Bertrand Tavernier (1941-2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

odelay a écrit :... pour s'adapter au style (pas terrible avouons le) de la collection.
Hein ? Quoi ? :o Tu parles des jaquettes des disques édités en 2001 ?

Qu'est-ce qu'il te faut ? Je les trouve, moi, plutôt stylées (notamment celle de La vie et rien d'autre)... elles sont parmi les plus réussies du Studio Canal (qui a sorti de belles horreurs : les films du Splendid, les collections Gabin, Fernandel, Delon, etc.)
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

Interview très intéressante.
Félicitations à Roy et Margo pour cet entretien. :wink:

Avec quelques fous rires...
Tavernier a écrit :Tout comme il y a des bonus nuls, il y a aussi des commentaires nuls… Par exemple, le commentaire des auteurs de Ghostbusters était ouvertement baclé : aucun intérêt
:lol: Rien que le fait d'imaginer Tavernier visionner Ghostbusters me fait poiler :lol:

...et quelques vérités qui sont bonnes à dire...
Tavernier a écrit :Pour de Palma, nous avons écrit un très long texte, louant certains films ; mais je serais finalement encore plus sévère aujourd’hui : je trouve ses derniers films absolument nuls
+1
Tavernier a écrit :Quand je vois Batman Begins, je me dis qu’il y a trente réalisateurs américains interchangeables qui pourraient faire ça : où est la place de Christopher Nolan, cinéaste pourtant intéressant, dans ce dispositif de mise en scène et cette masse d’effets spéciaux ?
+1

En revanche, je ne partage pas son point de vue sur Carpenter.
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odelay
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Message par odelay »

Commissaire Juve a écrit :
odelay a écrit :... pour s'adapter au style (pas terrible avouons le) de la collection.
Hein ? Quoi ? :o Tu parles des jaquettes des disques édités en 2001 ?

Qu'est-ce qu'il te faut ? Je les trouve, moi, plutôt stylées (notamment celle de La vie et rien d'autre)... elles sont parmi les plus réussies du Studio Canal (qui a sorti de belles horreurs : les films du Splendid, les collections Gabin, Fernandel, Delon, etc.)
Tu les trouves belles? :? La maquette fait un peu cheap (elles ont un côté VHS de CRDP), surtout comparé au contenu. Une simple reproduction des affiches (celles superbes du JUGE ET L'ASSASSIN, de UN DIMANCHE A LA CAMPAGNE ou de CONAN par exemple), le tout bien maquetté aurait été plus simple et plus judicieux. Enfin bon, le boulot éditorial de ces DVD est excellent, et c'est ce qui compte finalement.
Nicolas Brulebois
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Message par Nicolas Brulebois »

à la 33e minute du bonus intitulé Leçon de Cinéma, dans le DVD du Garçu, Maurice Pialat dit cette chose très belle:

"Prenez un plan de Tavernier... on ne voit qu'une chose: il ne sait pas tourner"

:idea:
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

Nicolas Brulebois a écrit :à la 33e minute du bonus intitulé Leçon de Cinéma, dans le DVD du Garçu, Maurice Pialat dit cette chose très belle:

"Prenez un plan de Tavernier... on ne voit qu'une chose: il ne sait pas tourner"

:idea:
L'enfo... !!!! :shock:
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Message par harry callahan »

Nicolas Brulebois a écrit :à la 33e minute du bonus intitulé Leçon de Cinéma, dans le DVD du Garçu, Maurice Pialat dit cette chose très belle:

"Prenez un plan de Tavernier... on ne voit qu'une chose: il ne sait pas tourner"

:idea:
Voilà qui sent le règlement de comptes à plein nez.
[...]But being this a .44 magnum, the most powerful handgun in the world, and would blow your head clean off, you have to ask yourself one question : "Do I feel lucky ?". Well, do you, punk ?
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odelay
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Message par odelay »

Surtout quand c'est si bien argumenté.
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

odelay a écrit :Surtout quand c'est si bien argumenté.
Il argumente comme il filme, Pialat
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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

