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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Jack Griffin a écrit :Beloved - Toni Morrison, 1988

Récit fantastique dans lequel j'ai eu un peu de mal à rentrer. Je soupçonne la traduction d'être en partie responsable tant l'écriture peine à restituer de façon fluide le parler afro-américain. Le livre baigne dans d'incessantes réminiscences ce qui le rend d'autant plus difficile d'approche mais le récit de cet infanticide et de ce deuil impossible finit par traduire avec élégance la réalité de l'esclavage dans toute sa violence.
Après 2 tentatives qui ne m'ont guère mené au-delà de la 100e page, j'ai préféré laisser tomber définitivement. :?
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cinéfile
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Message par cinéfile »

The Eye Of Doom a écrit :
Max Schreck a écrit :Image
(ça se voit pas forcément ici mais en vrai, les visuels de ces couvertures sont honteusement pixelisés comme si Babel était parti d'un jpg tout pourri)
Alors oui il y a des passages saisissants, et j'ai abordé ce texte avec l'intimidation du lecteur devant ce qu'il estime l'aboutissement d'une œuvre, le dernier roman d'un auteur qui m'a toujours comblé. Ça fait en tout dans les 1200 pages, et cette longueur m'a semblé totalement injustifiée, mettant à plusieurs reprises ma patience à l'épreuve. Mais je me suis acharné.

Markowicz a beau défendre la fidélité au texte, j'en viens à croire que Dosto a été laissé ici plus que jamais en totale roue libre et a livré un manuscrit laissé à l'état de premier jet. Chez un Céline, la loggorhée verbale est constitutive du style. Ici ça fait qu'on se retrouve incapable de suivre des personnages balançant sans arrêt d'un extrême à l'autre. Entre hypocrisie, aveuglement et mensonge, leur indécision est portée à un tel paroxysme qu'ils en deviennent insupportables, capables de penser tout et son contraire dans la même. J'ose écrire que j'ai trouvé la construction du récit pesante, presque théâtrale, avec le dialogue pour seul moteur à la narration. Sans tenir compte des digressions, l'action des 800 premières pages semble ramassée sur une poignée de jours, ce qui pourrait relever de la prouesse. Sauf que les personnages ne cessent de se croiser d'heure en heure comme si la ville n'était constituée que d'une rue et trois maisons. Et je me demande à quoi peut bien ressembler l'adaptation qu'Hollywood en a tiré ?
.
Je n'ai jamais pu aller au bout.
Tout à fait en phase avec ta proposition. On as l'impression que le texte a été écrit d'un jet et est livre tel quel.
Il faut un effort certain pour rentrer dans cette intrigue qui n'existe que grâce aux personnages écorchés vif qui la porte ( de mémoire). Le lyrisme l'emporte par moment, ce qui a fait que j'ai tenu environ 800 pages. Au 1er tiers du tome deux, une énieme disgression a eu raison de mon courage.
Je n'ai lu que l'Idiot, dans la version du meme traducteur. Pas facile non plus mais c'était plus construit et/ou soutenu dans la progression. (J'ai bien aimé la version de Kurosawa, découverte après).
Si tu as un autre livre à conseiller, je ferais peut être une nouvelle tentative.
J'ai l'impression que Dostoievski est un ecrivain pour ado.
Il faut etre jeune, fébrile et exalté pour apprécier.
Quant à moi, je n'ai lu Dostoïevski qu'à travers les traductions de Markowicz et je dois dire que je suis maintenant attaché à cette approche.

J'ai adoré Crimes et Châtiment pour sa choralité, sa justesse psychologique et la dimension théâtrale m'a semblé totalement appropriée pour le coup.

Pour le reste,

Le Joueur : très bon, mon premier de l'auteur et franchement je le conseillerais pour démarrer
L'Eternel Mari : déception (mais j'en attendant trop je pense)
Le Double : pas aimé
Dernière modification par cinéfile le 28 janv. 19, 20:11, modifié 1 fois.
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poet77
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Message par poet77 »

