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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Ratatouille a écrit :
Max Schreck a écrit :Dommage donc que son roman le moins convaincant soit son plus épais, le voyage aura été un peu long.
C'est malheureusement souvent le cas avec ses romans les plus récents. Je n'avais même pas été au bout de Dernière nuit à Twisted River, tellement ça n'avançait pas...
Ah bin pour le coup, celui-ci m'a beaucoup plu. Peut-être parce que justement je n'avais aucune attente. Une belle histoire, pleine de sensibilité, et des atmosphères vraiment belles. Je te conseillerai bien d'y retourner. Il y a des rendez-vous manqués comme ça, qui méritent sans doute qu'on leur donne une seconde chance (mais c'est vrai qu'avec Irving ça demande du temps).
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Bartlebooth a écrit :
David Foenkinos, le Potentiel érotique de ma femme (Gallimard). Attiré par le sujet (c'est l'histoire d'un collectionneur compulsif), j'ai vite déchanté. Il y a là tout ce que je déteste dans ce genre de roman français. L'auteur semble se trouver irrésistible, avec ses bons mots à la François Reynaert, ses comparaisons qui se veulent spirituelles et ses phrases qui font les intéressantes sur l'air de : "hein, comme je suis joliment troussée". Il y a en tout et pour tout deux trouvailles que je ne spoilerai pas ; pour le reste, pfffff. Mais j'avoue avoir lu le dernier tiers en avance rapide.

Lu le mois dernier et c'est vrai que j'ai moi aussi trouvé ce narcissisme absolument insupportable malgré un postulat de départ vraiment alléchant. En revanche je prends énormément de plaisir à lire l'auteur depuis Nos Séparations (je ne parle pas de ses adaptations cinématographiques absolument exécrables) ; de roman en roman Foenkinos se met de plus en plus en retrait, abandonne les bons mots pour nous livrer des chroniques au travers desquelles on (je) se retrouve plus ou moins, des pistes de réflexions intéressantes tout en restant très légères... Des romans qui nous replongent pour la plupart dans notre propre vie. Depuis le très jolie Charlotte, le romancier se tourne vers les autres et vient avec Le Mystère Henri Pick de signer son plus beau livre (lu d'une traite et ça ne m'était pas arrivé depuis Les Vivants et les morts, le pavé de Mordillat) . Ligne claire, multiplication des personnages et des intrigues qui finissent tous par converger au même endroit, justesse des descriptions psychologiques sans jamais être lourd pour au final une très belle histoire toute simple dont il est cependant impossible de démêler le(s) mystère(s) avant les dernières pages.

L'histoire est celle d'un manuscrit retrouvé dans une bibliothèque qui collectionne les romans refusés et jamais publiés et qui va devenir un best-seller du jour au lendemain car il s'agirait d'un livre écrit par un modeste pizzaiolo breton qui n'aurait selon ses proches jamais ouvert un livre, pas même une revue. Journalistes, éditeurs et critiques vont se pencher sur son cas et essayer de reconstituer la genèse de ce roman, véritable coup médiatique.

Petit coup de cœur pour ce roman !

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Stromboli
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Message par Stromboli »

Juste quelques lignes en retard pour vous conseiller "Petit pays" de Gaël Faye" chez Grasset.
Bon le livre a déjà pas mal fait parler de lui mais je ne crois pas l'avoir vu mentionné ici.

Si vous êtes comme moi et avez tendance à vous méfier des livres encensés dans tous les médias, des livres à la mode, des auteurs-chanteurs qui passent bien en télé... vous risquez d'être passé à coté de ce très beau livre et ce serait dommage.

J'ai l'age d'avoir vécu l'époque du génocide au Rwanda et lu des dizaines d'articles à ce sujet et pourtant jusqu'à ce livre je n'avais jamais vraiment bien compris ce qui s'était passé dans cette région, toujours un peu mélangé victimes et bourreaux, fanatiques tutsis et miliciens hutus.
Grâce au livre de Faye qui évoque ce conflit par la bande, par l'histoire d'un petit métis qui finira arraché à son enfance, j'ai pour la première fois mieux compris ce qui s'était passé là-bas, et combien c'est important de s'en souvenir.

