Vos dernières lectures

Pour parler de toute l'actualité des livres, de la musique et de l'art en général.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

LE GEANT DE PIERRE de Paul Halter

Image

Au milieu des années ’80, Paul Halter (né en 1956) a ressuscité le roman d’énigme en chambres closes avec une série de titres publiés au Masque comme LA MALEDICTION DE BARBEROUSSE ou LA QUATRIEME PORTE (récompensé par un Prix à Cognac) et LE BROUILLARD ROUGE (lauréat du Prix du roman d’aventures).

Devenu le plus prolifique épigone de John Dickson Carr, Halter a écrit une quarantaine de livres qui renouvellent toutes les situations classiques du crime impossible : chambre close, pièce surveillée par des témoins dignes de foi, corps découvert environné de neige ou de sables, prémonition, bilocation, réincarnation, voyage dans le temps, etc. On lui doit ainsi quelques chefs d’œuvres du genre comme LA MORT VOUS INVITE, LE CERCLE INVISIBLE, l’extraordinaire LA SEPTIEME HYPOTHESE ou le formidable LE VOYAGEUR DU PASSE, véritable tour de force de récit policier tarabiscoté.

D’emblée, LE GEANT DE PIERRE apparait comme quelque peu différent du reste de la production de l’auteur. En effet, le crime en chambre close, commis aux temps minoens, s’avère ici anecdotique, l’intrigue principale se consacrant à « la plus grande énigme de tous les temps », à savoir la disparition de l’Atlantide. Autre différence notable avec la plupart des romans d’Halter : le livre approche des 300 pages.

Ce mélange d’énigme historique et de crime en chambre close aurait pu donner une grande réussite mais, malheureusement, tout cela n’est pas très convaincant. Le narrateur, après la mort de son épouse durant l’éruption du mont Saint Helens, décide d’employer l’argent de son héritage (cinq millions de dollars !) à résoudre le mystère entourant la disparition de l’Atlantide. Un jour, en 1980, il rencontre Hélène, une jeune femme un peu hippie qui abuse de la marijuana et semble avoir des réminiscences d’un passé très lointain. Passionné par l’Atlantide, notre héros décide d’en découvrir l’emplacement, qu’il situe à l’île de Santorin. Accompagné d’Hélène, il se rend sur cette île où il retrouve un ami de la jeune femme, Guy. Or, au cours d’une plongée, ce-dernier meurt transpercé par un trident. Un crime inexplicable, à moins d’invoquer la colère de Poséidon…

Avec LE GEANT DE PIERRE, Paul Halter, passionné par l’Antiquité, tente de résoudre l’énigme de l’Atlantide. Le voici donc sur les traces de l’île engloutie en retournant aux sources du récit de Platon et en expliquant les principales hypothèses sur le sujet, ce qui rend l’histoire plutôt bavarde. Les lecteurs peu intéressé par ce mystère peuvent passer leur chemin tant Halter nous abreuve de détails sur cette civilisation disparue. Toutefois, pour contenter ses admirateurs, l’écrivain concocte un crime impossible (un nageur tué par un trident sans quel nul n’ait pu l’approcher) qui renvoie à un autre meurtre commis peu avant la destruction de l’Atlantide. Un grand prêtre s’enferme dans une pièce après avoir blasphémé contre les dieux, ce qui entraine la colère de Poséidon : lorsque la porte s’ouvre on découvre son corps percé d’un trident. Ces deux crimes impossibles ne sont pas vraiment à la hauteur de ce que l’auteur nous a précédemment proposé : les solutions sont assez classiques et évidentes. L’explication de la mort du plongeur, en particulier, s’impose immédiatement…ce qui conduit le lecteur à comprendre où Halter veut nous mener. Or, la pirouette finale déçoit (tout comme les explications de LA MALEDICTION DE BARBEROUSSE) et laisse une impression amère. A croire que la partie policière a été plaquée par l’écrivain sur son intrigue afin de rassurer ses fans. La partie historique, pour sa part, n’intéressera que les curieux de l’Atlantide. Bref, LE GEANT DE PIERRE n’est pas un mauvais roman (demeure le talent de conteur d’Halter et les notations historiques pour ceux qui aiment ça) mais constitue une déception indéniable et sans doute un des trois ou quatre romans les moins réussis de Paul Halter. Dommage.

