Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Mosin-Nagant »

cinephage a écrit :Mais un Michael Mann qui tourne Heat se dédouane du réel, ses bandits, ses héros, sont invraisemblables. Les braquage ne se déroulent pas ainsi dans la vraie vie. Diminuent-ils l'importance du réel ? Est-ce qu'on devient vraiment criminel parce que tel ou tel film de gangster nous a plu ?
Rédoine Faïd pourrait te répondre que oui.
https://www.europe1.fr/faits-divers/le- ... nn-3701309
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Strum »

Thaddeus a écrit :Si Strum n'existait pas, il faudrait l'inventer.
Merci d'expliquer ces choses-là avec ces mots-là.
Merci à toi, tu avais déjà dit tout ce qu'il y avait à dire sur la violence chez Tarantino.
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Supfiction
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit :Jamais Ford n'aurait oser mettre en scène Custer vaincre les indiens et revenir triomphalement en héros. Il s'est contenté d'en faire un grand général pris au piège de son orgueil
C'est Raoul Walsh, non?
Oui, Walsh pardon en prenant pour exemple La Charge fantastique. Mais ça marche avec Ford évidemment.
Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit :Tarantino est à la fois un acteur et un produit de son époque avec un rapport à la vérité et à l'Histoire beaucoup plus libre.

Tu le dis depuis quelques fois mais j'avoue ne pas très bien comprendre ce que tu veux dire.
Auparavant on se contentait de simplifier la vérité historique pour rendre le récit plus digeste et plaisant, d'inventer des héros s'insérant dans la grande Histoire. L'uchronie, très à la mode aujourd'hui, est une démarche différente puisqu'il s'agit de changer volontairement l'Histoire, de raconter une autre Histoire.
Par contre, ton parallèle avec Le dictateur est juste. Mais là, la différence est dans le degré de liberté qui est prise. Tarantino poussant le curseur bien plus loin que Chaplin qui n'aurait jamais osé changer le destin d'Hitler (il se contente de lui inventer des péripéties). Et puis il est également probable que Chaplin se soit permis ces libertés pour exprimer son mépris et qu’il ne l’aurait pas fait avec n’importe qui ou après la guerre.

Cinéphage le dit autrement :
Tarantino propose de s'affranchir de cette convention, et de changer le contexte lui-même. On connait les faits réels, ils nous propose de rêver d'une autre tournure de l'histoire, aussi invraisemblable que les exploits de tel ou tel héros, mais qui alimente les fantasmes et fait plaisir le temps d'un film...
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Ouf Je Respire
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Ouf Je Respire »

Billy Budd a écrit :
Thaddeus a écrit :Heu... C'est de l'ironie ? :mrgreen:
Tu n'es pas un fan de QT (et de Kill Bill) ? Ou alors je confonds avec quelqu'un d'autre... :?
C’est juste un gros pédé.
:lol:

Disons que j'ai une relation compliquée avec Tarantino. De façon chronologique:
- Je l'ai découvert avant avec Pulp Fiction, vers 16 ans, lorsque je ressentais le besoin de transgresser tout ce qui m'approchait. Pulp Fiction est tombé nez à nez avec cette recherche de transgression. Et surtout, ça me paraissait nouveau, cette impression de transformer de la matière "pauvre" en métal précieux. Et sa violence ne m'a pas paru gratuite parce qu'elle me donnait cette impression qu'elle était empreinte de fatalité. On n'échappe pas à son destin.

- Lorsque j'ai vu Jackie Brown et Reservoir Dogs, j'avais encore cette impression d'amour immature, non classé des films de série B, avec toujours cette impression que si nous étions frappés de violence (agresseur ou victime), c'était le sens incontournable de notre existence.

- Puis est venu le temps de découvrir Kill Bill et Boulevard de la mort, et là, je n'ai plus reconnu cette patte. Tarantino, selon moi, a ajouté une dimension fétichiste à ses images violentes. Sans doute un autre type d'hommage à des genre de films que je n'apprécie pas. L'étirement d'une scène qui aboutit à la coupure gros plan d'un tendon, le sourire de Kurt Russell avant de défoncer sa passagère, désolé, pour moi c'est physique, je sens mon diaphragme se crisper et m'inciter à vomir. Mon corps me fait sentir que je trouve ça indéfendable. Funny Game de Haneke me fait moins d'effet, probablement parce que son rendu clinique me permet de ne pas y mettre trop d'affect. C'est comme ça. Et du coup, là, je décroche.