Et si ce n'est pas le chef d'oeuvre absolu de la littérature contemporaine le style du livre est tout de même remarquable, avec une fluidité et un sens du récit qui font qu'on le lit d'une traite.

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Message par poet77 »

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Comment définir cet étonnant ouvrage? Difficile de le classer... Livre d'histoire? Livre d'enquête? Journal littéraire? Diane Meur s'est engagée dans la folle entreprise de dresser la carte de la famille Mendelssohn. Illustre famille dont on connaît surtout l'ancêtre philosophe, Moses (1729-1786), ami de Lessing (que ce dernier a pris pour modèle de son personnage de théâtre Nathan le sage), Félix (le petit-fils de Moses) (1809-1847), l'illustre compositeur et sa soeur Fanny (1805-1847), compositrice et pianiste restée dans l'ombre de son célèbre frère. Mais Diane Meur ne s'en tient pas aux membres les plus renommés de la famille, elle cherche aussi à savoir qui était Abraham (1776-1835), le fils de Moses et le père de Félix et Fanny. Et elle enquête aussi sur toutes les ramifications de la famille, ce qui engendre ce monstre qui est la carte des Mendelssohn. Comme Diane Meur raconte tout cela avec humour et en se mettant elle-même en scène, ce qui donne à son ouvrage des allures de journal, la lecture en est à la fois passionnante et savoureuse tout en demeurant érudite. Un régal. 8,5/10
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Après avoir raconté, dans "Jeune Fille", son expérience de toute jeune actrice sous la direction de Robert Bresson (pour "Au hasard Balthazar"), Anne Wiazemsky relate, dans cet ouvrage, sa rencontre avec une autre légende du cinéma, Jean-Luc Godard, rencontre qui ne tarde pas à déboucher sur une relation d'amour passionné. De juin 1966 jusqu'à juillet 1967, tandis qu'elle essaie de faire des études de philosophie à la fac de Nanterre (où elle croise, entre autres, un étudiant rouquin prénommé Dany qui fera bientôt parler de lui), elle entretient une liaison de plus en plus intense avec le cinéaste. Difficile de passer inaperçus: la petite-fille de François Mauriac fréquentant l'auteur d'"A bout de souffle", il y a de quoi exciter la presse à sensation qui n'en demande pas tant. Anne Wiazemsky raconte avec grand talent ses émotions, ses hésitations, ses peurs, le tournage de "La Chinoise", ses rencontres avec des célébrités, et surtout son amour fou pour Godard. C'est passionnant. 8,5/10
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Message par poet77 »

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Madeleine, Leonard et Mitchell. Deux garçons épris de la même femme. Cela pourrait être banal, mais on a affaire à un grand écrivain tout à fait capable de donner des couleurs nouvelles à une histoire qui semble éculée. Ce qui rend ce livre passionnant, ce sont ses personnages et le soin avec lequel l'auteur raconte leurs destinées. L'intellectuel brillant qu'est Leonard est aussi un malade qui souffre de troubles maniaco-dépressifs. Mitchell, lui, se dirige vers une recherche spirituelle et caritative qui le conduit bien loin, apparemment en tout cas, de celle qu'il aime. Quant à Madeleine, elle nous bouleverse à cause de ses choix, de ses souffrances, de sa recherche du bonheur. Un grand roman, sans aucun doute. 9/10
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Message par Max Schreck »

poet77 a écrit :Image

Madeleine, Leonard et Mitchell. Deux garçons épris de la même femme. Cela pourrait être banal, mais on a affaire à un grand écrivain tout à fait capable de donner des couleurs nouvelles à une histoire qui semble éculée. Ce qui rend ce livre passionnant, ce sont ses personnages et le soin avec lequel l'auteur raconte leurs destinées. L'intellectuel brillant qu'est Leonard est aussi un malade qui souffre de troubles maniaco-dépressifs. Mitchell, lui, se dirige vers une recherche spirituelle et caritative qui le conduit bien loin, apparemment en tout cas, de celle qu'il aime. Quant à Madeleine, elle nous bouleverse à cause de ses choix, de ses souffrances, de sa recherche du bonheur. Un grand roman, sans aucun doute. 9/10
Beaucoup aimé aussi ce roman du mariage, et je garde encore en tête ces vrais morceaux d'existence.
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Message par Max Schreck »

