Magnolia (Paul Thomas Anderson - 1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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michocko
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Message par michocko »

C'est un film que j'aime vraiment beaucoup.

Mais certaines longueurs auraient pue être évitées.
Et tous les travelling avant qui fonce sur les personnages au début du film m'ont génés... (j'aime pas ce procédé rentre dedans qui me donne le mal de mer).

Sinon les acteurs sont vraiment trés bons et on se laisse vite prendre dans l'histoire...
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

Vraiment très bien foutu, sauf que:

- c'est trop ostensiblement dépressif (oui, je sais, pourtant j'aime bien LVT...), pas une once d'humour. Je pense même que sa sincérité est trop voyante pour être vraie, et que son vrai regard a le cynisme du prologue
- le "miracle" qui met tout le monde d'accord, non je vois pas là. Finalement, je vois pas trop où il veut en venir. Mais alors vraiment pas.

N'empêche, le film m'a emballé tout de même sur la mise en scène. Et le jeu de Julianne Moore et de Tom Cruise sont cousus main. Dommage que certains effets de manche tournent à vide à mon goût...
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Kurtz

Message par Kurtz »

Ouf Je Respire a écrit :voyante pour être vraie, et que son vrai regard a le cynisme du prologue
- le "miracle" qui met tout le monde d'accord, non je vois pas là. Finalement, je vois pas trop où il veut en venir. Mais alors vraiment pas.

.
oui pour ça, pareil que toi.
Jordan White
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Message par Jordan White »

La pluie de grenouilles, c'est une référence biblique. Je crois que c'est un des versets d'ailleurs, mais pas du tout sûr. Des conditions atmosphériques extrêmes peuvent donner lieu à ce genre de chose.
Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

Jordan White a écrit :La pluie de grenouilles, c'est une référence biblique. Je crois que c'est un des versets d'ailleurs, mais pas du tout sûr. Des conditions atmosphériques extrêmes peuvent donner lieu à ce genre de chose.
Exode 8 verset 2. D'ailleurs, le 8 et le 2 reviennent constamment dans le film.

Du genre :

Dans la première histoire, le 1er pendu porte le numéro 82.

Dans la deuxième histoire, le pilote est dans un avion rouge marqué 82.

Le pilote qui jout à Las Vegas a besoin d'un 2. Il obtient un 8.

Dans la troisième histoire, on voit que la réunion commence à 8:20.

Quand Sydney Barringer se prépare à sauter du haut du bâtiment pour ce suicider, les cordes à sa gauche (sur le mur) sont disposées en forme de "8" et "2".

Le 23 mars, le jour où Sydney saute, est le 82ème jour de cette année.

En bas, nous entrons dans la maison du Barringer, dont le numéro d'appartement est : numéro 682.

L'horloge sur le mur pendant le briefing du flic Jim Kurring (pendant le prologue) indique qu'il est 8:02

la probabilité de pluies est de 82%

Quand Marcie est mise en prison (la big black mama en colère après le prologue), son numéro de matricule se compose entièrement de "8"et de "2"

Il y a une affiche dans la bibliothèque derrière Stanley avec les numéros
8 et 2.


Source : http://www.ptanderson.com/featurefilms/ ... ecrets.htm
- Errm. Do you want to put another meeting in?
- Any point?
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Niron
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Message par Niron »

Un film beaucoup trop lourd de manièrisme frolant l'esbrouffe à maintes reprises et fnalement n'accouche de rien du tout... Le problème de PT Anderson est son approche beaucoup trop éléphantesque à vouloir essayer de nous montrer du drame là où il n'y en a pas... Le scénario, à l'instar de Punch Drunk Love est sans ambition alors que sa mise en scène tente de vouloir dire le contraire... Et finalement on finit par sortir de la salle avec un "Tout ça pour ça".
Car ce qui pêche chez PTA est vraiment le scénario... On a essayé de nous vendre ce film comme un film où tous les protagonistes allaient se rencontrer au bout d'un momment... Et finalement non... C'est un film à sketch où certains protagonistes en rencontre d'autres mais ils ont tous des points communs et ils vont tous arriver à trouver un dénouement au même momment... Cela s'arrête là...
Quand PTA s'occupera d'un scénario aussi ambitieux que sa mise en scène je changerais peut être d'avis... Mais pour l'instant c'est un gros lourdeau maniériste pour ma part.
Si la beauté est un pêché alors j'en serais bien le diable.
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Jordan White
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Message par Jordan White »

