Stephen King

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Johnny Doe
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Re: Stephen King

Message par Johnny Doe »

jay a écrit : Pour moi cette part de l'histoire retombe vite comme un soufflet. Ce n'est clairement pas le plus intéressant. Au bout d'un moment tout ce qui concernait l'observation d'Oswald (pures spéculations assez décevantes) a commencé à me gonfler, et j'étais bien plus intéressé (comme King?) par la description de l'époque et l'histoire d'amour impossible avec Sadie. Un King un peu décevant compte tenu de son sujet, mais j'aime beaucoup son écriture et digressions, donc je marche quand même à chaque fois. Comme toi j'aime aussi les multiples connections entre ses romans, comme les allusions à ça, même s'il s'agit finalement ici d'un clin d’œil long et appuyé mais finalement assez anodin.
Ce que tu dis ne m'étonnes pas beaucoup. Mais comme toi, il y a un travail d'ambiance qui permet au bouquin de fonctionner, un côté "ronronnant" chez King qui est très loin d'être désagréable. J'en suis à environ 300 pages, donc j'ai encore du chemin, mais j'ai beaucoup aimé cette première partie et ce travail sur l'arrivée du fantastique dans certains éléments, qui donne un côté dérangeant assez flippant à des trucs plutôt banal (King est très fort pour ça).
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Re: Stephen King

Message par Max Schreck »

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Premier roman signé "Bachman" que je lis. Je sais pas pourquoi je pensais que le choix d'un pseudo correspondait à une volonté de proposer des textes différents, plus ambitieux sur le plan littéraire. Il s'agit tout au contraire d'une honnête série B, dénuée de prétention. Un genre de Tales from the crypt qui fonctionne sur un concept et vise à provoquer un peu de tension. C'est franchement pas le plus palpitant, j'y retrouve pas les audaces de style de l'auteur. Un pulp sympa, à lire sur un transat.

Je pense que je trouverai plus mon compte en restant sur le label "King"
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Re: Stephen King

Message par Johnny Doe »

Terminé ça il y a 2 semaines :

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Et s'il y a clairement un petit air de déception dans le façon qu'à King, au fil du récit, de se désintéresser de la trame principal et de rendre les passages de traques / espionnage d'Oswald plutôt laborieux (jusqu'à la séquence finale franchement expédiée à mon goût), il est parvenu, presque miraculeusement, à me satisfaire de son final. C'est plutôt touchant, parce que les personnages fonctionnent bien, et si, comme la plupart des pavés de King, on pourrait en virer 200 pages sans trop de soucis, ça reste un page turner efficace, avec quelques moments franchement dantesques et un air de fantastique qui plane sur tout le bouquin (dommage qu'il soit au final si anecdotique, mais ça nourrit formidablement l'ambiance).

Donc plutôt un bon cru que ce King là, qui amène le lecteur ailleurs, là où on s'attend à quelque chose de très "historique", au final on tombe encore et toujours sur de Stephen King, qui se fout pas mal du côté "documentaire" de son bouquin.
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Re: Stephen King

Message par Max Schreck »

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J'en connaissais le pitch et c'est clairement ce qui m'a attiré vers ce titre. Parfaitement maître de ses moyens, King parvient à relever le défi grâce à son attention aux justes détails, développant les pensées et la psychologie de sa protagoniste de façon souvent savoureuse, jusqu'à mettre au jour une histoire particulièrement douloureuse et sordide. On n'échappe pas toujours à cette tendance qu'a l'auteur pour le spectacle de foire, et l'irruption d'un élément un peu grand-guignolesque a beau être efficace, on réalise quand même dans un second temps que ça fait quand même un peu "sorti du chapeau". N'empêche que derrière le tour de force de petit malin, c'est prenant du début à la fin et c'est tout ce que je demandais.
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Re: Stephen King

Message par Rockatansky »

Max Schreck a écrit :Image
Premier roman signé "Bachman" que je lis. Je sais pas pourquoi je pensais que le choix d'un pseudo correspondait à une volonté de proposer des textes différents, plus ambitieux sur le plan littéraire. Il s'agit tout au contraire d'une honnête série B, dénuée de prétention. Un genre de Tales from the crypt qui fonctionne sur un concept et vise à provoquer un peu de tension. C'est franchement pas le plus palpitant, j'y retrouve pas les audaces de style de l'auteur. Un pulp sympa, à lire sur un transat.

