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hellrick
David O. Selznick
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Peter Lovesey, né en 1936, débute sa carrière en écrivant, en 1969, LA COURSE OU LA VIE, qui remporte le concours du premier roman policier de l’éditeur McMillan/Panther. Dans cette enquête située à l’époque victorienne apparait le sergent Cribb, lequel reviendra dans huit romans et donnera lieu, en 1988, à une série télévisée de la BBC. Publié en 1975, LE MEDIUM A PERDU SES ESPRITS constitue la sixième aventure du sergent.
Fin du XIXème siècle. La mode, dans la bonne société londonienne, consiste à organiser des séances de spiritisme. Le sergent Cribb et son fidèle adjoint, l’agent Thackeray, sont chargés d’enquêter sur des cambriolages commis à l’encontre d’aristocrates. Ces deux vols furent commis durant des séances. Fait curieux, les objets dérobés avaient peu de valeur alors que les demeures cambriolées recélaient des pièces bien plus couteuses. Serait-ce l’œuvre d’un amateur débutant se demande le sergent ? Peu après, l’étoile montante des médiums, le séduisant Peter Brand, accepte de se soumettre à un test scientifique visant à démontrer ses talents : il devra invoquer les esprits en gardant les mains posées sur les poignées d’une chaise légèrement électrifiée. S’il détache une seule seconde les doigts, l’appareillage électrique enregistrera une fluctuation du courant et prouvera l’existence d’une supercherie. La séance se déroule de belle manière, sous l’œil sceptique de scientifiques, et divers phénomènes inexplicables se produisent durant la soirée. Brand aurait toutes les raisons de se réjouir… s’il n’était pas mort pas électrocuté sur la chaise soit disant parfaitement sûre. Les esprits auraient ils jouaient un tour mortel au jeune homme ? Le sergent enquête et découvre rapidement que Brand était un charlatan…ce qui n’explique aucunement la manière dont on a pu l’assassiner.
Plaisant petit policier historique mettant en scène le sergent Cribb (six de ses aventures furent traduites en français) LE MEDIUM A PERDU SES ESPRITS constitue un whodunit classique mais bien mené avec une touche de fantastique apparent finalement expliqué dans la tradition de John Dickson Carr mais en moins complexe. Le crime « impossible » se verra résolu de manière rationnelle par le brave sergent au terme d’une enquête sympathique qui permet, par la bande, d’esquisser une vue générale de la vie et des mœurs dans l’Angleterre de la fin du XIXème siècle, en plein boom des recherches spirites.
Cet agréable Lovesey saura donc satisfaire les amateurs de romans policiers classiques et d’énigmes historiques.
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Il existe tellement de choses autour du personnage de Conan (romans apocryphes, bandes dessinées, films, jeux, séries télé, etc.) qu’il semble judicieux de retourner au texte original de Robert Howard. Dans ce vaste corpus Conan est loin d'être un barbare belliqueux et un peu stupide comme on se plait à le caricaturer.

CONAN LE CONQUERANT constitue également le seul roman du cycle, celui où le Cimmerien perd son trône puis le retrouve...On attend toujours la version ciné promise depuis des années puisque le texte aurait dû servir de base au troisième film de la saga, après « Conan le barbare » et « Conan le destructeur ». Comme rien ne se perd dans le petit monde du cinéma le script envisagé sera par la suite remanié pour « Kull le conquérant ».

Dans cet épisode, Conan est chassé de son trône d’Aquilonie et se retrouve enfermé dans les cachots de Tarascus, accompagné de son terrible magicien ressuscité Xaltothum. Pour que Conan retrouve son trône il devrait s’emparer d’un joyau légendaire, le Cœur d’Ahriman. Le barbare, après s’être évadé, part donc en quête de l’artefact.

