Adoration (Fabrice du Welz - 2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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gnome
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Adoration (Fabrice du Welz - 2019)

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Paul vit avec sa mère près d'une clinique psychiatrique où cette dernière travaille. Adolescent naïf, candide, il voit sa vie basculer lorsqu'il rencontre Gloria, jeune pensionnaire fraichement internée à la clinique. Très vite, il tombe amoureux de cette jeune fille en apparence charmante et solaire, mais hantée par de terribles démons intérieurs. Celle-ci va l'entrainer dans une fuite éperdue dont le jeune garçon ne sortira pas indemne.

Troisième volet d'une "Trilogie ardennaise" qui suit Calvaire (2004) et Alleluia (2014), Adoration suit l'amour fou qui lie Paul et Gloria malgré la schizophrénie et la paranoïa de celle-ci qui la fait basculer dans des états où la violence semble le seul exutoire à l'angoisse qui monte. Filmé au plus près des corps dans un 16 mm très granuleux (c'était déjà le cas des précédents films), Adoration fait la part belle tantôt aux gros plans, tantôt à une agitation qui rend bien l'indécision des personnages. Fantine Harduin (vue dans la série Ennemi Public) est fantastique et inquiétante dans son rôle de shizophrène tantôt tendre, tantôt froidement inquiétante. Elle excelle dans l'interprétation d'une personnalité borderline. Thomas Gioria de son côté apporte un pendant naïf, quasi angélique à son personnage et transpire la fragilité. Les deux adolescents on décroché un prix d'interprétation plus que mérité au FIFF de Namur l'an dernier. Présent dans le dernier acte, Poelvoorde y trouve un de ses plus beaux rôles, à fleur de peau. du Welz clôt en beauté sa trilogie avec un film moins brutal, plus lumineux sans se départir de ses obsessions. L'amour fou y est de nouveau traité sous un angle autant fondateur que destructeur.

Beau film. 8/10
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mannhunter
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par mannhunter »

Après Vincent Malausa/Les Cahiers/Chronicart, encore un autre magazine qui taquine le réalisateur...:


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Cher Théo Ribeton, cher Inrockuptibles,
J’ai lu avec intérêt votre critique sur Adoration, mon dernier film.
Merci pour ces lignes. J’ai beaucoup goûté votre sens de la mesure, votre analyse pertinente et la profondeur de votre regard.
Votre hebdomadaire, phare culturel qui éclaire de son regard curieux et bienveillant le monde de la culture française et d’expression française est une référence. Vos couvertures chic et choc (notamment la célèbre - et audacieuse- couverture du chanteur meurtrier qui a fait sensation...), vos prises de position altruistes, votre ligne éditoriale sans concessions sont autant de gages de votre grande intégrité éditoriale.
Quand à vous, Théo Ribeton, après avoir pris quelques renseignements ici et là chez quelques amis, collègues et connaissances, tous m’assurent que vous n’êtes qu’un jeune branleur barbu, imbu de sa personne, pédant et désagréable. Sachez que je n’en crois rien et qu’à vous lire, je suis convaincu de votre bonne foi et que j'admire votre admirable sens de la formule.
Merci encore et veuillez recevoir l’expression de mes meilleurs sentiments.

Fabrice du Welz
Dernière modification par mannhunter le 22 janv. 20, 14:46, modifié 2 fois.
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par Dunn »

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Flol
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par Flol »

Je suis toujours étonné de voir des cinéastes ne pas accepter la critique, au point de prendre personnellement la plume pour s'attaquer aux critiques négatives.
Si leur but était de plaire à tout le monde, je crois qu'ils ont choisi le mauvais métier.
Fabrice Du Welz a écrit :Quand à vous, Théo Ribeton, après avoir pris quelques renseignements ici et là chez quelques amis, collègues et connaissances, tous m’assurent que vous n’êtes qu’un jeune branleur barbu, imbu de sa personne, pédant et désagréable
Là par contre, il a plutôt raison.
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par mannhunter »

Flol a écrit :
Fabrice Du Welz a écrit :Quand à vous, Théo Ribeton, après avoir pris quelques renseignements ici et là chez quelques amis, collègues et connaissances, tous m’assurent que vous n’êtes qu’un jeune branleur barbu, imbu de sa personne, pédant et désagréable
Là par contre, il a plutôt raison.
Peut-être...après Ribeton ne critique qu'un film et le style de son réalisateur, là où du Welz est dans l'attaque personnelle sur des rumeurs de ses proches..
Flol a écrit :Je suis toujours étonné de voir des cinéastes ne pas accepter la critique, au point de prendre personnellement la plume pour s'attaquer aux critiques négatives.
En même temps ce n'est pas la première fois concernant ce cinéaste...après il y a même des réalisateurs qui appellent directement les rédactions quand ils ne sont pas satisfaits des notes accordées à leurs films (non je ne citerai pas de noms ou alors seulement en MP :uhuh: )
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gnome
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par gnome »

mannhunter a écrit :Après Vincent Malausa/Les Cahiers/Chronicart, encore un autre magazine qui taquine le réalisateur...
Qu'est-ce qu'il raconte Malausa ?

