Dead Man (Jim Jarmusch - 1995)
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Dead Man (Jim Jarmusch - 1995)
Ce film est extraordinaire. Un film rêvé. Un fantasme, à l'équilibre mystérieux.
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Bon. Dans ce cas...Jeremy Fox a écrit :
ZzzzzzzZzzzzzzzzzZzzzzzzzzzzZzzzzzzzzzz
Ciao
JE CHIE SUR MOONFLEET! STEWART GRANGER EST UN ACTEUR DE SECONDE ZONE!
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Copain! Ecris tes 20 pages pour moi!!!Solal a écrit :Pour moi, le plus grand film de ces dix dernières années. Je pourrais développer sur 20 pages, mais si le film produit déjà un effet soporifique sur certains forumeurs, qu'en serait-il de ma prose ? Je vous épargne donc.
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Normal de dormir autant à ton âge, mais sélectionne au moins les films devant lesquels tu t'assoupisJeremy Fox a écrit :
ZzzzzzzZzzzzzzzzzZzzzzzzzzzzZzzzzzzzzzz
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
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Méfie toi : je serais capable de le faire. J'ai un rapport tellement fort au film (au moment ou je t'écris, Johnny Depp me regarde, agonisant, depuis l'affiche italienne du film qui est placée à côté de mon bureau) qu'il faudra bien un jour que je l'exorcise en couchant ça sur le papier.Ouf Je Respire a écrit :Copain! Ecris tes 20 pages pour moi!!!Solal a écrit :Pour moi, le plus grand film de ces dix dernières années. Je pourrais développer sur 20 pages, mais si le film produit déjà un effet soporifique sur certains forumeurs, qu'en serait-il de ma prose ? Je vous épargne donc.
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Bon allez la tentation est trop grande (et tant pis pour le boulot en retard), un petit avant-goût :
Tout d'abord, Dead Man est une expérience sensorielle comme je n'en ai jamais vécu au cinéma : on se glisse dans la salle de cinéma pour retrouver la quiétude du ventre maternel. Le film est un cours d'eau qui poursuit son cours et vous enveloppe de ses bras pour vous porter vers un état de conscience auquel peu de psychotropes permettent d'accéder. Ca peut paraître bien subjectif, mais il y a des raisons précises à cela : on connaît la lenteur et la moiteur des travelling de Jarmush depuis ses débuts - ici les mouvements de caméra deviennent comme liquides (!) tellement l'ensemble est fluide. La musique de Neil Young, à qui Jarmush a laissé carte blanche en lui soumettant son montage et en lui demandant de s'enfermer deux jours (je crois) dans une salle de projection pour composer quasiment en real time son accompagnement. Comme une impro entre vieux jazzmen roués, le dialogue Jarmush-Young (dont je ne suis pas particulièrement fan en dehors) à l'apparence de la spontanéité (tout cela paraît si simple, évident) mais on sait quelle maîtrise et quelle expérience cela exige en réalité.
Dead Man est une adaptation voilée de L'Amérique de Kafka en ce sens qu'il en reprend la logique, la fantaisie et l'imaginaire politique (il faudrait développer en détail ces trois points) - d'ailleurs la citation de Michaux n'est pas anecdotique. Il puise de manière explicite à la spiritualité (ou aux spiritualités) amérindienne, mais il est également irrigué en profondeur par la force mythologique des grands épisodes bibliques (plutôt l'ancien testament), tout comme Ghost Dog, avec lequel il constitue un dyptique.
Car Dead Man, c'est les prémisses d'une apocalypse (la référence à William Blake): un far-west barbare qui contient déjà toutes les forces diaboliques qui vont mener les USA à la ruine. Les fondations étaient marquées par le sceau du mal et des forces irrationnelles, l'empire américain ne peut que courir à sa perte (ce que montrera Ghost Dog, et ses nombreuses assertions sur la fin d'une civilisation et l'annonce d'une nouvelle barbarie renouvellant les codes d'honneur ancestraux).
Dead Man enfin, c'est drôle, c'est dérangeant, c'est inouï : de Kafka à la mythologie rock/punk c'est un siècle de culture populaire qui est digéré et qui donne sa sève à cette parabole sublime, atemporelle dans son approche des éléments et de la tragique condition humaine. Une sagesse post-moderne sans aucun préchi-précha, je ne croyais pas cela possible.
Tout d'abord, Dead Man est une expérience sensorielle comme je n'en ai jamais vécu au cinéma : on se glisse dans la salle de cinéma pour retrouver la quiétude du ventre maternel. Le film est un cours d'eau qui poursuit son cours et vous enveloppe de ses bras pour vous porter vers un état de conscience auquel peu de psychotropes permettent d'accéder. Ca peut paraître bien subjectif, mais il y a des raisons précises à cela : on connaît la lenteur et la moiteur des travelling de Jarmush depuis ses débuts - ici les mouvements de caméra deviennent comme liquides (!) tellement l'ensemble est fluide. La musique de Neil Young, à qui Jarmush a laissé carte blanche en lui soumettant son montage et en lui demandant de s'enfermer deux jours (je crois) dans une salle de projection pour composer quasiment en real time son accompagnement. Comme une impro entre vieux jazzmen roués, le dialogue Jarmush-Young (dont je ne suis pas particulièrement fan en dehors) à l'apparence de la spontanéité (tout cela paraît si simple, évident) mais on sait quelle maîtrise et quelle expérience cela exige en réalité.
