The Comics Corner

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Les classiques - Kirby, Romita, Byrne, Miller
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3
4%
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29
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Les néo-punks anglais - Ennis, Millar, Ellis
5
7%
M'en fous de ces clowns en collants moulants, rendez-moi mon Tintin asexué!
20
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nobody smith
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Une sacrée belle boîte de friandise que ce Batman : Black & White. La série propose un principe qui aurait pu pourtant se dégonfler rapidement. Il s’agit de laisser des artistes de renom proposer des histoires de quelques pages en noir et blanc avec la chauve-souris ou son univers comme sujet. Certes, la liste des auteurs est hallucinante, allant de Brian Bolland à Warren Ellis en passant par Katsuhiro Otomo ou Chris Claremont (bonne idée d’avoir proposé une mini-bio de l’auteur avant chaque histoire). Mais le résultat aurait pu être très inégal et jamais à la mesure d’une telle réunion de talent. Ça serait oublier la formidable source d’inspiration que constitue le super-héros. Si l’ouvrage de haute qualité, c’est justement parce que les auteurs auront saisi toute la liberté d’explorer ce que représente à leurs yeux le personnage. En conséquence, le spectre des émotions traité par l’album est très large. On a des histoires extrêmement noires et violentes comme Deuil Perpétuel où un Batman mélancolique collecte des indices sur un cadavre ou bien Une Fabrique De Monstres de Jan Strnad et Richard Corben qui le confronte à des gamins meurtriers. Mais on se retrouve également avec des histoires comiques tel Un Monde En Noir Et Blanc de Neil Gaiman et Simon Bisley présentant Batman et le Joker comme des acteurs répétant leur numéro en coulisse ou Bêteman, Terreur De La Pègre qui est une délicieuse parodie. La série saisira chacune des nuances entre ces deux extrêmes comme autant d’opportunité d’explorer son sujet. Si certains préfèrent se pencher sur des éléments annexes comme les méchants (Double-Face sur Deux Comme Moi de Bruce Timm ou le Joker sur Cas D’école de Paul Dini et Alex Ross), Batman lui-même reste l’élément le plus prisé. Ainsi passe-t-on au crible sa croisade sans fin contre la criminalité (Nuit Après Nuit de Kelley Puckett et Tim Sale), la figure tragique en découlant (Bonsoir, Minuit de Klaus Johnson), le désordre psychologique l’animant (Le Troisième Masque de Katsuhiro Otomo) et la puissance symbolique qu’il finit par représenter (le magnifique Légende de Walter Simonson). Au bout du compte, c’est un sacré programme dont l’énorme créativité ne cesse de rappeler pourquoi Batman est un personnage fascinant.

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Quatrième et dernier tome de ces deux séries sur le mercenaire provocateur. Une dernière ligne droite où chacune confirme tout le bien ou le mal que j’en pensais jusqu’alors. Le run de Joe Kelly est définitivement très sympa. Même si l’album équivaut un épilogue extrêmement étiré (quelle idée de l’avoir titré Protocole Mithras puisque celui-ci s’est terminé dans le précédent tome), Kelly montre donc une ultime fois un remarquable maîtrise du personnage. Un baroud d’honneur à l’occasion duquel il pousse loin l’absurdité de l’intrigue (c’est digne de la révélation sur le proviseur Skinner dans les Simpson) mais se servant toujours de cette folie et de son second degré pour traiter les authentiques problématiques de Deadpool.

De son côté, le dernier tome Cable & Deadpool m’a permis de mettre le doigt sur ce qui n’a pas marché sur la série. J’ai toujours trouvé que celle-ci n’arrivait jamais vraiment à exploiter la relation entre les deux personnages. Et là, j’ai compris pourquoi : Cable est un protagoniste définitivement trop occupé. Il y a tellement de sous-intrigues entourant le personnage qu’il est naturel que ses interactions avec Deadpool se réduisent à peau de chagrin. Ça m’a frappé au début de l’album où on retrouve sans explication Cable mené un monumental combat avec X-men. Son amitié avec Deadpool n’est qu’une petite portion d’un planning très chargé. Malgré tous les efforts d’écriture pour mettre en parallèle leurs motivations, il n’y a au bout du compte pas de place pour les faire pleinement interagir. A cet effet, la série n’arrivera vraiment à être intéressante qu’en se concentrant exclusivement sur Deadpool. Ce qui constitue d’ailleurs l’essentiel du tome en question, Deadpool enchaînant les missions avec moult guests. C’est du bel abattage d’action dingo et on peut toujours compter sur Deadpool pour ajouter une louche de délicieuses répliques crétines ("je ne suis pas un étranger. Je suis américain… et je suis chez moi partout où règne la démocratie !"). C’est toujours ça de pris.
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"Nous avons l’immense regret de vous annoncer le décès de la série Earth 2 survenu lors du malencontreusement bien nommé La Fin D’un Monde" C’est limite ce qui aurait dû être écrit dans la préface. J’avais déjà dit comment la qualité d’Earth 2 avait diminué suite au départ de James Robinson. Avec L’ère Des Ténèbres, Tom Taylor faisait ce qu’il pouvait pour prendre le train en marche. La transition était difficile et pas toujours très inspiré mais le travail restait correct. Taylor quitte à son tour l’aventure et soyons clair : le navire n’a tout simplement plus de capitaine à son bord. Certes, Marguerite Bennet puis Daniel H. Wilson sont nommés en tant que superviseur. Cependant, ils ne font que dominer ce qui est devenu une gigantesque machinerie employant une dizaine de scénaristes et de dessinateurs. Dans cette monumentale réunion, tout le monde semble avoir son mot à dire… ce qui fait que la série raconte tout et rien à la fois. Les premières pages tentant de résumer l’intégralité de l’histoire en recollant tous les morceaux annoncent à elles seules le pire à venir.

