Western urbain
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- shubby
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Western urbain
Sur DVDClassik, on aime bien ranger les films. Celui-là, il va là, et celui-là ici. J'ai viens de voir 3 polars francophones 2010's qui m'ont gentiment plu. Pour faire simple, ce serait du post-Heat. C'est quoi Heat ? D'instinct, d'obédiance HK, je partais sur le polar urbain, mais le polar, chez certains puristes, ne concernerait que le point de vue des truands (j'ai lu ça sur un post). Hors, à mon sens, tous ces films ne font que décliner les codes du western, ce divertissement fort apprécié ici. Après tout, il est né en même temps que le cinéma, et, selon la légende, en même temps que les fondateurs du site DVDClassik (alors un fanzine qui s'appelait Fantascope1900, me semble-t-il).
Voici donc mes 3 westerns urbains du jour, kipizè francophones, mais, tout comme pour les régions, fusionnons, c'est à la mode.
ANTIGANG (Benjamin Rocher, France, 2015)
Très fun ! J'ai bien "goleri" & qq scènes d'action dépotent, en effet. A la question "le ciné HK est-il mort ?" on peut aussi s'autoriser à dire que non, qu'il a bien été digéré ailleurs, y compris chez nous. J'avais l'impression d'être devant un Benny Chan (Big Bullet, Invisible Target) ou une sucrerie D&B. La jeune génération d'acteurs assure vraiment - on a une conversation super dynamique autour d'une table au début, dans un bar, puis la suite est à l'avenant. Jean Réno ne cachetonne pas : il s'implique. Il est touchant en vieux flic sur le retour. Scénario prétexte à la fois trop léger et surexplicatif par contre, puis final décevant en regard du reste, mais c'est une excellente surprise. Et oui : Alban Lenoir est une révélation, un possible nouveau Bébel. Dit-il, six ans plus tard. Je n'ai pas d'excuse : j'aurais dû payer mon ticket à l'époque au lieu de me "cantonner" dans mes a priori.
TUEURS (François Troukens et Jean-François Hensgens, Belgique-France, 2017)
Tjrs sur un format de - de 90mn, ce polar franco-belge cite la pierre angulaire Heat sans se la raconter. Ambition formelle, score techno, tonalité sérieuse... ça marche. Ca flingue bien & le casse du début impressionne (cette chute du fourgon depuis le pont !). Reste un scénario encore une fois prétexte avec un twist que j'ai trouvé un poil con (et non explicité), mais la toute fin surprend agréablement. Gourmet et Lanners assurent le show, renforcés d'un cast féminin efficace (Bérénice Baoo) et d'un bourrin de service qui m'a impressionné (Kevin Janssens).
BRAQUEURS (Julien Leclercq, France, 2015)
On est à - de 90mn ici, même moins de 80 puisque cette fois la péloche en compte 77 seulement. Intro à la Dunkerk, donc pas d'intro, sur un polar de banlieue - de crise devra-t-on bientôt dire, hein - avec des mecs en mode survie qui font du Heat, mais en plus speed : faut que la thune rentre très vite ! Ca tachycarde bien, c'est teigneux, méchant et rapidement plié. Pas une once de gras, le canevas est connu, sans vrai surprise autre que chorégraphique (impressionnante prise de go fast sur une départementale) ou liée au casting (je découvre Guillaume Gouix). L'ambition est réduite au format série B et le film y gagne. Ca pêche un peu côté féminin, qui rame un poil sur les clichés, mais c'est ici accessoire. On est clairement sur un module Netflix compatible - tempo formaté - mais le travail est bien fait et devrait déboucher très vite sur une série à la Gomorra.
Chaque réalisateur signe son polar urbain avec sa tonalité propre (respectivement fun, néo-noir puis rageur). Si on est loin des polars plus consistants qu'on est en droit d'attendre, ça répond aux attentes primaires sur un instant T, voilà. Manquent l'ampleur cinéma et sa dilatation du temps, des scénarios travaillés (on est loin de Larry Cohen, David Mamet ou de la Milkyway de Johnnie To) et des personnages plus écrits (empathie réduite) qui laisseraient un goût de reviens-y. On peut y voir comme une autocensure narrative pour mieux coller à l'acceptation mainstream internationale (?) A débattre. Ou pas.
Voici donc mes 3 westerns urbains du jour, kipizè francophones, mais, tout comme pour les régions, fusionnons, c'est à la mode.
