Fred Schepisi

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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mannhunter
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Re: Schepisi ou Schepisi pas ?

Message par mannhunter »

Revu ROXANNE hier soir...un des meilleurs Steve Martin,une comédie douce-amère élégante,joliment écrite et interprétée...à redécouvrir! :)
Lord Henry
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Re: Schepisi ou Schepisi pas ?

Message par Lord Henry »

Schepisi!
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AtCloseRange
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Re: Fred Schepisi

Message par AtCloseRange »

Un Cri dans la Nuit
Le film (une production Cannon sérieuse pour une fois) doit beaucoup à son sujet qui a mis l'Australie en ébullition pendnat les années 80: est-ce que Lindy Chamberlain a tué son bébé ou un dingo l'a-t-il enlevé?
Le traitement est très sobre, se concentrant sur l'appréhension de la famille Chamberlain de ce qui lui arrive. Schepisi en contrepoint utilise habilement de nombreuses scènes qui montrent la réaction des australiens à l'évolution de l'affaire (chaque australien avait un avis sur la question). Par certains côtés, c'est un peu leur affaire Gregory à eux avec les mêmes débordments judiciaires et journalistiques.
Belle composition (comme d'habitude) de Meryl Streep qui a ainsi ajouté un accent de plus à son répertoire et l'environnement australien ajoute un exotisme supplémentaire à cette histoire.
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manuma
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Re: Fred Schepisi

Message par manuma »

Un réalisateur que je trouve passionnant, sachant remarquablement bien composer avec le système hollywoodien et imprimer discrétement sa petite patte quel soit le sujet sur lequel il bosse.

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Nestor Almendros
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Re: Fred Schepisi

Message par Nestor Almendros »

LA MAISON RUSSIE (1990)

Redécouvert cette adaptation de John LeCarré que je n'avais pas revue depuis sa sortie en vhs locative (c'est à dire près de 20 ans maintenant). Et si, à l'époque, le film ne m'avait pas inspiré, ce revisionnage aura malheureusement eu les mêmes effets. J'espérais que mon regard plus adulte ouvrirait des perspectives à ce film dont la réputation n'était pas florissante, je me suis trompé. L'ensemble est long, plombé par une intrigue nébuleuse et une romance glacée. Le film hésite tout le temps dans ces deux genres mais ce qui ressort surtout c'est le manque d'enjeux du scénario. Visiblement, Schepisi était davantage motivé par l'ambiance de son film (premier long métrage US tourné à Moscou depuis la fin de la Guerre Froide, il me semble) en montrant une Russie de carte postale, au calme apparent mais peut-être trompeur. On note quelques effets de montage plutôt malins qui maintiennent le rythme (les scènes russes en flashback, alternées avec les écoutes de cassette, à Londres) mais d'autres tout aussi bien vus mais maladroitement rendus superflus, comme le tout début assez réussi (l'interrogatoire) qui apparait d'abord abstrait et mystérieux mais qui est, peu de temps après, remontré entièrement dans un cheminement classique. Choix bizarre.
Il faut surtout chercher dans le casting et l'interprétation pour avoir autre chose à savourer que des plans touristiques (parfois fort réussis). On retrouve ainsi un Sean Connery des grands jours, une Michelle Pfeiffer qui aura rarement été aussi belle ( :oops: ) et le regretté Roy Scheider.
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odelay
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Re: Fred Schepisi

Message par odelay »

Nestor Almendros a écrit :LA MAISON RUSSIE (1990)

