Joker (Todd Phillips - 2019)

[Alexandre Angel]

Sans ressasser ce qui a déjà été dit (de positif) sur le film précédemment sur ce topic, je tiens à insister sur le fait que le film me semble bien parce que je trouve qu'il a des qualités cinématographiques réelles: ce n'est pas qu'une histoire d'air du temps, de sociologie ou de performance d'acteur. Le film jouit d'une tenue visuelle remarquable, d'un montage dynamique et stimulant
Il y a des séquences étonnantes comme le moment dingue où le Joker est visité par ses deux anciens collègues de travail (dont un nain).
On peut éventuellement déplorer un abus des ralentis...

[cinéfile]

Je n'ai pas vu le film.

Par contre, j'ai regardé hier soir la masterclass donnée récemment par Paul Schrader au Forum des Images, où ce dernier a été interrogé par une personne du public au sujet de Joker :

Q: I was wondering if you had seen Joker by Todd Phillips because this film has been compared to Taxi Driver for its treatment and plot, and I was wondering whether you thought it was still possible today to make films that reach a large audience, but are also subversive, like Joker, or like Taxi Driver was.

A (Paul Schrader) : Joker has certainly reached a large audience but I am not quite sure how subversive it actually is... I have stayed away from that question because it's a sort of loser/loser answer. If I say "Taxi Driver is better than Joker", people will say "he is resentful". And if I say "Joker is better than Taxi Driver", I'll be lying.

[rires du public]

En VF (à 1:32'20)

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Sinon, j'ai également lu l'article de Slate (Joker est le film le plus bête de la Terre ou un truc comme ça) et j'ai été effaré de la nullité/pauvreté argumentative du gars. D'un point de la forme surtout, car je le répète, je n'ai pas vu le film. On peut toujours se gausser des Youteurs ciné et de leur faible bagage analytique, mais de l'autre côté ce n'est pas forcément mieux... Je suis même allé consulter l'article original, écrit en anglais, en me disant que la traduction avait peut être joué en sa défaveur. Certains enchainements me paraissaient carrément incohérents ! Mais pas du tout, en fait. Elle aurait même tendance à être plus cordiale, plus polie. Il faut bien s'imaginer que le type utilise l'adjectif "dumb" pas moins de 15 fois, sur un texte relativement court. Déprimant...

Ce qui est assez clair dans cette histoire, c'est que la levée de bouclier critique résulte essentiellement de la pluie de récompenses promise au film (depuis Venise). Le succès public en soit n'est pas en cause, je pense. Ce serait plutôt la combinaison des deux qui les gênerait aux entournures.

Finalement, cette polémique me donne terriblement envie de voir le film, pour me faire une idée. En temps normal, cela fait bien longtemps que les univers à franchises ou dérives de super-héros etc me passent au dessus de la tête...

[Pierre Bear]

Joker 6/10 et encore
Je suis fan de l'univers de Batman car un film de superhero réussi doit être sombre, le héros ne doit jamais etre en sécurité et ça c'est Batman. Pour donner un ordre d'idée, un film de superhero réussi est un film comme les Hellboy de Del Toro ou Spider-man2 avec Tobey Maguire. Là, avec Joker et ses images à la Scorsese, on arrive sur un film de... superhero et oui, pas de vilain. Certes, il tue, mais comme Rorschach dans Watchmen, et qui n'aime pas Rorschach ? Dans ce film, le personnage que j'aime parce qu'il était fou, imprévisible et sans pitié devient Robin des bois. Il tue par pitié, par vengeance mais pas parce qu'il a simplement envie comme Jach Nicholson ou Heath Ledger l'aurait fait. Le personnage est dénaturé. Certes les choses ne sont pas si simple, alors qu'il devienne fou parce qu'il accomplit sa vengeance d'accord mais ici, il semble accomplir sa vengeance PRACEQU'IL est fou. Le film ne me permet pas de reconnaître le personnage que j'aime. Espérons que The Batman rattrapera le coup.

[tenia]

Vu ce Joker il y a quelques jours et trouvé cela copieusement quelconque et 100 fois vu et revu sur le fond de son sujet (une personne rejetée par la société en pète les plombs).

On dirait un énième drame-thriller psychologique sur un psychotique sombrant dans la folie avec le plus grand nombre possible de tuiles lui tombant inlassablement dessus, mais habillé d'un skin Gotham City. Dans ces conditions, hormis l'abattage plutôt habile de Joaquin Phoenix adéquat dans le rôle (transcendant, non, mais adéquat), à peu près rien d'intéressant à se mettre sous la dent, surtout que ce n'est pas le rythme et le style (entre photo et mise en scène totalement quelconques aussi et la désagréable impression d'être dans un mash-up scorsesien sans imagination - jusqu'à Rock n Roll Part 2 pour la BO ) qui étouffent le film, même si le film s'avère techniquement plutôt solide.

