Kill Bill: vol. 1 (Quentin Tarantino - 2003)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Bob Harris

Kill Bill: vol. 1 (Quentin Tarantino - 2003)

Message par Bob Harris »

Au début, il y avait évidemment la crainte d'être déçu. Trop attendu, trop désiré, trop fantasmé, "Kill Bill" marque le grand retour de Tarantino après 6 ans d'absence. Certains fans de Tarantino ont même imaginé le pire : le cinéma de QT serait-il devenu une parodie de lui-même? Allait-il tomber dans le même piège que Christophe Gans en se noyant dans toutes ces références au cinéma de genre? Aurait-il laissé tomber la maturité au profit de l'esbroufe visuelle? Serait-il en panne d'inspiration en ne faisant que recycler des scènes déjà vues ailleurs? De même, le fait que le générique affiche "the 4th film by Quentin Tarantino" semblait être le signe d'un énorme gonflage de chevilles.

Alléluia! Il n'en est rien! Tarantino est simplement un cinéaste passionné, dont la maîtrise du langage cinématographique est plus que jamais évidente. Contrairement à ce que sa bande-annonce laissait croire, "Kill Bill" est un film assez lent qui prend tout son temps pour faire durer ses séquences, à tel point qu'on est bien content que le film puisse sortir en version intégrale au lieu d'être horriblement charcuté. Comme l'explique QT, "Kill Bill" est le premier de ses films qui se déroule dans "Le Monde du Cinéma", cet univers de fiction dont étaient spectateurs les personnages de ses autres films, celui de "L'Univers Quentin".

Ici, les références au cinéma de kung-fu, au western spaghetti et même au film d'animation prennent tous leur sens, et s'intégrent avec un naturel tout simplement incroyable. Tarantino ne cherche pas à se la péter en tant que "grand cinéphile qui a tout vu et qui met dans son film tout ce qu'il a aimé". "Kill Bill" est bien mieux que cela, c'est une formidable réflexion cinématographique sur tout ce qui relie les diférents cinémas de genre, avec tous leurs emprunts, leurs sources d'inspiration, leurs intrigues et même leurs plans similaires. Un pur concentré de quarante ans de cinéma populaire. Et pourtant, il n'y a aucune vilaine impression de pompage : "Kill Bill" est constamment inventif, truffé de trouvailles de génie, et fait preuve d'une grande intelligence dans sa structure narrative divisée en plusieurs chapitres, chacune étant centrée sur un personnage secondaire. Concernant les dialogues, il n'y a pas ici de longs bavardages futiles comme le Mac Do ou les séries TV dans "Pulp Fiction". Ici, c'est plus direct, plus hargneux, plus punchy. Ce qui est tout à fait jouissif dans son genre.

Alors oui, dans le fond, le film ne parle que d'une seule chose : la vengeance. Certains trouveront cela trop simpliste. Mais ils auraient tort. Car c'est précisément sur ce simple motif que Tarantino parvient à créer une véritable intensité émotionnelle, à tel point qu'on se surprend à vouloir verser une larme à certains moments. Le personnage d'Uma Thurman n'a qu'une seule envie: se venger. Mais loin d'être bêtement monolithique, "The Bride" possède une véritable dimension mythique, purement cinégénique, auquel Uma prête un charisme foudroyant. C'est bien simple : on est au cinéma pour prendre son pied, pas chez le psy pour se prendre la tête... D'ailleurs, la première chose à faire avant de tout régler, c'est de savoir bouger son gros orteil.

Bien que cette première partie soit jubilatoire de la première à la dernière seconde, on est quand même trop impatient de découvrir "Kill Bill Volume 2" pour mieux apprécier le film dans toute son intensité maximale, pour qu'on puisse réellement contempler le chef-d'oeuvre de QT dans toute sa splendeur. La coupure est plutôt justifiée, le cliffhanger efficace, les 1h50 de la première partie sont suffisamment bien remplies pour qu'on ne ressorte pas de la salle avec une certaine frustration... Mais Bon Dieu, que l'attente va être pénible jusqu'au printemps 2004, surtout qu'on n'a même pas encore vu David Carradine en Bill !!! (on entend juste sa voix, mais putain, quelle présence!)

Tarantino est définitivement un très grand cinéaste. Nous avons la chance qu'il soit encore là, son cinéma est plus que jamais important à l'heure où Hollywood s'éloigne de plus en plus de la naïveté des authentiques films de genre. Du fond du coeur, merci Quentin.


