Critiquons la critique

[A serious man]

Je viens de lire le compte rendu de Michel Ciment sur les deux livres de Jean-Michel Frodon L'Art du cinéma et Il était une fois le cinéma. Bon pas de surprise Ciment s'attaque bien évidemment aux options cinéphiliques de Frodon (et pour ce que je connais du personnage globalement d'accord avec Ciment mais là n'est pas la question) mais bon on est dans l'habituel guerre Positif/cahier. Mais ce qui a attiré mon attention c'est une citation de Frodon dans le texte sidérante de connerie et apparemment tirer de Il était une fois le cinéma,:
"De l'Angleterre il n'y a pas grand-chose à raconter. Il ne sera jamais un grand pays pour le cinéma"

C'est quand même fou qu'encore aujourd'hui on puisse encore trouver ce genre de jugement a l'emporte pièce sur un cinéma dont la richesse n'est pas a prouver pourvu qu'on le regarde sans préjugés, le pire étant que cette opinion se trouve dans un livre destiné a initié la jeunesse a l'histoire du cinéma...

[Jeremy Fox]

"De l'Angleterre il n'y a pas grand-chose à raconter. Il ne sera jamais un grand pays de pour le cinéma"

Ca ressemble plutôt à une citation de Truffaut que Frodon aurait repris non ?

[Frances]

"De l'Angleterre il n'y a pas grand-chose à raconter. Il ne sera jamais un grand pays de pour le cinéma"

Ca ressemble plutôt à une citation de Truffaut que Frodon aurait repris non ?

Oui à l'origine c'est une citation de Truffaut mais apparemment l'opinion est encore bien ancrée et la croyance toujours vivace. M. Ciment en parle justement dans son bouquin et regrette que ces idées continuent de circuler comme des vérités indéboulonnables.

[A serious man]

C'est clairement dans la lignée des provocations de Truffaut, mais Ciment attribue cette citation a Frodon, et puis truffaut c'était: "Dire que le cinéma anglais est mort serait excessif puisque aussi bien il n'a jamais existé" (c'était tout aussi débile que la phrase de Frodon mais au moins Truffaut avait un sens de la formule autrement plus efficace, c'était au moins ça...) et il a du aussi dire que Angleterre et cinéma était une contradiction dans les termes ou quelques choses d'approchant...

[Flol]

Je viens de lire le compte rendu de Michel Ciment sur les deux livres de Jean-Michel Frodon L'Art du cinéma et Il était une fois le cinéma

C'est lisible où ?

[cinephage]

Je viens de lire le compte rendu de Michel Ciment sur les deux livres de Jean-Michel Frodon L'Art du cinéma et Il était une fois le cinéma

C'est lisible où ?

Dans le dernier Positif. Je ne sais pas si c'est lisible ailleurs. En gros, il reproche à Frodon d'avoir gardé les biais "historiques" des Cahiers, en citant, par exemple, Garrel cité 5 ou 6 fois dans le bouquin tandis que Powell & Pressburger ne le seraient qu'une fois, et Ken Loach pas du tout (je schématise de mémoire, je n'ai pas le texte sous les yeux).

[A serious man]

Ce ne sont pas les seuls reproches qu'il lui fait c'est a peu prés ça (trés exactement il dit: "Carol Reed et John Boorman n'étant même pas mentionnés dans l'index ou par trois fois figure Mia Hansen Love!") d'une manière général il lui reproche d'être trop franco-centré.

[Thaddeus]

Dans l'édito du dernier Positif, énième manifestation de l'obsession pathologique de Ciment à dénigrer ses confrères.

"Un vent mauvais souffle (ce n’est pas nouveau) sur les pages cinéma branchées de la presse parisienne en ces premiers mois de l’année. Pour les unes, 3 Billboards, les panneaux de la vengeance serait « réalisé avec désinvolture » (Le Monde), pour d’autres, Phantom Thread est « plombé par l’esthétisme » (Les Inrocks), pour d’autres encore, La Forme de l’eau « est noyé dans une abominable esthétique » (Cahiers du cinéma). Les deux premières, il est vrai, jugent Les Tuche une belle réussite qui, certes, ne souffre pas de trop d'esthétisme et est plus laborieuse que désinvolte. Si l’on peut évaluer autour du million l’étiage des spectateurs cinéphiles français, ceux-ci ne s’y sont pas trompés en faisant au 3 avril 2018 le succès de Guillermo del Toro (1 305 658), de Martin McDonagh (851 104) et de Paul Thomas Anderson (367 881)."