Au départ, c’est pourtant juste de la frustration qui se manifeste. Il y a des idées avec un semblant de portée mythologique et émotionnelle. Il est surtout agaçant que celles-ci soient juste traitées sur deux ou trois pages avant d’abandonner les personnages pour une autre baston. Puis, plus on avance, plus le désastre est généralisé. Tout ce qu’avait pu posé Robinson est sacrifié sans vergogne (les traumas de Fury ou Terry Sloane résolus en trois cases). Les concepts deviennent tout bonnement idiots (la personnification des forces élémentaires de la nature mais WTF :shock: ). On accumule les cliffhangers creux et stupides (Superman est vivant… ah non il est mort… mais si il est vivant… oh puis fait chier qu’on le laisse clamser) quitte à faire de ses personnages de véritables girouettes (Fury prêtant allégeance à Darkseid pour le trahir deux pages plus loin :shock: le heaume de Dr Fate quittant son hôte et l’implorant de le reprendre sur la page suivante :shock: ). Inutile de dire que ces dernières finissent par passer pour des sacrés crétins (Atom ou le commandant Khan se sacrifiant pour au bout du compte crever comme des merdes). Ce n’est pas une énorme louche d’action et de noirceur qui peut masquer cette transformation d’Earth 2 en un jouet disloqué. Je suis à deux doigts de lâcher la série après ça. Je vais poursuivre principalement parce que le prochain tome est le dernier. Ensuite parce que la dernière ligne droite est encore ce qui tient le plus la route. L’écriture est toujours perfectible (le combat avec Darkseid est incompréhensible tant 50% de celui-ci est ellipsé) mais elle arrive à contenir un peu son éparpillement et propose une suite un tantinet intéressante.

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Dans le second tome d’Harley Quinn, des bad guys se débarrassaient de l’ex du Joker et de la voluptueuse Power Girl en les projetant dans un portail dimensionnel… pour les voir réapparaître deux cases plus loin. La mini-série Harley Quinn & Power Girl comble cet espace entre les deux cases. Amanda Conner et Jimmy Palmiotti offrent ainsi du rab d’aventure galactique complètement barré. Le bon côté, c’est qu’il évite la référence trop facile. Certes, on fait du clin d’œil à Star Wars, Star Trek et même Demolition Man mais la référence majeure est plutôt inattendu puisqu’il s’agit de Zardoz. Je ne connaissais pas le personnage de Vartox, sosie de Sean Connery arborant fièrement moustache et sous-vêtement tout en parlant de lui à la troisième personne. Faut avouer que c’est quelque chose. Il en va de même de cette histoire plongeant le duo mal assortit dans une guerre entre un peuple pacifique prônant l’hédonisme et l’amour libre avec une horde de cul-bénit. On ne peut pas dire que ça vole haut (à peine débarquer nos deux héroïnes se font taxer de prostitués à cause de leur affriolants costumes) mais la dynamique de la comédie et l’absence de retenue rendent le tout très sympathique.
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Han Solo #1 de Marjorie Liu et Mark Brooks J'apprécie énormément les scénarios de la scénariste et j'attendais beaucoup de son histoire et le premier numéro est vraiment intéressant. Han Solo est Han Solo, il n'y a rien à dire de plus le concernant, si déjà à la lecture des premiers dialogues, on sait que ça va être top de chez top. J'aime beaucoup l'introduction du récit, son monologue intérieur révèle déjà toutes les caractéristiques le concernant, il y a cette gouaille, cette manière d'être que d'un côté tu veux lui mettre une claque et de l'autre lui faire un calinou... bref un vaurien comme le dit si bien la princesse. L'introduction en tout cas à un bon rythme et nous fait tout de suite entrer dans l'ambiance et au vu du pitch prometteur, on veut vraiment en savoir plus.

La situation difficile dans laquelle se retrouve le personnage, après une mise en retrait au sein de la rébellion et pour essayer d'obtenir des crédits pour rembourser sa dette à Jabba. Cependant, Han n'a pas à se soucier très longtemps de ce problème vu qu'il est un peu forcé d'accepter une mission à contrecoeur pour la rébellion pour trouver des espions au sein de l'organisation, un pitch simple, mais qui bien raconté peut être un vrai plaisir à la lecture comme c'est le cas avec le premier numéro. Sa mission est top secrète puisque seul Leia et le général Cracken connaissent les détails. La mission est logiquement un secret et pourtant tout part en live avec l'implication d'un groupe d'inconnus. Le mystère est assez constant tout au long de la lecture et on se demande ce que les espions peuvent savoir des actions de de l'Alliance et on peut craindre le pire.
Je parle beaucoup de Han, mais Leia est ici très bien écrite également. On sent qu'elle apprécie Han et en même temps elle n'hésite pas à l'envoyer bouler quand il faut. Elle est à la fois son ami et son ennemi comme on pouvait le voir dans ANH et dans ESB, au début en tout cas. Avec le premier numéro, on sent son implication dans le conflit, mais aussi son importance au sein de l'Alliance. La scénariste comprend parfaitement les personnages et on n'a jamais cette sensation de voir une fanfiction, bien au contraire.

Les dessins sont sublimes, on a vraiment cette impression d'être immergé dans l'univers galactique Star Wars, c'est vraiment quelque chose et je pense que le dessinateur fait partie de mon top trois des dessinateurs de l'univers canon, pour le moment. Physiquement, les personnages sont vraiment ressemblants et le travail fait sur les visages est remarquable, les expressions sont réelles. Le travail fait sur les décors, tous les détails sont là aussi quelque chose qui fonctionne vraiment bien et qui donne un côté encore plus tangible et réel à cet univers. J'aime beaucoup toutes les références visuelles. Le choix des couleurs est excellent également, sérieusement c'est vraiment du pulp et ça correspond parfaitement à l'univers.

