J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Major Tom
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Major Tom »

Supfiction a écrit :Je n'aurai pas pensé aux duellistes car des duels il y en a bien d'autres mais oui.
En fait, le plan où ils attendent un bon moment avant croiser le fer est presque à l'identique (l'éternuement en moins) dans Les Duellistes. Je pense que c'est une référence directe au film de Scott plus qu'un autre. :)

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Phnom&Penh
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Phnom&Penh »

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Avant tout, quel bonheur de retrouver Roman Polanski dans un vrai grand film, pour moi le premier depuis The Ghost Writer. J'avoue ne pas trop aimer les huis clos et, même ayant plutôt bonne critique, Carnage et La Vénus à la fourrure ne m'avaient guère attirés. Sans parler D'après une histoire vraie, qui semblait cette fois une triste fin de carrière avec le film de trop, une fois de plus.
Mais ici, oui, quel bonheur: ampleur, beau projet, grands acteurs, bon budget, et surtout un artiste qui sort un vrai grand film à 86 ans, c'est vraiment impressionnant quand on le voit retrouver le souci de la mise en scène parfaite, la construction d'un grand scénario, et le travail titanesque que représente le tournage d'un pareil film à son âge...quelle énergie.

Se replonger dans l'histoire de l'Affaire Dreyfus et donner une ultime leçon sur l'antisémitisme me semblait devoir outrepasser ses forces (film historique en costumes, direction de nombreux acteurs de premier plan, tournage avec un grand nombre de figurants). Mais quel beau résultat. Le film n'est pas une simple leçon d'histoire mais un film sur la force de caractère d'un homme, capable, en conscience, de s'opposer à l'une des plus fortes institutions de son époque, non seulement à laquelle il appartient, mais où il est très bien noté, promis à un bel avenir (plus jeune Lt-Colonel français quand il est promu) au sein d'une institution qu'il aime.

Oui, il fallait une sacrée indépendance d'esprit pour faire ce qu'à fait Picquart en 1898. Mais l'indépendance d'esprit vient-elle d'être un fonctionnaire brillant? Rarement. Dans ses notations, il y avait "hardi et bon cavalier" et "grand et d'un beau physique" (amusant de voir une notation de ce type; aujourd'hui, ce serait complètement irrationnel :uhuh: ). Picquart, bien que très discret, avait ce qu'on appelle du "perçant". Il est d'ailleurs mort à 60 ans, à la veille de la guerre de 14, d'une chute de cheval. Le perçant, c'est la qualité nécessaire pour sauter haut et avoir le cœur de charger. Cela fait de bons officiers, pas nécessairement de grands stratèges, mais des hommes sur lesquels on peut compter quand l'orage est là. Le nommer chef d'un service de renseignement était sans doute une des nombreuses conneries commises par l'Armée française de l'époque, qui tripatouillait complètement entre mythe de la grande armée (après la défaite de 1870), désir de se faire accepter par la troisième République et surtout besoin de se tenir à l'écart de l'évolution politique de l'époque. C'est le seul point sur lequel, à mon avis, le film pêche un peu historiquement: faire de Picquart un antisémite et oublier non pas tant la haine antisémite, mais les espoirs politiques du Général Mercier.
Mais bon, ce sont des points de détail. Picquart n'était pas un politicien (il a d'ailleurs été un très médiocre Ministre des Armées et ce poste uniquement du à la conclusion de l'Affaire Dreyfus et ses amitiés politiques). Ce n'était pas un Leclerc, autre grand cavalier doté de perçant, mais cette fois stratège et fin, mais il a été là au bon moment et a su courageusement franchir toutes les lignes.

Autre grand indépendant d'esprit, Emile Zola.
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Reconnu comme grand écrivain à cette époque, mais détesté pour son goût pour "les bas instincts et la souillure". En écrivant J'accuse, il n'a pas mis sa position en danger, il s'est mis en grand danger car il était déjà détesté par une grande partie de l'opinion. Lui, ce n'est pas le perçant militaire qui l'a fait prendre acte, c'est le goût de la vérité et le talent littéraire. Sa littérature décrivait peut-être les bas-instincts et la souillure, mais le courage, il en avait largement.

