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The Eye Of Doom
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Message par The Eye Of Doom »

hellrick a écrit : t Un King « bon mais sans plus ». On en attend davantage de l’auteur phare du fantastique et de l’épouvante.
Je crois que cela fait bien 25 ans que je n'attends plus rien que King (et en fait que je ne le lis plus). La derniere fois que j'ai essayé c'etait Coeurs perdus en Atlantis : j'ai pas pu depasser la moitié...
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Message par hellrick »

The Eye Of Doom a écrit :
hellrick a écrit : t Un King « bon mais sans plus ». On en attend davantage de l’auteur phare du fantastique et de l’épouvante.
Je crois que cela fait bien 25 ans que je n'attends plus rien que King (et en fait que je ne le lis plus). La derniere fois que j'ai essayé c'etait Coeurs perdus en Atlantis : j'ai pas pu depasser la moitié...
J'ai appris à lire avec le King, vers 8 ans (Shining m'a un peu traumatisé d'aller dans ma salle de bain d'ailleurs :mrgreen: ), et pendant un temps je lisais tout de lui...puis je l'ai délaissé...
J'ai fait un long break avec le King suite à plusieurs déceptions (comme Roadmaster et Désolation que j'ai abandonné) puis j'y suis revenu, il y a des ratés (Tom Gordon), des semi réussites (Revival)...comme tous les écrivains en fait.
Mais il peut toujours être excellent, notamment avec Mr Mercedes qui était très bon du début à la fin. Son bouquin sur Kennedy aussi était formidable, 1200 pages et pourtant passionnant.
Et de manière générale ses recueils de nouvelles (comme Nuits noires) sont de très haute qualité.
Maintenant je ne lis plus tout, seulement ceux dont le pitch me plait et ceux dont je n'ai pas trop d'avis négatifs (Sleeping beauties est apparemment assez chiant donc je vais passer en attendant Outsider)
Et pour ma part un livre "bon mais sans plus" c'est déjà pas si mal :wink:
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Message par Commissaire Juve »

Ben moi, en ce moment, je relis "La Terre" (Zola). Je me suis gâché le plaisir en allant vérifier un truc à la fin, mais je continue quand même. Juste avant, j'avais relu "Mme Bovary". Mais, pour être honnête, ce sont des lectures "intéressées" ; j'en ai besoin pour le boulot.

Sinon, René Maizeroy, assez décevant au bout du compte.
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Message par The Eye Of Doom »

hellrick a écrit :
The Eye Of Doom a écrit : Je crois que cela fait bien 25 ans que je n'attends plus rien que King (et en fait que je ne le lis plus). La derniere fois que j'ai essayé c'etait Coeurs perdus en Atlantis : j'ai pas pu depasser la moitié...
J'ai appris à lire avec le King, vers 8 ans (Shining m'a un peu traumatisé d'aller dans ma salle de bain d'ailleurs :mrgreen: ), et pendant un temps je lisais tout de lui...puis je l'ai délaissé...
J'ai fait un long break avec le King suite à plusieurs déceptions (comme Roadmaster et Désolation que j'ai abandonné) puis j'y suis revenu, il y a des ratés (Tom Gordon), des semi réussites (Revival)...comme tous les écrivains en fait.
Mais il peut toujours être excellent, notamment avec Mr Mercedes qui était très bon du début à la fin. Son bouquin sur Kennedy aussi était formidable, 1200 pages et pourtant passionnant.
Et de manière générale ses recueils de nouvelles (comme Nuits noires) sont de très haute qualité.
Maintenant je ne lis plus tout, seulement ceux dont le pitch me plait et ceux dont je n'ai pas trop d'avis négatifs (Sleeping beauties est apparemment assez chiant donc je vais passer en attendant Outsider)
Et pour ma part un livre "bon mais sans plus" c'est déjà pas si mal :wink:
Merci pour ces commentaires
Je vais peut être essayer Mr Mercedes ou le truc sur Kennedy comme tu les conseille.
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Message par hellrick »

Un petit tour à la gare après la bombe?

