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Edmund Crispin est un spécialiste du roman policier encore trop méconnu dans nos contrées. Il fut également (et surtout) un compositeur de musique de films, assorti d’un critique littéraire et d’un scénariste. En 1944 il publie l’excellent PRÉLUDE ET MORT D'ISOLDE où apparait le détective Fen. Celui-ci reviendra dans une dizaine d’enquêtes, toutes inédites en français à l’exception de ce UN CORBILLARD CHASSE L’AUTRE, y compris son fameux « The Moving Toyshop » considéré comme un classique du crime impossible.

Peu après la Seconde Guerre Mondiale, Gervase Fen, spécialiste en littérature, professeur à Oxford et criminologue amateur, se voit convié par les studios hollywoodiens à conseiller les producteurs d’une prochaine biographie d’Alexander Pope. Lorsqu’une petite starlette, Gloria, se suicide en se jetant d’un pont, Fen se demande si cette mort ne dissimule pas une sinistre vérité. Des soupçons confirmés après l’empoisonnement d’un caméraman qui aurait entretenu une liaison avec la défunte. Avec l’aide de l’inspecteur Humbleby, Fen mène l’enquête.

Crispin connaissait évidemment parfaitement le milieu du cinéma anglais, qu’il décrit de manière très vive avec son style personnel : vocabulaire recherché, phrases joliment élaborées et humour satirique très présent. Cela confère une indéniable originalité à ce roman à la construction sinon classique (le suicide d’une jeune femme entraine une vengeance implacable) qui n’évite pas certaines facilités, en particuliers un climax quelque peu expédié et un coupable surgit de nulle part (ou plutôt des premières pages du roman puisqu’il n’apparait plus par la suite). Toutefois, le roman s’avère très court, fort rythmé, ponctué de scènes efficaces (une course poursuite entre la demoiselle en détresse, le détective et le tueur dans les méandres d’un labyrinthe végétal) et se montre constamment plaisant et divertissant sans se prendre trop au sérieux. Un fort sympathique moment de lecture pour les amateurs de whodunit.

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Pour le grand public, 2001 ODYSSEE DE L’ESPACE reste sans doute le plus célèbre roman d’Arthur C. Clarke. Rappelons que Stanley Kubrick souhaitait réaliser un grand film de science-fiction épique et qu’il finit par puiser sa source d’inspiration dans une nouvelle de Clarke, publiée en 1951, « La sentinelle ». A partir de cette base Clarke et Kubrick rédigent un scénario dont l’écrivain tire parallèlement un roman édité peu après la sortie du long-métrage.


Le récit se veut plausible et réaliste quoique l’auteur prévienne dès l’introduction : « il s’agit d’une fiction et la vérité sera bien plus étrange ». Le roman, assez court (188 pages) se divise en six chapitres de longueur à peu près égale. Nous commençons notre voyage aux temps préhistoriques, durant « la nuit ancestrale », où un homme-singe, Guetteur de Lune, entre en contact avec un monolithe transparent qui lui envoie d’étranges images mentales : la frustration apparait dans l’esprit de Guetteur de Lune qui décide d’utiliser des outils pour affronter un léopard puis le chef d’une tribu rivale. L’Homme a appris à maitriser son environnement : il « était maître du monde et il n’était pas sûr de ce qu’il devait faire. Mais il lui viendrait bien une idée ».
Nous allons ensuite rencontrer le Dr Heywood Floyd en route pour la base lunaire Clavius, placée en quarantaine suite à une probable épidémie. En réalité, cette mise au secret est justifiée par une découverte au centre du cratère Tycho dénommé AMT 1 (pour Anomalie Magnétique de Tycho N°1) : un monolithe noir parallélépipédique dont les dimensions obéissent très exactement au rapport 1 / 4 / 9 (le carré des 3 premiers nombres premiers). L’Homme vient de découvrir la preuve de l’existence d’une vie extraterrestre et l’objet lance un flux d’énergie en direction des étoiles.
Toutes les analyses, toutes les tentatives pour déterminer l'origine ou la nature de cet « objet » se sont révélées infructueuses. Aucune des hypothèses faites à son sujet n’est totalement satisfaisante. C’est un mystère total. Mais des certitudes existent : le monolithe n’est pas d’origine humaine et il a été enfoui il y a trois millions d’années. Lorsque Floyd se rend sur place pour le voir de ses propres yeux, il ne peut rien conclure d’autre.
Quelques temps plus tard un voyage spatial « entre les planètes » est organisé : la vie routinière de David Bowman et Frank Poole est perturbée par la rébellion de l’ordinateur de bord Carl 9000, normalement incapable de la moindre erreur. Après avoir « accidentellement » tué Poole et les trois membres de l’équipage encore en hibernation, l’ordinateur est déconnecté par Bowman. Celui-ci continuera son voyage vers Saturne et franchira la « Porte des Etoiles » pour aboutir à un autre monde en ne laissant à la Terre, en guise d’ultime message, qu’un mystérieux « Oh ! Mon Dieu ! C’est plein d’étoiles ! »

