La Mouche (David Cronenberg - 1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Frank Bannister
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Message par Frank Bannister »

je n'étais pas du tout au courant que SCANNERS est connu du succès,merci de l'avoir signalé. :wink:
je pensais qu'il était passé completement inapercu.

Concernant LA MOUCHE, j'ai eu la chance de le voir sur grand écran cet hiver au Festival de Gerardmer. Je ne le connaissais jusque là qu'en VHS.

edit: pour DEAD ZONE, je ne me souvenais plus quel prix il avait recu exactement a Avoriaz.
Cinetudes
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Message par Cinetudes »

Salut Rd,

effectivement le film qui à connu officiellement le plus de succés mondialement parlant est Scanners mais The Fly est réellement le film qui à conquis le "grand public" puisque même mes parents qui ne supportent pas ce type de cinéma adorent The Fly.

Dead Zone est aussi un film plus classique qui à beaucoup plus mais je pense qu'il n'a pas eu le même impact dans la mémoire de ses spectateurs de The Fly.

De plus, ce n'est qu'a partir de The Fly que la critique internationale populaire à reconnu en Cronenberg ujn grand auteur/cinéaste respectable.

Cela fait d'autant plus ressortir le courage et l'intégrité du bonhomme qui aurait facilement pu se laisser tenter par les sirènes d'Hollywood. Il à su au contraire diriger sa le reste de sa carrière vers l'assouvissement de ses obsessions plutôt que vers une carrière "à succés".

Stefan
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Flol
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Message par Flol »

Une des fins les plus marquantes de l'histoire du cinéma.
Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Dans Videodrome, on disait à James Woods en lui remettant la cassette: "Attention, ça mord!". On aurait pu me mettre ça sur le DVD de La Mouche...
Peut-être pour moi le film d'horreur ultime. J'ai vu dans ce topic(et dans d'autres) que beaucoup étaient bouleversés par l'histoire d'amour. Si elle ne m'a pas laissé indifférent, loin de là, ce n'est pas cet aspect que je retiens le plus après avoir découvert cette oeuvre. J'en retiens une oeuvre dérangeante, éprouvante, qui ne peut pas laisser indifférent. Ca faisait longtemps que dans un thriller, un film a priori divertissant, je n'avais pas vu des images si choc. Ce ne sont pas des images gores qui se contentent d'écoeurer. Elles répugnent, fascinent, horrifient. A part un climax plus classique, ce n'est plus juste de l'angoisse ou du sursaut, c'est de l'horreur pure, qui se grave dans notre mémoire au scalpel. Comment oublier ce babouin "inside out", cet accouchement(une des scènes qui m'a fait le plus peur depuis bien longtemps), Goldblum en mutation, le cris de Geena Davis ("I want it out of my body!"), la première apparition de ce vomi si pathétique, et tout simplement le désarroi de Goldblum lorsqu'il comprend son destin et que l'idée qui pourrait le sauver vient trop tard. Car si l'on a si peur, ce n'est pas qu'à cause de l'attente de la prochaine scène choc, c'est parce que cette humanité vouée à disparaître est palpable. Cronenberg est un cinéaste intellectuel, et en racontant cette histoire, il observe tel un scientifique le comportement de ses personnages, comme s'il faisait l'expérience lui-même de transformer un homme en bête et que Brundle était son cobaye. Mais comme tout grand cinéaste, il n'oublie pas le drame humain. Et tout en gardant une approche distanciée, son film reste humainement bouleversant. Et c'est peut-être grâce à ça que son oeuvre est foncièrement dérangeante. On est à la fois fasciné par l'expérience mais ému par le destin de Brundle... La fin est géniale, le dernier plan inoubliable.
Un Chef-d'oeuvre, une oeuvre de génie. Après Vidéodrome, Cronenberg me donne une deuxième claque peut-être encore plus forte.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Un formidable film fantastique empruntant autant à la littérature (on pense à Kafka), qu'au cinéma (relecture d'un petit film de Kurt Neumann) mais également de la société malade (le SIDA est forcément perçu).
Cronenberg livre ici un de ses meilleurs films, à la fois élégant et terrifiant.
Jeff Goldblum et Geena Davis y sont excellents.
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Tuck pendleton
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Message par Tuck pendleton »

La mouche deviendra un opéra. Shore composera la musique, Cronenberg sera à la mise en scène, David Henry Hwang (Voyage, Philip Glass) au scénario, Denise Cronenberg aux costumes et Dante Ferretti s'occupera des décors.
C'est prévu au théatre du Châtelet en juillet 2008.
julien
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Message par julien »