En d'autres termes, le bonhomme justifie la légitimité de ses goûts par le succès du public, tout en dénigrant dans le même temps l'attitude bienveillante de certains titres de presse vis-à-vis d'un film (Les Tuche) qui a réalisé encore plus d'entrées. Ce n'est pas la rigueur qui l'étouffe, Michel.

[tenia]

L'edito est à mettre en perspective avec les retours des lecteurs détaillés dans le même numéro, d'ailleurs.

[-Kaonashi-]

L'edito est à mettre en perspective avec les retours des lecteurs détaillés dans le même numéro, d'ailleurs.

J'allais justement le dire : plutôt intéressant cet article revenant sur le sondage (auquel j'ai oublié de répondre d'ailleurs). Le contenu est intéressant. Déjà il y a en effet ce point qui est souligné, cette vieille rengaine fatigante de la part de Michel Ciment, une excellente plume par ailleurs, dommage qu'il se limite désormais quasiment à cet exercice de l'édito une fois par trimestre.
Certaines propositions listées me semblent judicieuses, par contre il y a des trucs totalement hors de propos (parler des films à venir, des films pas vus donc : non, que Positif continue à laisser cela aux magazines promotionnels que son Studio-Ciné Live-Première-Teaser & cie).
D'une certaine manière je me suis demandé si cette liste de questions ne préparait pas le futur de Positif, après plusieurs changement de maison d'édition, et entre autres "l'après Michel Ciment" (qui à 79 ans...).

[Michel2]

80 ce mois-ci même, mais je ne crois pas qu'il soit encore prêt à passer la main.

Concernant son édito, je traiterais ça avec une certaine indifférence tant l'amer Michel est coutumier de ce genre de diatribe en forme de remontée de bile. Il en pond une ou deux par an dans ce style lorsqu'il se met en mode "Positif, le petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l'envahisseur de la médiocrité critique ambiante". C'est lassant, mais c'est sans vraies conséquences hormis le fait d'agacer les fidèles lecteurs de la revue, dont je fais partie. Quand je vois ça, j'ai davantage tendance à soupirer "tiens, ça le reprend" qu'à sortir les fourches et les torches.

Pour revenir au précédent sujet (qui ne date jamais que de trois ans : une paille), je trouve par contre que Ciment a eu raison d'emplafonner Frodon sur la manière dont ce dernier traite les films britanniques dans ses bouquins. Cela va au-delà d'une simple reprise plus ou moins inspirée des anathèmes de Truffaut : il y a dans La projection nationale un demi-chapitre hallucinant sur le cinéma d'outre-Manche où Frodon pontifie à tout va en étalant son ignorance crasse. Il ne cite que trois titres de films en dix pages et ne parle pratiquement pas des oeuvres, mais convoque par contre la Royal Navy, le tournoi des cinq nations et la famille royale pour "démontrer" dans un grandiose exercice de sociologie de bazar que les Britanniques n'ont jamais vraiment eu besoin du cinéma et conclure benoîtement qu'il "y a eu des films britanniques, et même des très bons, mais pas de cinéma anglais" (sic. Quant à la différence entre anglais et britannique, elle lui échappe visiblement). Il est clair que Frodon n'a pas vu grand-chose en cinéma britannique et qu'il pérore sur une cinématographie qu'il ne maîtrise pas, mais ça ne l'a pas empêché de reprendre ensuite le même discours dans Il était une fois le cinéma.

Face à ce genre d'imposture, je crois qu'il est important de monter au créneau, sous peine de voir des gens peu informés répéter et perpétuer ces conneries au motif qu'il les ont lues dans des livres "sérieux".

[tenia]

J'ai de la sympathie pour Ciment dont je partage certaines opinions mais ses éditos sont clairement lassants, un côté papy aigri qui radote. C'est dommage car effectivement, certaines positions sont vertueuses mais il faut qu'il choisisse ses batailles mieux que ça.

[Addis-Abeba]

Bof, pas fan de Ciment en général, je ne lis d'ailleurs pas positif, mais d'un autre coté a t'il vraiment tort.

[Alexandre Angel]

Bof, pas fan de Ciment en général, je ne lis d'ailleurs pas positif, mais d'un autre coté a t'il vraiment tort.

Non, il n'a pas, et n'a jamais eu tort sur le fond.
Michel2 a raison : il agace par la forme.

[damdouss]

Non, il n'a pas, et n'a jamais eu tort sur le fond.

La plupart du temps mais euh ça dépend quand même sur ses marottes car ses avis sont aussi subjectifs (mettre en avant l'Alice de Burton ou Au-delà de Eastwood. Et puis la forme de l'eau, j'ai été moins emballé que lui...)