Redécouvert cette adaptation de John LeCarré que je n'avais pas revue depuis sa sortie en vhs locative (c'est à dire près de 20 ans maintenant). Et si, à l'époque, le film ne m'avait pas inspiré, ce revisionnage aura malheureusement eu les mêmes effets. J'espérais que mon regard plus adulte ouvrirait des perspectives à ce film dont la réputation n'était pas florissante, je me suis trompé. L'ensemble est long, plombé par une intrigue nébuleuse et une romance glacée. Le film hésite tout le temps dans ces deux genres mais ce qui ressort surtout c'est le manque d'enjeux du scénario. Visiblement, Schepisi était davantage motivé par l'ambiance de son film (premier long métrage US tourné à Moscou depuis la fin de la Guerre Froide, il me semble) en montrant une Russie de carte postale, au calme apparent mais peut-être trompeur. On note quelques effets de montage plutôt malins qui maintiennent le rythme (les scènes russes en flashback, alternées avec les écoutes de cassette, à Londres) mais d'autres tout aussi bien vus mais maladroitement rendus superflus, comme le tout début assez réussi (l'interrogatoire) qui apparait d'abord abstrait et mystérieux mais qui est, peu de temps après, remontré entièrement dans un cheminement classique. Choix bizarre.
Il faut surtout chercher dans le casting et l'interprétation pour avoir autre chose à savourer que des plans touristiques (parfois fort réussis). On retrouve ainsi un Sean Connery des grands jours, une Michelle Pfeiffer qui aura rarement été aussi belle ( :oops: ) et le regretté Roy Scheider.

Je suis assez d'accord avec tout ça.

Ce film est aussi passionnant qu'une vervaine.
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nobody smith
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Re: Fred Schepisi

Message par nobody smith »

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Avant le visionnage, je sentais que j’allais rejoindre les avis de Nestor et Odelay. Même dans celles que j'aime (j’ai énormément d’admiration pour the constant gardener de Fernando Meirelles), j’ai toujours trouvé que les adaptations de John le Carré ne se départage pas d’une lourdeur de ton assez épuisante. Sans surprise, j’ai retrouvé celle-ci dans la maison russie. Toutefois, je me suis vraiment laissé séduire par le film. L’entrée en matière est tout à fait remarquable dans l’utilisation de son dispositif narratif. Même si ce système s’estompe par la suite pour ne revenir que ponctuellement, j’ai été assez sensible à ces idées cherchant à traduire en des termes cinématographiques sa base littéraire . En ce sens, je suis agréablement surpris par la mise en scène. Carrée et solide, celle-ci brille toutefois par d’intéressantes recherches sur l’exploitation de l’architecture des divers environnements traversés (j’ai pas mal pensé au travail de Tom Tykwer sur the international). Le film perd d’ailleurs une bonne partie de cette dimension avec le recadrage de la dernière diffusion de FR3. Je ne connaissais pas le travail de Fred Schepisi et sans crier au génie, je suis curieux de voir d’autres opus de sa filmo. Très bon casting pour couronner le tout. Par contre Nestor, je suis stupéfait que tu trouves Pfeiffer plus belle que jamais alors que je la trouve ici aussi frêle et maladive que Julia Roberts dans Mary Reilly. D’ailleurs, l’aspect romantique du film est tout à fait inintéressant et dénué d’émotion. Un des points noirs évidents du film avec la très pauvre musique de Jerry Goldsmith.
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Nestor Almendros
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Re: Fred Schepisi

Message par Nestor Almendros »

nobody smith a écrit :Par contre Nestor, je suis stupéfait que tu trouves Pfeiffer plus belle que jamais alors que je la trouve ici aussi frêle et maladive que Julia Roberts dans Mary Reilly.
Moi j'aime bien :mrgreen: Et puis Pfeiffer a toujours été frêle, non?
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Re: Fred Schepisi

Message par nobody smith »

Nestor Almendros a écrit :
nobody smith a écrit :Par contre Nestor, je suis stupéfait que tu trouves Pfeiffer plus belle que jamais alors que je la trouve ici aussi frêle et maladive que Julia Roberts dans Mary Reilly.
Moi j'aime bien :mrgreen: Et puis Pfeiffer a toujours été frêle, non?
Pas faux sauf que généralement, les cinéastes ont quand même tendance à magnifier ce type de beauté. Là, j’ai plutôt l’impression que Schepisi a refusé tout épanouissement pour démontrer à travers le personnage à quel point la Russie, c’est pas folichon.
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Nestor Almendros
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Re: Fred Schepisi