En environ 250 pages, Robert E. Howard propose une grande aventure, une quête épique dont le seul défaut est, aujourd’hui, d’avoir été reprise, voire copiée par d’innombrables épigones. Mais ce roman, republié dans l’intégrale Bragelonne dans sa version originale non altérée (par Sprague de Camp et Lin Carter que l’on salue toutefois pour avoir permis à ses textes de croitre en popularité), demeure une pierre angulaire de la Fantasy épique et violente. Conan, personnage bien plus nuancé et intéressant que le grand public ne le croit généralement, trace sa route, rencontre divers protagonistes souvent peu recommandable mais également sa future reine. Pirate parti de rien devenu roi et retombé ici à l’état de prisonnier, le fier Cimmérien reprend les armes et part à la reconquête de son royaume. Créatures surnaturelles, magie maléfique, combats grandioses,…Par Crom on en redemande !

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Voici le premier tome d’une monumentale uchronie contée par Alain Paris durant les années ’90. Le thème de la victoire nazie est, depuis (entre autres) FATHERLAND, SS GB, SVASTIKA NIGHT et LE MAITRE DU HAUT CHÂTEAU, un des classiques du genre. Généralement, ces romans se situent quelques années après la victoire du Reich mais ici, intelligemment, Alain Paris débute son récit huit siècles après l’avènement du Premier Empereur et son triomphe contre le Khan Stalline. La technologie s’est écroulée, le monde est retourné à un stade quasi médiéval avec quelques éléments plus « modernes », notamment de majestueux dirigeables qui, immanquablement, confèrent au roman un (très léger) parfum steampunk. Selon les scientifiques, la civilisation vit sous la surface de la terre (ce qui explique le sous-titre général de la saga, « les mondes de la terre creuse ») suite à une apocalypse ayant ravagé la planète. Les événements des siècles passés se sont modifiés, devenant légendaires et s’intégrant à une nouvelle mythologie dans laquelle se mélangent un Hitler déifié et les faits d’armes de chevaliers, comme Siegfrid, vainqueur du dragon. Alors que Manfred IV s’apprête à célébrer le huit centenaire du Reich, les dignitaires attendent le retour du Premier Empereur. Ce véritable messie reviendra d’entre les morts pour reprendre sa couronne et mener ses troupes, terminant un Reich de mille ans avant de lancer une nouvelle ère qui, peut-être, concernera la conquête des « autres terres ». Des mondes que l’on peut atteindre en passant par les pôles selon les explorateurs au service de l’Empire. Pendant que chacun ressasse ces « rêves de violences et de fureur », une délégation se rend au Khelsteinhaus, le nid d’aigle de l’Empereur. Pour avoir refusé les avances de sa belle-mère, Arno von Hagen sera dénoncée par celle-ci comme un traitre. Condamné à la disgrâce il sera dépouillé de ses biens et vendu comme esclave tandis que le reste de sa famille sera massacrée. Bien sûr, Manfred IV n’est pas dupe, il sait que tous ces hommes sont innocents mais il laisse néanmoins la police politique de la Sainte-Vehme accomplir son œuvre afin de briser toutes velléités de révolte.
Dans ce premier tome, Alain Paris plante le décor et annonce une suite qui sera, forcément, marquée par la vengeance. En dépit de cette mise en place (qui occupe donc la quasi-totalité du roman !), SVASTIKA reste passionnant et se dévore rapidement : le romancier développe une belle uchronie mâtinée d’aventures et d’intrigues politiques proches de la Fantasy.
Une belle réussite et un final donnant immédiatement l’envie de poursuivre la lecture avec le second volet de cette immense saga.

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Lectures de septembre...j'attaque la rentrée littéraire avec une exception (le Enard)

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Forêt obscure de Nicole Krauss
Deux récits dont les personnages ne se croisent pas; L'un écrit à la première personne (narratrice qu'on pense proche de la vie de l'écrivain), l'autre à la troisième. Le cadre est celui d'Israël et plus précisément Tel-Aviv avec en trame de fond un legs (fantasmé) de Kafka. Si le roman est déséquilibré du fait de l'intérêt plus important qu'on porte à un des récits, j'ai été assez pris par cette histoire dont on ne sait jamais où elle va nous emmener et qui offre une réflexion riche et sensible sur les vies qu'on laisse passer.
7.5/10

