


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Message par hellrick »

Hautement conseillé à ceux qui aiment le polar, le thriller, le whodunit, la science-fiction et les récits "catastrophes"...Bref hautement conseillé!!!

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Concord, une petite ville du New Hampshire sans histoire et au taux de criminalité très faible. Du moins jusqu’il y a quelque mois. Car, depuis, des scientifiques ont découvert un astéroïde de six kilomètres de diamètre surnommé Maia. Au début, personne ne s’en est réellement préoccupé. Une collision semblait totalement improbable. Une malchance sur plusieurs milliers. Puis sur plusieurs centaines. Puis une chance sur deux. Et, finalement, une certitude : l’impact aura bien lieu. Maia et la Terre vont se percuter. Pour une moitié de la planète ce sera l’anéantissement immédiat. Pour l’autre moitié ? Difficile à dire. Sans doute une mort lente après un retour à la barbarie. Alors certains se suicident, d’autres plaquent tout pour aller réaliser leurs rêves, d’autres construisent d’illusoires abris, achètent des armes pour survivre dans un hypothétique et très incertain « après ». Les sectes fleurissent, les geeks refont les calculs pour prouver que la collision n’aura pas lieu et le Pakistan se promet d’atomiser le gros caillou. Saint Bruce Willis, priez pour nous ! Et, bien sûr, le prix de la nourriture s’envole. Mais pas autant que celui des drogues. Néanmoins, une fois l’information assimilée, la population continue, globalement, à vivre et à poursuivre ses activités en attendant la fin du monde, prévue pour dans six mois.

« Les gens, dans l’ensemble, vaquent simplement à leurs affaires. Ils vont au boulot, s’assoient à leur bureau, espèrent que la boîte sera toujours là lundi prochain. Ils vont au supermarché, poussent leur chariot, espèrent qu’il y aura à manger dans les rayons aujourd’hui. Retrouvent leur chérie à l’heure du déjeuner pour aller acheter une glace. D’accord, bien sûr, certains ont choisi de mettre fin à leurs jours, et d’autres d’aller réaliser leurs rêves, d’autres encore cherchent partout de la drogue ou se baladent la bite à l’air ».

Hank Palace, jeune policier récemment promu inspecteur décide, pour sa part, de continuer son boulot. Ainsi il entame une enquête sur un geek, Peter Zell, venu se pendre dans les toilettes d’un McDo. Une affaire des plus banale, un simple suicide de plus et ceux-ci commencent à être nombreux. Pourtant, quelque chose chiffonne Hank. Serait-ce un crime maquillé en suicide ? Et qui prendrait la peine d’effectuer une telle mise en scène sachant que, dans une demi-année, toute la population aura péri ? Hank s’accroche, il veut une certitude, malgré l’avis de ses collègues ou celui du légiste. Il ira jusqu’au bout même si tout le monde s’en fout.

Avec ce premier tome d’une trilogie « pré apocalyptique », Ben H. Winters livre un excellent compromis entre le roman policier et la science-fiction. Bien sûr, la fusion des deux genres a déjà donné lieu à de belles réussites comme FACE AUX FEUX DU SOLEIL d’Asimov, BLADE RUNNER de Dick ou, plus récemment, CARBONE MODIFIE de Richard Morgan ou la saga « Greg Mandel » de Peter Hamilton. Toutefois, l’idée de Ben H. Winters se montre particulièrement originale puisqu’il suit un inspecteur obstiné bien décidé à résoudre ce qui pourrait bien constituer « le dernier meurtre avant la fin du monde ».

Sur un rythme alerte (les 330 pages ne laissent guère le temps de souffler), l’écrivain propose une très efficace enquête policière, entre mystère (de type whodunit) classique et polar de série noire avec son détective désabusé (sachant que l’humanité est condamnée à brève échéance difficile de ne pas l’être) et sa narration à la première personne, le tout dans une ambiance science-fictionnelle de fin du monde annoncée fort intéressante et réaliste.

