C'est assez beau comme citation mais c'est quelque peu naïf à mon avis. Je pense qu'il est assez facile au contraire d'imposer une forme dictatoriale de pensée, sans pour autant que les gens en soient réellement conscients. C'était d'ailleurs un peu le thème du livre Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley. Après c'est vrai qu'il restera toujours quelques esprits dissidents, mais une grande partie peut facilement être soumise à une seule et même idéologie.poet77 a écrit :"Jamais jusqu'ici on n'a réussi à imposer d'une façon dictatoriale à toute la terre une seule religion, une seule philosophie, une unique conception du monde, et jamais on n'y réussira, car l'esprit saura toujours résister à l'asservissement, toujours il refusera de penser selon des formes prescrites, de s'abaisser, de s'aplatir, de se rapetisser et de se mettre au pas."
Citations
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Re: Citations
Peut-être, mais les idéologies, quelles qu'elles soient, finissent toujours tôt ou tard par s'effondrer. En fin de compte, ce sont les esprits libres qui, nonobstant leur petit nombre, l'emportent sur les dictateurs, d'une manière ou d'une autre!patrick desmoulin a écrit :C'est assez beau comme citation mais c'est quelque peu naïf à mon avis. Je pense qu'il est assez facile au contraire d'imposer une forme dictatoriale de pensée, sans pour autant que les gens en soient réellement conscients. C'était d'ailleurs un peu le thème du livre Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley. Après c'est vrai qu'il restera toujours quelques esprits dissidents, mais une grande partie peut facilement être soumise à une seule et même idéologie.poet77 a écrit :"Jamais jusqu'ici on n'a réussi à imposer d'une façon dictatoriale à toute la terre une seule religion, une seule philosophie, une unique conception du monde, et jamais on n'y réussira, car l'esprit saura toujours résister à l'asservissement, toujours il refusera de penser selon des formes prescrites, de s'abaisser, de s'aplatir, de se rapetisser et de se mettre au pas."
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J'ai envie citer Hannah Arendt: "The most radical revolutionary will become a conservative the day after the revolution". Difficile de rester un esprit libre...poet77 a écrit :Peut-être, mais les idéologies, quelles qu'elles soient, finissent toujours tôt ou tard par s'effondrer. En fin de compte, ce sont les esprits libres qui, nonobstant leur petit nombre, l'emportent sur les dictateurs, d'une manière ou d'une autre!patrick desmoulin a écrit :
C'est assez beau comme citation mais c'est quelque peu naïf à mon avis. Je pense qu'il est assez facile au contraire d'imposer une forme dictatoriale de pensée, sans pour autant que les gens en soient réellement conscients. C'était d'ailleurs un peu le thème du livre Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley. Après c'est vrai qu'il restera toujours quelques esprits dissidents, mais une grande partie peut facilement être soumise à une seule et même idéologie.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Re: Citations
Etre un esprit libre n'équivaut pas à être un révolutionnaire. La citation d'Hannah Arendt ne s'applique pas du tout, par exemple, au personnage dont il est question dans le livre de Zweig et qui s'est opposé à Jean Calvin. Sébastien Castellion n'avait rien d'un révolutionnaire, mais c'était un esprit libre qui revendiquait le droit à la tolérance et à la liberté d'expression. Cela a suffi pour lui attirer les foudres de Calvin. Je pense au contraire qu'on peut fort bien rester un esprit libre, quels que soient les dictateurs en place, quand on est un homme épris de liberté et de tolérance.magobei a écrit :J'ai envie citer Hannah Arendt: "The most radical revolutionary will become a conservative the day after the revolution". Difficile de rester un esprit libre...poet77 a écrit :
Peut-être, mais les idéologies, quelles qu'elles soient, finissent toujours tôt ou tard par s'effondrer. En fin de compte, ce sont les esprits libres qui, nonobstant leur petit nombre, l'emportent sur les dictateurs, d'une manière ou d'une autre!
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Re: Citations
Lu dans "L'ange et le cachalot" de Simon Leys à propos de Confucius: "Le disciple Zilu interrogea le Maître au sujet de la mort. Le Maître répondit: "Vous ne connaissez pas la vie; comment pourriez-vous connaître la mort?"". (P. 32)
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Re: Citations
L'usage, de nos jours, quand nous lisons, c'est de le faire lèvres closes, silencieusement, sans prononcer à voix haute les phrases que nos yeux parcourent. Mais il n'en fut pas toujours ainsi. Ce qui nous paraît aujourd'hui tout naturel ne l'était pas du tout pour saint Augustin comme le rapporte Simon Leys aux pages 40 et 41 de "L'ange et le cachalot": "Quand saint Augustin fit la connaissance de saint Ambroise, il fut frappé par la singulière capacité qu'avait ce dernier de lire silencieusement: quand il lisait ses lèvres ne remuaient pas et le message passait directement du livre à son esprit, sans emprunter l'intermédiaire de la voix. Pareil talent était si rare à l'époque qu'Augustin éprouva le besoin d'en faire une mention spéciale, où se trahit tout son étonnement".
