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hellrick
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Message par hellrick »

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Ecrit en 1967 voici un plaisant roman de science-fiction qui aborde, par la bande, la thématique du voyage dans le temps et des paradoxes temporels.

Nous suivons les pas de Joe Quellen, secrétaire criminel de septième classe (ce qui n’est pas si mal, il peut posséder un appartement d’une pièce) vivant sur la Terre ultra surpeuplée de 2490 dirigée par un invisible Gouvernement Suprême. Quellen, grâce à la téléportation, se réfugie régulièrement en Afrique, dans une zone paradisiaque normalement réservée aux plus hautes instances (la deuxième classe). Cette infraction l’oblige à payer une somme rondelette à un de ses collègues, apprenti maitre chanteur. A cette époque se déroule également un curieux phénomène : des individus, désespérés, « sautent » dans le temps et deviennent des « déserteurs temporels », se réfugiant cinq siècles auparavant. Le fait a été enregistré et il n’est pas question de s’y opposer tant les risques sont grands de détruire le continuum. Après tout le chef suprême de la Terre est peut-être lui-même un lointain descendant d’un de ses « sauteurs ». Pourtant Quellen enquête sur l’étrange organisation clandestine dirigée par un certain Lanoy qui se charge d’expédier dans le passé ses concitoyens. Que fera t’il une fois Lanoy identifié ?

En 190 pages, Silverberg démontre son talent pour offrir un récit rythmé qui brosse un tableau plausible d’un futur possible : la société y est totalement hiérarchisée, chacun appartient à une classe spécifique et le monde, incroyablement surpeuplé en dépit de mesures drastiques, est devenu pour beaucoup quasiment invivable. D’où le succès d’une organisation secrète qui se propose, contre rémunération, d’envoyer se perdre dans le temps les personnes les plus désespérées.

Si beaucoup de détails ont vieillis dans le décorum (la technologie imaginée pour le XXVème siècle parait déjà en grande partie obsolète aujourd’hui), le futur décrit n’en reste pas moins intéressant avec cette planète victime d’une surpopulation effarante et ses habitants répartis dans des classes sociales rigides. Silverberg imagine également des échappatoires possibles offertes aux humains trop cadenassés : religions bizarres, rites érotiques particuliers (des cérémonies de vomissements rituels qui préludent aux orgies), usages des drogues généralisées dans « les palais de l’illusion », prostitution institutionnalisée, etc. Tout semble prévu pour éviter que la bouilloire ne déborde, l’Etat se souciant de proposer des soupapes de sécurité afin d’éviter la révolte.

L’écrivain brosse de beaux portraits, caractérisant avec efficacité mais simplicité son principal protagoniste, un employé administratif de seconde zone tenté par une rébellion mineure (la possession d’un petit jardin africain) qui va lui causer bien du souci durant son enquête sur les « déserteurs temporels ». Les personnages secondaires, eux aussi, sont intéressants, comme quoi il n’est pas toujours nécessaire de pondre des pavés de 1000 pages pour rédiger un roman à la fois intelligent et divertissant.

Proche dans ses thématiques d’autres romans de l’écrivain comme LES DEPORTES DU CAMBRIEN ou LES TEMPS PARALLELES (ce dernier proposé dans le même recueil « Time Opera »), LES DESERTEURS TEMPORELS constitue une bonne porte d’entrée dans l’univers d’un des géants de la science-fiction américaine.

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Pas mal du tout. A partir du drame du naufrage du sous-marin Koursk, Dugain trace un portrait glaçant (au sens propre comme au figuré) d'une Russie qui ne serait finalement jamais sorti du système stalinien, avec notamment l'émergence de la figure de Poutine (pourtant jamais nommé). En plus de proposer une reconstitution manifestement rigoureuse de la tragédie, Dugain n'oublie jamais de faire œuvre de romancier. Naviguant entre les époques, composant des personnages pleins d'humanité, il réussit à rendre son récit assez captivant. Je regrette peut-être juste une tendance à faire tenir des discours un peu trop "écrits" à certains de ses persos, dès qu'il s'agit d'analyser un peu les rouages politiques. Alors que c'est précisément cet aspect que je venais chercher ici, et qui motive également mon envie de lire sa trilogie de l'emprise.
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Message par -Kaonashi- »