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C’est un bonheur que de se passer du temps en compagnie de Franz Schubert et de ses compositions quelle que soit la saison, mais s’il en est une qui lui convient davantage, c’est assurément l’hiver. Non pas uniquement parce qu’on lui doit « Le Voyage d’Hiver », l’un des plus beaux et des plus émouvants cycles de lieder qui soient, mais aussi parce que, comme l’écrit Olivier Bellamy au terme de son ouvrage, « l’hiver est le temps faible, donc le plus mystérieux, le plus fragile, celui qui renferme un secret qui, une fois déployé, va bouleverser le monde » (p. 190). Or tout cela, mystère, fragilité, émotion, convient parfaitement au compositeur de la « Symphonie Inachevée ».
Schubert est, de tous les grands compositeurs, celui qui s’accorde le mieux avec l’âme des gens simples. Il ne subjugue pas comme Beethoven, il n’ébranle pas comme Schumann, on peut facilement imaginer faire partie du cercle de ses amis et l’écouter dévoiler par sa musique quelque chose du secret de son intimité. Car si ses compositions sont, en quelque sorte, accessibles à tous, si elles parlent au cœur de tous, elles n’en sont pas moins profondes et énigmatiques comme l’âme humaine. Le bel ouvrage d’Olivier Bellamy, composé de courts chapitres explorant les multiples approches de l’homme et de ses œuvres, peut aider, sans nul doute, à entrevoir un peu plus le secret du cœur de Schubert et, du même coup, à écouter d’une oreille un peu plus éduquée son impressionnant catalogue.
Car il serait dommage, comme on le fait souvent quand il est question de ce compositeur, de ne citer que « La Truite », « L’Inachevée », « L’Ave Maria » et, peut-être, « Le Roi des Aulnes », alors que, quelle que courte qu’ait été la vie de Schubert (il est mort en 1828 à l’âge de 31 ans), il n’en est pas moins l’auteur d’un millier d’œuvres. Un millier d’œuvres, je le répète, composée sur une durée de 19 ans à peine ! Il y a de quoi explorer et explorer encore, car beaucoup des compositions de Schubert sont de toute beauté.
Pour les écouter d’une oreille avisée, pour en saisir la délicatesse, pour en sonder les profondeurs, il faut s’arrêter, prendre le temps, y revenir et y revenir encore, car on ne se lasse pas de la compagnie de cet homme. Quand on le connaît mal ou superficiellement, on l’imagine tel un compositeur spécialiste en légèreté (à cause de « La Truite » peut-être !), alors que la musique de Schubert est tout imprégnée de douleur. La légèreté n’est précisément là, dans sa musique, que pour voiler d’un rideau de pudeur les marques de la souffrance. Car, comme l’écrit fort justement Olivier Bellamy, « aimer, c’est souffrir. Souffrir, c’est aimer. ».
La mort est omniprésente chez Schubert, mais chaque fois qu’elle apparaît, elle est intimement liée à l’amour, comme dans « La Jeune Fille et la Mort ». Eros et Thanatos, toujours indissociables. La conséquence, c’est que « la mort n’a rien d’effrayant, elle fait partie de la vie » (p. 51). Et les thèmes musicaux de Schubert « donnent l’impression de pleurer et de rire en même temps » (p. 44). En fait, comme l’explique fort bien Olivier Bellamy, il y a, chez Schubert, quelque chose d’un enfant. Une grâce de l’enfance qui l’a probablement sauvé du désespoir. « Même quand sa musique parle de la mort, il reste ingénu. Il pose à son sujet des questions d’enfant » (p. 63). Une grâce qu’il puise aussi dans sa foi simple mais intense, lui pour qui, très justement, « l’amour de Dieu et des hommes ne fait qu’un » (p. 80).
Tout cela n’empêche pas Schubert d’être un homme aux multiples facettes qu’il est difficile de faire connaître dans leur intégrité, la part de mystère restant, comme il se doit, non négligeable. Ce qui est sûr, c’est que, tout grand compositeur qu’il est, il n’est pas imbu de sa personne, pas même conscient, probablement, de son propre génie (sauf, peut-être, quand il a trop bu, ce qui est, faut-il l’avouer, assez fréquent). Car Schubert, tout en étant réservé, voire timide, n’aime rien tant que la compagnie de ses amis. C’est pour eux qu’il compose et joue ses œuvres (lors des fameuses « schubertiades »), c’est avec eux aussi qu’il passe nombre de ses soirées à boire et à discuter, sa langue se déliant sous l’effet de l’alcool.
Schubert est de bonne compagnie, il peut compter sur la fidélité de ses amis. Fort heureusement d’ailleurs car, de notoriété ou de reconnaissance, il n’en connaît qu’à l’extrême fin de sa vie. Sa ville de Vienne « ne voulait pas de lui, comme si elle l’ignorait » (p. 109), « Vienne où la musique est reine et où les musiciens vivent en martyrs » (p. 112) ! Une ville qu’il ne quitte cependant que rarement, tout en y vivant, par la force des choses (du fait, entre autres, de sa pauvreté), comme un vagabond obligé d’aller de lieu en lieu, sans rien posséder, sans jamais avoir de maison à lui. « Je coule… Je ne coule pas, je m’élève », dit Schubert à la fin du film d’Ingmar Bergman, « En présence d’un clown » (1997), rappelle Olivier Bellamy (p. 101). D’un point de vue matériel, tout va mal dans la vie du compositeur, mais, du point de vue de l’esprit, il « ne cesse de monter vers le Ciel ».
Dans son ouvrage, Olivier Bellamy ne craint pas de faire des rapprochements qui paraîtront peut-être déplacés aux puristes. Ne faisant pas partie de ceux-ci, j’ai, au contraire, apprécié cette liberté qui permet à l’écrivain non seulement d’évoquer la figure de Proust, mais aussi celles de quelques-uns de meilleurs artistes de la chanson. Ainsi Olivier Bellamy associe-t-il Charles Trenet à Mozart, Léo Ferré à Beethoven, Jacques Brel à Robert Schumann et, enfin, Brassens et Barbara à Schubert (pp. 174-175). Mais il est une alliance qu’il n’a pas entrevue et qui m’est fortement apparue pendant ma lecture : c’est celle qui unit, nonobstant les barrières de temps et d’espace, Schubert et Charlot. Mais oui, Charlot, l’éternel vagabond sans feu ni lieu qui ne supporte pas le malheur d’autrui au point de retourner ciel et terre pour mettre de la lumière dans les coeurs qui en sont privés. Charlot, vêtu de haillons, qui recueille le Kid ou qui se démène pour secourir la jeune fleuriste aveugle des « Lumières de la Ville » (1931), chef d’œuvre des chefs d’œuvre ! Oui, sans nul doute, Charlot et Schubert vont bien ensemble !
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Message par Bogus »