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Arcadie d'Emmanuelle Bayamack-Tam
Description d'une communauté ecolo-utopiste par une ado transgenre...Bouquin moins agaçant que ne le laisse supposer le résumé mais je n'ai pas trop accroché aux personnages et à l'univers, même si Bayamack-Tam a un don pour naviguer entre différents style. D’élégants morceaux d'écriture.
5/10

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A son image de Jérôme Ferrari
Une structure maitrisée et un excellent début. Cela reste cependant un peu trop froid et peut être un peu trop simpliste vers la fin...
7/10

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Boussole de Mathias Enard
Roman qui ressemble parfois à une sorte de dictionnaire que j'ai failli plusieurs fois laisser tomber. Bien que le livre ne paraisse jamais prétentieux, trop d'érudition tue l'élan du récit. Le livre contient pas mal de moments assez fort, notamment vers la toute fin (la révolution iranienne), qui fait qu'il reste quand même en tête et qu'il donne envie de s'y replonger.
7/10

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Un tournant de la vie de Christine Angot
Une économie d'écriture qui laisse un peu pantois tout comme cette histoire d'amour à trois, d'une banalité à pleurer. Une écriture au plus près du quotidien, triviale, qui fait très rarement mouche. C'est trop peu pour un roman aussi court.
3/10
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

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C'est peut-être pas l'auteur à son meilleur, l'écriture se faisant rarement fulgurante, mais ça reste vraiment intéressant (et même amusant) par sa capacité à saisir notre époque, notre société, dans toutes ses contradictions, avec toujours ce sentiment de catastrophe imminente. Ici, c'est surtout le milieu universitaire qui en prend pour son grade, satire tranquille.

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Y'a évidemment plein de bouquins sur le sujet, mais celui-ci m'a semblé en proposer une synthèse aussi intelligente que passionnante. Prieur et Mordillat mettent en forme et par écrit le travail qui avait fourni la matière de leur docu Corpus christi. C'est une exégèse des évangiles qui évoque aussi bien les interrogations légitimes sur les faits que celles sur la parole, tout en avançant quelques hypothèses audacieuses (mais néanmoins non tranchées).

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Le précédent bouquin de Monnin fut une expérience de lecture bouleversante, celui-ci parvient lui aussi à me toucher au cœur. C'est le genre de récit qui donne l'impression de ne parler qu'à soi, autobiographie sans nostalgie mais qui sait recenser avec justesse les marqueurs des époques traversées. Et puis ici encore, ce travail sur l'écriture, sur la poésie du langage, une façon de ciseler les phrases pour exprimer au mieux des émotions si fragiles. C'est magnifique.
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Cette nouvelle aventure de l’avocat détective Perry Mason débute de manière insolite : Mason et sa secrétaire, Della Street, observent, dans un restaurant, une serveuse, Dixie. Celle-ci s’éclipse en laissant derrière elle un manteau de vison certes mité mais cependant d’une grande valeur. Peu après la police débarque pour leur apprendre que la jeune femme a été percutée par une voiture. La fuite de Dixie s’explique car elle pense avoir été impliquée dans un meurtre. Bref, la situation se complique rapidement et rend le bouquin quelque peu confus tant les rebondissements et retournements de situation se succèdent. Par exemple, le vison mité du titre conduit l’avocat sur la trace d’un révolver ayant servi à commettre un crime et relance le récit. Mason défendra finalement la pauvre Dixie engluée dans une affaire qui la dépasse complètement. Tout comme le lecteur qui devra attendre les dernières pages pour débrouiller, avec l’aide de Perry Mason, les fils de l’intrigue.
LE VISION MITE constitue le 39ème (!) roman mettant en scène l’avocat justicier Perry Mason. Evidemment, le romancier avait établi depuis longtemps sa formule gagnante et ce récit n’échappe pas à la règle, les différentes sous-intrigues (embrouillées) étant entremêlées afin d’égarer le lecteur jusqu’aux ultimes chapitres. Comme toujours Mason, cette fois en qualité de témoin, est appelé à la barre pour contrer les arguments de l’inévitable Ham(ilton) Burger. Et, comme toujours, l’avocat use d’effets de manche et des inévitables « objections votre honneur » pour que triomphe la vérité.
Dans l’ensemble, et quoiqu’il ne soit pas un indispensable de l’auteur, ce roman remplit son contrat de divertissement rondement mené, Erle Stanley Gardner conduisant l’enquête sur un rythme soutenu. Il utilise une écriture très simple mais efficace (parait-il largement améliorée par la traduction) et laisse la part belle aux discussions entre les protagonistes semblables à des joutes verbales agréables à suivre. Du roman policier très « pulp » qui se savoure sans arrière-pensée et se dévore en une soirée. Sympathique.