Très bon roman en effet, j'avais beaucoup aimé.
Dommage que Dugain se soit senti obligé d'adapter son roman au cinéma, en tout cas en partie : Dussolier était plutôt bien en Staline, mais le film manquait de moyens d'une part, et se contentait de la première partie, en 1953, ce qui n'avait pas de sens.
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Message par Max Schreck »

-Kaonashi Yupa- a écrit :Très bon roman en effet, j'avais beaucoup aimé.
Dommage que Dugain se soit senti obligé d'adapter son roman au cinéma, en tout cas en partie : Dussolier était plutôt bien en Staline, mais le film manquait de moyens d'une part, et se contentait de la première partie, en 1953, ce qui n'avait pas de sens.
Oui, je crois que c'est justement toi qui avait éveillé mon intérêt sur ce bouquin, mentionnant notamment un vrai travail d'enquête de la part de Dugain (et je crois que depuis il est blacklisté en Russie...). Pas du tout intéressé par son film, mais ça m'a par contre donné des envies de films de sous-marin (un genre que j'ai toujours adoré).

Je pense que je me pencherai quand même à l'occasion sur sa trilogie de l'emprise.
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Jubilatoire. Je crois que c'est le premier roman que Gary publia sous le pseudonyme d'Ajar. Est-ce ce recours à l'anonymat qui lui autorise une telle liberté, toujours est-il que le texte est un festival d'inventions langagières et syntaxiques, exercice de style complètement fou qui fait que pratiquement chaque ligne est une invitation au fou rire. Dans ce récit à la première personne, le narrateur raconte sa relation affective avec un python de 2,20m de long, dans son petit appartement parisien, et tout le trouble qui découle du fait qu'il se refuse à lui sacrifier des souris pour le nourrir. Manifestement pas très bien dans sa tête, et en décalage presque tragique avec la société, le héros contamine tout le texte par une approche du langage bizarre, prenant un mot pour un autre, utilisant (mal) des expressions toutes faites. Ça donne quelque chose qui m'a un peu fait penser au phrasé d'un Gad Elmaleh, toutes proportions gardées.
Ça pourrait être épuisant s'il s'agissait d'une démonstration gratuite, mais derrière la folie douce le texte laisse deviner tout le pathétique de cet être solitaire, tout simplement en quête d'amour dans un monde moderne où les contacts humains se font rares.
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Si c'est aussi libre dans son écriture que le seul Gary/Ajar que j'ai lu, La vie devant soi, alors il faut que je le lise ! Même si le Gary au style libre ne m'a pas spécialement plu jusqu'ici.
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Message par hellrick »

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La Zone X. Un endroit mystérieux, isolé des gens et du monde. Une expédition y est envoyée, revenant en parlant d’une sorte de paradis. Une seconde est envoyée. Tous ses membres se suicident. Une troisième est envoyée. Tous ses membres s’entretuent. Puis encore une autre. Tous ses membres meurent d’un cancer foudroyant.
Une douzième expédition se rend vers la Zone X. Elle se compose de quatre femmes dont nous ne connaitrons jamais les noms. Une anthropologue, une mathématicienne, une psychologue et une biologiste qui se chargent de raconter ce qu’elles vont découvrir au cœur de cette Zone X.
ANNIHILATION a reçu de nombreux prix et a été adapté en film. Beaucoup de lecteurs l’ont aimé, certains le considèrent déjà comme un petit classique de la science-fiction. Ou plutôt de la « weird fiction » comme ils aiment à le définir, à savoir un mélange de science-fiction, de fantastique, de drame psychologique et d’horreur lovecraftienne. Pourtant c’est un roman extrêmement pénible à lire. En dépit de son nombre de pages réduit le livre tombe littéralement des mains à intervalles réguliers. Sa narration à la première personne ne le rend pas toujours très digeste, ce qu’accentuent une écriture quelconque et des digressions parfois laborieuses ponctuées de réflexions philosophico existentielles pouet pouet du plus mauvais effet.
Durant tout son déroulement il est difficile de s’attacher aux personnages, caractérisés de manière (volontairement) schématique et restreints à leur seule fonction (biologiste, psychologue, etc.). Si le mystère fonctionne et donne l’envie de poursuivre la lecture pour en apprendre davantage l’ensemble manque d’émotions pour passionner.
Le dernier tiers s’avère encore plus ennuyeux et parait tourner en rond. La seule motivation du lecteur est alors d’en finir, de savoir ce qu’est cette Zone X. Peine perdue : il est difficile de comprendre où l’auteur veut en venir. On pourrait dire « à rien » puisque la fin, ouverte, ne résout rien. Ce manque de véritable conclusion s’explique (après tout il s’agit du premier tome d’une trilogie – mon dieu…une trilogie !!!) mais laisse une impression désagréable de « tout ça pour ça ».
En dépit de son originalité réelle (on ne peut la nier) et des nombreux prix récoltés (Nebula et Shirley Jackson Award), ANNIHILIATION n’est donc pas, c’est le moins que l’on puisse dire, pleinement convaincant. Cryptique, atmosphérique, intriguant,…mais surtout, osons le dire, incroyablement emmerdant.