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Oblomov d'Ivan Gontcharov

Oblomov passe (gâche) sa vie en robe de chambre dans son salon de saint-pétersbourg. Plus que de la paresse c'est la peur de vivre qui immobilise notre héros. Son meilleur ami, le volontaire Stolz, et la douce Olga parviendront-ils a le sortir de sa léthargie?

L'un des plus beau roman que j'ai lu, l'un de ceux qui m'aura procuré le plus d'émotions à sa lecture.
Avec un humour constant, c'est touchant, poétique, sensuel, profond.
D'ordinaire les histoires d'amour dans les grands classiques me laissent froid à de rares exceptions près mais j'ai ici été totalement embarqué.
Une oeuvre absolument magnifique.

NB: Evitez la 4eme de couverture de folio qui spoile pas mal, même si ça ne m'a pas gâché le plaisir de la lecture
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Message par Max Schreck »

Bogus a écrit :Image
Oblomov d'Ivan Gontcharov

Oblomov passe (gâche) sa vie en robe de chambre dans son salon de saint-pétersbourg. Plus que de la paresse c'est la peur de vivre qui immobilise notre héros. Son meilleur ami, le volontaire Stolz, et la douce Olga parviendront-ils a le sortir de sa léthargie?

L'un des plus beau roman que j'ai lu, l'un de ceux qui m'aura procuré le plus d'émotions à sa lecture.
Avec un humour constant, c'est touchant, poétique, sensuel, profond.
D'ordinaire les histoires d'amour dans les grands classiques me laissent froid à de rares exceptions près mais j'ai ici été totalement embarqué.
Une oeuvre absolument magnifique.

NB: Evitez la 4eme de couverture de folio qui spoile pas mal, même si ça ne m'a pas gâché le plaisir de la lecture
A moins que tu n'aimes pas voir les adaptations de romans qui t'ont plus, je recommande le film qu'en a tiré Mikhalkov, magnifique.
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C'est noté!
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Message par Max Schreck »

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C'est l'un de tous derniers romans de l'auteur qui me restait à lire (manque encore La Moustache mais j'ai au moins vu le film). Roman issu de sa première période où Carrère surexploite avec virtuosité l'art romanesque. Il se livre ici à une sorte de mise à nue assez jubilatoire des ressorts de la fiction, prenant comme point de départ l'écriture du Frankenstein de Shelley. Bravoure se révèle progressivement comme une sorte de poupée russe, où les récits sont enchassés en un jeux de miroir de plus en plus vertigineux. On cesse bientôt d'essayer de relier les fils pour se laisser perdre avec délice dans les circonvolutions des histoires. Loin de se résumer à un jeu littéraire gratuit, le bouquin ravit aussi par cette précision de l'écriture qui permet à Carrère de broder sur des petits détails, de plonger dans les interrogations intimes de personnages au bord de la folie. Extraordinaire.

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Toujours aussi fasciné par la vie et l'œuvre de ce groupe, digne des meilleurs soap opera, j'ai eu la curiosité de m'intéresser à ce bouquin tout récent. L'ouvrage n'est pas épais, et le connaisseur n'apprendra pas forcément grand chose. On pourrait aussi rester sur sa faim du fait que le format du livre n'autorise pas de trop s'étendre sur l'aspect musical. Néanmoins, c'est documenté, l'auteur connaît son sujet, et ça se lit très agréablement. Dans la bibliographie des Beach boys, j'ai surtout repéré un autre bouquin également français consacré à Smile et qui a l'air bien dodu, sur lequel il faudra que je me penche (aux géniales éditions Le Mot et le reste).

