Peggy Sue s'est mariée (Francis Ford Coppola - 1986)

[The Eye Of Doom]

Pas trouvé grand chose sur le forum ou le site, donc creation d'un nouveau sujet:

"Peggy Sue s'est mariée"
Alors qu'elle s'apprête à divorcer, une femme se retrouve plongée dans ses annees lycée, 25 ans plus tot. Pourra-t-elle faire d'autres choix et éviter le désastre à venir?

C'est avec emotion que j'ai revu ce film avec mon fils de 14 ans. Je l'avais decouvert avec beaucoup d'enthousiame en 86 à sa sortie et ne l'avais jamais revu. A part le concept general et le coup des collants, j'avais tout oublié.

Sur le theme, facile, du retour vers le passé et de la seconde chance, le film avait tout du casse gueule : sujet tire-larme, anachronisme, nostalgie sixties, Nicolas Cage,...
Grace à l'art de Coppola, et l'interprétation de Kathleen Turner, il est souvent vraiment émouvant. Comme l'héroïne, on est bouleversé par ce qui lui arrive.
Je citerai deux passages particuliers au debut et à la fin:
* La sortie de l'infirmerie, le trajet en voiture et l'arrivee au domicile
* La visite aux grands parents.
Au debut, Coppola se contente de montrer sans surligner, laissant d'abord couler le flot de sensations visuelles avant le court instant de quasi panique devant la porte familiale : apres une seconde d'hesitation, Peggy Sue frappe avant de rentrer chez elle.
La scene avec la mere est alors incroyable...
A la fin, la situation de l'heroine et du spectateur n'étant plus la meme, il évite l'émotion frontale que pouvaient etre les retrouvailles avec les grands parents pour preferer un tres beau plan de Peggy regardant songeuse à la fenetre, puis un dialogue magnifique où Peggy évoque ses enfants qui lui manquent.

Dans une sorte d'envolée, le passage suivant à la loge du grand pere est leger et excellent.

Le film oscille constamment entre le registre de l'émotion pure, l'inévitable comique de situation (Peggy s'enfilant un verre de Whisky devant ses parents,...), le volet jubilatoire de l'affaire, mais aussi le drame du à la douleur enracinée, irreductible, de Peggy.
C'est ici qu'il faut saluer la prestation de Kathleen Turner, qui rend si bien compte de la "tempête sous le crâne" de l'heroine.
Peggy Sue est submergée, lâche prise, s'amuse, s'énerve, et tente de reprendre son destin en main.
Progression fortement non lineaire, avec ses rechutes, ses emballements (la proposition sexuelle en voiture), son apathie, ses doutes,...
Jusqu'au final.

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On a beaucoup reprocher au film sa "morale". Soit disant eloge du renoncement, apologie du conformisme,...
Je ne l'ai pas du tout vu comme ca.
Le probleme de Peggy Sue est qu'elle croit avoir fait de mauvais choix alors qu'elle a simplement oubliée pourquoi elle a fait les bons choix.
C'est donc d'abord un travail de mémoire qu'elle doit vivre et qui l'amène finalement a choisir de nouveau l'homme qui l'aime et qu'elle aime ( y compris avec ses défauts).

Film faussement leger, faussement mineur, mais tellement personnel il le semble.
Indispensable dans la filmographie de Coppola.

Mon fils a beaucoup aimé. Sans savoir qu'il s'agisait du meme auteur, comme on avait vu Twixt il y a peu de temps, il a tout de suite reconnu la similitude entre le beatnik ténébreux et Flamengo : la fuite en moto est la meme.

[Thaddeus]

L'un des films les plus légers de Coppola (dans tous les sens du terme), dont la facture est éventuellement à chercher dans son envie de renouer avec des proportions plus modestes après l'échec de Cotton Club. On peut d'ailleurs rapprocher ce repli du celui opéré par Scorsese un an plus tôt avec After Hours, qui est venu comme conjurer le tournage plus lourd et éprouvant de La Valse des Pantins. Peut-être le cinéaste cherche-t-il à s'adresser plus directement, en profitant d'un scénario "à l'eau de rose", à l'Amérique moyenne, du centre, en lui tendant un miroir du temps qu'elle pouvait sans difficulté contempler et où, derrière la comédie, se profilait un regard critique de ses propres valeurs. Peut-être aussi cherchait-il tout simplement à prendre du plaisir à diriger de bons comédiens. C'est un curieux divertissement en tout cas, une oeuvre en demi-teintes, à la fois culottée et tout à fait conventionnelle, qui jette un regard discret sur un coin étrange du jardin caché de l'Amérique.

[Supfiction]

Que ce soit dans Retour vers le futur ou dans Peggy Sue, sortis à quelques mois d’intervalle, Charlie/Nicolas Cage et George McFly sont particulièrement niais tandis que Peggy Sue et Lorraine Bates sont plutôt dévergondées. Elles veulent du sexe!