Finissons sur un troisième indépendant d'esprit, Roman Polanski. Loin de moi l'idée d'en faire une cible d'attaques injustifiées. L'histoire américaine est bien connue, les faits reconnus, mais évidemment, les contempteurs du cinéaste ignorent les détails judiciaires qui expliquent sa fuite des USA (et aussi le fait qu'il ait pu fuir). Oui, Polanski est un abuseur de très jeunes filles. J'ajouterai qu'il ne s'en est jamais vraiment caché, voire qu'il a toujours fait preuve d'une évidente témérité sur le sujet, qui confine quelquefois à la cuistrerie quand il se déguise en académicien (qu'il aurait probablement aimé être) dans J'accuse. Le pire, pour moi, c'est quand, après sa fuite des USA, il s'affiche ouvertement avec Nastassja Kinski (alors 14 ans) une fois en Europe. On se dit "il n'a vraiment rien compris" mais il en parle presque ouvertement dans son auto-biographie. En fait, il s'en fout et ça le fait rire, il s'en est bien sorti.
Je comprends que cela puisse énerver fortement, mais il y a aussi une notion de justice en Europe qui s'appelle la prescription. En dehors de ce crime commis aux USA (et je le répète, plus complexe sur le plan juridique, pas sur le plan des faits reconnus), tout ce qu'on lui reproche est prescrit. Et donc, soumis au doute et de toute façon pas justiciable.
Pourquoi la prescription? Parce qu'un homme évolue, change, que les temps changent, bref, que tout change. Et aussi, parce que les preuves deviennent impossibles à retrouver. Il y a des exceptions, bien sûr, des crimes dits imprescriptibles. Et c'est vrai, qu'entre un gardien de camp de concentration mené devant un jury à 95 ans, et un Polanski, reconnu, financé, qui reçoit des prix, je comprends qu'on puisse dire que le gardien de camp retrouvé a peut-être plus d'excuses ne ne pas être mis en prison qu'un Polanski.
Mais si tout ce qu'à fait Polanski est prescrit, c'est parce que cela a eu lieu il y a plus de quarante ans. Ce n'est pas rien, et depuis cette époque, il semble être devenu un homme bien sage, puis un vieillard. Et ce vieillard a créé une grande oeuvre.

Parler de dissocier l'artiste de l'homme me paraît un procès dérisoire. Même plus que dérisoire quand ce profond imbécile de Guillaume Meurice le compare aux meurtriers en série des vingt dernières années. Aucun de ces hommes n'a produit une oeuvre, et en cherchant bien, le meilleur artiste-criminel est le peintre Adolf Hitler. Qui comparerait les viols de Polanski avec les crimes d'Hitler? Mais qui aussi, oserait comparer l'oeuvre de Polanski aux peintures d'Hitler?

Il n'y a pas l'artiste et l'homme. Il y a l'oeuvre et l'auteur. L'oeuvre est dissociable de son auteur, sur le plan de la considération qu'on lui porte. Un homme mauvais mais génial peut produire une grande oeuvre. D'un autre côté, un courant moderne voulait dissocier justement l'oeuvre de l'auteur (Gerhard Richter notamment). C'est un sujet qui peut se discuter et Polanski est clairement du côté ancien sur ce sujet.

Après, on en revient au pognon, parce que notre monde ne vit plus que de cela. On me dira que Polanski a fait une grande oeuvre mais ne devrait disposer d'aucun financement et d'aucune promotion. In a perfect world...On dit qu'il a beaucoup de pouvoir. Non, il a des soutiens, ce n'est pas la même chose.
C'est un homme de 86 ans qui vient de réaliser un grand film qui n'a rien à voir avec son histoire personnelle, du moins ce qu'on lui reproche, et il y a prescription.

Ma conclusion, c'est que dans un monde où il n'y aura plus de Polanski, il n'y aura plus de Picquart ni de Zola. Une affaire Dreyfus se résoudra très simplement, entre hauts fonctionnaires, et l'immonde coupable finira sa vie sur son île déserte. Et peut-être plus d'oeuvre ni de talent non plus.
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Supfiction
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Supfiction »

Attention quand tu parles de points de détail et d’antisemitisme dans la même phrase, tu prends des risques. :uhuh:

Pourquoi dis-tu que Polanski a fait de Picquart un antisemite ? C’est pourtant reconnu par des historiens. Le film montre d’ailleurs que ce n’est pas le triste sort de Dreyfus qui a motivé son combat.
Ce qu’on peut reprocher au film en revanche, c’est d’avoir montré le peuple français comme antisemite et réservant les rôles des justes à de rares figures tel que Vincent Perez (excellent). La vérité était on le sait plus complexe. Oui il y avait beaucoup d´antisémitisme ordinaire mais certaines scènes du film laisse penser qu’on est quasiment dans l’Allemagne nazie. La France s’est déchirée avec cette affaire ce n’est pas pour rien. Si elle avait été unanimement et radicalement antisemite, cela n’aurait pas été le cas.