Je pense que je trouverai plus mon compte en restant sur le label "King"
La peau sur les os malgré le fait que cela soit le plus connu des "Bachman" est loin d'être mon préféré, contrairement à toi j'avais trouvé une respiration salutaire dans l'oeuvre de King en lisant ces livres, notamment Marche ou crève ou Rage
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Re: Stephen King

Message par Addis-Abeba »

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Adaptation non officielle d'une nouvelle de Stephen King parue en 1985 dans le recueil de nouvelles Brume.


Le réalisateur Kenneth J. Berton ne fera qu'un autre film d'horreur, ce coup-ci à sketch( Les nouvelles aventures de Merlin l'enchanteur) où il recyclera au format court ce singe du diable.
J'aime beaucoup la nouvelle originale, stressante avec ces tssssing tssssing de cymbales de ce cher singe.
Las ici on a l'impression que cette pauvre peluche à de l'arthrose tant il a du mal à cogner ses cymbales .Et tout est à l'avenant dans ce film, tout semble au ralenti, le pére et son voisin ce parle pendant des plombes en poussant des rires de franches camaraderie, mais on ne comprend rien à ce qu'ils racontent :shock: Mais ils s'éclatent.
Tout est bon pour faire du remplissage, le pére regarde un dessin animé avec son fils, la mère regarde un dessin animé avec son fils, le chien regarde...
Mais c'est bien ça nous remontre d'excellent vieux dessins animés 8)
Et la tension, la partie horreur ? Elle est partie, elle se cache.
On a bien le coup du gamin qui a failli se faire écraser par une voiture, de la maison qui a failli brûler, du type qui se fait brûler par l'eau chaude de la douche, mais sans traces de brûlures hein,pas le budget.Un arbre en plastique qui tombe sur le père, un "gouffre" qui se forme devant le pére (qui vu de haut ressemble à un playmobil,magie des effets spéciaux quand tu nous tiens) etc ... etc ...
Tout est ringard, tout est raté et pourtant impossible de ne pas faire preuve d'un peu d'indulgence, navrant certes mais parfois marrant.
Un demi-nanar dans ce qu'il a de plus fascinant, où on se demande en permanence mais pourquoi ?
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Re: Stephen King

Message par nobody smith »

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Bien sympa ce Minuit 2. Stephen King fait du classique mais s’y tient plutôt bien. Dans la préface des Langoliers, l’auteur admet la similitude de la nouvelle avec Brume (un groupe de personnages isolé dans un lieu et entouré de phénomènes bizarres). Ça fonctionne cela dit à plein régime. King tire tout ce qu’il peut de son mystère et arrive à rendre captivante la situation. Il réussit même à ne pas foirer l’apparition des fameux langoliers. Là où l’auteur promettait de partir dans un de ses incontournables moments grand-guignol, il se montre étonnamment modéré. Il contrebalance ainsi la longue et inquiétante attente entretenue sur une centaine de page par une apparition furtive et finalement terrifiante des créatures. A quelques piétinements dus à des répétitions, ça reste un bon moment. Même topo pour Vue Imprenable Sur Jardin Secret. King admet encore son radotage en parlant d’écrivain en crise après Misery et La Part Des Ténèbres. Il tente ici de combiner en un seul récit les approches de ses deux romans (l’emprise de la fiction sur le lecteur dans Misery, l’emprise de la fiction sur l’auteur dans La Part Des Ténèbres). Le résultat donne une nouvelle bien tendue explorant les mécanismes inconscients d’un esprit surchauffé. Dommage que l’épilogue fasse retombé l’histoire avec notamment l’intrusion potentiel du fantastique. Pour le coup, je préfère la conclusion de l’adaptation ciné par David Koepp qui allait au bout de sa logique.
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Re: Stephen King