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Dix ans se sont écoulés depuis l’apocalypse…Nul ne sait si ce sont les Russes, les Américains ou d’autres qui ont tirés les premiers et, aujourd’hui, tout le monde s’en fiche, le monde n’est plus qu’un amas de cendres…Dans la nouvelle capitale des USA quelques hommes tentent de reconstruire un semblant de civilisation. Un jour les militaires détectent d’étranges signaux dans un code indéchiffrable et manifestement non humain. Norton, le meilleur agent de ce monde à l’agonie, et son pilote chevronné, Robinson, partent explorer la zone dévastée.

Cinquième roman de la série, signé du pseudonyme collectif de Terence Corman, est le premier à ne pas être supervisé par Richard D. Nolane. Le style s’en ressent d’ailleurs puisque le bouquin s’avère bien plus soft que les précédents. Si le tout débute par une scène d’horreur impressionnante la suite se montre timorée et verse dans les clichés de la SF de série B (ou Z) avec ces robots tueurs (les hommes d’acier du titre) devenus autonomes et capables de s’auto générer, capturant des humains pour greffer leur cerveau sur leur corps mécanique. Ces hybrides, proches des Daleks, visent évidemment à la conquête mondiale mais on besoin, pour cela, de leur « Mom », leur créatrice.

LES HOMMES D’ACIER constitue un petit roman de gare acceptable mais peu mémorable dans une veine post nuke déjà très fréquentée (notamment par la série littéraire LE SURVIVANT et tous les succédanés fauchés de « Mad Max » et autre « New York 1997 »). Mutants cannibales affamés, créatures également mutantes (ici des araignées des sables) qui attaquent les héros, robots détraqués, lien télépathique inexplicable entre une jeune fille et le fiston du principal protagoniste condamné à vivre sous une bulle d’atmosphère protégée,…

Rien de neuf, que du classique, saupoudré d’une touche d’humour (les robots se baptisent d’après des pièces de bagnoles et en réclament de nouvelles inlassablement en dépit de la destruction du monde) et d’une pincée de gore (mais finalement cet élément est très secondaire). L’érotisme, pour sa part, est absent…Bref, la série prend une autre direction après les premiers volumes beaucoup plus rentre-dedans qui s’inscrivaient dans la tradition de la collection « Gore ». Ici nous sommes plus volontiers sur le territoire du « Fleuve Noir anticipation ». Un bouquin surement vite écrit et tout aussi vite lu (en deux heures c’est bouclé). Pas désagréable mais aussitôt oublié.

http://hellrick.over-blog.com/2018/06/l ... orman.html
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Message par hellrick »

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Père fondateur du space opéra, Edmund Hamilton (1904 - 1977) s’est fait connaitre avec diverses sagas cosmiques comme LES LOUPS DES ETOILES ou LES ROIS DES ETOILES. Il travailla également pour DC Comics, écrivant pour Superman, ce qui se ressent dans sa création la plus fameuse, le Capitaine Future, lequel s’inspire à la fois de l’Homme d’Acier (et de Batman) et des héros pulp comme Doc Savage.
Nous sommes dans un lointain avenir (1990 !) et un couple de scientifiques, les Newton, s’établit sur la lune pour éviter que leurs inventions ne tombent entre de mauvaises mains. Malheureusement, les savants sont assassinés par un politicien corrompu. Leur unique enfant, Curt Newton, sera élevé sur la lune par le robot Grag, l’androïde Otho et le Cerveau vivant Simon Wright. Développant ses capacités, le jeune homme décide de lutter contre le crime et prend le pseudonyme de Capitaine Future. Chez nous il sera davantage connu sous le sobriquet de Capitaine Flam popularisé par les dessins animés des années ’70.
« Tous les habitants du système solaire connaissaient le nom du Capitaine Futur, l’ennemi déclaré du mal et des malfaiteurs ».
Voici un justicier inflexible et incorruptible typique du pulp, avec toutes les qualités requises pour protéger la terre de ses ennemis. En effet, le dernier souhait de sa mère était qu’il « combatte ceux qui utilisent les pouvoirs de la science à des fins maléfiques ». Cependant, Capitaine Future garde le choix : « défendre l’humanité contre les exploiteurs ou chercher le bonheur au gré d’une vie paisible ». Bien évidemment Curt Newton choisit « d’écraser les criminels et de préserver la civilisation des neuf mondes ».
Se voulant « scientifiquement crédible » à l’époque, CAPITAINE FUTUR fera aujourd’hui sourire avec ses dispositifs anti gravité, ses rayons fulgurants, ses gadgets qui rendent invisibles ou immatériels, sans oublier ses descriptions très fantaisistes des neuf planètes du système solaire. Pourtant, tout cela reste très plaisant et divertissant. C’est écrit de manière simple mais cela fonctionne à la manière d’un serial, avec une action échevelée qui ne s’embarrasse pas de subtilité ou de descriptions laborieuses : priorité à l’aventure et au merveilleux.
En dépit de son incroyable naïveté, de son manichéisme suranné (le héros n’a pas le moindre défaut, ses ennemis doivent être anéanti sans la moindre hésitation), ce premier volume (une quinzaine suivront) procure beaucoup de plaisir aux nostalgiques. Du space opéra divertissant, sans le côté parfois pesant des grandes sagas actuelles (qui, en dépit de leurs qualités littéraires plus évidentes et de leurs personnages plus travaillés reposent sur des schémas narratifs similaires). Bref, un bon moment.
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Message par hellrick »