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Il s'agit d'un recueil d'articles, essais philosophiques sur la religion rédigés au début des années 50. Le plus intéressant est sans doute celui qui ouvre le recueil et lui donne son titre. Huxley y fait le récit d'une expérience de consommation de peyotl, expérience réalisée sous vigilance scientifique. L'auteur étant un authentique érudit des traditions mystiques, son témoignage s'efforce donc de replacer cette expérience en tant que quête vers l'illumination, qui consiste à atteindre la conscience de ce que la traduction désigne souvent comme la "Réalité ultime", celle qui se dévoile derrière les apparences matérialistes du banal quotidien. Huxley en profite donc pour faire un compte-rendu des usages du peyotl dans diverses cultures et prône même une démocratisation de son usage, non pas pour le simple trip beatnik mais pour participer à l'éducation spirituelle des populations. Et sa démarche si on prend la peine de la lire au-delà des a priori ne manque pas de conviction. Les autres courts textes qui suivent posant un peu trop souvent le principe que Dieu existe m'ont un peu moins convaincu, et ont je pense un peu veilli. Le contexte de leur rédaction reste cependant intéressant à prendre en compte, Huxley tentant justement d'analyser la société de ce milieu de siècle, à peine sortie des horreurs de la Seconde guerre mondiale et entrée dans une époque où les promesses de bonheur du progrès technologique se teintent également de risque de destruction (Hiroshima mon amour).


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Je complète ma découverte de la délicieuse œuvre de l'américain Chabon. J'avais vu à l'époque de sa sortie l'adaptation de ce roman réalisée par Curtis Hanson. Souvenir d'une comédie réussie et assez touchante, portée par d'excellents acteurs. Je pense quand même que le film était loin d'être aussi trash que le bouquin. Si la loufoquerie est bien présente dans ce roman souvent jubilatoire, on y suit quand même les errances alcoolo-marijuanesques d'un romancier en perdition, le temps d'un week-end dans un bled qui accueille un festival littéraire. Le temps de l'action est donc relativement resserré, mais c'est un tel enchaînement de catastrophes que ça prend parfois des allures de screwball comedy littéraires (le cinéma hollywoodien naphtaliné y joue d'ailleurs un grand rôle). Catastrophes souvent causées par le propre comportement de personnages carrément irresponsables. Chabon nous régale par la saveur de ses trouvailles, de personnages parfaitement pittoresques et pourtant crédibles. Et derrière la peinture à peine caricaturale de ce petit monde, l'amertume n'est jamais loin, et les aventures bordéliques du protagoniste se révèlent bientôt pathétiques. Bref, encore une réussite magistrale à mettre au crédit du talent de l'auteur.
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Message par Anorya »

poet77 a écrit :Image

Après avoir raconté, dans "Jeune Fille", son expérience de toute jeune actrice sous la direction de Robert Bresson (pour "Au hasard Balthazar"), Anne Wiazemsky relate, dans cet ouvrage, sa rencontre avec une autre légende du cinéma, Jean-Luc Godard, rencontre qui ne tarde pas à déboucher sur une relation d'amour passionné. De juin 1966 jusqu'à juillet 1967, tandis qu'elle essaie de faire des études de philosophie à la fac de Nanterre (où elle croise, entre autres, un étudiant rouquin prénommé Dany qui fera bientôt parler de lui), elle entretient une liaison de plus en plus intense avec le cinéaste. Difficile de passer inaperçus: la petite-fille de François Mauriac fréquentant l'auteur d'"A bout de souffle", il y a de quoi exciter la presse à sensation qui n'en demande pas tant. Anne Wiazemsky raconte avec grand talent ses émotions, ses hésitations, ses peurs, le tournage de "La Chinoise", ses rencontres avec des célébrités, et surtout son amour fou pour Godard. C'est passionnant. 8,5/10
Deux excellents livres (surtout quand on aime Bresson et Godard).
Le troisième volet final, "Un an après" est sorti il y a peu d'ailleurs. Sur ma pile à lire mais pas pour maintenant...