N. B.: cette mention se trouve dans "Les Confessions" de saint Augustin VI, 3.
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Re: Citations
"S'agissant des poèmes à la gloire de la patrie, les peuples se valent tous, pour le pire. On supporte ça patiemment, que ce soit en Lituanie, en Islande ou en Israël, en espérant que les notes meurent avant que les tremblements et autres trémolos imbéciles nous assassinent. Peut-être faut-il également y voir la preuve qu'en fin de compte nous nous ressemblons tous dès que nous cédons au nationalisme maladroit et à l'arrogance" (Eirikur Örn Norddahl, "Illska" (Points Seuil, page 255).
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Re: Citations
Citations extraites de L'Amour des Maytree de Annie Dillard (Editions Christian Bourgois - Titre 185):
"L'énigme n'était pas la mort, tout ce qui vit meurt, mais l'amour. Non que nous mourrons un jour, mais que nous puissions éprouver un tel sentiment, sauvage dans un premier temps, puis profond, pour une personne en particulier parmi des milliards." (page 48)
"Il faut être amoureux (...) pour voir la réalité. Quand on aime, on est seul à voir l'autre dans sa vérité, de l'intérieur. Loin d'être aveugle, l'amour seul est clairvoyant." (page 49)
"L'énigme n'était pas la mort, tout ce qui vit meurt, mais l'amour. Non que nous mourrons un jour, mais que nous puissions éprouver un tel sentiment, sauvage dans un premier temps, puis profond, pour une personne en particulier parmi des milliards." (page 48)
"Il faut être amoureux (...) pour voir la réalité. Quand on aime, on est seul à voir l'autre dans sa vérité, de l'intérieur. Loin d'être aveugle, l'amour seul est clairvoyant." (page 49)
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Re: Citations
"...peut-être ne serons-nous vraiment sauvés que lorsque nous aurons appris à sentir, concrètement et presque physiquement, que chaque nation est destinée à avoir son heure et qu'il n'y a pas, à l'absolu, de civilisations majeures ou mineures, mais bien plutôt une succession de saisons et de floraisons." (Claudio Magris, "Danube", éd. Folio, p. 43).
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Re: Citations
Ce matin, en poursuivant ma lecture du livre passionnant de Claudio Magris sur le Danube, c'est le chapitre qu'il consacre au camp de concentration de Mauthausen que je découvre. Et, une fois encore, je suis impressionné par l'intelligence et la justesse des propos de l'écrivain. Ces lignes résument bien ce qu'il veut transmettre au sujet de ce camp de la mort et de tous ceux qui lui ressemblent:
"Comme le visage de la divinité pour les religions qui interdisent d'en dessiner l'image, l'extermination et l'abjection absolue ne se laissent pas représenter, ne se prêtent ni à l'art ni à l'imagination, à la différence des belles formes des dieux grecs. La littérature et la poésie n'ont jamais réussi à donner une image pertinente de cette horreur; même les pages les plus inspirées pâlissent devant les documents bruts de cette réalité, qui va au-delà de tout ce qu'on peut imaginer. Aucun écrivain, même parmi les plus grands, ne peut rivaliser, par son travail, avec le témoignage, avec la transcription fidèle et matérielle des faits survenus entre les baraquements et les chambres à gaz. Seul celui qui a vécu à Mauthausen ou à Auschwitz peut essayer de dire cette horreur radicale. Thomas Mann et Bertold Brecht sont de grands écrivains, mais s'ils avaient cherché à inventer une histoire se déroulant à Auschwitz, leurs pages n'auraient été que des feuilletons édifiants en comparaison de "Si c'est un homme"". (édition Folio, page 197).
Dans ce texte, Claudio Magris ne parle que de littérature et de poésie, mais il est, pour moi, évident que ce qu'il affirme s'applique aussi et peut-être encore davantage aux autres arts et, en particulier, au cinéma. Lorsque était sorti sur les écrans le film de Laszlo Nemes, "Le Fils de Saul", je n'avais pas manqué de le souligner. La prétention qu'avait ce cinéaste de nous immerger dans la réalité du camp de la mort comme si nous y étions me paraissait et me paraît toujours totalement irrecevable et fallacieuse. Aucun film, quel qu'il soit, ne représentera jamais la réalité d'un camp d'extermination sur les écrans. Parce que c'est impossible. Parce qu'on ne peut pas, quoi qu'on fasse, quelles que soient ses bonnes intentions, reproduire, réinventer en quelque sorte, la réalité d'une telle abomination. Tous ceux qui s'y essaient se fourvoient.
