Actioners HK 80's et 90's

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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bruce randylan
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Re: Actioners HK 80's et 90's

Message par bruce randylan »

Vite fait pour les deux derniers découvertes, deux titres sorties en France pour une fois :

Portrait de fantôme chinois / Picture of a nymph (Wu ma - 1988) qui comme son titre français le laisse deviner surfe sur le succès d'Histoires de fantômes chinois avec non seulement une histoire très proche mais aussi une partie du casting : Wu Ma et surtout Joey Wong.
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Comme ça fait une éternité que je n'ai pas revu l'original, j'ai plutôt bien accueilli ce remake/variation d'autant qu'il ne tombe pas dans l'opportunisme facile. Ca reste un bon divertissement avec une réalisation et une photographie appliquées et une histoire bien raconté (pour du HK).
Parmi les bonnes surprises, on retient surtout la présence de Yuen Biao dans un des rôles principaux, épaulé par l'équipe des cascadeurs de Sammo Hung (qui produit le film) pour les chorégraphies. Il n'y a pas forcément beaucoup de combat : 3-4 principaux mais ils sont excellents, inventifs, inévitablement câblés et qui savent mettre en valeur ses comédiens (comme Yuen au début dans le cabanon) ou exploiter quelques très bonnes idées comme les parapluies rouges ou les chaises à porteurs.

Le dosage entre fantastique, romance, humour et combat est assez bien dosé et aucun genre ne tire trop la couverture sur lui, respectant la progression de l'histoire. La fin s'avère même touchante.
Ca n'a bien sûr pas la beauté et la virtuosité du Tsui Hark mais c'est tout à fait recommandable.

C'est sorti en doublon avec La fureur du revenant, un Ghost Kung-fu comedy aussi signé Wu ma avec Sammo que j'avais trouvé décevant mais qui a sa petite réputation (VF only pour ce dernier, attention). Je ne connais pas la qualité des transferts puisque dans les deux cas, j'ai les éditions zone All hong-kongaise.


Super Lady Cop ( Wellson Chin - 1993) est plus anecdotique bien que tout à fait plaisant, c'est juste moins abordable pour du public occidental. C'est en effet avant tout une comédie d'action reposant sur un scénario SF (pas trop trop quand même) où trois androïdes chinois sont pris en chasse par une homologue qui perd la mémoire. Au milieu un policier malchanceux et une adolescente qui se tape l’incruste.
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Je m'attendais à un actionner sec dans la lignée des polars urbains de l'époque mais l'humour prend en fait rapidement le pas. Il y a des gags absurdes vraiment amusants (le couloir avec les portes) et d'autres plus faciles comme Alex Man à poil. Mais le duo formé par ce dernier et Athena Chu est assez sympathique, surtout la comédienne qui s'éclate avec un bonheur communicatif.
Cynthia Khan (la cyborg amnésique) n'a du coup pas l'impression de jouer dans le même film et semble attendre les quelques séquences d'action. Celles-ci sont une fois de plus majoritairement réparti dans le premier et dernier tiers. Ils sont tellement outrés dans les accélérations et les câbles que ça finit par devenir fun, comme les coups de pieds à la street fighter et autres attaques envoyant valdinguer à des dizaines de mètres. Le final (avec un pont suspendu en intérieur sorti de nulle part) ne manque pas de puissance bourrine en tout cas mais c'est surtout un combat sur un barrage qui s'impose comme le morceaux de bravoure du film. Le cadre est plutôt rare et surtout les chorégraphies se déplacent sur la paroi fortement inclinée du réservoir pour des cascadeurs qui n'ont pas froid aux yeux.

Accessoirement, j'ai pas compris grand chose au scénario du dernier acte. Enfin, j'étais pas là pour ça.

Le film est sorti en combo avec le très médiocre Sens du devoir VII (assez moyen dans mon souvenir).