Si le roman et le film sont similaires (il existe de menues différences mais celles-ci sont insignifiantes sur le déroulement du récit), le livre se montre plus explicatif que sa version cinématographique, offrant quelques réponses supplémentaires à ceux qui trouvaient la réalisation de Kubrick trop absconse. Toutefois, 2001 (le livre) se montre un peu trop descriptif pour que l’ennui ne pointe pas à l’une ou l’autre reprise, surtout lorsqu’on a vu (et revu) son adaptation cinématographique. Il constitue cependant un honnête complément au long métrage dont il éclaire certaines zones d’ombre pour les plus cartésiens. Mais, d’un point de vue purement littéraire, nous sommes loin des plus grandes réussites de Clarke et de l’émerveillement suscité par ses classiques comme, par exemple, RENDEZ VOUS AVEC RAMA. A découvrir néanmoins pour les amateurs de science-fiction qui voudront prolonger le voyage avec ses trois suites qualitativement supérieures.

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Depuis mars :

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Chabon a son meilleur avec ce portrait d'une communauté black dans un quartier d'Oakland, vivant les restes décrépis d'un passé glorieux (musique soul et blaxploitation). Juste et érudit, ça ne m'a jamais semblé écrasé par les références, j'étais plutôt demandeur. C'est le genre de bouquin pas évident à résumer ou à vendre, tant l'essentiel se joue dans l'écriture, dans la mécanique du récit, dans ces petits détails de caractérisation des personnages. C'est aussi brillant que drôle. Pour moi un de ses meilleurs livres, juste après Kavalier & Clay.

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Pas grand chose de plus à ajouter à mes précédents avis sur ce feuilleton. Contrairement au précédent, ce tome a l'avantage de revenir aux personnages les plus passionnants de la fresque de Martin, et de combler les trous. Je suis toujours saisi par cette impression de plonger dans un monde qui semble réellement exister pour l'auteur, dont il en connaît les moindres détails, qu'il s'agisse de la topographie ou des soubresauts d'une Histoire teinte de mythes et de récits devenus légendaires (ou même de bouffe). Et ce n'est jamais fastidieux, au contraire. Et encore une fois, connaître la série n'est en rien un désavantage puisqu'ici le roman suit plus que jamais ses propres traces, nouvelle preuve que l'adaptation a été intelligemment réalisée. Monumental... et frustrant puisque ça reste à ce jour le dernier tome publié (et j'ai vraiment pris mon temps pour lire la saga).


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J'avais beaucoup aimé le précédent roman de l'auteur, récit sensible et poignant dans sa façon de donner à entendre la voix de l'enfance. Bourdeaut fait preuve d'une certaine originalité ici en donnant à son roman le cadre des marais salants de Guérande, mais j'ai été moins convaincu par le résultat. L'écriture est presque trop travaillée, donnant des dialogues un peu trop écrits, artificiels. Et je n'ai pas vraiment été passionné par les personnages, leur relation, ni par le suspense un peu fabriqué que tente de mettre en place l'auteur. C'est sûrement pas un mauvais livre, mais pas vraiment d'enthousiasme.
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Publié chez Gore, ce roman du spécialiste Richard Laymon se veut une relecture rentre-dedans du classique L’HOMME INVISIBLE version serial killer violeur. Bref, ça annonce un film comme L’HOMME SANS OMBRE ou même les invisibles perversions du Manara du PARFUM DE L’INVISIBLE sans que cela soit fondamentalement passionnant. Cependant, le roman a probablement beaucoup souffert lors de sa traduction / adaptation car l’édition originale annonce 266 pages, soit pratiquement le double de cette version française confuse et brouillonne.
L’intrigue se montre ainsi touffue : d’un côté un homme invisible terrorise un petit bled et commet de nombreuses agressions : il tue un homme et son chient, décapite une femme, viole la journaliste locale à plusieurs reprises, etc. Une première ligne narrative bien hargneuse, typique de la collection Gore, avec son lot de passages sanglants et son érotisme malsain. De l’autre côté, un second récit - en apparence indépendant - se consacre à un détective privé chargé de sauver une jeune fille tombée dans les mains d’une secte de tarés très portés sur la sexualité dirigée par la sorcière Laveda. Les deux récits finissent bien sûr par se rejoindre d’une manière quelque peu forcée, pour ne pas dire artificielle.
Apparemment la secte est d’ailleurs très puissante, ce que le roman ne montre jamais très clairement, et l’impression de contrôle absolu exercée par ses adeptes ne transparait pas vraiment non plus. LA MORT INVISIBLE mélange donc culte maléfique, infiltration gouvernementale par les forces obscures, homme invisible sanguinaire, etc. dans un récit qui adopte les codes d’un vieux polar avec son détective désabusé tentant de survivre à tous ces événements bizarres.
En dépit de ses défauts flagrants, LA MORT INVISIBLE se déroule sur un rythme enlevé qui aide à faire accepter au lecteur le caractère schématique des protagonistes, les passages ridicules (les haricots magiques – ceux de Jack ? – qui confèrent son invisibilité au méchant) et le manque de liant d’une histoire essentiellement basée sur les effets chocs dispensés à intervalles réguliers.
Si le roman se lit sans déplaisir (sa courte pagination évite au lecteur de s’y ennuyer) le tout peine à atteindre la moyenne : les prémices intéressantes n’aboutissent à rien et LA MORT INVISIBLE perd rapidement son intérêt au fil d’un déroulement à la fois invraisemblable et prévisible. Richard Laymon nous ayant habitué à mieux on passera rapidement sur ce semi-ratage.