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Message par Max Schreck »

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Un one shot d'Indridason (au sens où il ne s'agit pas d'une nouvelle enquête de son commissaire Erlendur), un thriller efficace, assez brutal même. L'intrigue prenant la forme d'une course contre la montre et contre la mort, le rythme est soutenu et ça se dévore donc bien. Indridason se débrouille pour jouer avec nos nerfs en maintenant jusqu'au bout son suspense, reposant sur un sacré postulat. Mais j'ai trouvé au bout d'un moment les réactions de certains personnages assez peu vraisemblables : censés être de "simples" quidams plongés malgré eux dans une affaire d'Etat, il font preuve d'un sang-froid assez surprenant là où j'aurais attendu un peu plus de doute ou de peur. On est donc assez loin des études de caractères touchantes dont sait habituellement faire preuve l'auteur dans sa série policière, mais on continuera d'apprécier la façon dont il mêle à travers ses récits l'Histoire sociale et politique de cette île si fascinante qu'est l'Islande. Amusant, donc, mais ça n'a pas d'autre prétention que d'être un bon roman de gare.


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Catalogue assez savoureux de ces petits objets du quotidiens censés nous simplifier l'existence mais qui semblent plutôt faire partie d'un vaste complot destiné au contraire à nous la compliquer. En soi, ce type de recueil est un genre littéraire, où l'on trouve souvent des trucs bâclés, mais ce titre-ci se révèle très joliment écrit. Les deux auteurs, tout en disant ce qu'il y a à dire sur le sujet, truffent leurs articles de jeux de mots, de références culturelles loin d'être hors-sujet. Bref, c'est très soigné dans la forme. Rien que la lecture des titres de chapitres est un régal, par la connivence qu'ils suscitent avec le lecteur, qui sait déjà le genre de détails qui pourront être dénoncés (ex : la housse de couette, la théière qui pisse, le rideau de douche, le distributeur de savon à infrarouges, le film transparent étirable).
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Message par poet77 »

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Le jeune héros de ce gros roman quitte le foyer familial, parcourt le monde, essaie d'y trouver sa place et d'y gagner sa vie, et fait d'innombrables rencontres. Il y a quelque chose de dickensien dans ce récit de formation, avec bien sûr un ton et des préoccupations plus contemporains que ceux de l'auteur d'"Oliver Twist". Le roman de Bellow m'a paru inégal: certaines pages sont extraordinaires (je pense, par exemple, à celles qui sont consacrées à une femme enceinte qui veut avorter), mais la multiplicité des personnages fait qu'on risque de s'égarer quelque peu en cours de lecture et de ne plus trop savoir qui est qui. Un défaut qui était également présent chez Dickens. 7,5/10
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Message par magobei »

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Quel livre! J'avais déjà beaucoup aimé The Dispossessed de Le Guin, mais ce bouquin m'a encore plus emballé: on retrouve la même veine de "social science-fiction", ou d'anthropologie spéculative, mais avec une dimension plus aventureuse, exotique. The Dispossessed évoquait une colonie anarchiste et en analysait les conséquences sur la société et l'individu avec un pointillisme, un vrai talent d'ethnographe, jusque dans le langage (la langue notamment est reconstruite, un peu sur le modèle de la novlangue de 1984, et les pronoms personnels, mon, ma, mon, mien, ont par exemple disparu en même temps que la notion de propriété).

Dans The Left Hand of Darkness, un envoyé d'une confédération de planètes prend un premier contact avec les habitants de la planète Gethen, dite aussi "Winter": une planète en pleine ère glaciaire. Particularité de ses habitants, humains: ils sont hermaphrodites, ni homme ni femme, et connaissent tous les 26 jours une période de "chaleurs" où ils expriment soit leurs organes féminins, soit masculins. On imagine l'impact sur la culture, la société, la langue (pas de "she"ou de "he"), de plus sur une planète inhospitalière, où toute la civilisation est basée sur la rareté, la coexistence avec le froid. Un livre d'une intelligence, d'une finesse remarquable, d'une imagination formidable, avec des images fascinantes de ce monde de glace.