Quand je parlais du jeux vidéo Street Fighter, je viens de trouver une scène coupée du montage international où la référence est plus qu'évidente. :shock:
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bruce randylan
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Re: Actioners HK 80's et 90's

Message par bruce randylan »

No more love, no more death (Herman Yau & Taylor Wong - 1993)
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Ce n'est qu'après l'avoir terminé que j'ai découvert que ce film était une préquel à With or Without You sorti l'année d'avant (et que je ne connaissais pas). C'est peut-être ce qui donne quelques maigres raisons d'exister à ce petit film assez médiocre qui nous rejoue la carte du mélodrame autour d'un tueur en série qui tombe amoureux en exécutant un contrat. C'est assez mal filmé, très avare en action mais bourrée de séquences romantiques sans intérêt, si ce n'est d'avoir la présence de Carina Lau et Rosamund Kwan. Jackie Cheung est lui totalement à l'ouest et particulièrement mauvais.
La direction artistique est très bizarre : on dirait que la costumière a pioché au hasard dans ses malles. On trouve des vêtements genre hip-hop, des tenues de détectives vintage 50's, la panoplie du sous Chow Yun-fat... Et les policiers se déplacent en Coccinelles ! La photo d'Herman Yau rajoute au bizarre avec des gros éclairages roses dans l'arrière fond (en plus des filtres bleues à profusion).
Ca ne vaut vraiment que pour les 15-20 dernières minutes où tout le monde va finir par se mitrailler avec 80% du casting qui ne se relèvera (seulement ceux qui sont dans With or Without You j'imagine). C'est loin d'être la réalisation ou les chorégraphies du siècle mais c'est au moins assez explosif et pétaradant.

Pour parachever ce tableau magistral, le DVD est catastrophique avec un 4/3 Letterbox au master analogique dans un piteux état.

SPL 2 : Time for Consequences (Soi Cheng - 2015) s'avère par contre une excellente surprise.
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Il n'y a pas grand rapport avec le premier bien qu'on retrouve une partie du casting dans des rôles différents. C'est plus pour l'ambiance qu'on pourrait rapprocher les deux titres même si la fin est à première vue moins tragique (à première vue seulement).

Le scénario est l'un des plus improbables jamais écrit avec des facilités et des invraisemblances à déplacer des montagnes : on y retrouve un flic infiltré, beaucoup de personnes malades qui ont besoin de donneurs de toute urgences habitant en Thaïlande ou à Hong-Kong. Et tout ce beau monde se retrouve dans une prison thaï tenu par des officiers corrompus dealant avec des trafiquant d'organes. C'est encore plus dingue quand on rentre dans les détails.
Sauf que Soi Cheng va tellement à fond dans le premier degré qu'on finit par n'y faire presque plus attention (la rencontre dans l’hôpital autour des téléphones portables !).
Mais c'est surtout sur les séquences d'action que le réalisateur se lâche à fond avec une réalisation virtuose pour 3 moments anthologiques. Ca commence par un gunfight dans un aéroport comportant un plan-séquence (évidement truquée) vraiment classe qui accompagne très bien l'intensité dramatique de la scène. On enchaîne par une émeute dans une prison tout simplement ahurissante, là encore un plan séquence truquée, d'un énergie chaotique vertigineuse. Et on conclut par un final bien vénère face à un méchant surpuissant d'une présence impériale.

Le bon point c'est que les chorégraphies exploitent bien les différents acteurs et leurs compétences respectives : Tony Jaa (qui sort enfin de la démo technique), Wu Jing toujours aussi nerveux et Max Zhang, le méchant qui force le respect.
Contrairement au premier épisode, ce second volume est beaucoup plus rythmé en action avec des moments assez fous, toujours très lisibles et des câbles bien utilisés.
Vraiment étrange que ça soit toujours inédit chez mais ça doit se trouver en import facilement (j'ai acheté le blu-ray en Chine l'an dernier).

HK is back ! :D

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Shin Cyberlapinou
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Re: Actioners HK 80's et 90's

Message par Shin Cyberlapinou »

SPL 2 est aussi trouvable en import US et UK sous le titre Kill Zone 2 pour même pas 10 euros, j'ai sur l'étagère.

