Comme j'aimerais connaitre les réactions de ceux qui l'ont vu, et que mon premier post, noyé dans "Notez les derniers films" n'a rien déclenché, voilà donc le topic consacré au film.
SAVIOR.
Un film qui démarre un peu n'importe comment. Le comm' audio du réal révèle d'ailleurs que la première partie à Paris fut imposée par les producteurs américains (ah, Stone, toujours aussi finaud!).
Spoiler :
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- Dennis Quaid travaille à la sécurité de l'ambassade des états unis à Paris. Un attentat attribué aux fanatiques islamistes emporte sa famille dans une explosion. Détruit par la haine, il rentre dans la première mosquée qu'il trouve et vide son arme dans la foule. Le début est impressionnant, mais là ou ça déraille c'est quant son collègue Stellan Skaasgard vient trop tard l'empêcher de commettre l'irréparable. Skaasgard se retrouve mélé au massacre en se défendant contre un rescapé blessé qui sort lui aussi un flingue pour ce venger. Cet acte à deux fonctions : Expliquer pourquoi Skaasgard fuit avec Quaid (évènement anecdotique, puisqu'il se fait tuer sans surprise une quinzaine de minutes plus tard), et aussi, quelque part, et c'est là que ça devient problématique, démontrer que la tuerie de la mosquée n'est peut-être pas un massacre d'innocents. Alors que jusqu'ici, la fusillade illustre le pétage de plombs de Quaid et l'explication de sa fuite dans la Légion Etrangère ainsi que son engagement auprés des serbes contre les musulmans bosniaques - en d'autres termes, il n'est plus que haine; avec l'intervention à la dernière seconde de l'ami de Quaid, la parano de ce dernier se retrouverait presque justifiée. De là à dire fanatique mulsuman = tous les mulsumans sont terroristes... Houla, quelle finesse... On comprend mieux le dépit du réal dans comm' audio qui voulait commencer son film directement en ex-yougoslavie, et n'évoquer le passé de Quaid que par flash-back.
Savior commence donc vraiment un peu tardivement. Trés violent, mais pas autant que la réalité du terrain, manquant visiblement de moyens (mais ça ne m'a pas dérangé). La réalisation est souvent terne, souvent efficace, ce qui expliquerait les déséliquilibres(*) du film. Le film ne fait aucune concession aux différents camps en présence, tous atteints de folie meurtrière ou surnagent temporairement des ilots de lucidité. J'avoue avoir du mal à comprendre comment
Savior fut qualifié de
pro-serbe, vu qu'aucun serbe dans le film n'a de rôle "positif", tous pris dans l'engrenage d'une aliénante horreur (ou alors faut que je le revoie parce que je dois être un peu idiot). Le "
Savior" du film serait donc
Quaid sniper qui abat tout ce qui bouge à distance, et qui a de plus en plus de mal à supporter de voir ses victimes de prés, de même que la même haine qui anime ses frères d'armes lui pèse de plus en plus. Une histoire de rédemption, bien que le final ne laisse pas entrevoir pour autant un happy end, mais un appel à la raison et à l'amour au milieu d'un enfer guerrier. Contrairement à ce qui a été dit, si le film évoque de nombreux carnages, les actes ignobles et les représailles incessantes contre les civils, il ne cherche pas à expliquer les causes du conflit - tout au plus il souligne son insupportable durée par le terrifiant cocktail vendetta+guerilla sous l'oeil impuissant des nations unies réduites à surveiller les échanges de prisonniers.
(*) c'est beau, non ?