Romans policiers "old school" (non polar) : whodunit, etc.

Pour parler de toute l'actualité des livres, de la musique et de l'art en général.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Hitchcock
Electro
Messages : 967
Inscription : 9 déc. 13, 13:34
Localisation : Londres

Re: Romans policiers "old school" (non polar) : whodunit, et

Message par Hitchcock »

Image

Relu pour la 3e fois ce grand classique de la littérature policière (plus un polar qu'un whodunit d'ailleurs mais bon) et il faut se rendre à l'évidence : pour son premier roman, Chandler atteint bel et bien le chef d'oeuvre tellement tout, dans le livre, est proche de la perfection. L'intrigue, tout d'abord, est d'une fluidité assez exemplaire, riche en rebondissements souvent inattendus mais pas trop non plus pour ne pas sombrer dans la caricature, des dialogues limpides, souvent truffés de remarques ironiques ou cyniques, et ce, dès la première page (je pense à la remarque de Marlowe sur le décor de la maison), cela étant renforcé par la narration à la première personne par le détective lui-même. Au niveau de l'intrigue, quoiqu'on ait pu dire elle reste parfaitement compréhensible et la fusion entre les deux nouvelles ne se fait que très peu ressentir. En tout cas, la structure de l'intrigue en sorte de boucle reste ingénieuse, et il serait difficile de deviner toutes ses ficelles avant les dernières pages même si les indices disséminés "entre les lignes" peuvent permettre de s'aiguiller vers la bonne piste. Mais le point fort du livre réside surtout dans le charisme de ses personnages : on a souvent analysé Marlowe mais les personnages de Vivian et Carmen sont tout aussi fascinants, tout comme le général qui malheureusement apparaît trop peu mais semble lui aussi très attachant. Même chose au niveau des méchants de seconde zone, tous très bien développés et profonds. La fin laisse place à l'émotion avec la fameuse réflexion de Marlowe sur le Grand sommeil (il faut attendre en effet la dernière page pour apprendre l'origine du titre) pour clore cet incontournable roman.
Dernière modification par Hitchcock le 9 mai 15, 13:32, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Romans policiers "old school" (non polar) : whodunit, et

Message par hellrick »

Ngaïo Marsh: et vous êtes priés d'assister au meurtre de...

Image

Assez peu convaincu par ce premier roman de la "grande rivale de Christie"...J'ai trouvé l'inspecteur assez palot, voir effacé, et l'intrigue pas tellement passionnante avec peu de rebondissement. La mise en place est assez longue, puis on a l'enquête, les interrogatoires et la révélation à la fin...C'est très classique et limite Canada Dry par rapport à Christie: ça manque de peps, il n'y a pas l'humour de Miss Marple ou la suffisante de Poirot, du coup c'est assez plat. Et très linéaire, quasiment un archétype du roman policier rétro avec juste une sous-intrigue un peu espionnage pour relancer la machine.

Bref pas convaincu mais j'en tenterais p'tet un autre quand même dans quelques temps
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Hitchcock
Electro
Messages : 967
Inscription : 9 déc. 13, 13:34
Localisation : Londres

Re: Romans policiers "old school" (non polar) : whodunit, et

Message par Hitchcock »

Image

Après un spectacle de Carlotta Adams, la célèbre imitatrice, Hercule Poirot et Hastings vont au restaurant où ils rencontrent Jane Wilkinson, une grande actrice, qui leur demande de la suivre dans sa suite. Elle leur explique qu'elle veut se "débarrasser" de son mari pour épouser le duc de Merton, mais que celui-ci refuse le divorce. Elle va même jusqu'à dire qu'elle serait prête à prendre un taxi pour le tuer. Poirot décide de prendre rendez-vous avec Lord Edgware (le mari de Jane Wilkinson). Celui-ci, étrangement, leur dit qu'il est d'accord pour un divorce et qu'il a même envoyé, il y a 6 mois, un lettre à sa femme où il le lui expliquait. Ils vont annoncer la bonne nouvelle à l'actrice, qui dit ne pas avoir reçu de lettre. Le lendemain, Lord Edgware est retrouvé mort chez lui, poignardé à la nuque.