Message par nobody smith »

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Lu Cujo dans une édition datant de 2009 mais étant donné l’état de la traduction je suppose que personne n’a retouché à la traduction depuis 1981. Ça serait pourtant pas un mal que quelqu’un se repenche dessus, ne serait-ce que pour corriger certaines approximations (c’est qui ça Sispéo :lol: ). Je pourrais mettre là-dessus la légère déception du roman. Certes Cujo n’est pas un de ces pavés où King se lâche tellement qu’il ne sait plus quand il doit s’arrêter. Toutefois, je trouve au livre un désagréable sentiment de trop-plein qui ne s’accorde pas trop au sujet. J’ai bien aimé l’ambiance de l’œuvre. A la manière du Halloween de John Carpenter, King tente de convoquer le conte et le mythe du croquemitaine en l’ancrant dans la réalité. Il arrive à rendre fascinant ce quotidien contaminé par un fantastique qui ne se présente pas comme tel. La création de la menace est d’ailleurs plutôt bien vu joignant à la fois la figure du vampire, du loup-garou et de la possession. Mais à mon sens, tout ceci se perd dans une galerie de personnages trop conséquente et un récit s’attardant parfois trop sur les protagonistes les plus secondaires. Je suis peut-être influencé par l’adaptation ciné que j’avais déjà vu mais j’aurais nettement préféré quelque chose de plus resserré. En l’état, ça reste une bonne lecture mais pas mon préféré de l’écrivain.
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Re: Stephen King

Message par Anorya »

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En pleine lecture d'un bouquin de James Morrow mélangeant avec humour le thème du pacte avec le diable avec l'avènement d'un Jésus Christ au féminin en plein XXIème siècle, j'ai eu un gros blanc et arrêt de lecture. Et quand j'ai voulu reprendre le livre, je n'y étais plus. En fait je n'avais plus envie de lire de choses consistantes pendant plus de deux mois. J'ai donc pris mon mal en patience en parcourant régulièrement des petites notes et articles de magasines divers, sachant que mon envie de lecture reviendrait.


Elle est revenue par la porte "Stephen King". Et cela faisait bien une éternité que je n'avais plus renoué avec le King. Au début par jeu, je me dis que je vais lire une nouvelle courte (et il y a de quoi faire entre quelques chose qui ne va faire que 4,5 pages et un écrit presque fleuve pour une nouvelle qui va de 20 à 30 pages), comme ça, dans le désordre. Et si je prends mon pied, je m'y remettrais à nouveau, allez. En piochant. En picorant. Une sorte d'apéro pour le cerveau. Et bien m'en a pris vu que je me suis retrouvé finalement à lire toutes les nouvelles et le finir hier... Toujours dans le désordre (en comparaison avec l'ordre chronologique où son placées les nouvelles dans l'édition chez J'ai Lu dont je reprend la couverture parce que depuis avec les dernières rééditions, on a pas fait mieux). Et souvent en savourant et me répétant à moi-même à plusieurs reprises "ah putain qu'est-ce que c'est bien, qu'est-ce que le gars raconte bien".


J'en avais oublié que King était un formidable conteur qui, écrit pour lui-même avant tout et pour se faire plaisir, et donc faire plaisir à ses lecteurs par là-même (pour reprendre la préface de John D. Mac Donald). Et chaque nouvelle de multiplier les instants anthologiques, une formidable histoire où il ne faut ici que quelques lignes à King pour poser le décor, la psychologie de tel ou tel personnage et souvent changer de thème et de genre avec une certaine maestria. De fait Danse macabre est presque le livre de nouvelles idéales pour commencer l'oeuvre de King, voire donc comme pour moi, s'y remettre étant donné que King, en bon cuistot vous servira plusieurs plats différents dans ce même menu.