Tuck pendleton a écrit :La mouche deviendra un opéra.
Curieux de voir ça tiens ! En tout cas la musique de Shore sur le film était très belle. Le générique est fantastique.
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Demi-Lune
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Re: LA MOUCHE (1986/ David Cronenberg)

Message par Demi-Lune »

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Seth Brundle (extraordinaire Jeff Goldblum, acteur décidément trop rare) est un jeune scientifique de génie. Vivant en reclus dans son laboratoire, il a mis au point un révolutionnaire procédé de téléportation utilisant deux Télépods (des cabines en forme de cocons dans lesquelles la matière est déstructurée et reconstituée par ordinateur). Dans une soirée, voulant impressionner et séduire Veronica (Geena Davis), une journaliste, le savant lui fait une démonstration de sa géniale invention. Mais celle-ci ne fonctionne que sur des objets inanimés. L'ordinateur ne comprend pas ce qu'est la chair, son essence, ce qui la distingue des autres matières. C'est l'éveil à la chair que lui offre Veronica qui fait comprendre à Seth que celle-ci, à la différence des objets, n'est pas qu'une simple de suite de séquences mathématiques que l'ordinateur recompose bêtement. Mais alors que le procédé fonctionne enfin tout-à-fait et que Seth veut faire le grand voyage, une mouche s'insère dans le Télépod, et les deux êtres sont assimilés lors de la reconstitution cellulaire qu'opère l'ordinateur pendant la téléportation.

Grand classique dans la filmographie de David Cronenberg, La Mouche est le sommet absolument génial de la phase "organique" du réalisateur canadien. Dès son film suivant, Faux-Semblants, Cronenberg s'intéressera essentiellement aux dérèglements de l'esprit plutôt qu'à ceux du corps, qui caractérisent ses films depuis Frissons. Le gore sera bien moins présent par la suite ; on peut ainsi dire qu'à l'instar du The Thing de Carpenter avec qui il partage de nombreux traits communs, La Mouche marque nettement une rupture dans l'œuvre du cinéaste. Film relativement plus accessible que des films précédents comme The Brood ou Videodrome, La Mouche ne sacrifie pourtant en rien les obsessions thématiques de ce réalisateur dont l'œuvre demeure d'une remarquable cohérence. Bien que remake d'un film de 1958, cette Mouche est, à l'instar des grands remakes fantastiques des 80's (notamment The Thing de Carpenter, Cat People de Paul Schrader), avant tout une œuvre très personnelle, porteuse d'une vraie vision d'auteur, puisqu'on y retrouve une multitude d'éléments caractéristiques au cinéma cronenbergien : homme-mutant qui évoque la Marilyn Chambers de Rage, psychose de l'enfantement (The Brood), dérives du scientisme (Scanners), fascination totale pour la chair, et quête perpétuelle du cinéaste pour en trouver le sens. Dans La Mouche, la quête de Seth Brundle pour trouver pourquoi l'ordinateur ne "comprend" pas la chair (autrement dit, la quête de savoir ce qu'elle est réellement, ce qu'est l'humain), semble être aussi celle de Cronenberg dans la plupart de ses films. Mais cette chair est-elle la seule clé de la compréhension de l'Humanité ? L'Humanité n'est-elle pas plutôt un tout supérieur à la somme des différents éléments ? Par exemple, quid de la possible "perte" d'humanité lors de la destruction cellulaire et la reconstitution atome par atome du corps ? La destruction cellulaire préserve-t-elle ce qui fait l'essence de l'homme, sa conscience : "Je suis différent? C'est la vie ou la mémoire de la vie?" s'interroge Seth après qu'il ait testé sur lui cette téléportation qui s'apparente à une "naissance" (cabines en forme de cocons, nudité originelle). L'ironie dévastatrice est que Seth comprend malheureusement ce qui fait l'humanité au moment où, justement, celui-ci la perd peu à peu, et se mute en BrundleFly, humain et mouche à la fois, fusionnés génétiquement. Le corps de Seth subissant les dégénérescences de sa mutation (superbes maquillages de Chris Walas), on a pu dire que le film était une métaphore du SIDA ; l'analogie est sans doute pertinente compte tenu du contexte et du propos, mais il y a aussi sans doute également la crainte de la maladie de manière générale, ou encore de la vieillesse, et des conséquences que celle-ci entraîne sur le corps. Mais La Mouche n'est pas qu'une œuvre intellectuelle et horrifique. C'est aussi - et peut-être même surtout - un film bouleversant, proposant une des histoires d'amour les plus déchirantes et viscérales qui soient. Le froid malaise organique, si caractéristique du cinéma 70's-80's du Canadien, est ici idéalement combiné avec une tonalité tendre et romantique (les premiers temps de la relation Seth-Veronica), qui trouve dans le finale un aboutissement douloureusement mémorable.

