La Liste de Schindler (Steven Spielberg - 1993)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Zoilreb
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Message par Zoilreb »

Quand j'ai vu ce film au cinéma, j'ai fondu en larmes durant le générique de fin. C'est la seule fois que ça m'est arrivé devant un film. La musique de Williams avait déjà sur moi à cette époque un fort pouvoir évocateur et je crois qu'elle n'est pas pour rien dans ma réaction.

Pour le reste, je ne vois pas en quoi le "suspense" de la douche est plus choquant que les scènes d'exécutions ou de rafles. Tout n'est que choc dans ce film et c'était bien, à mon avis, un des buts de Spielberg de secouer un bon coup une certaine partie du public qu'il jugeait peut-être peu intéressée par le sort de cette population à cette époque.
Je suis d'accord avec le fait que c'est un film historique et il me semble que dans ce cadre l'entreprise est réussie.
Nicofieu
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Message par Nicofieu »

jamais vu ce film...pas envie je crois...
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Flol
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La Liste de Schindler (Steven Spielberg, 1993)

Message par Flol »

Voilà, continuons le débat ici !!
Histoire de ne pas perturber davantage le topic du Pianiste (comme l'aurait dit Michel Berger)...;)
Momo la crevette
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Message par Momo la crevette »

Excellent film.

Momo
styx a écrit :Je comprends pas grand chose à vos salades, mais vous avez l'air bien sur de vous, donc zetes plus à même hein de parler, de sacrés rigolos que vous faites en fait, merde ça rime lourd là, je vais éditer. mdr
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Tuck pendleton
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Message par Tuck pendleton »

Article paru dans le Times Magazine à la sortie du film

Avec La Liste de Schindler, le metteur en scène de Jurassic Park délaisse le monde de l'enfance et affronte les démons de l'Histoire. Il a peut-être enfin atteint la maturité.


« Mon rôle n'est pas de satisfaire les studios. C'est ce que je croyais au début, mais plus maintenant. Aujourd'hui, je travaille pour moi, rien que pour moi. » Steven Spielberg sourit, et se penche pour prendre un gobelet de thé. Un magnifique soleil irradie les studios Universal qui abritent les bureaux d'Amblin Entertainment, la société de production de Steven Spielberg. L'édifice de deux étages, au style mexicain, se trouve au bout d'une route sinueuse. Aucun panneau n'en signale la présence. Malgré la chaleur et le smog, une brise légère imprégnée d'eucalyptus semble protéger cette oasis où travaillent une soixantaine de personnes.
Portant un costume sport et une cravate, Spielberg ressemblerait presque à un nabab, dans le style décontracté d'Hollywood, si on ne le sentait mal à l'aise dans cette tenue. Bien qu'il semble assumer son âge (il vient d'avoir quarante-six ans), spécialement lorsqu'il évoque ses responsabilités de père et les profondeurs émotionnelles qu'il a dû sonder pour faire son dernier film, La Liste de Schindler, il n'est pas sûr qu'on puisse le considérer tout à fait comme un adulte. Gigotant sur son grand fauteuil rembourré, il s'assoit sur une jambe, puis sur une autre, tout en tripotant sa cravate à motifs. « Je l'ai mise pour une séance photos, dit-il inquiet. Vous ne trouvez pas que ça jure ? »

En fait, les différentes facettes de Steven Spielberg ont toujours juré entre elles, du moins pour tout ceux qui l'observent depuis maintenant vingt-cinq ans. En réalisant à l'âge de vingt ans, un épisode de Night Gallery, avant de sonner la charge d'une cavalerie de créatures adorables ou effrayantes, dans des films stupéfiants par leurs prouesses techniques, il s'est imposé d'emblée comme un enfant prodige. Une étiquette qui lui est d'ailleurs restée bien après qu'il eut cessé d'en être un. Que l'enfant prodige transforme tout ce qu'il touche en or et devienne rapidement l'un des hommes les plus riches du métier ne contribua guère à le rendre populaire auprès de ses pairs. Aussi, quand ses films plus classiques, s'attachant à des histoires de "gens ordinaires", comme La Couleur pourpre et L'Empire du soleil, n'ont pas ému les critiques ni les membres de l'Académie des Oscars, il devint un "ni-ni". Ni un metteur en scène se cantonnant à des films fantastiques, ni un cinéaste faisant du grand art. Une sorte de polymorphe doté d'un bien étrange statut. Celui de Grand Réalisateur, avec des guillemets, dans un genre qui n'en est pas vraiment un.