2010 ODYSSEE 2
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Avec cette suite tardive (près de vingt ans se sont écoulés) au roman (et surtout au film puisque l’auteur se base – étonnamment - sur ce-dernier et non pas sur sa version littéraire légèrement différente et surtout fort occultée), Arthur C. Clarke nous ramène dans les étoiles pour un nouveau contact avec les extra-terrestres.

En 2010, le docteur Heywood Floyd, à bord du vaisseau spatial russe Leonov, file vers Jupiter dans le but de rejoindre le Discovery afin de remettre en état l’ordinateur Hal 9000, responsable de l’échec de la mission précédente. Floyd et ses collègues doivent également étudier un immense artefact alien, réplique gigantesque du fameux monolithe noir découvert sur la lune neuf ans auparavant. Mais un événement cosmique d’une ampleur sans précédent s’apprête à avoir lieu…

Plus classique, plus linéaire et conforme aux attentes des lecteurs férus d’explorations spatiales que le précédent volet, 2010 ODYSSEE 2 se montre également – et logiquement – plus explicatif sur les événements décrits. Au risque, parfois, de se montrer ennuyeux, notamment lors du très descriptif chapitre consacré au retour de l’enfant des étoiles Dave Bowman. Clarke reprend également des théories classiques (celle, par exemple, des « Ingénieurs » venus ensemencer la Terre, idée reprise ensuite dans le film « Prometheus ») et les développe avec une certaine lourdeur.

Le premier roman apparaissait déjà plus explicatif que sa version cinématographique aussi n’était-il sans doute pas nécessaire d’en reprendre de longs passages et d’y ajouter encore une nouvelle couche d’éclaircissements. Le lecteur est ainsi pris par la main, comme si Clarke craignait de le désorienter…étrange tant la lecture de 2001 ODYSSEE DE L’ESPACE rendait déjà limpide les passages les plus abscons du film de Kubrick. Bref, cette deuxième odyssée n’apporte finalement pas grand-chose à la mythologie établie par Clarke. Toutefois, le tout se lit sans ennui : reste, heureusement, de jolies scènes qui plongent le lecteur dans l’immensité spatiale et lui offrent l’émerveillement souhaité. Reste aussi un final intéressant où l’humanité – minuscule en regard de l’immensité de l’univers – se confronte à une puissance si étrangère qu’elle apparait forcément comme divine et omnipotente.

