Citations

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bronski
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Re: Citations

Message par bronski »

Du français à l'anglais, pour changer:

"Is it possible that existence is our exile and nothingness our home?"
— Emil Cioran (Tears and Saints, aka Des Larmes et des Saints)
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poet77
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Re: Citations

Message par poet77 »

"Les larmes que nous versons dans notre sommeil sont les seules larmes sincères de notre vie, les larmes de la vie éveillée ne sont que complaisance envers soi-même."
Doris Lessing, "Le Carnet d'or".
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Re: Citations

Message par poet77 »

Paul Léautaud dans son "Journal littéraire" le 12 juin 1907: "Mon chat Boule [est] très malade. Il m'est arrivé de jouer le sort: la santé de mon chat Boule ou le Prix Goncourt? Pas d'hésitation: la santé de mon chat Boule."
Voilà un homme de goût, qui préfère la santé de son chat au Prix Goncourt! Je dis bravo!
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Re: Citations

Message par homerwell »

Et après cela, on dira que la santé n'a pas de prix.
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Re: Citations

Message par poet77 »

Paul Léautaud, le mardi 31 décembre 1907: "On me demandait l'autre jour: "Qu'est-ce que vous faites? - Je m'amuse à vieillir, répondis-je. C'est une occupation de tous les instants."
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Re: Citations

Message par poet77 »

Erri De Luca: "... il faut chanter pour donner de l'air aux pensées, sinon, enfermées dans la bouche, elles moisissent." ("Montedidio", page 81, Folio).
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Re: Citations

Message par poet77 »

"Je préfère la pensée à l'action, une idée à une affaire, la contemplation au mouvement."
-Honoré de Balzac -"Louis Lambert" (1832)

Et ce vers de Baudelaire qui dit quelque chose de semblable:
"Je hais le mouvement qui déplace les lignes"
("La Beauté")
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Re: Citations

Message par poet77 »

Quel homme étrange que ce Paul Léautaud dont je continue à lire le "Journal littéraire". On a l'impression d'avoir affaire à un quasi monomaniaque. En tout cas, ses centres d'intérêt sont assez limités: par dessus tout il y a ses compagnons qu'ils appellent les "bêtes" et pour qui il est prêt à faire tous les sacrifices. En littérature, il ne jure que par Stendhal; la plupart des autres écrivains ne trouvent pas grâce à ses yeux. Et puis il y a les femmes... Essentiellement sa compagne qu'il désigne des termes de "chère amie" mais avec qui il se querelle souvent. Et c'est à peu près tout! Quand il se mêle de parler d'un autre sujet, il lui arrive de dérailler complétement. Ainsi le 13 juillet 1931 où il se targue de parler de musique: cela donne un texte ahurissant car, manifestement, Léautaud ne comprend rien ,mais rien du tout, au sujet qu'il traite. La musique lui est totalement étrangère, elle n'est pour lui que "l'art le plus primitif, le plus sauvage" qui ne s'adresse qu'"à nos sens, à notre instinct." Il estime que la musique n'est en somme que du bruit, sans rien d'harmonieux! A croire qu'il n'en a jamais entendu de sa vie. Elle ne s'adresse, selon lui, qu'aux plus bas instincts de l'homme, mais jamais à l'intelligence ni à l'esprit... A croire qu'il n'a jamais entendu ni Bach, ni Mozart, ni Beethoven, ni tant d'autres musiciens et compositeurs! On a même droit, au détour d'une phrase, à un relent raciste des plus désagréables: "Que vous soyez touchés, écrit-il, par la musique des rues, celle des bastringues, celle de l'Opéra, celle de Wagner, celle de Debussy ou celle de la dernière venue, c'est la partie nègre en nous qui est satisfaite..." "Nègre" est donc, pour Léautaud, l'équivalent de sauvage et de primitif! Quelle sottise! Quelle imbécillité! Quelle méconnaissance de l'art le plus noble qui soit! Ces lignes de Léautaud sont consternantes.
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Re: Citations

Message par poet77 »