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Témoignagne de première main non seulement sur la carrière, mais surtout sur l'art du compositeur. Contrairement à ce qu'indique le titre, il ne s'agit ni de mémoires, ni d'une biographie, mais d'un recueil d'entretien entre deux compositeurs. La discussion peut ainsi voler assez haut, et pour les musicologues ça doit être assez inespéré d'avoir accès à des développements aussi pointus sur la technique d'écriture d'un génie, avec commentaires de partitions. L'occasion pour eux de pas mal s'attarder sur ses compositions de musique dite "absolue" c'est-à-dire hors musique de film. Le livre est évidemment riche en anecdotes, portraits et commentaires sur telle ou telle œuvre. Le plus touchant c'est surtout de constater que malgré la prestige auquel est parvenu Morricone, l'artiste semble conserver une modestie et un respect pour les réalisateurs au service desquels il s'est mis, et qu'à ce jour encore il met dans son art la même passion (il se montre particulièrement fier de ses toutes dernières compositions, notamment pour Tornatore). Et forcément, ça donne envie de réécouter avec une oreille enrichie certaines œuvres qu'on aurait trop rapidement survolé.
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Re: Vos dernières lectures

Message par Max Schreck »

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Un narrateur amnésique suite à un AVC, bouquiniste de profession, retourne dans la vieille demeure familiale, et retrouve progressivement sa mémoire en explorant le grenier. En gros, c'est un prétexte évident pour l'auteur pour dérouler un catalogue qui pourrait presque être exhaustif de toute la littérature populaire qui a nourri son enfance et sa jeunesse, et fondé sa personne. Le roman est richement illustré de vieilles publications, magazines, bandes dessinées, pochettes de disque. Un peu longuet lorsqu'il s'agit de références vraiment trop anciennes ou confidentielles, et l'auteur est un peu trop souvent en roue libre à multiplier les citations et les élans poétiques, du fait du cerveau un peu dérangé de son protagoniste. Mais ça devient passionnant surtout lorsqu'Eco fait ressurgir des souvenirs que je veux bien croire authentique de l'Italie de Mussollini et de la Seconde guerre mondiale.


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C'est pas mauvais, mais je lui ferai un peu le même reproche que j'avais fait à un précédent roman de Priest, La Séparation. Jouant sur les réalités parallèles et l'uchronie, Priest laisse espérer qu'au final tout finira par avoir un sens, et les pièces du puzzle s'assembler. C'est clairement ce qui motivait ma lecture, l'espoir de voir surgir une cohérence. Sauf que rien n'est finalement résolu, et même si chaque épisode est en soi fascinant, ça donne à l'arrivée l'impression d'un exercice purement gratuit, où il s'agissait juste de s'amuser à créer des échos d'une histoire à l'autre, aussi bien entre les faits qu'entre les personnages. J'imagine que c'était bien là l'ambition de Priest, que de jouer une nouvelle fois à l'illusionniste, mais je me suis davantage senti blousé qu'agréablement séduit.



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Sans le faire exprès (je m'efforce toujours d'en savoir le moins possible sur les livres que j'aborde), je me suis retrouvé à enchaîner plein de romans évoquant la Seconde guerre mondiale, et j'en finirais presque par tout mélanger. C'est sans doute pas le meilleur Chabon que j'aurais lu, la faute à une narration qui cherche exprès la confusion, alternant d'un paragraphe à l'autre les époques. En gros, l'auteur y raconte la vie de ses grands-parents qu'il ne nomme jamais par leur nom (grand-père ingénieur qui suivra à la marge la conquête spatiale et l'héritage de Von Braun, et grand-mère française rescapée des camps de la mort). La folie n'est jamais loin, et Chabon joue sans arrêt avec la notion de vérité, laissant penser qu'il compose une authentique biographie tout en assumant l'invention romanesque lorsque ça lui convient. C'est souvent touchant, voire très émouvant lorsqu'on commence à avoir une vue d'ensemble de ces destins, et le style de l'écrivain est toujours aussi jubilatoire. C'est vraiment cette construction éclatée qui m'a un peu tenu à distance.
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hellrick
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Message par hellrick »