Niron a écrit :Un film beaucoup trop lourd de manièrisme frolant l'esbrouffe à maintes reprises et fnalement n'accouche de rien du tout... Le problème de PT Anderson est son approche beaucoup trop éléphantesque à vouloir essayer de nous montrer du drame là où il n'y en a pas... Le scénario, à l'instar de Punch Drunk Love est sans ambition alors que sa mise en scène tente de vouloir dire le contraire... Et finalement on finit par sortir de la salle avec un "Tout ça pour ça".
Car ce qui pêche chez PTA est vraiment le scénario... On a essayé de nous vendre ce film comme un film où tous les protagonistes allaient se rencontrer au bout d'un momment... Et finalement non... C'est un film à sketch où certains protagonistes en rencontre d'autres mais ils ont tous des points communs et ils vont tous arriver à trouver un dénouement au même momment... Cela s'arrête là...
Quand PTA s'occupera d'un scénario aussi ambitieux que sa mise en scène je changerais peut être d'avis... Mais pour l'instant c'est un gros lourdeau maniériste pour ma part.

Pas d'ambition dans Magnolia ?
On peut concéder le fait que le film soit sans doute trop fouillis, mais le réal a une ambition démesurée, il veut raconter une histoire à la fois intimiste et universelle. Il y a des moments où cela passe très bien, d'autres moins, mais il y a un vrai désir de mise en scène. Trois heures c'est un format long, mais peut-être pas suffisant quand on veut parler d'une dizaine de personnages.
Il ya un gros travail de jonglage dans le film.
Niron
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Message par Niron »

C'est justement le contraire: le scénario est on ne peut plus mout... Il est mal structuré, le prologue essait de nous faire croire que l'on va voir un film sur la notion du hasard et sa place dans la vie alors que ce thème est très subtile dans le film (il revient en avant avec la pluie de grenouilles mais cela ne suffit pas... Le prologue aurait très bien pu être coupé même s'il fonctionne très bien tout seul).
Le film manque d'unité d'action et les conflits ne sont pas assez importants pour justifier d'une telle mise en scène appuyée.
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Jordan White
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Message par Jordan White »

Niron a écrit :C'est justement le contraire: le scénario est on ne peut plus mout... Il est mal structuré, le prologue essait de nous faire croire que l'on va voir un film sur la notion du hasard et sa place dans la vie alors que ce thème est très subtile dans le film (il revient en avant avec la pluie de grenouilles mais cela ne suffit pas... Le prologue aurait très bien pu être coupé même s'il fonctionne très bien tout seul).
Le film manque d'unité d'action et les conflits ne sont pas assez importants pour justifier d'une telle mise en scène appuyée.

Le scénario est ample : douze personnages, des intrigues personnelles, des considérations plus universelles. La mise en scène l'est aussi : il faut faire vivre tous ses personnages, croiser leurs petites histoires avec la Grande ( rapport à la Bible). Pour moi c'est donc un film ambitieux, voire trop, il y a un côté mégalo, et surtout le film accuse un discours assez moralisateur pour me convaincre, et pourtant c'est un film que j'ai vu sept ou huit fois et que je continue de regarder, parce que j'aime l'idée d'une caméra sans cesse en mouvement, de personnages qui se croisent, puis se retrouvent, et que P.T Anderson exploite cette idée.
Je préfère pour d'autres raisons son deuxième film Boogie Nights, plus abouti, mieux rythmé, insolent et arrogant. Mais Magnolia s'il est un film inégal reste un film ambitieux.
Niron
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Message par Niron »