Le premier numéro est très bien construit, très fidèle dans le ton aux aventures de notre contrebandier et on ne peut que dire merci à la scénariste pour cela. Maintenant reste à voir comment le tout va évoluer par la suite et si on aura droit à quelques surprises par la suite, je l'espère vraiment.
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Deuxième tome pour le Suicide Squad d’Adam Glass et c’est un moins performant que le précédent. Dans le premier album, l’accent était mis sur le caractère sacrifiable des membres du groupe. Ce n’est plus trop le cas ici. La composition de l’équipe ne changera pas trop sur ces épisodes et du coup, sa dynamique devient un peu pépère. Pour compenser, Glass se penche un autre aspect de l’organisation mise en place par Amanda Waller : la désinformation. Les histoires jouent ainsi sur le fait de catapulter ses petits soldats sur le terrain avec un objet simpliste à accomplir qui se révèle au bout du compte plus compliqué. Ça se retrouve également dans l’intrigue générale de l’arc où un traître s’est infiltré dans l’équipe. Les histoires sont toujours des prétextes mais ça ouvre la porte à quelques moments imprévisibles et autres débordements joyeux (comme lorsque l’équipe se retrouve au prise d’une bonne vieille tribu cannibale). Sympa mais sans plus pour le coup.

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Après son explosif duo avec Power Girl dans le second tome, c’est le retour au quotidien pour la petite Harley. Et, à force de vouloir faire plaisir à tout le monde (à sa manière bien entendu), elle commence à être sérieusement surmené. Du coup, une seule solution censée s’impose. Revoir ses priorités et se consacrer à l’essentiel ? Pffff pas du tout. Non il suffit de constituer un gang de jeunes filles qui l’assisteront et porteront fièrement ses couleurs pour répandre sa bonne parole. Pour le coup, Urban est un peu radin puisqu’il ne propose que trois épisodes de la série courante et s’arrête donc à la création du dit groupe. Une segmentation assez frustrante d’autant que Conner et Palmiotti mène toujours aussi bien la série. Pour compenser, l’album propose au moins deux épisodes spéciaux : un spécial St Valentin où Harley fera tout pour avoir un rencard avec Bruce Wayne (à l’instar du Joker dans le précédent tome, la délicate incursion de ce personnage premier plan s’avère bien négocié) et un spécial Noël où elle communiquera la magie des fêtes de fin d’année (amusant mais peut-être un peu trop gentillet de la part du personnage malgré deux-trois passages).
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Le concept de L’énigme Red Hood (le retour de Jason Todd) se trouvant en germe dans Silence, je m’aventurais dedans sur la pointe des pieds. Bien m’en a pris puisque la lecture aussi appréciable soit-elle, elle n’est pas non plus d’un haut niveau. J’accorderais au travail de Judd Winick d’être plus digeste que celui de Jeph Loeb. Ce dernier était parti avec Silence dans un menu spécial best-of où le bourrinage l’emportait sur le mystère. Winick se montre lui plus mesuré. Il privilégie de façon assez séduisant l’ambiance d’histoire de gangster et manipule les forces en présence avec application. La rupture se trouve également dans les dessins. Au style surchargé de Jim Lee, on retrouve un Doug Mahnke dont les dessins sont lisses, clairs… et finalement assez fades. Au bout du compte, l’œuvre s’avère limité par sa légèreté. L’histoire se laisse suivre mais son rythme relaché fait que sa puissance dramatique n’est jamais parfaitement exploitée. Lorsqu’il réinvestira l’histoire pour son adaptation animée, Winick en livrera une meilleure copie. Il en fera déjà une œuvre indépendante et se débarrassera donc des gênantes connexions avec l’univers (le retour de Jason était lié aux évènements d’Infinite Crisis, la stupide relecture de son apparition dans Silence est jeté à la poubelle). Il recentrera l’histoire, prendra des raccourcis pertinents (l’utilisation du Joker est bien plus intéressante dans cette version) et changera judicieusement l’ordre de certaines scènes. Par exemple, le refus de retirer de la Batcave le costume de Robin porté par Jason est bien plus fort émotionnellement à la fin du film qu’au terme du premier acte dans le comic. Enfin bref, le film enterre sans mal la bande dessinée dont il est tiré. En conséquence, la lecture de celle-ci aura surtout assouvie ma curiosité.