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Message par Max Schreck »

-Kaonashi Yupa- a écrit :Si c'est aussi libre dans son écriture que le seul Gary/Ajar que j'ai lu, La vie devant soi, alors il faut que je le lise ! Même si le Gary au style libre ne m'a pas spécialement plu jusqu'ici.
Disons qu'il y a une vraie cohérence entre les 2 bouquins. Dans La Vie devant soi, le style du texte reflète la candeur de l'enfant narrateur, mais comparativement c'est peut-être plus rigoureux. Dans Gros-câlin, on sent un peu plus le côté "performance", même si comme je l'ai écrit il y a un fond plutôt amer derrière la loufoquerie constante de cette langue tordue. Mais dans les deux cas, je pense que rien de ce qu'on peut en dire ne remplacera l'expérience de la lecture elle-même.
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Message par hellrick »

ICI OSS 117

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Ecrit en 1949 voici la première aventure de Hubert Bonisseur de la Bath ici chargé, pour le compte d’une grande banque américaine, de retrouver des documents volés relatifs à une vente d’armes compromettantes.

Le scénario reste d’ailleurs flou sur la nature exacte des documents ou les pays impliqués dans la magouille, tout ça n’est pas très précis ou documenté, volontairement ou pas nous sommes loin du côté fouillé d’un SAS par exemple. A la manière d’un MacGuffin cher à Hitchcock cette quête des documents perdus se révèle donc surtout un prétexte à une aventure échevelée dans la grande tradition du « pulp » : femmes fatales, nymphette nymphomane, méchant sadique, séance de torture, héros pur et dur se sortant de toutes les situations avec le sourire,…Bref, de l’écriture au kilomètre mais avec un certain sens du rythme et de la formule : un pays du Golfe, le Panama, la Suisse,…toutes ces nations sont mêlées à une vente d’armes bidouillées par divers organismes financiers et qui intéressent plusieurs services secrets, donc les Etats-Unis. Hubert lui-même semble encore peu défini, il navigue entre l’agent secret et le détective (il se présente comme tel), escorté de son copain Pierre Dru, tous deux vétérans de la Seconde Guerre Mondiale et capables d’infiltrer les milieux interlopes de Paris.

L’enquête avance donc sur un rythme rapide, dans la pure tradition du roman de gare, loin d’une politique fiction complexe. Pour les lecteurs néanmoins largués, Jean Bruce se permet, exactement au milieu du roman, de récapituler en quelques pages tous les événements précédents.
Le style de l’auteur reste de son côté impersonnel mais pas désagréable. Bruce s’adapte à son sujet et ne perd pas son temps en digressions inutiles ou descriptions longuettes, exceptés lorsqu’il détaille les anatomies féminines forcément magnifiques croisées par Hubert. L’utilisation d’un argot aujourd’hui bien daté s’avère cependant quelque peu pénible, cette gouaille de voyou typique de son époque étant à présent passée de mode.

On peut également sourire devant le comportement d’un Hubert ultra séducteur capable de tomber toutes les jeunes (voir les très jeunes !) femmes croisant sa route mais capable, grand seigneur, d’en laisser quelques miettes à son pote Pierre Dru. Une amitié solide comme le roc à laquelle il serait malvenu de trouver des connotations homoérotiques refoulées.
Evidemment, le souvenir des deux dernières adaptations cinématographique en date (après celles, plus sérieuses, des sixties) accentue le côté parodique de la lecture : ces films ne faisaient finalement que grossir un trait déjà bien épais, comme en témoigne les remarques distillées par l’auteur : « Hubert pensait aux seins pointus de Sonia et d’un doigt distrait caressait l’acier froid de son colt » ou encore « Elle ferait mieux de s’allonger plutôt que de chanter, le client serait plus satisfait et elle gagnerait davantage ». On imagine très bien Jean Dujardin déclamer ce genre de répliques en arborant un sourire de macho satisfait.