Jugez donc, on a à la fois un hommage à Lovecraft (l'assez géniale Celui qui garde le ver et l'on pourrait même inclure la claustrophobique Poste de nuit bien que côté rats on pense plutôt à Bram Stocker), un avant-goût du Fléau (Une sale grippe qui en juste 5,6 pages relate une épidémie mondiale aussi efficace que celle de L'armée des 12 singes), un pur épisode de The Twilight zone ou Au delà du réel (Comme une passerelle), une relecture violente de Toy Story (Petits soldats qui ne fait joyeusement pas dans la dentelle et c'est tant mieux), du folklore revisité (Le croque-mitaine), un avertissement contre les dangers de l'alcoolisme ou du tabagisme (Matière grise et Desintox, inc), un peu de vampires histoire de s'amuser (Un dernier pour la route), une histoire abstraite de serial killer (Le printemps des baies), un court thriller purement policier basique mais diaboliquement efficace (La corniche. De quoi en faire un bon film), de l'épouvante dont seul King à le secret (la preuve, en film, ça passe moyen. Je cite donc Poids lourds --adapté par King himself dans un fabuleux gros n'importenawak, Maximum Overdrive (présenté d'ailleurs par l'auteur dans la bande-annonce huhu); et Les enfants du maïs) et même des petits bijoux de drames intimistes psychologiques à vous faire monter les larmes aux yeux (Le dernier barreau de l'échelle et Chambre 312).


Bref, à boire et à manger et à nouveau le goût de la lecture avec ce genre de repas ! 8)
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Re: Stephen King

Message par gnome »

Mon premier King et celui par lequel je suis tombé amoureux. J'adore ce recueil. :D

"Dear Bones..." 8)
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Re: Stephen King

Message par Anorya »

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Par curiosité, par amusement, par amour peut-être, Jessie s'est longtemps prêtée aux bizarreries sexuelles de Gerald, son mari. Puis un jour, elle s'est rebellée. Débattue. Avec une violence qu'elle ne soupçonnait pas. Et à présent la voilà nue, enchaînée à un lit, dans une maison perdue, loin de tout. Un cadavre à ses pieds... Un mauvais rêve ? Non. L'horreur ne fait que commencer. Et jamais le maître de l'épouvante ne nous a encore emmenés aussi loin dans la terrifiante exploration de nos phobies et de nos cauchemars...


Après Danse macabre, j'ai voulu passer à un Stephen King plus long, faisant partie de ces livres qui m'avaient toujours intimidés. Cujo, Le fléau ou... Jessie que je n'avais encore jamais lu, que je repoussais toujours un peu constamment même. Mon choix s'est porté sur Jessie finalement et je ne l'ai pas regretté malgré un point de non-retour éprouvant que je n'avais encore jamais éprouvé avec le King jusqu'ici (ou alors je ne me rappelle plus des sensations ressenties sur d'autres pavés du maître).


Avec Jessie en 1992, le maître du suspense pose clairement un défi tant à lui-même qu'à ses lecteurs.

Difficile en effet de bâtir un huis-clôs sur une femme enchaînée pendant près de 90% du livre dans une chambre et que nos perceptions en restent au même état que Jessie Burlingham, dans l'univers que compose la chambre du petit chalet de vacances près du lac. Et pourtant King réussit incroyablement son pari, ce qui n'était pas gagné d'avance on se l'imagine. Jessie inaugure pour le King un abandon, disons, une envie de mettre un peu plus de côté le fantastique et l'épouvante pour traiter un peu plus de l'horreur psychologique, celle qui, parfois, sous couvert de banalité, vous fera bien plus peur que les tentacules et autres choses flasques et visqueuses. Misery en 1987 était déjà une porte ouverte entre les pavés que constituaient ça et Les tommyknockers. Avec Jessie puis Dolores Claiborne qui revient également sur la fameuse éclipse totale de soleil des années 60, également ici élément central et pivot déterminant de l'intrigue, King fournit une sorte de diptyque de portraits de femmes dans un lieu (Le Maine, évidemment, sa chère région) où les souvenirs et les êtres vont se télescoper à un point étrange (Jessie enchaînée à la vision d'une vieille femme à un moment, vision qui fait référence en fait à Dolores Claiborne) sans qu'il ne soit nécessaire de lire les deux romans (lesquels sont d'ailleurs deux histoires différentes).