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je suis devenu stupide
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Message par je suis devenu stupide »

tout d'abord je crois que l'un et l'autre avont omis de mentionner le fait que le film ne se déroule pas chronologiquement mais que le montage est en quelques sortes semblable à celui de pulp fiction.

Pour en revenir à ta critique tu juges les dialgogues des précédents QT, je cite, et c'est de taille : "futiles". Je ne renie pas la futilité en elle-même pas des dialogues, leur apparente legèreté, mais elles prenaient une réelle importance, au delà même de l'action, parce qu'elles savaient toujours êtres décalées, surréalistes. Parce que c'était ça le cinéma de Tarantino, avant, un humour noir, parfois sadique, j'en veux pour exemple cette scène de Reservoir Dogs
SPOILER a écrit : Mr Blonde tranche très sadiquement l'oreil du policier retenu en otage sur la musique de "Stuck in the middle with you"
Cette scène est symptomatique d'un style qui semble aujourd'hui mort, il se dégage de cette scène, de cette musique, un sadisme et une cruauté telle que le plan en lui même n'est pas montré.

Alors que dans Kill Bill Uma Turman coupe les corps comme s'ils étaient faits de pâte à modeler (essayez de couper un corps en 2 dans le sens de la longueur), ce style très cartoon avec le sang qui gicle un peu comme dans le spectacle de fin d'année des enfants de la famille addams (dans le 2 pour ceux qui l'ont vu) rend ce film vide de toute véritable violence, j'affirme même sans la moindre retenue que ce film n'a absolument rien de choquant.
Là n'était peut être pas le but certe, je n'avais pas compris que c'était une comédie.

Maintenant je tiens à revenir sur toutes ces scènes dejà vues auparavant :

- la scène du début : étrangement ressemblante à "the killer" quand une tierce personne fait inopportunément son apparition
- le fameux combat final : comme je l'ai developpé, absolument rien d'original

Et comble du kitsch qui me fait beaucoup rire, on le sait qu'Uma Turman a beaucoup de mal à lever la jambe, et pour un peu de crédibilité il faut bien montrer quelques scènes d'arts martiaux : recours à la scène en ombres chinoises (c'est très esthétique certe, mais de penser que c'est un subterfuge pour la remplacer par sa doublure est assez risible)
je suis devenu stupide
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Message par je suis devenu stupide »

Maintenant je ne renie pas ta critique, je la désapprouve plus surement, je souhaiterais que tu m'apportes les éléments prouvant qu'effectivement, Tarantino ne se contente pas d'un succès facile, surfant sur la vague des films asiatiques du moment en y reprenant la plupart des éléments.

Tu parles de "trouvailles de génie", moi je demande : où ?
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

je suis devenu stupide a écrit :Tu parles de "trouvailles de génie", moi je demande : où ?
Phenryl, tu me délègues la réponse? Merci.

:arrow: DANTONKU. :lol:
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Bob Harris

Message par Bob Harris »

je suis devenu stupide a écrit :tout d'abord je crois que l'un et l'autre avont omis de mentionner le fait que le film ne se déroule pas chronologiquement mais que le montage est en quelques sortes semblable à celui de pulp fiction.
Et aussi, faut préciser que la musique est génialissime. Je vais m'acheter la BO.
Pour en revenir à ta critique tu juges les dialgogues des précédents QT, je cite, et c'est de taille : "futiles". Je ne renie pas la futilité en elle-même pas des dialogues, leur apparente legèreté, mais elles prenaient une réelle importance, au delà même de l'action, parce qu'elles savaient toujours êtres décalées, surréalistes.
Je n'ai jamais critiqué ces dialogues tarantinesques, j'en suis même un fan... Mais ils n'auraient pas vraiment leur place dans "Kill Bill".
Cette scène est symptomatique d'un style qui semble aujourd'hui mort, il se dégage de cette scène, de cette musique, un sadisme et une cruauté telle que le plan en lui même n'est pas montré). Alors que dans Kill Bill Uma Turman coupe les corps comme s'ils étaient faits de pâte à modeler (essayez de couper un corps en 2 dans le sens de la longueur), j'affirme même sans la moindre retenue que ce film n'a absolument rien de choquant.)
C'est pas le but du film d'être choquant... Ce qui compte, c'est la beauté esthétique, la force d'impact cinégénique, l'intensité émotionnelle...
La violence de "Reservoir Dogs" restait plus ou moins réaliste. Ici, c'est carrément de la stylisation. Ce qui n'est pas un mal. "Kill Bill" n'est pas réaliste. C'est une erreur de l'aborder avec cet angle.
- le fameux combat final : comme je l'ai developpé, absolument rien d'original)
Arrête la mauvaise foi...