En outre, Polanski a fait de Picquart le héros ce qui est partiellement vrai en omettant tous les autres. Le film n’étant pas une leçon d’histoire je lui pardonne même si je regrette un peu qu’il n’est pas pris quelques secondes de plus pour présenter Mathieu Dreyfus, Clemenceau et Zola.
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Phnom&Penh
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Phnom&Penh »

Supfiction a écrit :Attention quand tu parles de points de détail et d’antisemitisme dans la même phrase, tu prends des risques. :uhuh:
Je crois que ce que j'écris ne porte pas à conséquence, même si le terme "points de détails" est effectivement une expression à utiliser peut-être avec plus de discernement, voire à ne pas utiliser :wink:
Supfiction a écrit :Pourquoi dis-tu que Polanski a fait de Picquart un antisemite ? C’est pourtant reconnu par des historiens. Le film montre d’ailleurs que ce n’est pas le triste sort de Dreyfus qui a motivé son combat.
Ce qu’on peut reprocher au film en revanche, c’est d’avoir montré le peuple français comme antisemite et réservant les rôles des justes à de rares figures tel que Vincent Perez (excellent). La vérité était on le sait plus complexe. Oui il y avait beaucoup d´antisémitisme ordinaire mais certaines scènes du film laisse penser qu’on est quasiment dans l’Allemagne nazie. La France s’est déchirée avec cette affaire ce n’est pas pour rien. Si elle avait été unanimement et radicalement antisemite, cela n’aurait pas été le cas.
Tu as entièrement raison. Sur Picquart, je n'ai rien lu sur l'Affaire Dreyfus depuis vingt ans, je ne me souviens absolument pas qu'il ait été décrit comme antisémite, mais peut-être que de nouvelles recherches ont prouvé le contraire.
Sur la société française, je te rejoins totalement, même si je n'ai pas développé le sujet. En fait, pour moi, le meilleur témoin et écrivain sur cette époque pré puis post Affaire Dreyfus, c'est Marcel Proust. Il décrit parfaitement une bourgeoisie juive très bien intégrée, puis ostracisée après l'Affaire. Mais combien sommes-nous à avoir réellement lu Proust? L'antisémitisme était peu présent en France et l'Affaire Dreyfus l'a monté au plus haut point. Sauf que justement, si dans la société en général, l'antisémitisme était peu présent avant l'Affaire, dans l’Armée, c'était différent. L'Affaire Dreyfus a permis une épuration importante parmi les meilleurs généraux, la fin des services de renseignements, et ceci peu avant 1914. Peu judicieux, purement politique, mais l'Armée l'avait cherché. Le résultat est arrivé, les mises à l'écart, la fin des services de renseignements, la promotion de généraux incompétents, les "limogeages". Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'avec cette Affaire Dreyfus, les allemands ont beaucoup gagné.
Supfiction a écrit :En outre, Polanski a fait de Picquart le héros ce qui est partiellement vrai en omettant tous les autres. Le film n’étant pas une leçon d’histoire je lui pardonne même si je regrette un peu qu’il n’est pas pris quelques secondes de plus pour présenter Mathieu Dreyfus, Clemenceau et Zola.
C'est là où un bon acteur fait le rôle, même s'il est court. Je trouve que Zola est bien représenté, Clemenceau aussi (il n'était pas dans sa plus grande période).
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Major Tom »

Phnom&Penh a écrit :C'est là où un bon acteur fait le rôle, même s'il est court. Je trouve que Zola est bien représenté
J'ai cru en voyant le film qu'il s'agissait de Jean-François Balmer, l'acteur a une petite ressemblance. Mais c'est un certain André Marcon dont je n'avais jamais entendu parler...
Beaucoup d'acteurs de la Comédie Française dans le lot, comme le souligne le générique de fin, qui apportent forcément une touche importante dans le sentiment général d'excellence de l'interprétation.
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Message par Supfiction »

