Les Anges de la nuit (Phil Joanou - 1990)

[Rockatansky]

Je parlais bien évidemment au nom de l'équipe, moi je sais que mes films ne suscitent que la moquerie

[cinephage]

Mais non, mais non...

[tewoz]

Je parlais bien évidemment au nom de l'équipe, moi je sais que mes films ne suscitent que la moquerie

Je ne me serai jamais moqué de quelqu'un citant vibroboy!

[Ben Castellano]

Grosse déception, en grande partie à cause des clichés en pagaille et du principe de base du scénario que je trouve en soit assez aberrant. C'est difficile de croire que le personnage de Penn se soit embarqué dans une telle embrouille et du coup ça ne décolle jamais pour moi... Jouer le semi twist en cours de route n'est pas très habile en prime.Ce n''est globalement pas aidé par ses situations et dialogues de films de mafieux complètement téléphonés. Les acteurs se donnent quand même du mal même si j'ai plus de réserves sur Oldman. C'est surtout intéressant d'y voir Penn et Robin Whright pour la première fois ensemble. Belle Photo, pas de fautes de goût dans la réalisation globalement assez classe, mais aucune véritable plusvalue stylistique non plus. Juste un produit léché qui essaie de faire illusion sur la soupe qu'il vend. La musique de Morricone fait un peu office de brouillon de celle de "Lolita", qui me parait bien plus réussis dans ce style.

[StateOfGrace]

Attention, cet avis contient de nombreux SPOILERS.

Sûrement mon film préféré, que je ne me lasse pas de voir et revoir. Je me souviens avoir quasiment harcelé Virgin Megastore pour le commander, alors qu'il était épuisé en VHS (ce n'était pas encore l'ère bénie du Dvd ), tellement j'en avais lu du bien, sur ImdB en particulier et dans mes dicos de ciné. Et quand je l'ai vu (le jour même de la sortie du Dvd zone 2), je n'ai pas été déçu, loin de là...

Dès le début, le film intrigue, avec cette caméra qui s'approche de Sean Penn accoudé sur le pont, le visage tendu, crispé, sur la superbe musique d'Ennio Morricone. Puis c'est la redécouverte du quartier Irlandais, avec ses choppes de bières rapidement vidées, ses bars glauques...Et les retrouvailles avec une femme somptueuse, pour qui Terry (Penn)a encore des sentiments, même s'il sait que c'est trop tard, même si ses choix ont creusé entre eux une limite infranchissable; Terry essaye de retrouver la magie d'antan, mais la femme qu'il aime se révélera "in fine" froide et distante lorsque le jeune homme met son coeur à ses pieds (" Je croyais..en une sorte de retour en grâce).

Si l'amour réminiscent du passé est inévitablement voué à l'échec, les liens de l'amitié, plus forts que tout, demeurent : Terry retrouve Jackie (Gary Oldman), son ami d'enfance, chien fou incontrôlable qui brûle la chandelle par les deux bouts, grand déglingué devant l'Eternel.

Enfin il y a Frankie, incarné par le grand, l'immense Ed Harris, frère de Jackie et caîd du racket prêt à tout sacrifier, y compris les liens du sang, sur l'Autel d'une Ambition dérisoire.

Ces quatre destins, inextricablement liés, vont se croiser, s'aimer et se déchirer jusqu'à un final tétanisant, où la violence, éloignée de toute notion purificatrice ou cathartique, devient un simple exutoire, le seul dénouement possible à une haine qui s'extériorise dans le sang et les larmes.

Magnifiquement filmée par Phil Joanou, dont la caméra cadre à hauteur d'homme les sentiments exacerbés, "Les Anges de la Nuit" reste un film sous-estimé par le grand public, même s'il acquiert peu à peu ses galons de film culte...et ce n'est que justice, tant les interprètes sont littéralement habités par leur rôle, tant l'histoire est simple et poignante. Entre un Sean Penn étonnant de sobriété et de tension intérieure (on VOIT ses tourments dans ses expressions, avec une économie de moyens admirable) et un Gary Oldman sur la corde raide entre coups de feu et coups de blues, Ed harris (mon acteur préféré, donc j'en rajoute une couche) compose avec maestria un être complexe, qui foule aux pieds sa soeur, son frère, ses amis...et qui termine son parcours chaotique dans une flaque de sang, sous les néons tremblotants d'un pub devenu charnier.

Beau, puissant, poignant...mais je m'emballe, je m'emballe, désolé pour les (trop) nombreux "spoilers", mais quand on aime...

[Demi-Lune]

Jouer le semi twist en cours de route n'est pas très habile en prime.

