Bronco Billy (Clint Eastwood - 1980)

[Margo]

Vu hier grâce à l'opération "Eastwood pas chers" dans toutes les bonnes échoppes. Le DVD est d'une qualité très médiocre (aïe aïe aïe la compression) mais le film assez intéressant même si ça reste un Eastwood mineur. On retrouve son goût pour les paumés et les rejetés de l'Amérique, le tout filmé avec une retenue et un tact qui annoncent le grand Eastwood (notamment dans une très belle scéne de pluie au début).

Qui en pense quoi ?

[Roy Neary]

Comme je te l'avais déjà dit, j'aime beaucoup ce film (je t'avais prévenu pour la compression ).
Je suis un peu déçu que tu ne l'aies pas aimé plus que ça. J'adore le personnage de Bronco Billy, un marginal qui vit dans un passé légendaire, mais que la plupart des gens regardent avec condescendance et mépris. Quand il est dans son chapiteau, sur scène, il est le roi du monde. En dehors, il n'est quasiment rien, le reflet d'une époque révolue qui se prend la modernité en pleine gueule.
J'aime aussi le ton du film et ses couleurs automnales, ainsi que son rythme lent. Pareil pour l'ensemble de sa troupe, une bande de paumés truculents, qui entoure Bronco Billy.
Je ne pense pas que ce soit un Eastwood mineur, même s'il a fait encore mieux par la suite dans la même tonalité avec Honkytonk Man.

[Margo]

Attends, je l'ai bcp aimé, j'émets juste un bémol par rapport au reste de sa carrière. Mais j'abonde dans ton sens pour tout le reste...

Sondra Locke n'est pas la plus grande actrice au monde ceci dit...

[Roy Neary]

Sondra Locke n'est pas la plus grande actrice au monde ceci dit...

En effet oui, mais ils formaient un joli couple quand même. J'aime bien sa froideur dans Sudden Impact.

[Leopold Saroyan]

Ce n'est pour moi absolument pas un Eastwood mineur mais bien un Eastwood majeur. le film poursuit quelque peu les thématiques de Josey-Wales: sens de la famille, du respect, demythification du monde du western.
Comme Roy, je trouve les personnages très touchant car souvent méprisés par une bonne partie du public: tout le monde assiste à son show mais tout le monde y trouve de la naïveté quand ce n'est pas de la ringardise. Le film regorge de beaux moments comme le magnifique dans l'asile où deux des personnages de la troupe font un mini-bilan de leur vie: très beau.
C'est pour moi le film qui va amorcer le style Eastwood, beau, lent et mélancolique et que le cinéaste va transcender trois ans plus tard avec son plus grand film selon moi, Honkytonk man.

Un film trop méconnu.

[NUTELLA]

je vous rejoins totalement,je l'ai vu il y a quelques mois,je n'en attendais rien,et ce fut vraiment une exellent surprise.Eastwood est vraiment magistral dans le role de ce "loser",et j'adore l'ambiance nostalgique de ce Bronco Billy
c'est un film sensible,drole et emouvant.une grande et belle réussite...

[Tuck pendleton]

J'ai découvert le film hier et il se hisse aisément parmi mes Eastwood préférés. Bronco Bily entretient il est vrai la même approche que celle de Honkytonk man avec toutefois une teneur plus optimisme et un sujet qui je dois l'avouer m'intéresse un petit peu plus que celui du "Blues".
Dans le cadre du spectacle, Eastwood commence déjà à briser ici son image sans prêchi-prêcha en nous emmenant dans l'envers du décor et nous faire partager le quotidien de ses "ringards" qu'il nous montre avec énormément d'affection. C'est dans le portrait de cette gallerie de personnages que tient la grande réussite du film et après un temps d'adaptation, la suite de saynète mettant en scène leur péripéties fonctionne merveilleusement bien sans qu'une réelle baisse de rythme ne se fasse sentir. Pendant la vison, j'en étais venu à craindre un scorie tant le film me procurait un miraculeux et continuel plaisir. On finit par s'attacher à chacun des personnages de la troupe en n'ayant jamais l'impression que l'un d'eux à été sous exploité ou caricaturé.

L'éden nostalgique entretenu par Bronco Billy et ses compagnons et son décalage avec le monde moderne donnent beaucoup de belles scènes comme celle de l'attaque de train avorté où le comique crée par l'absurdité de la scène et la réaction des passagers du train se mèlent à une mélancolie plus profonde lié à l'illustration de ce monde à deux vitesses. Eastwood parle également de sa condition d'acteur à travers beaucoup de dialogues explicites tout en rebouclant intelligemment sur des questions existentielles et la manière de vivre sa vie. J'ai été ému et ce à plusieurs niveaux quand par exemple Sondra Locke pose à Billy la question "Est ce que vous êtes 'vrai'?" et que ce dernier répond "Je suis ce que je veux être". A ces moments, le statut de l'acteur et le personnage du film ne font alors plus qu'un et rendent certains instants comme celui ci très forts.

Le cinéaste rend aussi un hommage touchant et drôle aux westerns en reprenant sous un traitement ironique quelques scènes clichées du genre (Duel avec le shérif, Attaque du train, scène avec les enfants) et en castant quelques anciens seconds rôles connus (Hank Worden en pompiste).

Un petit bijou

[nobody smith]

Comme ceux qui ont précédé sur ce topic, je suis complètement convaincu par ce film qui se hisse aisément parmis les meilleurs d’Eastwood. Je mettais laissé convaincre par sa réputation de film mineur et je m’attendais à quelque chose d’assez désuet au vu que des quelques images que j’avais chopé. À sa vision pleine en entière, ce côté désuet est justement le moteur même du film. Eastwood dresse une peinture terriblement émouvante de cette troupe de marginal enfermé dans des valeurs anciennes mais se faisant toujours rattrapé par le monde actuelle. Ce que marque notamment brillament la sous-intrigue autour du personnage de Sondra Locke où tout le monde apparaît stupide quand ça n’est pas cupide. Dans un monde si creux, on en vient facilement à s’attacher à ces loosers qui avec un spectacle (pas franchement glorieux avouons-le) tente d’y instiller un imaginaire nostalgique. Simple, beau, riche et touchant... Une vraie petite merveille en somme.

[Watkinssien]

C'est, je crois, le premier film d'Eastwood à avoir bénéficié d'un accueil critique beaucoup plus favorable que d'habitude.

Quoi qu'il en soit, Bronco Billy est une réussite, doublée d'une oeuvre véritablement chaleureuse, attachante, au classicisme déjà efficace.
Le film arrive à une absence de prétention remarquable, obligeant son personnage principal, taillé sur mesure pour l'acteur-cinéaste, à s'humilier pour obtenir une forme d'équilibre dans son mode de vie.

[Commissaire Juve]

Il est passé hier sur ARTE. J'ai pu le voir. Je crois (???) que c'était une découverte et j'ai bien aimé, j'ai trouvé les personnages attachants.

Incidemment : je me suis longtemps demandé ce qui était arrivé au shérif, mais... chut !

Enfin, remarque passionnante : à un moment, je me suis dit que Sondra Locke était vraiment petite ou que Clint était vraiment grand. Je viens d'aller vérifier et... 1,93 m ! Je n'avais jamais vraiment fait attention !