http://hellrick.over-blog.com/2017/11/l ... alter.html
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
rodoliv
Electro
Messages : 795
Inscription : 10 sept. 16, 22:33

Re: Vos dernières lectures

Message par rodoliv »

hellrick a écrit :LE GEANT DE PIERRE de Paul Halter

Image

Au milieu des années ’80, Paul Halter (né en 1956) a ressuscité le roman d’énigme en chambres closes avec une série de titres publiés au Masque comme LA MALEDICTION DE BARBEROUSSE ou LA QUATRIEME PORTE (récompensé par un Prix à Cognac) et LE BROUILLARD ROUGE (lauréat du Prix du roman d’aventures).

Devenu le plus prolifique épigone de John Dickson Carr, Halter a écrit une quarantaine de livres qui renouvellent toutes les situations classiques du crime impossible : chambre close, pièce surveillée par des témoins dignes de foi, corps découvert environné de neige ou de sables, prémonition, bilocation, réincarnation, voyage dans le temps, etc. On lui doit ainsi quelques chefs d’œuvres du genre comme LA MORT VOUS INVITE, LE CERCLE INVISIBLE, l’extraordinaire LA SEPTIEME HYPOTHESE ou le formidable LE VOYAGEUR DU PASSE, véritable tour de force de récit policier tarabiscoté.

D’emblée, LE GEANT DE PIERRE apparait comme quelque peu différent du reste de la production de l’auteur. En effet, le crime en chambre close, commis aux temps minoens, s’avère ici anecdotique, l’intrigue principale se consacrant à « la plus grande énigme de tous les temps », à savoir la disparition de l’Atlantide. Autre différence notable avec la plupart des romans d’Halter : le livre approche des 300 pages.

Ce mélange d’énigme historique et de crime en chambre close aurait pu donner une grande réussite mais, malheureusement, tout cela n’est pas très convaincant. Le narrateur, après la mort de son épouse durant l’éruption du mont Saint Helens, décide d’employer l’argent de son héritage (cinq millions de dollars !) à résoudre le mystère entourant la disparition de l’Atlantide. Un jour, en 1980, il rencontre Hélène, une jeune femme un peu hippie qui abuse de la marijuana et semble avoir des réminiscences d’un passé très lointain. Passionné par l’Atlantide, notre héros décide d’en découvrir l’emplacement, qu’il situe à l’île de Santorin. Accompagné d’Hélène, il se rend sur cette île où il retrouve un ami de la jeune femme, Guy. Or, au cours d’une plongée, ce-dernier meurt transpercé par un trident. Un crime inexplicable, à moins d’invoquer la colère de Poséidon…

Avec LE GEANT DE PIERRE, Paul Halter, passionné par l’Antiquité, tente de résoudre l’énigme de l’Atlantide. Le voici donc sur les traces de l’île engloutie en retournant aux sources du récit de Platon et en expliquant les principales hypothèses sur le sujet, ce qui rend l’histoire plutôt bavarde. Les lecteurs peu intéressé par ce mystère peuvent passer leur chemin tant Halter nous abreuve de détails sur cette civilisation disparue. Toutefois, pour contenter ses admirateurs, l’écrivain concocte un crime impossible (un nageur tué par un trident sans quel nul n’ait pu l’approcher) qui renvoie à un autre meurtre commis peu avant la destruction de l’Atlantide. Un grand prêtre s’enferme dans une pièce après avoir blasphémé contre les dieux, ce qui entraine la colère de Poséidon : lorsque la porte s’ouvre on découvre son corps percé d’un trident. Ces deux crimes impossibles ne sont pas vraiment à la hauteur de ce que l’auteur nous a précédemment proposé : les solutions sont assez classiques et évidentes. L’explication de la mort du plongeur, en particulier, s’impose immédiatement…ce qui conduit le lecteur à comprendre où Halter veut nous mener. Or, la pirouette finale déçoit (tout comme les explications de LA MALEDICTION DE BARBEROUSSE) et laisse une impression amère. A croire que la partie policière a été plaquée par l’écrivain sur son intrigue afin de rassurer ses fans. La partie historique, pour sa part, n’intéressera que les curieux de l’Atlantide. Bref, LE GEANT DE PIERRE n’est pas un mauvais roman (demeure le talent de conteur d’Halter et les notations historiques pour ceux qui aiment ça) mais constitue une déception indéniable et sans doute un des trois ou quatre romans les moins réussis de Paul Halter. Dommage.