ANTIGANG (Benjamin Rocher, France, 2015)
Très fun ! J'ai bien "goleri" & qq scènes d'action dépotent, en effet. A la question "le ciné HK est-il mort ?" on peut aussi s'autoriser à dire que non, qu'il a bien été digéré ailleurs, y compris chez nous. J'avais l'impression d'être devant un Benny Chan (Big Bullet, Invisible Target) ou une sucrerie D&B. La jeune génération d'acteurs assure vraiment - on a une conversation super dynamique autour d'une table au début, dans un bar, puis la suite est à l'avenant. Jean Réno ne cachetonne pas : il s'implique. Il est touchant en vieux flic sur le retour. Scénario prétexte à la fois trop léger et surexplicatif par contre, puis final décevant en regard du reste, mais c'est une excellente surprise. Et oui : Alban Lenoir est une révélation, un possible nouveau Bébel. Dit-il, six ans plus tard. Je n'ai pas d'excuse : j'aurais dû payer mon ticket à l'époque au lieu de me "cantonner" dans mes a priori.
TUEURS (François Troukens et Jean-François Hensgens, Belgique-France, 2017)
Tjrs sur un format de - de 90mn, ce polar franco-belge cite la pierre angulaire Heat sans se la raconter. Ambition formelle, score techno, tonalité sérieuse... ça marche. Ca flingue bien & le casse du début impressionne (cette chute du fourgon depuis le pont !). Reste un scénario encore une fois prétexte avec un twist que j'ai trouvé un poil con (et non explicité), mais la toute fin surprend agréablement. Gourmet et Lanners assurent le show, renforcés d'un cast féminin efficace (Bérénice Baoo) et d'un bourrin de service qui m'a impressionné (Kevin Janssens).
BRAQUEURS (Julien Leclercq, France, 2015)
On est à - de 90mn ici, même moins de 80 puisque cette fois la péloche en compte 77 seulement. Intro à la Dunkerk, donc pas d'intro, sur un polar de banlieue - de crise devra-t-on bientôt dire, hein - avec des mecs en mode survie qui font du Heat, mais en plus speed : faut que la thune rentre très vite ! Ca tachycarde bien, c'est teigneux, méchant et rapidement plié. Pas une once de gras, le canevas est connu, sans vrai surprise autre que chorégraphique (impressionnante prise de go fast sur une départementale) ou liée au casting (je découvre Guillaume Gouix). L'ambition est réduite au format série B et le film y gagne. Ca pêche un peu côté féminin, qui rame un poil sur les clichés, mais c'est ici accessoire. On est clairement sur un module Netflix compatible - tempo formaté - mais le travail est bien fait et devrait déboucher très vite sur une série à la Gomorra.
Chaque réalisateur signe son polar urbain avec sa tonalité propre (respectivement fun, néo-noir puis rageur). Si on est loin des polars plus consistants qu'on est en droit d'attendre, ça répond aux attentes primaires sur un instant T, voilà. Manquent l'ampleur cinéma et sa dilatation du temps, des scénarios travaillés (on est loin de Larry Cohen, David Mamet ou de la Milkyway de Johnnie To) et des personnages plus écrits (empathie réduite) qui laisseraient un goût de reviens-y. On peut y voir comme une autocensure narrative pour mieux coller à l'acceptation mainstream internationale (?) A débattre. Ou pas.
Dernière modification par shubby le 2 juil. 20, 17:09, modifié 1 fois.
- Jeremy Fox
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Re: Western urbain
Enfoiré !shubby a écrit :Après tout, il est né en même temps que le cinéma, et, selon la légende, en même temps que les fondateurs du site DVDClassik (alors un fanzine qui s'appelait Fantascope1900, me semble-t-il).
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Re: Western urbain
Tiens, moi je dirais l'inverse.shubby a écrit : Hors, à mon sens, tous ces films ne font que décliner les codes du western, ce divertissement fort apprécié ici.
Le western, par essence et au delà de ses codes de genre, traite de la question de la frontier, et l'une des principales problématiques de ce sujet c'est la question de la justice et du rapport à la criminalité qui avance en même temps que la "conquète". D'où tous ces films qui se passent dans des territoires en passe de devenir des états et ou se pose la question de la nomination d'un juge, d'un sheriff, etc...