Et voilà qu'aujourd'hui sort La Liste de Schindler. Le film le plus ambitieux, le plus difficile, le plus réaliste que Spielberg ait jamais fait. Un film qui avait tout pour être un bide au box-office. Il est filmé en noir et blanc, il dure trois heures et quart et traite du chapitre le moins divertissant de l'Histoire moderne : l'Holocauste. Tourné juste apès Jurassic Park, blockbuster bourré d'effets spéciaux qui se dirige vers les 900 millions de dollars au box-office international, le nouveau film de Spielberg ne peut que rendre encore plus confuse la place du "Grand Réalisateur" dans le système hollywoodien. A moins, qu'au contraire, avec La Liste de Schindler, les guillemets disparaissent une fois pour toutes.

« Bonnie ! » Ce n'est pas la première fois qu'au milieu d'une paisible conversation, Spielberg hurle soudain ce prénom, faisant sursauter son visiteur. Son assistante, une jeune femme frêle et mince, apparaît. Elle s'avance dans le bureau, inquiète. « Comment s'appelle l'endroit où on achète nos patisseries ? — Je vais me renseigner », promet-elle en sortant. Puis, le réalisateur s'enfonce dans son fauteuil, et reprend calmement la conversation où il l'avait laissée.
L'œuvre de Spielberg est presque entièrement liée à son imagination débordante, celle d'un gamin qui lit une BD avant de s'endormir, et laisse libre cours à la puissance de ses rêves. Chez lui, le Mal prend la forme d'un camion Diesel roulant à une allure infernale (Duel), d'un requin tueur (Les Dents de la mer) et de nazis caricaturaux (la série des Indiana Jones). Le Bien, ce sont des superhéros et de gentils extraterrestres (Rencontres du troisième type et E.T.). Et dans tous ses films, le Bien triomphe à la fin.
Mais en reconstituant l'histoire d'Oskar Schindler, cet homme d'affaires, nazi par besoin et profiteur de la guerre par sens du commerce, qui sauva 1100 Juifs des camps de la mort, Spielberg s'est retrouvé confronté à une humanité ni blanche ni noire, mais grise mélange d'ombres et de lumières, avec, pour toile de fond, l'un des épisodes les plus tragiques de l'Histoire. Un univers où pour une fois, ni son imagination, ni la magie de sa technique ne pouvaient lui être utiles.


« Cette fois, je devais regarder la réalité en face. »


« Je voulais que ce film ressemble à un documentaire, pas à un mélodrame, dit Spielberg. Je devais donc agir plus comme un reporter que comme un metteur en scène. » Mais le reporter a eu du mal à affronter les faits. Pendant longtemps, Spielberg n'a pas eu la force de visiter un camp de concentration. « D'une façon générale, je n'aime pas les choses laides ou tristes. Je cherche à les éviter, par tous les moyens. La plupart de mes films n'ont rien à voir avec la vraie vie. Il y avait des passages dans La Couleur pourpre ou L'Empire du soleil, qui étaient proches du rééls, mais ce ne sont pas des films réalistes de bout en bout. Pour La Liste de Schindler, en revanche, je savais que je ne pourrais pas y échapper. Il fallait que je regarde la réalité en face. Et dès que j'ai commencé à la regarder, je n'ai plus pu m'arrêter. »

