Comme un chien enragé (James Foley - 1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Gounou
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par Gounou »

AtCloseRange a écrit :Pour ceux qui découvrent le film aujourd'hui, je comprends cependant que son cachet "années 80" puisse lui nuire et sa place dans mon panthéon personnel sera forcément toujours lié à la période à laquelle je l'ai vu.
Je pensais avoir bien exprimé la nuance, mais pour moi ce n'est pas le "cachet" années 80 qui me dérange (exemples à l'appui)... mais plutôt les facilités esthétisantes liés à cette époque (je n'ai pas lâché le mot "clip", mais en fait j'y pensais beaucoup comme tu t'en doutes... :mrgreen: ). Exemple du montage de la baignade, des gouttes d'eau filmées en très gros plan ralenti après l'attaque contre Sean Penn (pourquoi ?)... quant à la comparaison avec le Tony Scott de l'époque, elle va dans ce sens avec certaines poses et lumières un peu appuyées à mon goût. Mais une fois de plus, tout cela ne serait finalement pas si grave si derrière j'y trouvais suffisament de substance au-delà de l'intention revendiquée... mais pour moi, tout le film pâtit de ce côté un peu superficiel... exemple : le développement de la relation père-fils ne repose concrètement que sur quelques moments en bagnole où les deux acteurs (et non personnages, qui ne se connaissent pas) partagent une certaine complicité. Et c'est tout. C'est censé suffire au dilemme moral que l'on nous soumet plus tard mais je trouve cela un peu light... idem pour la relation de Brad Junior avec Terry... on nous impose une osmose soudaine entre les deux sans qu'il y ait plus de matière pour y donner corps. Je trouve que ressentir un tel manque sur un film de deux heures est quand même révélateur... et si c'est l'atmosphère qui intéresse Foley avant tout, c'est une fois encore un peu court de filmer des contre-jours, des visages éclairés par au-dessus et de mettre deux-trois ralentis par-ci par-là. Je suis un peu dur parce que la noirceur revendiquée n'a pas pris sur moi (excepté lors de l'attaque finale dans la voiture, assez saisissante). Je ne comprends pas les personnages comme tu n'as pas compris ceux de All the real Girls, par exemple... sauf que je trouve dans le Gordon Green une vraie atmosphère qui va au-delà du plan chiadé.
Et pour répondre de façon concise à la phrase quotée, j'estime qu'un film possédant un caractère propre, de la "matière" sur le plan cinématographique (je ne parle pas de scénario mais bien de mise en scène) peut tout à la fois être marqué par son époque et ne pas être "daté" - terme plutôt péjoratif. D'où l'epxression "ne pas prendre une ride" :wink:
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mannhunter
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par mannhunter »

quant à la comparaison avec le Tony Scott de l'époque, elle va dans ce sens avec certaines poses et lumières un peu appuyées à mon goût.
oui enfin comparer "at close range" à "top gun" ou "le flic de Beverley Hills 2" c'est un peu dur quand même. :mrgreen:
exemple : le développement de la relation père-fils ne repose concrètement que sur quelques moments en bagnole où les deux acteurs (et non personnages, qui ne se connaissent pas) partagent une certaine complicité. Et c'est tout. C'est censé suffire au dilemme moral que l'on nous soumet plus tard mais je trouve cela un peu light... idem pour la relation de Brad Junior avec Terry... on nous impose une osmose soudaine entre les deux sans qu'il y ait plus de matière pour y donner corps.
peut être aurais tu aimé plus de scènes démonstratives pour expliciter les relations entre les personnages? :wink:
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par Gounou »

mannhunter a écrit :oui enfin comparer "at close range" à "top gun" ou "le flic de Beverley Hills 2" c'est un peu dur quand même. :mrgreen:

Le premier ressenti est généralement le plus parlant... rassure-toi, la comparaison s'arrête là. :mrgreen:
peut être aurais tu aimé plus de scènes démonstratives pour expliciter les relations entre les personnages? :wink:
Plus de scènes tout court. :idea: Et moins de séquences chichiteuses à côté... :wink:
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mannhunter
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par mannhunter »

Major Tom a écrit :Pourquoi si catégorique? Je ne l'étais pas. D'excellents films cités auparavant ont été fait à cette période, et c'est juste que, d'un point de vue de contemporain, beaucoup de choses finissent forcément datées, certaines plus que d'autres évidemment. Si les défauts des films des années 80 se trouvent visuellement (les bleus nuits très poussés et autres couleurs pétantes, les coupes de cheveux, la façon de filmer, etc.) pour les films des années 70 par exemple, c'est souvent le montage et des problèmes de rythme qu'on peut reprocher.
pour les 70's en "défauts" tu oublies aussi les pattes d"éph',les coupes de cheveux,les photos granuleuses et l'utilisation datée du split screen... :mrgreen:
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AtCloseRange
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par AtCloseRange »

Gounou a écrit : exemple : le développement de la relation père-fils ne repose concrètement que sur quelques moments en bagnole où les deux acteurs (et non personnages, qui ne se connaissent pas) partagent une certaine complicité. Et c'est tout. C'est censé suffire au dilemme moral que l'on nous soumet plus tard mais je trouve cela un peu light...
C'est son père manquant, fantasmé qui réapparaît dans sa vie, ça me semble déjà amplement suffisant pour entraîner déjà un certain rapport de fascination, indépendamment de leur temps passé ensemble.