Il y a toute une génération de blockbusters chinois, les derniers Stephen Chow et Jackie Chan ou le bulldozer Wolf Warrior 2 (30 millions dollars de budget, presque 900 de recettes*) qui je pense ne débarqueront jamais chez nous, parce que nos distributeurs n'y croient pas et/ou parce que les studios chinois négligent les petits marchés et/ou demandent un prix trop élevé pour les droits. Le cinéma asiatique étant passé de mode chez nous (HK Video en sommeil, échecs plus ou moins sérieux des collections Shaw, Pinku ou des titres lancés par paquet de 25 notamment par Jean-Pierre Dionnet, scores en salle moyens pour Detective Dee, The grandmaster ou les derniers Kitano), ce n'est pas prêt de changer. Qu'il est loin le temps de Shaolin Soccer et Tigre et dragon...


* 10% des plus gros succès de l'année viennent de Chine, d'Inde ou des deux comme la coproduction Kung Fu Yoga, pour le coup on peut vraiment de blockbuster émergent et franchement plus rentable que les très coûteux homologues US. Source: http://www.cine-directors.net/boxMonde/ ... onde17.htm
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Message par Rockatansky »

Si c'est pour voir distribuer la daube Kung Fu Yoga on peut s'en passer
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
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Re: Actioners HK 80's et 90's

Message par bruce randylan »

The plot (Chui Chik Lim - 1991)

Le bras droit d'une triade profite d'un règlement de compte pour abattre le parrain et mettre la main sur le clan. C'est justement à ce moment que sort de prison, son ancien frère d'armes qui risque de gêner sa prise de pouvoir.

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Le titre du film est sans doute ironique puisque le film n'est absolument pas mémorable pour son scénario, copié-collé des douzaines et des douzaines de fois. C'est pas le pire non plus : les personnages possèdent un minimum de consistance et ne sont pas de simples pantins qu'on exhibe entre deux scènes d'actions. Cela dit, rien de passionnant ni de palpitant d'autant que sorti de Simon Yam (qui fait le méchant une fois de plus), les comédiens sont en moyenne assez médiocres, sans le moindre charisme à commencer par le héros fadasse au possible Sun Chien, l'un des Venon de Chang Cheh. Par contre, il sait se battre le bougre et possède des coups ravageurs dans les quelques combats à mains nues.
Et oui, vous l'aurez deviné, le gros intérêt du film réside dans ses scènes d'actions so HK's et so 80's. Ca mitraille à tout va, les corps tombent par dizaine, quelques cascadeurs se font plaisir et les combats sont d'un bon niveau.
C'est assez cheapos mais l'envie d'en donner toujours plus est réjouissant au possible. Ainsi, le rythme est bien plus soutenu que dans la moyenne des titres de secondes zones de cette période qui misent tout sur le début et la fin. Ici, on dépasse rarement les 10 minutes sans bastons/fusillades même si ça demeure parfois assez brefs... et totalement gratuits comme l'attaque dans le bus sans la moindre justification mais qui donne une petite scène d'action très sympa (avec une cascade bien dangereuse à la clé). Même chose pour la méconnue To Gwai Fa qui joue une sbire aussi féroce que sans pitié.

Et ça n'empêche pas le final d'être assez monstrueux avec une grosse fusillade de 10 minutes généreuse au possible pour un body count de folie (en usant volontiers du tournage à plusieurs caméras pour montrer 3-4 fois les mêmes 20-30 figurants s'écroulant comme des mouches sous des rafales de mitraillettes). C'est pas vraiment chorégraphié et les mecs tirent n'importe comment mais c'est survolté en diable et totalement démesuré. A noter que la séquence commence par une infiltration assez géniale par sa nonchalance et donc plutôt originale :mrgreen:
Quant à la fin, c'est du HK tout craché aussi :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Gentils et méchants, tout le monde crève dans l'explosion finale :lol:
Mise en scène, carrée, sèche, plutôt nerveuse et lisible, pas trop sur découpé mais bien punchy.
Un exemple avec cette vidéo qui compile maladroitement différents moments de la première moitié (allez directement à 7.35)


