Joker (Todd Phillips - 2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
G.T.O
Egal à lui-même
Messages : 4835
Inscription : 1 févr. 07, 13:11

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par G.T.O »

Mosin-Nagant a écrit :
Spongebob a écrit :Et évidemment NoCiné a détesté le film...

https://www.binge.audio/joker-la-valse-dun-pantin/
Oui, j'ai commencé à écouter et j'ai arrêté après 5 minutes. Pas envie qu'ils me gâchent la fête.
Ils peuvent être de mauvaise foi, ceux-là. Surtout heuuuuuu Stéphane heuuuuuu Moïssakis.

Je vois ça, ce soir, et je saurais être modéré dans mon attente.
Pas un chef d'œuvre, j'imagine, mais probablement un bon film.
Moïssakis et Dupuy, les deux ex rédacteurs de Mad movies, qui, comme on le sait, se tartinaient comme il faut sur les bien niaiseux et discutables Spiderman de Raimi. Donc, bon, en ce qui me concerne zéro crédibilité. Les arguments de Moïssakis frisent le hors sujet. Il ne fait que comparer Joker à Taxi Driver et la Valse des pantins. Prenant en compte la campagne de pub et le CV de Phillips. Difficile de nier qu’il y ait des influences, autant Scorsese que d’autres réalisateurs new-yorkais tels que Lustig et Ferrara, mais à aucun moment le film ne cherche à établir un dialogue avec les films de Scorsese. La description quasi clinique de la folie, de même que la représentation de la ville de Gotham, est assez différente.
Dernière modification par G.T.O le 9 oct. 19, 18:35, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17103
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Watkinssien »

Spider-Man 2 est quand même un sacré grand film!

Mais de ce que j'ai entendu, l'équipe de NoCiné pue la mauvaise foi et l'esprit rebelle prévisible dans ce podcast! C'est Todd Phillips, ils n'y croyaient pas dès le départ. Si on commence comme ça.

Bon, j'arrête de poster, tant que je n'ai pas vu la bête...
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
Mama Grande!
Accessoiriste
Messages : 1598
Inscription : 1 juin 07, 18:33
Localisation : Tokyo

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Mama Grande! »

Je craignais le numéro de cabotinage auteurisant mais certains avis ici me redonnent espoir :D pour ce week-end normalement 8)
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54763
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Flol »

G.T.O a écrit :Moïssakis et Dupuy, les deux ex rédacteurs de Mad movies, qui, comme on le sait, se tartinaient comme il faut sur les bien niaiseux et discutables Spiderman de Raimi
Calme-toi, tu t'emportes et dis n'importe quoi.
Avatar de l’utilisateur
Thaddeus
Ewok on the wild side
Messages : 6170
Inscription : 16 févr. 07, 22:49
Localisation : 1612 Havenhurst

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Thaddeus »

Un film singulièrement âpre, sombre et désenchanté, reflet d'une âme en déréliction qui se laisse malgré elle grignoter par le gouffre. Comme vous l'avez déjà signalé, tout n'est pas parfait : quelques effets à la pompe un peu trop appuyée par ici , une gravité "nolanienne" (transitions emphatiques, musique lourde) qui surligne un peu trop les choses par là. Et lorsqu'une poignée d'inserts en flashbacks entérine inutilement par l'image ce que tout spectateur moyennement intelligent vient de comprendre par le biais d'une réplique ("Vous vous appelez Arthur, n'est-ce pas ? Vous habitez dans l'appartement au fond du couloir"), cela dénote la marge qui sépare le (très) bon film du grand film. Ces réserves faites, il faut se réjouir de voir une proposition aussi radicale dans un contexte de production majoritaire. Porté par un Joaquin Phoenix proprement possédé par son personnage, qui n'a pas volé les louanges à son égard, Joker réfute toute mystique du Mal pour dresser le portrait d'un type ordinaire consumé par la malédiction des mal-partis, par les circonstances qui l'accablent, par une violence sociale qu'il éprouve jusqu'à ne plus pouvoir l'absorber. Il est aussi loin du Joker psychédélique interprété par Nicholson que du Joker anarchiste incarné par Ledger. Rien ne vient conforter la jouissance du spectateur témoin de son assomption à la criminalité, de son basculement irrémédiable. Même lorsque Arthur endosse sa nouvelle personnalité, Philips ne joue pas le jeu toujours un peu équivoque de la fascination : il reste un pauvre type au fond du trou, sans éclat, sans qualité particulière, d'où émane une souffrance qu'il ne peut, par réflexe de survie, que mettre en scène comme une pathétique comédie. A cet égard, la scène où il participe au show télévisé de Franklin/De Niro est caractéristique : ce qu'une scène conventionnelle aurait transformé en numéro de flamboyance devient ici une confession éteinte, morne, où l'interlocuteur a une fois de plus le dernier mot, à défaut du dernier souffle. Le film suscite un sentiment d'impuissance profonde, transmet le constat d'une impasse totale devant l'état d'une société au bord de d'insurrection, minée par les tensions qui la traversent, la colère et le désarroi qu'elle nourrit. Le problème est inextricable, ses solutions aussi nocives que ses origines. Bilan amer, établi par un film dramatiquement très solide, toujours stimulant, étonnant, pertinent, précis dans ce qu'il entreprend.
Avatar de l’utilisateur
MJ
Conseiller conjugal
Messages : 12476
Inscription : 17 mai 05, 19:59
Localisation : Chez Carlotta

