Mamoru Oshii

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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nobody smith
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Re: Mamoru Oshii

Message par nobody smith »

tenia a écrit :
monk a écrit :Des avis sur Assault Girls qui vient de sortir directement en video chez nous ?

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Je pense me le choper, mais parait que c'est chiantissime.
Je confirme, c'est bien raté. Pour faire court, c'est une sorte de spin-off d'Avalon dont le principal mérite est d'être très court. L'imagerie du film reste assez attrayante mais au-delà, Oshii se montre ici tellement poseur et prétentieux que ça en devient casse-pied (surtout vu lla minceur du propos qu'il souhaite tenir). Il vaut largement mieux se revoir en boucle Avalon et passer outre ce assault girls.
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Jericho
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Re: Mamoru Oshii

Message par Jericho »

J'ai pas trouvé que c'était si nul que ça.
Alors certes, le court métrage se suffisait à lui même, je n'ai d'ailleurs, pas trop cerné l’intérêt d'en faire un long métrage. Certes, Oshii tourne méchamment en rond depuis quelques temps.
Mais contrairement à son dernier essai animé Sky Crawlers, je ne me suis pas ennuyé (le film est très court), les trois gonzesses ont la classe, c'est bien réalisé et le côté spin-off d'Avalon n'est pas déplaisant en soit.
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Profondo Rosso
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Re: Mamoru Oshii

Message par Profondo Rosso »

Patlabor (1989)

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Dans un monde futuriste, la police de Tokyo, comme de nombreux industriels, utilise des robots géants appelés Labors. Alors que la ville est en passe de devenir une nouvelle Babylone grâce à l’utilisation massive de ces Labors, le gouvernement constate de plus en plus de dérèglements des robots géants qui mettent en péril la population. Le nouveau système d’exploitation créé par la très puissante corporation Shinohara, en charge de la construction des Labors, serait à l’origine des incidents. Défaut de fabrication ou sabotage, les officiers Noah Izumi et Azuma Shinohara mènent l’enquête...

Patlabor est la première œuvre maîtresse d'un Mamoru Oshii enfin libre de ses ambitions. Au sortir de ses études, Oshii comme tant d’autre intègre le rigoureux monde de l'animation japonaise et plus précisément télévisée où il gravit progressivement les échelons. Il réalise notamment de nombreux épisodes de la célèbre série Lamu au début des années 80, au point de de s'en voir confier les transpositions cinématographiques. C'est avec la seconde, Lamu : Un rêve sans fin (1984) que Oshii signera sa première œuvre personnelle avec ce récit préfigurant Un jour sans fin (1993) d'Harold Ramis et contenant déjà toutes ses thématiques et questionnements sur l'illusion et le réel. On y découvre le style lent et contemplatif d'Oshii aux antipodes de la comédie sentimentale hystérique du manga original de Rumiko Takahashi (qui montrera une grande réticence face à cette adaptation) décontenançant les fans qui bouderont le film. Les curieux et les cinéphiles décèleront par contre la présence d'un vrai artiste saluant ce premier éclat. Après cette réussite et quelques projet avorté (le film Anchor qu'il devait signer pour Ghibli mais qui ne se fera pas faute d'entente avec Hayao Miyazaki et Isao Takahata) il passera en indépendant le temps de quelques tentative expérimentales comme L'œuf de l'ange (1985). Oshii prend son envol en intégrant le collectif Hedgear où il retrouve plusieurs amis partageant sa sensibilité comme le scénariste Kazunori Ito ou le compositeur Kenji Kawai et où à la manière du Studio Gainax au même moment le groupe se propose d'offrir des productions différente. Patlabor sera donc le premier grand projet du collectif, décliné en OAV, série tv, manga (soit le processus inverse où le support papier vient en premier dans ce type de projet) et enfin films signés Mamoru Oshii. Chaque déclinaison se déroule dans un même univers et avec les mêmes héros mais avec à chaque fois une tonalité propre. Patlabor se déroule dans un Japon au futur proche où les hommes utilisent à grandes échelles de gigantesques robots appelés les Labor. Loin de l'utilisation héroïque à la Goldorak, on est ici dans une veine réaliste où ces machines n'ont qu'un rôle fonctionnel, les intrigues intimiste privilégiant les personnages au sein notamment l'Unité de police usant des Labor.