Concrètement Jessie versera grandement dans l'introspection, King utilisant le système des voix intérieures pour expliquer la psychée de son héroïne afin de remonter à un évènement traumatique de son enfance d'où tout à découlé et de fait ensuite, tenter de remonter la pente et essayer de s'en sortir. Certes, King nous fait régulièrement part des pensées de ses personnages dans une bonne partie de ses romans mais on marche à nouveau d'autant plus que Jessie risque de sombrer de plus en plus dans la folie avec le temps qui passe, le corps qui se tord de plus en plus de crampes, la faim et surtout la soif qui se font très vite jour... On navigue donc constamment dans la tête de Jessie (les souvenirs et le passé) tout en restant auprès de son corps (le présent de cette chambre devenue très insalubre).


Et ça marche, King nous tient en haleine avec toutes les ficelles, parce qu'il reste un immense conteur.


On reste donc accroché aux pages même si l'on sent un peu la longueur parfois et l'on se dit qu'elle va s'en sortir, que ça ne pourra pas être pire. Et pourtant, ça devient petit à petit de pire en pire. D'abord avec ce cadavre à ses pieds, celui de son mari, victime d'une crise cardiaque au moment où il ne fallait pas qui commence à pourrir lentement. Puis ce chien errant qui n'a pas mangé depuis plusieurs jours et qui commence à être attiré par l'odeur au point de s'enhardir de plus en plus. Sans compter les péripéties de Jessie pour obtenir de l'eau sur une des tables de chevet alentour du lit avec la maigre marge que lui laissent les menottes. Et puis dans la nuit, cette tête à peu près humaine aperçue dans un coin de la fenêtre... Un rôdeur ? Une hallucination ? Et quand la présence commence à se profiler dans l'entrebaillement de la porte et qu'on s'aperçoit qu'elle a des bras plus longs que la normale, et une malette en peau humaine avec dedans des bijoux et des ossements, serait-ce la mort en personne ?


Bon je n'en dis pas plus. Malgré un sentiment un peu de longueur à l'approche de la fin c'est assez impressionnant. Au passage pour une fois, je n'ai pas ressenti de fin expédiée. Sans spoiler, la rupture est peut-être un peu brutale mais je l'ai trouvée nécessaire pour ma part.
Bref, excellent roman de King. Peut-être un de ses meilleurs mais je suis loin d'avoir tout lu.
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Re: Stephen King

Message par nobody smith »

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Ayant déjà vu le film, je savais dans quoi je m’aventurais avec cette invasion des caca télépathes de l’espace. Fort heureusement sinon j’aurais eu beaucoup trop d’espoirs mal placés avec les cinquante premières pages. L’introduction des personnages principaux est mécanique mais montre néanmoins toute l’efficacité du King, sa capacité à faire ressentir l’état d’esprit de ses protagonistes et à dépeindre avec naturel le surnaturel. Mais bon, quelques pages plus loin, on entre dans le vif du sujet avec ses assbursters et faut se dire que Dreamcatcher n’est pas ce que King a écrit de plus inspiré. Au-delà du grotesque de certains passages horrifiques, le roman voyage entre recyclage peu emballant (on lorgne quand même pas mal du côté de ça – auquel une grosse référence est faite), développement brouillon de certains concepts (le fonctionnement de la contamination) et caricature assez plombante (le colonel Kurtz qui flirte avec la bonne grosse blague). Une décennie après sa sortie, King a dit ne pas trop aimé son roman. Il le considérait comme trop influencé par les médicaments, l’auteur récupérant de son accident de voiture. Comme il le note dans sa postface, cette situation l’a poussé à explorer en profondeur des processus de douleurs mentales et physiques (le titre originalement était carrément Cancer). Ce que je trouve le livre fait avec un certain brio comme l’aura démontré l’intro. En faite, malgré des idées inégales, l’écriture de Dreamcatcher m’a de manière générale agréablement surpris. King doit d’ailleurs se dépêtrer d’une structure narrative assez complexe, suivant plusieurs personnages disperser dans une zone géographique relativement restreinte et surtout une temporalité réduite. Or il arrive à s’en sortir avec une certaine virtuosité et à en tirer un suspense des plus accrocheurs. Un sacré sens de l’emballage pour un contenu pas toujours de la première fraîcheur. Un King mineur en somme.
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Re: Stephen King