Mon autre problème, c'est plutôt dans la notion de canon mythologique. Outre l'impression de voir le pire des mauvaises idées de la contextualisation sociétale d'un personnage rarement aussi intéressant que quand il est, précisément, dans l'abstraction ou la théorie pure (un peu comme Michael Myers, plus intéressant comme personification du mal chez Carpenter que pauvre enfant traumatisé chez Zombie), cela rend très compliqué la projection de cet Arthur Fleck comme futur génie du crime. D'une part parce que honnêtement, il ne parait pas très malin pendant tout le film, mais aussi parce qu'à répéter (marteler, même) tout du long que la société, elle a que des problèmes (air connu), le film déresponsabilise notre futur génie du crime pour en faire, bêtement, une pure victime d'une société qui alimente la création de ces profils puis les placent dans des situations désespérées :

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adopté, battu, malade, seul, probablement anorexique, licencié, humilié publiquement - chez son idole -, vivant chez sa mère elle-même folle et malade, il fait ensuite partie des "99 autres %" d'une société s'inscrivant dans une opposition croissante de l'élite et des rejetés, dans un budget d'austérité mettant avant tout à mal les plus démunis, jusqu'au speech final explicitant tout ça - au cas où les spectateurs étaient trop cons pour comprendre l'évidence répétée pendant l'heure 40 qui précède, je suppose.

N'en jetez plus, l'indigestion guette très très vite et tourne rapidement en boucle (j'ai failli arrêter le film au bout de 30 minutes), mais le film semble tellement vouloir faire quelque chose de spécifique (LE Joker) ET de bien plus général (juste Joker) sans jamais y arriver que ce n'est pas étonnant de se retrouver avec ces problèmes (au point où visiblement, si pour Phoenix, Fleck est bien le futur Joker canonique, c'est plus compliqué pour Phillips).

Voilà donc un film vendu sur le Joker, mais qui en fait ne le serait peut-être pas, enfin, ça dépend à qui on demande, bref, au spectateur de voir. J'imagine pourtant mal un film Batman s'avérer ne pas vraiment être sur Batman, enfin p'tet que oui, ou pas, c'est vous qui voyez. On excuse les gimmicks mercantiles comme on peut, je suppose. Au delà de tout aspect de réinvention qui s'avérerait alors simplement raté, le résultat devient d'autant plus problématique que le film n'a pourtant, une fois débarrassé de ses oripeaux DC, rien de bien intéressant à proposer hormis, donc, cet énième homme inadapté que la société pousse à bout.

Pas nul, donc, encore moins le film le plus nul de l'année. Juste un film totalement anodin et quelconque, qui n'aurait sans aucun doute jamais eu cette visibilité sans son skin Gotham City. Mais bon, ça a très bien marché au BO, avec un succès international équivalent aux 10-15 précédentes années cumulées pour Phoenix.

4/10

Taxi Driver

Et le stalking de Sophie par Arthur.

[Ballard73]

Je trouve que la réussite du film tient principalement à l'effet produit tout au long de l'histoire par le rire du personnage de Phoenix, un rire qui est un handicap pour lui, qui montre son mal être, alors que c'est normalement un attribut positif chez tout un chacun, un élément qui dénote un bien être à un moment donné. Or, ce rire du Joker, d'autant plus avec la performance de Phoenix, entraîne un malaise chez le spectateur, qui oscille entre l'empathie (il lui arrive un sacré paquet de tuiles à ce Joker, il est vrai, le bouchon est vraiment poussé au maximum) et le rejet du personnage (pour son handicap en tant que tel, navrant mais énervant, sa bêtise à certains moments, et ses actes criminels). Il y a eu, je crois, chez le réalisateur une réflexion sur le rire du clown, sur l'imaginaire véhiculé par le clown et les conséquences de l'utilisation de ces artefacts sur le spectateur. Le film réussit à utiliser un peu de cela à bon escient. Sans arriver à l'expliquer de manière précise, je pense qu'il y a dans ce film une réussite sur cet aspect là, qui permet de comprendre en partie son succès.

Après je suis d'accord sur l'aspect émotionnel basique de la narration : tu prends un personnage un peu simple d'esprit, tu l'humilie progressivement et à la fin

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tu lui fais prendre sa revanche, notamment en lui faisant assassiner devant les caméras celui qui représente autant ses espoirs que son humiliation (le présentateur TV).

Conséquence : c'est jouissif pour le spectateur, qui a forcément eu un peu d'empathie (et heureusement d'ailleurs, c'est tout ce qu'il y a de plus humain) à un moment pour ce personnage. Ce genre de ficelle est assez énervant, mais le film réussit je trouve, comme je l'ai dit plus haut, à user d'autres ficelles pour mettre le spectateur dans sa poche.

Joker a d'autres points faibles, sur la technique, j'ai trouvé par exemple que la configuration de l'appart occupé par le Joker et sa mère semblaient modifiés en cours de film, selon les scènes, alors que c'est clairement le même durant toute l'histoire.

[Akrocine]

L.O.L

[hansolo]

1ère photo de Joaquin Phenix et Lady Gaga sur le tournage

[Shin Cyberlapinou]

Je lui trouve de vrais airs de Patrick Topaloff.

[Alexandre Angel]

Ça valait le coup de faire remonter le topic

[Dunn]

[tchi-tcha]

Super, y'a Lady Gaga, ça va réussir à être pire que le premier

[El Dadal]

Pour être honnête, ce teaser (qui suffit amplement, la BA va montrer quoi, tout le film ?) n'est pas déshonorant et réussit même à éveiller légèrement mon intérêt pour cette suite alors que je n'ai pas trouvé le premier film terrible.

[murphy]

Je trouve que Lady Gaga a l'air super.

[nunu]

Tiens enfin la fameuse suite du film le plus surcoté de ses dernières années.

[Spongebob]

La déferlante de "That's cinema !" commence sur X. Les prochains mois vont être longs.