Petite production noyée dans la masse de l'époque, The plot est très rapidement sortie des radars et ne fut, à priori, éditée qu'en VCD (épuisé depuis). Sous-titres incrustés souvent illisibles, recadré mais la compression s'en sort pas si mal. En tout cas, ça se regarde bien :)
Je sais pas si ça vient de la production bâclée ou de l'encodage ratée mais certaines transitions entre deux scènes sont vraiment taillées à la hache.
Dernière modification par bruce randylan le 5 mai 18, 01:26, modifié 1 fois.
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Re: Actioners HK 80's et 90's

Message par Shin Cyberlapinou »

Bruce, chaque fois je lis tes posts sur ce topic, 9 fois sur 10 ma curiosité est au moins piquée concernant ces oeuvrettes limitées mais souvent généreuses, et disons 7 fois sur 10 tu conclues sur la médiocrité des supports disponibles, quand support il y a. C'est cruel. Et comment fais-tu d'ailleurs pour les débusquer, tu te fournis directement sur place?
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Re: Actioners HK 80's et 90's

Message par bruce randylan »

Pour la disponibilité des copies, j'ai eu le nez de faire pas mal de commandes il y a 6-7 ans. A l'époque, on trouvait encore quelques bonnes choses sur yesasia et buyoyo même si beaucoup de pépites étaient déjà introuvables.
Et c'est vrai que j'ai ramené 70 galettes lors de mon premier voyage à Hk et 50 l'an dernier (le HMV de Shim Sha Tsui est étonnement bien fourni en Celestial, introuvables autrement).

Aujourd'hui, il n'y a plus grand chose à se mettre sous la dent, sorti des fortune star, et encore...
Pratiquement tous les Shaw brothers sont épuisés et les éditeurs qui s'occupaient des petites productions (Universe ; Mei Ah) ne sortent plus rien du tout. Ca me déprime de savoir que tout ce cinéma devient invisible. Mais faut pas se leurrer : ça n'intéresse absolument plus personne là-bas les films de cette période.
Et vu la légendaire sauvegarde de leur patrimoine cinématographique, le passage en HD ne va pas arranger les choses. Cela dit en Chine, j'avais vu des Blu-ray (pirates logiquement) qui compilaient des dizaines de films sur le même disque par thèmes ou acteurs (Stephen Chow ; Lam Ching-ying). :lol:

Enfin j'ai du stock ; à raison d'un film par semaine, j'ai de quoi tenir 4 ans je crois. Sans parler des bootleg (puisqu'il faut y passer).
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Re: Actioners HK 80's et 90's

Message par Shin Cyberlapinou »

Quand je vois le volume de titres Shaw épuisés sur Yesasia ou Dddhouse on se dit qu'effectivement ça devient tendu*, alors ne parlons même pas des petites séries B chroniquées ici. Je me demande où en est le bluray français (si, si) d'Angel Terminator 1&2 annoncé il y a quelques mois chez je ne sais plus qui...

* Un peu désappointé aussi de voir que le magasin parisien Musica s'était réorienté vers les dramas coréens. Les temps changent...
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Message par Spike »

Shin Cyberlapinou a écrit :Je me demande où en est le bluray français (si, si) d'Angel Terminator 1&2 annoncé il y a quelques mois chez je ne sais plus qui...
Chez Spectrum Films. Ils n'ont pas mentionné ce titre sur leur page Facebook dans le message détaillant leurs futures sorties.
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Message par bruce randylan »

Heroic Brothers (James Wu Kuo-ren - 1991)

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Déjà traumatisé par l'assassinat d'une partie de sa famille, un homme décide de prendre les armes pour s'attaque aux dealers après l'overdose d'une de ses proches. En parallèle, un policier expéditif ne supporte plus de mener ses enquêtes selon les manuels.