http://hellrick.over-blog.com/2017/11/l ... alter.html
Merci pour ces infos, j'adore les romans de JD Carr mais je n'ai jamais lu de Paul Halter, il faut que je m'y mette.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

L’EPEE DE RHIANNON
Image
Leigh Brackett (1915 – 1978) fut, avec son époux Edmond Hamilton, une des grandes romancières de la science-fiction de l’Age d’Or. Connue pour sa participation au scénario de classiques cinématographiques comme « Rio Bravo », « Le grand sommeil » ou « L’Empire contre-attaque »), Brackett commença à publier dans les pulp comme Astounding ou Planet Stories au début des années ’40. Elle se spécialisa rapidement dans une science-fantasy épique et lyrique inspirée par Edgar Rice Burrough, mélange de space-opéra, de planet opéra et d’heroic-fantasy. De nombreuses nouvelles datant de cette époque furent, par la suite, remaniée et allongées pour donner les romans formant le cycle de Mars.

L’EPEE DE RHIANNON se rattache à cette saga martienne mais nous emmène dans le passé de la planète rouge où l’archéologie Matt Carse pille les ressources de l’antique civilisation aujourd’hui disparue. Un jour, on lui propose la légendaire épée du dieu Rhiannon. Intéressé, Matt se rend avec son interlocuteur à l’emplacement de la tombe de Rhiannon, laquelle se révèle bourrée de trésors. Cependant, nos deux hommes se querellent et Matt est projeté dans un gouffre temporel qui le conduit dans un autre temps, alors que la civilisation martienne vit son apogée. Mais c’est également une période de conflit entre l’Empire de Sark et les redoutables Rois de la Mer. Armé de l’épée de Rhiannon et peut-être même habité par l’esprit du maléfique dieu en quête de rédemption, Matt affrontera mille périls en ces temps reculés afin, peut-être, de regagner son monde.

Ce récit d’aventures court et rythmé annonce le similaire LES ROIS DES ETOILES que rédigera son mari Edmond Hamilton en 1949 : un individu se retrouve déraciné, loin de son monde et de son temps, mais en possession d’une arme redoutable et « habité » par l’esprit d’un être supérieur, ici le dieu déchu Rhiannon.

Brackett propose ici un space / planet opéra à l’ancienne, loin de la complexité des grandes fresques actuelles (parfois indigestes) et qui recourt volontiers à une imagerie et un imaginaire proche de la fantasy à base de superbe reine, d’épée fabuleuse, de pirates, etc. En moins de 200 pages, l’écrivain emballe son récit sans laisser au lecteur le temps de souffler, avec une verve constante qui ne se retrouve que dans les meilleurs romans feuilletons ou les pulp les plus échevelés. Alors, évidemment, le lecteur d’aujourd’hui, à près de 80 ans de distance, peut trouver cela un peu « léger » ou prévisible : l’intrigue, quoique riche en rebondissement, reste linéaire et sans grande surprise, les protagonistes ne sont guère fouillés (mais ils demeurent joliment brossés en quelques lignes évocatrices) et le tout accuse le poids des ans. Mais qu’importe, L’EPEE DE RHIANNON n’en reste pas moins un roman d’aventures parfaitement rythmé et mené qui se dévore pratiquement d’une traite. Un vrai bon moment de lecture divertissante.

http://hellrick.over-blog.com/2017/11/l ... ckett.html
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

DEUIL EN ROUGE
Ecrit en 1959 et couronné par le Grand Prix de Littérature Policière, DEUIL EN ROUGE rappelle le point de départ du roman de Nicolas Blake (adapté par la suite par Chabrol) QUE LA BETE MEURE. Un riche industriel rentre chez lui au volant de sa luxueuse Arion noire. Sa femme et ses deux filles se précipitent pour l’accueillir mais sont fauchées par un chauffard conduisant, lui aussi, une Arion noire. Décidé à se venger, notre homme voit l’enquête ne point aboutir. Il va alors demander à Steve Darras, son plus proche collaborateur (apparemment très proche de la défunte) de reprendre l’enquête avec l’aide de détective privé. Heureusement pour eux, l’Arion est une voiture peu courante et, rapidement, le nombre de suspects se restreint à trois.