t comble du kitsch qui me fait beaucoup rire, on le sait qu'Uma Turman a beaucoup de mal à lever la jambe, et pour un peu de crédibilité il faut bien montrer quelques scènes d'arts martiaux : recours à la scène en ombres chinoises (c'est très esthétique certe, mais de penser que c'est un subterfuge pour la remplacer par sa doublure est assez risible)
Dans le combat filmé en noir et blanc, on voit quand même les prouesses physiques d'Uma Thurman, elle est tout à fait crédible.

Excuse-moi mais je pense que tu es passé à côté du film.
je suis devenu stupide
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Message par je suis devenu stupide »

si je sors certains éléments de ta critique je vois que tu reconnais le film peu cérébral, favorisant l'action, histoire simpliste, et tout dans le style.

Sans vouloir être mauvaise langue, il me semble que ces éléments sont la base de tout film facile déstiné à faire des entrées.

Je sens approcher la reflexion, ô combien dvdramienne "faut débrancher le cerveau"
Bob Harris

Message par Bob Harris »

je suis devenu stupide a écrit :si je sors certains éléments de ta critique je vois que tu reconnais le film peu cérébral, favorisant l'action, histoire simpliste, et tout dans le style.
Sans vouloir être mauvaise langue, il me semble que ces éléments sont la base de tout film facile déstiné à faire des entrées.
Je sens approcher la reflexion, ô combien dvdramienne "faut débrancher le cerveau"
Mais bien sûr, monsieur a tout compris... :roll:
Tybalt
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Message par Tybalt »

tu reconnais le film peu cérébral, favorisant l'action, histoire simpliste, et tout dans le style.
ben ouais, ça ressemblerait pas un film de Quentin tarantino ça dis donc ?
Sans vouloir être mauvaise langue, il me semble que ces éléments
sont la base de tout film facile déstiné à faire des entrées.
Où tout simplement à la base d'un film de pur divertissement, fait pour divertir et non pas réjouir le gout pour l'auteurisme à deux balles des bobos parisiens?
noar13
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Message par noar13 »

Tybalt a écrit : réjouir le gout pour l'auteurisme à deux balles des bobos parisiens?
j'adore cette expression, dis tybalt, je pourrais te la piquer ?
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Ryo_Saeba
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Message par Ryo_Saeba »

je suis devenu stupide a écrit :avec Jet Li justement, qui symbolise le renouveau du film d'art martiaux nippon
Jet li est chinois et non japonais.
je suis devenu stupide a écrit :Uma Turman n'est pas crédible un instant dans son rôle de grande maitresse des arts martiaux, et ce n'est pas l'utilisation de cables (tu parles d'une référence aux films des années 70) qui y change quoi que ce soit.
Pourrais je connaitre ta référence en tant que femme martiale dans un film qui te parait crédible ? (ou peut etre trouve n'en as tu jamais vu ?).
Au passage les films de la Shaw Brothers des années 70 utilisaient deja les cables dans leurs wu xian pian.
je suis devenu stupide a écrit : il faut voir les scènes de membres tranchés avec le sang qui gicle comme dans ces films gores au budget proche du néant, il faut être vraiment dans son trip Tarantino pour ne pas equisser un sourire, voire éclater de rire.
Je pense que c'est clairement le but de s'éclater en voyant un bras qui saute c'est à la fois hommage au chambara et au série B, contrairement à la violence de l'introduction par exemple qui est tres brutale et tres froide.
je suis devenu stupide a écrit : Pour moi Tarantino c'était avant tout un dialoguiste, quelqu'un qui savait exhalter une simple discussion, personne n'aura oublié celle sur Madonna dans Reservoir dogs, Buscemi qui ne veut pas donner de pourboire, les tergiversations de Vincent et Jules pour savoir si masser les pieds c'est comme... hum hum
Tout ça c'est mort, laissant place à des grands moments de silence voire à quelques pensées philosophiques à la "tu vas mourir maintenant".
Sur ce point je suis en partie d'accord avec toi il n'y pas de speech comme celle de Samuel L Jackson les faisait si bien mais Tarantino à dis qu'il y en aurait beaucoup plus dans Kill Bill vol 2, peut etre avec Michael Madsen, cependant les dialogues sont quand même bien écrit.
je suis devenu stupide a écrit : Et que dire de Miramax, petite société de production du temps de Pulp Fiction, devenue un empire qui, avec le soutien à peine voilé de Tarantino charcute le film en 2 pour des raisons purement lucratives. Puisque le film n'a pas été conçu en 2 parties (105 minutes chacune) mais bien une seule et c'est après qu'à été fait le découpage, alors Tarantino a trouvé son cliff-hanger, il en a l'air satisfait, mais moi je vais vous dire, j'étais content que ça s'arrête enfin.
C'est clair que la coupe ne se justifie absolument pas et c'est assez frustant de n'assister qu'à une moitié de film, il y a plein d'éléments impossible à juger des lors.
je suis devenu stupide a écrit : tout d'abord je crois que l'un et l'autre avont omis de mentionner le fait que le film ne se déroule pas chronologiquement mais que le montage est en quelques sortes semblable à celui de pulp fiction.
Oui et c'est justifié, le film gagne en rythme, le rythme est croissant tu imagine si Tarantino nous avait balancer la scene de fin au debut et remplacer la scene de fin par le debut ?
Tuck pendleton
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Message par Tuck pendleton »