- Je tente ma chance avec Inglourious Basterds. Et là, je suis presque embarrassé: je pensais que mon opinion était faite sur Tarantino, et je tombe sur un chef-d'oeuvre. Alors oui, l'aspect "qu'est ce que je changerais dans le monde si j'avais une time machine" m'a un poil dérangé de par son ludisme avec des faits qui ne prêtent pas à sourire, et de par son aspect "revenge movie" sans état de droit. Mais on avait du Lubitsch, du Hitchcock, un bel effort de création de cinéma et plus uniquement du recyclage, que les coups de batte, de scalpel, etc. m'ont semblé moins gratuits car porteurs de sens et d'un poids qui nourrissait un monde qui n'avait pas besoin d'un deus ex-machina. Peut-être, simplement, que l'histoire m'a semblé bonne, tout simplement, avec un sens de la narration que je soupçonnais pas chez Tarantino.

- Puis Django Unchained m'a refroidi. OK, Caprio y était génial, la violence faite aux esclaves écoeurait mais pour les bonnes raisons, etc. Mais en dehors de ça, pfffff, le fun pour le fun, les tentations sadiques, etc. Plus ma tasse de thé, définitivement. Probablement parce que son cinéma était en phase avec son époque: le fun pour le fun, la vengeance sans état de droit vendue comme une possibilité morale, je passe la main.

Depuis, je n'ai plus envie de tenter la découverte d'un Tarantino. Son fond de commerce ne m'attire plus, même si je suis conscient que je passerai forcément à côté de belles pièces. Son savoir-faire est incontestable, à l'inverse de ses intentions originelles.
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Phnom&Penh
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Phnom&Penh »

Supfiction a écrit :Oui, Walsh pardon en prenant pour exemple La Charge fantastique. Mais ça marche avec Ford évidemment.
Ah, non. Je m'étais promis - comme d'autres :mrgreen: - de ne plus intervenir sur ce topic, mais là, faut pas mélanger.
Ford, en bon humaniste mais amateur d'esprit militaire, te montre un chef qui déraille mais est suivi par sa troupe.
Walsh, en grand individualiste, te montre un esprit supérieur par le courage (et pas l'intelligence), qui a appris de la vie, aime sa femme et sa troupe, mais la mène au combat parce qu'il le faut.

Historiquement, je ne vais pas débattre.Custer... Mais cinématographiquement, ce n'est pas la même vision. Et ils finissent évidemment tous morts, dans les deux films.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par mannhunter »

G.T.O a écrit :
Beule a écrit : Et quand le révisionnisme,quand bien même par facilités scénaristiques, prend éhontément le pas sur l’uchronie (la croisade hippie vengeresse), l’entreprise devient plutôt embarrassante, jusqu’à tutoyer inconsciemment, par manque de maîtrise ou de vigilance, l’apologue ultra réactionnaire. Je pourrais passer sur le retour de la violence "décomplexée", on a vu pire… Mais bon, chassez le naturel, il revient au galop...
Je viens de le voir...jubilation curieuse à casser du hippie...il doit pas être fan de Michael Wadleigh et Milos Forman, Tarantino! :mrgreen:
Dernière modification par mannhunter le 12 sept. 19, 18:33, modifié 3 fois.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Alexandre Angel »

mannhunter a écrit :Je viens de le voir...jubilation curieuse à casser du hippie...il doit pas être fan de Michael Wadleigh et Milos Forman, Tarantino! :mrgreen:
Il ne casse que des hippies qui craignent :mrgreen:
Un mec qui cite presque intégralement une chanson de Buffy Sainte Marie ne peut pas être tout à fait anti-hippie.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Carlito Brigante »

mannhunter a écrit :Je viens de le voir...jubilation curieuse à casser du hippie...il doit pas être fan de Michael Wadleigh et Milos Forman, Tarantino! :mrgreen:
Pour info Milos Forman non plus n'était pas trop fan des hippies. Il aimait Hair en tant que musical mais pas trop lrs hippies. D'où Taking Off.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par mannhunter »

Carlito Brigante a écrit :Pour info Milos Forman non plus n'était pas trop fan des hippies.
oui mais ça ne ressent pas vraiment dans son film "Hair", le personnage joué par Treat Williams par exemple qui présente quelques qualités humaines quand même :) ...loin des hippies vus par Tarantino via Di Caprio dans "Il était une fois à Hollywood".
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Supfiction »

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Il paraît que Steve McQueen a failli se trouver dans la villa le mauvais soir et que pour aggraver son cas, il aurait refusé un scénario de Manson et lui aurait même cassé la gueule lors d’une altercation.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Watkinssien »

Supfiction a écrit : Il paraît que Steve McQueen a failli se trouver dans la villa le mauvais soir et que pour aggraver son cas, il aurait refusé un scénario de Manson et lui aurait même cassé la gueule lors d’une altercation.
Si cela avait été dans le film, cela aurait fait peut-être une autre polémique... :mrgreen:
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par mannhunter »