Jean-Marie-Edmond Sabran (1908 – 1994), souvent caché sous le pseudonyme de Paul Berna, se dissimule cette fois sous le nom de Paul Gerrard. Il livre ici un roman court, rythmé et fort bien mené, en particulier durant sa première partie où l’homme de confiance Steve Darras enquête minutieusement afin de restreindre le nombre de coupables potentiels. « Est-ce vraiment un roman policier ? » se demandèrent les critiques de l’époque. Pas vraiment, en effet, plutôt un mélange de roman très noir, de drame psychologique et de suspense agrémenté d’une énigme sur l’identité du chauffard meurtrier. Ici, il n’y a pas de crime intentionnel, pas de complexe jeu d’alibi comme pouvait en présenter les romans d’énigme de l’âge d’or, seulement la conduite complètement imprudente d’une crapule voulant frimer dans sa voiture de luxe. On ne trouvera pas non plus de policier ni de détective dans ce DEUIL EN ROUGE : les héros sont des quidams dégouttés par l’inaction des forces de l’ordre et décidés à se venger.

Roman bien tassé n’ayant guère vieilli à l’exception de quelques tournures et vocabulaires argotiques (mais cela contribue également, quelque part, au charme de ces petits bouquins ancrés dans leur époque), DEUIL EN ROUGE propose 150 pages qui se lisent d’une traite et sans le moindre ennui. Du bon polar !

http://hellrick.over-blog.com/2017/11/d ... rrard.html
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Rashomon
Machino
Messages : 1024
Inscription : 7 avr. 14, 14:16

Re: Vos dernières lectures

Message par Rashomon »

Les GPLP des années cinquante sont généralement de très haute tenue - les jurés avaient bon goût à l'époque ! Il faut dire que les Fifties furent un très bon cru pour le polar en général, en France comme dans les pays anglo-saxon s.
Avatar de l’utilisateur
rodoliv
Electro
Messages : 795
Inscription : 10 sept. 16, 22:33

Re: Vos dernières lectures

Message par rodoliv »

Image
Petite déception, un roman qui reste agréable mais on est loin de Lituma dans les Andes ou de Tante Julia et le scriboullard.
Avatar de l’utilisateur
Arn
Décorateur
Messages : 3742
Inscription : 19 oct. 17, 16:32

Re: Vos dernières lectures

Message par Arn »

Mes dernières lectures :

Image
Carrie de S. King. Très bien, très captivant, et pour un premier roman (je crois) c'est quand même impressionnant de maitrise.

Image
Comme un chien de Jack Ketchum et Lucky McKee. Ca se lit très bien, j'ai été pris dans l'histoire, mais pas sûr que je m'en souvienne pendant longtemps.

Image
Hellraiser de Clive Barker. Roman très court (150p en poche) mais fascinant. J'ai adoré. Hâte de recevoir mon coffret Arrow pour voir les films maintenant.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

PIERRE BOILEAU - LE REPOS DE BACCHUS

Avant de s’associer avec Thomas Narcejac pour devenir le plus célèbre duo du roman policer français, Pierre Boileau (1906 – 1989) avait déjà signé, dans la seconde moitié des années ’30, une poignée de romans d’énigme pure mettant en scène le limier André Brunel. La plupart relèvent du crime impossible et du meurtre en chambre close, citons ainsi LA PIERRE QUI TREMBLE et surtout son chef d’œuvre, SIX CRIMES SANS ASSASSIN, dont le titre résume l’ambition.

