Claude Lelouch

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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zeotrope
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Re: Claude Lelouch

Message par zeotrope »

Jeremy Fox a écrit :Tu trouves que c'est un exemple de bons dialogues ? C'est effectivement de ce style plat et sans surprises tout le long... lorsqu'ils sont tendres. Et ça sonne constamment faux. Non franchement je ne trouve pas ce film d'une grande intelligence contrairement au Pialat sur un thème similaire qui me semble d'une force peu commune au contraire. Autant Jobert et Yanne paraissent crédibles, autant leurs relations font mal, autant celles entre Rufus et Bulle Ogier sentent l'artifice à plein nez, le truc pour choquer le spectateur (qui ne l'est pas du tout mais plutôt consterné ; je parle pour moi). Et puis faire des plans séquences de 10 minutes sur des scènes parfois totalement inutiles et inconsistantes, je n'appelle pas forcément ça de la sobriété mais plutôt de l'épate. Si j'ai été agressif envers ce film c'est que je l'ai trouvé aussi mauvais sur l'écriture que sur la mise en scène. Après je n'en veux ni à Lelouch ni à ses collaborateurs ; je déteste juste ce film précis. Lelouch n'est pas fait pour l’âpreté ni pour la moquerie ; tout sonne aigre et méprisant (la fausse bonne idée des décennies débutant par le même discours du 06/juin...)
Mais c'est le sujet du film qui amène tout ça. Une relation de merde avec tous les compromis foireux qui vont avec. Tu compares avec Pialat mais ça n'a rien à voir. Dans le film de Pialat il y a une peur de l'engagement. Dans Mariage, comme son nom l'indique il ne s'agit que de ça. L'union prison avec une Bulle Ogier comme un oiseau dans sa cage. L'ennui, la médiocrité, tout ce qui peut déplaire à un tas de gens pouvant un peu trop s'identifier dans ce huit clos étouffant, chiant, pas aimable mais finalement très efficace pour les réactions très tranchées qu'il suscite.
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Jeremy Fox
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

zeotrope a écrit : Mais c'est le sujet du film qui amène tout ça. Une relation de merde avec tous les compromis foireux qui vont avec. Tu compares avec Pialat mais ça n'a rien à voir. Dans le film de Pialat il y a une peur de l'engagement. Dans Mariage, comme son nom l'indique il ne s'agit que de ça. L'union prison avec une Bulle Ogier comme un oiseau dans sa cage. L'ennui, la médiocrité, tout ce qui peut déplaire à un tas de gens pouvant un peu trop s'identifier dans ce huit clos étouffant, chiant, pas aimable mais finalement très efficace pour les réactions très tranchées qu'il suscite.
J'aurais très bien pu aimer la même histoire si le film ne m'avait pas semblé aussi faux, s'il n'avait pas d'aussi mauvais dialogues, un scénario aussi minable et s'il n'était pas aussi méprisant envers tous ses personnages. C'est mon ressenti et je me vois mal aimer un huis-clos chiant comme tu le dis si bien. Un film chiant est un film chiant ; je ne vois pas comment tu peux transformer le fait d'ennuyer le spectateur en une qualité cinématographique !? Car oui je te l'accorde, Lelouch est très chiant pour le coup. Il a au moins réussi une chose si c'était son intention. :idea:
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Re: Claude Lelouch

Message par zeotrope »

Jeremy Fox a écrit :J'aurais très bien pu aimer la même histoire si le film ne m'avait pas semblé aussi faux, s'il n'avait pas d'aussi mauvais dialogues, un scénario aussi minable et s'il n'était pas aussi méprisant envers tous ses personnages.
J'avais déjà compris tes arguments la première fois. J'ai tenté d'expliquer l'efficacité du film qui se montre volontairement déplaisant, comme son sujet. Pourquoi s'acharner avec des mots si durs?
Des films volontairement désagréables mais utiles et incitant à la réflexion il y en a beaucoup. L'exemple que je pourrais rapprocher du film de Lelouch serait Jeanne Dielman de Chantal Ackerman. Un monument d'ennui mais inoubliable.
Dernière modification par zeotrope le 15 juil. 15, 14:53, modifié 1 fois.
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

zeotrope a écrit :
Jeremy Fox a écrit :J'aurais très bien pu aimer la même histoire si le film ne m'avait pas semblé aussi faux, s'il n'avait pas d'aussi mauvais dialogues, un scénario aussi minable et s'il n'était pas aussi méprisant envers tous ses personnages.
J'avais déjà compris tes arguments la première fois. J'ai tenté d'expliquer l'efficacité du film qui se montre volontairement déplaisant, comme son sujet. Pourquoi s'acharner avec des mots si durs?
Et moi ce que j'essaie de dire c'est que je peux tout à fait apprécier un film déplaisant (c'est pour cette raison que je cite et que je le compare à Pialat, ses films aussi assez déplaisants et mal aimables, qui montre aussi un couple qui se déchire avec violence) ; à condition que je me sente concerné par ce qu'on me met sur les yeux, que j'y croie ne serait-ce qu'un peu, que l'ensemble ne ressemble pas à du mauvais théâtre, à du grand n'importe quoi filmé en treize jours pour être dans les clous quant à la superstition du cinéaste... bref paraissant totalement bâclé. Ici, j'étais gêné pour tous les participants au film. Toujours à mon avis sans que je ne pense détenir une quelconque vérité.
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