André Marcon très remarquée pourtant dans Marguerite il y a 4 ans.
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Tout le casting est exceptionnel. C'est le retour du cinéma français des très grands seconds et petits rôles. De Laurent Stocker à Grégory Gadebois en passant par Vincent Perez, Wladimir Yordanoff, Michel Vuillermoz, Amalric, Podalydes, Hervé Pierre, Philippe Magnan etc etc. Le film mériterait d'avoir toutes les nominations aux prochains Cesars du second rôle masculin. Je pense que Grégory Gadebois va rafler la mise parce que son rôle est plus important que celui de Louis Garrel qui est pourtant exceptionnel par ce qu'il arrive à faire passer avec si peu de dialogues.
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Message par hansolo »

Phnom&Penh a écrit :Sur Picquart, je n'ai rien lu sur l'Affaire Dreyfus depuis vingt ans, je ne me souviens absolument pas qu'il ait été décrit comme antisémite, mais peut-être que de nouvelles recherches ont prouvé le contraire.
Picquart est unanimement décrit comme antisémite par les historiens qui se sont penchés sur la période.
Sa dimension "héroïque" est par ailleurs contestée :
https://www.franceculture.fr/histoire/l ... re-dreyfus
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Message par Phnom&Penh »

hansolo a écrit :
Phnom&Penh a écrit :Sur Picquart, je n'ai rien lu sur l'Affaire Dreyfus depuis vingt ans, je ne me souviens absolument pas qu'il ait été décrit comme antisémite, mais peut-être que de nouvelles recherches ont prouvé le contraire.
Picquart est unanimement décrit comme antisémite par les historiens qui se sont penchés sur la période.
Sa dimension "héroïque" est par ailleurs contestée :
https://www.franceculture.fr/histoire/l ... re-dreyfus
Pour l'antisemitisme d'origine, rien a dire, même si je reste circonspect. Il y a aussi les opinions générales de milieu auxquelles on se plie parce qu'on n'a aucune raison de se faire remarquer et qu'on se moque du sujet. Entre le courage et la lâcheté, il y a suivre la norme.
Pour le reste, Philippe Oriol est certes un spécialiste de l'Affaire, mais fait clairement partie de ces historiens politiquement très orientés qui usent de l'histoire pour faire passer un message. Toute sa carrière est vouée à cela. C'est assez facile de résumer deux ans de prison à une volonté de protéger l'armée d'elle-même et à un fin calcul politicard. Un seul détail, il le décrit comme apprécié car de milieu très catholique. C'est de la pure ré-interprétation, il était surtout alsacien réfugié en France en 1872, ce qui marque. Pour le reste, il était athée revendiqué et célibataire, ce qui, dans l'armée de l'époque était plus original que dans la norme. Mais bon, c'était peut-être un habile calcul parce qu'il avait deviné bien à l'avance l'épuration de l'armée par les futurs gouvernements de gauche, l'affaire des fiches et tout ça.

Comme je le disais, quand il n'y aura plus de Polanski, il n'y aura plus de Picquard ni de Zola, mais des procureurs, des délateurs en chambre, des manipulateurs carriéristes, des provocateurs avides de notoriété, ça, on n'en manquera jamais, ça ne fait que pulluler déjà. Même Hanouna à son avis très tranché sur le sujet, non mais. Il boycotte le film, faudra lui faire une fiche Oriol, ça aidera à sa reconversion intellectuelle en penseur sérieux et engagé dans les combats importants de notre époque, a qui on ne l'a fait pas.
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Supfiction »

Des tartuffes, des bien-pensants et des héros il y en aura encore, rassure toi.
Que Hanouna conseille de ne pas aller voir le film, c’est une super pub en revanche, qui remplace bien les quelques interviews annulés.
Ce qui est plus inquiétant en revanche, c’est quand il pousse sa « réflexion » jusqu’à dire : « comment la financiation du film a pu avoir lieu ? La vraie question elle est là. Il y a des gens pour le soutenir et mettre de l’argent sur son film, c’est plus ça qui me dérange! ». Là il y a un vrai risque si les lobbys communautaires commencent à mettre la pression sur les financeurs (et leurs partenaires pendant qu’on y est). Et c’est visiblement une nouvelle tendance à l’oeuvre.