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Dans ce roman pour les adolescents (mais qui peut s’apprécier à tout âge), Christophe Lambert mélange deux thèmes très actuels, les sectes et les possibilités (et dangers) du clonage, qu’il avait déjà abordé dans le très réussi CLONE CONNEXION.
Le point de départ ? Le décès d’un jeune garçon de dix ans, David. Ses parents, Andrew et Geena Martin, inconsolables, donnent leur accord à une expérience de clonage révolutionnaire très couteuse et proscrite par la loi. Le couple et leur fille adolescente, Kimberley, partent donc s’installer dans une étrange communauté, Nouvelle Arkham, où va « naitre » un clone de leur fils décédé, un second David dont la personnalité diffère du premier.
Misant sur des personnages joliment brossés et un récit alerte, sans temps mort, le romancier nous offre une belle réussite de la science-fiction spéculative. Il injecte une réelle profondeur à son intrigue sans toutefois verser dans le prêchi-prêcha, dégraissant au maximum afin de ne jamais ennuyer le lecteur. Les plus curieux pourront toutefois trouver quelques pistes de réflexion supplémentaire grâce aux intéressantes notes reléguées à la fin de de l’ouvrage. Les mécanismes d’endoctrinement, l’apprentissage du clone, les liens avec l’actualité (et les déclarations des raeliens concertant le clonage des disparus) contribuent à rendre l’ensemble extrêmement plaisant.
On trouve également dans ce roman l’un ou l’autre clins d’oeils, notamment aux « théories » de Lovecraft matérialisées par la dénomination référentielle de cette communauté sectaire : la nouvelle Arkham.
Faisant légèrement penser au chef d’œuvre « Artificial Intelligence » de Spielberg, ce court roman remplit parfaitement son but de divertissement intelligent, bien écrit et suffisamment rythmé pour tenir en haleine jusqu’aux toutes dernières lignes. Une nouvelle réussite pour Lambert !

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Fan du Starship Troopers de Verhoeven, j'ai eu envie de lire le bouquin original, malgré sa réputation de brûlot militariste, voire fascisant. J'anticipe un peu, mais j'aurais peut-être dû me fier aux propos de Verhoeven, qui disait n'avoir pas pu lire le livre jusqu'au bout.

Après ma lecture du chef-d'oeuvre de Haldeman, Forever War, j'étais intrigué par cet autre représentant de la SF dite "militaire", écrit quinze ans plus tôt. Autre temps, autre guerre, autre vision aussi : là où Haldeman livre une partition désabusée, largement informée par son expérience de soldat pendant la "sale" guerre du Vietnam, Heinlein, dans un bouquin sorti en pleine Guerre froide (1959), évoque une société militariste, née de la faillite des démocraties. L'anar de droite y expose (longuement) sa vision darwinienne de la société, où in fine, domine la loi du plus fort. Notons que l'écrivain a servi dans la Navy au début des années 30, avant d'être réformé après avoir contracté la tuberculose.

Quant aux accusations de fascisme, je n'ai pas franchement envie d'entrer dans le débat, mais j'ai en tout cas de la peine à percevoir la critique, le 2e niveau de lecture dans tout ça. Jacques Goimard, historien de la SF, estime que le livre est perçu "à tort" comme fasciste (dans l'Encyclopedia Universalis), mais ne dit pas en quoi. La satire évidente présente dans le film de Verhoeven ne transparaît absolument pas dans le bouquin. Du moins, jusqu'à la page 214 (sur 273), où je me suis arrêté.

Parce que, et c'est peut-être là le principal problème du livre, c'est ennuyeux. Deux tiers sont consacrés à l'entraînement des bidasses, mais surtout Heinlein place dans la bouche de ses personnages de longs exposés historico-philosophiques évoquant sur plusieurs pages la supériorité morale du soldat comme défenseur de la Patrie; faisant l'apologie de la punition corporelle; liant morale naturelle et guerre, etc. Difficile de ne pas penser que c'est la voix de l'auteur, et c'est un procédé très artificiel, doublement problématique: 1) cela casse le rythme de la narration, mettant l'histoire au second plan; 2) cela donne parfois une tonalité de manifeste à l'ensemble et, pour ses défenseurs, rend difficile d'abriter Heinlein derrière sa neutralité d'auteur.