Bref, tout cela semble aujourd’hui désuet mais, entre coucheries encore soft (l’érotisme prononcé viendra plus tard avec la libération des mœurs), action mouvementée, péripéties attendues (Hubert et son copain coincé dans un immeuble en feu, identité du coupable) et violences gratuites le lecteur peut encore prendre plaisir à cette aventure divertissante et sans prétention.

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Les Loups des Etoiles sont de terribles pirates de l’espace craints dans toute la galaxie. Morgan Chane, le seul Loup d’origine terrienne, a été élevé sur leur monde, Varna. Cependant il se voit contraint de les fuir après avoir tué un de ses « camarades ». Dès lors, Chane, traqué, vivra de nombreuses aventures en compagnie de mercenaires terriens pris dans un conflit galactique.

Archétype du space-opéra, les trois volumes des « Loups des Etoiles » ont été écrits par un des grands créateurs du genre, Edmond Hamilton (1904 – 1977), dont les premiers récits publiés datent de 1926 et qui a livré la quintessence de l’aventure spatiale échevelée avec l’excellent LES ROIS DES ETOILES dès 1949. On lui doit également une quinzaine de bouquins mettant en scène le fameux Capitaine Future (alias Flam) et de nombreux épisodes de « Batman », « Superman », « La légion des super héros » mais c’est une autre histoire.

Avec cette saga, rédigée à la fin des sixties, Hamilton ouvre clairement la voie à STAR WARS en proposant des baroudeurs de l’espace en butte à différentes menaces dont un gigantesque vaisseau et de nombreux extra-terrestres originaux. Alors, évidemment, la technologie est déjà en partie dépassée (ces « ordinateurs cliquetants » et ces « rapports imprimés »), les rebondissements sont relativement attendus mais, dans l’ensemble, le lecteur passe un bon moment avec cette ARME DE NULLE PART. La brièveté du roman constitue d’ailleurs un bon point : 200 pages bien tassées divisées en une vingtaine de courts chapitres. L’écriture est sans fioriture mais le style très correct, très professionnel. Hamilton avait, à l’époque, atteint sa maturité littéraire et on sent clairement son métier, forgé par des dizaines de romans

De leur côté les personnages sont sympathiques, brossés de manière rudimentaire mais avec quelques intéressantes réflexions qui leur donnent une réelle humanité. Ce sont certes des héros dans la grande tradition du pulp mais ils s’avèrent plus faillibles et mieux dessinés que de coutume.

Un peu daté, quelque peu linéaire, L’ARME DE NULLE PART demeure un honnête space-opéra à l’ancienne qui se lit avec plaisir en une soirée. A l’heure des pavés de centaines de pages parfois pas beaucoup plus originaux ou intéressants l’œuvre d’Hamilton se redécouvre avec intérêt au point que l’on ne tardera pas trop à embrayer sur le deuxième volet de la trilogie.


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Créé par Leo Bruce à l’occasion de l’excellent pastiche TROIS DETECTIVE, le sergent Beef revint par la suite pour sept aventures supplémentaires. Celle-ci est donc la dernière, toujours située entre l’hommage au whodunit classique et la parodie volontaire dans la lignée des « cosy murders ».

Le très riche Cosmo Ducrow, après avoir à la fin de sa vie épousé son infirmière Freda, est assassiné dans sa vaste propriété du Kent, Hokestones. Son corps est découvert, massacré à coup de maillet, et son neveu se voit immédiatement soupçonné. En effet, le jeune homme, non seulement hérite d’une coquette somme, mais il entretient en outre une liaison avec Freda. Mr Townsend, un romancier narrant les aventures du sergent Beef accompagne donc ce-dernier lorsqu’il décide d’enquêter, suite à la demande des amis du défunt. Pourquoi Beef ? Poirot et Campion n’étaient pas disponibles…