La première séquence est un bon condensé de l'esprit bordélique du venir : on y voit une femme se faire agresser dans un parking par 3 hommes masqués qui finiront rapidement par être abattus sans scrupule par un justicier armé. Les premiers plans laissent penser à un thriller glauque et sordide mais le cabotinage affligeant des criminels (peu crédibles, le chef étant affublé d'un pull snoopy :mrgreen: ) donne finalement à penser qu'on est devant un pastiche avant que l'arrivée du sauveur nous propulse dans une "Bronsonerie" bien réactionnaire... Sauf que ce dernier se réveille d'un cauchemar pour mieux repenser à l'agression sauvage de sa famille... pour mieux enchaîner sur une peinture sociale peu reluisante sur une jeunesse trouvant refuge dans la drogue.
En 10 minutes, on a déjà pas moins de 4-5 genres qui se télescopent et Heroic Brothers n'en choisira aucun, rajoutant encore une louche de comique via ce bon vieux Shing Fui-on qui, après avoir assassiné un homme, fait le clown quelques séquences plus loin dans deux scènes comiques improbables et sortis de nulle-part.

James Wu Kuo-ren (aka Ng Kwok-Yan) n'a pas du avoir le temps de se poser de questions de toute façon car le film semble vraiment avoir été improvisé et mis en boîte en quelques jours à une cadence infernale. Le genre de film où on ne fait même pas une prise par plan mais où on se contente de filmer les répétitions. Les comédiens ont l'air une fois sur deux à l'ouest, voire carrément perdus pour les seconds rôles. Cette urgence semble tout de même convenir au cinéaste qui n'est pas non plus un tâcheron et tourne à l'économie avec même un p'tit plan-séquence et une caméra souvent en mouvement pour cacher un peu la misère comme les moments dans les boîtes de nuit, cadrés sur ressorts.
Si l'histoire ou les personnages sont inconsistants (en regrettant la disparition de l'aspect social) et que la morale est sacrément douteuse, on est devant une série B fauchée mais plutôt correctement rythmée pour ses scènes d'actions entre l'ouverture "choc", un combat assez pêchu dans une boîte de nuit qui fait honneur à ses cascadeurs, un règlement de compte dans un club de sport, une fusillade dans un dock et quelques moments plus brefs à gauche et à droite. Une fois de plus, on n'est pas chez Corey Yuen ou John Woo mais le job est fait correctement et pas trop mal reparti sur l'ensemble du film malgré un passage à vide qui lance le dernier tiers.
Par contre le final est vraiment fun et dure une bonne dizaine de minutes où les deux héros s'associent enfin pour dessouder du méchants en faisant parler la poudre. David Lam et Alex Man (tout bouffi) sortent donc les armes et canardent une bonne cinquantaine de sbires dans une usine rouillée et abandonnée. Un gros plaisir coupable par son body-count assez conséquents, des figurants qu'on voit mourir 3-4 fois à différents moments ne prenant même pas le temps de se changer, ses reprises de BO américaines (comme Blade Runner !), l'architecture du lieu bien utilisé et des passages vraiment fun dont celui avec l'armoire électrique. Et mine de rien, c'est régulièrement bien cadré et énergétique, tout en restant très cheap.
De quoi sortir des 90 minutes revigoré !

Encore une bonne rareté difficilement visible. J'ai pu mettre la main sur un rip d'un laser-disc recadré (ce qui se sent bien durant les scènes d'actions, un signe qui prouve que ce n'est pas bâclé) mais on dirait qu'il a existé un VCD voire un DVD au format d'après des captures trouvées sur le net. Si ça se trouve lui-même un bootleg car je trouve aucune référence officielle.
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Message par bruce randylan »

Lucky diamond (Yuen Cheung Yan - 1985)

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Un gang spécialiste dans le recel de diamants se font arnaquer par l'un des leurs qui s'enfuit avec une pierre précieuse. Sur le point de se faire rattraper, il cache son butin dans un pot de crème de jour d'une professeur de danse qui croise son chemin par hasard. Cette dernière passe son temps à se chamailler avec un policier qui travaille à côté de sa salle de sport.