Bref, je bâche, et cela ne me donne pas franchement envie de creuser plus loin la production heinleinienne. Même si l'auteur a semble-t-il écrit des choses très différentes par la suite.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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magobei a écrit : Bref, je bâche, et cela ne me donne pas franchement envie de creuser plus loin la production heinleinienne. Même si l'auteur a semble-t-il écrit des choses très différentes par la suite.
Je vais le relire le Starship Troopers, je me relis tous les prix hugo et puis j'aime bien les bouquin de SF militariste bien à droite donc ça aide. Si tu veux un roman dans ce style impossible à lâcher je te conseille LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE
(http://hellrick.over-blog.com/2018/02/l ... calzi.html), INDOMPTABLE de Jack Campbell est également très sympa dans ce style de space opéra. Malheureusement peu de ses romans à la droite de la droite sont traduits chez nous.

Sinon Heinlein a quand même sorti énormément de très bonnes choses (il est un des auteurs les plus primés aux USA je ne compte même plus ses Hugo) dont le fameux EN TERRE ETRANGERE qu'aimait bien les hippies comme quoi le faucon était devenu colombe sur le tard :uhuh:
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Message par magobei »

hellrick a écrit :
magobei a écrit : Bref, je bâche, et cela ne me donne pas franchement envie de creuser plus loin la production heinleinienne. Même si l'auteur a semble-t-il écrit des choses très différentes par la suite.
Je vais le relire le Starship Troopers, je me relis tous les prix hugo et puis j'aime bien les bouquin de SF militariste bien à droite donc ça aide. Si tu veux un roman dans ce style impossible à lâcher je te conseille LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE
(http://hellrick.over-blog.com/2018/02/l ... calzi.html), INDOMPTABLE de Jack Campbell est également très sympa dans ce style de space opéra. Malheureusement peu de ses romans à la droite de la droite sont traduits chez nous.
J'aime surtout Forever War, qui n'est pas de la SF militariste, ni droitière, juste "militaire", et dont le propos va bien au-delà (notamment toute la dimension temporelle, très approfondie). Un livre qui sent à la fois le vécu du "grunt" (Haldeman, contrairement à Heinlein, est allé au feu) et qui est aussi critique. C'est peut-être cette vision critique, mais néanmoins subordonnée au récit, qui me plaît dans la production SF de la fin des 60s et des 70s. J'ai un peu plus de mal avec les bouquins des 50s en général.

Je pense qu'on peut lire Starship Troopers dans une perspective d'histoire des idées (en SF et en général). C'est d'ailleurs ce que je suggère la préface un peu empruntée dans l'édition SF Masterworks. Mais le livre, outre son propos parfois un peu nauséabond, m'a surtout souverainement ennuyé.

Merci pour les conseils, anyway :wink:
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Paul Doherty (parfois dissimulé sous divers pseudonymes comme C.L. Grace, Paul Harding, Michael Clynes, Ann Dukthas, Anna Apostolou et Vanessa Alexander) est un incontournable forçat du « thriller historique », ficelant avec une facilité déconcertante de tortueuses énigmes (pratiquement toujours assorties de meurtres en chambre close et autre crime impossible) que vont résoudre ses limiers tels Hugh Corbett ou Frère Athelstan. C’est ce dernier qui officie dans LA PIERRE DE SANG, onzième enquête qui nécessite la sagacité du débonnaire homme d’Eglise.
AU XIVème siècle, la compagnie des Guivres revient de la campagne de Poitiers avec une pierre sacrée, le Passio Christi formé, selon la légende, par le sang du Christ. Cette pierre de sang atterrit dans les mains de Sir Robert Kilverby. Bien des années plus tard, en 1380, alors que Kilberby doit rendre le joyau à l’abbaye de St Fulcher, il meurt mystérieusement empoisonné dans sa chambre close. Son assassin réussit également à s’emparer du Passio Christi sans que nul ne puisse expliquer ce miracle. La même nuit un soldat membre de la compagnie des Guivres est décapité. Frère Athelstan, accompagné du coroner londonien John Cranston, va mener l’enquête.
Apparus pour la première fois dans LA GALLERIE DU ROSSIGNOL, les deux limiers moyenâgeux revinrent ensuite à intervalles réguliers puisque Doherty leur écrivit huit aventures supplémentaires en autant d’années. Après LA TAVERNE DES OUBLIES, publié en 2003, l’ecclésiastique avait lui aussi été oublié du romancier, occupé à d’autres époques (une trilogie consacrée à Alexandre le Grand, une autre – inédite en français – dédiée à Akhénaton). Heureusement, en 2011, Cranston et Athelstan revinrent pour une enquête particulièrement complexe…les explications des différents crimes (dont un meurtre en chambre close et un incendie « impossible » dans une pièce fermée) occupent d’ailleurs le dernier chapitre, long d’une vingtaine de pages, et intitulé logiquement « le jugement ».
Comme souvent, Doherty prend son temps pour présenter la vie et les mœurs de l’époque : c’est très détaillé et précis bien que parfois un brin didactique. Il y a donc quelques longueurs et quelques lourdeurs. Rien de vraiment rédhibitoire, d’ailleurs on peut dire cela de tous les romans de Doherty : certains de ses collègues choisissent de reléguer ces détails à la fin du récit, dans des annexes explicatives, lui préfère les intégrer directement dans l’intrigue. C’est son choix et il n’est pas plus mauvais que l’autre, au lecteur de trancher selon sa sensibilité ou son envie d’aller directement à l’énigme proprement dite quitte à survoler certains passages plus descriptifs.
Néanmoins, les crimes se multiplient rapidement (une demi-douzaine !) permettant au roman d’avancer à un rythme soutenu en suivant les pas d’un Athelstan quelque peu dépassé par tous ces mystères : un commerçant empoisonné dans une pièce fermée, une pierre dérobée sans que l’on puisse comprendre la méthode employée, un incendie tout aussi incompréhensible, une décapitation, etc.
Les explications des mystères se montrent assez simples et crédibles (nous sommes loin des procédés parfois invraisemblables – mais tellement divertissants – d’un John Dickson Carr ou d’un Paul Halter) mais la résolution des crimes demande un bon niveau d’attention pour ne pas se perdre dans la multitude de protagonistes.
Au final un bon polar historique, sans doute pas le meilleur du genre ni de son auteur mais une lecture agréable, instructive et plaisante à conseiller aux amateurs de récits médiévaux et de whodunit complexe.