Une adaptation cinématographique très réussie et sous-estimée (car sans cesse comparée au Kubrick) vit le jour en 1984, ajoutant un élément important de tension, à savoir la menace d’une guerre nucléaire mondiale entre la Russie et les Etats-Unis. Par contre, les tentatives chinoises pour prendre de vitesse les deux super puissances en envoyant vers la planète géante leur propre vaisseau seront, elles, élaguées. De plus, le long-métrage supprimera les problèmes conjugaux d’Heywood et sa rupture avec son épouse restée sur Terre, rendant l’ensemble plus tendu tout en proposant, en outre, de fabuleuses scènes spatiales aux effets spéciaux encore magnifiques après plus de trois décennies. Bref, le scénario de 2001 se reproduit avec cette séquelle : un roman honnête et plaisant transcendé par son adaptation pour les salles obscures.



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Message par Max Schreck »

hellrick a écrit :2010 ODYSSEE 2

Une adaptation cinématographique très réussie et sous-estimée (car sans cesse comparée au Kubrick) vit le jour en 1984...
Absolument.
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Message par poet77 »

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Quoi qu’on fasse, certains ouvrages ne s’accordent bien avec aucune de nos classifications et, si l’on veut les ranger dans des catégories, on ne sait que décider. « Les Jardins Statuaires », roman hors norme, a été édité chez Folio sous l’étiquette SF, mais, dès les premières pages du livre, le lecteur sait qu’il ne s’agit là que d’une désignation de défaut car, en vérité, il n’est nullement question, dans cet ouvrage, de science-fiction. Il est d’ailleurs rigoureusement impossible de situer le récit concocté par Jacques Abeille ni dans le temps ni dans l’espace. À la lecture du livre, les seules références qui viennent à l’esprit, les seules parentés littéraires qui semblent appropriées sont celles des contes philosophiques à la manière de Voltaire et Diderot, et, peut-être davantage encore, de Jonathan Swift.
Semblable à Gulliver, le héros dont ce dernier relate les aventures, visitant les pays de Lilliput, de Brobdingnag et autres lieux, le narrateur imaginé par Jacques Abeille n’est autre qu’un voyageur dont on ne sait ni qui il est ni d’où il vient, si ce n’est qu’il entreprend, dès le début du livre, servi par un guide, de découvrir les contrées étonnantes des Jardins Statuaires. Le territoire en est bien délimité, très vaste et sectorisé en de multiples jardins où poussent des statues ! Et, bien sûr, il y a là des jardiniers, grandement occupés à l’entretien des domaines, à la culture et au soin des statues. Ces dernières ayant de fâcheuses tendances aux débordements anarchiques, soit que poussent sur elles des excroissances qui les enlaidissent, soit qu’elles grandissent de manière incontrôlée, et étant sujettes à des maladies et donc à des précautions particulières, les jardiniers ne manquent pas d’occupations. Leur monde se révèle au voyageur comme étant très organisé et très soucieux de tout garder en mémoire, au point que sont écrits sur chacun des ancêtres des clans des livres jamais achevés, car toujours susceptibles d’être augmentés de nouvelles remarques ou de nouveaux commentaires, si bien qu’ils sont régulièrement réédités dans des éditions complétées.
Le voyageur et narrateur va de surprise en surprise, d’abord intrigué voire fasciné, puis s’inquiétant petit à petit d’une société si structurée qu’elle semble régie par des lois implacables. Des questions ne tardent pas à le tarauder et, en particulier, celle qui concerne le sort réservé aux femmes. Car, dans ce monde-là, dans un premier temps, pas une seule femme ne se montre aux regards. Où sont-elles ? Comment sont-elles traitées ? Ce n’est qu’en enquêtant que le voyageur parvient à en savoir davantage, à entrevoir la vérité qui est que, à priori, seules deux destinées sont réservées aux femmes : soit vivre en quasi recluses, invisibles à tous les regards, sauf à leur époux-jardinier, soit être transférées dans un lupanar pour y mener des vies de prostituées !
Comme on peut le deviner, l’histoire étrange racontée par Jacques Abeille n’est évidemment pas dénuée de liens avec le vrai monde qui est le nôtre. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’elle nous interroge sur nos propres manières d’être. C’est d’autant plus exact que le voyageur-narrateur du roman de Jacques Abeille, nanti de son regard d’homme neuf à qui sont étrangères les mœurs des jardiniers, ne manque pas de les bousculer et donc de les critiquer, en parvenant à entrer en lien avec Vanina, une des femmes à qui il ne tarde pas à s’attacher d’une manière particulière. Mais l’homme n’est pas encore au bout de ses découvertes car la société rigide des jardiniers a aussi, fatalement, produit ses rebelles, hommes et femmes qui, ayant quitté les territoires où l’on élève des statues, se sont plus ou moins regroupés sur les terres avoisinantes qu’on appelle les steppes. Curieux de tout, le voyageur quitte Vanina, tout en lui faisant promesse de revenir, pour partir à la rencontre de ces rebelles dont on dit qu’ils projetteraient d’envahir la contrée des Jardins Statuaires.
Étrange livre, en vérité, qui narre encore bien des péripéties tout en étant écrit dans un style presque précieux, avec un souci constant de tous les détails, comme si le romancier avait, au moment même où il les décrivait, une sorte de vision des lieux et des événements. « Je crus avoir écrit l’œuvre d’un fou », confiait d’ailleurs l’auteur lui-même. Une œuvre, qui plus est, qui ne nous est parvenue que par quasi miracle, le manuscrit ayant connu mille vicissitudes au point qu’il fut longtemps considéré comme perdu avant d’être retrouvé et publié chez Flammarion en 1982, puis redécouvert par Joëlle Losfeld en 2004. Pour qui le lit aujourd’hui, quoi qu’il en soit, malgré son aspect insolite, ce roman n’a rien perdu de sa pertinence, ne serait-ce que parce qu’il s’accorde à merveille avec les revendications totalement justifiées d’un grand nombre de femmes de notre temps. Quant aux statues envahissantes, menaçantes, tout comme aux jardiniers ou aux tribus rebelles des steppes, on n’aura pas trop de peine, me semble-t-il, à en trouver des équivalences dans notre actualité. 8,5/10
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Message par rodoliv »