gnome a écrit :Tu pourras faire un petit retour sur Le guide Lovecraft ?
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LE GUIDE LOVECRAFT
Comme tous les bouquins de cette collection, ce GUIDE s’impose rapidement comme un incontournable pour les novices mais aussi pour ceux qui connaissent bien le sujet et désirent en apprendre davantage. Seuls les « encyclopédies vivantes » n’y apprendront pas grand-chose mais même eux pourraient se laisser séduire par une présentation sympathique qui, en deux cent pages, cerne agréablement l’univers de HPL. Le livre n’ayant pas l’ambition de l’exhaustivité (« il ne se veut pas un ouvrage d’érudition approfondi et complet » nous apprend la préface) inutile de relever l’absence de tel livre, de tel épigone de HPL, de tel film ou de tel obscur disque inspiré par Cthulhu. Toutefois, LE GUIDE LOVECRAFT réussit son pari d’aborder toutes les thématiques associées à Lovecraft : on commence par une courte (mais suffisante) biographie d’une dizaine de pages (évidemment nous sommes loin d’une somme comme le récent JE SUIS PROVIDENCE mais le grand public en apprendra suffisamment quitte à se tourner ensuite vers des biographies plus fouillées) accompagnée d’une quinzaine de pages supplémentaires revenant sur les diverses idées reçues ayant fait de l’écrivain un (au choix) reclus initié mystique raciste dépressif excentrique. Ce qu’il n’était pas, du moins pas autant que certains l’ont ensuite prétendu au point de forger à Lovecraft une véritable « légende noire » qui s’accordait (un peu trop) bien avec ses écrits.
Le point central du GUIDE reste toutefois l’œuvre elle-même, qui occupe plus de 120 pages : les différents genres abordés (essais, nouvelles, lettres, poèmes,…), un chapitre sur les « 20 textes à lire » qui ne se veut pas un best of mais plutôt un panorama diversifié des thèmes abordés par l’écrivain, allant de la fantasy inspirée par Lord Dunsany à l’horreur à la Edgar Poe en passant par la science-fiction, l’humour, la poésie, le gore de RE-ANIMATOR et, au final, les « Grands Textes consacrés aux Grands Anciens ».
Le GUIDE y ajoute dix suggestions de lecture supplémentaires comme par exemple son LIVRE DE RAISON (catalogue d’idées à exploiter et de conseils pour les écrivains novices), son essai EPOUVANTE ET SURNATUREL EN LITTÉRATURE, son cycle poétique FUNGI DE YUGGOTH et, enfin, quatre « collaborations » qui assurèrent son maigre salaire à un Lovecraft chargé de réviser les textes de ses collègues. Chaque notice (en moyenne de deux pages) précise le moment de rédaction du texte, l’édition la plus célèbre et la plus récente, résume l’intrigue, apporte un éclairage court mais pertinent et se termine par quelques pistes de lecture supplémentaire. Là encore, les incollables auraient aimés que le GUIDE aille plus loin mais la majorité y puisera de quoi découvrir Lovecraft.
Le GUIDE analyse ensuite les clichés « lovecraftiens », ceux que l’on retrouve effectivement dans les textes et d’autres qui, souvent, ne s’y trouvent pas mais ont été assimilés comme tels par le lecteur, souvent sur base d’écrits apocryphes plus ou moins légitimes. D’ailleurs, les successeurs de HPL sont ensuite envisagés, que ce soit le « premier cercle » (Clark Asthon Smith, Robert Bloch, Lin Carter,…), le « second » (Brian Lumley, Ramsey Campbell,…) et les plus modernes (Kij Johnson, Karim Berrouka). Un univers en expansion.
Le chapitre suivant quitte les livres pour brosser un tableau certes schématique mais intéressant des influences d’HPL dans les films, la musique, les jeux de rôles, etc. Là encore, les pistes proposées sont suffisamment nombreuses pour susciter l’envie du lecteur d’en explorer une partie.
Enfin, avant une courte conclusion, LE GUIDE nous offre un amusant lexique lovecraftien qui nous permettra de pouvoir replacer (via une définition et une citation) quelques mots aussi peu usités que polypeux, atavique, cacodémoniaque, fongoïde, Georgien, gibbeux, imposte, non euclidien, etc. Original et bien pensé.
Bref, ce GUIDE LOVECRAFT constitue un résumé instructif et très plaisant qui donne envie de lire ou de relire HPL. En ce sens il a parfaitement réussi sa mission.

http://hellrick.over-blog.com/2019/06/l ... thill.html
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Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