Né en 1947 de parents juifs, Spielberg a grandi en entendant parler du "grand meurtre". Dans la maison familiale de Cincinnati, il a même rencontré un groupe de survivants des camps de concentration, à qui sa grand-mère apprenait l'anglais. Spielberg se souvient qu'un homme lui avait montré le numéro de matricule tatoué sur son bras. En retournant son bras, le 6 devenait un 9. Le tour de magie, plus que sa signification, lui fit grande impression. A Phœnix, où les Spielberg déménagèrent quand Steven eut sept ans, leur maison était la seule du quartier à ne pas être décorée pour Noël. Le fait de d'être le seul enfant juif de la classe le complexa. Récemment, il a confié à sa mère que lorsqu'il était enfant, il avait l'habitude de mettre du scotch sur son nez, espérant ainsi le faire remonter. « C'est vrai ! Je prenais un gros morceau de ruban adhésif, j'en mettais un bout sur la pointe du nez, et l'autre sur mon front. J'avais un si grand nez ! Ensuite, mon visage s'est équilibré, mais quand j'étais petit, j'étais très complexé par ce "schnozz". Je pensais qu'en gardant le nez collé ainsi, sa forme s'adoucirait... » En dépit des quelques remarques antisémites dont il fut l'objet, Spielberg ignorait pour beaucoup les persécutions subies par les Juifs. « Quand nous tournions les Indiana Jones, à l'heure du déjeuner, je m'asseyais sans réfléchir avec les cascadeurs, dans leurs uniformes, avec l'emblème des SS et les croix gammées. J'étais assis là, on mangeait ensemble, et puis on allait tourner la scène. Et je ne m'interrogeais pas un instant sur le genre d'êtres humains qui avaient porté ces uniformes. Ce n'est qu'en faisaint La Liste de Schindler que je me suis en quelque sorte réveillé... » Un temps, puis : « Plus qu'un réveil, il s'agit d'une véritable prise de conscience. »

Il y a des années, dans une interview, Spielberg s'était plaint : « Le sentimentalisme, voilà mon tatouage. C'est comme si les médias avaient tatoué "sentimentalisme" sur mon bras, et je ne peux plus m'en débarrasser. » Si ce sentimentalisme était sinon accepté, du moins excusé, dans Rencontres du troisième type, E.T. ou d'autres films qu'il a produit comme Retour vers le futur, il fut violemment dénoncé dans L'Empire du soleil et surtout La Couleur pourpre, tiré du roman âpre et furieux d'Alice Walker. A sa sortie en 85, la plupart des critiques trouvèrent le film simpliste, et passé au vernis hollywoodien. Spielberg ignora ces remarques, estimant qu'elles venaient principalement de gens qui, ayant lu le livre, avaient déjà en tête leur propre vision du film. Il y eut néanmoins quelques bonnes critiques, et Spielberg ne lut que celles-là. « On me blesse facilement, alors à quoi bon s'infliger de la douleur, inutilement. Cela ne sert à rien. »

Aujourd'hui, avec le recul, il réalise certaines choses qu'il reconnaît ne pas avoir comprises à l'époque : « Il y avait des scènes que je ne pouvais pas filmer, notamment les plus crues, parce que je n'ai pas été élevé de cette façon. Si j'avais été une femme, je les aurais peut-être tournées. Mais en tant qu'homme, je ne savais pas comment faire. » Un des passages essentiels du livre est celui où Shug Avery montre à Celia son sexe dans un miroir, un épisode qui indiquel'éveil de Celia à la sexualité, et sa prise d'indépendance. Cette scène n'est pas dans le film. « N'importe quelle réalisatrice aurait filmé ça brillamment, reconnait Spielberg. Moi, ça m'a fait peur. J'aurais été incapable de diriger les acteurs. Grâce à La Liste de Schindler, cela a changé. J'ai fait des choses dans ce film dont je ne me serais jamais cru capable. »
C'est Sid Sheinberg, président d'une société parente d'Universal, MCA Inc., qui envoya le livre de Thomas Keneally, La Liste de Schindler, à Spielberg, peu après sa publication en 1982. Le roman raconte l'histoire authentique de l'industriel Oskar Schindler, qui, en 1939, partit pour Cracovie sur les talons de l'armée allemande, cherchant un moyen d'y faire fortune. Il acheta une usine d'ustensiles en fer émaillé et engagea des ouvriers juifs, auxquels il pouvait verser de bas salaires. Schindler, personnage imposant, était un bon vivant, amateur de bonne chère et de conquêtes féminines. Il avait une femme en Allemagne, entretenait une maîtresse à Cracovie, tout en poursuivant une liaison avec sa secrétaire polonaise. Spécialiste du marché noir, il fournissait ses amis nazis en cognac, cigares, paniers de nourriture, en échange de certains services. Puis, pour des raisons dont il emporta le secret dans sa tombe en 1974, il risqua sa vie et dépensa sa fortune pour sauver ses ouvriers juifs.
Qu'est-ce qui a pu pousser Sheinberg à confier cette plongée dans l'Histoire et la tragédie, au réalisateur d'E.T. et des Aventuriers de l'Arche perdue ? « Je n'ai jamais considéré Spielberg comme un réalisateur de films pop-corn, dit Sheinberg. Je connais son talent depuis longtemps et j'ai toujours pensé que le meilleur de son œuvre ne se trouvait pas là. »