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ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard
Premier roman, le seul édité par les éditions de minuit pour cette rentrée, qui fait un peu parler de lui et qui se retrouve dans la présélection du Goncourt. J'ai un peu de mal à rejoindre les éloges faits ici ou là bien que le livre sait efficacement relayer la passion amoureuse de ses deux personnages et que sa structure reste simple et maitrisée.
Le rythme syncopée, les répétitions, le recours aux extraits encyclopédiques, le côté un peu déréalisé dans lequel vivent les personnages, la lourdeur des références (Duras) et un lyrisme mal maitrisé m'ont pas mal agacé (ça a tendance à un peu s’atténuer dans la deuxième partie, et encore...). Pas mal d'atouts mais un peu gâché par certains effets de manche.
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A la lecture de la quatrième de couverture (et, a fortiori, du titre) on pense immédiatement à « Star Trek ». Et, effectivement, on retrouve dans ce roman quelques thématiques proches des voyages de l’Enterprise. On y trouve également des dauphins intelligents devenus auxiliaires des humains dans l’exploration spatiale ce qui rappelle, évidemment, la saga de l’ELEVATION de David Brin. Le thème des portes spatiales créées par une race disparue et permettant de voyager d’un point à l’autre de l’univers évoquera, de son côté, LA GRANDE PORTE de F. Pohl ou pour les plus jeunes (mais plus tant que ça) le film et la série « Stargate ».

L’intrigue générale, pour sa part, navigue entre space opera et hard science sans négliger des passages plus ardus imprégnés d’un mélange de philosophie et d’extrapolations scientifiques pas toujours aisé à digérer. L’aventure, néanmoins, est présente et, une fois encore, rappelle « Star Trek » puisque le vaisseau spatial, censé maintenir la paix, va se trouver malgré lui au cœur d’un conflit. L’auteur décrit également une foultitude de créatures bizarres forcées de cohabiter dans le Starplex.

Au cours du XXIème siècle l’humanité a découvert un réseau de trous de vers, dénommés transchangeurs, qui permettent de voyager à travers les étoiles. Une base terrienne a été construite près du transchangeur le plus proche, à proximité de l’étoile Tau Ceti. Cela a permis à l’humanité de découvrir deux espèces extra-terrestres, les Walahulds et les Ebis. En 2094, le Starplex, dirigé par le commandant Lansing découvre d’immenses sphères constituées de matière noire capables de passer à travers les transchangeurs. Peu après des vaisseaux waldahuds attaquent le starplex.

Du bon et du moins bon dans ce roman : le capitaine Lansing est plutôt sympathique et joue le mimétisme avec James T. Kirk : un quadragénaire en pleine « midlife crisis » à la libido développée. L’intrigue, pour sa part, fonctionne agréablement mais hésite entre une SF « sérieuse » et une SF plus légère, le tout donnant souvent l’impression (voulue ?) d’un épisode de « Star Trek » revisité façon hard science. Ou, pour les moins réceptifs, d’un space opéra plaisant mais encombré d’explications scientifiques pesantes et incompréhensibles aux non-initiés. Le lecteur se permettra donc de survoler certaines scènes pour apprécier davantage un roman intéressant mais rarement passionnant que l’on qualifiera donc de « moyen ». Comme hommage à Gene Roddenberry STARPLEX reste cependant largement plus réussi que l’imbuvable RED SHIRTS.

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Ismaïl Kadaré - Avril brisé
D'histoires de vendetta en Albanie (avec cette existence hallucinante d'un code de loi appelé Kanun), Kadaré tire un roman existentiel et poétique évoquant aussi bien le gothique, l’expressionnisme que l'absurdité de Kafka et Beckett. Je ne sais pas ce que vaut l'adaptation de Walter Salles mais ça l'air très éloigné. Grand roman.