Si certains se laissent aller à leurs penchants ou plaquent leur boulot pour aller peindre des nus en Provence, une certaine civilisation – en pleine déliquescence – subsiste : la plupart des gens vivent simplement leur vie, avec leurs considérations quotidiennes, à la recherche de nourriture ou d’argent pour payer le loyer. Parallèlement, les moyens de communications s’écroulent, Internet disparait et, pour les employés (de moins en moins nombreux) qui continuent à travailler, le papier et la ligne fixe ont repris leur droit face aux ordinateurs et aux téléphones portables. Pour les vendeurs d’assurance-vie c’est la catastrophe mais pour d’autres la vie continue, surtout depuis qu’on sait qu’il n’y aura aucune conséquence à long terme pour ses actes. Attention, toutefois, la police se montre particulièrement sévère et les infractions vous conduisent tout droit en prison pour six mois. Autrement dit, aucune chance d’en sortir vivant.

Roman aussi original que bien mené, DERNIER MEURTRE AVANT LA FIN DU MONDE, ponctué d’un soupçon d’humour noir bienvenu et de quelques références en guise de clins d’œil habilement placés, se révèle une grande réussite. Vivement conseillé en attendant la suite !


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Message par poet77 »

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Le western au cinéma m’enchante et me passionne depuis mes plus jeunes années et je le redécouvre avec grand intérêt grâce aux nombreux films à présent disponibles en DVD ou en Blu-Ray. Par contre, ce n’est que depuis relativement peu d’années que je me suis mis à lire des westerns sous forme de romans, livres qui d’ailleurs, pour la plupart d’entre eux, ont été adaptés au cinéma. La suite de romans de Larry McMurtry connue sous le titre générique de « Lonesome Dove » a fait l’objet, elle, d’une mini série télévisée de grande qualité dirigée par Simon Wincer et diffusée pour la première fois en 1989 (elle a été éditée en DVD par Koba Films).
Comme l’indique le sous-titre (« Lonesome Dove : les origines »), en voici le récit initial. Une aventure typique du western mais écrite avec tellement de talent qu’on en reste très impressionné. Comme bien d’autres auteurs de westerns, Larry McMurtry est un écrivain bourré de qualités : son écriture est juste, précise, intense, envoûtante. On ne lâche pas un livre comme celui-ci avant de l’avoir fini, même si ce qu’il raconte est terrible.
Car des épreuves et de la violence, il y en a à foison dans ce roman qui raconte l’incroyable odyssée d’une troupe de rangers chargée, dans un premier temps, d’ouvrir une route pour les diligences à l’ouest du Pecos puis, dans un deuxième temps, de traverser les territoires hostiles du Texas dans le but de reprendre aux Mexicains la ville de Santa Fe. Or, la réalité, c’est que cette troupe n’est pas le moins du monde préparée à l’épreuve qu’elle doit subir et que rares sont ceux qui en survivront.
Tout le roman, ou presque, ne raconte qu’une suite de tribulations de toutes sortes. Car il s’agit de supporter non seulement les rigueurs de contrées désertiques (l’hiver dans le désert du Nouveau Mexique y est décrit de manière terrifiante), mais encore de supporter la soif et la faim, les attaques d’ours et, bien sûr, celles des Indiens et, en particulier, des Comanches menés par le terrifiant chef bossu Buffalo Hump.
Tout n’est-il que sauvagerie et souffrance ? Pas totalement, non. Larry McMutry prend bien soin de caractériser ses personnages au point que plusieurs d’entre eux deviennent extrêmement familiers au lecteur. Bien qu’ils soient loin d’être des modèles de vertu, impossible de ne pas s’attacher à eux et , en particulier, à deux d’entre eux, les jeunes rangers Augustus McCrae (dit Gus) et Woodrow Call. Leur histoire est effrayante tout en laissant place à des plages d’humour et à de nombreuses surprises. La rencontre avec les Mexicains, tant redoutée, ne se passe pas tout à fait comme prévu, par exemple. Quand deux troupes ennemies font face aux mêmes dangers, la défiance peut même laisser place à un peu de fraternité. Mais ce sont les dernières pages du roman qui restent les plus étonnantes : les quelques rangers et Mexicains ayant survécu à tous les périls y font la rencontre la plus improbable qui soit et l’affrontement final avec les Indiens, lui, se déroule de la manière la plus inouïe.
9/10
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Message par hellrick »

MEURTRE AU VESTIAIRE
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Publié en 1940, ce roman constitue la septième aventure du détective Nero Wolfe, créé par Rex Stout, qui en écrira bien d’autres (33 romans et 41 novellas en tout).