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Voici une novella de science-fiction multi primée, premier volume d’une saga, par une auteur oeuvrant habituellement dans la Fantasy.
Un androïde de sécurité de genre indéterminé (on n’échappe pas au ridicule « iel », heureusement utilisé avec parcimonie… toutefois lire cette stupidité d’écriture inclusive donne déjà envie de refermer le livre) se révolte et nous suivons ses aventures, racontées à la première personne, entre visionnage de séries télévisées et missions de sécurité. Bref, une intrigue classique, pour ne pas dire simple que Martha Wells saupoudre de considérations sur l’éveil à la conscience de son / sa « robot tueur » (en réalité la chose est en partie composée de matériel biologique cloné et se définit elle-même du bien trouvé « AssaSynth »). Après avoir accédé à 35 000 heures de divertissement humain sous forme de musique, séries, livres, films, etc., notre AssaSynth accède à « l’humanité » et entretient dès lors des rapports ambigus avec les humains.
L’ensemble a plu et a récolté une tripotée de prix (Hugo, Nebula, Locus) dans la catégorie du « roman court ». Pourtant, rien de tout cela ne s’avère franchement original. BLADE RUNNER (le livre et plus encore le film), l’excellent DES LARMES SOUS LA PLUIE (inspiré du précédent), les animés « Ghost in the Shell », le récent LE RGEARD de Ken Liu, voire l’émouvant classique L’HOMME BICENTENAIRE d’Asimov (et d’autres récits sur les robots) et bien d’autres ont abordés ces thématiques tout aussi finement, voire de manière bien plus intéressante.
Que reste t’il à apprécier dans ce court roman? Certainement pas l’univers, très classique avec son mélange de politique fiction à tendance sociale typique du (post ?) cyberpunk : compagnies toutes puissantes, hybrides de robots et d’humains, etc. Les contraintes de pagination empêchent l’auteur de développer ce monde pour se focaliser sur l’intrigue proprement dite. Cette dernière reprend le modèle du thriller d’action / polar hard boiled / espionnage typique d’une littérature de l’imaginaire post William Gibson. Le style, lui, n’a rien de remarquable, ni en bien ni en mal, il s’avère tout à fait correct et permet une lecture rapide : en effet, en dépit d’un récit pas franchement passionnant, ces 150 pages sans aspérité se lisent sans trop d’ennui. On peut cependant reprocher le ton froid, voire plat, utilisé par Martha Wells mais celui-ci s’explique par la narration effectuée par un être artificiel.
En résumé, DEFAILLANCES SYSTEMES m’a semblé banal et, sans être désagréable, ce roman court ne propose rien de suffisamment original ou mémorable pour s’élever au-dessus d’une honnête moyenne. La dernière partie, pourtant plus axée sur l’action, m’a même semblé pénible. Bref, j’avais hâte d’en terminer, ce qui, pour un bouquin aussi court, se montre problématique.
Dès lors la pluie de prix récoltés outre Atlantique laisse rêveur. A moins d’estimer qu’un personnage principal « gender fluid » sous la plume d’une écrivaine soit suffisamment dans l’air du temps « politiquement correct » pour avoir convaincu un large public.
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Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

BOB MORANE Vs L’OMBRE JAUNE : DOUBLE DOSE D’AVENTURES d'Henri Vernes
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L’HERITAGE DE L’OMBRE JAUNE
Se replonger dans un Bob Morane passé quarante ans c’est l’assurance de retrouver une partie de son adolescence. En effet, ce qui est bien avec Bob Morane c'est l’assurance d’y retrouver toutes les conventions (les mauvaises langues disent clichés mais ils ne savent pas ce qu’ils perdent! ) du roman d'aventures : complot diabolique, super-méchant développant une étrange relation de respect / aversion pour son adversaire, intrigues farfelues qui dérapent régulièrement dans le fantastique, belle demoiselle mystérieuse, inventions délirantes détaillées avec un luxe de détail qui les rendraient presque crédibles, etc. Ajoutez à cela un cliffhanger toutes les quinze pages (soit une montée d'adrénaline typique de la littérature populaire qui conclut chaque chapitre afin de donner envie de voir ou lire la suite) et un rythme soutenu qui maintient l’attention et vous obtenez tous les ingrédients nécessaires à un vrai divertissement sans temps morts capable de vous dépayser pour deux bonnes heures par une chaude après-midi d’été. Bien sûr, n'espérez pas y trouvez de réflexions philosophiques pointues mais ne méprisons pas la littérature d’évasion, souvent plus intéressante et sympathique que certaines briques indigestes pondues par des auteurs en vue. Alors que ces derniers croient proposer de l'art en diluant leur récit sur des centaines de pages où ils ne se passent strictement rien Henri Vernes nous donne du rythme et de l’action. Que se passerait-il si l’héroïque Bob Morane entrait en possession des ressources de son terrible ennemi Mr Ming, dit l’Ombre Jaune ? Pour le savoir il suffit de se replonger dans cette centaine de pages rapidement lues qui procure un plaisir instantané, légal et sans risque. Alors pourquoi se priver ?

LES GUERRIERS DE L’OMBRE JAUNE

Bob Morane, l’Ombre Jaune,…Que dire de plus? Cette histoire on l’a déjà lu dix, vingt, trente fois (selon son degré de “finitude” envers l’Aventurier. Et pourtant on prend encore plaisir à suivre, durant deux heures, les démêlées de Bob et de Monsieur Ming. Ce-dernier dispose cette fois d’une nouvelle armée de guerriers, des combattants atteints d’une maladie mortelle jadis cryogénisés. A présent « décongelés » et guéris ils viennent grossir les rangs des suppôts de l’Ombre Jaune.
Capturés, Bob et Bill sont promis à un sort similaire après un lavage de cerveau mais l’intervention opportune de Tania permet à nos héros de triompher de leur éternelle Nemesis.
Henri Vernes anticipe ici la mode des « zombies » en lançant des êtres ressuscités et fanatisés aux trousses de notre héros. La première partie, faite de mystère et d’un siège en règle de la demeure où Bob et Bill se sont réfugiés reste la plus prenante. La suite se montre plus convenue : Mr Ming explique son plan, ne supprime pas nos héros (ce serait trop facile) et finit par être vaincu…du moins provisoirement.
Rien de bien neuf mais un petit bouquin sympathique et enlevé qui permet de se détendre durant deux heures.