Patlabor : le film déploie donc une intrigue complexe où l'usage et la dépendance à ces machines est remise en cause. Le nouveau système d'exploitation des Labor, le HOS semble provoquer un dérèglement qui qui les rend incontrôlable et menace la population par leur capacité de destruction. Oshii entremêle trame policière captivante, questionnement politiques et philosophiques avec un brio rare. Le dérèglement semble ainsi dû à un virus inséré par le créateur du programme aux motivations nébuleuses et disparu avec le secret de son invention. Contrairement au deuxième volet où il s'en détachera grandement, Oshii équilibre idéalement ici le ton léger de la série avec les attachants personnages de l'unité Labor (Noa entichée de son robot Alphonse et sa relation tapageuse avec son partenaire Asuma, le charismatique Capitaine Goto) et la profondeur thématique qui lui est propre. Les collusions politico-industrielle sont ainsi dénoncées ici avec une entreprise rechignant à rendre publiques les défaillances de son outil synonymes de gros contrats malgré le danger encouru et ce couvert par le gouvernement. Cette soumission inconsciente à la technologie reflète en fait l'état d'esprit d'un Oshii s'interrogeant sur la quête de modernité du Japon. Les phénomènes provoquant la défaillance des Labors proviennent en effet des derniers quartiers populaire ayant résisté à l'invasion de tours de verre et de bâtiments High Tech constituant désormais Tokyo. L'enquête nous promène dans ces lieux amenés à disparaître dans de fascinantes séquences bercées du score entêtant et hypnotique de Kenji Kawai. La symbolique est marquée puisque cette modernisation s'inscrit dans le projet Babylone tandis que le plan de sabotage des Labor est quant à lui nommé Babel. Tout comme dans l'Ancien Testament, les hommes ayant voulu égaler Dieu se voient donc punis pour leur impudence avec la confusion semées dans leur machines.

Toujours dans cette analogie religieuse, c'est par L'Arche, architecture symbole de cette toute puissance technologique que viendra le chaos final. Après tout le captivant ton feutré qui a jusque-là dominé, Oshii offre un final haletant et spectaculaire en forme de course contre la montre . La menace lourdement asséné tout au long du film devient concrète par un cheminement parfait, faisant de Patlabor un thriller technologique brillant et bien au-dessus de la majorité des tentatives "live" en la matière. La mise en scène d'Oshii cherche d'ailleurs constamment à se rapprocher au plus près de prise de vue réelle. Les motifs de japanimation généralement utilisé pour économiser des photogrammes ont ici une vraie justification artistique. Les longues scènes où les visages ne sont pas visibles lors des scènes de discussion (permettant de ne pas à avoir à animer leur visage) s'inscrivent ici dans cette volonté d'atmosphère lente et pesante voulue par Oshii. Le sens du détail et les compositions de plan fouillées de ce monde futuriste surchargé participe également à ce sentiment de réalisme étouffant, l'action n'en étant que plus impressionnante lorsqu'elle se déchaîne tel cet extraordinaire face à face entre deux mécha au lever du soleil. Une grande œuvre SF qui allait mettre sur orbite le talent de Mamoru Oshii. 6/6
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Profondo Rosso
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Re: Mamoru Oshii

Message par Profondo Rosso »

Patlabor 2 (1993)

Trois ans après les événements tragiques liés au projet Babylone et à l'arche, un Labor des Nations Unies est détruit durant une opération de maintien de la paix en Asie du Sud-Est. Cet incident va être le déclencheur d'un plan machiavélique visant à incriminer les forces d’autodéfense japonaises et créer au Japon une panique à l’échelle nationale. Les agents Gotô et Nagumo de l'unité spéciale 2 sont alors sollicités par un membre de la commission d'enquête spéciale de l'armée de Terre pour travailler sur l'affaire. Mais la situation va vite se corser lorsqu'ils apprennent que le cerveau de cette entreprise terroriste n'est autre que Yukihito Tsuge, l’ancien mentor et amant de Nagumo.

Trois ans après Patlabor qui lui permit d'enfin exprimer pleinement son talent, Mamoru Oshii signait avec cette suite une œuvre maîtresse et totalement imprégné de son style. Le réalisateur avait dans ce premier film trouvé l'équilibre idéal entre la tension du polar SF et ses envolées réflexives et philosophiques mais aussi entre la tonalité plus modeste du matériau original (les OAV et la série TV plus portés sur les actions quotidiennes de l'unité Labor) et l'ambition de la profondeur thématique voulue. Avec Patlabor 2, Oshii s'affranchit de toutes les contraintes initiales pour totalement s'approprier un matériau devant cette fois se fondre dans son univers.