Plus modeste dans « l’impossible », LE REPOS DE BACCHUS propose néanmoins trois mystères apparemment insolubles. Monsieur le Comte de Moncelles, un vieil homme solitaire, a pour seule passion sa collection de peintures, exposées dans la galerie de son château. La plus belle de ses toiles est, sans conteste, « Le repos de Bacchus » de Leonard de Vinci. Le Comte ouvre parfois les portes de son antre pour que des visiteurs viennent admirer ses tableaux, sous la surveillance d’un guide bien entendu. Or, au cours d’une visite, le guide est assassiné et un criminel, surnommé Bras Roulé, s’échappe avec le « Bacchus ». Pourtant, l’alerte étant donnée, notre gredin est stoppé avant d’avoir pu quitter le domaine. Mais nulles traces du tableau, apparemment volatilisé ! Peu après un nouveau maraudeur s’introduit dans le château. Repéré, il gagne la grille d’entrée, un paquet de la taille du « Bacchus » à la main. Et, sous les yeux de témoins dignes de foi, s’échappe en passant à travers les barreaux. La confusion grimpe encore d’un cran lorsque le fourgon blindé transportant un Bras Roulé condamné à mort s’évanouit dans la nature ! André Brunel intervient alors pour dissiper le mystère.

Couronné par le Grand Prix du Roman d’Aventures, ce classique du « crime impossible » déroule son intrigue en 150 pages bien tassées. Dans la grande tradition du roman d’énigme à la John Dickson Carr, le romancier délaisse les personnages et les notations psychologiques (le Comte, néanmoins, se montre bien brossé avec un minimum de phrases) pour miser sur le mystère, captivant le lecteur par l’apparente impossibilité des faits énoncés.

Bien sûr, l’auteur expliquera tout durant le dernier chapitre, dissipant l’insolubilité des événements par un raisonnement logique et sans recourir à des passages secrets ou des explications tarabiscotés à outrance : en prenant l’affaire par le « bon bout de la raison » et en examinant les faits après avoir retranché l’impossible, son détective comprend comment le criminel a pu agir. Un roman très plaisant, à l’écriture fluide, admirablement rythmé et qui ne laisse aucun répit, bref un bouquin qui répond à la définition que l’auteur donna du « policier : une machine à lire ». Un page turner dirait-on aujourd’hui de cet incontournable ayant étonnamment bien vieilli malgré ses 80 ans ! A lire et à relire.

http://hellrick.over-blog.com/2017/11/l ... ileau.html
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par Max Schreck »

Image
Très beau dernier texte de l'auteur. Salter retrace tranquillement la biographie de son protagoniste, qui ne présente en lui-même pas grand chose de remarquable, juste simplement humain. La particularité étant le milieu professionnel qu'il fréquente, celui de l'édition littéraire. Et on se rend vite compte qu'en parallèle de son parcours, ce sont aussi toutes les personnes qu'il est amené à croiser qui vont intéresser l'auteur. On se retrouve donc avec une sorte de mosaïque de portraits, de personnages toujours un peu insatisfaits des choix qu'ils ont pu faire et de leur conséquences. Certains les acceptant et continuant de vivre avec, d'autres tentant d'autres aventures, attendant de voir ce que cette bifurcation vers un autre destin leur réserve. Et toujours cette écriture en apparence si paisible (pour ce qu'en permet de juger la traduction), où les drames et les tragédies semblent s'inscrire dans le même flux continu de l'existence.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Avatar de l’utilisateur
poet77
Assistant opérateur
Messages : 2641
Inscription : 12 août 11, 13:31
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par poet77 »

Image

Sous-titré « Lettres des Antipodes », ce volume rassemble les chroniques que le sinologue et écrivain belge Simon Leys (1935-2014) publia pendant deux ans, en 2005 et 2006, dans la revue Le Magazine Littéraire. La plupart de ces chroniques sont très brèves et, néanmoins, aucune d’elles ne m’a semblé banale. Au contraire, sans s’embarrasser de grandes phrases, l’auteur déploie tout son talent d’écrivain, toute sa sensibilité, toutes ses connaissances, tout son humour et toute sa subtile intelligence pour faire vaciller nos idées toutes faites et nos petits conforts intellectuels. On peut comparer Simon Leys à Jean-Bertrand Pontalis (au sujet duquel j’écrivais récemment) : tous deux savent être justes et pertinents en étant simples, sans jamais éprouver le besoin de nous égarer ni de nous décourager comme le font certains philosophes.