Dead Man est une adaptation voilée de L'Amérique de Kafka en ce sens qu'il en reprend la logique, la fantaisie et l'imaginaire politique (il faudrait développer en détail ces trois points) - d'ailleurs la citation de Michaux n'est pas anecdotique. Il puise de manière explicite à la spiritualité (ou aux spiritualités) amérindienne, mais il est également irrigué en profondeur par la force mythologique des grands épisodes bibliques (plutôt l'ancien testament), tout comme Ghost Dog, avec lequel il constitue un dyptique.
Car Dead Man, c'est les prémisses d'une apocalypse (la référence à William Blake): un far-west barbare qui contient déjà toutes les forces diaboliques qui vont mener les USA à la ruine. Les fondations étaient marquées par le sceau du mal et des forces irrationnelles, l'empire américain ne peut que courir à sa perte (ce que montrera Ghost Dog, et ses nombreuses assertions sur la fin d'une civilisation et l'annonce d'une nouvelle barbarie renouvellant les codes d'honneur ancestraux).
Dead Man enfin, c'est drôle, c'est dérangeant, c'est inouï : de Kafka à la mythologie rock/punk c'est un siècle de culture populaire qui est digéré et qui donne sa sève à cette parabole sublime, atemporelle dans son approche des éléments et de la tragique condition humaine. Une sagesse post-moderne sans aucun préchi-précha, je ne croyais pas cela possible.
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Solal a écrit :Bon allez la tentation est trop grande (et tant pis pour le boulot en retard), un petit avant-goût :
Tout d'abord, Dead Man est une expérience sensorielle comme je n'en ai jamais vécu au cinéma : on se glisse dans la salle de cinéma pour retrouver la quiétude du ventre maternel. Le film est un cours d'eau qui poursuit son cours et vous enveloppe de ses bras pour vous porter vers un état de conscience auquel peu de psychotropes permettent d'accéder. Ca peut paraître bien subjectif, mais il y a des raisons précises à cela : on connaît la lenteur et la moiteur des travelling de Jarmush depuis ses débuts - ici les mouvements de caméra deviennent comme liquides (!) tellement l'ensemble est fluide. La musique de Neil Young, à qui Jarmush a laissé carte blanche en lui soumettant son montage et en lui demandant de s'enfermer deux jours (je crois) dans une salle de projection pour composer quasiment en real time son accompagnement. Comme une impro entre vieux jazzmen roués, le dialogue Jarmush-Young (dont je ne suis pas particulièrement fan en dehors) à l'apparence de la spontanéité (tout cela paraît si simple, évident) mais on sait quelle maîtrise et quelle expérience cela exige en réalité.
Dead Man est une adaptation voilée de L'Amérique de Kafka en ce sens qu'il en reprend la logique, la fantaisie et l'imaginaire politique (il faudrait développer en détail ces trois points) - d'ailleurs la citation de Michaux n'est pas anecdotique. Il puise de manière explicite à la spiritualité (ou aux spiritualités) amérindienne, mais il est également irrigué en profondeur par la force mythologique des grands épisodes bibliques (plutôt l'ancien testament), tout comme Ghost Dog, avec lequel il constitue un dyptique.
Car Dead Man, c'est les prémisses d'une apocalypse (la référence à William Blake): un far-west barbare qui contient déjà toutes les forces diaboliques qui vont mener les USA à la ruine. Les fondations étaient marquées par le sceau du mal et des forces irrationnelles, l'empire américain ne peut que courir à sa perte (ce que montrera Ghost Dog, et ses nombreuses assertions sur la fin d'une civilisation et l'annonce d'une nouvelle barbarie renouvellant les codes d'honneur ancestraux).
Dead Man enfin, c'est drôle, c'est dérangeant, c'est inouï : de Kafka à la mythologie rock/punk c'est un siècle de culture populaire qui est digéré et qui donne sa sève à cette parabole sublime, atemporelle dans son approche des éléments et de la tragique condition humaine. Une sagesse post-moderne sans aucun préchi-précha, je ne croyais pas cela possible.
Merci pour ce très beau post.
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Et vlan. Tope là Cosmo.Cosmo Vitelli a écrit :Normal de dormir autant à ton âge, mais sélectionne au moins les films devant lesquels tu t'assoupisJeremy Fox a écrit :
ZzzzzzzZzzzzzzzzzZzzzzzzzzzzZzzzzzzzzzz
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Il est pas encore au lit! Allez zou, un suppo et au dodoJeremy Fox a écrit :Rigolez, rigolezOuf Je Respire a écrit :
Et vlan. Tope là Cosmo.
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