"Comme le visage de la divinité pour les religions qui interdisent d'en dessiner l'image, l'extermination et l'abjection absolue ne se laissent pas représenter, ne se prêtent ni à l'art ni à l'imagination, à la différence des belles formes des dieux grecs. La littérature et la poésie n'ont jamais réussi à donner une image pertinente de cette horreur; même les pages les plus inspirées pâlissent devant les documents bruts de cette réalité, qui va au-delà de tout ce qu'on peut imaginer. Aucun écrivain, même parmi les plus grands, ne peut rivaliser, par son travail, avec le témoignage, avec la transcription fidèle et matérielle des faits survenus entre les baraquements et les chambres à gaz. Seul celui qui a vécu à Mauthausen ou à Auschwitz peut essayer de dire cette horreur radicale. Thomas Mann et Bertold Brecht sont de grands écrivains, mais s'ils avaient cherché à inventer une histoire se déroulant à Auschwitz, leurs pages n'auraient été que des feuilletons édifiants en comparaison de "Si c'est un homme"". (édition Folio, page 197).
Dans ce texte, Claudio Magris ne parle que de littérature et de poésie, mais il est, pour moi, évident que ce qu'il affirme s'applique aussi et peut-être encore davantage aux autres arts et, en particulier, au cinéma. Lorsque était sorti sur les écrans le film de Laszlo Nemes, "Le Fils de Saul", je n'avais pas manqué de le souligner. La prétention qu'avait ce cinéaste de nous immerger dans la réalité du camp de la mort comme si nous y étions me paraissait et me paraît toujours totalement irrecevable et fallacieuse. Aucun film, quel qu'il soit, ne représentera jamais la réalité d'un camp d'extermination sur les écrans. Parce que c'est impossible. Parce qu'on ne peut pas, quoi qu'on fasse, quelles que soient ses bonnes intentions, reproduire, réinventer en quelque sorte, la réalité d'une telle abomination. Tous ceux qui s'y essaient se fourvoient.
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Re: Citations
Claudio Magris:
"Si les grands humoristes et les grands comiques, de Cervantes à Sterne ou à Buster Keaton, font rire de la misère humaine, c'est qu'ils la perçoivent aussi et d'abord en eux-mêmes, et ce rire implacable suppose une intelligence éprise de notre destinée commune" ("Danube", Folio, page 217).
"(...) la vraie littérature n'est pas celle qui flatte le lecteur, en le confirmant dans ses préjugés et ses certitudes, c'est celle qui l'aiguillonne et le met en difficulté, qui le contraint à revoir ses comptes concernant son univers et ses certitudes." ("Danube", Folio, page 217).
"Si les grands humoristes et les grands comiques, de Cervantes à Sterne ou à Buster Keaton, font rire de la misère humaine, c'est qu'ils la perçoivent aussi et d'abord en eux-mêmes, et ce rire implacable suppose une intelligence éprise de notre destinée commune" ("Danube", Folio, page 217).
"(...) la vraie littérature n'est pas celle qui flatte le lecteur, en le confirmant dans ses préjugés et ses certitudes, c'est celle qui l'aiguillonne et le met en difficulté, qui le contraint à revoir ses comptes concernant son univers et ses certitudes." ("Danube", Folio, page 217).
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Re: Citations
J'ai l'impression que c'est exactement ce que te fait ce livre.poet77 a écrit : "(...) la vraie littérature n'est pas celle qui flatte le lecteur, en le confirmant dans ses préjugés et ses certitudes, c'est celle qui l'aiguillonne et le met en difficulté, qui le contraint à revoir ses comptes concernant son univers et ses certitudes." ("Danube", Folio, page 217).
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Re: Citations
Sans doute. Ce que je pense, en tout cas, c'est qu'on pourrait fort bien remplacer "la vraie littérature" par "le vrai cinéma" et le texte serait tout aussi judicieux.Billy Budd a écrit :J'ai l'impression que c'est exactement ce que te fait ce livre.poet77 a écrit : "(...) la vraie littérature n'est pas celle qui flatte le lecteur, en le confirmant dans ses préjugés et ses certitudes, c'est celle qui l'aiguillonne et le met en difficulté, qui le contraint à revoir ses comptes concernant son univers et ses certitudes." ("Danube", Folio, page 217).
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Re: Citations
"Les romanciers sont les historiens du présent, les historiens sont les romanciers du passé, et tout écrit qui présente une certaine qualité littéraire aspire essentiellement à être poème." (Simon Leys, "Le Bonheur des Petits Poissons", Livre de Poche page 29).
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Re: Citations
"Pierre Reverdy a remarqué: "Il me faut tellement de temps pour ne rien faire, qu'il ne m'en reste plus pour travailler." Ceci est d'ailleurs une excellente définition de l'activité poétique, laquelle est elle-même le fruit suprême de la vie contemplative. Bien sûr, nous devons reconnaître les mérites de Marthe qui s'occupe des besognes ménagères, mais nous savons bien que c'est Marie qui a choisi la meilleure part, simplement en demeurant aux pieds du Seigneur. Ce que l'opinion commune flétrit sous le nom de paresse reflète en réalité un jugement plus sûr et requiert plus de caractère que la fuite facile dans l'activisme." (Simon Leys, "Le Bonheur des Petits Poissons", Livre de Poche page 97).