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Rashomon
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Re: Vos dernières lectures

Message par Rashomon »

hellrick a écrit : Dès lors la pluie de prix récoltés outre Atlantique laisse rêveur. A moins d’estimer qu’un personnage principal « gender fluid » sous la plume d’une écrivaine soit suffisamment dans l’air du temps « politiquement correct » pour avoir convaincu un large public.
Poser la question, c'est déjà y répondre. Je suis de loin en loin l'actualité de la SF anglo-saxonne et il semble que le message et le messager comptent à présent plus que le texte lui-même, surtout quand il s'agit de décerner les prix. Le Hugo et le Nebula pratiquent ainsi une politique "inclusive" qui privilégie les auteurs issus de minorités, ce qui pourrait renouveler le genre mais aboutit surtout à des rentes de situation (N.J. Kamesin qui remporte le Hugo pratiquement chaque année) ou à primer des oeuvres pas folichonnes mais "dans le vent" comme celle dont tu parles dans ta chronique. C'est un peu bizarre, assez agaçant et franchement inquiétant pour l'avenir, d'autant que le polar s'y met aussi (voir les résultats des Edgars 2018 et 2019)
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Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

Rashomon a écrit : Poser la question, c'est déjà y répondre. Je suis de loin en loin l'actualité de la SF anglo-saxonne et il semble que le message et le messager comptent à présent plus que le texte lui-même, surtout quand il s'agit de décerner les prix.)
Samuel Delany (à cent coudée au dessus des lauréats récents du Hugo) avait dit quelque chose là dessus, je ne sais plus les mots exacts mais l'idée c'était qu'aujourd'hui il pourrait se demander si on le primait poru son talent ou parce qu'il est noir et gay...Bref.

Pour Jemisin j'ai essayé la 5ème saison j'ai abandonné... je tenterais quand même La Trilogie de l'Héritage...

Sinon on reste dans le "gender fluid":

CONTES DE LA FEE VERTE de POPPY Z. BRITE

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Les nouvelles de Poppy Z. Brite tournent souvent autour des mêmes thématiques : perversions, homosexualité débridée, violence, glauque, gothisme, noirceur, sadomasochisme… Si elle / il recourt aux créatures légendaires de la bit-lit (vampires en tête), Poppy préfère jouer la carte de l’horreur extrême, pas question donc de se laisser aller à un romantisme malvenu ou à décrire les dessous de dentelles de ses héroïnes. On y retrouve, à chaque fois, un mélange d’exotisme poisseux qui pue la sueur rance, le sexe et la mort (avec pour décor la Nouvelle Orléans ou Calcutta) et d’érotisme hard. Bien sûr, toutes ses nouvelles ne sont pas également réussies mais cette appréciation est, de toutes façons, purement personnelle. Pour ma part j’en ai apprécié certaines tandis que d’autres m’ont laissé dubitatif.

« Anges » et ses siamois incomplets depuis leur séparation (une sorte de variation sur le thème du très gore long-métrage « Basket Case ») constitue une belle réussite. On en retrouve les protagonistes dans la plus quelconque « Prise de tête à New York ».
« Sa bouche aura le goût de la fée verte » constitue un hommage à un classique de Lovecraft, « le molosse », revisité de manière bien plus brutal et (homo)érotique.
La courte « Xénophobie » et l’étrange « musique en option pour voix et piano » s’avèrent également intéressantes mais la plus percutante des histoires reste sans doute « La sixième sentinelle ». Une histoire d’amour avec corps putréfié, jeune gothique strip teaseuse et suicidaire, fantôme aux desseins pervers,…
La très brutale « Paternité » et la nauséeuse « Calcutta, seigneur des nerfs” fonctionnent agréablement dans leur regirstre, la seconde ne racontant pas grand chose mais bénéficiant d’une belle ambiance grâce à des phrases aussi radicales et bizarrement poétiques que celle-ci: "Le monde est une putain et Calcutta est sa chatte. Quand le monde s'accroupit et écarte les jambes, c'est Calcutta que l'on découvre, ce sexe moite d'où s'élèvent mille odeurs aussi exquises que nauséabondes."

Encore une fois nous ne sommes pas chez Harlequin comme en témoigne cet autre court extrait : « Nous attachions leurs poignets et leurs chevilles avec des dentelles noires, nous lubrifiions et pénétrions leurs moindres orifices, nous leur procurions des plaisirs qui leur faisaient honte. Je me souviens de Félicia, une beauté aux cheveux mauves, qui parvint à un orgasme sanglotant, sauvage, grâce à la langue râpeuse d'un chien errant ».