SANG FROID date du début des années ’50, après la fin de l’âge d’or du roman d’énigme, et le romancier ne se prive pas de quelques piques à l’égard de ses conventions, par exemple lors du final au cours duquel Beef tient absolument à rassembler les « usual suspects » pour démontrer ses capacités de détective. Sauf qu’en attendant la fameuse soirée notre limier ne trouve rien de mieux à faire que d’aller s’enivrer au pub local. Beef débarque donc complètement saoul et déclare que, finalement, il ne va pas démasquer le coupable vu qu’il ne possède, de toute façon, aucune preuve.
Le suspect se trahira néanmoins lors d’un final situé sur les toits au cours duquel le sergent est précipité dans le vide. Heureusement, notre héros avait prévu cette chute et s’était équipé d’un câble visant à le garder en vie. Un procédé particulièrement « capilotracté » comme le remarque Townsend : « je me demande comment les lecteurs prendront votre résurrection ». A quoi Beef réplique : « Ils ont bien accepté celle de Sherlock Holmes et il ne disposait pas d’un câble d’acier ». Pas faux.

Jusqu’à cette conclusion, l’intrigue avance donc sur un rythme soutenu, entre interrogatoires des suspects et digressions diverses, le lecteur, tout comme le narrateur du récit, éprouvant toujours les pires difficultés à déterminer les réelles intentions de Beef. Est-ce que celui-ci sait ce qu’il fait ou se contente-t’il de « lancer sa ligne » au petit bonheur la chance d’en l’espoir de découvrir l’un ou l’autre indice ? Un peu des deux sans doute comme le souligne Townsend : « Beef avait l’occasion de démontrer son intelligence subtile et son flair certain mais il dit simplement je ne sais que penser ».
Au final, un whodunit bien ficelé qui plaira aux amateurs d’énigmes policières tortueuses agrémentées d’une bonne dose d’humour en grande partie grâce à la personnalité impayable du sergent Beef. Très distrayant.