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Avec rééditions en Marvel Icons, le rythme des sorties du Captain America d’Ed Brubaker en Marvel Deluxe s’était sacrément ralenti. Peut-être celui-ci reprendra-t-il maintenant que le trou entre Le Rêve Est Mort et Renaissance est complété par ce Un An Après. Enfin j’en doute. Dans tous les cas, c’est un plaisir de se replonger dedans même si le tome est fort mince. Histoire de noircir le tableau, le principal récit qui donne son titre à l’album n’est pas des plus mémorables. Le chapitre constitue une commémoration du premier anniversaire de la mort de Steve Rogers. J’ai toujours du mal avec ce genre de récit multipliant les mini-récits pour célébrer son super-héros. La lecture n’est pas désagréable mais l’intérêt me paraît limité. Le reste est heureusement de belle qualité. J’excuse bien volontiers à Blanc, Bleu Et Rouge Sang son parallèle balourd avec Civil War. Avec son Cap affrontant des vampires dans la Belgique de la seconde guerre mondiale, le résultat est un récit horrifique des plus savoureux au style graphique parfaitement approprié. Les deux autres chapitres tirés de la série courante sont également très plaisant. Le premier mettant en avant Sharon Carter dépeint brillamment le dur retour à une vie normale pour l’agent. Je me rends d’ailleurs compte ici à quel point l’héroïne sonne comme un brouillon de la future Velvet. Pour le second avec Bucky, Brubaker fait une nouvelle démonstration de son talent pour les récits à flashback. Pas son plus brillant certes mais la preuve de l’intelligence et la rigueur de son écriture.
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monk a écrit :
nobody smith a écrit :Je reste un peu réservé sur les futurs développements (notamment le traitement de la famille de déchets introduit dans le second album)
Sans spoiler, il introduit plus de nouveaux concepts que vraiment de personnages, même si on les croisent plus tard. Rucka semble avoir une vue très très élargie de son univers et ne peut pas tout traiter en même temps. Cette montée semble sans enjeux, mais c'est faux et je suis sur que ça sera à nouveau utilisé avec beaucoup de talent dans le futur. Lazarus est là pour durer !
Terminé ce quatrième tome et c’est effectivement ça. Le retour des personnages secondaires sur ce nouvel album donne vraiment une vision encore un peu plus étendue de l’univers. Il est clair que Rucka a très bien goupillé sa narration là-dessus et la lecture n’en est plus que captivante. Après, je trouve quand même que le rythme se relâche un peu sur ce tome. C'était déjà un peu le cas sur le précédent mais ça se justifiait par son côté huis-clos. L’intrigue générale n’avance pas énormément et c’est surtout un repositionnement de certains pions sur l’échiquier plutôt que de véritables rebondissements (oserais-je dire qu’on a un effet Game Of Thrones :mrgreen: ). Cela dit, toute la partie sur le commando est un pur bonheur avec un Michael Lark en très grande forme.
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Mike Mignola et Troy Nixey plongent le dark knight dans les années 20 pour le confronter aux grands anciens. Voilà ce qu’on appelle une proposition d’elseworld qui donne envie. Le résultat est un exercice de style très classe. On sent que Mignola connaît son affaire. Il reproduit à merveille l’œuvre de Lovecraft dans ses thématiques, ses mécaniques narratives et son ambiance. Mais surtout il arrive joliment à faire le pont entre la mythologie lovecraftienne et celle de Batman. En ce sens, le choix des personnages emblématiques pour incarner certaines figures de style est souvent pertinent et réjouissant. Mais, en dépit du plaisir procuré, La Malédiction Qui S’abattit Sur Gotham n’est pas non plus mémorable. Il manque à l’œuvre une chaleur émotionnelle pour transcender cette histoire. C’est comme chez Lovecraft on peut dire mais c’est justement là où l’entreprise atteint ses limites. Urban propose en complément de cette édition Sanctuaire, une autre histoire de Mignola à consonnance lovecraftienne. C’est un récit court où le Batman contemporain traque un serial-killer et part dans une virée cauchemardesque inattendue. Mine de rien cette courte histoire bien goupillée arrive à être plus déstabilisante que La Malédiction Qui S'abattit Sur Gotham. N’empêche que ce dernier remplit son constat de sympathique curiosité.