Cependant, on peut se lasser de la similitude des thèmes abordés et des obsessions de Poppy Z. Brite, de son attrait pour les homos gothiques sado masos plus ou moins tarés ou de ses fins ouvertes qui laissent un goût d’inachevé. On peut néanmoins apprécier la qualité de sa plume, qui oscille entre un fantastique poétique à l’ancienne et une méticulosité dans les descriptions croustillantes n’ayant rien à envier aux plus violents pornocrates. Bref, une série de nouvelles enivrantes comme un grand verre d’absinthe qui devraient satisfaire les amateurs d’horreur érotiques loin de la mièvrerie de bien des auteurs actuels du fantastique. Et ce en dépit d’une poignée de textes pas vraiment convaincants.

Ce recueil, originellement publié en 1993, reste donc une bonne porte d’entrée dans l’univers de Poppy Z. Brite. Les curieux iront ensuite s’abreuver de SANG D’ENCRE et AMES PERDUES, les plus pervers apprécieront ses deux anthologies EROS VAMPIRE et les plus endurcis tenteront LE CORPS EXQUIS, sans doute un des romans les plus « jusqu’au boutiste » de ces dernières décennies.

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Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

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Petit livre au petit format mais contenu dense et intéressant pour cette chronique de la vie de Brando, sorte de biographie fragmentaire qui survole certains épisodes clés de la star. En seize chapitre l’auteur nous raconte l’ascension de Brando, sa période de gloire planétaire où il est considéré comme le meilleur acteur du monde puis sa chute et ses sursauts des seventies (avec bien sûr « Le parrain » et « Apocalypse Now »). On découvre une personnalité contradictoire qui donne parfois l’impression d’être continuellement en représentation, on explore l’homme caché derrière le mythe envahissant. Un individu parfois lucide (notamment sur sa célébrité forcément éphémère), curieux, grand lecteur mais aussi manipulateur et infernal avec ses partenaires de jeunes ou ses metteurs en scène.
Le livre revient donc sur ses tics et excès qui le rendirent insupportable à bien des réalisateurs, on évoque ainsi l’excellent « Les mutinés du Bounty » devenu une vraie mutinerie de la part de l’égocentrique comédien. On continue sur ses apparitions purement vénales, sur son engagement pour les Afro-américains et les Indiens, sur ses tragédies familiales répétées (avec ses enfants Christian et Cheyenne), sur sa bisexualité débridée.
Epoque Metoo oblige le livre traite du cas du soporifique « Dernier Tango » et de sa scène de viol plus ou moins simulée imaginée par Brando et Bertolucci qui conduisit l’actrice Maria Schneider à la dépression. On évoque aussi l’anecdote amusante (mais fantasmée) de son road-trip post 11 septembre avec Michael Jackson et Liz Taylor. Trop beau pour être vrai…on aimerait donc y croire.
Au final un petit livre très plaisant et rythmé qui cerne suffisamment son sujet sans se disperser en considérations biographiques (que l’on réservera aux inconditionnels). Entre anecdotes, rumeurs démenties, citations et repères chronologiques, voici un beau portrait d’un monument du cinéma.
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Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

L’EPEE ENCHANTEE

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Situé dans le vaste univers de Ténébreuse (qui compte des dizaines de romans), cette intrigue suit Andrew Carr, terrien échoué et perdu sur cette planète qui possède le « laran », un don de télépathie “brut” lui permettant de communiquer avec Callista, prisonnière des Hommes Chats. Immédiatement amoureux de la captive, notre héros se lance à la recherche de la jeune fille en compagnie de Damon Ridenow.
Voici un court roman objectivement assez faible mais cependant de lecture plaisante. Ramassée sur 220 pages, l’histoire convoque tous les ingrédients de la (science) Fantasy avec son épée enchantée, sa princesse captive, son héros amoureux,… On y trouve aussi beaucoup de mièvrerie pseudo romantique (ah ce héros qui tombe immédiatement en pamoison devant une inconnue vue en « rêve »), quelques bonnes idées (un bretteur paralysé utilise un homme valide comme « marionnette » afin de guider son bras durant les combats), d’autres intéressantes mais inexploitées (les Hommes Chats se contentent d’apparaitre pour contrarier le héros mais ne possèdent aucun background),…
L’EPEE ENCHANTEE a aujourd’hui vieilli mais s’est également recouvert d’une patine sympathique qui en rend la lecture agréable en dépit de ses nombreux défauts. Tout cela est assez bavard et plutôt mou (très peu d’action et les rares combats sont rapidement expédiés) mais l’ensemble fonctionne toutefois pour les lecteurs indulgents et donne envie de poursuivre l’exploration de cette immense saga. C’est le principal.
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