Concernant l'avis de Ribeton, c'est son interprétation du film. Personnellement, j'ai trouvé l'approche intéressante et absolument pas naïve contrairement au personnage principal qui est lui bien dans une certaine naïveté comme je l'ai dit. Ce personnage va tomber amoureux de la façon la plus pure qui soit parce qu'il est incapable de voir le mal. Gloria a des accès paranoïaques et voit le mal partout. Paul est son antithèse, c'est un simple.
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mannhunter
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par mannhunter »

gnome a écrit :
mannhunter a écrit :Après Vincent Malausa/Les Cahiers/Chronicart, encore un autre magazine qui taquine le réalisateur...
Qu'est-ce qu'il raconte Malausa ?
A l'époque il avait rédigé dans Chronicart un dossier sur le cinéma de genre européen qui égratignait notamment "Calvaire" et ça avait beaucoup énervé Du Welz apparemment, et quelques années plus tard ils se tweetaient à propos de "Colt 45"..:
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Vincent Malausa:

" COLT 45 est tellement mauvais que le producteur l'a mis au placard"

Fabrice du Welz:

" Ne parle pas de ce que tu ne sais pas Malausa. Tu ne sais rien. Alors ferme ta gueule de prétentieux frustré. Et je me réjouis de te croiser pour t'expliquer 2/3 trucs."
et entre le producteur de "Colt 45" et son réalisateur c'était pas vraiment mieux sur FB...
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Emmanuel Montamat : Vu les chefs d’œuvres qu’il a (pas) fait... pas sûr qu’il y ait beaucoup d’audience ce soir là

Fabrice du Welz : Ris gros Montamat ris ... Au fond, à La Petite Reine tu étais le pire de tous, un sombre parasite plein de coke et de suffisance, un infâme imposteur et surtout, surtout un mec malhonnête. Je te pisse au cul.

Emmanuel Montamat : Fabrice du Welz tu peux toujours m'insulter de tous les noms, c'est tout ce que tu es capable de répondre. cela ne m'étonne pas car tu es un pur imposteur tout juste bon à tourner pour des marques de lessives. Et encore, je suis sur que tu ferais de la merde

Fabrice du Welz : Emmanuel Montamat il est bientôt l’heure de ta snifette Montamat. Force pas trop, t’es plus tout jeune homme ...

Fabrice du Welz : Gros Montamat. Je vais tout de même, ici - et publiquement - te dire deux trois choses. Tu es, probablement l’être humain le plus vil, retors, opportuniste et vicieux que j’ai croisé dans mon existence. Tu as tenté – avec l’aide de tes copains cokés de feu LPR – de me mettre à terre, à bas, de m’enterrer, de m’anéantir et tu y es presque arrivé … Mais dis gros, regarde-moi, je suis toujours debout, j’ai fait 2 films depuis notre désastre commun et je suis en préparation d’un troisième. Je continue, je fais, avec passion, parce que je suis un cinéaste et que dans 20 ans, si le ciel me prête vie, je serais toujours là, à faire des films, coûte que coûte. Où seras-tu toi gros coké ? Je n’ai pas pu te le dire à l’époque, face à face, parce que tu me tenais avec un accord de confidentialité de merde (avec lequel je me torche aujourd’hui) je t’emmerde ! Je me suis libéré de ta nuisance, de tes frasques et surtout de ta malveillance. Je ne te souhaite rien, ni bon, ni mal, juste je t’emmerde, à l’infini, tu n'as aucune importance et sache une chose gros coké : Karma is an old bitch full of STD !"
Dernière modification par mannhunter le 22 janv. 20, 16:32, modifié 2 fois.
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par Strum »

La lettre du réalisateur est en tout cas beaucoup plus drôle que la critique, qui est "désespérément" unilatérale.
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hellrick
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par hellrick »