Pour revenir à Picquart, il n’est sans doute pas Gary Cooper, mais cela reste un héros qui s’est battu contre le système. Il est très alambiqué de penser qu’il aurait pris tous ces risques par simple calcul stratégique et politique, je n’y crois pas.
Mais il ne l’a pas fait tout seul, Dreyfus et son frère, Clemenceau, Zola et d’autres moins célèbres ont été héroïques et admirables. Mais il y a eu aussi des suiveurs opportunistes ou animés d’intentions moins nobles, comme toujours.
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Major Tom »

Aheu-heum... :fiou:
cinephage a écrit :Préambule de la modération : pour éviter les effets taches d'huile qui se répandent d'un sujet à l'autre, ce topic est consacré au film J'accuse.

Les débats sur le viol, la censure, les projections annulées et autres peuvent être conduits en d'autres places du forum, et tout post s'y rapportant sans lien direct avec ce film sera déplacé ou supprimé, car il existe déja plusieurs topics où ces échanges sont à leur place.
:P

Sinon très heureux que le film t'ait plu et de te lire, Phnom. ;)

Je ne suis pas du tout un spécialiste de cette période, à mon grand regret d'ailleurs, je connais de l'affaire l'équivalent du manuel pour les nuls, et j'ai vu le téléfilm de 3h d'Yves Boisset. :mrgreen: Mais si je peux apporter (à tous) une précision relevant de l'anecdote de tournage, il faut noter que sur le plateau Polanski trimbalait de la documentation avec lui, notamment des livres d'époques, des carnets, et certains cahiers amenés précautionneusement qu'il montrait à Dujardin: "Tiens, viens voir, ça c'était le cahier de Piquart..." Je le soupçonne d'avoir été énormément aidé, entouré, et de s'être extrêmement bien renseigné sur le sujet pour rivaliser avec n'importe quel consultant historique. Ça ne veut évidemment pas dire que son film ne fait pas d'entorses à la réalité pour faire du cinéma (évidement, la fidélité à une histoire vraie ne s'obtient pas en en respectant scrupuleusement la lettre), mais au-delà de l'aspect reconstitution/documentaire (*), je crois qu'il a cherché à coller au plus près des personnalités que pouvaient être les vrais personnages de l'époque, dans des détails qui ne raviront peut-être que quelques spécialistes dans le public...

(*) Dans le genre recherche d'authenticité, à la toute fin, avez-vous remarqué les ratiches de Dujardin, assez crédibles pour un type qui vivait à cette époque ? :)
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Supfiction »

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A propos de Dujardin, il a une réplique qui sonne vraiment faux malheureusement, c’est quand il dit : « ce n’est pas une nouvelle affaire Dreyfus, c’est la même ». Je n’ai pas vu la bande-annonce du film, mais j’imagine très bien qu’elle doit la conclure.
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :Je n’ai pas vu la bande-annonce du film, mais j’imagine très bien qu’elle doit la conclure.
Tu n'es pas loin de la vérité mais qu'est ce qui sonne faux pour toi?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit :Je n’ai pas vu la bande-annonce du film, mais j’imagine très bien qu’elle doit la conclure.
Tu n'es pas loin de la vérité mais qu'est ce qui sonne faux pour toi?
Ça fait un peu théâtral, non ?
C’est une punchline comme on dit aujourd’hui, qui passerait dans une comédie, mais pas tellement le genre de truc qu’on imagine dire à un supérieur hiérarchique sauf au moment de démissionner.
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Re: J'accuse (Roman Polanski - 2019)

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :C’est une punchline comme on dit aujourd’hui, qui passerait dans une comédie, mais pas tellement le genre de truc qu’on imagine dire à un supérieur hiérarchique sauf au moment de démissionner.
C'est le naturel OSS 117 qui revient au galop :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit :C’est une punchline comme on dit aujourd’hui, qui passerait dans une comédie, mais pas tellement le genre de truc qu’on imagine dire à un supérieur hiérarchique sauf au moment de démissionner.
C'est le naturel OSS 117 qui revient au galop :mrgreen:
Dujardin n’y est pour rien cela dit (aurait-il pu convaincre Roman de changer la réplique, si tant est qu’il ait été du même avis que moi ?). Pour le reste, il n’a peut-être jamais été aussi bon dans le cinéma parlant.
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