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Superman : Droit Du Sang (Birthright en VO) de Mark Waid et Leinil Francis Yu me donne l’impression d'être ce qu’ont voulu faire David S. Goyer et Zack Snyder pour Man Of Steel et qu’ils ont échoué. Soit offrir une relecture moderne des origines du personnage. De toute évidence, Goyer a pioché quelques idées dans ce comic (la transition brutale entre le crash du vaisseau et un Clark Kent adulte globe-trotter, l’utilisation du logo de Superman comme symbole de l’espoir kryptonien) mais lui et le petit Zacky n’ont pas réussi à dépoussiérer le mythe avec le même soin. Car Waid va dégraisser le personnage de sa naïveté mais pas de son optimisme. Le scénariste réfléchit ainsi à la façon d’inscrire le super héros dans l’ère actuel. Cela passe naturellement par le choix des menaces traitées (guerres tribales, terrorisme, tuerie dans les lycées, manipulation des médias) mais plus généralement par la nécessité d’octroyer au personnage une nouvelle crédibilité, tout en respectant ses inévitables composantes. J’ai en ce sens trouver remarquable la façon dont il aborde longuement le camouflage "Clark Kent". Chaque détail de ce gimmick souvent moqué est ici décortiqué formidablement. Le choix des vêtements, le recours aux lunettes, les modulations de la voix, le changement de posture…. Tout finit par justifier que personne n’est capable de faire le rapprochement Kent/Superman. Là est le formidable jeu d’équilibre de Birthright, cherchant à injecter une dose de réalisme à l’univers (la crainte des autorités vis-à-vis du statut extraterrestre de Superman) sans oublier ce qu’incarne le personnage (il reste l’homme de demain). C’est un peu dommage que la dernière partie loupe un peu le coche, se montrant tout à la fois fade dans ses scènes d’action et trop expéditif dans son propos (la déchéance de Superman est aussi rapide que le retournement de veste de la population). Un cafouillage regrettable surtout tant ce qui précède fut mené avec une belle efficacité ("pourquoi le jeune Clark Kent ne doit pas utiliser ses pouvoirs en public ?" trois cases pleine de pertinence qui valent tout le baratin de Pa Kent dans Man Of Steel).
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Predator vs. Judge Dredd vs. Aliens #1 de John Layman et Chris Mooneyham est un énième crossover pour les trois personnages, ici, on retrouve le Predator dans une position intéressante et surprenante, il est en difficulté face aux rejetons de Mega City One. J'aime beaucoup cette introduction du personnage, c'est totalement à contrepied de ce que l'on peut attendre d'une telle créature qui n'affronte non pas de simples humains, mais des mutants belliqueux. L'univers du Predator et de l'Alien ce mélange bien à celui de Dredd. C'est un univers complètement imprévisible, avec des créatures toutes plus monstrueuses les unes que les autres. Il est d'ailleurs intéressant de voir le chasseur être confronté aux ennemis des juges avant d'être confronté au Juge Dredd lui-même. Le scénariste met en place lentement la confrontation entre les monstres et je dois dire qu'on a cette impatiente de voir le tout éclater dans le prochain numéro. Le trait de Chris Mooneyham est toujours aussi beau, il sait donner le côté sauvage qu'il faut à Mega City One et à son personnage principal. Il ne se perd pas dans un découpage grossier et au contraire ressert son action autour des figures principales du titre, nous faisant plonger directement dans cette violence crasse et suintante. C'est une bonne surprise et j'espère qu'elle sera aussi surprenante et riche en moments marquants que ne pouvait l'être le crossover avec Archie et ses ami(e)s.
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Betty & Veronica #1 d’Adam Hughes est une merveille, je suis une fan de l'univers Archie et la multiplication des titres me fait plaisir. Ici, le scénariste se concentre sur le duo amie/ennemie que forme Betty et Veronica. Il modernise complètement le duo et l'encre parfaitement à notre époque. Le choix d'un narrateur est génial et le ton global me fait penser à un film du regretté John Hughes comme par exemple The Breakfast Club (un chef-d’œuvre absolu.) Le comic-book est très méta, chose assez étonnante pour l'artiste qui avait certes exploité le concept avec sa version de Harley Quinn, mais seulement de manière superficielle. Le titre Betty & Veronica semble différent, il fait dans le méta du début à la fin et notamment en ce qui concerne la ville de Riverdale et le fait qu'elle semble assez figé. Le scénariste en vient presque à critiquer la manière dont Archie exploite son univers. Ce n'est pas une critique négative, mais plus une boutade, assez amusante d'ailleurs de la part de l'artiste. Il n'en oublie pas de rassurer les lecteurs, il veut moderniser le titre sans le dénaturer bien au contraire, il veut juste dépoussiérer le concept du trio amoureux qui n'en est pas vraiment un, enfin en quelque sorte. Il écrit les deux personnages efficacement et surtout en leur donnant à toutes les deux un caractère bien précis. Il maitrise les dialogues, jouant sur le rythme, les mots. C'est vraiment surprenant de la part de l'artiste qui est bien plus reconnue pour ses talents de dessinateur que d'écrivain. J'aime son travail et ici il fait des merveilles. On rigole, on s'étonne et surtout on veut en savoir plus sur le duo et les autres habitants de Riverdale. Pour les dessins, c'est beau, comme toujours avec lui. Les deux femmes ont un physique un peu plus généreux que dans l'ancienne série Archie sans être vulgaire, elles font femmes sans faire poupées. Elles ont des seins, des fesses, des hanches, elles sont magnifiques. Il en joue d'ailleurs pas mal et je dois dire que ça fait vraiment plaisir à voir comme à lire. C'est une belle surprise et j'en redemande. Je ne donne pas de note habituellement pour les comics, mais celui-ci mérite un 10/10
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Miné par ses problèmes de santé, Frank Miller se contente de superviser ce DKIII. D’un autre côté, on dira que ce n’est pas plus mal étant donné le résultat de The Dark Knight Strikes Again. Cependant, la question élémentaire demeure : avait-on besoin d’une nouvelle pierre à l’édifice Dark Knight ? Parce que ce début est loin de répondre positivement à l’interrogation. Dès les premières pages, on se sent rapidement en terrain familier. Cela fait certes plaisir, d’autant que les dessins d’Andy Kubert ont de la gueule. Mais tout ceci manque également de nouveauté. Ça déroule sans grande poigne les habituelles préoccupations mythologiques et socio-politiques. Je ne vais pas faire de jugement hâtif à un stade si préliminaire. La série commence tout juste d’abattre ses cartes, semblant prendre à cœur la thématique de la passation de pouvoir (Carry Kelley prenant le costume de Batman alors que Bruce Wayne est toujours vivant, Lara risquant de rejoindre les troupes de Kandor plutôt que de la Terre). On va voir ce que ça donne mais ça ne m’enthousiasme guère pour le moment.

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Au début de la lecture, je me suis dit que Preacher accusait ses vingt ans. Urban a plutôt bien fait d’inclure une traduction du courrier des lecteurs qui permet de replacer l’œuvre dans son contexte. Lire toutes ces lettres dithyrambiques vantant la fraîcheur et le ton libéré de l’œuvre, ça établit assez rapidement pourquoi celle-ci est devenu culte. Parce que tout ce fatras langage ordurier, violence et irrévérence, j’en suis revenu de mon côté. Ce que pouvait avoir Preacher de provocateur s’est pas mal éventé avec les années. Dans les courriers, quelqu’un mettait en garde Garth Ennis des risques de jouer uniquement le petit malin balançant des dégueulasseries avec style (le coup des flashbacks lors des premiers épisodes). Mais le bonhomme sait de toute évidence ce qu’il fait. Si les premiers épisodes me paraissaient un peu limité pour les raisons indiquées plus haut, je dois admettre cela dit que je les ai trouvé sympa. L’univers me plait assez et le concept d’une quête littérale de Dieu est alléchant. Mais surtout, en dépit de sa fuck yeah attitude, Ennis aime de toute évidence ses personnages et ne veut pas s’en moquer. Le trio atypique devient rapidement attachant et bénéficie d’une dynamique fonctionnant à merveille. Du coup, plus on avance dans leurs relations, plus la série se montre brillante. Avec la partie à Angelville explorant le passé de Jesse, Preacher devient à mes yeux extraordinaire. J’ai été sur le cul devant une telle articulation de la violence et d’idées tordues autour d’un véritable cœur émotionnel. Même si ça a vieillit (pas très fan des dessins de Steve Dillon), je suis prêt à accompagné Jesse, Tulip et Cassidy jusqu’au bout.
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Après le triste Mascarade, Scott Snyder reprend du poil de la bête avec ce La Relève. La qualité de ce nouveau tome tient probablement à son côté nouveau départ, là où Mascarade faisait office de rabâchage. Pourtant, j’étais sceptique quant à cette idée de succession. Or Snyder se sort brillamment de l’exercice. La réussite vient certainement de la façon dont le scénariste aborde la question. Plutôt que de maintenir l’idée d’un héros agissant dans l’ombre, il fait de ce nouveau Batman une institution publique. La figure devient ainsi un super-héros instrumentalisé qui doit rendre des comptes à la police et la mairie. Dans cette optique, le principe de refiler le costume à James Gordon est très pertinent alors qu’elle aurait été foireuse dans tous autres cas. J’ai beaucoup aimé la manière dont Snyder développe tout cela avec ce petit côté Robocop dans le propos (cité d’ailleurs dans le texte même si c’est juste pour que Gordon dise qu’il n’aime pas le Verhoeven). Il arrive également bien à gérer la mise au placard de Bruce Wayne, usant de facilité pour finalement traiter fidèlement le personnage. Quant à Greg Capullo, il a dépassé sa panne d’inspiration sur Mascarade et profite des nouvelles possibilités offertes par Snyder pour se faire plaisir. Alors certes, le mécha-Batman ne remplacera jamais le Batman traditionnel mais ça ne l’empêche pas d’être cool. Voilà qui promet une fin de run en bonne et due forme (Mister Bloom est un méchant du plus bel effet d’ailleurs).