C'est un film qu'on peut rejeter pour son côté assumé (oui c'est un amour complètement fou et quelque part naïf) qui va jusqu'au bout de son côté onirique et de son climat étrange / fantastique du quotidien (la fin originale envisagée était beaucoup plus classique)

mais de là à parler de niaiserie, de pub center park ou autre...bref.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

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Flol
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par Flol »

mannhunter a écrit :
gnome a écrit : Qu'est-ce qu'il raconte Malausa ?
A l'époque il avait rédigé dans Chronicart un dossier sur le cinéma de genre européen qui égratignait notamment "Calvaire" et ça avait beaucoup énervé Du Welz apparemment, et quelques années plus tard ils se tweetaient à propos de "Colt 45"..:
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" COLT 45 est tellement mauvais que le producteur l'a mis au placard"

Fabrice du Welz:

" Ne parle pas de ce que tu ne sais pas Malausa. Tu ne sais rien. Alors ferme ta gueule de prétentieux frustré. Et je me réjouis de te croiser pour t'expliquer 2/3 trucs."
et entre le producteur de "Colt 45" et son réalisateur c'était pas vraiment mieux sur FB...
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Emmanuel Montamat : Vu les chefs d’œuvres qu’il a (pas) fait... pas sûr qu’il y ait beaucoup d’audience ce soir là

Fabrice du Welz : Ris gros Montamat ris ... Au fond, à La Petite Reine tu étais le pire de tous, un sombre parasite plein de coke et de suffisance, un infâme imposteur et surtout, surtout un mec malhonnête. Je te pisse au cul.

Emmanuel Montamat : Fabrice du Welz tu peux toujours m'insulter de tous les noms, c'est tout ce que tu es capable de répondre. cela ne m'étonne pas car tu es un pur imposteur tout juste bon à tourner pour des marques de lessives. Et encore, je suis sur que tu ferais de la merde

Fabrice du Welz : Emmanuel Montamat il est bientôt l’heure de ta snifette Montamat. Force pas trop, t’es plus tout jeune homme ...

Fabrice du Welz : Gros Montamat. Je vais tout de même, ici - et publiquement - te dire deux trois choses. Tu es, probablement l’être humain le plus vil, retors, opportuniste et vicieux que j’ai croisé dans mon existence. Tu as tenté – avec l’aide de tes copains cokés de feu LPR – de me mettre à terre, à bas, de m’enterrer, de m’anéantir et tu y es presque arrivé … Mais dis gros, regarde-moi, je suis toujours debout, j’ai fait 2 films depuis notre désastre commun et je suis en préparation d’un troisième. Je continue, je fais, avec passion, parce que je suis un cinéaste et que dans 20 ans, si le ciel me prête vie, je serais toujours là, à faire des films, coûte que coûte. Où seras-tu toi gros coké ? Je n’ai pas pu te le dire à l’époque, face à face, parce que tu me tenais avec un accord de confidentialité de merde (avec lequel je me torche aujourd’hui) je t’emmerde ! Je me suis libéré de ta nuisance, de tes frasques et surtout de ta malveillance. Je ne te souhaite rien, ni bon, ni mal, juste je t’emmerde, à l’infini, tu n'as aucune importance et sache une chose gros coké : Karma is an old bitch full of STD !"
Il se dessine quand même une certaine tendance,si l'on en croit les citations postées par mannhunter : Du Welz a l'air particulièrement agressif et a vite tendance à monter dans les tours.
On sait qu'il s'est aussi embrouillé avec Joey Starr sur le tournage de Colt 45, au début je pensais que l'initiateur de la brouille devait forcément être Joey Starr étant donné le passif du mec...finalement, je suis à 2 doigts de changer d'avis.
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par cinephage »

Ce qui m'apparait ici, c'est qu'il y a tant d'animosité entre ces critiques arbitraires et ce réalisateur irascible, qu'il n'est pas possible d'imaginer que ces avis aient la moindre valeur. Ceci est un règlement de comptes masqué. Il eut mieux valu envoyer un pigiste ou un autre rédacteur neutre, pour un avis, par honnêteté intellectuelle, que de rapporter celui d'un journaliste qui s'est déjà engueulé avec le cinéaste à plusieurs reprises, en cachant ce lourd passif entre les individus en question. Ce n'est pas très respectueux des lecteurs.