Commencé jeudi soir et je ne pensais pas le finir en si peu temps, il est encore une fois étonnant de constater à quel point les intrigues de Christie sont addictives, son écriture fluide et extrêmement rapide et facile à lire.
Septième roman mettant en scène Poirot, le cadre n'est ici aucunement exceptionnel : le milieu londonien de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie en plein mois de juin, avec ses réceptions huppés et ses dîners mondains, et surtout ses représentations théâtrales et ses spectacles. C'est ce dernier élément qui est important pour l'auteur, et on sait que les artistes, et particulièrement les acteurs, sont souvent présentés comme dénués de tout sens moral, prêts à tout pour satisfaire leurs intérêts. Le point de départ de l'intrigue se fait donc de manière assez simple, lors d'un spectacle très en vogue à Londres à cette époque. Ces deux premiers chapitres, écrits avec toujours autant de fluidité, présentent de manière efficace les principaux personnages qui vont être mêlés au drame dans les pages suivantes et commencent à distiller les petits indices précieux au lecteur qui se veut se prêter au jeu du détective. Dès lors, et c'est la règle chez Christie, aucun détail n'est inutile, tout est important voir essentiel à la résolution de l'intrigue (ainsi, à la relecture, on s'aperçoit qu'il est possible, pour les esprits les plus perspicaces, de deviner certains aspects du drame rien qu'avec les vingt premières pages). Après l'apparente légèreté des premières scènes, animés par la fascinante Jane Wilkinson (qui n'a, comme on va le comprendre rapidement, qu'une seule préoccupation : elle-même et la façon dont elle va parvenir à ses objectifs - voir le topic des citations à ce sujet) qui sollicite Poirot au sujet d'une simple affaire de... divorce, l'intrigue prend une autre dimension avec l'assassinat de Lord Edgware, un homme cruel, antipathique et cynique détesté de son entourage. Dès sa première visite à Regent Gate, Hastings remarque que le baron a des goûts plutôt spéciaux ; habitant dans un manoir sombre, à l'architecture sobre et sévère avec son majordome d'une beauté comparable à un dieu grec, une bibliothèque peuplée des oeuvres du marquis de Sade, des Mémoires de Casanova ou des tortures médiévales, à la décoration austère et composée d'objets plutôt macabres ; ses deux femmes l'ont quitté, dont une pour aller mourir en exil. De toute évidence, de sa secrétaire à sa fille, Lord Edgware ne sera pas beaucoup pleuré, et Christie semble suggérer que sa mort n'est pas une grande perte pour l'humanité.
Mais un meurtre reste un meurtre, et Poirot se doit d'enquêter dessus, d'autant plus que dans un premier temps tout semble suggérer la culpabilité de Jane Wilkinson qui, comme elle l'avait affirmé elle-même lors des premiers chapitres, serait allé tranquillement poignarder son mari sans aucun souci de discrétion. Or, il va s'avérer que, au moment du meurtre, la dame se trouvait à un dîner mondain face à douze personnes éminentes dont il serait évidemment improbable de mettre en cause les témoignages avisés. De plus, comme Poirot l'a lui-même constaté lors de son rendez-vous avec Lord Edgware, Jane n'avait aucune raison de tuer son mari, puisque celui-ci était d'accord pour lui accorder le divorce suite à un brusque et incompréhensible changement d'avis. C'est lorsqu'on va découvrir le corps inanimé de Carlotta Adams (l'imitatrice américaine du premier chapitre) que l'affaire va prendre un tournant décisif et proposer aux cellules grises du détective belge une redoutable énigme...
C'est dès lors l'occasion pour Agatha Christie de développer une riche galerie de personnages, tous nuancés et échappant aux stéréotypes : Ronald Marsh, l'héritier sans le sou de Lord Edgware et dont la nonchalance insolente rappelle celle de Peter Wimsey ; Miss Carroll, la secrétaire, une femme à l'intelligence remarquable mais parfois enfermée dans ses convictions ; Geraldine Marsh, la fille de Lord Edgware et de sa première femme, profondément malheureuse à cause d'une enfance passée à supporter le caractère tyrannique de son père ; Bryan Martin, un séduisant acteur qui ne digère pas sa rupture avec Jane Wilkinson ; Jenny Driver, la meilleure ami de Carlotta, une des femmes fortes de Christie et probablement le personnage le plus attachant du roman ; le duc de Merton, un homme froid, rigide au pied pour lequel « un grand détective se situe plus bas qu'un cafard » et sa mère la duchesse douairière, prête à tout pour empêcher le mariage de son fils avec Jane Wilkinson.
L'humour est également un facteur important de la réussite du livre, la narration à la première personne par le capitaine Hastings accentuant l'aspect ironique de certains passages. De nombreuses piques sont échangées entre le petit détective et son « faire-valoir », parfois extrêmement vexantes pour ce dernier (et donc pour le lecteur). On retrouve également l'inspecteur Japp de Scotland Yard, le modèle même du détective efficace et plein d'énergie mais peu enclin à la réflexion et donc souvent sceptique face aux « petites théories » de Poirot. Les échanges entre ces personnages ne peuvent que renforcer le plaisir de lecture déjà important.
Tout en décrivant ces personnages charismatiques et en développant une intrigue véritablement passionnante, Christie n'en oublie pas de disséminer les indices à l'intention du lecteur, que l'on peut trouver au détour d'une phrase lancée au hasard, d'une remarque apparemment innocente ou même d'une petite déchirure sur une feuille de papier apparemment due à la négligence. A la relecture, on s'aperçoit qu'il est parfaitement possible de trouver le coupable en même temps, voir avant que Poirot, mais seulement pour les esprits les plus perspicaces, car il s'agit d'une des intrigues les plus ingénieuses et piégeuses de Christie. Poirot lui-même aurait peut-être laissé la solution lui échapper, s'il n'avait pas entendue une remarque par hasard dans la rue (la série ITV a eu l'idée de remplacer celle-ci par une remarque d'Hastings, ce qui est encore plus ironique). Le dénouement est parfaitement crédible et surprenant, d'autant qu'il échappe aux clichés habituels du roman policier, et le déroulement de l'intrigue est fluide, passionnant et rarement encombré par d'ennuyeuses fausses pistes, faisant preuve d'un admirable fair-play avec le lecteur. Quant à Jane Wilkinson, elle reste l'un des personnages féminins les plus fascinants jamais mis en scène par l'auteur, ce qui classe facilement ce Couteau sur la nuque dans les vingt ou vingt-cinq meilleurs romans de l'écrivain, pour ma part.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Romans policiers "old school" (non polar) : whodunit, et