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Je découvre le poète Charles Dobzynski grâce à ce livre qui vient de paraître chez « Poésie/Gallimard ». L’auteur, m’apprend la petite note biographique de fin de volume, est né en 1929 en Pologne et il est mort en 2014 en France, le pays dans lequel il a vécu depuis sa petite enfance. « Il échappe de justesse à la déportation pendant la Seconde Guerre mondiale (…). Ses premiers poèmes ont été présentés par Paul Eluard dans Les Lettres françaises en 1949… ».
« Je est un Juif, roman » porte un titre qui rend hommage à la fois à Arthur Rimbaud et à Louis Aragon, mais, en vérité, il s’agit de bien plus que d’une simple déférence à ces grands poètes. Charles Dobzynski raconte comme un roman sa propre judéité autant qu’il raconte l’histoire des Juifs et, en particulier, celle de leurs épreuves et de leurs persécutions. Il s’inscrit dans cette histoire comme le Juif singulier qu’il est, qui la reçoit, la relit, la poétise et l’assimile de manière critique. « Je suis né juif / en coup de vent », écrit-il dès le commencement de ce livre, avant d’évoquer, dans un autre poème, la figure de son père fuyant la Pologne et choisissant la France pour terre d’accueil, ainsi que celle de sa mère : « Elle aimait aussi Baudelaire / dont le yiddish par son accent / lustrait les vers dans une eau claire / les chargeait d’un parfum puissant. »
Charles Dobzynski, marqué comme il l’exprime volontiers par les persécutions subies par les Juifs, n’en garde pas moins un regard sans concession sur l’Israël d’aujourd’hui et ses déplorables choix politiques : « Qu’un peuple joue avec le gouffre / faut-il se taire /quand le peuple d’en face souffre / d’être amputé de sa terre ? ». Pour lui, son peuple ne peut rester fidèle à lui-même que dans l’accueil de la diversité : « Tout Juif est une mosaïque / de mémoire et de passions / la grande saga judaïque / ne peut se clore en nation. » Et, dans un poème subdivisé en 4 parties, il évoque les Juifs de la diaspora, ceux de Russie vivant « sous une chape despotique », ceux d’Amérique, ce « continent bourrelé de mythes », et « un juif » de France (c’est-à-dire lui-même), pays du « meilleur » et du « pire ».
Un thème revient fréquemment sous la plume de Dobzynski, celui de la religion ou des religions (juive et chrétienne) et du refus de Dieu. « Ai-je tué Jésus ? », demande-t-il avant de s’étonner d’une malédiction absurdement imposée : « Cela vaut combien au marché / un zeste de malédiction / que l’on n’a pas méritée ? ». Lui se définit comme un Juif sans religion : « On dit de Dieu qu’il est sauveur / planche du salut, / pourtant je coule à pic / sans apercevoir la moindre bouée. ». Pour lui, les juifs orthodoxes sont des « quêteurs de Bible au bois dormant ». Il ne veut pas de dogme et préfère la fête à la foi. Serons-nous tentés de traiter l’homme, le poète, ses convictions et ses refus, avec dédain, nous qui, chrétiens, n’en avons pas moins persécuté ce peuple au long de l’histoire ? Il nous faut plutôt nous mettre à l’écoute d’une voix comme celle de Charles Dobzynski et nous laisser interpeller par elle. « Être juif, écrit-il encore, ce n’est pas se mettre / au garde à vous religieux / on peut vivre sans Dieu ni maître ». Mais « [l’]athée n’en est pas moins homme / en nous semées / sont des valeurs que rien ne gomme ».
Si Dobzynski ne veut pas de Dieu (ce que l’on peut parfaitement comprendre et qui, comme je l’ai déjà laissé entendre, devrait nous questionner plutôt que nous horrifier, qui que nous soyons), il n’en témoigne pas moins, en poète, tout au long de ce livre, de son humanité et des « valeurs » qui lui tiennent à cœur. Il en est plusieurs, dont une qui paraît paradoxale dans un livre où il est beaucoup question de souffrances et d’épreuves. Et cependant, cette valeur (car c’en est une, vraisemblablement), y tient une place non négligeable. Il s’agit de l’humour, « l’humour thérapeute », écrit même le poète : « J’ai besoin pour reprendre haleine / d’une dose de Philip Roth / d’un flash-back de Woody Allen ». Que l’humour juif est le bienvenu, en effet ! Et même l’humour non-juif, celui par exemple d’un de ceux que Dobzynski nomme « porte-flambeaux » : « S’il n’est pas juif c’est un principe / que jamais Chaplin ne dément / et son Dictateur anticipe / l’horreur et son avènement ». 9/10
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Vernor Vinge a déjà reçu deux fois le prix Hugo pour ses monumentaux space opéra UN FEU SUR L’ABIME et AUX TREFONDS DU CIEL. En 2004, il obtient à nouveau la récompense enviée du meilleur roman mais, cette fois, dans la catégorie du « roman court ». COOKIE MONSTER, en une centaine de pages, s’avère donc une belle manière de découvrir cet auteur phare de la science-fiction contemporaine.

Nous suivons la vie, pas toujours folichonne, de Dixie Mae, laquelle vient d’être engagée au service-client de la plus grosse compagnie de nouvelles technologies de la Silicon Valley, Lotsa Tech. Cependant, rapidement, elle reçoit un courriel agressif contenant de nombreux détails intimes qu’elle seule peut, en théorie, connaitre. En compagnie de son collègue Victor, la jeune femme part à la recherche de l’auteur du mystérieux message et découvre une réalité incroyable.
Récit hard science mâtiné de cyber punk (ou vice-versa), COOKIE MONSTER s’avère étonnamment abordable et digeste en dépit des thématiques scientifiques ardues abordées. Revisitant les contes de fées (ALICE AU PAYS DES MERVEILLES et LE MAGICIEN D’OZ en particulier) en les plongeant dans un bain de technologies, d’anticipation et d’intelligence artificielle, Vinge offre un tableau très crédible et prophétique d’un futur déshumanisé qui semble, plus que jamais, terriblement proche.
L’auteur jongle ainsi avec divers concepts et ouvre des perspectives philosophiques certes classiques (un amusant dialogue – à coup de référence à des textes science-fictionnels antérieurs plus ou moins célèbres - démontre d’ailleurs que l’idée n’est pas neuve) mais toujours pertinentes qui visent, au final, à définir l’humain.

La question éternelle du cyberpunk (y a-t-il un ghost in the machine ?) sous-tend ce texte à la fois rythmé, divertissant et profond qui rappelle à la fois l’excellent roman SIMULACRON 3 et la trilogie « The Matrix », pour ne citer que deux références bien connues des amateurs. Mais Vinge aborde aussi les thèses transhumaniques ou se réfère à la théorie de Moore (laquelle postule un doublement de la puissance des ordinateurs tous les 18 mois) qui conduisent certains à penser que, dans moins de 20 ans, l’intelligence artificielle aura définitivement pris le pas sur l’Homme.