L.627 de Bertrand Tavernier

Soyons fous! Après LE PETIT LIEUTENANT ce week-end, je me suis essayé 10 ans après à revoir ce film qui m'avait très fortement marqué à la 1ere vision, un peu moins à la seconde quelques temps plus tard... Je ne voulais pas faire de comparaisons avec le film de Xavier Beauvois, mais je n'ai pas pu m'empêcher de relever quelques différences. Ici même si le film est réaliste dans les personnages et les actions montrées, on est moins dans le documentaire que le film de XB. Pour preuve, les répliques font souvent écrites (il y a beaucoup de bons mots, de gags...). Par contre Tavernier insiste très clairement sur un point que Beauvois ne montre pas (je crois): c'est le système administratif pesant sur le travail de la police, et aussi le fait que ce sont des fonctionnaires. Entre les vieux de la vieille qui ont leurs petites habitudes (boire un coup au bistrot, aller faire son tiercé..) ou les inévitables moments de paperasseries on a droit à un constat pas très avantageux. Un autre exemple: les statistiques qui ne sont là que pour rassurer les dirigeants. Tavernier insiste beaucoup sur le manque de moyens mis à disposition de la police: ils travaillent dans des cabanes de chantiers (je ne sais pas le nom...), mangent dans des caves, manquent de matériel, etc...

Il y a un truc qui m'a un peu gêné. On ne voit que des blancs dans la police, tandis que les dealers sont tous ou noirs ou arabes. Ils planquent aussi dans un quartier cosmopolite de paris, un quartier plutôt populaire, pas huppé. Les seuls gens de couleur que l'on voit sont donc drogués ou dealers... Le film date de 91-92 je crois mais ce schématisme me titille quelque part.

Sinon le film reste très intéressant, le personnage de Didier Bezace, bon flic dans l'absolu mais soumis au travail en équipe (pas toujours très motivée), représentant peut-être la voix militante de Tavernier.
Jordan White
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Message par Jordan White »

Laissez-passer : Pas simple de raconter une page de l'histoire du ciné français parmi les plus sombres, avec en point de mire cette difficulté de parler des à côtés, des dangers courus quotidiennement, de l'enfermement, de la solitude.
Tavernier a potassé son sujet, aidé en cela par les vrais Aurenche et Devaivre, livrant ainsi un film en constant mouvement hormis quelques plans fixes; la caméra se baladant partout en petits plans-séquences, se faufilant dans les décors, tournant autour des personnages, sans qu'à aucun moment je me sois dis que c'était de la redite. Hormis la première demi-heure qui a failli abuser de ma patience, car la trouvant trop décousue, le reste - à partir du repas un peu arrosé chez un ancien policier, avec Denis Podalydès qui livre un des plus beaux réquisitoires contre l'antisémitisme - décolle pour ne plus aller que dans l'excellence : interprétation ( Gamblin, Kady, Podalydès, tous les seconds rôles), technique, photo, costumes, mise en scène.
Certaines scènes font poindre une émotion palpable comme celle du retour momentané sur le plateau du scénariste applaudi par ses pairs, d'autres foncent tête baissée dans le comique, avec des situations bien rocambolesques, lorsque Devaivre se rend à la suite de circonstances hasardeuses en territoire britannique où il réexplique par trois fois son cas. :fiou:

Emouvant, lors des retrouvailles inattendues entre le frère et l'assistant réalisateur lorsque ce dernier l'embrasse dans une courte accolade, humain, généreux très souvent.
Mais surtout, Laissez-passer est un film sur la mémoire. La transmission de cette dernière. Sur l'Histoire, bien entendu. Celle de la France en l'occurrence, entre 1940 et 1943, secouée par les soubresauts de la guerre; au moment de la collaboration. Mémoire sur l'écrit, la résonance du cinéma, de l'art, du spectacle. De ces hommes et ces femmes qui se sacrifient d'un côté ou refusent de collaborer de l'autre, pour sauver un honneur, qui parfois leur échappe. On parle de Vichy, de la déportation, on ne ment pas sur les mots, on ne jongle pas avec pour donner du style. La forme et le fond se rejoignent, comme la petite et la grande histoire. Qu'est-ce que collaborer ? Y'a t-il un choix ? Faut-il être produit par l'occupant dans le cadre du cinéma, un occupant qui donne carte blanche et intégrité artistique mais au prix d'une absence de liberté dans les faits, ou dire non, militer, au péril de sa vie ? Le dilemme est bel et bien là. Quid de la honte ? Y'a t-il résignation ? L'engagement dans la résistance ou pas ?

