Billy Budd a écrit :Thaddeus a écrit :Heu... C'est de l'ironie ?
Tu n'es pas un fan de QT (et de
Kill Bill) ? Ou alors je confonds avec quelqu'un d'autre...
C’est juste un gros pédé.
Disons que j'ai une relation compliquée avec Tarantino. De façon chronologique:
- Je l'ai découvert avant avec Pulp Fiction, vers 16 ans, lorsque je ressentais le besoin de transgresser tout ce qui m'approchait. Pulp Fiction est tombé nez à nez avec cette recherche de transgression. Et surtout, ça me paraissait nouveau, cette impression de transformer de la matière "pauvre" en métal précieux. Et sa violence ne m'a pas paru gratuite parce qu'elle me donnait cette impression qu'elle était empreinte de fatalité. On n'échappe pas à son destin.
- Lorsque j'ai vu Jackie Brown et Reservoir Dogs, j'avais encore cette impression d'amour immature, non classé des films de série B, avec toujours cette impression que si nous étions frappés de violence (agresseur ou victime), c'était le sens incontournable de notre existence.
- Puis est venu le temps de découvrir Kill Bill et Boulevard de la mort, et là, je n'ai plus reconnu cette patte. Tarantino, selon moi, a ajouté une dimension fétichiste à ses images violentes. Sans doute un autre type d'hommage à des genre de films que je n'apprécie pas. L'étirement d'une scène qui aboutit à la coupure gros plan d'un tendon, le sourire de Kurt Russell avant de défoncer sa passagère, désolé, pour moi c'est physique, je sens mon diaphragme se crisper et m'inciter à vomir. Mon corps me fait sentir que je trouve ça indéfendable. Funny Game de Haneke me fait moins d'effet, probablement parce que son rendu clinique me permet de ne pas y mettre trop d'affect. C'est comme ça. Et du coup, là, je décroche.
- Je tente ma chance avec Inglourious Basterds. Et là, je suis presque embarrassé: je pensais que mon opinion était faite sur Tarantino, et je tombe sur un chef-d'oeuvre. Alors oui, l'aspect "qu'est ce que je changerais dans le monde si j'avais une time machine" m'a un poil dérangé de par son ludisme avec des faits qui ne prêtent pas à sourire, et de par son aspect "revenge movie" sans état de droit. Mais on avait du Lubitsch, du Hitchcock, un bel effort de création de cinéma et plus uniquement du recyclage, que les coups de batte, de scalpel, etc. m'ont semblé moins gratuits car porteurs de sens et d'un poids qui nourrissait un monde qui n'avait pas besoin d'un deus ex-machina. Peut-être, simplement, que l'histoire m'a semblé bonne, tout simplement, avec un sens de la narration que je soupçonnais pas chez Tarantino.
- Puis Django Unchained m'a refroidi. OK, Caprio y était génial, la violence faite aux esclaves écoeurait mais pour les bonnes raisons, etc. Mais en dehors de ça, pfffff, le fun pour le fun, les tentations sadiques, etc. Plus ma tasse de thé, définitivement. Probablement parce que son cinéma était en phase avec son époque: le fun pour le fun, la vengeance sans état de droit vendue comme une possibilité morale, je passe la main.
Depuis, je n'ai plus envie de tenter la découverte d'un Tarantino. Son fond de commerce ne m'attire plus, même si je suis conscient que je passerai forcément à côté de belles pièces. Son savoir-faire est incontestable, à l'inverse de ses intentions originelles.