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Adeline Dieudonné - La vraie vie
Un vrai page-turner, sorte de conte violent fantasque, illustrant en filigrane un "propos" sur les violences faites aux femmes. Si la forme du conte justifie le côté un peu too much des personnages, tout ça manque de profondeur. Naviguant entre des références à Retour vers le futur et Shining (on est dans un décor assez vague de banlieue urbaine à l'américaine) le livre peine à réellement exploiter tout ce qu'esquisse son histoire. A. Dieudonné donne l'impression à la fin de vouloir expédier tout cela au plus vite dans un dernier acte invraisemblable. Elle est plutôt jolie, passe bien à la télé, n'a pas l'air bête mais son roman est loin d'être un grand livre, voir même un bon...


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François Vallejo - Hôtel Waldheim
Dans ses meilleurs moments le livre offre un jeu intéressant entre les différents points de vue que peuvent avoir plusieurs personnages sur un seul et même événement...Points de vue modifiés par le souvenir, la projection des idées et des émotions...Mais la mécanique du récit est souvent grippée, les personnages s'obstinant à rester statiques (jusqu'à la toute fin où Vallejo ne sait pas comment finir, clairement la partie la plus faible). Si le livre reste plaisant, on aimerait que tout cet univers qui mêle espionnage et décor de la montagne magique s'électrise un peu plus.
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Maîtres et esclaves de Paul Greveillac

Puissant roman qui nous plonge dans l'histoire de la Chine, du Grand bond en avant jusqu'aux manifs de la place Tian'anmen en 89.
On suit le destin d'un peintre issu de la paysannerie moyennement riche, qui finira dans les hautes sphères du pouvoir en tant qu'artiste de propagande.
Avec ce perso d'apparatchick dont le talent et l'humanité sont broyés par les forces politiques en présence, Greveillac réussit à nous faire ressentir toute la violence et l'absurdité de cette société totalitaire, tout en nous montrant les profondes mutations menant à cette Chine contemporaine pleine de contradictions et née dans la douleur.
Assez long, documenté j'ai été assez vite conquis par cette entreprise qui mêle considérations sur un art peu commenté et connu (la peinture de propagande) et l'histoire politique de la Chine. L'auteur ne cherche pas forcément à rendre aimable ses personnages et révèle un goût pour la tragédie (ce qui pourra en agacer certains)....mais ça m'a assez enthousiasmé.
KTiger_44
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Message par KTiger_44 »

Beuah, mes dizaines de dernières lectures ressemblaient à ça, le marché de l'immobilier en Allemagne et d'où venaient les investissements ne sont pas mes domaines de prédilection, mais j'en avais besoin pour mon master... Bref, je me suis bien marré :mrgreen: sinon, je me suis descendu tous les mangas Dernière Heure, et j'ai récemment acheté en brocante le livre "Band of Brothers" (oui oui, celui qui a inspiré la série bien connue) et compte bien l'entamer... ce soir!

Edit un bon moment plus tard: ledit livre Band of Brothers est juste excellent, je l'ai préféré à la série! On y apprend bien plus de choses, mais après c'est le format qui veut ça, on pourra toujours caler plus dans un livre que dans une série, à moins d'adapter le bouquin en 5 saisons...
Dernière modification par KTiger_44 le 11 nov. 18, 14:04, modifié 2 fois.
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Quatre-vingt-dix secondes de Daniel Picouly...
...ou l'histoire de l'éruption de la montagne Pelée en 1902. Racontée par le volcan, masse surplombante, cynique, éprouvant des sentiments contradictoires sur ces 30 000 vies qu'il s'apprête à prendre, l'histoire démarre sur les chapeaux de roue et se contraint à relater les événements se passant une heure avant la catastrophe. Malheureusement Picouly tente au delà de ça de relater une histoire d'amour contrarié à la Titanic qui ne convainc pas vraiment. Style très classique un peu désuet (l'auteur se complait un peu dans son écriture), avec un recours fréquent aux retournement de situations, aux Deus ex machina, le livre perd peu à peu en intensité et amoindrit la violence finale de l'éruption