Ça donne envie, je vais tenter le Jacques Abeille, merci
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Message par hellrick »

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L'AFFAIRE PROTHERO

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Le désagréable et riche colonel Prothero a été assassiné dans le bureau du pasteur de St Mary Mead. Il vivait avec une femme beaucoup plus jeune, se montrait odieux, tenait à vérifier la comptabilité de l’église en soupçonnant un détournement de fonds… En résumé, il n’était guère aimé et chacun se réjouit quelque peu de sa mort. Mais de là à passer à l’acte…Le pasteur Leonard Clement et son épouse Griselda s’interrogent sur l’identité du coupable tandis que l’inspecteur Landormy (au nom prédestiné) mène l’enquête. L’affaire, complexe, sera pourtant démêlée par la vielle célibataire Jane Marple qui effectue la première de ses douze apparitions romanesques.

Pour cette première enquête, Miss Marple n’apparait guère, se contentant de se montrer épisodiquement afin de relancer les déductions des principaux protagonistes, à commencer par le pasteur et narrateur de l’intrigue, accompagné de son épouse. Deux personnages qui reviendront d’ailleurs dans deux romans ultérieurs d’Agatha Christie. Toutefois la présence de Marple se révèle indispensable à la résolution de l’énigme : elle utilise sa méthode coutumière, estimant que chaque événement en rappelle forcément un autre semblable même beaucoup plus anodin. Par divers rapprochement il lui est ainsi possible de débroussailler la situation et de découvrir le coupable. Cependant, elle ne peut rien prouver, ce qui l’obligera à tendre un piège au meurtrier afin de le contraindre à se dévoiler. Un truc qu’elle réutilisera à plusieurs reprises. A la manière classique des détectives de l’âge d’or, Miss Marple aime laisser les enquêteurs errer dans le brouillard, suggérant par exemple qu’il existe sept suspects possibles mais sans préciser davantage sa pensée. Bien évidemment le lecteur éprouve, lui aussi, toutes les peines du monde à isoler le véritable coupable.