Kathleen Turner est formidable. Elle arrive à être aussi crédible à 18 ans qu’à 43. Je suis un peu plus réservé sur Nicolas Cage même si son rôle était probablement écrit ainsi. Néanmoins il arrive à être touchant dans sa perte totale de repères face au comportement de sa copine (très belle scène dans la cave lorsqu’elle rompt avec lui). J’aime beaucoup ce film, profondément nostalgique. Son remake français est pas mal aussi.
Belle musique romantique de John Barry (proche de certains thèmes de Danse avec les loups) dont s’inspirera je pense Alan Silvestri.

[Thaddeus]

Son remake français est pas mal aussi.

Camille redouble de Noémie Lvovsky ?

[Supfiction]

Son remake français est pas mal aussi.

Camille redouble de Noémie Lvovsky ?

Oui. Pas aussi maîtrisé bien sûr mais de belles scènes notamment avec Yolande Moreau et Vuillermoz en parents.

[The Eye Of Doom]

Peut-être le cinéaste cherche-t-il à s'adresser plus directement, en profitant d'un scénario "à l'eau de rose", à l'Amérique moyenne, du centre, en lui tendant un miroir du temps qu'elle pouvait sans difficulté contempler et où, derrière la comédie, se profilait un regard critique de ses propres valeurs. .... C'est un curieux divertissement en tout cas, une oeuvre en demi-teintes, à la fois culottée et tout à fait conventionnelle, qui jette un regard discret sur un coin étrange du jardin caché de l'Amérique.

Il y a clairement "deux" Coppola :
d'une part celui des grandes "oeuvres" : Conversation secrete, Les 3 parrains, Apocalypse Now, Coton club, L'idealiste,
d'autre part le Coppola cineaste intime et sensible des passagers de la pluie, outsiders, rusty james, peggy sue, les jardins de pierre, jack
Coup de coeur étant la seule tentative hybride (et forcement bancal) entre les deux.
J'ai toujours préférè le second, formidable, qui m'a toujours touché meme dans des films pas forcement parfaits.
Peggy Sue s'inscrit naturellement dans cette deuxieme veine ancrée de longue date chez le cineaste.

Je suis un peu plus réservé sur Nicolas Cage même si son rôle était probablement écrit ainsi. Néanmoins il arrive à être touchant dans sa perte totale de repères face au comportement de sa copine (très belle scène dans la cave lorsqu’elle rompt avec lui).

Effectivement Cage a le role difficile du post ado cabotin mais il arrive à faire passer cette fragilité au dela de l'apparence, dans la belle scene que tu evoque par exemple.

[Antofisherb]

Vu le film hier soir sur OCS, film qui a fini par me convaincre malgré quelques défauts importants. On peut dire que c'est dans la continuité du principe du teen movie introduit par l'intermédiaire du fantastique/SF à la manière Retour vers le futur, mais avec un regard nostalgico-mélancolique plus proche d'American Graffiti (c'est tellement la même bande tout ça qu'on peut se demander d'où viennent certaines influences). Kathleen Turner est excellente, Nicolas Cage... fait du Nicolas Cage mais avec le cabotinage particulier du début de carrière. Apparemment il aurait pris cette voix contre l'avis de Coppola et Turner, se rendant assez insupportable sur le tournage (mais on l'aime pour ça). Ca pourrait foutre en l'air le film (certains le pense), mais étonnamment je trouve que ça marche bien et l'acteur offre notamment une scène particulièrement touchante lors d'une dispute dans la cave. Finalement son jeu un peu benêt mais attachant permet au film de ne pas prendre un virage trop conservateur à la fin en mettant plutôt l'accent sur l'amour et le pardon.

Le plus gros problème selon moi, c'est l'absence de contexte autour de la vie de Peggy Sue au début du film, ce qui fait qu'on ne ressent aucune émotion lorsqu'elle retrouve sa vie à l'époque (on ne sait pas pourquoi elle est si heureuse de retrouver sa soeur, par exemple). L'autre problème qui en découle, c'est le manque de fil conducteur du récit et du personnage : elle est un peu perdue (c'est aussi le propos du film), ne sait pas ce qu'elle veut, et le principe du basculement de réalité n'est pas vraiment établi : aucun contrat n'est passé avec le spectateur (mais peut-être est-ce un truc plutôt post-moderne), donc on ne sait pas quand le film va s'arrêter ni ce qu'on doit attendre, du coup des soucis de rythmes se font sentir (c'était aussi sur ce point que Retour vers le futur était brillant).

Malgré tout, Kathleen Turner donne à jouer un personnage vraiment attachant et universel, qui se questionne sur la notion de destin, sur le mariage, sur sa vie et ses possibilités, bref une belle manière, plus émotionnelle que narrative, d'exploiter le concept du film. Le moment où elle se rend compte qu'il serait déchirant qu'elle empêche Charlie de tenter le coup dans la musique est très beau. Et puis la réal de Coppola, sans être époustouflante, offre quelques beaux plans, avec notamment une belle idée de mise en scène en ouvrant et fermant son film sur un plan à travers un (faux) miroir, où la doublure de l'autre côté est tellement voyante qu'on se dit qu'elle illustre finalement plutôt bien les petites différences qu'offre cet espèce de monde en parallèle.