A ce momment là n'importe quel film est ambitieux puisque toute seconde intrigue et personnage secondaire est amené à avoir un poid sur l'intrigue pincipale...
C'est justement ça le problème de magnolia on pense que le scénario est hyper ambitieux alors qu'il n'en est rien... C'est la base de tout scénariste que d'essayer de faire vivre tous ses personnages: ils aimeraient tous avoir plusieurs protagonistes mais ils savent très bien que cela est quasimment impossible si le scénario est mal structuré... Or ici l'histoire manque d'unité d'action puisque les rapports entre les personnages se basent avant tout sur la bible mais que celle ci n'est jamais explicité dans le récit... Résultat des courses le scénario est plombé dès le départ pisque la structure est bancale... Le fait qu'il fallait découvrir que c'était un film qui se rapporte à la bible n'aurait jamais du entrer dans la structure du film comme pilier de base. Les personnages ne vivent pas assez de conflits et lorsque PTA appuie avec sa caméra chaque momment de la vie "tumultueuse" de ses protagonistes on a l'impression que l'on nous offre une vision d'un brin d'herbe à travers une loupe... Forcemment on se dit "Et alors?" et c'est ce qu'il ressort de ce film qui n'a que très peu de fond et beaucoup de forme.
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Message par Jordan White »

Niron a écrit :A ce momment là n'importe quel film est ambitieux puisque toute seconde intrigue et personnage secondaire est amené à avoir un poid sur l'intrigue pincipale...
C'est justement ça le problème de magnolia on pense que le scénario est hyper ambitieux alors qu'il n'en est rien... C'est la base de tout scénariste que d'essayer de faire vivre tous ses personnages: ils aimeraient tous avoir plusieurs protagonistes mais ils savent très bien que cela est quasimment impossible si le scénario est mal structuré... Or ici l'histoire manque d'unité d'action puisque les rapports entre les personnages se basent avant tout sur la bible mais que celle ci n'est jamais explicité dans le récit... Résultat des courses le scénario est plombé dès le départ pisque la structure est bancale... Le fait qu'il fallait découvrir que c'était un film qui se rapporte à la bible n'aurait jamais du entrer dans la structure du film comme pilier de base. Les personnages ne vivent pas assez de conflits et lorsque PTA appuie avec sa caméra chaque momment de la vie "tumultueuse" de ses protagonistes on a l'impression que l'on nous offre une vision d'un brin d'herbe à travers une loupe... Forcemment on se dit "Et alors?" et c'est ce qu'il ressort de ce film qui n'a que très peu de fond et beaucoup de forme.


Non mais attends, on attend pas non plus du film que ce soit une leçon de catéchisme. Les références bibliques si on ne le connaît pas elles ne frappent pas plus que cela, de même que la pluie de grenouilles est un évènement en sus des autres, mais pas celui qui rend ou pas bancal le récit que je trouve d'ailleurs bien écrit. De plus les personages sont en conflit permanent pendant tout le film, il n'y a que cela et de fait le film ne trait que de cela.. Je pense que c'est surtout la forme du film qui fait que tu n'as pas accroché plutôt que le fond qui bénéficie quand même d'un très bon découpage.
Niron
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Message par Niron »

Si l'on ne voit pas la référence biblique l'unité d'action est extrèmement faible... Quand aux conflit des personnages ils sont nombreux mais pas taités de manière suffisament importantes (dans le scénario)
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Message par Jordan White »

Niron a écrit :Si l'on ne voit pas la référence biblique l'unité d'action est extrèmement faible... Quand aux conflit des personnages ils sont nombreux mais pas taités de manière suffisament importantes (dans le scénario)

Je trouve quand même que ce sont des petits détails qui n'ont pas beaucoup d'importance sur le récit. J'ai l'impression que tu ne te focalises que cette histoire de référence à la Bible pour dire que le film est mauvais. Le sujet est quand même plus vaste, bien qu'il en est un ou deux qui sautent aux yeux de prime abord : l'amour et la culpabilité. C'est pour moi le ciment du film. Après les références sont là pour appuyer le récit, mais je ne trouve pas qu'elles le conditionnent, sauf quand il s'agit de hasard, ce qui arrive bel et bien dans la dernière scène.
Niron
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Message par Niron »