Quoiqu’elle en soit encore à ses débuts, le style de la romancière se montre déjà bien rodé avec sa galerie de suspects, ses fausses pistes, sa touche d’humour, ses commentaires sociaux gentiment désuets, ses indices trompeurs (une horloge trafiquée rend impossible la détermination de l’heure du crime, une note manuscrite a visiblement été altérée), etc.
Si L’AFFAIRE PROTERO n’est pas le meilleur « Christie » ni le meilleur « Marple » (il lui manque quelques rebondissements, notamment un second meurtre par exemple), ce roman policier très classique dans son déroulement reste une lecture agréable pour les amateurs de whodunit rétro. Miss Marple, pour sa part, attendra douze ans pour effectuer son deuxième tour de piste dans le similaire (mais plus réussi) UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHQUE.

http://hellrick.over-blog.com/2018/07/l ... istie.html
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CERRONE PARADISE

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Né en 1952, Marc Cerrone débute la batterie à douze ans et se lance rapidement dans différents groupes. Il participe ainsi à plusieurs courants de la musique populaire « dansante » et voit l’évolution de la soul, du R&B, de la pop et du rock psychédélique. Dès la fin des années ’60, Cerrone travaille au Club Med puis se produit avec son premier groupe professionnel, Kongas, qui obtient un joli succès dans la première moitié des seventies. Toutefois, le batteur quitte Kongas à la fin de 1974 pour se reconvertir en disquaire spécialisé dans les imports au centre commercial Belle Epine. Comme la musique lui manque, Cerrone propose un premier album solo en 1976, « Love in C minor » qui capte l’air du temps et mélange sonorité rock progressive (la chanson titre dure 16 minutes, parfait pour les DJ en quête de versions ultra longues), mélodies pop et rythmes dansants… Cerrone prend le train du disco dont il devient rapidement un des plus célèbre représentant.
Son autobiographie raconte cette époque avec tous les excès permis par le mode de vie hédoniste alors en vogue : pochette sulfureuse, clips sexy, danseuses nues sur scènes,…Le musicien n’élude pas non plus les problèmes qu’il rencontre : difficultés à concilier vie de famille et vie de studio, addiction à la drogue, etc.

La fin des années 70 donne à Cerrone ses plus grands succès : les inusables « Supernature » (10 millions d’exemplaires vendus) et « Give Me love », accompagnés de mega concerts, de soirées déjantées dans le temple disco new yorkais du Studio 54. Les anecdotes de succèdent : protection de la mafia pour la réalisation de clip en zones dangereuses, participation d’un Jimmy Page complètement défoncé au hit « Rocket in my pocket », tournage de vidéo délirantes par les Monty Python, opération promotionnelle gigantesque (déplacement de journalistes en Concorde), rencontre avec le Dalaï-lama, lancement d’une boite de nuit à Bourges avec Alain Delon, etc.
Après la « disco demolition night » en juillet 1979 le mouvement s’écroule : alors qu’il représente plus de la moitié des hit-parades en été le disco est quasiment oublié en automne. La mode ne survivra pas aux cyniques années 80 et les ventes de Cerrone s’en ressentent. Le musicien parvient néanmoins à rebondir en allant chercher l’inspiration dans la pop dansante et la new wave. Il compose aussi la bande originale des trois « Brigades mondaines », polars érotico exotiques tirés des romans de gare édité par Gérard de Villiers.
Durant la seconde moitié des années 80 et la décennie suivante les galères se multiplient (faillite de sa boite de nuit, décès de son père, faillite de ses magasins de disques, pillages de ses morceaux par des remixeurs peu scrupuleux) et Cerrone se recentre sur l’organisation de spectacles « bigger than life » que ce soit pour le bicentenaire de la Révolution Française ou le passage du millénaire,…Il écrit également trois romans, dont DANCING MACHINE adapté au cinéma avec Alain Delon dans le rôle principal.
En dépit d’une image très bling bling (grosse bagnole, chaine en or, chemise ouverte, défilé de poufs…un rapper avant l’heure !), Marc Cerrone se montre finalement modeste mais fier du succès rencontré (en particuliers aux USA, la France étant longtemps resté réfractaire à sa musique) et de la reconnaissance des cadors de l’électro. Il vénère les pointures de la musique dansante américaine comme Nile Rodgers ou Qincy Jones et remercie Bob Sinclar et quelques autres pour l’avoir remise au gout du jour au début du XXIème siècle. Aujourd’hui relancé, le sexagénaire alterne concerts, soirées DJ et repart sur les groupes avec un Kongas reformé.
Au final, CERRONE PARADISE s’avère une très plaisante autobiographie : que l’on aime ou pas la musique de Cerrone on parcourt avec lui quatre décennies et on revisite toutes les métamorphoses que la « dance » a connu durant ces années. Un bouquin très intéressant qui se dévore comme un roman à la manière d’une vraie « succès story » à l’américaine vécue par un immigré italien dans la France des années 70.