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Est-il encore utile que je dise que Sandman est une œuvre absolument formidable ? En tout cas, je ne m’en lasse toujours pas même si ce troisième tome comporte à mon goût le premier cafouillage de la série. Je n’ai en effet pas trop adhéré au Théâtre De Minuit. Ça traîne en longueur (j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire à partir de la soirée au manoir) et les dessins de Teddy Christiansen ne me plaisent vraiment pas. Au-delà de ça, Gaiman construit toujours une hallucinante cathédrale d’imagination à la fois hétérogène et homogène. Comme il le dit dans l’interview en bonus : « les dieux ont leur point de vue mais dans Sandman, ce dernier n’a pas de valeur supérieure à celui de n’importe qui d’autre, même celui du plus humble personnage ». Ce qui se retrouve dans le gros morceau de l’album Le Jeu De Soi où il met en scène un personnage très secondaire (limite une figurante) de La Maison Des Poupées. Dans la même interview, Gaiman déclare que c’est une de ses histoires préférées et une des moins appréciés du public. Ce qu’il juge compréhensible par une galerie de personnages intégralement féminine et son propos sur la place de la fantasy dans la vie. Ce serait pourtant de piètres excuses pour ne pas apprécier ce récit, portraits de femmes magnifiquement croquées que l’auteur plonge dans une réinvention passionnante de Magicien D’Oz et autres Alice au Pays Des Merveilles. A l‘exception donc de Théâtre De Minuit, le reste des épisodes est également brillant. Gaiman marie érudition et fantastique avec un talent impitoyable (il a fallu que ce soit un anglais qui écrive cette histoire sur la Terreur !). En conséquence, ça nourrit autant les sens que la tête (j’ignorais que les Etats-Unis avait eu un empereur et quel empereur !).
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hellrick a écrit :
nobody smith a écrit : Pour un début, ça place la barre déjà très haut.
Un excellent début en effet mais j'ai laissé tomber après le tome 2...Comme souvent avec Morrison ça devient vite incompréhensible....j'ai jamais rien pigé à Batman RIP, Final Crisis, Arkham Asylum et autre et même des incollables de Batman avouent à mot couvert que c'est incompréhensible
J’ai dévoré en un rien de temps ce deuxième tome et non je n’ai pas trouvé ça incompréhensible. Urban signe une introduction suffisamment précise pour la remise en contexte afin de ne pas être perdu. Après, je dirais que la problématique de Batman R.I.P. se situe moins dans un problème de compréhension que de lisibilité. Morrison centre son histoire sur l’exploration des failles psychologiques de Bruce Wayne, analysant son degré de folie et comment celui-ci est exploité par les méchants pour dissoudre son identité. Logiquement, Morrison se met au diapason de cette idée. En conséquence, on a quelque chose de narrativement très perturbant et loin d’être confortable à suivre. Personnellement, j’ai trouvé cela époustouflant et une réussite de tous les instants. Comme sur le précédent tome, je suis épaté comment se marie des tonalités qui pourraient s’annihiler les unes les autres. La peinture de la psyché du personnage principal donc, les enquêtes policières, les extravagances fantastiques à la limite du grotesque (le nabot volant en costume de Batman :shock: )… Morrison crée une œuvre fascinante toujours à la lisière de se ramasser la gueule mais se rattrapant à chaque fois avec panache. Si son run n’est clairement pas un bon point d’entrée pour les aventures du Dark Knight, je suis déjà assuré qu’il est bien un des meilleurs travaux sur le personnage.
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Darkseid et l’anti-monitor débarque sur Terre pour se foutre sur la gueule. Et comme il est dit dans Alien Vs Predator : quelque soit le vainqueur, on sera les perdants. Juste pour être sûr qu’on suit bien, Geoff Johns trouve même le moyen de caser la citation quelque part. Ce qui montre assez clairement que le bonhomme ne s’est pas trop foulé pour cette Guerre De Darkseid. Niveau bourrinage, ça fait le taf. Le spectaculaire est là. C’est généreux avec une bonne grosse ambiance épique. Après, c’est toujours aussi brouillon du côté narratif. C’est un peu toujours la même rengaine avec une histoire qui se disperse entre ses personnages et catapulte ses rebondissements. Ça se lit et puis basta.