Le Japon totalitaire et va t en guerre qui conduisit le pays à la débâcle d'Hiroshima est une obsession dans l'œuvre d'Oshii, notamment dans son cycle de Kerberos (les deux tentatives lives The Red Spectacles (1987), Stray Dogs (1981) entre autres) dont le fabuleux Jin-Roh, La brigade des loups (1999) qui nous plongeait dans l'uchronie d'un Japon alternatif d'après-guerre.. Le film s'ouvre sur un attentat inexpliqué voyant l'explosion d'un pont routier. Les télévisions sont alors immédiatement fournies en images qui révèlent que l'explosion a été provoquée par un missile issu d'un chasseur américain modifié technologiquement par les japonais, l'appareil venant sans doute des troupes us installées autour du pays. Une révélation qui suffit à créer la tension entre les deux pays et provoquer la peur et la paranoïa au sein de la population, sauf que l'image est fausse et a été mise en circulation par un dangereux terroriste, Tsuge. Ce dernier n'est autre qu'un des créateurs du programme des Labors, ces robots gigantesque inscrit dans ce quotidien futuriste autant au sein de la police que de l'industrie et des militaire.

L'unité 2 est plutôt ici dépassée par les évènements, Oshii mettant les héros de la série en retrait hormis le perspicace Capitaine Goto et Shinobu Nagumo, au cœur du drame puisque ancienne élève et amante du terroriste. Le personnage gagne en profondeur par rapport à la série et au premier film avec son sérieux et sa froideur mis à mal et constitue le pivot émotionnel du film. Oshii nous montre de façon limpide comment la peur peut faire dériver dans le totalitarisme. L'action initiale (et finalement sans danger) de Tsuge sert ainsi d'élément déclencheur à une peur conduisant réveillant un autoritarisme oublié, la paranoïa crée se voyant soignée par un retour à la loi martiale au sein du pays. Il est largement sous-entendu que le pays ne s'est jamais débarrassé de ses vieux démons et qu'il suffirait d'un rien les ramener. L'ambiance est ainsi essentiellement nocturne, hivernale et dépressive dans une Tokyo enneigée dont les paysages sont progressivement envahis d'hélicoptères, tanks et soldats à la tunique sombre loin du sentiment de proximité et de la bienveillance suscitée par la blancheur des Labor ou des membres de l'unité. On plonge dans une atmosphère cotonneuse où le style contemplatif d'Oshii fait merveille pour exprimer ce sentiment d'attente inquiète sur les nappes de synthé aérienne de Kenji Kawai. Tout en questionnant les fondamentaux du Japon, le réalisateur est également visionnaire d'un esprit qui régira l'Amérique et le monde post 11 septembre. Le film Couvre-feu (1998) d'Edward Zwick pille d'ailleurs grandement Patlabor 2 sans jamais approcher sa profondeur. Le plan de Tsuge est d'ailleurs nébuleux et ambigu tout au long du film. Le terroriste est-il nostalgique de ce Japon guerrier et fier ou cherche-t-il à révéler une monstruosité jamais disparue par les réactions que génèrent ses coups d'éclats finalement sans vraie victimes collatérales ? C'est cette même ambiguïté que l'on peut trouver aussi chez Oshii fasciné dans tous ses films par l'arsenal militaire mais méfiant quant aux puissants qui guident son usage. Le message est d'ailleurs encore plus cinglant que dans le premier film où le gouvernement laissait passer une défaillance technologique dramatique par un intérêt et ici profite d'un contexte particulier pour asseoir son autorité.

Contrairement à ses films suivants où il se montre de plus en plus misanthrope (les deux Ghost in the Shell (1995, 2004), et Avalon (2001 où l'on se détache de l'enveloppe corporelle et de son environnement, l'humanité étant un fardeau) Oshii fait encore ici confiance aux hommes pour rétablir l'homme. Gôto est un personnage toujours aussi captivant d'intelligence et de droiture, les atermoiements de Nagumo sont des plus touchants (ce final somptueux) et on retrouve enfin les joyeux drilles de l'Unité 2 tel qu'on les aime lors du final (Isao le sensible de la gâchette, Noa entichée de son Labor) qui laisse enfin exploser l'action avec un brio rare (avec Oshii les morceaux de bravoure sont aussi parcimonieux que virtuose le final du premier Patlabor étant toujours aussi mémorable). Un monument de thriller politique formant un fabuleux diptyque (même si le premier garde ma préférence) pour Oshii. Celui-ci ne signera pas le troisième volet de la saga bien moins prenant en 2001 mais semble vouloir y revenir l'an prochain dans une adaptation live. Wait and see... 6/6
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Re: Mamoru Oshii