Message par hellrick »

Un très bon roman en effet!

L'adaptation dans la série télé "Poirot" l'est tout autant et la version française, forcément plus humoristique, des "petits meurtres" n'est pas mal non plu.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Hitchcock
Electro
Messages : 967
Inscription : 9 déc. 13, 13:34
Localisation : Londres

Re: Romans policiers "old school" (non polar) : whodunit, et

Message par Hitchcock »

L'adaptation ITV est d'excellente qualité également, grâce à un casting parfait (Helen Grace superbe en Jane Wilkinson, John Castle en Lord Edgware inquiétant), des moments purement humoristiques développant les relations entre le trio Poirot-Hastings-Japp et une intrigue très fidèle au roman. J'avais trouvé simplement peu convaincante la façon d'intégrer des scènes d'action dans l'épisode afin de « réveiller » un peu le rythme, ce n'est vraiment pas adapté à l'univers de Christie.
Le téléfilm français était très agréable aussi, d'autant plus que c'était le dernier réunissant Duléry et le fils Coluche.
jonathan271190
Stagiaire
Messages : 58
Inscription : 27 janv. 15, 15:04

Re: Romans policiers "old school" (non polar) : whodunit, et

Message par jonathan271190 »

Image

Le Mystère du grenier Ellery Queen

Mon premier Ellery Queen et ce fut une lecture agréable. On a affaire au meurtre d'un écrivain en chambre close et tout semble accuser sa future belle-fille. Une intrigue assez classique qui parvient tout de même à surprendre. L'autre aspect qui m'a marqué est la confrontation entre Ellery Queen et un détective privé tout droit sorti d'un roman hardboiled. L'irruption de ce personnage dans un univers de whodunnit est surprenant mais surtout très drôle.

Image

Crime à Chicago Fredric Brown

Fredric Brown est un de mes écrivains préférés et pourtant, je n' avais jamais lu les aventures d'Ed et Am Hunter qui sont très réputées Outre-Atlantique. J'ai commencé par leur première enquête et comme d'habitude avec Fredric Brown je n'ai pas été déçu. C'est avant tout un roman d'apprentissage mais aussi le début d'une touchante amitié entre Ed et son oncle. La fin du roman est magnifique avec nos deux héros en plein fou rire dans un train de marchandises en route vers de nouvelles aventures. J'ai hâte de les retrouver pour de nouvelles aventures et de suivre leurs évolutions.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Romans policiers "old school" (non polar) : whodunit, et

Message par hellrick »

jonathan271190 a écrit : Mon premier Ellery Queen et ce fut une lecture agréable. On a affaire au meurtre d'un écrivain en chambre close
SI tu veux poursuivre avec Queen et le meurtre impossible tentes le Char de Phaéton, un roman très court (en fait une novella de moins de 100 pages) sur une disparition de maison, dispo en Librio à 2 euros.

Sinon en chambre close Le Mystérieux Monsieur X et Le Roi est mort (son plus connu dans le meurtre en chambre close) sont très efficaces et j'ai bien aimé Le mystère des frères siamois, pas de meurtre impossible mais une ambiance très particulière puisque tous les suspects sont coincés dans une maison menacée par un énorme incendie de forêt. J'ajoute quand même qu'il y a souvent un petit truc qui ne me convainc pas tout à fait chez Queen mais que les livres sont quand même toujours plaisants dans l'ensemble (j'ai un peu le même problème avec la majorité des JD Carr). :wink:
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Répondre