« Pourquoi Schindler a-t-il agi ainsi ? Mystère. »


On a souvent raconté l'histoire des débuts de Spielberg : à 20 ans, sans emploi, passionnée de cinéma, il tourne une court métrage intitulé Amblin, qu'il parvient, après s'être faufilé en douce à l'intérieur des studios Universal, à faire passer à Chuck Silver, responsable de la filmothèque. Un soir, Silver demande à Sheinberg de retourner dans la salle de projection. « Il m'a dit qu'il y avait un jeune type qui traînait dans les studios, et qui avait fait un court métrage. Je l'ai donc visionné et j'ai trouvé ça génial. » Amblin était un road movie sans dialogues, où l'on suivait un garçon et une fille qui faisaient du stop en Californie. Quand Sheinberg lui propose un contrat, Spielberg lui répond : « Je n'ai qu'une chose à vous demander. Je ne veux pas d'engagement, je veux une promesse : laissez-moi réaliser un film avant mes 21 ans. C'est très important pour moi. » Sheinberg tint sa promesse, ce fut Night Gallery.
« A cette époque, personne n'aurait pu deviner que Spielberg se spécialiserait dans des films pleins de créatures étranges et d'effets spéciaux, dit Sheinberg, ses premiers travaux à la télévision n'avait rien à voir avec le genre qui l'a rendu célèbre. En fait, j'ai même dû le pousser un peu pour qu'il fasse Les Dents de la mer. Mais même dans ce film, ce qui est extraordinaire, ce n'est pas tellement le requin et le suspense, mais les relations qu'il a su créer entre les personnages, l'humour, la manière dont le Mal est perçu et la façon dont les gens réagissent lorsqu'ils se sentent menacés. » Il s'arrête avant de reprendre : « Si on réfléchit bien, on retrouve beaucoup de ces thèmes dans La Liste de Schindler. »
En lisant le livre, Spielberg eut tout de suite envie d'en faire un film. Il était fasciné par le mystère qui entourait Schindler, homme aux contrastes saisissants, à la fois égoïste et plein de compassion. « C'est le Rosebud du film, dit Spielberg, faisant allusion au Citizen Kane d'Orson Welles. Pourquoi a-t-il fait ce qu'il a fait ? Mystère. Je ne crois pas qu'il voulait jouer les héros, il était plutôt modeste. Cela faisait partie de son charme. » Spielberg ne put résister à l'envie de raconter à la fois ce personnage à la Gatsby et la tragédie de l'Holocauste. « Ce film est un souvenir, dit-il. Je ne l'aurais jamais fait si je ne pensais pas qu'une histoire comme celle-ci pouvait rappeler aux gens, sous son aspect le plus terrible — précisément celui qu'on voudrait oublier —, que ses événements se sont produits il y a seulement cinquante ans. Et que la même chose pourrait se reproduire, dans toute sa monstruosité. »
Spielberg savait que ce film ne ferait probablement pas de grosses recettes. Pour la première fois de toute sa carrière, il téléphona à Sheinberg et lui dit : « Je ne veux pas d'argent tant que vous ne serez pas rentrés dans vos frais. » En fait, ce n'est pas avant d'avoir fini Jurassic Park, le blockbuster dont Universal avait désespérément besoin, qu'il réunit les 22 M de $ de budget et s'envola pour la Pologne. L'un des dirigeants de Universal s'était pourtant opposé avec véhémence au projet. « Il me disait que je ferais mieux de permettre au studio de verser une somme importante au musée de l'Holocauste, raconte Spielberg. Ça m'a mis dans une colère noire, je ne l'oublierai jamais. »