Ainsi la plupart des westerns se rattachent au polar (ou au film criminel, mois justement le polar il y a des flics ), mais pas l'inverse. Pour moi, un western urbain, c'est un western (= la frontier) qui se passe en ville (Decision at sundown par exemple), et c'est du coup aussi dans 99% des cas un polar urbain. A l'inverse, un polar urbain, s'il n'y a pas de frontier, ce n'est pas un western, ce qui exclut pour moi tous les films non US, mais aussi tous les films US qui ne traitent pas de cette question. (mêmes s'ils reprennent des codes du genre)
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Re: Western urbain
Alors un exemple de "western urbain" qui me vient comme ca direct, je dirais:
On a un justicier solitaire, un "saloon", une bande de outlaws, une Winchester, etc...
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Re: Western urbain
Le film se déroule principalement à la campagne, dans mes souvenirs. Pas très "urbain", donc.Papus a écrit :Le Serpent aux mille coupures
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Re: Western urbain
Ah oui mer** je me suis focalisé sur le message de shubby qui cite 3 films de production française ça a fait directement écho au film d'Eric Valette. Climax western mais pas du tout urbain en effet. Mabad.
- shubby
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Re: Western urbain
Pas pu m'en empêcherJeremy Fox a écrit :Enfoiré !shubby a écrit :Après tout, il est né en même temps que le cinéma, et, selon la légende, en même temps que les fondateurs du site DVDClassik (alors un fanzine qui s'appelait Fantascope1900, me semble-t-il).
Ah oui, ça... mais on tient qd même un western moderne, la note d'intention y était. Excellent, ce filmSpike a écrit :Le film se déroule principalement à la campagne, dans mes souvenirs. Pas très "urbain", donc.Papus a écrit :Le Serpent aux mille coupures
Streets of Fire, j'ai du mal par contre. Jamais réussi à accrocher (j'ai du essayer trois fois).
La notion de frontière est intéressante. Et locale, c'est vrai, même si on pourrait trouver un paquet de western n'évoquant pas du tout ce sujet. Par extension, j'essayais de trouver un dénominateur fédérateur, un liant. Par urbain, on entend des considérations verticales et horizontales, du relief structurel, visible à l'écran (chutes des toits, gunfights verticaux...), mais aussi sous-jacent (structures hiérarchiques, décisionnelles, ascenseur social etc). Sur un 1er niveau de lecture, ça joue aux cowboys et aux indiens, aux gendarmes et aux voleurs. Derrière, on colle du fond, qu'on le veuille ou non (contexte d'époque, façon d'utiliser le média...).Rick Blaine a écrit :Tiens, moi je dirais l'inverse. Le western, par essence et au delà de ses codes de genre, traite de la question de la frontier, et l'une des principales problématiques de ce sujet c'est la question de la justice et du rapport à la criminalité qui avance en même temps que la "conquète". D'où tous ces films qui se passent dans des territoires en passe de devenir des états et ou se pose la question de la nomination d'un juge, d'un sheriff, etc...shubby a écrit : Hors, à mon sens, tous ces films ne font que décliner les codes du western, ce divertissement fort apprécié ici.
Ainsi la plupart des westerns se rattachent au polar (ou au film criminel, mois justement le polar il y a des flics ), mais pas l'inverse. Pour moi, un western urbain, c'est un western (= la frontier) qui se passe en ville (Decision at sundown par exemple), et c'est du coup aussi dans 99% des cas un polar urbain. A l'inverse, un polar urbain, s'il n'y a pas de frontier, ce n'est pas un western, ce qui exclut pour moi tous les films non US, mais aussi tous les films US qui ne traitent pas de cette question. (mêmes s'ils reprennent des codes du genre)
Reste que la frontière est évoquée sur les 3 polars précités (le terme polar conserve basiquement ma préférence par habitude). Dans Antigang, remake de l'anglais The Sweeney (qu'il faut que je vois), le vilain est joué par un Danois. Il vient d'ailleurs. Tueurs est un film franco-belge. Et braqueurs se termine par une
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Re: Western urbain
Je distingue Frontière (= border) et Frontier. La question de la frontier (il n'y a pas de mot français) est intrinsèquement américaine, pour moi elle ne peut pas être européenne, c'est une notion que nous ne connaissons pas. Et pour mois le western évoque ça : la conquète de l"ouest au sens civilisationnel, la conquète de l'étendue "sauvage" par les valeurs américaines. Le reste , pour moi ce n'en est pas (c'est de l'americana, du film historique, ....) mais pas du western. C'est assez communément admis, les anthologies du western citent généralement ces films là et uniquement ceux là. C'est pour ça par exemple qu'il faut bien comprendre que le western italien est distinct de l'américain, il en reprend certains codes, mais traite de sujets fondamentalement différents.