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Ma foi c’est très sympa ce Batman : Année 100. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en m’aventurant dedans. De Paul Pope, je ne connaissait que son amusant Nez Cassé publié dans Batman : Black & White (l’épisode est réincorporé dans le présent album). La quatrième de couverture annonçait un hommage à The Dark Knight Returns et Batman : Year One de Frank Miller. Cette inspiration est très clairement visible. Du premier, on retrouve le contexte futuriste dans lequel réapparaît la chauve-souris après une période d’absence. Du second, on revient à un Batman low-tech et une ambiance urbaine décrépite. Il y a également toute la peinture de cette dystopie avec une enquête confrontant le super-héros aux manigances des institutions (principe se trouvant également dans l’épisode bonus Batman Berlin se déroulant dans la capitale allemande en 1939). Le travail de Pope est donc tributaire de tout ça et c’est sa limite. Mais le bougre compense tout cela en se montrant d’une efficacité à toute épreuve. On peut ne pas être friand de ses dessins aux traits tordus mais son sens du découpage est captivant. Dès les premières pages plongeant le lecteur au cœur d’une poursuite, Pope arrive à instaurer une tension qu’il entretient jusqu’à la dernière page. Année 100 n’est pas particulièrement révolutionnaire mais l’intensité de sa narration couplée à des idées inventives (le dentier donnant à un caractère plus monstrueux à Batman) en fait une lecture jubilatoire.
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Je ne suis généralement pas très friand des anthologies mais ne connaissant guère le si populaire groupe et ne sachant surtout pas par quel bout commencer, je suis laissé tenter par Nous Sommes Les Quatre Fantastiques. Evidemment, c’est après l’avoir acheté que je suis tombé sur le run de Mark Waid que je croyais épuisé. J’ai quand même commencé par l’anthologie qui admet rapidement ses limites. Condenser en 300 pages plus de cinquante ans d’édition, ça n’est pas simple. Du coup, l’ouvrage reconnaît ses choix drastiques dans la sélection des histoires. Point donc de Galactus ou de skrulls dans le livre (à part pour des rôles très secondaires). L’ouvrage se contente d’un mini-récit sur les origines de Docteur Fatalis et la première apparition d’Annihilus (épisode marquant également la naissance du rejeton de Reed et Sue). En dépit de choix limité, je suis tombé sous le charme de cette période 60’s. Certes, le tout baigne dans une extrême légèreté et les intrigues manquent de développement (mon dieu cette manie de monologuer pour rien). Ça n’empêche pas l’écriture de faire preuve d’une certaine efficacité. C’est par exemple le cas du premier épisode croquant rapidement et avec pertinence chacun de ses personnages. Toutefois, c’est surtout le parti-pris SF de la série qui m’a captivé avec son déballage de monstres et ses voyages dans des dimensions bariolées. C’est d’ailleurs mon premier contact avec le grand Jack Kirby et je suis conquis. Ça m’a fait à peu près le même effet que John Ford pour le cinéma. Au premier abord, ça a l’air simpliste et plat. Mais en s’y arrêtant, on découvre un style d’une formidable précision et dégageant une force tranquille.

La période des 70’s pose une autre problématique de l’anthologie : proposer des épisodes isolés qui font partie de grands arcs. En dépit des textes permettant une remise en contexte, il est un peu difficile de s’intéresser aux histoires (la thématique si primordiale de la famille peine à se faire sentir). Ces pièces rapportées ont toutefois le mérite d’offrir du spectacle. Combat De Montres offre un super combat entre Hulk et la chose. Le Choc Des Titans permet de montrer Docteur Fatalis en action. C’est un bonheur de voir un méchant si délicieusement mégalomaniaque. Sans valoir ceux de Kirby, les dessins de John Buscema et Keith Pollard sont très cools (ah toute les folies permises par la technologie extravagante de Fatalis).

La problématique de la continuité ne se pose pas par contre pour les trois histoires signées par John Byrne dans les années 80. Elles fonctionnent de manière parfaitement autonome et s’avèrent de beaux récits aux visuels savoureux. Ce que je retiendrais de ceux-ci est surtout la formidable interaction que Byrne conçoit entre les protagonistes. Retour Aux Sources confrontent le groupe à des ennemis représentants les quatre éléments. Les pouvoirs des Quatre Fantastiques étant eux-mêmes liés à ces éléments, c’est leur union qui permettra de défaire ces adversaires. La Fin De L’enfance offre lui un beau portrait de Sue Storm (enfin Richards) et de sa place dans l’équipe. Quant au Procès De Reed Richards, c’est un épisode assez fascinant mélangeant mise en abyme (Byrne se tape l’incruste dans l’intrigue), fantastique fascinant et philosophie existentiel. ça donne profondément envie de se plonger dans l’intégralité de son cycle.

Pour les 90’s, le texte évoque les problématiques de la série avec l’opération de renouvellement de Heroes Reborn (disant à demi-mot que c’était pas folichon). L’anthologie propose l’épisode de remise en route de la série après cette période. Je n’ose pas imaginer à quoi pouvait ressembler ce qui a précédé parce que l’histoire de Scott Lodbell est quand même pas folichonne. C’est surtout l’humour de la série qui devient assez choquant entre private jokes autour du précédent run et comédie assez bouffonne (les premières pages avec l’homme-taupe). L’action se passant en partie en France, je passe également sur les clichés du genre. D’une certaine manière, on sent bien l’esprit de la décennie (c’est assez dingue de constater comment toutes les demoiselles sont devenues girondes) et c’est un peu le problème. Reste quand même qu’Alan Davis arrive à maintenir le niveau de qualité visuel de la série avec quelques beaux moments épiques. C’est également la dimension épique des dessins de Steve Epting que je retiens de l’extrait du run de Jonathan Hickman dans les 2000’s. De l’aveu même de l’éditeur, il était impossible d’isoler un passage spécifique du run et il faut accepter que l’épisode soit juste incompréhensible.