D'une tout autre manière, les motivations de Spielberg ont été décuplées lorsque Billy Wilder fit savoir que lui aussi voulait tourner La Liste de Schindler. Spielberg, qui considére Wilder comme l'un des plus grands génies de tous les temps, pensa même un moment se contenter de produire le film et laisser Wilder, qui avait quitter l'Allemagne dans les années 30, le diriger. « Ce projet le passionnait tellement qu'il m'a poussé à m'interroger moi-même de façon très profonde, dit Spielberg. En un sens, c'était comme s'il testait mes motivations. »
Dans un premier temps, Keneally essaya d'écire lui-même un scénario, mais Spielberg n'en fut pas satisfait. Un autre écrivain prit le relais pendant quatre ans, sans en venir à bout. Le temps passait. La productrice Kathleen Kennedy, qui commença à travailler avec Spielberg à l'époque où il lut le roman, se souvient : « A chaque fois que nous terminions un nouveau film, nous reparlions de La Liste de Schindler mais il y avait toujours un problème de scénario ou de casting. D'habitude, lorsque Steven veut faire un film, il finit toujours par y arriver. Mais cette fois-ci, je le sentais hésitant et peu sûr de lui. Il se demandait s'il était assez mûr, à la fois intellectuellement et affectivement, pour affronter le film dans toute sa complexité Il disait qu'il avait besoin de se sentir complètement adulte. »
Il y deux ans, quand Steven Zaillian, qui écrivit L'Eveil, termina sa version du scénario, Spielberg se sentit enfin prêt. Tout en sachant que cette fois, il ne pourrait pas faire un film sentimental. « Je sais que je suis sentimental, dit-il, mais c'est parce que j'aime les gens. Je vois toujours le côté positif de la nature humaine, ce qui conduit certains à qualifier, à juste titre, mes films de doucereux. Pour éviter que ça n'arrive sur La Liste de Schindler, j'ai dû me retenir sur beaucoup de scènes. »
Après avoir choisi Liam Neeson pour interpréter le rôle d'Oskar Schindler, Spielberg lui précisa qu'il n'avait pas besoin d'en rajouter sur le charme du personnage. « Ses actes parlent d'eux-mêmes. » Outre Oskar Schindler, il n'y a que deux autres personnages principaux dans le film. L'un est celui d'Itzhak Stern, confié à Ben Kingsley, le comptable de l'usine qui, grâce à d'ingénieuse machinations, parvient à intéresser Schindler au péril qui menace ses ouvriers. L'autre est celui d'Amon Goeth, le commandant du camp de concentration, une brute jouée par l'acteur anglais Ralph Fiennes.
Pour le tournage, il a engagé un jeune directeur de la photo d'origine polonaise, Janusz Kaminski : « Nous ne voulions pasque le film ressemble à un documentaire, explique-t-il, mais qu'il soit véridique, qu'il reflète cette période des années 39 à 45. Parfois, Steven avait tendance à vouloir une photographie un peu trop glamour, mais il se retenait. Nous ne voulions pas que ce soit beau, simplement réaliste. » On retrouve cet état d'esprit chez Michael Kahn, le monteur du film : « N'essayons pas de faire du spectaculaire, me disait Steven, laissons les scènes se dérouler le plus naturellement possible. Oublie tes prises hollywoodiennes, reste collé au réel. »