Quant à la relation avec Terry, c'est de l'ordre du coup de foudre encore renforcé par leur jeunesse et je ne vois pas quels gages tu aurais été en droit d'attendre pour justifier leur osmose.
Le film n'est pas du tout psychologisant et tout se joue dans les attitudes: les sourires énigmatiques de Walken, la démarche empruntée de Sean Penn
Spoiler (cliquez pour afficher)
qui s'est musclé pas mal pour le rôle pour justifier sa "survie" finale.
Le film et les personnages sont finalement très taiseux comme la mère et la grand-mère qui ne disent quasiment pas un mot de tout le film.
Alors évidemment, je suis prêt à reconnaître les effets "cinéma" (tu diras pub) du film. La réalisation de Foley est assez voyante (les travellings latéraux, les ralentis, la douche finale, la ballade en voiture ou la scène du lac) mais je ne pense pas que ce soit un problème. Tu l'as d'ailleurs dit, si tu avais ressenti de la substance derrière, ça ne t'aurait pas gêné.
C'est donc finalement notre implication émotionnelle au film qui fait la différence.
Voilà que tu vas me donner envie de le revoir à force de me remettre les images dans la tête pour en parler...

Finalement, le seul minuscule reproche que je ferais le film et une chose qui m'a toujours un petit peu gêné,
Spoiler (cliquez pour afficher)
c'est la tête de Sean Penn à la fin lorsqu'il dit "He's my father". J'ai toujours trouvé qu'il en faisait un petit peu trop (comme ça peut lui arriver parfois, voir Mystic River).
Par contre, je pourrais faire comme Cinéphage et me faire toutes les scènes de Christopher Walken une par jour (ce serait ma flânerie au coeur de Comme un Chien Enragé) et être soufflé, épaté.
C'est tout simplement pour moi, la prestation la plus charismatique de l'histoire du cinéma.

As-tu vu que c'était Millie Perkins qui joue la mère? Elle est en tout cas bien mieux que dans les pauvres films de Monte Hellman :mrgreen:
Fallait bien que je mette un petit smiley de cet acabit...
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par Gounou »

AtCloseRange a écrit :As-tu vu que c'était Millie Perkins qui joue la mère?
Non, et je dois dire que Foley n'a pas trop fait en sorte d'orienter mon regard vers elle... il semblait plus fasciné par le torse nu et luisant de Sean Penn :idea: :mrgreen:
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7swans
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par 7swans »

Gounou a écrit :il semblait plus fasciné par le torse nu et luisant de Sean Penn :idea: :mrgreen:
Je comprends mieux ta façon lubrique de me regarder aujourd'hui...
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par mannhunter »

AtCloseRange a écrit :As-tu vu que c'était Millie Perkins qui joue la mère? Elle est en tout cas bien mieux que dans les pauvres films de Monte Hellman :mrgreen:
Mary Stuart Masterson est très bien aussi. :wink:
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Re: At close range (Comme un chien enragé)

Message par Gounou »

7swans a écrit :
Gounou a écrit :il semblait plus fasciné par le torse nu et luisant de Sean Penn :idea: :mrgreen:
Je comprends mieux ta façon lubrique de me regarder aujourd'hui...
Si la tournure prêtait à confusion, je parlais de Foley... pas de mon regard.

Mais puisqu'on en est aux confessions........................ :mrgreen:
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films d'avril 2009

Message par Profondo Rosso »

Comme un chien enragé de James Foley
Je ne l'avais jamais vu une belle claque. Un drame familia mâtiné de polar des plus intense où un Sean Penn, jeune en perdition se retrouvant entrainé par son père qu'il n'a jamais connu dans un terrible engrenage criminel. Sean Penn incroyablement intense et touchant de bout en bout, Christopher Walken glacial et inquiétant en père indigne et la réalisation de Foley (comment sa carrière a pu foirer à ce point après ça mystère) se fait contemplative et intense à la fois. Quelques petites réserves tout de même pour la dernière partie du film qui enchaîne les évènements énormes de manière un peu trop rapprochés (même si les scènes chocs comme la mort de Terry et de Tommy calment bien) mais c'est sans compter l'incroyable face à face final entre Walken et Penn. Beau cast de secon rôle également avec de tout jeune Chris Penn et Crispin Glover. Et puis le main theme sur un des plus beau morceaux de Madonna, "Live To Tell" est très classe. 5/6
mannhunter
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Re: Comme un chien enragé (James Foley, 1986)

Message par mannhunter »

jacques 2
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Re: Comme un chien enragé (James Foley - 1986)

Message par jacques 2 »

Eh bien, je ne l'avais jamais vu avant ma découverte d'hier soir ...