Message par Max Schreck »

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Dédié à sa mère, le roman se veut en creux un portrait de femme blessée, mais dont le caractère bien trempé nous épargne tout penchant vers le mélo. Si les moments d'horreur sont bien présents, il s'agit davantage de faire partager la hargne, la colère rentrée, les douleurs et les espoirs qui ont ponctuer son pathétique destin.

Là encore, l'auteur fait preuve d'une aisance discrètement virtuose en maintenant du début à la fin un style parlé, l'intégralité du texte étant la longue déposition enregistrée de l'héroïne face aux policiers. Et King joue merveilleusement de la temporalité et des digressions pour ne dévoiler que progressivement toutes les clés du mystère et rendre évidemment la lecture haletante. On se retrouve donc avec une plongée vertigineuse, touchante et à quelques occasions bien amenées franchement terrifiante, dans la tête de cette femme un peu peau de vache, qui va déballer toute sa vie, ses épreuves, ses lâchetées, son courage aussi. C'est très efficace, même si je me demande ce que ça a pu donner porté à l'écran, tant la force du récit tient ici dans cette parole qui se libère.

King s'amuse à faire un clin d'oeil à Jessie, son roman précédent, exploitant à nouveau la fameuse éclipse de soleil qui plongea une partie du Maine dans l'obscurité à l'été 1963, phénomène auquelle il prête encore de sacrées conséquences.
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Re: Stephen King

Message par Flol »

Max Schreck a écrit :Image
Seul et unique bouquin que j'ai lu d'une seule traite.
Max Schreck a écrit :C'est très efficace, même si je me demande ce que ça a pu donner porté à l'écran, tant la force du récit tient ici dans cette parole qui se libère.
Pas revu depuis longtemps, mais dans mes souvenirs l'adaptation de Taylor hackford (pourtant pas le plus grand cinéaste du monde) est très bien. Et puis Kathy Bates + Jennifer Jason Leigh, ça le fait.
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Re: Stephen King

Message par nobody smith »

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Je n’avais pas entendu que des bonnes choses sur le versant fantasy de Stephen King. Je n’ai pourtant pas hésité à prendre ce premier tome de La Tour Sombre lorsque je l’ai trouvé dans un bac d’occasion, principalement décidé par la sortie prochaine de l’adaptation ciné. Au final, je ne suis pas convaincu par la chose. Au moins King a-t-il l’honnêteté d’annoncer la couleur dans sa préface. L’auteur est à la limite de s’excuser de ce qu’est le commencement de sa grande saga. Il juge d’ailleurs assez bien son propre travail. Le livre est clairement l’œuvre d’un jeune un peu trop emporté par ses ambitions. King réussit son objectif de construire un univers imposant à la Tolkien sans pour autant se laisser emprisonné par cette référence. Mais il invite à celui-ci au travers d’une écriture pesante et plutôt désagréable à lire (le style Tolkien devrais-je dire :fiou: ). S’il y a bien une atmosphère intrigante dans le livre, il ne m’a jamais accroché ou intéressé outre mesure. Peut-être qu’un jour j’aurais la motivation de me lancer dans le second tome que King définit comme le véritable début de son histoire.
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