eh mais y'en a un tas qui se la pète ici :!: :twisted:
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Message par je suis devenu stupide »

Tybalt a écrit :
tu reconnais le film peu cérébral, favorisant l'action, histoire simpliste, et tout dans le style.
ben ouais, ça ressemblerait pas un film de Quentin tarantino ça dis donc ?
Tu as vu lesquels de Tarantino qui remplissent ces critères ? à la limite pulp fiction mais c'est tout, et encore, je cherche à me remémorer les passages avec de l'action.
Sans vouloir être mauvaise langue, il me semble que ces éléments
sont la base de tout film facile déstiné à faire des entrées.
Où tout simplement à la base d'un film de pur divertissement, fait pour divertir et non pas réjouir le gout pour l'auteurisme à deux balles des bobos parisiens?
cette remarque me fait sourire, venant du forum dvdclassik tout de même. Mais comme je suis bête, je n'avais pas vu qu'effectivement, il n'y avait au cinéma que des films prise de tête à la bad boys 2 et american pie 3 qui font trop réfléchir, marre.
Enfin un film pour dire merde à ces pseudo-intellos.


Tarantino fait bien tout ce qu'il veut après, s'il veut faire un film pop-corn pour les teenagers, soit, et puis c'est ce qui paye le mieux (coupé en 2 c'est mieux)
Bob Harris

Message par Bob Harris »

je suis devenu stupide a écrit : Tarantino ne se contente pas d'un succès facile, surfant sur la vague des films asiatiques du moment en y reprenant la plupart des éléments.
Ce que tu dis est tout simplement absurde car il n'y a aucune volonté chez Tarantino de vouloir surfer sur la mode asiatique...

Quand il était gosse, Tarantino allait tout le temps aux cinémas de South Bay, le quartier où il vivait... Ces salles étaient spécialisées dans les films de kung-fu, les films de blaxploitation, les westerns italiens... C'était un temple de la série B où Tarantino a passé toute son adolescence... Donc il connaît ce cinéma par coeur, il a grandi avec... Il en parle avec passion dans "Kill Bill", c'est son regard personnel sur tous ces films de genre... Ce n'est pas de la récupération commerciale.

Son amour et sa sincérité sont palpables pendant tout le film, jamais on n'a le sentiment qu'il cherche à récupérer un phénomène de mode!!! N'oublie pas que c'est Tarantino lui-même qui est devenu un phénomène de mode, donc il n'avait assurément pas besoin de ça !!! :lol: :lol: :lol:
Philip Marlowe
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Localisation : Bonne question...

Message par Philip Marlowe »

Bill, je n'ai qu'une chose à dire pour le moment:


J'espère que cette fois je serai d'accord avec toi! :P
Ryo_Saeba
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Message par Ryo_Saeba »

Je suis d'accord avec Bill, on peut pas dire que Lady Snowblood, Game of Death, le frelon vert, les chambara japonais et wu xian pian chinois soit ce qui correspond à la mode asiatique.
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