Message par Filou »

Très classe l'affice de Patlabor 2. :D

Merci pour les excellents textes. :wink:
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Profondo Rosso
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Re: Mamoru Oshii

Message par Profondo Rosso »

Merci pour les textes, j'ai eu un mal fou à trouver une grande affiche originale japonaise en plus :wink: Sinon bluray somptueux, j'en suis même venu à me demander si Oshii n'avait pas un peu retouché les films (ce qu'il a fait sur le blu de Ghost in the Shell parait il du coup j'hésite à le prendre) tellement c'était beau. Ca n'a pas pris une ride :)
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Re: Mamoru Oshii

Message par Gounou »

Profondo Rosso a écrit :Sinon bluray somptueux, j'en suis même venu à me demander si Oshii n'avait pas un peu retouché les films (ce qu'il a fait sur le blu de Ghost in the Shell parait il du coup j'hésite à le prendre) tellement c'était beau. Ca n'a pas pris une ride :)
Je l'ai revu hier également. J'ai trouvé le blu magnifique et très fidèle à mon souvenir du film (les cieux hivernaux, bleu-mauve). Sinon film toujours aussi passionnant.
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Re: Mamoru Oshii

Message par shubby »

Rhaaaa Oshii !
Marrant que vous en parliez, j'ai attaqué ses vieux live hier.
Talking Head. J'adore me prendre la tête sur un film, avec ça je suis servi. Un bon délire bien jouissif & ultra bavard, croisement dingue entre un Dogville, du Godard en mode fun, du manga... c'est du Oshii.
Dans la foulée je vais me faire ses Red Spectacles + Stray Dogs.
Pas lu le bouquin de Julien Sévéon encore : bien ?...
Choppez vous le 2nd chapitre de son Dallos : c'est excellent. Abscons comme la lune mais excellent.

Je m'étais fait des nœuds à la tête sur son vertigineux GITS 2, ce fut assez fun de plonger là-dedans :
http://www.cinemasie.com/fr/fiche/dossier/306/

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tenia
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Re: Mamoru Oshii

Message par tenia »

Et les BRs de Patlabor, ils sont bons ? Parce que le prix du coffret des 3 films est attractif, et comme ça fait des années que je repousse l'achat, je me dis que c'est probablement le bon moment.
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Profondo Rosso
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Re: Mamoru Oshii

Message par Profondo Rosso »

tenia a écrit :Et les BRs de Patlabor, ils sont bons ? Parce que le prix du coffret des 3 films est attractif, et comme ça fait des années que je repousse l'achat, je me dis que c'est probablement le bon moment.
Oui franchement des imperfections minimes mais c'est vraiment splendide dans l'ensemble (au point que je crois que ça a été retouché :mrgreen: )si tu en es resté aux éditions Mangamania tu vas avoir un choc à la revoyure :mrgreen:
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Re: Mamoru Oshii

Message par Anorya »

Hop, copié-collé du post sur L'oeuf de l'ange, aussi lisible dans son topic initial. ;)

=====


L'oeuf de l'ange (Mamoru Oshii - 1985)

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Une jeune fille fragile parcourt un monde obscur et dangereux. Sa survie semble dépendre d'un oeuf mystérieux qu'elle transporte...


Pour l'amateur d'ovnis visuels et sonores que je suis, L'oeuf de l'ange, aka Tenshi no tamago de Mamoru Oshii fait figure de ces nombreux graals inconnus que je cherche inlassablement afin de nourrir mon goût de l'étrange. Le fait que le film est non seulement rare et introuvable en DVD dans nos contrées francophones et qu'il faut se tourner vers l'import avec le misérable espoir d'avoir une piste de sous-titres procure en plus une certaine attente. Attente renforcée par le peu qu'on peut en lire ici ou là. Enfin et c'est non négligeable, il faut aussi apprécier à la base le cinéma de Mamoru Oshii surtout quand il se replie dans ses extrêmes les plus hermétiques comme c'est ici le cas avec une histoire obscure et bardée de multiples références religieuses.