En ayant lu pas mal de bien, je ne l'ai plus loupé, croisant le dvd à 3 euros au hasard d'une solderie ...

Et l'impression après coup d'avoir manqué jusqu'ici un des grands films (LE ?) des 80's : performance au delà des mots de Walken, un Sean Penn déjà bluffant de charisme, une ambiance qui sonne juste, un scénario implacable ...

Alors, des reproches sur l'esthétique 80's ? Non, car ce film ne me semble justement pas souffrir le moins du monde de ce "look" et il est assez vain me semble t'il de reprocher à une oeuvre, quelle qu'elle soit, d'appartenir à son époque : c'est même très souvent ce qui en fait une bonne partie de l'intérêt ...

La chanson de Madonna ? Je l'aimais déjà à l'époque (ne connaissant alors le film que par des images du clip) et ce n'est certes pas la vision de ce chef d'oeuvre qui va me faire me renier ...

5,5/6 !! :D
Strum
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Re: Comme un chien enragé (James Foley - 1986)

Message par Strum »

J'ai vu le film cet été. J'ai bien aimé. Si l'on peut effectivement reprocher au film une esthétique parfois empruntée à certains clips des années 80 dans certaines séquences (en particulier celles décrivant la relation en forme de coup de foudre éthéré entre Penn et sa copine), et quelques scènes qui dans leur découpage ou leur déroulement sont parfois un peu rapides par rapport au reste, on peut aussi y déceler une volonté de raconter l'histoire par l'image qui m'a séduit, et qui crée une ambiance propre au film. Et puis, la mièvrerie qui menace au début est très vite mise à mal par les scènes de Penn chez lui et, bien sûr, par chacune des apparitions de Walken, qui surgit toujours comme un diable de sa boite. Il est phénoménal en père de théâtre diabolique prêt à sacrifier ses enfants sur l'autel de ses principes - le film, et c'est en partie de cela dont il tire sa force, fait échos aux vieux récits antiques de ces pères tyrans vivant selon leurs lois. Les bonnes histoires de père tyran et de fils révolté sont souvent fortes et livrent alors des personnages marquants. Encore faut-il trouver des acteurs suffisamment hors du commun et hors du temps pour les incarner. Ici, à lui tout seul, Walken apporte au film une autre dimension. Lui et sa bande de dégénérés imbibent le récit d'une moiteur à la fois fascinante et repoussante, que ne parviennent pas à éclipser un dernier arrêt sur image inutilement appuyé et la musique répétitive de Madonna.
Blue
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Re: Comme un chien enragé (James Foley - 1986)

Message par Blue »

J'ai découvert le film aujourd'hui. Je n'ai pour ma part aucun souci avec l'esthétique ou le score du film de Foley. Oui il est ancré dans son époque à ce niveau, mais est-ce qu'on critique "L'Aurore" pour son emploi des surimpressions ou des cartons ? On aurait peut-être même taxé le film de "fade" si Foley avait été moins entreprenant. Et il y a eu tellement pire dans les 80's.
Tenez, rien que la rencontre de l'intro, les plans sur Penn au volant, puis sur la fille, avec les ralentis, ça inspire le respect.
Et puis en l'occurrence le principal ce n'est même pas ça... Ce qui compte, je vais vous le dire, c'est l'intemporalité et la puissance de la dramaturgie que Foley conjugue avec sa mise en image. Et là, ce film apparemment tiré de faits réels est bien un jalon de son époque, et dans plusieurs décennies on pourra toujours le célébrer.

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Re: Comme un chien enragé (James Foley - 1986)

Message par Demi-Lune »

Count me in. J'en avais dit deux mots il y a quelques mois :
Un des meilleurs polars des 80's. Montée en puissance dramatique implacable et un face-à-face Penn/Walken au sommet (la fin est extraordinaire... et ce "he's my father", aveu extorqué d'un fils en larmes entre la honte de la parenté et l'inaltérabilité de la filiation, m'a littéralement achevé). Un polar rural qui prend son temps mais c'est ça qui est bon, ce flottement, comme avec le générique, la drague avec Mary Stuart Masterson, le thème musical planant... Et puis je le répète, Sean Penn et Walken sont formidables. C'est pas une surprise mais ça fait du bien des piqures de rappel pareilles. Walken, dans ce film, c'est hypnotique, un charisme de malade. La séduction du Mal.
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