Moins connu que son frère Yuen Woo-Ping, Yuen Cheung Yan demeure malgré tout un honnête chorégraphe qui n'aura cependant jamais réussi à vraiment s'imposer à Hong-Kong à l'image de ses 10 réalisations qui n'ont pas rencontré de franc succès. Lucky diamond est son second passage derrière la caméra pour une comédie d'action assez typique de son époque 80's. Une grosse rasade de comédie locale matinée d'une dose d'action surtout présente dans sa dernière demi-heure.
Le scénario, écrit par Cheung Yan seul, est un joyeux bordel qui repose sur un argument très mince, ses comédiens et son humour absurde. On y trouve des séquences sans queue ni tête sorties de nulle part et qui ne sont jamais justifiées comme la grosse femme déguisée en sorte de ninja qui confie sa mission au policier, joué par Alex Man. Sa seule raison d'être est la gratuité absurde et loufoque de ce gag débile dans une séquence d'ailleurs introduite par un gag de pigeon voyageur laqué tout aussi stupide et surréaliste. Le film possède ainsi quelques moments de pur Mo Lei Tau avec tube géant de super-glu ou une séquence musicale qui permet à Anita Mui de pousser la chansonnette. D'autres moments sont tellement saugrenus que je n'ai même pas compris où résidait l'humour. :mrgreen:

La partie action souffre tout de même de son casting principal (Alex Man et Anita Mui) qui sont loin d'être des artistes martiales confirmés ou des cascadeurs émérites pour des chorégraphies et des chutes qui doivent s'adapter à leur niveau ou s'accommoder de doublures visibles. Reste que les projections et autres mobiliers brisées ne manquent pas à l'appel lors des deux scènes de bastons principales plutôt correctes et assez longues. Pour le final, on a même droit à Bolo Yeung qui débarque sans prévenir. A l'instar de Yuen Cheung Yan qui s'est réservé un second rôle, affublé d’incisives imposantes. :)
Par contre le montage n'est pas toujours parfait et la continuité est régulièrement défaillante (pour masquer les lacunes des acteurs ?).

Le bon point de ce Lucky Diamond reste son rythme assez bien géré malgré deux-trois tunnels humoristiques lourdingues. Mais on se s'ennuie pas vraiment entre gags stupides, pas mal de rebondissements et d'action. Sans oublier Anita Mui très jeune dans un rôle léger.

Fond de catalogue oblige, ce petit divertissement sympatoche n'est sorti qu'en VCD à Hong-Kong. La dernière en date chez Fortune Star au format respecté 2.35 (assez rare pour l'époque il me semble) mais à la compression décevante. C'est à peine si on arrive à lire les sous-titres.
A oui, et c'est épuisé au fait. :fiou:
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odelay
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Message par odelay »

Jet li, qui sur la photo n'est pas grimé ni maquillé pour un rôle, est devenu méconnaissable. :|

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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Pour fêter la coupe du monde, je me suis fait The champions (Brandy Yuen - 1983) :D

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Après avoir créer un accident dans une compétition sportive, un paysan un peu naïf fuit à Hong-Kong. Ses prouesses physiques le lie d'amitié avec un jeune footballer qui pense que son jeu de jambe peut servir son équipe.