Watkinssien a écrit :
Supfiction a écrit : Il paraît que Steve McQueen a failli se trouver dans la villa le mauvais soir et que pour aggraver son cas, il aurait refusé un scénario de Manson et lui aurait même cassé la gueule lors d’une altercation.
Si cela avait été dans le film, cela aurait fait peut-être une autre polémique... :mrgreen:
Oui mais McQueen cassait la tête à tout le monde, ne ciblait pas uniquement ces démons de hippies et Bruce Lee! :uhuh:
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Phnom&Penh »

Watkinssien a écrit :
Supfiction a écrit : Il paraît que Steve McQueen a failli se trouver dans la villa le mauvais soir et que pour aggraver son cas, il aurait refusé un scénario de Manson et lui aurait même cassé la gueule lors d’une altercation.
Si cela avait été dans le film, cela aurait fait peut-être une autre polémique... :mrgreen:
Dans la villa le mauvais soir je ne sais pas. Par contre d'après le documentaire que je commentais rapidement (fait par un spécialiste de Manson que je ne suis pas), c'est Dennis Wilson qui a cassé la gueule de Manson, ce qui a décidé les Beach Boys à mettre fin à la collaboration avec Manson et a rendu ce dernier énervé sur la villa en question, qui était celle du producteur des Beach Boys.
Bon, Steve Mc Queen, à priori n'y a pas rajouté son grain de cassage de gueule. Je ne suis pas un spécialiste du sujet mais vu le name-dropping auquel se livre le réalisateur du documentaire, si cela avait eu lieu, il l'aurait cité.

Et je m'étais promis de ne plus intervenir sur ce topic. J'ai eu une opinion irréconciliable avec Thaddeus sur Kill Bill, ait énervé Strum, que, en passant, je n'aurait jamais imaginé fan et défenseur de Bruce Lee ( :mrgreen: :uhuh: ), j'avais considéré que c'était assez et ne suis revenu que sur des sujets très annexes.

Pour finir sur cette époque, Dennis Wilson n'a jamais tué personne, je ne l'imaginais pas encore capable, en 1969, de casser la gueule à quelqu'un, parce que dans le genre Lucy in the Sky, il était quand même énorme et a finit, je ne dirait pas comme il le méritait, on pourrait prendre ça comme une justification de vengeance alors que je n'éprouve que de la bienveillance pour lui, mais comme ça devait finir. Quelle belle époque, quand même :uhuh:
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Flol »

mannhunter a écrit :Je viens de le voir...jubilation curieuse à casser du hippie...il doit pas être fan de Michael Wadleigh et Milos Forman, Tarantino! :mrgreen:
Mais à quel moment QT dit que TOUS LES HIPPIES méritent de se faire casser la gueule ? Encore une fois, ce n'est pas parce que le perso de Di Caprio dit ne pas aimer les hippies que cela signifie que Tarantino pense exactement la même chose.
J'ai plutôt eu l'impression que le film ne parle que des hippies détournés par la philosophie de Manson, soit un groupe d'une vingtaine de personnes (dont 3 qui se font méchamment rétamer la tronche), mais je ne vois pas où ces quelques tarés prendraient cher pour l'ensemble d'une communauté.
Le film n'a pas pour ambition de faire une radiographie précise et détaillée du hippisme (?) à L.A. en 1969, il existe d'autres films et documentaires pour ça.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Jeremy Fox »

Flol a écrit :
mannhunter a écrit :Je viens de le voir...jubilation curieuse à casser du hippie...il doit pas être fan de Michael Wadleigh et Milos Forman, Tarantino! :mrgreen:
Mais à quel moment QT dit que TOUS LES HIPPIES méritent de se faire casser la gueule ? Encore une fois, ce n'est pas parce que le perso de Di Caprio dit ne pas aimer les hippies que cela signifie que Tarantino pense exactement la même chose.
J'ai plutôt eu l'impression que le film ne parle que des hippies détournés par la philosophie de Manson, soit un groupe d'une vingtaine de personnes (dont 3 qui se font méchamment rétamer la tronche), mais je ne vois pas où ces quelques tarés prendraient cher pour l'ensemble d'une communauté.
Le film n'a pas pour ambition de faire une radiographie précise et détaillée du hippisme (?) à L.A. en 1969, il existe d'autres films et documentaires pour ça.
CQFD
Encore une fois, ce n'est pas parce que le perso de Di Caprio dit ne pas aimer les hippies que cela signifie que Tarantino pense exactement la même chose.
Il m'est toujours aussi difficile à comprendre l'amalgame que font certains entre les idées des auteurs et celles de leurs protagonistes.
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