Avec Videodrome, La Mouche reste à mes yeux le grand chef-d'oeuvre de Cronenberg. Le cinéaste s'est orienté ensuite vers des perspectives thématiques toujours aussi cohérentes et intéressantes, mais pour lesquelles je voue décidément moins d'admiration que sa phase "organique".
Dernière modification par Demi-Lune le 19 déc. 10, 15:09, modifié 1 fois.
Outerlimits
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Re: La Mouche (David Cronenberg, 1986)

Message par Outerlimits »

A noter une erreur dans la page précédente : "Scanners" n'a jamais été interdit aux mineurs à sa sortie, mais aux moins de 13 ans (qui correspond à l'interdiction actuelle aux moins de 12)
La mouche est le 1er film de Cronenberg ayant réussi à allier succés critique et public. Je pense, outre sa trés belle histoire, que, contrairement à tous les autres films de son auteur (mis à part les 2 derniers et "Dead Zone") c'est parce qu'il adopte un caractére "normal" (pas de délires au sens strict, des personnages aux comportements et aux relations trés humaines, d'où identification et adhésion totale et immédiate du public...) et que l'ambiance et l'histoire sont trés ancrés dans le réel (malgré le caractère fantastique du scénario).
Alors que les films de l'auteur sont souvent hermétiques pour de nombreux spectateurs, eu égard à leur caractère étrange, celui-ci est généralement trés apprécié, car beaucoup plus accessible dans son traitement...
Un trés beau film.
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hansolo
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Re: La Mouche (David Cronenberg, 1986)

Message par hansolo »

Outerlimits a écrit : La mouche est le 1er film de Cronenberg ayant réussi à allier succés critique et public. Je pense, outre sa trés belle histoire, que, contrairement à tous les autres films de son auteur (mis à part les 2 derniers et "Dead Zone") c'est parce qu'il adopte un caractére "normal" (pas de délires au sens strict, des personnages aux comportements et aux relations trés humaines, d'où identification et adhésion totale et immédiate du public...) et que l'ambiance et l'histoire sont trés ancrés dans le réel (malgré le caractère fantastique du scénario).
Le talent de Jeff Goldblum n'est a mon avis pas étranger au succès du film!
Cet acteur, aujourd'hui quasiment "disparu" du grand écran :( , est simplement fascinant de justesse et Geena Davis parfaite!
RD a écrit : 7 ans auparavant, Scanners avait déjà connu un réel succès, eu égard à son interdiction aux mineurs. En France, le film a bénéficié d'une belle campagne d'affichage dans toutes les stations de métro. Une affiche du film de près de 10 mètres de haut dominait sur le boulevard des Italiens à Paris, près de l'Opéra. Sur les chaînes de télé, le nom du réalisateur était plusieurs fois évoqué.
D'après BO Mojo, Scanners a rapporté 14 M$ en 81 aux US (pour un budget de 3,5 M$), et The Fly 40 M$ toujours aux US (et est resté 2 semaines en tête du Box office!) - pour un budget de 15 M$
Dernière modification par hansolo le 25 mai 10, 14:51, modifié 1 fois.
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Re: La Mouche (David Cronenberg, 1986)

Message par julien »

The Fly, le dernier Grand film d'Horreur de l'Histoire du Cinéma.
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Re: La Mouche (David Cronenberg, 1986)

Message par Tancrède »

un super bon film.
julien
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Re: La Mouche (David Cronenberg, 1986)

Message par julien »

C'est emmerdant, on est tous d'accord là pour le coup. Quelqu'un pour donner un avis négatif sur le film ?
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Re: La Mouche (David Cronenberg, 1986)

Message par Lune-Demi »

julien a écrit :C'est emmerdant, on est tous d'accord là pour le coup. Quelqu'un pour donner un avis négatif sur le film ?
Un film très surestimé (et daté) par un cinéaste qui l'est tout autant.
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Re: La Mouche (David Cronenberg, 1986)

Message par julien »

La seule séquence qui me fait un peu tiquer dans le film c'est celle chez le toubib, lorsque Brundle capture Veronica en brisant la fenêtre. Là on se croirait dans un Batman. (D'ailleurs je suis sûr que si on mixe la séquence avec le thème de Neal Hefti, ça peut le faire.) En même temps, le film se revendique un peu de cette légèreté que l'on retrouve dans le cinéma de série B.
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