Message par Nestor Almendros »

PLENTY (1985)

SPOILERS
J'aurais bien aimé que Solal développe ses idées sur le film (qu'il a visiblement apprécié) car j'ai pour ma part trouvé le temps bien long devant cette histoire pas inintéressante du tout mais qui traite le spectateur comme son héroïne le fait avec son entourage: avec distance. Cette femme égoïste qui affronte son existence d'une manière personnelle et presque solitaire était pourtant rudement intrigante. Elle s'enferme dans une sorte de déni du présent, ne trouvant de goût à rien en comparaison du moment d'extase qu'elle connut avec un opérateur radio inconnu pendant la guerre. Subjuguée par la puissance de ce moment, en demande de sensations dans une vie qui lui semble morne après la guerre (période riche en contrastes), elle va finalement s'enfermer dans un monde qui exclut les autres, et en particulier les hommes qui vont croiser sa vie, et s'approchera d'une certaine folie (aux yeux des autres, et peut-être réellement également).
Je comprends certains moments de mise en scène qui noient ce personnage dans des décors filmés en plans larges, qui répètent le procédé à différentes époques. Mais je ne m'explique pas la gestion opaque des ellipses qui font fi de l'empathie du spectateur, le perdant parfois dans un récit long et souvent peu passionnant. Le réalisateur joue complètement sur l'impression de flashback potentiel, rendant le récit encore plus obscur. La fin est ainsi caractéristique: elle retrouvera son amant de la guerre mais nous ne les découvrirons qu'au lit pendant l'acte. Pas de retrouvailles ou de moments d'émotion, on se demande longtemps si c'est un rêve ou sa mémoire (d'autant que les chambres se ressemblent - exprès). C'est quelque part logique qu'il n'y ait pas d'émotion puisque l'héroïne, obsédée par le souvenir, vit en quelque sorte déconnectée des autres. On ressent un acte espéré mais inassouvi, vécu mécaniquement: le flou du flashback crée de la distance avec le spectateur, lequel passe comme l'héroïne à côté de ce "grand moment". Schepisi démonte les codes du drame romantique pour en faire un évènement presque amer. Et la réaction de fuite de l'amant accentuera encore la sensation de mauvaise route prise par une héroïne qui s'est accroché à un espoir finalement déçu. Les derniers plans sont aussi déstabilisants: flashback opaque d'une discussion avec un paysan français pendant la guerre. Car on n'est sûr de rien...

Donc beaucoup de procédés intriguants et pertinents mais un résultat qui peine à intéresser sur la longueur. Dommage car c'était un plaisir de retrouver le charme et la jeunesse de Meryl Streep...
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Re: Fred Schepisi

Message par Max Schreck »

Revu Six degrees of separation.

J'apprécie toujours autant ce film, pétillant dans la forme, dérangeant dans le fond. Adapté par l'auteur de sa propre pièce, le film parvient à mélanger sans jamais trancher la comédie de mœurs, le thriller et le drame social. Donald Sutherland et Stockard Channing composent un couple qui n'a rien de caricatural, formidablement aidés en cela par des dialogue plus que brillants (le film est ultra-bavard mais reste haletant). Will Smith faisait ici un choix de carrière d'une audace qui impose le respect, même s'il a trop peu affirmé cette veine par la suite. Entre laissés-pour-compte, jeunes provinciaux espérant croquer la Big apple, et la haute société qui se grise des frissons du danger depuis sa tour d'ivoire, on suit avec fascination la progression de cette histoire qui charme et peine en même temps, tandis que la musique aux accents tango de Goldsmith apporte une ironie supplémentaire à cette peinture plus que grinçante de la société new yorkaise. Le montage éclaté est loin d'être un procédé articifiel pour dissimuler les origines théâtrales du récit. Il révèle la façon dont, pendant un bon moment, les personnages vont vivre et faire vivre une anecdote auprès de leurs semblables qui leur permet d'exister. Mais lorsque l'un des personnages réalise la part d'humanité qui se cache derrière l'anecdote, cette découverte et la façon dont elle l'exprime deviennent incroyablement touchantes. Tout juste pourra-t-on regretter le traitement caricatural des enfants, tous hystériques, alors que tout le reste du film cherche la subtilité. Bref, j'adore.
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Re: Fred Schepisi