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par MJ »

Spongebob a écrit :Et évidemment NoCiné a détesté le film...

https://www.binge.audio/joker-la-valse-dun-pantin/
Ah tiens, d'accord avec eux (ce n'est pourtant pas a-priori ma "chapelle" cinéphilique).
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54763
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Flol »

Drôle de film que ce Joker : des défauts qui seraient rédhibitoires chez d'autres (noirceur un peu préfabriquée, lourdeur toute nolanienne, mise en scène de Todd Phillips un peu trop dans l'imitation, message asséné au burin). Et pourtant quelque chose fait indéniablement son effet.

Probablement la puissance et la beauté du geste, le fait d'être capable de pondre un film pareil au sein d'un studio en 2019, et enfin et surtout la performance totalement autre, over the top et fascinante de Joaquin Phoenix, toujours sur le fil du rasoir, imprévisible, protéiforme, monstrueuse, avec toujours cette fragilité au coin de son oeil qui brille, et dont les éclats de rire constituent dans doute mes plus grands moments de malaise de l'année.
Oui ma dernière phrase est trop longue, mais elle est finalement à l'image de ce film complexe à digérer, malaimable et malpropre, sorte d'anomalie de production dans cette époque de plus en plus policée, et qui pourtant semble tomber ici à point nommé.

Je suis prêt à parier que certaines séquences, certaines images (les pas de danse de Jojo, son maquillage, sa façon de tenir sa clope, sa posture toute cassée), risquent de vite devenir une icône et marquer la pop culture pour quelques années - en tout cas bien plus que n'importe quel Marvel.
Ce plan par exemple, ça sent la classe à plein nez :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Alors j'ai beau avoir pleinement conscience de tous ses défauts, notamment quand le film s'éloigne de la plongée dans la folie pour tenter de raccrocher les wagons à l'univers du comic-book (le passage obligé de la mort du père de Batman), mais aussi à d'autres défauts pointés par l'équipe de NoCiné (qui fait par ailleurs une belle démonstration de mauvaise foi, probablement leur meilleure jusqu'à présent)...bref j'ai beau penser et repenser à tout ça, je ne parviens tout simplement pas à m'empêcher de penser que j'ai beaucoup aimé ce que je viens de voir.
À voir son impact sur la durée, mais j'en sors avec cette impression indéniable d'avoir vu quelque chose de différent.
Et rien que ça, ça fait du bien.
Outerlimits
Assistant opérateur
Messages : 2906
Inscription : 26 avr. 08, 23:24

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Outerlimits »

Aucune VO par chez moi (de chez aucune), j'ai donc été voir le film en VF : la plupart -pour ne pas dire la quasi totalité- des textes/écritures visibles (par exemple lorsque Joker écrit ou lit une lettre) sont en français ; est-ce que l'on sait comment ils ont fait pour réaliser ça ? Le plus étonnant c'est qu'on voit bien ces éléments "français" au milieu du cadre environnant, celui du film...
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54763
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Flol »

Outerlimits a écrit :la plupart -pour ne pas dire la quasi totalité- des textes/écritures visibles (par exemple lorsque Joker écrit ou lit une lettre) sont en français ; est-ce que l'on sait comment ils ont fait pour réaliser ça ?
Ça j'ai remarqué que c'est quelque chose qui se fait de plus en plus, et à chaque fois je me pose la même question : mais comment ils ont fait ? :shock:
Outerlimits
Assistant opérateur
Messages : 2906
Inscription : 26 avr. 08, 23:24