En adaptant La Liste de Schindler, Spielberg avoue avoir vécu une expérience exceptionnelle. « Evidemment, dans chaque prise, il y a une caméra à l'œuvre. Pourtant je n'ai aucun souvenir de caméras sur le tournage. C'est incroyable, cela ne m'est jamais arrivé auparavant. »
, Au cours de ces dernières années, les différentes facettes de Steven Spielberg ont, finalement, réussi à composer un ensemble plus cohérent. Ce manque de maturité qu'on lui a si souvent reproché semble s'être peu à peu comblé, notamment depuis la naissance, il y a cinq ans, de son premier enfant qui fut suivie par ce qu'il appelle « une période de découverte personnelle. »
Simultanément, Spielberg a également renforcé son rôle de "plaque tournante" au sein d'Hollywood, faisant pour les autres « ce que Sheinberg a fait pour moi », c'est-à-dire incitant de nouveaux talents à s'affirmer. Ainsi, après avoir permis à Chris Columbus (Gremlins) et Lawrence Kasdan (Les Aventuriers de l'Arche perdue) d'écrire leur premier scénario, il a produit de nombreux films dont ceux de Robert Zemeckis (Retour vers le futur), Frank Marshall (Arachnophobie) ou Phil Joanou (Les Anges de la nuit).
A travers Amblin, il sponsorise une bourse qui permet à des auteurs d'écire des scénarios sous la tutelle de professionnels confirmés. Sa compagnie a également signé un accord pour soutenir l'écriture de pièces de théâtre susceptibles d'être adaptées au cinéma. Spielberg s'anime quand il évoque ses projets. « J'aime ce mot, mentor. Je n'oublierai jamais ce que ça fait d'être découvert par quelqu'un. Je me sens très responsable de la future génération de cinéastes. »


« Je me sens responsable de la future génération de cinéastes. »


Mais c'est peut-être avant tout en découvrant La Liste de Schindler que l'on réalise à quel point les différentes facettes de Spielberg ont su trouver leur harmonie. « Le public qui voit les premières images de ce film reste bouche bée, notait le critique de Variety, Peter Bart. Spielberg entraîne le spectateur dans les moments les plus terribles de l'Histoire et pourtant, on sort de là, en quelque sorte, anobli. » Que La Liste de Schindler lui permette ou non de retirer définitivement les guillemets à son statut de "Grand Réalisateur" — comme le succès du film et son titre de favori aux prochains Oscars peuvent le faire penser —, il est probable que Spielberg poursuivra dans cette voie. « Des films comme La Couleur pourpre, L'Empire du soleil et La Liste de Schindler décuplent mon sentiment de satisfaction, dit-il. Jurassic Park m'a dix fois moins excité que Schindler. Et même si cela peut sembler étrange, c'est ce genre de sujet qui me comble le plus. » Cela ne veut pas dire qu'il abandonnera pour autant les films de contes de fées ou à effets spéciaux. « Je suis encore dans ce métier pour satisfaire mon besoin d'amuser le public et de le rendre heureux », dit-il, en avouant se sentir prêt à tourner un quatrième Indiana Jones s'il trouve le bon scénario. « En réalité, je prends toutes mes décisions sur des coups de cœur. Jamais en réfléchissant. Cela a parfois donné des films pas très bons, d'autres très bons. » Spielberg sourit. « Ce ne sont que les coups de cœur d'un être humain, vous savez. »
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Message par Commissaire Bialès »

J'avais crée un topic il y a un gros mois de cela ! :? :shock:
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Message par Tuck pendleton »

Commissaire Bialès a écrit :J'avais crée un topic il y a un gros mois de cela ! :? :shock:
il a été perdu
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Message par Momo la crevette »

Commissaire Bialès a écrit :J'avais crée un topic il y a un gros mois de cela ! :? :shock:
Tu penses que ton ego s'en remettra ?