zeotrope a écrit : Un monument d'ennui mais inoubliable.
Ah voilà une partie de nos divergences quant au film ; ça ne fonctionne pas du tout avec moi le regroupement de ces deux termes. L'ennui au cinéma est rédhibitoire me concernant, jamais inoubliable, jamais plaisant. L'ennui devant un film, c'est ce qu'il y a de pire pour ma part.
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Re: Claude Lelouch

Message par zeotrope »

Jeremy Fox a écrit :
zeotrope a écrit : Un monument d'ennui mais inoubliable.
Ah voilà une partie de nos divergences quant au film ; ça ne fonctionne pas du tout avec moi le regroupement de ces deux termes. L'ennui au cinéma est rédhibitoire me concernant, jamais inoubliable, jamais plaisant. L'ennui devant un film, c'est ce qu'il y a de pire pour ma part.
Oui mais la magie d'un cinéma bien écrit, bien réalisé, permet d'en retirer une expérience plus forte et durable que beaucoup de divertissements. Cela m'est arrivé de m'ennuyer devant des films d'auteurs (Fassbinder pour ne citer que lui) exigeants mais étrangement à la fin j'étais content d'avoir été au bout avec la certitude d'avoir vu quelque chose de fort. C'est paradoxal mais c'est aussi ce qui continue à me rendre curieux et à stocker du film pour revoir ce qui a pu m'échapper la première fois. Les apparences sont parfois bien trompeuses. Derrière un divertissement sans temps mort l'oubli ou l'insatisfaction arrivent peu après. J'ai comblé le vide le temps d'un film qui ne me laisse rien d'autre. Comme de me remplir avec de la malbouffe plaisante sur le moment mais lourde à digérer avec l'envie de ne plus céder à la facilité. Parler de l'ennui en le montrant tel qu'il est, être seul(e) à deux, sur tant d'années, ou bien comme dans Jeanne Dielman se mettre au rythme de cette solitude pendant trois heures c'est une mise en situation pour un spectateur que je trouve déterminante y compris dans son rejet le plus fort.
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

zeotrope a écrit :Parler de l'ennui en le montrant tel qu'il est
Tout est possible effectivement ; Dino Buzzati et Valerio Zurlini ont réussi à le faire (Le Désert des Tartares) ; pas Lelouch à mon humble avis. Pour filmer l'ennui, on n'est pas obligé de chercher à ennuyer le spectateur.
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Message par Supfiction »

Evidemment, Bulle Ogier n'est pas mise en valeur comme dans La Salamandre. On peut l'aimer dans les deux, je ne vois pas le problème. Et justement, quand on connaît un peu l'actrice, il est intéressant de la voir ainsi "en cage".
Mariage est en fait tellement noir que je comprends finalement qu'il puisse être un peu dérangeant. Le film décrit la triste réalité d'un mariage voué à l'échec notamment à cause d'un malentendu initial : elle veut vivre à Paris, lui non (et s'imagine sans doute qu'il s'agit d'une passade). Petites habitudes agaçantes, paresse, ennui, lâcheté et renoncements transforment alors rapidement l'adorable petit couple de la première séquence en un duo infernal dans lequel la cruauté a rapidement remplacé le désir et l'amour.
Lelouch était effectivement de mauvaise humeur, à la fois pessimiste et cynique. La vision du mariage qu'il donne à ce moment là est tout de même étonnante pour quelqu'un qui a été marié trois fois et a vécu avec autant de femmes. C'est vraiment un film à part dans sa filmographie. Tout comme Roman de gare que personne n'imaginerait être un film de Lelouch sans générique.
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Encore une fois ce ne sont pas les intentions que je critique, c'est uniquement le résultat. Car des films mal aimables sur le mariage ou sur la désagrégation d'un couple, il en existe néanmoins un certain nombre, autrement plus réussis, autrement plus étouffants, autrement plus puissants. Car le problème est que Mariage ne m'a aucunement dérangé, choqué ou quoique ce soit ; j'avais juste envie d'en finir le plus rapidement possible ; plus ça allait, plus ça s'enfonçait...
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Re: Claude Lelouch

Message par zeotrope »