Si vous pensiez que Shaolin Soccer fut le premier film hong-kongais à mélanger football et arts-martiaux, vous aviez tort ! Il existait ce Champions que Stephen Chow a sans aucun doute vu puisqu'on y retrouve plusieurs élément (le boiteux, les problèmes de corruption, le jeune candide sans le sous, le premier match qui dégénère en bataille rangée). C'est aussi l'un des rares premiers rôles pour Yuen Biao qui prouve une nouvelle fois ses capacités martiales, faisant face à l'incontournable vilain Dick Wei. Tous deux ont du se livrer à un sacré entraînement et/ou répétition car ce qu'ils exécutent à l'écran est régulièrement bluffant entre dribbles, passes et autre placements de balles, tout en gardant une réelle base martiale.
C'est évidement moins fou que Shaolin Soccer mais il y a très peu de trucages ici au final. Et en plus des matchs qui occupent essentiellement le dernier tiers du film, on trouve aussi des combats plus secs, une géniale séquence de salsa qui vire à l'affrontement dansé très chorégraphié sans oublier les séquences d'entraînement qui inscrivent le film dans une modernisation de la Kung-fu comedy.
C'est ainsi très rythmée, avec peu de moments calmes et même aucune longueur à la condition d'être client d'un humour pas toujours digeste tel le gag de la ceinture remplacée par un serpent. Hong-Kong oblige, le mélange des genres parvient encore à surprendre de temps en temps avec des combats beaucoup brutaux et violents comme le guet-apens nocturne ou la punition imposée au perdant lors du match final particulièrement sadique.
Ce rythme très soutenu permet en tout cas de passer outre les nombreuses facilités et incohérences du scénario (genre on court plus facilement pieds nus sur un terrain trempée qu'avec des crampons :mrgreen: ). Par contre, je regrette que les touches sociales de la première disparaissent en même temps que le personnage de Moon Lee qui ne sert du coup à rien.
Je ne sais pas comment le film a été reçu à l'époque mais c'est excellent divertissement injustement oublié. On ne s'ennuie pas, c'est original, les chorégraphies signés par les frangin Yuen sont excellentes (c'est Woo-ping qui produit) et les acteurs remplissent parfaitement leur rôle.



Il existe un DVD HK (épuisé) et un VCD recadré et légèrement cut (que je possède) mais c'est au Japon qu'on trouve la meilleure copie, restaurée et resplendissante... Mais sans sous-titres... Vive le fan-sub donc
Spoiler (cliquez pour afficher)
Sinon, des p'tits malin ont uploadé une version VOSTF sur YT mais compressé avec les pieds (si je puis dire)
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Message par bruce randylan »

Gangland odyssey (Michael Chan – 1990)

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Après 15 ans d'exil, un ancien membre des triades travaillant désormais pour les japonais revient à Hong-Kong, il y retrouve son ancienne maîtresse avec qui il a eu une enfant. Il sympathise avec un jeune, sans savoir que ce dernier aide un policier à retrouver le fils d'un industriel, justement kidnappé par les mêmes japonais après une transaction ratée.


Oulalala, la déconfiture...
Jouissant d'une bonne réputation chez les initiés de série B HK qui vantaient ses scènes d'actions, Gangland odyssey est de surcroit l'unique réalisation de Michael Chan, acteur au parcours atypique (ancien policier très proche des triades, expert martial récompensé). Et on retrouve en plus au casting Andy Lau et Alex Man. De quoi attendre un bon p'tit heroic bloodshed...
Et bien le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on les a attendu les scènes d'actions... A part une première dans les 5 premières minutes (correct règlement de compte à l'arme blanche), il faudra attendre 1h10 pour en avoir de 3-4 de plus qui s'enchaînent alors jusqu'au générique de fin : un peu de combat à main de nues dans une chambre, un gunfight sympathique dans un bar et un final au katana qui sont d'un niveau honnête mais sans génie, originalité ni réelle intensité.