En tout cas, je trouve Adoration particulièrement réussi, remarquablement beau, et porteur d'une poésie qui m'a fortement touché. Ce que j'avais vu de meilleur en septembre dernier, et j'invite chacun à se faire un avis par soi-même (je ne connais pas Fabrice du Welz).
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par mannhunter »

cinephage a écrit :Ce qui m'apparait ici, c'est qu'il y a tant d'animosité entre ces critiques arbitraires et ce réalisateur irascible, qu'il n'est pas possible d'imaginer que ces avis aient la moindre valeur. Ceci est un règlement de comptes masqué. Il eut mieux valu envoyer un pigiste ou un autre rédacteur neutre, pour un avis, par honnêteté intellectuelle, que de rapporter celui d'un journaliste qui s'est déjà engueulé avec le cinéaste à plusieurs reprises, en cachant ce lourd passif entre les individus en question.
Il s'agit de deux revues et de deux rédacteurs différents là.
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par gnome »

cinephage a écrit :(je ne connais pas Fabrice du Welz)
Je le connais un peu, j'ai passé un an sur le même banc d'école et ça a toujours été quelqu'un d'un peu difficile. Il ne s'en cache pas d'ailleurs et il m'en a encore parlé vendredi... Mais je trouve cette critique peu fondée et gratuite. Le film a le mérite d'apporter un point de vue (qu'il a d'ailleurs très bien défendu après la projection du film). Ce n'est pas du cinéma formaté. Ca a au moins le mérite d'interpeler et donc forcément de diviser.
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par gnome »

cinephage a écrit :En tout cas, je trouve Adoration particulièrement réussi, remarquablement beau, et porteur d'une poésie qui m'a fortement touché. Ce que j'avais vu de meilleur en septembre dernier, et j'invite chacun à se faire un avis par soi-même.
Voilà... Ca sera toujours plus intéressant que de commenter des réglements de compte entre critique et réalisateurs...
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Ballard73
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Re: Adoration (Fabrice du Welz - 2020)

Message par Ballard73 »

Adoration : 6 / 10

Un essai décevant de Du Welz, trop contemplatif à mon goût et au scénario assez fade. La bande annonce laissait entrevoir quelque chose de complètement différent...
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Le film s'attache à montrer à quel point la passion amoureuse peut rendre aveugle, à ce jeune âge (12-14ans) peut être encore plus qu'à tout autre. Il montre également l'asymétrie des sentiments entre les protagonistes de l'histoire : entre Paul et sa mère (l'amour maternel de Paul face à l'amour incestueux de sa mère, entre Gloria et Paul (l'amour intense de Paul pour Gloria face à l'impossibilité pour Gloria d'éprouver le même sentiment). Chaque relation cache un déséquilibre, qui engendrera son lot de péripéties. Les deux adolescents, dans leur désir d'être libéré de la tutelle des adultes (parents ou institution) s'enfoncent dans la nature. Mais par deux fois, ne pouvant survivre seuls, les enfants trouveront refuge auprès d'adultes bienveillants.

Sans être un mauvais film, Adoration m'a déçu à plusieurs égards. D'abord, le scénario, assez prévisible n'a pas permis de créer beaucoup de suspense ni d'émotion, malgré quelques moments réussis. La première partie du film, dans la clinique et ses environs, est sans doute, avec la dernière partie et l'apparition de Poelvoorde, la plus réussie. Le problème est que ce type de film doit se dégager du tout venant avant tout grâce à sa poésie et l'évolution des personnages (ou du discours porté) au cours du film.
Or, ce dernier se contente il me semble de dérouler l'histoire prévue par le pitch de départ, sans pousser son discours sur la liberté et sur la paranoïa. Pourtant, il y avait matière à dire l'injustice de l'amour impossible de ces ado, alors qu'il constitue une béquille pour Gloria autant qu'une révélation pour Paul. Il y avait matière à montrer l'inadéquation de leur histoire avec la rationalité du monde des adultes. Les sujets sont touchés du doigt,mais pas approfondis. Je n'ai pas compris l'objectif du cinéaste, qui semble vouloir s'aventurer du côté du fantastique par moments, mais reste prisonnier de ce cours d'eau qu'est le cadre de départ de l'histoire, un peu à la manière des protagonistes qui ne veulent surtout pas s'éloigner de la rivière.

La poésie survient par instants, au moyen d'images de la nature profonde, primaire, et d'une BO qui laisse gronder le tonnerre et se déployer les chants des choeurs d'enfants. Le dernier plan, sur le lac près des grues cendrées n'apporte aucune solution, aucun mystère, juste la fuite de Gloria et Paul qui continue. Après deux films assez puissants qu'étaient Calvaire et Colt 45, on pouvait attendre mieux de Du Welz.
"I know you gentlemen have been through a lot, but when you find the time, I'd rather not spend the rest of this winter TIED TO THIS FUCKING COUCH!"
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