Simon Leys écrit comme cela vient, pourrait-on dire, au gré de ses lectures et de ses agacements, et il aborde mille sujets. Bien sûr, en éminent sinologue qu’il était, il se réfère souvent aux auteurs et aux peintres chinois. Mais sa culture déborde de beaucoup les frontières de sa spécialité et il se montre tout aussi capable d’écrire au sujet de Sartre, de Proust ou de Tchekhov et, même, d’auteurs qu’on risquerait un peu rapidement de ranger dans des sous-catégories mais dont il parle avec une gourmandise qui excite notre curiosité de lecteurs (ainsi la chronique qu’il consacre à Patrick O’Brian, un écrivain qui s’était spécialisé dans les récits d’aventures maritimes tout en étant lui-même un marin des plus pitoyables !).

A ce sujet, l’on remarque la place éminente que Simon Leys réserve à la littérature de fiction. Dans une de ses chroniques les plus longues, il explique judicieusement que la vérité se dévoile davantage dans ce qu’on aurait tendance à désigner comme étant de l’ordre du mensonge. Autrement dit, nous dit-il, on n’atteint vraiment la vérité que par l’imaginaire. Les philosophes eux-mêmes s’en sont servis (pensons à Platon et à son mythe de la caverne). Et j’ajoute que, dans les Évangiles, Jésus ne fait pas autrement puisqu’il parle, le plus souvent, au moyen de paraboles. J’ajoute aussi que les prix décernés cette année à des ouvrages de non-fictions (comme le Goncourt attribué à « L’Ordre du Jour » d’Éric Vuillard) peuvent, à juste titre, susciter la perplexité. Il n'est pas sûr du tout, pour dire les choses autrement, que les livres réputés "sérieux" (les ouvrages d'historiens, de philosophes, de théologiens, etc.) nous fassent approcher davantage de la vérité du monde et des êtres que la littérature de fiction (romans, pièces de théâtre, etc.) et la poésie.

On peut aussi rester songeur et s’irriter des aberrations des censeurs qui songent, par exemple, à faire interdire l’usage de la cigarette dans les films français. Simon Leys, lui, qui ne craint pas d’aller à contre-courant des rigidités dominantes, consacre une de ses chroniques à nous convaincre que « les cigarettes sont sublimes » ! On se régalera aussi à lire ce que l’auteur écrit au sujet de « la vérité du romancier », de « l’empire du laid », des rapports compliqués des écrivains avec l’argent, et j’en passe. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne s’ennuie jamais en compagnie de Simon Leys !

9/10
Rashomon
Machino
Messages : 1024
Inscription : 7 avr. 14, 14:16

Re: Vos dernières lectures

Message par Rashomon »

poet77 a écrit :J’ajoute aussi que les prix décernés cette année à des ouvrages de non-fictions (comme le Goncourt attribué à « L’Ordre du Jour » d’Éric Vuillard) peuvent, à juste titre, susciter la perplexité.
Ils sont cohérents avec la haine de la fiction (et de l'imaginaire en général) manifestée par la littérature française depuis une vingtaine d'années. Entre non-fiction assumée, autobiographie plus ou moins avouée et autofiction c'est une spécificité "bien de chez nous" que j'aimerais bien voir disparaître.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

http://hellrick.over-blog.com/2017/11/a ... n-ael.html

AHRIMAN de Gwenn Aël

Voici un thriller ésotérique fantastico-horrifique de bonne tenue qui s’inscrit dans la tradition du cinéma d’épouvante « religieux » des seventies (on pense par exemple au formidable « La malédiction ») ainsi que dans la lignée des romanciers modernes mêlant ésotérisme, tueur en série, enquête tortueuse, etc. Cette « nébuleuse » comprend, en France, des auteurs comme Giacometti / Ravenne, Sire Cédric ou Maxime Chattam pour ne citer que les plus célèbres.

L’intrigue se déroule dans une Toulouse noyée sous un véritable déluge d’intempéries. Dans cette ambiance de fin du monde, un maçon apparemment très croyant est découvert dans une église, crucifié la tête en bas. Un enquêteur quelque peu dépassé, Eliot Benin, mène l’enquête et découvre rapidement que la victime semblait liée à des rituels sataniques. Peu après, le père Cosma est, à son tour, retrouvé démembré. Les soupçons de l’inspecteur se portent vers les sectes sataniques dont on a observé une recrudescence dans le midi de la France depuis la fin du XXème siècle…

Le style s’avère efficace, privilégiant le plaisir de lecture aux tournures alambiquées : Gwenn Ael se situe dans la continuité des auteurs qui considère le « page turning » comme une obligation afin de maintenir un rythme soutenu. Et, en dépit de quelques longueurs (conséquentes de la somme importante d’informations distillées), l’écrivaine normande parvient à son but : garder l’attention du lecteur sur plusieurs centaines de pages et lui donner envie de lire le prochain chapitre afin, peut-être, d’obtenir les réponses aux nombreuses questions posées par le récit.