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Outerlimits »

La seule explication pour moi c'est que le réalisateur a tourné plusieurs séquences dédiées à certains pays, car un trucage numérique c'est impossible j'ai regardé c'était trop bien fait et techniquement, de toute façon, difficilement réalisable "à l'invisible" sur certains plans que j'ai vus.
Effectivement ça semble se faire de plus en plus.
Avatar de l’utilisateur
Thaddeus
Ewok on the wild side
Messages : 6170
Inscription : 16 févr. 07, 22:49
Localisation : 1612 Havenhurst

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Thaddeus »

Flol a écrit :Ça j'ai remarqué que c'est quelque chose qui se fait de plus en plus, et à chaque fois je me pose la même question : mais comment ils ont fait ? :shock:
À l'heure où l'on remplace sans problème la tête du Nicholson de Shining par celle de Jim Carrey (entre autres substitutions plus que probantes), ce n'est pas ce genre de choses qui m'étonne le plus. J'imagine que le film insère dans chaque version le plan qui correspond à la langue parlée, plan qui aura préalablement été retouché à coups d'ajustements numériques.
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54763
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Flol »

Je pencherais plutôt pour la solution imaginée par Outerlimits. Ça implique de tourner un paquet de plans identiques sur une enveloppe, mais ça me semble la plus probable.
Avatar de l’utilisateur
Mosin-Nagant
Producteur
Messages : 9592
Inscription : 12 juin 14, 19:36
Localisation : "Made in America"

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Mosin-Nagant »

Kubrick l'avait aussi fait pour Eyes Wide Shut, je crois...
Image

You know my feelings: Every day is a gift. It's just, does it have to be a pair of socks?
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17103
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Watkinssien »

Il y a 20 ans, ils avaient fait ça pour Eyes Wide Shut, déjà... grillé par Mosin-Nagant!

Quant à ce Joker, ce fut une assez belle déception!

Le film est loin d'être inintéressant, mais il est très, très loin d'être transcendant en quoi que ce soit.
Pour ma part, c'est typiquement le film dont le fond a un fort potentiel et dont la mise en scène est fort quelconque. Une oeuvre lourde, qui nous assène déjà son propos au bout de 5 minutes et qui ne fait que répéter pendant quasiment deux heures les mêmes enjeux, les mêmes drames intérieurs, les mêmes colères. C'est un film qui évolue si peu, à l'instar d'un personnage principal trop tôt sur la corde raide. Mais ce protagoniste est incarné par un acteur puissant, magnifique d'aisance, génial en somme, qui permet à lui seul à ce que l'on suive cette histoire sans s'ennuyer, fascinés que nous sommes par son amplitude, ses nuances et que nous le suivons sans ambages vers son symbolisme bien prévisible.

Et je vais apparaître facile dans ma critique, mais les références clairement assumées font mal au film de Phillips. Le réalisateur n'a clairement pas le niveau d'un cinéaste totalement en phase, qui fait corps avec son atmosphère, ses enjeux émotionnels. Même s'il tente littéralement de "tuer le père cinématographique" dans une séquence importante (l'une des plus intéressantes émotionnellement et symboliquement). Ce dernier est incapable d'être à la hauteur des quelques idées brillantes qui émergent de ce film décevant, loin d'être aussi inconfortable que prévu (mis à part les premiers rires chez la psy, où l'on sent la douleur chez Arthur).

Il y a quelques beaux moments. La photographie est léchée, mais elle fait trop propre, au point que je ne ressens que rarement la crasse de la ville, son caractère poisseux et gangrenée.

Au final, la proposition de contre-pied par rapport aux blockbusters actuels marche à moitié, car elle ne transcende rien du tout. Mais elle fait quand même un peu de bien au milieu du formatage actuel. En tout cas, l'idée que des alternatives puissent être réalisées, rencontrent leur public et l'estime des critiques amènent certainement un courant positif de changement. Pourquoi pas? Joker est un film totalement déséquilibré, avec un acteur au sommet, une écriture parfois brillante, parfois lourde ou simpliste et une mise en scène illustrative sans aucune imagination.
Dernière modification par Watkinssien le 11 oct. 19, 15:26, modifié 3 fois.
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54763
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Joker (Todd Phillips - 2019)

Message par Flol »

Je crois que Kubrick l'avait déjà fait sur Eyes Wide Shut...
Répondre