Et reste donc le run de Mark Waid. Une Semaine Chez Les FF, son premier épisode proposé dans l’anthologie, place d’emblée la barre haute. Je disais plus haut qu’il était difficile de ressentir la notion familiale du groupe dans les histoires sélectionnées. L’épisode de Waid est l’exception. En quelques cases, tu ressens pleinement cet aspect de la famille. Avec sa virtuosité habituelle, Waid signe un sans-faute sur ces premières pages : le sentiment donc de voir vivre une vraie famille, leurs interactions s’équilibrant avec leur caractérisation individuelles, la définition de nos héros en tant qu’imaginantes, l’entretien du quotidien et du fantastique… Comme Waid l’indique en annexe, il a voulu pour cela construire une série avec une écriture "télévisuelle" qui fonctionne à la fois au court et long terme. La méthode s’applique parfaitement à ce contexte et ça fonctionne à fond. Cet album est une kyrielle de moments attachants (Jane poussant son frère à prendre en main la gestion financière de la boîte), déchirants (les deux derniers épisodes sur le traumatisme infantile de Franklin) et impressionnants (le choix de Fatalis d’abandonner la science au profit de la magie). Il a également prouvé l’utilité de l’anthologie qui m’a permit de saisir plus aisément certaines références. Une bien agréable double lecture en somme.
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Avant de me lancer dans le fameux Crisis On Infinite Earths, je me suis tapé cette anthologie afin de m’accoutumer avec le multivers DC. Comme pour Nous Sommes Les Quatre Fantastiques, c’est l’occasion de goûter à des périodes que je ne connais guère. Et ça commence de manière pas bien fameuse pour la période des 60’s. Crise Sur Terre-2 démontre l’écart entre l’extravagance naïve et l’infantilisation casse-couille. C’est assez affligeant cette ambiance "ah ah arrêtez-vous bande de criminels !" aux héros constamment souriants et aux aventures si inoffensives. J’aurais bien accepté cette légèreté si l’imaginaire était au rendez-vous. Sauf qu’on ne peut pas vraiment parler d’un fantastique foisonnant (et là le méchant s’envole à bord de sa moule magique… quoi ?!!!?). La fadeur des dessins de Mike Sekowsky n’aide pas non plus. J’accorde quand même à deux-trois images d’être réussies et le principe de l’histoire est plutôt pas mal (le groupe de méchant voyageant entre Terre-1 et Terre-2 pour échapper à leurs adversaires). Le topo est similaire pour Crise Sur Terre-3 en peut-être moins indulgent tant le syndicat du crime est puéril et se trimballe des dégaines pas possibles. Par contre, l’épisode de Flash Réalité Ou Fiction ? est lui très sympa. Probablement lié à la représentation du pouvoir du bolide écarlate, les dessins de Ross Andru gagnent énormément en dynamisme et en spectaculaire. Cependant, le concept de dimension parallèle ne constitue qu’un rebondissement minime du scénario de Cary Bathes. Ce détour par Terre-Prime (notre terre à nous autres lecteurs) est toutefois utilisé de manière fort amusante (Flash découvre comment vaincre son ennemi grâce aux dessins d’un de ses comics). Une conclusion fort plaisante donc à la partie 60’s.

La période 70’s débute avec Les Septs Soldats De La Victoire célébrant le centième numéro de la Justice League Of America. Ce qui marque d’emblée, c’est la qualité des dessins de Dick Dillin. Le style a gagné en teneur et spectaculaire pour embrasser toute l’extravagance de l’histoire. On va admettre qu’au niveau de l’écriture, Len Wein ne fait pas dans la grande littérature. Une main géante menace d’écraser la planète (oui bon voilà quoi) et pour l’en empêcher, nos héros doivent retrouver les soldats de la victoire décimés à travers l’espace et le temps. Décomposés en plusieurs mini-récits, les trois épisodes se suivent agréablement pour ce grain de folie parfaitement exploité visuellement. Même topo avec Crise Sur Terre-X (dimension où les nazis ont gagné la seconde guerre mondiale). L’histoire nous fait joyeusement voyager en Amérique, en France, au Japon et dans l’espace. Ça n’est pas très recherché narrativement mais l’aventure est assez euphorisante (ah Batman bondissant au sommet de la Tour Eiffel en effrayant les schleus). Néanmoins, c’est un tout autre niveau qui est atteint avec Le Choc Des Terres. Le pitch part d’une idée très commune (un méchant pousse Superman et Captain Marvel à se combattre pour avoir toute latitude afin de détruire leurs deux planètes) mais le traitement est lui jouissif. Tout d’abord, les dessins signés par Rich Buckler gagne encore plus en spectaculaire et le combat entre les deux super-héros est tout à fait homérique (pas un hasard si celui-ci fait la couverture du recueil). Surtout l’écriture de Gerry Conway tente de s’affranchir de ses méthodes parfois trop infantiles. Il reste quelques éléments qui font tache (non Derrick Contre Superman n’a pas inventé le super-ventriloquisme). Mais la narration trouve une efficacité optimum, traitant sans condescendance son histoire (la dimension tragique donné au bad guy en cours de récit) tout en y injectant un humour bienvenue (les filles mettent à jour la machination en discutant pendant que les garçons sont trop occupés à se taper dessus). Ma foi, c’est ce que j’appelle un bien beau morceau.

Gerry Conway signera à nouveau un sacré spectacle au début des années 80 avec Crise Sur Neo-Genesis. Le scénariste reprend le même schéma que les histoires de Len Wein dans les 70’s. La ligue de justice et la société de justice se téléportent dans leurs mondes respectifs pour la petite sauterie annuelle. Mais il y a une couille dans le processus et ils sont transportés dans un monde inconnu qu’ils vont explorer en petits groupes. Simpliste mais Conway en tire une aventure tout à fait palpitante. Les dessins de George Pérez font d’ailleurs leurs effets. Ils combinent la dimension épique d’un Rich Buckler avec l’extravagance de Dick Dillin permise par l’exploration d’Apokolips. Crise Sur Terre-Prime est lui par contre plus inégale dans ses dessins. La qualité varie en fonction des contributeurs à ce qui est sûrement la saga la plus ambitieuse du recueil. S’étendant sur cinq épisodes à travers deux séries, l’histoire ajoute des voyages temporels aux histoires de mondes parallèles. C’est donc costaud à suivre mais le sens du divertissement de Conway et Roy Thomas l’emporte sur les soucis de compréhension.

En conclusion, Crisis Compagnon combine parfaitement intérêt historique et plaisir de lecture. Tout ce que l’on est en droit d’attendre de ce genre d’anthologie en somme.
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