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Alexandra Coin écrit des romans seule (ENTRAVES) ou avec son compagnon Erik Kwapinski. LA VOIE DU TALION se consacre à un soldat français de retour du front, Fabrice. Celui-ci a servi en Afghanistan et en est revenu dans un sale état. Tireur d’élite, le jeune homme se sent responsable de la mort d’un de ses amis : suite à un tir raté un de ses potes a été abattu par un Afghan.

Rentré en France, Fabrice retrouve sa femme avocate et carriériste, Céline, laquelle a depuis peu une nouvelle meilleure amie, la très belle psy Cassandre avec laquelle elle découvre le monde friqué de la jet-set cannoise. Fabrice, pour sa part, n’apprécie guère et la situation du couple se détériore d’autan que l’ancien sniper se laisse aller à l’auto mutilation et abuse de la bouteille. Il supporte de plus en plus difficilement les remarques futiles ou carrément critiques à son égard des nouvelles connaissances de son épouse. Du coup le militaire s’isole, souffre d’agoraphobie et trouve finalement refuge dans les montagnes où il vit en ermite. Là, notre dépressif porte secours à une jeune femme en détresse, Zoé. Le soldat et la jeune femme discutent et sympathisent. Mais une question se pose : qu’est réellement devenue son épouse Céline, soi-disant disparue ?

Thriller psychologique aussi manipulateur que son anti héroïne, la femme fatale Cassandre, LA VOIE DU TALION prend le temps de brosser une série de personnages intéressants aux motivations fouillées. Le roman adopte également une construction efficace en multipliant les flash backs, ce qui brise la linéarité du récit pour le transformer en un puzzle dans lequel le lecteur, du moins au début, se trouve aussi perdu que son ancien militaire dépressif. Avec sa violence sous-jacente, ses fausses pistes nombreuses et son érotisme discret mais bien présent le roman rappelle quelque peu le style des giallo italiens ou des thrillers sexy américains des années 70 et 80 et un léger effluve de « Basic Instinct » ou « Last Seduction » imprègne le récit.

Aux côtés de Fabrice nous découvrons également Taisho, un Japonais forcément zen et au code moral strict, partagé entre les arts martiaux et la dégustation rituelle du thé. Un rôle qui eut convenu au Laurence Fishburne période « Matrix » par exemple.

LA VOIE DU TALION s’impose donc comme un thriller solide dont l’intrigue se referme habilement sur le lecteur lors d’un dernier acte violent où s’assume pleinement la vengeance promise par le titre tout en laissant la porte ouverte à une séquelle, KIAÏ, parue en juin 2018.

http://hellrick.over-blog.com/2018/06/l ... inski.html
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Message par hellrick »

OPERATION SATAN (S.C.U.M. Tome 3) de David Rome (Joël Houssin)