En dire davantage ruinerait une partie des surprises proposées par ce récit court mais diablement intelligent et ponctué de diverses révélations jusqu’à une fin à la fois ouverte et vertigineuse. Ajoutons que Vinge donne plus de profondeur à son intrigue et de consistance à ses personnages en 100 pages que certains romanciers en plusieurs centaines. Bref, COOKIE MONSTER est hautement conseillé pour deux heures de grande science-fiction ! Un prix Hugo (pour une fois !) incontestablement mérité.


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1361. Le redoutable inquisiteur Nicolas Eymerich se voit confronté à de nouveaux phénomènes étranges : des savants musulmans sont assassinés, des roues de feu apparaissent dans le ciel et des monstres mi hommes mi chiens hantent les rues de Saragosse. Après la destruction du palais de l’Inquisition, Eymerich, flanqué de son serviteur Alatzar (d’origine juive mais fils d’un converti au christianisme) part sur la piste d’un ouvrage impie, le Picatrix. Pour cela il doit s’enfoncer au plus profond des terres ennemies, le royaume de Grenade, sous la domination de l’islam. Parallèlement, à notre époque, nous suivons l’avancée de l’Euroforce au Libéria et les étranges cérémonies d’adoration du diable aux Canaries.
Théologien et inquisiteur ayant réellement existé, Nicolas Eymerich (1320 – 1399) entame ses enquêtes historico-fantastique sous la plume d’Evangelisti en 1994 avec l’excellent NICOLAS EYMERICH, INQUISITEUR. Au fil des récits, l’écrivain met au point sa formule : nous suivons l’Inquisiteur et, en parallèle, d’autres fils narratifs situés à différentes époques, tout se rassemblant forcément à la fin du roman.

Cette fois, Evangelisti nous entraine à Saragosse, en 1361, sur les traces d’un mystérieux ouvrage d’occultisme, le Picatrix, dont les détenteurs sont assassinés par des créatures à tête de chien. Eymerich mène donc l’enquête dans le royaume arabe de Grenade en compagnie d’un jeune juif converti et du savant musulman Ibn Khaldûn à Al-Farabi.
Dans un futur proche, en Afrique, des « roues lumineuses » surgissent dans le ciel tandis que les mercenaires de l’Euroforce combattent des tribus rebelles.
Parallèlement, aux îles Canaries, le professeur en exil Marcus Frullifer et une charmante journaliste assistent à la fête annuelle donnée en l’honneur du diable.

Ce sixième tome des aventures d’Eymerich constitue une sacrée déception. Evangelisti semble avoir perdu son habileté de conteur pour délivrer trois récits (quatre si on y ajoute une séance de tortures) sans véritables liens entre eux. Les péripéties de l’inquisiteur manquent de rythme et de charme, le lecteur n’y retrouvera pas le côté « enquête » des premiers romans, ici l’écrivain laisse beaucoup trop de place aux palabres religieuses et philosophiques, certes érudites et parfois intéressantes mais surtout épuisantes tant elles ralentissent le récit. Eymerich apparait également de plus en plus comme une ordure totale, il perd son côté « détestable mais pourtant fascinant » pour devenir beaucoup moins intéressant. La charge anti religieuse devient si écrasante qu’elle en perd paradoxalement sa pertinence : « il devait encore beaucoup travailler sur lui-même pour parvenir à la cruauté spontanée du véritable croyant » nous dit ainsi l’auteur.

Le récit africain, lui aussi, tourne en rond et accumule les massacres. Une partie qui prend là encore beaucoup de pages dans un roman sans doute trop long pour que le lecteur n’en perde pas le fil.
Après l’excellence des trois premiers tomes (NICOLAS EYMERICH, INQUISITEUR, LES CHAÎNES D’EYMERICH et LE CORPS ET LE SANG D’EYMERICH) ce PICATRIX s’avère peu convaincant et constitue une sacrée déception.
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Duke Red
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Re: Vos dernières lectures

Message par Duke Red »

Je suis admiratif de ta vitesse de lecture, Hellrick :shock:
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