A la rigueur, l'absence de scènes d'actions n'est pas forcément un souci si le scénario et les personnages sont à la hauteur. Et c'est là que le bât blesse avec un scénario très mal agencé. Il y a avait pourtant bien une volonté de montrer des êtres plus humains et complexes (les relations de Michael Chan avec son ancienne compagne, la tragédie naissant dans le dernier quart). Mais le potentiel du scénario de l'incontournable Sze To On est très mal mis en valeur par Michael Chan. La narration est brouillonne et maladroite avec des transitions brutales. Ca manque cruellement de fluidité et d'implication. Non seulement, les personnages secondaires sont ainsi inexistants (Andy Lau ou Alex Man) mais les sous-intrigues semblent totalement déconnectés. De plus, une séquence de combats de chien (qui a l'air bien réel :? ), totalement gratuite au bout d'une heure fait complètement sortir du film. Bref au bout d'une heure, j'avais même presque arrêté de suivre les sous-titres tant le film manquait d'enjeux claires et de rythmes.
Certes, le DVD existant n'aide pas, étant une vieille copie usée pan & scanné avec des sous-titres incrustés dans l'image (donc pas toujours lisible et souvent incomplet à cause du recadrage). Le film a tout de même était restauré on dirait (sans doute pour la télé) mais je ne suis pas sûr que ça rehausse profondément le film. En tout cas, ça ne me donne pas envie de lui redonner une chance dans de meilleures conditions.

Le dvd se trouve encore sur yesasia

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bruce randylan
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Re: Actioners HK 80's et 90's

Message par bruce randylan »

the Twist (Danny Lee - 1995)

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Un policier aux méthodes musclées traque des criminels qui viennent de braquer un fourgon lors d'un casse réfléchi et sans violence. Il trouve bientôt un suspect mais manque de preuve. Lui et son équipe sont donc aussi frustrés qu'agacé d'autant que leur proie prend à un malin plaisir à les humilier.

Après le succès de l'excellent 'OCTB de Kirk Wong l'année précédente, Danny Lee s'est dit qu'il y avait un filon à creuser et qu'il pouvait très bien s'en charger lui même. Son personnage travaille donc de nouveau pour l' "Organized Crime & Triad Bureau" et son bureau n'hésite pas à contourner la loi pour arriver à leur fin. Si plusieurs second rôle sont également de la partie, on remplace en revanche Anthony Wong par un autre spécialiste de la Cat III frappadingue : Simon Yam.

Le début fait plutôt illusion avec un braquage rigoureux, avec peu de dialogues et à la réalisation étonnement carrée et concise qui donne la part belle à Simon Yam.
Par contre, dès que l'enquête est lancée, le film accuse vite ses faiblesses - et ses limites - avec du racolage et pas mal de mauvais goût assez répétitif comme les scènes "chaudes" entre Simon Yam et Suki Kwan. Hormis une sympathiques séquence de poursuite en voiture, l'action est totalement absente pendant une bonne heure et les personnages caricaturaux n'aident guère à être pris par la rivalité entre les flics et le voleur.
Par contre, la dernière demi-heure va assez loin dans la surenchère assez perverse où la brigade de Danny Lee doivent trouver des moyens pour torturer leurs suspects sans laisser de traces apparentes. Et ils ne manquent pas d'idée les bougres ! Chambre froide, jet d'eau enfoncé dans le fondement ( ! ) et glaçons inséré dans l'anatomie de sa copine.
En digne précurseur de Jack Bauer, Danny Lee qui est plutôt un personnage avec une vision très réactionnaire des forces de l'ordre et avait plutôt en tête de critiquer le trop grand laxisme du système judiciaire, notamment les obstructions des avocats ou les limites des gardes à vue. Sauf que vu les moyens déployés lors des interrogatoires, l'intelligence de Simon Yam (très provocateur en plus) et le délit au cœur de l'enquête (qui n'a généré aucune violence !), on vient en fait à prendre en sympathie les criminels face à leurs "bourreaux". Mais comme le film ne fait clairement pas dans la finesse, les 15-20 dernières minutes deviennent presque fun à force de grotesque à la limite du cartoon.
Du coup, on ne sait jamais comment aborder cette production et s'il faut la prendre au premier, deuxième ou troisième degré. En l'état, et malgré un gros mou dans le tiers central, on peut trouver ça suffisamment absurde et idiot pour y trouver ça ponctuellement amusant. A condition d'être amateur de la "subtilité" hong-kongaise.

Le DVD HK en 1.66 est épuisé (mais il se trouve sur YT, recadré).
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