Troisième aventure des anti héros de l’anti terrorisme qui forment le commando de mercenaires du SCUM composé de Mark Ross, infatigable agent secret acteur porno, Laeticia Vecciune, nymphomane italienne, les frères Sig Sauer, deux jumeaux autrichiens complètement frappés du ciboulot et enfin un « nègre juif apatride » as de la conduite aérienne…Cette fine équipe rassemblée par Joel Houssin, prudemment caché sous le pseudo de David Rome, ne donne pas dans la dentelle, plutôt dans l’outrance généralisée.
Le but de l’auteur semble, en effet, de pousser le roman de gare dans ses derniers retranchements et d’augmenter tous les curseurs dans le rouge quitte à verser pratiquement dans l’auto parodie en multipliant la violence sadique, l’érotisme moite et les prises de position anarcho réactionnaires. Bref, Houssin mélange joyeusement les ingrédients principaux ayant cours dans le « pulp » des années ’80 en reprenant le meilleur des séries concurrentes (SAS, L’Exécuteur, Brigade Mondaine, L’Implacable…Nostalgie camarade !) et en assaisonnant le tout d’un maximum d’insultes, de vocabulaire ordurier et de racisme décomplexé.
La mission de nos mercenaires ? Récupérer une princesse jordanienne soi-disant kidnappée par le Hezbollah mais ayant, en réalité, pris cause pour les intégristes afin de faire échouer le processus de paix entamé par les modérés. Pour remplir leur contrat le SCUM ne recule devant rien, d’où des scènes assez savoureuses comme celle où une terroriste islamiste capturée se voit soumise à la question. Mais la fanatique ne moufte pas en dépit des tortures subies et il faudra lui introduire un saucisson (garanti 100% pur porc évidemment) pour la décider à parler.
La série SCUM n’est évidemment pas à mettre entre toutes les mains et fera s’étrangler les bien-pensants et autres adeptes de la modération et du bon goût. Tant pis pour eux. Car Joël Houssin se lâche complètement et le résultat s’avère complètement explosif, le genre de lecture « facile » de pure détente qui permet de passer une excellente soirée.
Au final, une fois de plus, le Scum empêchera l’apocalypse et sauvera le processus de paix du Moyen-Orient menacé par l’Opération Satan des barbus fanatiques. Nos « héros » se quittent satisfaits en espérant quand même que les bougnoules continuent de se flinguer un minimum, histoire de ne pas aller pointer au chômage. Vu la situation actuelle, pas de danger que les hommes du Scum se reposent avant un bout de temps. Un festival de violence, de cul et d’humour bien trash à recommander à tous ceux qui préfèrent le démastiquage à la défense des « valeurs de la République ».



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Re: Vos dernières lectures

Message par Max Schreck »

Pendant des années, je me suis contenté de livre un livre à la fois. Pour pleins de raisons, je me suis mis dernièrement aux lectures parallèles, alternant les formats et les genres en fonction des déplacements et de mes dispositions. C'est pas déplaisant.

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Le bouquin confronte le récit historique de l'Ancien testament avec les dernières découvertes archéologiques. On répond ici davantage à la question du "Pourquoi la Bible a-t-elle été écrite" qu'à la question du "comment". C'est évidemment très intéressant, mais pas aussi passionnant que je l'avais espéré. Les auteurs cherchent en effet à se montrer exhaustifs dans leur relecture des textes et des faits, et ne font pas vraiment bénéficier le lecteur d'une écriture un tant soit peu littéraire (ça reste accessible, on n'est pas non plus dans du compte-rendu d'expert, mais j'aurais apprécier d'être un peu mieux séduit par le style). On comprend vite que la Bible a surtout été rédigée dans un but politique, modelant l'Histoire à sa sauce, et en faisant les recoupements adéquats, les auteurs parviennent à déterminer à quelle époque en particulier et sous quel règne l'essentiel du procédé a été mis en place.

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Compilation intelligemment éditorialisée des fameux mémos de Selznick, organisés chronologiquement dans la mesure du possible, avec quelques gros dossiers consacrés à ses productions les plus importantes. Le résultat n'est en rien fastidieux, puisqu'en émerge le portrait à la fois d'un homme et l'évolution d'une industrie. Selznick s'y révèle bien loin de l'image du producteur tyrannique, ou de l'évinceur injuste de réalisateur. On le sent à chaque projet vraiment habité par le désir de ne rien laisser au hasard pour aboutir au meilleur résultat. En particulier lorsqu'il s'agit d'adapter des œuvres littéraires, de Margarett Mitchell à Hemingway, on le sent vraiment soucieux d'être à la fois le plus fidèle aux intentions de l'auteur, tout en tenant compte de la spécificité du langage cinématographique. S'y exprime également un constant respect des réalisateurs qu'il emploie vraiment pour leurs talents, mais dont il attend tout de même d'eux une efficacité dans le travail, et une capacité d'écoute (on conçoit qu'il ait eu du mal avec Huston). Dernier aspect développé dans ces notes : tout le côté gestion des vedettes, avec un vrai rapport de Pygmalion dans sa façon de créer et de gérer les carrières de ses stars, au premier rang desquelles Bergman et Jennifer Jones.

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Très beau texte, croisant le parcours douloureux de personnages transformés par la guerre dans l'Amérique d'aujourd'hui. Style aussi sobre que précis, sans tomber dans le jugement ou la contestation politique. Vraiment très touchant.

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L'approche du bouquin est intéressante puisque l'auteur déroule ici, court chapitre après court chapitre, les âges successifs d'un enfant "atypique", "à haut potentiel", "doué", etc. (les appelations changent selon les époques). C'est donc une suite de situations très concrètes, relatées vraiment du point de vue de l'enfant mais avec l'expertise de l'auteur.