Comme souvent dans ce genre de récit, la romancière de montre également didactique et reprend la fameuse affaire de l’abbé Saumière, curé de Rennes-le-château ayant acquis une immense fortune. Des dizaines d’œuvres de fiction (mais aussi de démystifications) furent consacrées à cette histoire, laquelle assura la notoriété de la petite commune du Limousin auprès des amateurs d’occultisme. Pour certains, l’abbé Saumière aurait découvert le trésor des templiers, pour d’autres il aurait conclu un pacte avec le Malin…quoiqu’il en soit, voici du « matériel » très intéressant pour un polar fantastique, tout comme la recrudescence du satanisme et le légendaire grimoire d’Ahriman qui aurait été écrit en 1424 à Milan avant de traverser les époques et de sombrer, avec le Titanic, en 1912.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par Max Schreck »

Image
Soit les 4 volumes qui composent le tome 3 de la saga de Martin. Je suis toujours aussi captivé par cette lecture, l'univers et les personnages du roman, avec en plus le plaisir de constater que sur pas mal de points la série part sur des rails différents, permettant à la surprise d'être toujours au rendez-vous (jusqu'à ce rebondissement ultime d'autant plus jubilatoire qu'inattendu). Si je voulais faire la fine bouche, je dirais que comparativement aux deux précédents tomes quasi sans-fautes, j'ai eu avec celui-ci quand même quelques impressions de ralentissement, l'auteur s'attardant parfois sur des événements qui n'ont pas vraiment l'air de faire progresser l'intrigue, ou sur des personnages au sujet desquels on se sent un peu moins concerné. Mais c'est si habilement construit, que cette impression ne persiste jamais longtemps. Comme d'hab, je fais un petit break avant d'attaquer la suite.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Vos dernières lectures

Message par hellrick »

BOB MORANE - LES SEMEURS DE FOUDRE
Image

Datant du tout début des sixties voici un « Bob Morane » complètement dédié à l’aventure et au dépaysement, le tout saupoudré d’une touche de science-fiction bienvenue. La recette magique de cette époque où l’imagination emporter le lecteur pour deux ou trois heures de complet divertissement.

Bob, Bill et le professeur Clairembart partent en expédition, à la recherche d’une ancienne cité perdue, dans les Monts Madidi, au-delà des redoutables Murailles Rouges. Pourtant, à Puerto dos Tigres, personne ne veut venir en aide à nos aventuriers. Tous tentent de les dissuader de se rendre dans cette région inhospitalière, hantée par de redoutables Indiens que l’on surnomme Los enemigos del Christiano. Après avoir échappé à une tentative de meurtre commises par deux indigènes de la tribu des Yorongas, Bill et Bob se rendent compte que ceux-ci ont la langue coupée afin de ne pouvoir trahir leur commanditaire. Aidé par un guide, Manca, les aventuriers décident toutefois de se rendre dans les Montagnes Rouges afin d’en percer le secret.

LES SEMEURS DE FOUDRE est un roman touffu, riche, qui brasse quantité de lieux communs de l’Aventure pour aboutir à une décoction toujours enthousiasmante : des passages secrets activés par la mélodie d’une flute, des Indiens fanatisés à la langue coupée, d’anciens Nazis décidés à conquérir le monde, une terrifiante arme secrète, une cité perdue,…

En 150 pages, Henri Vernes n’a pas de temps à perdre, il doit accrocher le lecteur et ne plus le lâcher. C’est finalement peut-être préférable à ces épais techno thrillers modernes qui usent de scénarios similaires mais étalés sur le triple de pages en se prenant terriblement au sérieux. Ici, pas de longues descriptions, juste quelques phrases bien choisies qui créent l’ambiance ou brossent un protagoniste. L’action reste privilégiée et les rebondissements nombreux quoique la trame générale demeure prévisible et que l’issue ne fasse aucun doute.