Sauf qu'il n'y a pas de surprise à proprement parler dans la mesure où la toute première scène (Turturro qui file le flingue à Penn) dit déjà tout sur la duplicité du personnage. C'est d'ailleurs une bonne chose d'un point de vue dramatique puisque le scénario se focalise du coup sur l'attitude de Penn face à aux retrouvailles avec son passé, ce qui donne de suite une intensité et une densité à un personnage qu'on comprend déchiré.
Quant au fait que Penn ait accepté de s'embarquer là-dedans alors qu'il voulait justement en fuir, je ne trouve pas ça si aberrant à la lumière des explications que le personnage fournit lui-même à Robin Wright. Qui mieux qu'un natif pourrait recevoir la confiance de gens avec lesquels il a grandis ? On est en plein dans le dilemme qui définit en permanence le personnage : il veut fuir ce milieu mais dans le même temps seul lui peut agir de l'intérieur pour que ses anciens potes Gary Oldman ou John C. Reilly soient moins inquiétés lorsque la police tombera sur Ed Harris une bonne fois pour toutes. Ce sont ses états d'âme qui foutent Penn dans la mouise à chaque fois (ses racines, ses amitiés, son amour pour Robin Wright qu'il n'espérait pas revoir).

D'une manière générale, j'ai trouvé que ce State of grace (oublions le titre français hors-sujet) mettait un peu de temps à mettre en place ses enjeux. L'histoire a peut-être un peu moins d'impact aujourd'hui à force de banalisation du film de mafieux et d'undercover mais le film de Joanou tire avant tout sa force de sa dimension de tragédie autour de personnages forts (c'est vrai que l'influence sur le cinéma de James Gray est plausible). La progression est quand même bien orchestrée et devient peu à peu captivante et viscérale, grâce à l'implacabilité de l'engrenage - l'impression d'assister à une bombe à retardement - et à la conviction d'un casting premium : Penn en mode "ACR" (donc très bon), Ed Harris impérial, Oldman stressant, et puis ça fait toujours plaisir de revoir Robin Wright. La musique lancinante de Morricone densifie le tout en lui donnant un parfum irrespirable. Bref, du très bon polar classique dans le bon sens du terme, qui laisse l'estomac noué.

[El Dadal]

Oldman stressant

J'ai longtemps considéré qu'il s'agissait de sa meilleure prestation. Aujourd'hui, je ne suis plus si sûr, mais ça reste sur le podium. D'ailleurs, c'est avec ses traits dans State Of Grace que je m'imagine l'acteur quand je lis son nom. Bon sang, que le Gary Oldman viscéral me manque!

[AtCloseRange]

Oldman stressant

J'ai longtemps considéré qu'il s'agissait de sa meilleure prestation. Aujourd'hui, je ne suis plus si sûr, mais ça reste sur le podium. D'ailleurs, c'est avec ses traits dans State Of Grace que je m'imagine l'acteur quand je lis son nom. Bon sang, que le Gary Oldman viscéral me manque!

Il était excellent aussi dans Prick Up Your Ears mais c'est pour moi, son rôle ultime. Après il a un peu trop décliné son rôle de méchant survitaminé (je pense au pénible Leon).

Par contre, pour Robin Wright, il faut rappeler que c'était son rôle de transition post-Santa Barbara et je la trouve encore un peu limitée à l'époque.

[El Dadal]

J'ai longtemps considéré qu'il s'agissait de sa meilleure prestation. Aujourd'hui, je ne suis plus si sûr, mais ça reste sur le podium. D'ailleurs, c'est avec ses traits dans State Of Grace que je m'imagine l'acteur quand je lis son nom. Bon sang, que le Gary Oldman viscéral me manque!

Il était excellent aussi dans Prick Up Your Ears mais c'est pour moi, son rôle ultime. Après il a un peu trop décliné son rôle de méchant survitaminé (je pense au pénible Leon).

Bien d'accord. En fait, le Gary Oldman que j'adore, ça va de Sid & Nancy à Romeo Is Bleeding et True Romance, après c'est au cas par cas (même si son Nil By Mouth en tant que réalisateur, produit par Besson, oui!, reste une belle claque).

Edit: Robin Wright a joué dans Santa Barbara?

[AtCloseRange]

Il était excellent aussi dans Prick Up Your Ears mais c'est pour moi, son rôle ultime. Après il a un peu trop décliné son rôle de méchant survitaminé (je pense au pénible Leon).

Bien d'accord. En fait, le Gary Oldman que j'adore, ça va de Sid & Nancy à Romeo Is Bleeding et True Romance, après c'est au cas par cas (même si son Nil By Mouth en tant que réalisateur, produit par Besson, oui!, reste une belle claque).

Edit: Robin Wright a joué dans Santa Barbara?

Bah oui, c'est ça qui l'a "révélée" d'ailleurs.
Sinon, j'avais oublié son rôle dans Princess Bride...