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S'adjoignant le caracter design du fabuleux illustrateur japonais qu'est Yoshitaka Amano sur ce qui n'est que son troisième film alors, Oshii se permet tout et n'importe quoi avec l'effet de fasciner ou rebuter d'emblée le spectateur cinéphile suivant sa propre sensibilité. Coup de pot, j'appartiens à la première catégorie, voyant dans ce film tortueux (laborieux diront certains mais en vérité il ne faut pas spécialement en attendre grand chose et surtout pas une histoire basique où la narration irrait de A à Z tout en déroulant des explications, un background, une solution...) à l'incroyable beauté contemplative, l'occasion de me torturer les méninges plus que de coutume. Car le film et mes propres réflexions m'ont poursuivi pas mal plusieurs jours après le visionnage.

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On peut donc y voir beaucoup de choses comme pas du tout.
Le cinéaste donnant des "indices" de deux types, soit dans les rares dialogues du film, soit visuellement dans ce qu'on voit ou perçoit à l'écran. Et au spectateur ensuite de coller les bouts comme il le peut. Pour moi j'y vois des références au déluge (d'ailleurs le refuge de la jeune fille est comme une espèce d'arche ou de musée --clin d'oeil d'Oshii à la séquence du musée de La jetée d'ailleurs non ? C'est troublant, d'autant plus que la bande son y fait un peu référence en reprenant presque à l'identique la musique entendue dans le film de Marker à ce moment là...), une humanité sur le déclin, voire quasiment inexistante (ce sont littéralement des fantômes qui essaient de chasser d'autres fantômes... de coelacanthes !), une représentation de Jesus Christ en la personne du jeune garçon (l'arme qu'il porte sur son dos qui a la forme d'une croix... mais aussi les stigmates de ses mains, caché par les bandelettes)... sauf qu'il ne serait pas vraiment là en rédempteur de l'humanité mais comme diable tentateur (il se montre à la jeune fille sur l'un des chars organiques (Cronenbergiens) qui parcourent la ville et ne reste qu'avec elle uniquement pour qu'elle fasse éclore l'oeuf). Sur une gravure, Un humain avec des ailes... Un démon ? Le squelette d'Icare conservé dans la pierre comme Han Solo dans sa carbonite ? (on a les références qu'on peut hein :oops: )

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Mine de rien toutes les théories qu'on élabore sont pour beaucoup dans l'appréciation de l'oeuvre sans quoi pour parler crûment, on s'y ferait quand même méchamment chier. Ce n'était pas mon cas (et puis sinon la chronique serait plus courte hein) et le film m'a poursuivi, trotté durablement en tête avant que j'écrive un peu dessus. La beauté des images et la fabuleuse musique prolongent du coup une expérience inédite pour peu qu'on y adhère.
Au risque de me faire taper sur les doigts, grand film.


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Re: Mamoru Oshii

Message par Jericho »

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Helena
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Re: Mamoru Oshii

Message par Helena »

Depuis le temps que j'attendais un trailer, le film fut réalisé en 2012. l'histoire se déroulera dans un monde (peut-être même une réalité différente à la manière de celles de Avalon, différents programmes si vous préférez.) On verra des armées de clones se livrant à une guerre perpétuelle pour une raison que l'on ignore pour le moment. On va suivre le destin de Khara, clone et femme-soldat, qui va se retrouver en cavale... on aura une structure proche de Avalon, Jin-Roh, Ghost in the Shell avec des thématiques du même style. Ce sera encore un mélange de live comme Tachiguishi Retsuden ou certaines parties de Stray Dogs. Moi en tout cas je suis emballée quand je vois le trailer et le casting.
Hâte de le voir en tout cas, merci pour le trailer. :)
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Re: Mamoru Oshii

Message par ballantrae »

Je suis plus qu'impatient là! Pourvu que le film soit à la hauteur de ce trailer!!!
A quand la sortie? Qqn aurait-il un indice?
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Re: Mamoru Oshii

Message par Pr. Aronax »

Vous m'avez bien mis l'eau à la bouche avec L'oef de l'ange, du coup, je viens de voir qu'il est sorti en HD au Japon, mais sans aucun sous-titres.

J'ai cru comprendre qu'il y avait très peu de dialogues dedans, du coup, est-ce que vous pensez que c'est jouable un visionnage en full japanese sans sous-titres ?
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