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Roman plutôt alimentaire de Wilson, capable décidément d'alterner entre le fabuleux (A travers temps, Spin) et le moyen (Julian). Y'a un côté roman pulp, avec cette menace alien et ces humains traqués seuls à détenir la vérité, sur fond d'ambiance paranoïaque et de simulacre de réalité à la K. Dick. Mais je n'y ai pas retrouvé le talent de l'auteur pour peindre des personnages émouvants. Ça reste quand même très premier degré, le suspense et l'action priment. J'ai personnellement besoin d'un peu plus d'ambition. Z'êtes pas obligé de pondre un bouquin par an, Monsieur Wilson.
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Message par hellrick »

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Ecrivain anglais de bon goût (fan d’Iron Maiden), Shaun Hutson fut un pilier de la collection Gore puisqu’il y publia pas moins de huit romans (dont LA TRONCONNEUSE DE L’HORREUR sous pseudo et l’unique hors-série de la collection, EREBE), sans oublier un neuvième édité chez l’éphémère concurrent de Maniac. L’auteur n’est sans doute pas le plus « présentable » des auteurs anglo-saxons publié chez Gore et son style n’est pas toujours très travaillé, privilégiant l’efficacité pure (et les détails vomitifs ou érotiques) à une quelconque sophistication. Mais c’est sans doute aussi pour cela qu’on aime notre ami Hutson, spécialiste des idées dérangeantes et d’une horreur jusqu’au-boutiste à même de secouer les plus blasés.
Dans LES LARVOIDES, Hutson s’attaque, avec ses gros sabots et frontalement, à l’avortement. Pas pour livrer un drame social misérabiliste ou un pamphlet psychologique mais plutôt une sorte de délire sanglant saupoudré d’un discours volontairement (?) pro-life.
L’auteur suit Harold Pierce, interné dans un hôpital psychiatrique et complètement défiguré après avoir accidentellement mis le feu à sa maison, provoquant la mort de son frère encore bébé et de sa mère. Enfin libéré de l’asile, Harold échoue dans le centre hospitalier de Fairvale où il trouve un emploi d’homme à tout faire qui consiste à incinérer régulièrement des fœtus avortés. Dégoutté et culpabilisé depuis la mort de son frère, Harold sauve les petits cadavres des flammes pour leur donner une sépulture décente. Mais, revenus à la vie, les bébés zombies réclament à présent du sang…
LES LARVOIDES a, comme souvent, probablement souffert de sa traduction et du format imposé par la collection (l’édition originale compte 250 pages, soit 100 de plus que la française), ce qui lui confère paradoxalement un surplus d’efficacité pure : le roman devient abrupt, elliptique, convulsif,…bref mené à un rythme haletant en adéquation avec cette intrigue démente et peu ragoûtante.
Si ce n’est pas de la grande littérature (peut-être même pas du grand bouquin d’horreur), LES LARVOIDES remplit cependant son pari de divertir le lecteur entre deux hauts le cœur. Comme à peu près tous les Hutson un grand coup de boule dans le bon goût !