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Message par Commissaire Juve »

Puisqu'on parle de dernière lecture... J'avais commencé ce Barbey d'Aurevilly -- mais en Garnier-Flammarion -- et je l'ai laissé tomber cette nuit au bout de cinq chapitres. La chaleur... ou l'emmerdement... ou les deux à la fois.

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Message par hellrick »

LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN
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Nancy Kress (à qui on doit l’excellente trilogie de space opéra dite des « probabilités ») reçut, en 2009, le prix Hugo dans la catégorie du « roman court » pour ce récit original situé dans une maison de retraite où vivote Henry Erdmann, physicien brillant de 90 ans qui donne encore quelques courts à l’université. Après avoir survécu à une attaque cardiaque le scientifique constate que d’autres pensionnaires, tous très âgés, ont vécu des phénomènes similaires associés à des événements inexplicables. Sa jeune amie et aide-soignante, Carry Vesey, tente d’aider le nonagénaire. Parallèlement, l’ancien compagnon de Carry, devenu agressif, voir menaçant, succombe à une inexplicable (mais providentielle) crise cardiaque. Erdmann soupçonne les patients de la maison de retraite d’avoir développé des pouvoirs psychiques et une sorte de conscience collective. Ils seraient donc responsables de la mort du compagnon de Carry ainsi que du crash d’un avion.
En 150 pages, Nancy Kress mélange divers genres : une louche de science-fiction, une autre de thriller, une bonne dose de drame, une rasade de fantastique, une pincée d’angoisse, pas mal d’humour…Le résultat, étonnant et prenant, repose essentiellement sur la caractérisation soignée des principaux protagonistes, bien typés et attachants en dépit de la brièveté du récit.
Pour les plus bisseux, on retrouve dans LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN un petit côté « Bubba Ho-tep » avec beaucoup de tendresse pour les personnages rencontrés au fil des pages. On peut également songer au très plaisant « Cocoon ». Si tout ce qui concerne les protagonistes et leurs petits tracas se montre fort réussi, l’aspect science-fictionnel, par contre, semble quelque peu plaqué, en particulier durant les derniers chapitres. Ces-derniers, un peu expédié, auraient gagné à se montrer soit plus mystérieux (quitte à ne pas répondre aux interrogations posées par les cent premières pages) soit plus travaillés et vertigineux. L’auteur ne parait pas avoir pleinement exploré les possibilités de son sujet, du moins dans le domaine purement spéculatif. Mais ce n’était sans doute pas là l’essentiel du propos pour Nancy Kress. En effet, celle-ci, dans son précédent L’UNE REVE ET L’AUTRE PAS, se souciait davantage de son récit « terre à terre » et des relations entre les personnages que des aspects les plus fantastiques de l’intrigue.
Malgré ces légers bémols, LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN, lauréat du Hugo dans la catégorie « roman court », s’impose comme une très plaisante lecture pour explorer les côtés les plus « humains » et humaniste de la science-fiction. Encore une belle réussite dans la collection « une heure lumière ».
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hellrick
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Message par hellrick »