L’intrigue débute à la veille de la seconde guerre mondiale par l’arrivée de la jeune Carla Lovchen, accompagnée de son amie Neya Tormic, chez Nero Wolfe. Toutes deux sont originaires du Monténégro. Carla est accusée d’avoir volé des diamants dans l’école d’escrime où elle travaille et souhaite que Nero la disculpe. Elle affirme également être la fille adoptive du détective, perdue de vue depuis une vingtaine d’années. De son côté, Archie Goodwin part enquêter et doit, en outre, découvrir l’assassin d’un banquier tué d’un coup d’épée. Archie découvre ainsi qu’un col de mort, autrement dit un petit ustensile servant à rendre inoffensive les armes utilisées lors des leçons d’escrime, a été volé, ce qui a permis l’accomplissement du crime.

Comme souvent avec ce genre de roman, l’impression générale oscille entre les passages datés et d’autres surannés, distinction subtile puisque les premiers sont un brin ennuyeux tandis que les seconds possèdent un charme indéniable. Evidemment, les relations entre le pédant Nero et son assistant Archie confèrent tout le sel nécessaire à une intrigue complexe, voire embrouillée, impliquant les problématiques politiques des Balkans dans les mois précédents la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, tout cela n’est pas toujours très passionnant et, en dépit d’une caractérisation sympathique qui change des standards habituels (agoraphobe, misogyne, maniaque, buveur de bière invétéré, etc.), Nero Wolfe parait peu crédible dans sa manière de mener une enquête sans quitter son chez lui et en s’interrompant pour s’occuper de ses fameuses orchidées. Bien sûr ce sont ces caractéristiques qui plaisent aux amateurs du détective mais on peut aussi les considérer comme agaçantes.

Les révélations en cascade et la découverte du mystère manquent également d’intérêt tant le tout semble à la fois forcé et invraisemblable. Si Nero résout le crime, sa manière de parvenir à la vérité n’est guère rigoureuse. Nous sommes loin d’une construction narrative exemplaire et, en bref, la solution proposée n’en est qu’une parmi d’autres possibles, tout reposant sur des impressions et des déductions sans qu’une réelle preuve ne soit avancée.
Si les inconditionnels du « golden age » devrait y trouver leur compte, au moins par curiosité envers un auteur et un détective célébré, MEURTRE AU VESTIAIRE échoue à s’élever au-dessus d’un simple divertissement quelque peu poussiéreux, voir ennuyeux. La seconde partie du roman, qui devrait logiquement être la plus palpitante, s’avère d’ailleurs pesante au point qu’on est pressé d’en terminer.

Les fans de Nero Wolf ne seront évidemment pas d’accord mais, pour ma part, cette première rencontre avec l’Homme aux orchidées ne fut guère convaincante et pourrait bien être la dernière.


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Message par Rashomon »

Rex Stout est un auteur culte dans les pays anglo-saxons, aux Etats-Unis surtout, mais je n'ai jamais été convaincu non plus, et pour les mêmes raisons que toi. Pour moi Stout est un écrivain "à formule" comme Erle Stanley Gardner, et je les associe souvent dans mon esprit, même si Stout écrit incomparablement mieux.
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hellrick
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Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

Rashomon a écrit : Pour moi Stout est un écrivain "à formule" comme Erle Stanley Gardner, et je les associe souvent dans mon esprit, même si Stout écrit incomparablement mieux.
Par contre des 4 ou 5 Erle Stanley Gardner que j'ai lu ils étaient incomparablement plus divertissants, j'ai d'ailleurs repris deux gros volumes des enquêtes de Perry Mason car j'y trouve mon content :wink:
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Rockatansky
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Re: Vos dernières lectures

Message par Rockatansky »

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Je suis Pilgrim - Terry Hayes

Un très grand roman, mélange de polar, d'espionnage, de terrorisme, par le scénariste de Mad Max II, y a pas de secret.
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rodoliv
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Re: Vos dernières lectures

Message par rodoliv »

Rockatansky a écrit :Image
Je suis Pilgrim - Terry Hayes

Un très grand roman, mélange de polar, d'espionnage, de terrorisme, par le scénariste de Mad Max II, y a pas de secret.
Effectivement, un des meilleurs romans que j'ai lu de ce genre ces dernières années.
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