Encore une grosse ânerie sous la plume de Léautaud le 25 octobre 1932. Il raconte qu'il a entendu deux voyageurs parler d'un séminariste et se féliciter de la réussite de ses études. "Il est tout de même démontant, ajoute Léautaud, qu'on puisse se livrer à des études en vue de s'instruire sur la foi, alors qu'il est de toute évidence, au contraire, que l'étude amène à constater l'inanité complète de toutes ces histoires. Grand exemple, pour ne citer que celui-là: Renan". Quelles sottises! La foi serait donc réservée strictement, selon lui, aux gens incultes. Et puisqu'il cite l'exemple de Renan, on aurait pu lui rétorquer en lui citant des dizaines d'exemples contraires. On peut penser ce qu'on veut de chrétiens convaincus comme Péguy, Claudel, Mauriac ou Bernanos, mais on ne peut sûrement pas les traiter de gens ignares! Décidément, ce Léautaud ne brille pas toujours par son intelligence!
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Re: Citations

Message par poet77 »

Sándor Márai : « Dans la Bible, un homme et une femme « se connaissent » quand une vie scelle une autre vie avec les mots et les gestes de l'amour : cette « re-connaissance » est le summum de ce qu'un être peut offrir à un autre. » (La Soeur, éd. du Livre de Poche, page 230).

Les esprits étroits, bornés ou ignares s'imaginent peut-être que l'amour physique est considéré par la Bible avec suspicion. Mais, comme l'a fort bien compris Sándor Márai, cet à priori est totalement erroné ! Non seulement la Bible ne regarde pas l'union d'un homme et d'une femme avec soupçon, mais elle lui accorde une place éminente et très belle en la désignant du terme de « connaissance ». L'union sexuelle de deux êtres selon la Bible, c'est la « connaissance » !
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Re: Citations

Message par cinephage »

Tant qu'ils se connaissent sans capote... :fiou:
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Re: Citations

Message par Federico »

Terme qui sera utilisé dans un sens proche avec beaucoup d'humour lors d'un fameux incident d'anti-chambre politicien :
- Le Président a-t-il encore sa connaissance ?
- Non, elle est sortie par l'escalier de service...
Image
Reste cette essentielle question : Felix avait-il un gros kiki ? :mrgreen: :arrow:
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Re: Citations

Message par poet77 »

Les jugements à l'emporte-pièce de Paul Léautaud valent leur pesant de cacahuètes comme on dit. Lire, par exemple, ce qu'il affirme au sujet de Dostoïevski et de la littérature russe le 18 juillet 1935 : « Un écrivain comme Dostoïewski a gâté des gens comme Gide, comme Duhamel. C'est de la littérature de malade, d'épileptique, de taré. C'est une hygiène intellectuelle de s'en tenir éloigné, de ne pas vouloir la connaître. C'est de la littérature de cabanon, bien faite pour les Russes, ces cerveaux malades, faibles, résignés, fatalistes, fuyants. Cette littérature est à fuir, pour un esprit clair, hardi, libre. Non seulement à fuir, mais à détester. Il n'y a à mon avis, ou à mon goût, que deux littératures : la littérature française, la littérature anglaise. »

Voilà qui est dit ! Ces propos aberrants me laissent pantois. Cette détestation de Dostoïevski et des Russes en général, ces préjugés qui ressemblent fort à du racisme, c'est indigne ! Quant à dire qu'il n'y a que deux littératures, française et anglaise, faut-il être ignorant et sot pour proférer une telle affirmation ! N'en déplaise à Léautaud, la littérature russe compte parmi les meilleures du monde. Et que dire des littératures espagnole, portugaise, italienne, allemande, polonaise, japonaise, chinoise, etc. ? Mais le pauvre Léautaud, tout confiné dans son monde étriqué, ne les connaissait probablement pas.
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Re: Citations

Message par cinephage »

Ca reste un étonnant témoignage d'une époque, d'une mentalité.
Qui oserait aujourd'hui exprimer un avis aussi catégorique ? Et le retour de baton serait immédiat.

Il faut d'ailleurs signaler que l'article wikipédia qui est consacré à Léautaud n'est vraiment pas tendre.
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Re: Citations

Message par Federico »

Entendu ce matin à la radio (je la connaissais mais me souvenais plus de son auteur) :

Un gentleman, c'est quelqu'un qui sait jouer de la cornemuse mais qui n'en joue pas.
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