Tavernier ne laisse pas les questions en suspens, il y répond, en homme avant tout, en cinéaste aussi, passionné, éclairé, en y posant son regard. C'est à la fois un hommage à tous les cinéastes qui ont connu ce déchirement profond ( renier ses idées en risquant de trahir sa nation ou rester fidèle au risque d'être déporté ?) et une analyse pertinente, très méticuleuse d'un pan du cinéma français, où le pire côtoie le meilleur. Le film nous fait aussi prendre conscience de la liberté dont jouit le ciné actuel en comparaison. A la fois cinéma populaire, évocation de la vie d'artistes, description du Paris déchiré par les affrontements, portrait de créateur, Laissez-passer brasse un grand nombre de thèmes, s'approprie la grammaire classique, cite de nombreuses références, sans jamais tourner autour du pot en vain.
Du grand, du beau cinéma.
Grand Prix.
8/10
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Flol
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Message par Flol »

MJ a écrit :L.627 de Bertrand Tavernier

Tatave s'attaque avec férocité au problème banlieusard et à une police aux méthodes révoltantes, d'une beauferie redoutable et qui sait où se carrer le code déonthologique.
Ici on rit (très jaune) et les sarcasmes cachent difficilement le désarroi face à une situation révoltante et franchement inquiétante.
Les acteurs sont tous au mieux de leurs formes (mention spéciale au alors tout jeune Phillipe Torreton), la caméra constamment en mouvement fait des miracles et Phillipe Sarde nous livre une composition où, pour le coup, il a vraiment été inspiré.
Un choc: acide, sardonique, jubilatoire, consternant, terrifiant, les qualificatifs ne manquent pas.
Pourquoi "pour le coup" ? Sarde est TOUJOURS inspiré. 8)
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Message par kayman »

Ratatouille a écrit :
MJ a écrit :L.627 de Bertrand Tavernier

(...)

Phillipe Sarde nous livre une composition où, pour le coup, il a vraiment été inspiré.
Pourquoi "pour le coup" ? Sarde est TOUJOURS inspiré. 8)
Je plussoie, Sarde merde, un fleuron de la musique de film.
Seul contre tous.
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Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

kayman a écrit :
Ratatouille a écrit :
Pourquoi "pour le coup" ? Sarde est TOUJOURS inspiré. 8)
Je plussoie, Sarde merde, un fleuron de la musique de film.
Idem, j'adore les BO de Sarde, toujours magnifiques.
Vous voulez maroufler ? Je suis votre homme...
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MJ
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Message par MJ »

Le Juge et l'Assassin de Bertrand Tavernier
Non seulement un puit à répliques cultes du niveau de Coup de Torchon et Buffet Froid, mais aussi (et surtout!) une rencontre d'acteur à la (dé)mesure des deux monstres sacrés que sont Philippe Noiret et Michel Galabru, qui trouve ici son meilleur rôle.
Brillant, caustique, proprement hilarant. J'adore.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

harry callahan a écrit :
Nicolas Brulebois a écrit :à la 33e minute du bonus intitulé Leçon de Cinéma, dans le DVD du Garçu, Maurice Pialat dit cette chose très belle:

"Prenez un plan de Tavernier... on ne voit qu'une chose: il ne sait pas tourner"

:idea:
Voilà qui sent le règlement de comptes à plein nez.
Non, je crois surtout qu'il le pense vraiment.
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