Sinon, grâce à son "pouvoir" de venir du futur, Peggy donne à Charlie une composition musicale "qui sera un hit"... des Beatles. Ca rappelle forcément le dernier film de Danny Boyle.

[The Eye Of Doom]

Finalement son jeu un peu benêt mais attachant permet au film de ne pas prendre un virage trop conservateur à la fin en mettant plutôt l'accent sur l'amour et le pardon.

Tres juste.

Le plus gros problème selon moi, c'est l'absence de contexte autour de la vie de Peggy Sue au début du film, ce qui fait qu'on ne ressent aucune émotion lorsqu'elle retrouve sa vie à l'époque (on ne sait pas pourquoi elle est si heureuse de retrouver sa soeur, par exemple). L'autre problème qui en découle, c'est le manque de fil conducteur du récit et du personnage : elle est un peu perdue (c'est aussi le propos du film), ne sait pas ce qu'elle veut, et le principe du basculement de réalité n'est pas vraiment établi : aucun contrat n'est passé avec le spectateur (mais peut-être est-ce un truc plutôt post-moderne), donc on ne sait pas quand le film va s'arrêter ni ce qu'on doit attendre, du coup des soucis de rythmes se font sentir (c'était aussi sur ce point que Retour vers le futur était brillant).

J’ai pas du tout senti cela. L’emotion lorsqu’elle retrouve sa soeur est telle que la question du pourquoi ne m’a pas effleurée. On se doute bien qu’il y a und raison (deuil, eloignement, rupture,..) mais connaitre cette raison n’aurait rien ajouté, je trouve.
Le fait sur l’on ne sache pas ou ca vas ni quand ca vas s’arreter est pour moi une qualité. Elle permet les scenes bouleversantes avec les grands parents et l’ineffable plan « societe secrete ».
Il y a justement une pure jubilation de l’instant, alors que Retour vers le futur raconte une histoire. On attend de voif comment il vas s’en sortir. Ici rien n’est rationel ni l’arrivee ni le depart. Il n’y a pas vraiment de suspense. Juste de l’emotion.

[Alexandre Angel]

Il n’y a pas vraiment de suspense. Juste de l’emotion.

De ce point de vue-là, on est plus proche de La Rose Pourpre du Caire que de Retour vers le futur. Ce n'est pas une question de sujet, mais d'imaginaire.

[Ikebukuro]

Film intéressant, émouvant, mais devenu kitsch avec le temps. J'avoue avoir été rebuté par les coupes de cheveux, les vêtements, le look de Nicolas Cage qui cabotine plus qu'il ne joue...
MAIS les voitures américaines des années 50................. pfiou, quelles beautés! Comme disait Christophe, le rock'n roll est mort le jour où on a enlevé de ces voitures leurs ailerons!

[Watkinssien]

Le film a beau être gentillet et mineur chez Coppola, il n'empêche que l'on suit jusqu'au bout cette fable douce sur le temps qui passe et sur la nostalgie d'une jeunesse pleine d'espérance et d'insouciance. Casting attachant pour des personnages parfois caricaturaux, parfois bien observés.

[The Eye Of Doom]

La c’est Tucker direct !
Le film est moins interessant mais question voiture...

C’est curieux ce que tu dis:le film n’est pas kitch c’est la mode de l'époque qui l'était (je parle des années 80).

Je comprends que ca puisse faire bizarre quelquefois (moi c’est les chemises a col pelle a tarte qui passent mal) mais il faut forcement accepter la mode qui prevalait au moment du film. A la rigueur, ca deviens un temoignage....

[harry]

MAIS les voitures américaines des années 50................. pfiou, quelles beautés! Comme disait Christophe, le rock'n roll est mort le jour où on a enlevé de ces voitures leurs ailerons!

Non elles sont devenues encore plus Rock la décennie suivante!

Charger, Camaro, Mustang, Challenger...

[Jean-Pierre Festina]

MAIS les voitures américaines des années 50................. pfiou, quelles beautés! Comme disait Christophe, le rock'n roll est mort le jour où on a enlevé de ces voitures leurs ailerons!

Non elles sont devenues encore plus Rock la décennie suivante!

Charger, Camaro, Mustang, Challenger...

Je préfère moi aussi les américaines des années 60, mais tout de même, la Mustang c'est pas très rock. Au contraire, c'est le moment où les grosses fusées pastel américaines décident de ressembler aux européennes en adoptant des lignes plus sobres.

[harry]

Je sais pas j’ai toujours trouvé que les Cadillac, Plymouth ou autre Chevrolet de l’époque donnaient l’air de gros « cakes » sur roues pour conducteurs pépères.