Message par Joshua Baskin »

Je confirme tout le bien que je pense de ce film. L'un des meilleurs de son auteur.
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Re: Fred Schepisi

Message par AtCloseRange »

Pareil.
Et le premier très bon rôle de Will Smith.
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manuma
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Re: Fred Schepisi

Message par manuma »

Tiens, pour les (visiblement rares ici) amateurs de la petite musique schepisienne, je signale la diffusion sur OCS ce soir de son Empire fall, avec un casting envoyant du balaise (Ed Harris, Philip Seymour Hoffman, Robin Wright, Helen Hunt, Theresa Russell, William Fichtner, Dennis Farina, Joanne Woodward et Paulo Newman dans sa dernière apparition à l'écran). Bon souvenir du truc, de mon côté.
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Demi-Lune
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Re: Fred Schepisi

Message par Demi-Lune »

En fait, c'est pas mal du tout, La maison Russie.
J'ai souvent croisé la route du dvd MGM bradé à 1 € dans les bacs, comme si personne n'en voulait. J'avais beau avoir un vrai faible pour la BO jazzy et romantique de Jerry Goldsmith, c'était un film que je n'ai curieusement jamais été pressé de voir, m'imaginant une production un peu cheap, précédée par sa réputation très tiède.
Mais rétrospectivement, j'ai l'impression que le film a été victime d'un malentendu. Non pas tant à cause de la patte anti-spectaculaire John Le Carré, qu'à cause du malin plaisir que prend l'intrigue à broder sur du vent. Je pense que le côté "théâtre de l'absurde" n'a pas été assez perçu. Parce que cette histoire de manuscrit et de liste de courses, on n'y comprend pas grand-chose à dessein ! C'est volontairement alambiqué et fumeux, et Sean Connery y est largué comme le spectateur. Ça m'a rappelé quelque part Absence de malice, où un engrenage se déclenche sur la base de rien du tout, tout ça parce que les gens du métier (journalistes chez Pollack, espions ici) ont besoin d'exploiter le moindre filon, et se montent le bourrichon tous seuls. Le tailleur de Panama de Le Carré, là aussi, procédait de même. Le film commente d'ailleurs ironiquement son parti-pris en réunissant et détournant un prestigieux casting méta : Sean Connery, Klaus Maria Brandauer et Edward Fox échappés de Jamais plus jamais, le réalisateur dingo Ken Russell qui avait signé un Harry Palmer, Roy Scheider de Marathon man... L'enjeu, dès lors qu'on joue explicitement avec quelque chose d'aussi ténu, c'est de pouvoir réussir à faire quelque chose de consistant sur le plan de l'interaction des personnages, de leurs psychologies : et c'est là que le bât blesse, Schepisi rate un peu le coche, malgré ses comédiens impliqués. La prise de conscience politique et morale de "Dante" et du personnage de Connery reste floue, et la romance avec Michelle Pfeiffer est traitée trop lointainement pour complètement convaincre (en même temps, qui ne tomberait pas amoureux de Michelle Pfeiffer?).
Quoiqu'il en soit, le film est marqué par une véritable élégance formelle, avec une mise en scène très maîtrisée qui tire remarquablement parti du tournage en Russie (une première d'ailleurs pour un film US?). La manière dont l'architecture moscovite s'insère dans les séquences de rencontres, ou comme toile de fond documentaire, est vraiment intéressante. Pour qui s'intéresse à cette époque, c'est un fascinant document d'Histoire immédiate.
Modeste réussite, donc, mais qui s'impose néanmoins pour moi comme l'une des toutes meilleures adaptations de l'univers de Le Carré, avec L'espion qui venait du froid et La taupe.
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