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Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu
L'écriture de Nicolas Mathieu est filmique, immédiatement transposable sur un écran donc loin d'être un grand objet littéraire, ce roman (son deuxième, le type ayant aussi fait une thèse sur Malick) n'en est pas moins juste dans la peinture qu'il fait de ces zones péri-urbaine ayant auparavant eu une forte activité industrielle et aujourd'hui délaissée. Le livre se présente comme une chronique adolescente (et donc aussi sociale) sur 4 étés choisis entre 1992 et la finale de 98. On suit avec lucidité (et cruauté) des personnage "types" (le fils d'immigré marocain, la jeune fille de famille nouveau riche) avec au centre un garçon issu de la classe moyenne pauvre, débrouillard mais sans passion ni avenir, rêvant vaguement d'un ailleurs.
Un peu caricatural dis comme ça mais c'est vraiment la justesse du regard, l'amour porté aux personnage, qui tient le livre et le rend assez émouvant. A la fois désespérant (l'ennui du quotidien, les vies brisées, la drogue) et vivifiant (les échappées, les fuites que les personnages n'appréhendent pas tout à fait). Une crudité aussi dans les scènes de sexe ou de violence, jamais complaisantes et finissant toujours sur un truc un peu surprenant.
Alors le livre est bourré de trucs, de cliffhanger (un côté page-turner là aussi)...mais ça fonctionne très bien.
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Les 4 finalistes du Goncourt


David Diop, Frère d'âme (Seuil)
Paul Greveillac, Maîtres et esclaves (Gallimard)
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux (Actes sud)
Thomas B. Reverdy, L'Hiver du mécontentement (Flammarion)
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Nouvelle aventure située dans la grande saga « Drenaï », LES GUERIERS DE L’HIVER se situe environ trois siècles après LEGENDE. L’empereur Skanda est au pouvoir, marié à la princesse ventriane Axiana, ce qui a permis de rétablir la paix entre les deux peuples ennemis. N’ayant plus besoin d’une armée aussi nombreuse, Skanda renvoie dans leur foyer ses soldats vétérans, comme Nogusta, Bison et Kebra. Une nouvelle accueillie différemment selon les militaires : certains apprécient de pouvoir enfin goûter aux joies de la retraite et d’une existence pacifique, d’autres se désolent d’être considérés comme inutiles à l’empire. Dans le même temps apparaissent des démons, menés par Anharat le Seigneur démoniaque. Ce-dernier désire tuer trois rois afin d’accomplir une antique prophétie. En effet, ce triple régicide permetta aux forces du mal de déferler sur le monde. Deux des monarques ont déjà succombés et seul l’enfant à naitre d’Axiana empêche encore le règne des démons…A l’hiver de leur vie, les anciens héros de l’empire vont se dresser pour combattre cette puissance maléfique.
Avec LES GUERRIERS DE L’HIVER, Gemmell retrouve le ton de son fabuleux LEGENDE mais au lieu d’un héros unique comme Druss il partage cette fois le récit entre une poignée de protagonistes bien campés. Nous avons tout d’abord l’archer Kebra, âgé de 56 ans, dont la vue commence à baisser et qui accepte, avec une relative sérénité, que son temps soit bientôt révolu : il doit passer la main et laisser aux plus jeunes la défense de l’empire.
Nogusta, de son côté, reste un des meilleurs combattants du pays. Il possède un don de clairvoyance qui lui fait comprendre l’imminence d’un immense péril et tente encore d’exorciser le massacre de sa famille commis bien des années plus tôt.
Bison, la soixantaine bien tassée, n’accepte pas son âge : il ne pense qu’à se battre, à se montrer vulgaire, dragueur, rude et brutal, bref à se conduire comme un « homme, un vrai ». La perspective de la retraite l’épouvante et la possibilité d’une mort glorieuse au cours d’une bataille sans espoir lui semble bien plus appréciable qu’une fin de vie dans une ferme.
A eux trois ils vont défendre la reine Axiana contre un Seigneur démoniaque qui rêve de dévaster l’empire et de le réduire en cendres. Bien évidemment tous n’en sortiront pas indemnes.

