En quoi est-elle effroyable? Je l’ai pour ma part trouvé plutôt drôle et même un peu excitante. On aurait d’ailleurs pu imaginer qu’il montrerait la femme un peu frigide. On ne sait rien en revanche de la sexualité des gueux, à part que les parents (contrairement aux enfants) ne sont pas physiquement au top (sans parler des odeurs).Coxwell a écrit :Le dining room ou la cave, avec une continuité oppressive assez remarquable alors que l'espace est fondamentalement différent. Une promiscuité très malsaine qui est brillamment exécutée dans cette scène érotique particulièrement effroyable sur le plan de la violence sociale..
Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Dernière modification par Supfiction le 9 juin 19, 10:41, modifié 1 fois.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
C'est pourtant ce que Bong déclare lui-même en interview.C'est rare qu'un artiste cherche consciemment l'universalité. Bong fait une comédie à partir d'une situation de son pays et il se trouve qu'elle n'est pas sans point commun avec ce qui se passe ailleurs.
Je pense qu'on essaye de se convaincre que l'occidentalisation a des effets partout, avec la même intensité, la même force, y compris en Asie. Il suffit d'y vivre un peu pour comprendre que c'est loin d'être le cas, surtout dans des pays à faible diversité culturelle, ethnique, et ayant choisi une politique de conservatisme qui les rend très distants de la culture américaine. Sur le plan familial-sentimental, les relations auraient (aux yeux des Occidentaux) plus d'un demi siècle de retard.Bien sûr qu'il ne définit pas tout mais la présence militaire ricaine a quand même un peu d'impact sur une société, sans effacer totalement les particularismes nationaux.
La présence militaire n'explique pas tout loin de là. A ce titre, le quartier d'Itaewon est une sorte d'enclave pour touristes américains et blancs occidentaux. Ce n'est pas si perméable que cela.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Je l'ai trouvé redoutable de cruauté dans le rapport de la jouissance des uns contre l'enfermement/l'abnégation contrainte des autres (+ rappel de la verticalité). Une tension incroyable qui est pour moi, le point de césure de cette frustration rentrée.Supfiction a écrit :En quoi est-elle effroyable? Je l’ai pour ma part trouvé plutôt drôle et même un peu excitante.Coxwell a écrit :Le dining room ou la cave, avec une continuité oppressive assez remarquable alors que l'espace est fondamentalement différent. Une promiscuité très malsaine qui est brillamment exécutée dans cette scène érotique particulièrement effroyable sur le plan de la violence sociale..
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Oui mais c’est du comique de situation. Rien ne nous dit que les pauvres n’ont pas de sexualité donc je ne vois là rien d’humiliant même si je me dis bien que la scène n’est pas anodine.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Parce que j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur le sujet. Le film ne me laisse pas une forte empreinte.Vic Vega a écrit :PS: Demi-Lune toujours absent du débat.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Je n'ai pas dit qu'il n'avaient pas de sexualité, mais ils sont contraints à nouveau à vivre cachés, aux dépens des autres qui rentrent et qui leur font subir leur jouissance tout en critiquant leur odeur qui tente à nouveau de franchir l'espace/barrière du canapé. Je trouve cette scène absolument remarquable car elles est drôle et cruelle, grinçante et rageante (la musique utilisée sur le plan de Song Kang-ho souligne d'ailleurs cet effet de dureté ressentie).Supfiction a écrit :Oui mais c’est du comique de situation. Rien ne nous dit que les pauvres n’ont pas de sexualité donc je ne vois là rien d’humiliant même si je me dis bien que la scène n’est pas anodine.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
J'ai trouvé cela très fort, très intelligent. Bong réalise son film le plus populaire et accessible, avec ce que cela comporte de facilités (le premier tiers), tout en gardant ses thèmes et, dans une certaine mesure, son style. Au-delà des multiples métaphores du film, la fin est très émouvante et c'est là sans doute que réside la preuve principale de la réussite de l'entreprise.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Je ne vois pas en quoi ça serait plus accessible que Memories of murder. Même s'il y avait des ruptures de tons typiquement asiatiques, la trame d'ensemble était celle d'un film d'enquête avec un duo de flics, bien moins désarçonnante pour un spectateur habitué au seul cinéma hollywoodien que certains Tsui Hark. En revanche, le premier était basé sur un faits divers seulement connu en Corée là où le second est déjà de par son seul pitch synchrone d'une réalité d'époque pas seulement coréenne. Pourquoi dans une certaine mesure? Je ne vois aucune différence notamment dans l'utilisation des plans séquences avec les précédents films du cinéaste.Strum a écrit :J'ai trouvé cela très fort, très intelligent. Bong réalise son film le plus populaire et accessible, avec ce que cela comporte de facilités (le premier tiers), tout en gardant ses thèmes et, dans une certaine mesure, son style. Au-delà des multiples métaphores du film, la fin est très émouvante et c'est là sans doute que réside la preuve principale de la réussite de l'entreprise.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
C'est peut-être ça qui me plaît dans la "nouvelle vague coréenne". Enfin j'entends par là quelques artistes parmi une ribambelle de projets ultra convenus et balisés (ce qui sort régulièrement par paquet de 12 en salles en Corée).Vic Vega a écrit : En fait je crois que ce qui m'empêche d'adorer beaucoup de films de genre coréens autant que les meilleurs films de genre HK ou nippons est peut être que cette vague de cinéastes n'en a rien à cirer du classicisme.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Les grands films commencent,Demi-Lune a écrit :Parce que j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur le sujet. Le film ne me laisse pas une forte empreinte.Vic Vega a écrit :PS: Demi-Lune toujours absent du débat.
dit-on, à la fin de la séance. Comme toi le film ne me laisse plus aucune trace. Déjà volatilisé.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Tout le contraire de l'effet qu'il produit sur ma mémoire: il travaille, des plans et séquences reviennent...et le désir d'y retourner aussi.