Momo
styx a écrit :Je comprends pas grand chose à vos salades, mais vous avez l'air bien sur de vous, donc zetes plus à même hein de parler, de sacrés rigolos que vous faites en fait, merde ça rime lourd là, je vais éditer. mdr
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Message par Alex Blackwell »

Vu au lycée au cinéma: un bon film pour moi mais un de mes profs d'allemand avait secoué la tête de dénégation en parlant de ce film (il l'avait vu avec un certain nombre d'amis et la réaction avait été unanime) et beaucoup d'allemands ont réagi de la même manière. Spielberg aurait fait n'importe quoi (un de mes meilleurs amis de confession juive m'a confirmé): je n'ai pas les éléments pour me prononcer alors j'arête là :arrow:
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Star Maker a écrit :Vu au lycée au cinéma: un bon film pour moi mais un de mes profs d'allemand avait secoué la tête de dénégation en parlant de ce film (il l'avait vu avec un certain nombre d'amis et la réaction avait été unanime) et beaucoup d'allemands ont réagi de la même manière. Spielberg aurait fait n'importe quoi (un de mes meilleurs amis de confession juive m'a confirmé): je n'ai pas les éléments pour me prononcer alors j'arête là :arrow:
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Message par Vazymollo »

Nikita a écrit :
Star Maker a écrit :Vu au lycée au cinéma: un bon film pour moi mais un de mes profs d'allemand avait secoué la tête de dénégation en parlant de ce film (il l'avait vu avec un certain nombre d'amis et la réaction avait été unanime) et beaucoup d'allemands ont réagi de la même manière. Spielberg aurait fait n'importe quoi (un de mes meilleurs amis de confession juive m'a confirmé): je n'ai pas les éléments pour me prononcer alors j'arête là :arrow:
C'est un peu les réactions que j'ai vues autour de moi de sorte que je suis dubitatif
Ah merde c'est grave ça... J'ai beaucoup aimé ce film. Et il y a beaucoup de gens qui le prennent pour un faux documentaire... Par contre, je ne vois pas ce que Spielberg aurait mal fait :?
Martin Quatermass
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Message par Martin Quatermass »

Nikita a écrit :
Star Maker a écrit :Vu au lycée au cinéma: un bon film pour moi mais un de mes profs d'allemand avait secoué la tête de dénégation en parlant de ce film (il l'avait vu avec un certain nombre d'amis et la réaction avait été unanime) et beaucoup d'allemands ont réagi de la même manière. Spielberg aurait fait n'importe quoi (un de mes meilleurs amis de confession juive m'a confirmé): je n'ai pas les éléments pour me prononcer alors j'arête là :arrow:
C'est un peu les réactions que j'ai vues autour de moi de sorte que je suis dubitatif
C'est pareil, l'un de mes amis déteste ce film a cause de ça. Faudrait que je lui demande de m'en expliquer les raisons.
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Flol
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Message par Flol »

Martin Quatermass a écrit :
Nikita a écrit :
C'est un peu les réactions que j'ai vues autour de moi de sorte que je suis dubitatif
C'est pareil, l'un de mes amis déteste ce film a cause de ça. Faudrait que je lui demande de m'en expliquer les raisons.
"à cause de ça"...mais c'est quoi "ça" ??
Là je m'excuse mais pour le moment, personne n'a dit clairement quelles sont les choses qui auraient choqué la communauté juive (ou autre). :?
Martin Quatermass
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Message par Martin Quatermass »

ratatouille a écrit :
Martin Quatermass a écrit :
C'est pareil, l'un de mes amis déteste ce film a cause de ça. Faudrait que je lui demande de m'en expliquer les raisons.
"à cause de ça"...mais c'est quoi "ça" ??
Là je m'excuse mais pour le moment, personne n'a dit clairement quelles sont les choses qui auraient choqué la communauté juive (ou autre). :?
Justement, c'est ce ça que je voudrais connaitre. Perso, la seule chose qui me gène c'est les scènes de douche (mais on en a déjà parler)
tuco dunn
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Message par tuco dunn »

la scéne de la douche ne peut-elle pas être percue comme un exemple de le torture subie par ces gens qui attendent d'être exterminés, si on se place de leur point de vue et non pas du point de vue d'un spectateur analyste(qui y voit un effet de suspense lui étant déstiné), on peut imaginer que cela soit terrible, ils pensent que c'est la fin, mais ce sera pour plus tard...
"Que celui qui n'a pas traversé ne se moque pas de celui qui s'est noyé"
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