Pour les amateurs de Bob Morane, LES SEMEURS DE FOUDRE constitue sans nul doute un divertissement efficace à lire ou à relire.

http://hellrick.over-blog.com/2017/11/b ... ernes.html
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
The Eye Of Doom
Régisseur
Messages : 3079
Inscription : 29 sept. 04, 22:18
Localisation : West of Zanzibar

Re: Vos dernières lectures

Message par The Eye Of Doom »

hellrick a écrit :L’EPEE DE RHIANNON
Image
Leigh Brackett (1915 – 1978) fut, avec son époux Edmond Hamilton, une des grandes romancières de la science-fiction de l’Age d’Or. Connue pour sa participation au scénario de classiques cinématographiques comme « Rio Bravo », « Le grand sommeil » ou « L’Empire contre-attaque »), Brackett commença à publier dans les pulp comme Astounding ou Planet Stories au début des années ’40. Elle se spécialisa rapidement dans une science-fantasy épique et lyrique inspirée par Edgar Rice Burrough, mélange de space-opéra, de planet opéra et d’heroic-fantasy. De nombreuses nouvelles datant de cette époque furent, par la suite, remaniée et allongées pour donner les romans formant le cycle de Mars.

L’EPEE DE RHIANNON se rattache à cette saga martienne mais nous emmène dans le passé de la planète rouge où l’archéologie Matt Carse pille les ressources de l’antique civilisation aujourd’hui disparue. Un jour, on lui propose la légendaire épée du dieu Rhiannon. Intéressé, Matt se rend avec son interlocuteur à l’emplacement de la tombe de Rhiannon, laquelle se révèle bourrée de trésors. Cependant, nos deux hommes se querellent et Matt est projeté dans un gouffre temporel qui le conduit dans un autre temps, alors que la civilisation martienne vit son apogée. Mais c’est également une période de conflit entre l’Empire de Sark et les redoutables Rois de la Mer. Armé de l’épée de Rhiannon et peut-être même habité par l’esprit du maléfique dieu en quête de rédemption, Matt affrontera mille périls en ces temps reculés afin, peut-être, de regagner son monde.

Ce récit d’aventures court et rythmé annonce le similaire LES ROIS DES ETOILES que rédigera son mari Edmond Hamilton en 1949 : un individu se retrouve déraciné, loin de son monde et de son temps, mais en possession d’une arme redoutable et « habité » par l’esprit d’un être supérieur, ici le dieu déchu Rhiannon.

Brackett propose ici un space / planet opéra à l’ancienne, loin de la complexité des grandes fresques actuelles (parfois indigestes) et qui recourt volontiers à une imagerie et un imaginaire proche de la fantasy à base de superbe reine, d’épée fabuleuse, de pirates, etc. En moins de 200 pages, l’écrivain emballe son récit sans laisser au lecteur le temps de souffler, avec une verve constante qui ne se retrouve que dans les meilleurs romans feuilletons ou les pulp les plus échevelés. Alors, évidemment, le lecteur d’aujourd’hui, à près de 80 ans de distance, peut trouver cela un peu « léger » ou prévisible : l’intrigue, quoique riche en rebondissement, reste linéaire et sans grande surprise, les protagonistes ne sont guère fouillés (mais ils demeurent joliment brossés en quelques lignes évocatrices) et le tout accuse le poids des ans. Mais qu’importe, L’EPEE DE RHIANNON n’en reste pas moins un roman d’aventures parfaitement rythmé et mené qui se dévore pratiquement d’une traite. Un vrai bon moment de lecture divertissante.

http://hellrick.over-blog.com/2017/11/l ... ckett.html
J'aime beaucoup Brackett et notamment le cycle martien.
Si tu le trouve, je te conseille le recueil Océans de Venus publié par Temps Futurs il y a bien longtemps ( il y a une couverture de Druillet). De mémoire il y a trois nouvelles dont une tres belle écrite avec Bradbury.
Je ne sais pas s'il y a d'autres textes méconnus ou pas traduits de ce niveau.
Image
Répondre