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Dans la lignée de LORD OF THE RINGARDS, Pierre Pelot se lance, au début des années ’80, dans la démolition en règle des clichés de la Fantasy.
Au pays des héros, le Grand Konnar s’ennuie de sa morne existence, entre ripailles et orgies rien de vraiment passionnant ne se passe et les humbles humains ne semblent même plus intéressés par les exploits de ces fiers guerriers. Alors le Grand Konnar décide, via un concours, de recruter de nouveaux héros. Gilbert Lafolette, inscrit par ses collègues au concours, remporte la victoire et décide de se rendre au pays des héros afin d’accomplir sa destinée : devenir le fils (adoptif) du Grand Konnar et adopter son nouveau patronyme de Konnar le Barbant.
Publié en feuilleton dans la revue « Fiction », les aventures de Konnar le Barbant seront ensuite reprises au Fleuve Noir, étendues sur pas moins de cinq tomes et finalement republiées dans une intégrale révisée chez Bragelonne en 2006.
Malheureusement, si tout cela peut faire sourire, ce roman ne va guère plus loin, niveau humour, que son titre en forme de contre-pétrie un peu facile. Sans doute parti d’une boutade en forme d’agacement à l’encontre de la mode des barbares à gros bras, LE FILS DU GRAND KONNAR, premier volet de la saga de notre apprenti héros Konnar le Barbant, avance à gros sabots, bien loin de la dérision respectueuse d’un Pratchett ou d’un Gayman. Ici, Pelot donne dans la parodie bien lourde et sans la moindre subtilité, avec gags pachydermiques et intermèdes graveleux.
Les blagues les plus courtes étant, on le sait, souvent les meilleures cette pochade qui semble écrite au fil de la plume devient assez rapidement lassante, voire laborieuse, tant le romancier parait avoir, à mi-parcours, épuisé toutes les ressources comiques de son intrigue.
En résumé on ne se pressera pas à lire les suites…

http://hellrick.over-blog.com/2018/08/k ... pelot.html


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POUMON VERT
Cette novella publiée dans la fameuse collection « Une heure lumière » s’avère assez déstabilisante et difficile d’accès. Finaliste du Hugo et du Prix Sturgeon, lauréat du Prix Asimov, POUMON VERT nous emmène dans un univers à l’indéniable originalité pour suivre la destinée de l’adolescente Jalila et de ses trois mères. La société, en effet, y est entièrement féminine et d’inspiration musulmane. Dans la ville côtière d’Al Janb où s’installe la jeune femme tout semble étrange. Si elle tombe amoureuse (du moins le crois t’elle) de Nayra, une belle demoiselle, Jalila rencontre également deux êtres bizarres…des hommes !
Le récit, long d’environ 120 pages, nous plonge directement dans une ambiance quelque peu féérique, un monde de femmes (et donc, forcément, d’amour féminines) moyen orientale, une sorte d’Orient fantasmé et merveilleux. Nous plongeons ainsi dans un conte des milles et une nuit version futuriste et saphique.
En dépit de son côté un peu ardu, POUMON VERT possède donc ce fameux sense of wonder cher aux auteurs d’antan avec cette découverte d’un univers complètement différent du notre. Malheureusement, Ian McLeod ne s’attarde guère sur certains éléments…ainsi le « poumon vert » qui donne son titre à ce court roman reste mystérieux, de même que l’organisation globale de cette société matriarcale à l’extrême. L’histoire parle aussi de voyages spatiaux rendus possibles par les Tariquas, capable de courber l’espace, mais, une fois encore, ce ne sera qu’aborder par l’auteur.
Ce-dernier utilise une écriture « plus qu’inclusive » puisque le féminin prime sur tout, un homme et une femme sont donc dénommés globalement par un « elles » et non un « ils ». Quelque peu déstabilisant au départ mais après quelques pages, le lecteur ne prend plus attention à cette grammaire particulière qui parait aller de soi.
Cependant, en dépit de ses qualités et de son originalité indéniable, POUMON VERT se montre, au final, très descriptif et peine quelque peu à passionner. Le texte, humaniste et philosophique, avance sur un rythme lent, quasiment dénué d’action, pour proposer une réflexion spirituelle et religieuse intéressante qui, néanmoins, peut laisser les moins réceptifs sur le bord du chemin.
Bref, un titre intéressant mais clivant : POUMON VERT risque de diviser les lecteurs entre les enthousiastes et les réfractaires. Une curiosité.

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