http://hellrick.over-blog.com/2018/06/l ... utson.html
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Premier volume d’une trilogie ayant l’ambition de raconter « un siècle américain » (puisque c’est le titre choisi pour désigner l’ensemble des trois ouvrages) par le prisme d’une famille s’étant établie sur les vastes terres de l’Iowa pour y fonder une ferme, ce livre commence en 1920 pour s’achever en 1953. Le pari un peu fou de l’auteure, c’est de narrer l’histoire de cette famille, tout en la situant dans la réalité américaine, à raison d’une année par chapitre (chacun d’eux ne comportant que de dix à vingt pages, parfois jusqu’à vingt-cinq ou vingt-six). Je craignais, par conséquent, en entreprenant cette lecture, de n’avoir affaire qu’à un récit superficiel et, donc, ennuyeux.
Or, dès les premiers chapitres, toutes mes craintes ont été balayées. Car le défi de raconter « un siècle américain » en se focalisant sur les membres d’une famille et en ne consacrant à chaque année qu’un nombre assez réduit de pages a été pleinement relevé (au moins en ce qui concerne ce premier volume). Jane Smiley a su à merveille caractériser ses personnages en choisissant de ne décrire, pour chacune des années qui passent, que quelques événements, mais des événements bien choisis, parfois routiniers, parfois exceptionnels, qui font parfaitement leur office, faisant percevoir au lecteur la particularité et même l’intimité de chaque personnage.
C’est du grand art que de dépeindre avec autant d’économie autant d’événements égrenant les vies de Walter et Rosanna Langdon, de leur désir de fonder une famille en Iowa en y exploitant une ferme. Les naissances, les enfants qui grandissent, dont les personnalités s’affirment, causant bien des surprises à leurs propres parents, tant il est vrai qu’on ne connaît jamais vraiment autrui, même quand il s’agit de sa progéniture. Tout cela, Jane Smiley le fait percevoir au moyen des faits les plus anodins (la naissance de chiots ou le don pour le chant d’un des enfants, par exemple) comme de ceux qui bouleversent les existences (la mort accidentelle d’un des enfants, la participation à la guerre de l’aîné après Pearl Harbor, par exemple).
C’est remarquable, comme l’auteur a su rendre attachants tous les protagonistes de son roman : Frank, l’aîné, qui part en guerre, comme je l’ai rapporté, Lillian qui a le cœur sur la main pour les laissés-pour-compte, Henry qui se passionne pour les livres, etc., etc. Pas une des figures du roman ne semble, en fin de compte, négligée. Toutes ont fait vibrer le lecteur qui, arrivé à la dernière page de l’ouvrage, n’a qu’une hâte, retrouver chacune et chacun d’eux dans les deux volumes suivants de ce passionnant récit. 8/10
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CARNETS NOIRS constitue la suite (au cinéma on parlerait peut-être de spin-off) de Mr MERCEDES : on y retrouve les principaux personnages (le retraité Hodges et son petit monde) mais l’intrigue part dans une tout autre direction et délaisse Brady, le tueur à la Mercedes. Ce-dernier apparait néanmoins dans quelques séquences annonçant le troisième et dernier tome, FIN DE RONDE.
Tout débute par l’assassinat d’un célèbre écrivain à la retraite, John Rothstein, par un de ses fans déçu par la conclusion d’une trilogie littéraire consacrée à Jimmy Gold, dit le Coureur, sorte de looser magnifique finissant par rentrer dans le rang. Le meurtrier, Morris Bellamy, se fait choper quelques jours plus tard pour viol. Condamné à la prison à vie il croupit durant 30 ans dans sa cellule avant d’être finalement libéré, décidé à récupérer son pactole, à savoir non seulement une grosse somme d’argent mais surtout les manuscrits inédits de Rothstein, dont deux romans supplémentaires du cycle Jimmy Gold. Or, ce trésor est tombé entre les mains d’un adolescent, Peter Sauber, dont le père sans emploi a été gravement blessé par le tueur à la Mercedes. Peter décide d’utiliser cette manne providentielle pour sauver sa famille. Chaque mois il envoie quelques centaines de dollars à ses parents de manière anonyme. Mais un jour le puit se tarit et Peter se résout à négocier les fameux carnets inédits de Rothstein auprès d’un libraire spécialisé. Ce qui permet à Morris de retrouver sa trace…
Après MISERY, le King renoue avec l’obsession littéraire et propose deux protagonistes antagonistes tout aussi fascinés par les romans de Rothstein : d’un côté le psychopathe Morris Bellamy (sorte de version masculine de l’infirmière Annie), de l’autre Peter, adolescent intelligent et sensible. Malheureusement, ces deux portraits réussis, auxquels s’ajoute le toujours attachant Hodges et sa petite troupe, ne suffisent pas à rendre CARNETS NOIRS réellement palpitant.
Le roman souffre en effet du défaut coutumier du King : une dilution du récit dans de nombreuses sous-intrigues. Lorsque l’auteur est inspiré cela ne pose aucun problème, même dans ses pavés les plus conséquents (CA, 20/11/63). Par contre, lorsqu’il se montre moins en forme, comme ici, les longueurs se font sentir et le lecteur achoppe sur de trop nombreux détails pas vraiment indispensables. Il faut, par exemple, atteindre le tiers du roman pour retrouver les personnages de Mr MERCEDES, jusque-là à peine évoqués. Certes, il est intéressant de voir l’écrivain opter pour une approche différente et s’éloigner radicalement des recettes du précédent ouvrage mais, avouons-le, les 150 premières pages manquent un peu de mordant pour passionner. Le lecteur s’impatiente avant de retrouver les personnages de Mr MERCEDES : le vieux flic retraité Hodges, la perturbée mais sympathique Holly Gibney et le jeune prodige Jérôme. En dépit d’une intrigue bien menée (on reconnait le métier du King pour entremêler différentes lignes narratives qui finissent logiquement par se rejoindre), tout cela manque de suspense et d’une réelle tension et la conclusion, trop prévisible et attendue, déçoit.
Heureusement, des passages très réussis, intercalés durant la progression de ces CARNETS NOIRS, en rendent néanmoins la lecture plus intéressante. Diverses scènes montrent ainsi Hodges retourner au chevet d’un Brady (le fameux tueur à la Mercedes) catatonique alors que les infirmières chargées de sa garde font état d’étranges rumeurs : l’assassin aurait développé des pouvoirs psychiques. L’épilogue, entre « Patrick » et « La grande menace » confirme la véracité de ces dires et laisse ouverte la porte pour l’ultime volet de la trilogie, FIN DE RONDE que l’on a hâte d’entamer en dépit de la semi déception de ces CARNETS NOIRS. Un King « bon mais sans plus ». On en attend davantage de l’auteur phare du fantastique et de l’épouvante.

http://hellrick.over-blog.com/2018/06/c ... -king.html
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