Tout ça pour ça - 1993

Je garde une sympathie particulière pour cette période de Lelouch (1988-93). Comédie foutraque qui selon son réalisateur est le 1er film qui rassemble tous ses thèmes de prédilection, j'ai envie de dire: comme chacun de ses films. C'est très inégal, c'est agaçant parfois, mais j'en ressors à chaque fois content. Lelouch n'est blasé de rien, et les moments d'improvisation sont les meilleurs. De mémoire c'est le film qui rassemble le plus de femmes de sa vie. Deux ex, sa future, sa fille. Le cinéma est une grande famille :mrgreen: Tout ce petit monde est filmé avec amour et ça se ressent. Lelouch est naïf, idéaliste, tenace et optimiste. Et ça fait du bien. 1993, déjà... tout le monde a pris son coup de vieux à la revoyure et moi aussi. Ils étaient tous rayonnant. On a droit à la ritournelle Lai/Servain, qui frise le ridicule par moment. Mais bref comme je le disais Lelouch est inégal et ce film concentre aussi ces variations. Il voulait se détendre après une rupture, faire quelque chose de léger, de ce point de vue c'est réussi mais ça reste je crois un film réservé aux amateurs de Lelouch. Les autres risquent de s'y fracasser d'ennui et d'incompréhension.
Un bon moment pour moi.

Bluray minimaliste, menu muet, transfert correct sans plus mais qui justifie quand même le rachat en vidéoprojection. Petit supplément de quelques minutes façon Mocky ou Lelouch fait du "moi, je" en solo.

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Message par Joshua Baskin »

zeotrope a écrit :Tout ça pour ça - 1993

Je garde une sympathie particulière pour cette période de Lelouch (1988-93). Comédie foutraque qui selon son réalisateur est le 1er film qui rassemble tous ses thèmes de prédilection, j'ai envie de dire: comme chacun de ses films. C'est très inégal, c'est agaçant parfois, mais j'en ressors à chaque fois content. Lelouch n'est blasé de rien, et les moments d'improvisation sont les meilleurs. De mémoire c'est le film qui rassemble le plus de femmes de sa vie. Deux ex, sa future, sa fille. Le cinéma est une grande famille :mrgreen: Tout ce petit monde est filmé avec amour et ça se ressent. Lelouch est naïf, idéaliste, tenace et optimiste. Et ça fait du bien. 1993, déjà... tout le monde a pris son coup de vieux à la revoyure et moi aussi. Ils étaient tous rayonnant. On a droit à la ritournelle Lai/Servain, qui frise le ridicule par moment. Mais bref comme je le disais Lelouch est inégal et ce film concentre aussi ces variations. Il voulait se détendre après une rupture, faire quelque chose de léger, de ce point de vue c'est réussi mais ça reste je crois un film réservé aux amateurs de Lelouch. Les autres risquent de s'y fracasser d'ennui et d'incompréhension.
Un bon moment pour moi.

Bluray minimaliste, menu muet, transfert correct sans plus mais qui justifie quand même le rachat en vidéoprojection. Petit supplément de quelques minutes façon Mocky ou Lelouch fait du "moi, je" en solo.

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Je n'ai vu le film qu'une fois il y a très longtemps (c'est dans celui-là ou la chanson thème est de Philippe Léotard ?) et je suis assez d'accord avec toi. A quelques exceptions près, bien que la grande période de Lelouch se soit arrêtée à la fin des années 70, on continue de retrouver quelque chose de profondément sincère dans son cinéma. Il croit en ce qui fait même dans la naiveté la plus totale, c'est parfois (souvent?) raté mais on ne peut nier la sincérité du réalisateur. Si le cynisme est la lie du cinéma contemporain, Lelouch en serait une exception.
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Re: Claude Lelouch

Message par Supfiction »

zeotrope a écrit :et les moments d'improvisation sont les meilleurs.
Tout à fait. Luchini a d'ailleurs explosé suite à la fameuse scène de la tente.
Dulery a commencé à se faire reconnaître avec ce film.
Je ne l'ai pas revu depuis longtemps mais dans mon souvenir, c'était son meilleur des années 90.
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Salaud on t'aime - 2014

Le cadre est magnifique (le Val d'Arly), la complicité entre Johnny et Eddy Mitchell rejaillit à l'écran, la première heure est attachante mais il faut faire avec le ridicule de la moitié des dialogues, une interprétation très inégale et le grotesque des situations surtout durant la dernière demi-heure qui fait s'écrouler l'émotion que nous avions pu ressentir auparavant. Quant à Lelouch metteur en scène, il semble s'être plu au sein de ces paysages de montagne mais il ne surprend néanmoins jamais vraiment. Dommage car il y avait un potentiel émotionnel assez fort au début.
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Re: Claude Lelouch

Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit :Salaud on t'aime - 2014

Le cadre est magnifique (le Val d'Arly), la complicité entre Johnny et Eddy Mitchell rejaillit à l'écran, la première heure est attachante mais il faut faire avec le ridicule de la moitié des dialogues, une interprétation très inégale et le grotesque des situations surtout durant la dernière demi-heure qui fait s'écrouler l'émotion que nous avions pu ressentir auparavant. Quant à Lelouch metteur en scène, il semble s'être plu au sein de ces paysages de montagne mais il ne surprend néanmoins jamais vraiment. Dommage car il y avait un potentiel émotionnel assez fort au début.
Oui, mais..
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Oui, ça fait partie des quelques très jolies séquences.
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