Avec les GUERRIERS DE L’HIVER nous sommes au cœur de la High Fantasy épique, grandiose et barbare que maîtrisait si bien Gemmell. L’intrigue semble stéréotypée, les personnages classiques, les péripéties attendues et pourtant le romancier n’a aucun mal à écraser la concurrence. Ses héros, apparemment caricaturaux, dévoilent au fil des pages une réelle profondeur, son intrigue évite le manichéisme en proposant des protagonistes bien campés dans les deux camps et ses dialogues sont à la fois très simples et porteurs d’une philosophie de vie bien amenée. On retrouve également dans ce roman cette sensation de nostalgie, ce poids du temps qui passe pour ces héros qui savent que, dans peu d’années, ils seront oubliés. A moins que leurs actes ne se transforment en haut faits, racontés par les conteurs et embellis au fil des siècles jusqu’à devenir, une fois encore, légendaires, tout comme les exploits de Druss.

Sans être le meilleur roman de Gemmell, ce livre proche par sa thématique de sa QUETE DES HEROS PERDUS n’en reste pas moins un divertissement hautement conseillé pour les amateurs de Fantasy héroïque qui préfèrent le fracas des épées aux interminables descriptions et les batailles sanglantes aux intrigues de cour tarabiscotées.


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Frères d'âme de David Diop

Dernier candidat au Goncourt qui me restait à lire et clairement celui qui a fait le plus parler de lui.
A cela s'explique des facteurs favorables comme sa brièveté (le roman se lit en un peu moins de 2 heures), l'actualité de l'anniversaire de la première guerre et l'angle sous lequel Diop attaque son récit, celui du point de vue d'un tirailleur sénégalais dont l'expression en français est transformée par la syntaxe wolof.
Un récit dans lequel il y a pas mal de répétitions, de reflux de la conscience, des remords et de la mémoire et où l'action (minimale) est reprise plusieurs fois pour déployer le passé familiale du protagoniste mais aussi par la bande celle des relations entre l'europe et l'afrique (pas le plus réussi). Le genre du conte et du fantastique remplace peu à peu la chronique guerrière, comme si l'africanité vampirisait peu à peu une Histoire qui appartient aux européens. C'est assez maitrisé mais j'ai trouvé le livre paradoxalement assez froid et ayant un rapport limité à l'Autre, pas si éloigné du cliché. Cela reste intéressant et inédit.
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La File indienne d'Antonio Ortuño (2016)

Roman noir ayant pour toile de fond l'immigration hondurienne et salvadorienne au Mexique où l'on suit l'enquête d'une assistante social d'un service d'immigration. On est entrainé dans un puits sans fond d'histoires de corruption, de règlements mafieux et de meurtres de masses ou l'apathie, quand ce n'est pas la haine, règne. Ortuno dresse le tableau d'un Mexique dont l’extrême violence nous rappelle la Shoah, l'enfer de Dante, le Salo de Pasolini. Le style, rugueux, brutal, sec tout en étant poétique se "savoure" lentement.

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Cette chose étrange en moi : la vie, les aventures, les rêves du marchand de boza Melvut Karatas et l'histoire de ses amis : et Tableau de la vie à Istanbul entre 1969 et 2012, vue par les yeux de nombreux personnages d'Orhan Pamuk (2014, parution en 2017 en France)

Pas loin de 700 pages, une quarantaine de personnage....un livre foisonnant et ambitieux qui se propose de peindre avec minutie le portrait d'un vendeur ambulant tout en racontant la transformation d'Istanbul (sur le plan politique et géographique) sur près de 40 ans. Cette fresque au souffle indéniable, au réalisme captivant sème une douce tristesse plus qu'une nostalgie chez le lecteur, observateur d'une vie qui ne s'est pas complètement réalisée. C'est dans les dernières pages où Pamuk, libéré des histoires politiques, familiales et amoureuses qui s'éternise un tantinet, mêle, confond rêve et réalité, intériorité et urbanisme...et le livre y révèle sa profondeur.
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