Jordan White a écrit :
Niron a écrit :Si l'on ne voit pas la référence biblique l'unité d'action est extrèmement faible... Quand aux conflit des personnages ils sont nombreux mais pas taités de manière suffisament importantes (dans le scénario)

Je trouve quand même que ce sont des petits détails qui n'ont pas beaucoup d'importance sur le récit. J'ai l'impression que tu ne te focalises que cette histoire de référence à la Bible pour dire que le film est mauvais. Le sujet est quand même plus vaste, bien qu'il en est un ou deux qui sautent aux yeux de prime abord : l'amour et la culpabilité. C'est pour moi le ciment du film. Après les références sont là pour appuyer le récit, mais je ne trouve pas qu'elles le conditionnent, sauf quand il s'agit de hasard, ce qui arrive bel et bien dans la dernière scène.
Non justement... Il y a beaucoup trop de personnages et PTA n'arrive pas à les faire vivre ensemble! On attend avec impatience le momment où chacun d'eux aura une incidence sur l'autre mais finalement cela n'arrive pas... Ce n'est le cas que de quelques uns... Ainsi PTA a choisi une solution batarde: le thème de la bible (enfin de la morale judéo chrétienne plutot) n'étant pas assez puissant dans son oeuvre il n'a pu se résoudre à faire autrement que de lier certains personnages à d'autres dans le récit pensant que cela suffirait à donner une bonne unité d'action... Mais c'est faux: un truc à moitié développé et un autre truc à moitié développé n'a jamais donné une chose bien développée.
Si vraiment PTA avait voulu gagner en efficacité et en puissance il aurait fallut qu'il réduise de quelques personnages sa trame (au moins 2) afin de pouvoir assurer sans faillir une parfaite liaison scénaristique entre tous ses personnages, de mieux les développés et surtout de mieux développer leur conflit... On aurait donc gagné en unité d'action, en temps et en rythme et en conflit. L'histoire aurait aussi tenu debout toute seul sans avoir besoin de comprendre la morale que veux nous faire passer le réalisateur (elle serait surement même mieux ressorti) plutot que de s'en servir comme d'une béquille le cas présent. Car oui, ce n'est pas la morale qui doit être au service de l'histoire mais le contraire et c'est bien dommage que ce ne soit le cas ici présent.
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Bartlebooth
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Message par Bartlebooth »

Il faut s'entendre sur ce qu'est l'ambition au cinéma, et sur sa réalisation effective dans une oeuvre.

Magnolia n'est pas moins ambitieux que Boogie Nights, sauf que cette ambition est irrémédiablement plombée par un traitement emphatique assez insupportable, des numéros d'acteurs qui sentent la "méthode" et la tirade de mauvais théâtre psychologique à plein nez et, malgré le règlement de comptes contre les pères (tantôt fort bien montré, dans le cas du petit surdoué, tantôt d'une grande lourdeur) et en laissant de côté les références bibliques, un moralisme rébarbatif. On est tout de même plus près d'un soap opera (qui se rêve opéra tout court) que de Robert Altman.

Au contraire, bien qu'affichant des prétentions moins grandes, Punch Drunk Love accomplit une ambition bien plus originale : ce film ovni est à ma connaissance la première tentative d’inventer une comédie romantico-loufoque hollywoodienne qui soit réellement contemporaine et non pas un revival. Son comique déphasé-ralenti-déconstruit se situe à cheval entre Blake Edwards et Jacques Tati, et trouve à s’incarner dans le corps incongru d’Adam Sandler, formidable grand dadais écrasé par sa théorie de sœurs possessives et terrifiantes de normalité, piégé par un racket de messageries roses et persécuté par une fratrie de tarés, pas mal caractériel sur les bords, légèrement demeuré mais débrouillard à sa manière et finalement transfiguré par l’amour. Le tout dans un climat onirique doucement euphorisant qui nous fait, tel le héros esquissant un pas de danse dans les allées du supermarché, flotter sur un petit nuage.
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