[ballantrae]

Bien vrai qu'il s'agit d'un fort beau polar élégant et doté d'un casting impressionnant.Merci pour la musique que j'avais oubliée.Je le reverrais volontiers même si la carrière du monsieur n'a vraiment rien donné hormis peut-être son Rattle and hum (je l'avais vu parce que j'aimais bien U2).Sang chaud pour meurtre de sang froid était assez balourd ds le registre polar analytique.

[Flol]

Edit: Robin Wright a joué dans Santa Barbara?

Oui. A l'époque, je ne loupais pas un épisode tellement j'étais amoureux d'elle (j'avais 9-10 ans).
Quant à Oldman, dès qu'on évoque son nom, je le revois dans Dracula. Je trouve sa perf totalement hallucinante, pour moi sa meilleure.

[OM77]

Grosse déception, en grande partie à cause des clichés en pagaille et du principe de base du scénario que je trouve en soit assez aberrant. C'est difficile de croire que le personnage de Penn se soit embarqué dans une telle embrouille et du coup ça ne décolle jamais pour moi... Jouer le semi twist en cours de route n'est pas très habile en prime.Ce n''est globalement pas aidé par ses situations et dialogues de films de mafieux complètement téléphonés. Les acteurs se donnent quand même du mal même si j'ai plus de réserves sur Oldman. C'est surtout intéressant d'y voir Penn et Robin Whright pour la première fois ensemble. Belle Photo, pas de fautes de goût dans la réalisation globalement assez classe, mais aucune véritable plusvalue stylistique non plus. Juste un produit léché qui essaie de faire illusion sur la soupe qu'il vend. La musique de Morricone fait un peu office de brouillon de celle de "Lolita", qui me parait bien plus réussis dans ce style.

cette partition de Morricone... office de brouillon ?
difficile à admettre, mais tout étant question de goût, et d'émotion, en particulier dans le domaine musical.
Par contre, il est clair que Morricone reprendra quasiment son thème dans "Bugsy"... "State of Grace" ayant été un relatif échec. Je me souviens de Morricone ne reniant pas du tout sa partition pour "State", bien au contraire, et y voyant au bout du compte, l'une de ses compositions les plus sensibles, et les plus justes.
Personnellement, je considère qu' elle correspond tout à fait au personnage de Terry Noonan, à l'ambiguité de son rôle, et à la fragilité qui émaille chez chacun des acteurs de ce drame, confrontés à toute cette violence.

[shubby]

Il est ds mon top 10 ce film.
Il me semble à moi aussi qu'un autre post existe sur ce site à propos de ce chef d'oeuvre.
Meilleur film de flic infiltré, bonne zic de Morricone, casting de malade, photo à se damner, mise en scène de folie... et un gunfight final d'anthologie. Pourtant fan de polars HK, je continue de trouver ce climax monstrueux.
Que dire... que Les infiltrés de Scorcese lui rend hommage, ainsi que History of violence ds lequel Ed Harris campe peu ou prou le même sale type.
Des défauts ? Un peu trop de pub pour la bière Heineken, qq passages modes & travaux balourds avec Robin Wright, à la rigueur. Pour le reste : que du bon.

Pour la blague voici Requital, polar HK qui pompe le film plan par plan. Démonstration du final (à attaquer vers 2.40mn) :



Joanou : sa Vengeance froide est bonne, plombée "seulement" par Alec Baldwin en Robicheau. Tavernier fera mieux avec Tommy Lee Jones mais ça reste pas mal du tout.
Le petit Redemption avec The Rock est un bon film, Sang chaud pour meurtre de sang froid un exercice de style sympa de mémoire (pas vu depuis longtemps).
Et son court métrage sur le Punisher est bien fun - à défaut de nous rappeler qu'il est le mec qui a réalisé State of Grace :

[Jeremy Fox]

Un très bon film noir d’atmosphère entre Scorsese et James Gray sans cependant atteindre leur niveau lorsque ces derniers abordent le genre faute à un scénario qui manque un peu de rigueur et de solide épine dorsale, ce qui aboutit à des répétitions (les scènes d'amour pourtant très belles entre Robin Wright et Sean Penn) et à une durée qui aurait pu être raccourcie. Et puis ce montage alterné final tout au ralenti ne m'a guère convaincu.

Sinon, une bien belle réussite proche de la tragédie, d'une violence viscérale qu'elle soit physique ou morale. On pressent cette réussite dès les premiers accords dissonants de Morricone qui signe ici l'une des plus belles partitions de sa dernière partie de carrière et du premier sublime premier plan d'ensemble sur New York. La photographie sera constamment superbe et l'atmosphère New yorkaise parfaitement bien captée. Et puis il y a surtout ce casting 4 étoiles avec de grandioses Sean Penn, Gary Oldman et Ed Harris. Peut-être pas apprécié autant que beaucoup ici mais cependant pas déçu du voyage. Typiquement le genre de film qui pourrait me plaire de plus en plus au fur et à mesure des visionnages maintenant que je sais à quoi m'attendre.