On pourrait superficiellement le raccorder à un American beauty qui, lui , correspondait à ce que tu dis: découverte assez emballée puis constat que la mécanique est un peu trop voyante, que le film ne travaille pas en profondeur mais en surface.Même constat face au cinéma de Dolan en général: un brio formel qui au final ne travaille qu'à la surface.
Bong Joon Ho est trop retors et sale gamin pour faire un objet lisse.
Un film remarquable qui ose l'apologue, exercice assez périlleux et peu en vogue depuis Pasolini, Ferreri ou Altman.
Il me semble que le cinéaste réussit totalement ce qu'il ratait en partie dans Snowpiercer, s'emmêlant les pinceaux même dans ce que le film disait sur l'ordre social ( la fin semblait le constat de l'impossibilité de révolte voire de réitération à l'infini d'un discours d'asservissement) mais aussi dans les scories de ses trouvailles comiques.
Pour le moment clairement le plus beau film vu depuis janvier malgré les réussites de Sunset, Douleur et gloire, un grand voyage vers la nuit ou Les éternels.
On pourrait superficiellement le raccorder à un American beauty qui, lui , correspondait à ce que tu dis: découverte assez emballée puis constat que la mécanique est un peu trop voyante, que le film ne travaille pas en profondeur mais en surface.Même constat face au cinéma de Dolan en général: un brio formel qui au final ne travaille qu'à la surface.
Bong Joon Ho est trop retors et sale gamin pour faire un objet lisse.
Un film remarquable qui ose l'apologue, exercice assez périlleux et peu en vogue depuis Pasolini, Ferreri ou Altman.
Il me semble que le cinéaste réussit totalement ce qu'il ratait en partie dans Snowpiercer, s'emmêlant les pinceaux même dans ce que le film disait sur l'ordre social ( la fin semblait le constat de l'impossibilité de révolte voire de réitération à l'infini d'un discours d'asservissement) mais aussi dans les scories de ses trouvailles comiques.
Pour le moment clairement le plus beau film vu depuis janvier malgré les réussites de Sunset, Douleur et gloire, un grand voyage vers la nuit ou Les éternels.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
J'ai hâte d'expérimenter la bête...demain normalement.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Le ton de Parasite est pour l'essentiel celui d'une comédie noire sociale et est moins original que celui de Memories of Murder et surtout The Host. D'un point de vue formel, il y a plus de champs-contrechamps dans Parasite qui est film moins impressionnant visuellement que les deux autres.Vic Vega a écrit : Je ne vois pas en quoi ça serait plus accessible que Memories of murder. Même s'il y avait des ruptures de tons typiquement asiatiques, la trame d'ensemble était celle d'un film d'enquête avec un duo de flics, bien moins désarçonnante pour un spectateur habitué au seul cinéma hollywoodien que certains Tsui Hark. En revanche, le premier était basé sur un faits divers seulement connu en Corée là où le second est déjà de par son seul pitch synchrone d'une réalité d'époque pas seulement coréenne. Pourquoi dans une certaine mesure? Je ne vois aucune différence notamment dans l'utilisation des plans séquences avec les précédents films du cinéaste.
La toute fin, et l'idée qui la sous-tend, sont pourtant belles et émouvantes, donnant à la narration la figure d'un cercle d'un point de vue formel et ouvrant la voie à toutes sortes de réflexions possibles sur le rapport fils-père d'une génération à l'autre, l'idée kafkaïenne du pauvre éternellement dans un souterrain mais substituable, la réalisation de sa propre vie par le biais de la fiction (en l'écrivant), etc. Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler. C'est une fin très réussie à mon avis, compte tenu de ce qui précède, mais libre à chacun d'y réfléchir ou non.Les grands films commencent,
dit-on, à la fin de la séance. Comme toi le film ne me laisse plus aucune trace. Déjà volatilisé.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Il me semble qu'il parlait, non pas de la fin du film, mais de celle de la séance, de ce que le film a essaimé en toi au sortir de la salle. Mais je suis pas sûr.Strum a écrit :La toute fin, et l'idée qui la sous-tend, sont pourtant belles et émouvantes
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Parasite (Bong Joon-ho - 2019)
Strum a écrit :La toute fin, et l'idée qui la sous-tend, sont pourtant belles et émouvantes, donnant à la narration la figure d'un cercle d'un point de vue formel et ouvrant la voie à toutes sortes de réflexions possibles sur le rapport fils-père d'une génération à l'autre, l'idée kafkaïenne du pauvre dans un souterrain, la réalisation de sa propre vie par le biais de la fiction (en l'écrivant), etc. Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler. C'est une fin très réussie à mon avis, compte tenu de ce qui précède, mais libre à chacun d'y réfléchir ou non.
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Je m'autoquote :Demi-Lune a écrit :
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