A relever également la géniale introduction de l'auteure. Un extrait pour la bonne bouche:
Science-fiction is not predictive; it is descriptive. (…) Prediction is the business of prophets, clairvoyants, and futurologists. It is not the business of novelists. A novelist’s business is lying.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Message par nobody smith »

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La lecture des aventures de John Carter a été un bonheur pour le moins immense. Quand bien même l’œuvre a eu une influence colossale sur la fiction du XXème siècle, elle conserve encore aujourd’hui une puissance incroyable. Ironiquement, celle-ci est d’autant mieux mise en lumière par ses aspects datés. On est ainsi dans la plus pure écriture pulp avec enfilade en cascade de péripéties et de rebondissements. Du coup, pour faire avancer l’intrigue, ça ne va pas hésiter à user de bienheureuses coïncidences (oh mon dieu je suis acculé par mes ennemis ! ah ouf mon compagnon d’arme que je n’avais pas vu depuis dix ans passait dans le coin !). Et je ne peux pas nier avoir lâcher quelques fous rires devant certaines tendances bien machos (pris au piège, notre héros nous gratifie d’un mémorable "si j’avais été une femme, j’en aurais pleuré !"). Cela ne met que plus en évidence l’âge du livre et donc l'innovation de son extraordinaire imaginaire qui inspirera tant de futurs artistes. Chaque page est une déferlante d’idées surprenantes, une invitation à un univers gigantesque, une réinvention de tout ce que l’on peut croire. La découverte y est perpétuelle et le plaisir constamment renouvelé. Indispensable.
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Message par Mama Grande! »

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Dernier volet de la trilogie de Vautrin et suite directe du monumental Illusions Perdues, il est fortement déconseillé de le lire avant. Pour ma part, j'ai été un peu déçu. Balzac pousse plus loin que dans les autres volets la fibre feuilletonnesque. Résultat, beaucoup de sous-intrigues d'un intérêt variable et une intrigue principale que l'on finit par oublier. Il reste des incarnations fortes que peu d'écrivains peuvent offrir: Lucien de Rubempré, encore plus pathétique que dans Illusions Perdues et pourtant si proche; Esther, l'amoureuse tragique porte parole des femmes du demi-monde; et bien-sûr Vautrin, le forçat aux identités multiples. Mais les ennemis de Vautrin et Lucien manquent de poigne, de charisme, et le récit de leurs manigances m'a franchement ennuyé. La vraie nouveauté à mon avis est la description minutieuse du système judiciaire, passionnante, et qui apporte un vrai plus à la description du microcosme parisien que Balzac a déjà décrit maintes fois avant.
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Re: Vos dernières lectures

Message par poet77 »

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Après avoir raconté ses débuts d'actrice sur le tournage d'"Au hasard Balthazar" de Robert Bresson (dans "Jeune Fille"), puis le tournage de "La Chinoise" et l'amour-passion qui l'a unie à Jean-Luc Godard (dans "Une année studieuse"), Anne Wiazemsky relate, avec toujours avec le même soin et le même talent, les turbulences de l'année 1968 et du début de 69. Une bonne partie du livre est, bien évidemment, consacrée aux événements du mois de mai. Jean-Luc les vit dans l'exaltation, Anne Wiazemsky plutôt dans la peur. Quand elle peut s'échapper de Paris et se dorer au soleil de la Côte d'Azur, elle ne demande pas mieux, ce qui agace Godard. Ce dernier est décrit, tout au long de ce livre, comme un homme cyclothymique, alternant les périodes d'euphorie et les périodes de dépression, les déclarations d'engagement politique et les découragements, les projets cinématographiques et leurs abandons, les belles déclarations sur l'amour libre (typiques de l'esprit de mai 1968) et les crises de jalousie. Car, chez Godard aussi, il est plus facile de dire que de mettre en pratique. Anne Wiazemsky, elle, reste bien déterminée à poursuivre une carrière d'actrice, avec ou sans Godard: elle entre en contact avec plusieurs cinéastes, Pasolini, Ferreri, Bertolucci,... Elle accompagne néanmoins Godard, même dans ses projets les plus insensés, par exemple dans le grand nord canadien où il est question de faire un film sur des mineurs en grève (projet avorté). Tout cela est bien écrit et se lit facilement et avec beaucoup d'intérêt. 8/10
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